Culture / Iran, la révolte des femmes
Avec «Les Graines du figuier sauvage», Mohammad Rasoulof signe un puissant réquisitoire contre le régime des mollahs iranien, en s'inspirant du mouvement des femmes qui avait fait suite au meurtre de la jeune Mahsa Amini par des «gardiens de la révolution». Mélange de frontalité et de subtilité, ce film qui s'est logiquement soldé par l'exil de son auteur valait bien plus que son prix de consolation à Cannes.
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La rétrospective «La dame à la torche» du festival de Locarno a tenté l'impossible: réconcilier ces deux approches antagonistes. Grâce à son jeune curateur Ehsan Khoshbackht, un Iranien établi à Londres et arrivé après ces querelles, le pari aura été largement remporté, en proposant une quarantaine de titres choisis, dûment mis en perspective par des introductions ainsi qu'un excellent ouvrage composé de textes inédits. Le tout dans l'esprit qui préside au festival «Il cinema ritrovato» de Bologne, consacré au cinéma de patrimoine et dont Khoshbackht est l'un des programmateurs. Bref, on a beaucoup apprécié ce qui ne s'annonçait pourtant pas sous les meilleurs auspices: une rétrospective de circonstance dont l'ensemble des copies, neuves mais sans sous-titres, venaient directement des archives Sony-Columbia en Californie.</p> <p>La période explorée était celle correspondant au règne du fameux Harry Cohn (1891-1958), fondateur et «dictateur» de Columbia Pictures pendant que son frère Jack dirigeait le côté financier des opérations à New York. Vulgaire et brutal selon tous les témoignages, Cohn était aussi un homme d'affaires avisé en quête de respectabilité, qui parvint en trois décennies à hisser sa petite compagnie au rang de major hollywoodienne, tutoyant les bien nées Paramount, MGM, Warner ou 20th Century Fox. Sa tactique? Trois quarts de séries B contre un quart de séries A, pas de chaîne de salles propre, des contrats de plus courte durée et non exclusifs permettant d'employer également du personnel emprunté aux concurrents. Et dès les années 1950, une collaboration soutenue avec des indépendants, sur le modèle de United Artists. Sur les quelques 1'600 longs-métrages (plus autant de courts) produits et distribués durant la période, 40 sélectionnés peuvent sembler ne pas peser bien lourd. Pourtant, jusqu'aux quelques titres délibérément mineurs, l'aperçu aura été représentatif.</p> <p>Premier constat: la critique auteuriste a plutôt bien fait son boulot en extrayant du lot les meilleurs films. Jamais en effet le génie de <i>Mr. Deeds Goes to Town</i> (Frank Capra), <i>The Lady from Shanghaï</i> (Orson Welles) ou <i>The Big Heat</i> (Fritz Lang) ne sera apparu aussi éclatant que dans ce contexte. Mais on n'est pas ici pour vanter une fois de plus des chefs-d'œuvre archi-connus. Car d'autres films projetés méritaient encore plus le détour. Par quelle malchance des merveilles telles que <i>Picnic</i> (Joshua Logan), <i>My Sister Eileen </i>(Richard Quine) ou <i>Gunman's Walk</i> (Phil Karlson), trois films des années 1950 en CinemaScope couleurs, ont-elles par exemple pu tomber dans l'oubli au point de ne plus jamais être programmées?</p> <h3>Spendeurs en Scope</h3> <p>Vanté en son temps par le jeune FrançoisTruffaut, <i>Picnic</i> (1955) sera apparu comme une sorte de chaînon manquant essentiel. Il s'agit de l'adaptation d'une pièce à succès de William Inge (plus connu pour <i>La Fièvre dans le sang</i> d'Elia Kazan), «ouverte» avec un dynamisme épatant par Logan, pourtant homme de théâtre avant tout. William Holden y campe un «raté» qui débarque un jour en train dans une bourgade du Midwest pour demander un travail à un ancien ami d'études, fils d'industriel. C'est la veille de la grande fête locale et son apparente liberté alliée à la plus séduisante virilité va secouer cette communauté en réalité minée par l'insatisfaction. A mi-chemin entre <i>Un Tramway nommé désir</i> (Kazan, 1951) et <i>La Poursuite impitoyable (The Chase</i>, Arthur Penn, 1966), un grand moment de sensualité et de sauvagerie américaine!</p> <p>Avec <i>My Sister Eileen</i> (1955 également), on se retouve devant un sommet de la comédie musicale qui aurait échappé à la MGM. La comparaison avec la (déjà réjouissante) comédie du même titre réalisée en 1942 par Alexander Hall fut parlante. Entres les mains des jeunes Richard Quine, Blake Edwards (co-scénariste) et Bob Fosse (chorégraphe et acteur), cette historiette de deux sœurs «montées» de l'Ohio à New York et confrontées à des problèmes de logement, de travail et d'hommes se trouve améliorée de 100%. La musique a beau être le point faible, on est aussi enchanté par l'abattage des acteurs (Betty Garrett, Janet Leigh et Jack Lemmon) que par l'élégance de la mise en scène et l'intelligence féministe du propos, avec une touche de loufoquerie anarchisante assez unique.</p> <p>Autre révélation, le western <i>Gunman's Walk</i> (1958) bénéficie d'un scénario admirable de Frank Nugent (collaborateur de John Ford sur une dizaine de titres dont <i>La Prisonnière du désert).</i> Il y est question de la pacification de l'Ouest à travers le conflit entre un père rancher (Van Heflin) et ses deux fils, l'un soucieux de le surpasser et l'autre soucieux d'échapper au culte de la virilité, au racisme anti-indien et à la violence. C'est le genre de film dont la densité dramatique et le sens de l'espace, alliées à une profonde compréhension de l'humain, vous rendent nostalgique d'un art perdu. Quant à Phil Karlson, il signe là un modèle de «mise en scène invisible»: on a beau essayer d'y faire attention, on ne la remarque pas, tant elle est idéalement au service du récit.