Actuel / L’Eldorado n’existe pas
© Johanna Castellanos / Bon pour la tête
La triste mais édifiante histoire de Mokhtar/Jérémie, le petit cireur de souliers qui deviendra je l’espère bientôt millionnaire. Le récit qui suit est vrai, sinon il n’aurait absolument aucun intérêt…
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En 1991, le pouvoir autoritaire soutenu par les puissances occidentales qui ne voulaient pas voir surgir à leurs portes une nouvelle zone de turbulences alors que le Mur venait à peine de tomber avait interrompu le processus électoral qui allait permettre aux islamistes d’accéder démocratiquement aux affaires.</p><p>Les dix années suivantes furent des années de larmes et de sang. </p><p>Et en ce début d’hiver 2004, j’avais donc décidé de surmonter mes peurs et mon traumatisme pour retourner là-bas.</p><p>Le tourisme direction le grand sud algérien, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, reprenait gentiment. Des vols directs étaient organisés depuis Paris. 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Mokhtar cirait les chaussures. Une aubaine pour un journaliste comme moi, futur petit politicien de milice, tellement habitué à se voir cirer les pompes… Il disait avoir 17 ans et une seule idée en tête: «Je veux rejoindre mon oncle en Angleterre». <br></p><p>J’avais beau tenter le convaincre de son échec programmé, le mettre en garde contre les dangers humains ou naturels qui le guettaient, il n’avait que cette phrase en tête: «Je veux rejoindre mon oncle en Angleterre». Il répétait en boucle ce qu’il avait entendu: <br></p><blockquote><p>«En Angleterre, ils nous donnent un toit, des habits, des allocations, de la nourriture, tout. Une vie meilleure, quoi».</p></blockquote><p>Là-bas, il était «sûr de réussir». Dans n’importe quel domaine. «Le football, les affaires, sur des chantiers, je ne se pas. Mais grâce à Dieu, je vais y arriver. 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Il trouvait que ça claquait bien…</p> <p>Au pilori aussi tous les opéras et l’ensemble des symphonies de Richard Wagner. Comme cet antisémite notoire était idolâtré par des dignitaires du IIIe Reich, cela risquerait de faire de moi un «complice par contumace temporelle» d’un sympathisant nazi, moi qui ne me suis jamais remis d’avoir appris, enfant, la monstrueuse existence de la Shoah.</p> <p>Je ne devrai plus jamais tenter de me déhancher sur une chanson de Khaled. Il y a une dizaine d’années en effet, le «roi du raï» avait décidé de quitter la France car ce pays y autorise le mariage entre hommes. Il avait préféré s’exiler dans un autre qui les condamne.</p> <p>Plus jamais je ne fredonnerai les <em>Lacs du Conemara</em>, puisque par pure provocation, Michel Sardou et son génial parolier Pierre Delanoé (auteur notamment de très bienveillants tubes comme <em>Champs Elysées</em>, <em>Salma, ya salama</em>, ou <em>Fais comme l’oiseau</em>) avaient commis<em> Le temps des colonies</em>, un soir où ils avaient tellement picolé qu’ils étaient complètement noirs.</p> <p>Je bannirai tous mes CD de Johnny Cash et de Jerry Lee Lewis (il vit encore, youppie!). Ils étaient Blancs, venaient du sud des Etats-Unis et il n’est pas exclu que certains membres du KKK passaient leurs chansons dans les radio-cassettes de leurs bagnoles quand ils allaient se «faire un Noir».</p> <p>Plus mon armoire à disques se viderait, plus je risquerais de devenir parano. Quand Brassens, mon Brassens adoré, chantait <em>Gare au gorille</em>, ne faisait-il pas allusion à ma couleur de peau et à mon organe démesuré (même pas vrai!)? Et l’album blanc des Beatles? Pourquoi Ringo, Paul, John et George, tous de peau matte, ne l’avaient-ils pas baptisé <em>Album de toutes les couleurs du gentil monde dans lequel nous avons la chance de vivre entre frères et sœurs du même sang</em>? Et Mozart? Qui peut me prouver que lorsqu’il avait composé <em>L’enlèvement au sérail</em>, il n’était pas mû par des arrière-pensées islamophobes?