</p> <h3>Un cinéma qui alerte</h3> <p>En noir et blanc, d'autres films trop ignorés en Europe ont aussi fait impression. Projet de prestige adapté d'un best-seller de Robert Penn Warren, <i>All the King's Men</i> (Robert Rossen, 1949) retrace l'ascension et la chute d'un populiste (inspirés par le parcours du politicien de Louisiane Huey Long). Rossen, un auteur bientôt rattrapé par la maccarthysme, y expose un danger fasciste au sein même de la démocratie américaine, sujet qui a retrouvé toute sa pertinence en ces temps de trumpisme. La limite du film, même oscarisé, réside dans un surdécoupage qui trahit le «digest» et dans le personnage du narrateur-témoin, trop peu développé. Mais comment ne pas deviner ici le talent qui explosera avec l'immense <i>L'Arnaqueur</i> de 1960?</p> <p>Autre cinéaste identifié plus tard comme un auteur mais encore à son premier essai dans le bien nommé <i>The First Time</i> (1952), Frank Tashlin se penche sur l'arrivée d'un bébé chez un jeune couple. Ce qui peut paraître navrant de banalité se transforme pourtant bientôt en une satire cruelle de l'<i>American way of life</i>, avec son travail aliénant, sa séparation des tâches genrée, sa course à l'argent et son horizon pavillonnaire désespérément étriqué. Rare cinéaste venu du dessin animé, Tashlin commence là son travail de rénovation de la comédie qui aboutira sur une série de films mémorables avec Jayne Mansfield puis Jerry Lewis.</p> <p>Parfaitement dramatiques quant à eux, <i>Address Unknown</i> (William Cameron Menzies) et <i>None Shall Escape</i> (André De Toth), tous deux de 1944, sont des films de propagande anti-nazie. Mais malgré un certain schématisme, l'intelligence et le talent qu'ils déploient leur a permis de passer haut la main l'épreuve du temps. Le premier imagine un tribunal à venir devant lequel le dirigeant nazi d'une région polonaise doit rendre compte de ses crimes contre l'humanité tandis que le second adapte le fameux roman épistolaire de Kathrine Kressmann Taylor, histoire d'une amitié qui se délite entre un marchand d'art juif de Californie et son associé allemand. Avec ces films, les deux cinéastes retracent de manière saisissante comment la séduction nazie a conquis l'Allemagne, leur avertissement restant à jamais valable.</p> <h3>Films noirs réactifs</h3> <p>La Columbia était particulièrement forte pour réagir aux sujets «chauds» du moment, dans des petits films noirs, caratéristiques d'un style maison fait d'économie et d'efficacité. <i>The Killer That Stalked New York</i> (Earl McEvoy, 1950) revient ainsi sur l'épidémie de variole qui frappa New York trois ans plus tôt, forçant les autorités à vacciner plus de 6 millions d'habitants en un temps record. Le film suit à la fois le «patient zéro», une chanteuse (Evelyn Keyes) de retour de Cuba impliquée dans un trafic de diamants, et les hommes du FBI et des services médicaux à ses trousses sans savoir qu'ils recherchent la même personne. Le thriller s'avère aussi prenant dans sa dimension documentaire que dramatique, habilement imbriquées par un cinéaste inconnu au bataillon.</p> <p>Dans la même veine, <i>The Glass Wall</i> des guère plus notables Maxwell Shane et Ivan Tors suit un Hongrois passé par les camps de concentration (Vittorio Gassman!) mais dont la demande d'asile aux Etats-Unis est déboutée. Il s'échappe pour retrouver le musicien de jazz qui pourrait attester qu'il a œuvré pour les forces alliées et trouve de l'aide auprès d'une fille dans la dèche (Gloria Grahame) à peine mieux lotie que lui. Leur dérive dans New York devient alors un superbe document sur la ville telle qu'elle était alors (1953), culminant de façon hautement symbolique dans le bâtiment des Nations Unies tout juste achevé.</p> <p><i>The Undercover Man</i> (1949), avec la star maison Glenn Ford (36 films Columbia!), s'inspire quant à lui de l'enquête déjà plus ancienne des agents du fisc qui coincèrent Al Capone, le fameux gangster de Chicago. La superbe mise en scène de Joseph H. Lewis élève le film aux sommets du genre, mais un bel article de Chris Fujiwara dans le livre d'accompagnement nous rappelle qu'il s'agit d'un cas d'école de «voix auteuriale» partagée: Lewis répondait en l'occurrence aux ordres de Robert Rossen, pour une fois simple producteur, qui avait nettement plus à cœur les enjeux idéologiques de l'affaire. A savoir la menace d'une autre forme de fascisme américain, induite par le capitalisme.</p> <h3>De Locarno à Lausanne</h3> <p>On pourrait citer encore bien d'autres découvertes, de <i>The Talk of the Town</i> (George Stevens, 1942), comédie sophistiquée avec un étincelant triangle Cary Grant - Jean Arthur – Ronald Colman, ou <i>Sahara</i> (Zoltan Korda, 1943), modèle de film de guerre avec Humphrey Bogart inspiré par un film soviétique. Mais il convient aussi de reconnaître que certaines séries B ont paru décidément mineures, leurs nombreux clichés en accord avec la pauvreté des décors, quel que soit l'art du metteur en scène pour faire illusion. Et puis, rien à faire, un film signé Wiliam A. Seiter, Charles Vidor ou même John Sturges ne dépassera jamais le solide artisanat: l'absence d'une véritable réécriture au moyen de la mise en scéne les en empêche.</p> <p>Parmi la douzaine de films programmés ce mois par la Cinémathèque, deux raretés ont été retenues malgré l'absence sous-titres. <i>The Whole Town's Talking </i>(John Ford, 1935) est une fabuleuse histoire de double qui voit le timide employé Edward G. Robinson confondu avec un gangster recherché. Quant à <i>Craig's Wife </i>(Dorothy Arzner, 1936), il s'agit de l'adaptation d'une pièce psychologique centrée sur une femme (splendide Rosalind Russell) qui s'est mariée par intérêt et dont le monde s'écroule soudain. Un film signé par la seule réalisatrice en activité à Hollywood à cette époque, ouvertement lesbienne et qui savait tenir tête à Cohn! 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Que s'est-il donc passé? Dans un tel cas, il faut toujours commencer par soupçonner sa propre réception, un coup de mou ou un manque d'acuité intellectuelle. Mais un tour des critiques tombées lors de la présentation du film au Festival de Berlin puis à sa sortie française, y compris les plus favorables, a tôt fait de confirmer l'impression d'un film follement ambitieux mais pas vraiment réussi. Soyons clair, <i>L'Empire</i> vaut absolument le coup d'œil. Mais sans en attendre forcément un nouveau Messie, même lorsque l'auteur de <i>La Vie de Jésus</i> (1997) accouche d'une <i>Malédiction + La Guerre des étoiles</i> transposées sur sa chère Côte d'Opale.</p> <p>Peut-être convient-il de rappeler la trajectoire de ce natif de Bailleul dans le département du Nord, qui a débuté comme prof de philosophie doublé d'un cinéaste du dimanche. 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Par contre, il suffit d'avoir vu un seul autre film de Dumont pour sentir venir à l'avance l'inévitable scène de «baise sauvage» entre l'émissaire du Mal et celle du Bien (qui s'attirent par principe, c'est à prendre ou à laisser). Bref, on oscille constamment entre une admiration pour l'audace du concept et une déception face au résultat.</p> <p>Tout se conclut logiquement en un grand affrontement entre deux armées de vaisseaux spatiaux et des visions d'Apocalypse dans lesquelles le Bien et le Mal s'annulent, sans doute pour laisser l'humanité prisonnière de sa complexité constitutive. Rien à redire à ça. Mais s'il y a quelque chose de satisfaisant à voir Bruno Dumont, 65 ans, ainsi damer le pion à Luc Besson, il faut aussi reconnaître que tout ce fatras n'aura guère été plus passionnant que <i>Le Cinquième élément</i> ou <i>Valérian!</i> Même subverti, libéré de son absolutisme moral et religieux, le manichéisme reste de peu d'intérêt pour le déroulement d'un récit. Bref, l'ennui guette, comme déjà dans... nombre d'autres films de Bruno Dumont avant celui-ci.</p> <p>Eh oui! Le mythe de l'Auteur intouchable a souvent ses bons et ses mauvais côtés. Pour une telle entreprise, un vrai producteur (ou alors d'autres collaborateurs de confiance) qui sache dire au scénariste Dumont où retravailler ses dialogues et au monteur Dumont où resserrer les boulons n'aurait sans doute pas été de trop. 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Producteur d'une quarantaine de films à travers ses compagnies basées à Zurich et Genève, pionnier des coproductions avec des pays lointains (Burkina Faso, Argentine, Cambodge, etc.), il est retourné dans son village d'Undervelier, près de Delémont, mais le virus du cinéma ne l'a pas quitté. En témoigne aujourd'hui ce documentaire bricolé entièrement à partir d'images d'archives trouvées sur Internet et qui pourtant se tient! Un sorte d'essai qui se veut avant tout didactique sans pour autant devenir de l'eau tiède télévisuelle. Bref, un film fièrement indépendant, comme le canton qui l'a inspiré.</p> <p>S'agissant pour l'essentiel d'images TV-vidéo repiquées et donc de qualité médiocre, il ne fait pas de doute que sa destination finale seront les petits écrans de toute sorte. Mais pour l'heure, le film circule crânement en salles, profitant de l'anniversaire du fameux référendum de 1974 qui acta la création d'un canton du Jura. 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L'auteur fait en effet la part belle à Roland Béguelin (1921-1993), largement reconnu comme le «père fondateur» du nouveau canton, adhérant implicitement à sa vision d'un combat inachevé tant que le Jura ne sera pas réunifié. Quant à la figure encore plus controversée de Marcel Boillat (1929-2020), elle est là pour rappeler que rien ne bouge sans une certaine violence, aussi regrettable cela soit-il.</p> <p>Pourtant, l'essentiel de ce long-métrage d'une heure et demie est strictement historique et instructif. De l'origine de la «question jurassienne» à la suite du Congrès de Vienne de 1815, où ces terres de l'ancien évéché de Bâle furent rattachées au canton de Berne en compensation pour sa perte du pays de Vaud, aux consultations populaires en cascade de 1974 arrachées de haute lutte au gouvernement bernois, on y revisite toutes les étapes essentielles. 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Quant au représentant de ceux-ci, Marcel Boillat, condamné pour terrorisme (la mise à feu de fermes vendues à la Condédération pour y installer une place d'armes) puis évadé et exilé en Espagne, il n'apparaît vraiment que dans les vingt dernières minutes comme un fort sympathique agitateur. Opinions de l'auteur ou simple résultat de ce que les opérateurs d'actualités cinématographiques, de reportages TV ou des téléjournaux romands et alémaniques avaient enregistré à l'époque? </p> <p>De manière tout aussi frappante, les rares défenseurs du point de vue pro-bernois semblent cruellement manquer de vision. Autre contradicteur de Béguelin, le journaliste genevois et futur conseiller national libéral Jacques-Simon Eggly paraît surtout d'une rare suffisance, alors même qu'il défend le droit légitime de la population, fût-elle immigrée germanophone, à son autodétermination! 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Une affaire de gros sous, pour l'essentiel, l'attractivité économique du nouveau Canton n'étant jusqu'ici pas évidente.</p> <p>Moutier a fini par se décider et le film se clôt logiquement sur ce dernier événement qui aurait pu relancer un mouvement. Sauf que tout se joue désormais commune par commune, tel village voisin pouvant décider de rester bernois tandis que d'autres, plus loin, ne sauraient plus rien contester légalement. Quel petchi, quel gâchis! Et si on avait plutôt fait preuve de vision historique et politique, reconnaissant d'emblée au Jura son unité géographique et culturelle au lieu de s'employer par tous les moyens à mettre des bâtons dans les roues à ses aspirations autonomistes? Marcel Boillat serait-il devenu un réfugié politique en Espagne? Roland Béguelin serait-il mort d'un cancer? Imposer une nouvelle technologie qui bouleversera nos vies est décidément plus facile que de modifier une frontière somme toute fictive et des habitudes administratives.