</p> <p><em>Ad libitum. Ad nauseam</em> (c’est du latin).</p> <p>Croyant avoir expurgé mon armoire de tous les disques qui risqueraient de heurter mes identités multiples, je suis tombé sur un coffret comportant des raretés de la chanson française. Des perles. Dont celle-ci de Charles Trenet: <em>La biguine à Bango</em>.</p> <p>Je l’ai écoutée en boucle. Elle illustre à quel point il y a quelques décennies, les stéréotypes frappant les personnes «de couleur» étaient encore ancrés dans les têtes:</p> <p><em>Connaissez-vous la Martinique?</em> C<em>onnais-tu là-bas le Bango?</em> <em>Dès qu'il entend jolie musique</em> <em>Le voilà debout tout de go</em> <em>Pour danser avec demoiselle,</em> <em>Ah, c'est un galant damoiseau,</em> <em>Demoiselle, tu as des ailes,</em> <em>Quand tu fais Biguine à Bango…</em></p> <p>Aujourd’hui, le dernier couplet chanté sur une biguine entraînante serait non seulement interdit, mais carrément inconcevable. 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Un quart de siècle que je refusais de fondre publiquement.</p> <p>Un mec, ça ne chiale pas. Je ne suis pas une gonzesse. </p> <p>J’étais simplement un con. Comme tant d’autres. Comme trop d’autres.</p> <p>Une éternité à intérioriser l’insupportable. A écrire mes souffrances sur des mouchoirs en papier. A les noyer dans des boissons interdites. A dire «tout va bien.»</p> <p>Deuil impossible. Deuil inutile.</p> <p>Jusqu’à ce qu’un soir. Dans ma ville adorée de Bienne. Dans cette salle de cinéma où j’allais, adolescent, regarder tant de films. Où j’étais Alain Souchon, tenant Isabelle Adjani dans ses bras. Où j’espérais que Joss Beaumont ne se ramasse pas une balle dans le dos à la fin du «Professionnel». 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On n’imaginait pas la suite de cet atroce roman. On l’imaginait rose. Il fut noir.</p> <h3>Héroïnes </h3> <p>Un quart de siècle après cette monstrueuse et absurde deuxième guerre d’Algérie, voilà enfin un film qui décrit avec minutie et justesse cette époque épouvantable.</p> <p>Un film réalisé par une femme, Mounia Meddour, et essentiellement interprété par des femmes. Ce n’est pas un hasard. Il a quasi entièrement été tourné en Algérie. C’est un pur bonheur.</p> <p>Dans ce film, il y a Mokhtar, le gardien de la Cité universitaire. Si la vie s’était comportée mieux pour lui, il serait sans doute devenu camelot ou receleur dans la banlieue de Lyon, de Lille ou de Montpellier. Il serait peut-être un pote de bistrot ici, à Bienne. On se bourrerait la gueule en se moquant des couillons de tous bords. Mais non. Lui aussi fut entraîné dans le tourbillon lâche qui avait englouti tant de mecs algériens de l’époque. Lui aussi s’était rendu complice des atrocités islamistes. 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L’opposition de la puissante Association des chauffeurs de taxis craignant de voir le chiffre d’affaires de ses membres baisser durant la manifestation. Oppositions aussi et peut-être surtout de nombreux pisse-vinaigre rancuniers, les tristes «Neinsager», qui n’avaient pas oublié que, 15 ans plus tôt, le nom de Thomas Hisrchhorn avait été au cœur d’un des plus absurdes règlements de compte politiques.</p> <h3>Christoph Blocher</h3> <p>Dix décembre 2003. Christoph Blocher accède au Conseil fédéral. La Suisse est divisée en deux camps: les pro et les anti. Domicilié à Paris depuis 1984, Thomas Hirschhorn présente une exposition au Centre culturel suisse de la Ville Lumière. Dans une pièce de théâtre, il n’hésite pas à démonter le mythe de Guillaume Tell. Une actrice vomit dans une urne de scrutin et un acteur adopte la position d’un chien pour uriner sur une image qui semble représenter le nouveau conseiller fédéral. Tollé! Sacrilège! 