</p> <p>Vous l'aurez compris, ces dernières considérations ne figurent pas dans le film de Pierre-Alain Meier. Mais les bons documentaires ont l'art de susciter toutes sortes de questionnements connexes. 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Encore fallait-il trouver le moyen de dramatiser ce qui se présente comme un mélange de photographies et d'interviews réalisées par un <i>insider...</i></p> <h3>Une princesse chez les durs</h3> <p>C'est la première partie du film qui s'en inspire le plus directement, allant jusqu'à reproduire le plus fidèlement possible quelques clichés et utiliser certains passages du texte verbatim. Pour la narration, le cinéaste a choisi de mettre en avant le personnage féminin de Kathy (Jodie Comer), qui n'est pas motarde elle-même mais la compagne de Benny (Austin Butler), une tête brûlée prompte à s'attirer des ennuis. Et pour saisir d'emblée notre attention, il commence par une scène de brutalité extrême, peu caractéristique de son cinéma mais certes associée au milieu: une sorte d'anticipation de ce qui sera le point de bascule du film.</p> <p>Les Outlaws, qui existent encore et risquaient d'objecter, ont été ici rebaptisés Vandals, et le décor paraît décidément plus rural que les <i>suburbs</i> de Chicago originels. Au début, il y a encore une sorte d'innocence dans le récit de cette princesse attirée par un loubard. Puis celui-ci s'inscrit dans une chronique plus vaste de comment le chef-fondateur de la bande, le charismatique Johnny (Tom Hardy), commence à faire des émules à travers le pays. Rien de bien spectaculaire, en somme. Il s'agit pour l'essentiel de jeunes gens de la classe ouvrière plus ou moins en rupture avec les valeurs dominantes de la société et qui se sont trouvé là une sorte de famille.</p> <p>Certains ont un job stable et sont même mariés, mais ce n'est clairement pas la majorité. Pour l'essentiel, les <i>bikeriders</i> (c'était le mot à l'époque, avant que <i>bikers</i> ne prenne le dessus) passent leur temps à bichonner et personnaliser leurs grosses cylindrées quand ils ne prennent pas la route en meute ou organisent des courses-pique-nique. Ils portent aussi une insigne à poignards et tête de mort sur leur blouson de cuir et traînent beaucoup dans les bars, avec un net penchant pour la bière. Ils ne sont pas bien méchants, mais ce sont clairement des durs. N'allez pas leur chercher noise, mal pourrait vous en prendre...</p> <h3>Vers une impasse</h3> <p>Du milieu des années 1960 au début des années 1970, un glissement s'opère cependant, qui échappe en partie au chroniqueur Danny (Mike Faist, de <i>West Side Story</i> et <i>Challengers).</i> Des vétérans du Vietnam amènent leurs problèmes et d'autres nouveaux venus semblent plus portés sur la violence et le crime organisé que le maintien de règles et d'une saine camaraderie. Tandis que la rixe du début avec des <i>rednecks </i>met Benny hors-jeu pour un moment, un jeune simplement appelé Kid cherche à se faire admettre dans la bande. Débouté par Johnny, il pourrait bien revenir contester son autorité. Quant à Kathy, elle en a assez et n'aura de cesse de sortir son Benny de là, avec les inévitables étincelles que cela suppose.</p> <p>«J'aurais voulu qu'il change», reconnaît-elle, comme n'importe quelle épouse parlant de son mari. Et comment lui donner tort? Car il faut avouer que cette «contre-culture» paraît vite terriblement limitée, sans la moindre possibilité d'évoluer, de grandir tant intellectuellement que spirituellement. Venus là en quête de liberté, pour fuir d'autres carcans, ces marginaux ne tendent qu'à devenir des caricatures d'eux-mêmes. Avant même les luttes de pouvoir intrinsèques à toute bande et la dérive vers des activités illicites (drogue, prostitution, braquages, viols, etc., pour finir évoqués mais pas montrés), on devine déjà l'impasse.</p> <p>Mais est-ce bien le cinéaste, soucieux de ne pas rendre ses protagonistes antipathiques, qui le suggère? Ou est-ce plutôt une pointe d'ennui qui s'installe peu à peu en leur compagnie? En effet, ils restent tous bien peu définis, guère plus personnalisés que les engins qu'ils enfourchent. Et trop isolés du reste de la société. Les acteurs font ce qu'ils peuvent, mais il y a des limites. D'ailleurs, tous ne sont pas des plus crédibles. Au-delà de son accent très étudié, l'Anglaise Jodie Comer <i>(The Last Duel</i>, de Ridley Scott) paraît ainsi un peu trop classe et âgée pour son rôle. Et que dire de son compatriote Tom Hardy, rarement très convaincant, qui «brandoïse» à mort? C'est encore Austin Butler (l'Elvis de Baz Luhrmann) qui s'en tire le mieux avec son personnage nihiliste mi-attachant mi-inquiétant de Benny, clairement dangereux ne serait-ce que pour lui-même.</p> <h3>Un film trop propret?</h3> <p>Qui aurait lu le reportage contemporain de Hunter S. Thompson sur les Hell's Angels de la côte Ouest ou vu d'autres <i>biker movies</i> sales, bêtes et méchants de l'époque <i>(Hell's Angels '69, Angel Unchained, The Hard Ride, </i>etc.) sera aussi frappé par l'aspect finalement très propret de ces <i>Bikeriders.</i> Pour réablir la vérité après trop d'exploitation sensationnaliste? Ou simple auto-censure de la part d'un cinéaste pas franchement attiré par ce milieu? 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En clair, c'est là LE film que tout le monde attendait depuis le mouvement des femmes de l'automne 2022, sans trop oser l'espérer. Et il fallait bien un cinéaste de la trempe de Rasoulof, Ours d'Or à Berlin avec son précédent Le Diable n'existe pas (2020), pour s'y atteler. En prison au moment des faits, il possédait sans doute dès le départ un recul précieux. Mais à 50 ans, après huit films qui dessinent une montée en puissance artistique, peut-être bien que seul ce cinéaste-là avait également les capacités pour un film aussi bien pensé et réalisé. Tout ça pour dire qu'un chef-d'œuvre comme celui-ci ne tombe pas de nulle part. A l'indignation naturelle doit s'ajouter un art capable de la canaliser pour nous faire accéder à un degré de compréhension supérieur.
Une promotion empoisonnée
Les Graines du figuier sauvage s'apparente d'abord à une sorte de suite à Le Diable n'existe pas, film en quatre volets qui dénonçait les effets délétères de la peine de mort sur la société iranienne. Cette fois, nous suivons en effet un candidat au poste de juge, c'est-à-dire celui amené à décider cette sanction ultime. Un homme libre de juger en son âme et conscience? Au moment d'accepter sa promotion, le quadragénaire Iman (sic) semble encore le croire. Sauf que, dans un premier temps, il n'est passé qu'au rang de juge d'instruction, sorte d'enquêteur en chef qui dépend d'ordres venus de plus haut, et dont l'avis ne compte pas vraiment. Et ce travail pourrait bien avoir des conséquences sur le caractère de celui qui se voudrait également bon croyant et bon père de famille.
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Un sacré suspense
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Comprendre pour mieux résister
Il est frappant de mesurer comment ce cinéaste qu'on a connu trop allégorique (Iron Island, The White Meadows, Manuscripts Don't Burn) est devenu par la force des choses de plus en plus politiquement frontal (Goodbye, Un Homme intègre, Le Diable n'existe pas). Mais là où son collègue également menacé Jafar Panahi (Taxi Téhéran) a mis au point un dispositif de cinéma réflexif, voire franchement autobiographique, Rasoulof tourne plutôt sa caméra vers les autres, les profiteurs aussi bien que les victimes du régime – la plupart des citoyens iraniens essayant sans doute de survivre tant bien que mal entre les deux. Il le fait sans condamner personne a priori, mettant à jour de terribles engrenages et bien sûr cet étau de la peur qui est le propre de tout régime totalitaire. Ici, il laissera même planer jusqu'au bout une incertitude quant au vol du fameux pistolet. Sauf qu'au fil des événements, les actes finissent par parler d'eux-mêmes, ladite arme figurant bien en évidence lors du mémorable final.
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«Les Graines du figuier sauvage (Daneh anjeer moghadas)» de Mohammad Rasoulof (Iran / Allemagne / France, 2024), avec Missagh Zareh, Soheila Golestani, Mahsa Rostami, Setareh Maleki, Niousha Akhshi, Reza Akhlaghirad. 2h48
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Le père rentre toujours plus tard, surchargé de travail, la mère reste scotchée devant la télévision (d'Etat) et les filles se cachent pour suivre une tout autre information sur les réseaux sociaux. Lorsque Sadaf appelle à l'aide après avoir été blessée dans une manifestation, tout s'accélère...</p> <h3>Un sacré suspense</h3> <p>Une idée forte est d'avoir fait de l'inflexible Najmeh le personnage central de l'affaire. Elle l'est d'ailleurs de fait, en tant que chargée du maintien de la loi patriarcale à la maison tout en ayant sincèrement à cœur l'avenir de ses filles. Ebranlée par l'épisode Sadaf, sa position devient de plus en plus intenable et, avec elle, c'est le socle de toute la société iranienne qui vacille. Arrive le troisième acte, avec une mystérieuse disparition de l'arme de service d'Iman, qui pourrait lui coûter son poste. S'ensuivent panique, conciliabules et enquête. Mais tout le monde proteste de son innocence, même dans des conditions d'interrogatoire infâmes. Puis le nom et l'adresse d'Iman surgissent sur les réseaux sociaux et toute la famille doit s'enfuir pour se cacher dans sa maison d'enfance, aux abords d'un village abandonné...</p> <p>Pour l'essentiel confiné en intérieurs (tout a été tourné clandestinement), le film devient un modèle de <i>slow burn</i>. Au début, comme dans tout bon film iranien, ce sont les détails révélateurs qui comptent tandis que s'esquisse une superstructure métaphorique. Sauf que cette fois, on embraie également sur un suspense de plus en plus prenant. Les terribles images réelles de la rue (plus de 500 morts...) et le sort de Sadaf servent d'avertissement: cette histoire d'apparence banale pourrait très mal se terminer! Surtout que selon la règle dite «du fusil de Tchékhov», la mise en évidence d'une arme dès le début ne saurait qu'annoncer des coups de feu plus tard. Qu'adviendra-t-il de la ou des coupables, ou pire encore, des innocentes?</p> <p>Il faut voir avec quelle habileté Mohammad Rasoulof mène son affaire. Il existe pourtant peu de cinéastes au style moins voyant et apparemment recherché que lui. Sur écran large, avec une exigence de réalisme de tous les instants, une direction d'acteurs sans faille, son huis clos ne fait que gagner en épaisseur. Lorsqu'on sort de l'appartement pour gagner la rue, les bureaux du palais de justice ou encore la maison anonyme de la police secrète, la tension et l'impression d'enfermement ne faiblissent pas. 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Il le fait sans condamner personne <em>a</em> <em>priori</em>, mettant à jour de terribles engrenages et bien sûr cet étau de la peur qui est le propre de tout régime totalitaire. Ici, il laissera même planer jusqu'au bout une incertitude quant au vol du fameux pistolet. Sauf qu'au fil des événements, les actes finissent par parler d'eux-mêmes, ladite arme figurant bien en évidence lors du mémorable final.</p> <p>A chacun de pondérer ce qu'il aura vu avec son propre sens moral, de remplir les trous du hors champ avec son imagination: tout ce que notre cinéma occidental a de plus en plus de peine à proposer (l'admirable <i>Monsieur Klein</i> de Joseph Losey revient en mémoire). Et pourtant, à l'arrivée, on se demande quel film aura exposé plus clairement l'abjection insidieuse de cette théocratie qui prétend maintenir les femmes sous la tutelle éclairée des hommes, et tout le monde sous le regard sans pitié d'un Dieu absent. Après<i> Aucun ours</i> (Jafar Panahi), <i>Les Nuits de Mashhad </i>(Ali Abbasi), <i>Chroniques de Téhéran </i>(Ali Asgari et Alireza Khatami) et <i>Tatami</i> (Guy Nattiv et Zar Amir), <i>Les Graines du figuier sauvage</i> («figuier sacré» selon le titre anglais...) vient couronner une nouvelle saison de résistance iranienne. 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La rétrospective «La dame à la torche» du festival de Locarno a tenté l'impossible: réconcilier ces deux approches antagonistes. Grâce à son jeune curateur Ehsan Khoshbackht, un Iranien établi à Londres et arrivé après ces querelles, le pari aura été largement remporté, en proposant une quarantaine de titres choisis, dûment mis en perspective par des introductions ainsi qu'un excellent ouvrage composé de textes inédits. Le tout dans l'esprit qui préside au festival «Il cinema ritrovato» de Bologne, consacré au cinéma de patrimoine et dont Khoshbackht est l'un des programmateurs. Bref, on a beaucoup apprécié ce qui ne s'annonçait pourtant pas sous les meilleurs auspices: une rétrospective de circonstance dont l'ensemble des copies, neuves mais sans sous-titres, venaient directement des archives Sony-Columbia en Californie.</p> <p>La période explorée était celle correspondant au règne du fameux Harry Cohn (1891-1958), fondateur et «dictateur» de Columbia Pictures pendant que son frère Jack dirigeait le côté financier des opérations à New York. Vulgaire et brutal selon tous les témoignages, Cohn était aussi un homme d'affaires avisé en quête de respectabilité, qui parvint en trois décennies à hisser sa petite compagnie au rang de major hollywoodienne, tutoyant les bien nées Paramount, MGM, Warner ou 20th Century Fox. Sa tactique? Trois quarts de séries B contre un quart de séries A, pas de chaîne de salles propre, des contrats de plus courte durée et non exclusifs permettant d'employer également du personnel emprunté aux concurrents. Et dès les années 1950, une collaboration soutenue avec des indépendants, sur le modèle de United Artists. Sur les quelques 1'600 longs-métrages (plus autant de courts) produits et distribués durant la période, 40 sélectionnés peuvent sembler ne pas peser bien lourd. Pourtant, jusqu'aux quelques titres délibérément mineurs, l'aperçu aura été représentatif.</p> <p>Premier constat: la critique auteuriste a plutôt bien fait son boulot en extrayant du lot les meilleurs films. Jamais en effet le génie de <i>Mr. Deeds Goes to Town</i> (Frank Capra), <i>The Lady from Shanghaï</i> (Orson Welles) ou <i>The Big Heat</i> (Fritz Lang) ne sera apparu aussi éclatant que dans ce contexte. Mais on n'est pas ici pour vanter une fois de plus des chefs-d'œuvre archi-connus. Car d'autres films projetés méritaient encore plus le détour. Par quelle malchance des merveilles telles que <i>Picnic</i> (Joshua Logan), <i>My Sister Eileen </i>(Richard Quine) ou <i>Gunman's Walk</i> (Phil Karlson), trois films des années 1950 en CinemaScope couleurs, ont-elles par exemple pu tomber dans l'oubli au point de ne plus jamais être programmées?</p> <h3>Spendeurs en Scope</h3> <p>Vanté en son temps par le jeune FrançoisTruffaut, <i>Picnic</i> (1955) sera apparu comme une sorte de chaînon manquant essentiel. Il s'agit de l'adaptation d'une pièce à succès de William Inge (plus connu pour <i>La Fièvre dans le sang</i> d'Elia Kazan), «ouverte» avec un dynamisme épatant par Logan, pourtant homme de théâtre avant tout. William Holden y campe un «raté» qui débarque un jour en train dans une bourgade du Midwest pour demander un travail à un ancien ami d'études, fils d'industriel. 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Quant à Phil Karlson, il signe là un modèle de «mise en scène invisible»: on a beau essayer d'y faire attention, on ne la remarque pas, tant elle est idéalement au service du récit.</p> <h3>Un cinéma qui alerte</h3> <p>En noir et blanc, d'autres films trop ignorés en Europe ont aussi fait impression. Projet de prestige adapté d'un best-seller de Robert Penn Warren, <i>All the King's Men</i> (Robert Rossen, 1949) retrace l'ascension et la chute d'un populiste (inspirés par le parcours du politicien de Louisiane Huey Long). Rossen, un auteur bientôt rattrapé par la maccarthysme, y expose un danger fasciste au sein même de la démocratie américaine, sujet qui a retrouvé toute sa pertinence en ces temps de trumpisme. La limite du film, même oscarisé, réside dans un surdécoupage qui trahit le «digest» et dans le personnage du narrateur-témoin, trop peu développé. Mais comment ne pas deviner ici le talent qui explosera avec l'immense <i>L'Arnaqueur</i> de 1960?</p> <p>Autre cinéaste identifié plus tard comme un auteur mais encore à son premier essai dans le bien nommé <i>The First Time</i> (1952), Frank Tashlin se penche sur l'arrivée d'un bébé chez un jeune couple. Ce qui peut paraître navrant de banalité se transforme pourtant bientôt en une satire cruelle de l'<i>American way of life</i>, avec son travail aliénant, sa séparation des tâches genrée, sa course à l'argent et son horizon pavillonnaire désespérément étriqué. Rare cinéaste venu du dessin animé, Tashlin commence là son travail de rénovation de la comédie qui aboutira sur une série de films mémorables avec Jayne Mansfield puis Jerry Lewis.</p> <p>Parfaitement dramatiques quant à eux, <i>Address Unknown</i> (William Cameron Menzies) et <i>None Shall Escape</i> (André De Toth), tous deux de 1944, sont des films de propagande anti-nazie. Mais malgré un certain schématisme, l'intelligence et le talent qu'ils déploient leur a permis de passer haut la main l'épreuve du temps. Le premier imagine un tribunal à venir devant lequel le dirigeant nazi d'une région polonaise doit rendre compte de ses crimes contre l'humanité tandis que le second adapte le fameux roman épistolaire de Kathrine Kressmann Taylor, histoire d'une amitié qui se délite entre un marchand d'art juif de Californie et son associé allemand. 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Que s'est-il donc passé? Dans un tel cas, il faut toujours commencer par soupçonner sa propre réception, un coup de mou ou un manque d'acuité intellectuelle. Mais un tour des critiques tombées lors de la présentation du film au Festival de Berlin puis à sa sortie française, y compris les plus favorables, a tôt fait de confirmer l'impression d'un film follement ambitieux mais pas vraiment réussi. Soyons clair, <i>L'Empire</i> vaut absolument le coup d'œil. Mais sans en attendre forcément un nouveau Messie, même lorsque l'auteur de <i>La Vie de Jésus</i> (1997) accouche d'une <i>Malédiction + La Guerre des étoiles</i> transposées sur sa chère Côte d'Opale.</p> <p>Peut-être convient-il de rappeler la trajectoire de ce natif de Bailleul dans le département du Nord, qui a débuté comme prof de philosophie doublé d'un cinéaste du dimanche. Sortis de nulle part, cette <i>Vie de Jésus</i> au titre trompeur puis surtout <i>L'Humanité,</i> primé à Cannes, ont tôt installé une réputation de visionnaire fondée sur son expression de la tragique imperfection humaine face à la grandeur et la beauté du monde. Son emploi d'amateurs aux gueules et à l'élocution impossibles contraste avec un sens époustouflant du paysage et bientôt un recours frappant à des musiques préexistantes, en particulier sacrées. Ses films suivants (<i>Flandres, Hadewijch) </i>ont creusé ce sillon métaphysique jusqu'au sommet que constitue pour nous le méconnu <i>Camille Claudel 1915</i> (2013), qui le voit pour la première fois recourir à une actrice professionnelle, Juliette Binoche.</p> <p>Mais le soupçon de prétention n'a jamais été loin, certains films moins inspirés <i>(Twentynine Palms, Hors Satan)</i> y prêtant clairement le flanc. Comme pour s'en défendre, Dumont a alors opéré une volte-face qui a autant enchanté que surpris, «libérant son clown intérieur» dans les mini-séries <i>P'tit Quinquin</i> et <i>Coincoin et les z'inhumains,</i> pour une sorte de de relecture absurde et burlesque de <i>L'Humanité. </i>Son seul succès public en salles, <i>Ma Loute</i> avec Binoche et Fabrice Luchini, est aussi de cette veine-là. Et depuis? Tant ses deux <i>Jeanne d'Arc,</i> confidentielles et indigestes, que le plus commercial <i>France</i> avec Léa Seydoux (2021), état des lieux médiatico-moral de la nation, sont tombés à plat, laissant craindre un déclin de cet auteur original, un pied chez Pialat, un autre chez Bresson et un troisième chez Blake Edwards.</p> <h3>Un <i>Empire</i> pour tout boucler?</h3> <p>C'est à cet instant que surgit <i>L'Empire,</i> à 7 millions d'euros quasiment une superproduction, qui donne l'impression de vouloir rassembler tous les fils de cette œuvre disparate. 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Les cavaliers sur leurs blancs destriers sont ainsi du côté du démon; la fille en noir doit éliminer un mignon bébé pour sauver l'humanité, etc. Bientôt, on sort les épées-laser et des vaisseaux spatiaux en forme de palais (modèle versaillais) ou de cathédrale gothique (modèle Sainte-Chapelle) atterrissent. Et au milieu de tout ça, la vie locale se poursuit comme si de rien n'était, avec ses terribles banalités et les deux flics abrutis de <i>P'tit Quinquin</i> et <i>Coincoin</i> qui reprennent du service.</p> <p>Tout ceci aurait pu (dû?) être sidérant et hilarant. Mais il faut bien reconnaître qu'à l'écran, ça ne l'est guère. Que Dumont échappe à la stricte parodie, genre favori des esprits les plus limités, on ne peut que s'en réjouir. Fondé sur l'opposition entre le naturalisme et l'épique mais aussi nourri d'une vraie réflexion sur les genres populaires, <i>L'Empire</i> vise plutôt sur un premier degré décalé. 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Par contre, il suffit d'avoir vu un seul autre film de Dumont pour sentir venir à l'avance l'inévitable scène de «baise sauvage» entre l'émissaire du Mal et celle du Bien (qui s'attirent par principe, c'est à prendre ou à laisser). Bref, on oscille constamment entre une admiration pour l'audace du concept et une déception face au résultat.</p> <p>Tout se conclut logiquement en un grand affrontement entre deux armées de vaisseaux spatiaux et des visions d'Apocalypse dans lesquelles le Bien et le Mal s'annulent, sans doute pour laisser l'humanité prisonnière de sa complexité constitutive. Rien à redire à ça. Mais s'il y a quelque chose de satisfaisant à voir Bruno Dumont, 65 ans, ainsi damer le pion à Luc Besson, il faut aussi reconnaître que tout ce fatras n'aura guère été plus passionnant que <i>Le Cinquième élément</i> ou <i>Valérian!</i> Même subverti, libéré de son absolutisme moral et religieux, le manichéisme reste de peu d'intérêt pour le déroulement d'un récit. Bref, l'ennui guette, comme déjà dans... nombre d'autres films de Bruno Dumont avant celui-ci.</p> <p>Eh oui! Le mythe de l'Auteur intouchable a souvent ses bons et ses mauvais côtés. Pour une telle entreprise, un vrai producteur (ou alors d'autres collaborateurs de confiance) qui sache dire au scénariste Dumont où retravailler ses dialogues et au monteur Dumont où resserrer les boulons n'aurait sans doute pas été de trop. Pour nous, la déception est dès lors comparable à celle du récent <i>Don't Look Up</i> d'Adam McKay (2021), comédie politique «globale» clairement intelligente et néanmoins ratée – pour peu qu'on ne confonde pas intention et réalisation.</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/Z_6ytPv-OLA?si=TWQ-pVRmb7-Dv51w" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«L'Empire» de Bruno Dumont (France, 2024), avec Lyna Khoudri, Anamaria Vartolomei, Fabrice Luchini, Camille Cottin, Brandon Vlieghe, Julien Manier, Bernard Pruvost, Philippe Jore. 1h50</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'bruno-dumont-rehabilite-le-manicheisme', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 59, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5030, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La question jurassienne, affaire réglée ou pas?', 'subtitle' => 'Pour le 50ème anniversaire du référendum décisif de 1974, le producteur et réalisateur Pierre-Alain Meier signe un documentaire en forme de montage d'archives qui retrace la longue lutte pour l'autonomie jurassienne. 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Producteur d'une quarantaine de films à travers ses compagnies basées à Zurich et Genève, pionnier des coproductions avec des pays lointains (Burkina Faso, Argentine, Cambodge, etc.), il est retourné dans son village d'Undervelier, près de Delémont, mais le virus du cinéma ne l'a pas quitté. En témoigne aujourd'hui ce documentaire bricolé entièrement à partir d'images d'archives trouvées sur Internet et qui pourtant se tient! Un sorte d'essai qui se veut avant tout didactique sans pour autant devenir de l'eau tiède télévisuelle. Bref, un film fièrement indépendant, comme le canton qui l'a inspiré.</p> <p>S'agissant pour l'essentiel d'images TV-vidéo repiquées et donc de qualité médiocre, il ne fait pas de doute que sa destination finale seront les petits écrans de toute sorte. Mais pour l'heure, le film circule crânement en salles, profitant de l'anniversaire du fameux référendum de 1974 qui acta la création d'un canton du Jura. 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L'auteur fait en effet la part belle à Roland Béguelin (1921-1993), largement reconnu comme le «père fondateur» du nouveau canton, adhérant implicitement à sa vision d'un combat inachevé tant que le Jura ne sera pas réunifié. Quant à la figure encore plus controversée de Marcel Boillat (1929-2020), elle est là pour rappeler que rien ne bouge sans une certaine violence, aussi regrettable cela soit-il.</p> <p>Pourtant, l'essentiel de ce long-métrage d'une heure et demie est strictement historique et instructif. De l'origine de la «question jurassienne» à la suite du Congrès de Vienne de 1815, où ces terres de l'ancien évéché de Bâle furent rattachées au canton de Berne en compensation pour sa perte du pays de Vaud, aux consultations populaires en cascade de 1974 arrachées de haute lutte au gouvernement bernois, on y revisite toutes les étapes essentielles. 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Quant au représentant de ceux-ci, Marcel Boillat, condamné pour terrorisme (la mise à feu de fermes vendues à la Condédération pour y installer une place d'armes) puis évadé et exilé en Espagne, il n'apparaît vraiment que dans les vingt dernières minutes comme un fort sympathique agitateur. Opinions de l'auteur ou simple résultat de ce que les opérateurs d'actualités cinématographiques, de reportages TV ou des téléjournaux romands et alémaniques avaient enregistré à l'époque? </p> <p>De manière tout aussi frappante, les rares défenseurs du point de vue pro-bernois semblent cruellement manquer de vision. Autre contradicteur de Béguelin, le journaliste genevois et futur conseiller national libéral Jacques-Simon Eggly paraît surtout d'une rare suffisance, alors même qu'il défend le droit légitime de la population, fût-elle immigrée germanophone, à son autodétermination! 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Imposer une nouvelle technologie qui bouleversera nos vies est décidément plus facile que de modifier une frontière somme toute fictive et des habitudes administratives.</p> <p>Vous l'aurez compris, ces dernières considérations ne figurent pas dans le film de Pierre-Alain Meier. Mais les bons documentaires ont l'art de susciter toutes sortes de questionnements connexes. 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Quant à la narration en voix off, avec sa «naïveté poétique», elle paraît si évidemment calquée sur celles – assurément géniales – des premiers films de Terrence Malick, <i>Badlands</i> et <i>Days of Heaven,</i> que cela en devient gênant.</p> <p>Malgré un joli épilogue qui retrouve le couple Kathy-Benny en Floride, l'ensemble laisse donc un sentiment d'inabouti. Où il revient à l'esprit qu'à l'exception de <i>Take Shelter,</i> tous les autres films de Nichols manquaient déjà soit de profondeur soit de mystère. 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