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Cette formation est localement très active, multiplie les pétitions et les actions de rues, est très présente sur les réseaux sociaux et inonde les médias locaux de lettres de lecteurs. Du pain béni! Au point qu’en raison de l’hostilité grandissante, Thomas Horschhiron finit par plier. Sans pour autant rompre. Avec la bénédiction des autorités de majorité rose-verte, il accepte de repousser d’un an son projet d’Exposition suisse de sculpture. Mais il n’en démord pas: elle aura lieu sur la place de la Gare de Bienne et sera consacrée à Robert-Walser.</p> <h3><strong>Bâton de pélerin</strong></h3> <p>L’artiste au caractère bien trempé change alors de stratégie. Il loue un petit appartement en haut d’un immeuble surplombant la place de la gare et multiplie les réunions publiques pour expliquer son projet. Dans des bistrots ou à la bibliothèque municipale, dans d’autres lieux culturels ou même dans la rue, il s’explique, brandit son bâton de pèlerin, s’emporte, s’enthousiasme, se prend au jeu et finit par convaincre. Les chauffeurs de taxis retirent leur opposition et le préfet donne son feu vert. Mais le plus dur est à venir.</p> <h3><strong>Obtus et téméraire</strong></h3> <p>«C’est toujours difficile de concevoir une œuvre d’art dans l’espace public, où les conflits d’intérêts sont fréquents. Je me bats comme un chien pour chaque centimètre de terrain, sinon rien ne se passe. J’ai toujours été clair. Je ne suis pas extravagant mais obtus, téméraire et surtout dingue de Robert Walser. Je conçois dans sa ville natale un travail qui va marquer les esprits et entrer dans l’histoire de l’art», s’enflamme-t-il. Alors, depuis le début du mois d’avril, au risque de priver les automobilistes d’une vingtaine de places de parc dans cet endroit stratégique, lui et son équipe se sont activés. 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Depuis son inauguration, samedi 15 juin, jusqu’à sa fermeture prévue le 8 septembre, la «Sculpture Robert-Walser», dont l’entrée est totalement gratuite, promet de diviser et de faire couler encore pas mal d’encre et de salive. Dans certaines bistrots du coin, certains opposants fortement alcoolisés promettent régulièrement «d’aller foutre le feu le 1<sup>er</sup> août à ce repaire de gauchistes et d’étrangers». Ils ignorent que sur place, la bière ne coûte que 3 francs. 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C’est quelque chose que j’ai appris en France, notamment. Les Français respectent les grévistes, qu’ils fassent eux-mêmes grève ou non. </p> <p>La grève à venir a ceci de pertinent, spécifiquement, qu’elle s’inscrit dans la queue de la comète #MeToo, et qu’elle vise, par ses très nombreuses revendications, à transformer ce mouvement de prise de conscience en un mouvement de propositions et de changement.</p> <p><strong>Comptez-vous vous associer d’une manière ou d’une autre à ce mouvement?<br /></strong>Depuis que j’ai arrêté la politique, en 2003, n’ayant pas été réélue, j’ai choisi de m’engager autrement pour les causes qui m’importent le plus, que ce soit l’emprisonnement ou les questions de genre. 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Peut-on vous qualifier de «féminosceptique», doutant parfois des inégalités entre hommes et femmes et de la forte implication des hommes dans ce phénomène? <br /></strong>Absolument pas. Je comprends votre question au regard de certaines de mes positions du siècle dernier (et parfois encore du début de ce siècle), mais depuis j’ai beaucoup étudié les questions de genre telles qu’elles se posent non seulement en Suisse ou en France, mais aussi ailleurs dans le monde et je pense que mon dernier livre notamment, <em>Le Nouveau Féminisme</em>, <em>combats et rêves de l’ère post-Weinstein</em> (Odile Jacob, 2019), répond sans ambiguïté à cette question.</p> <p><strong>Durant quelques mois, entre 2010 et 2011, le Conseil fédéral avait été majoritairement féminin. Avez-vous eu le sentiment que cette particularité avait eu des conséquences notables sur la politique menée? 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Pour répondre plus spécifiquement à votre question, les «Gay Pride» sont pour les personnes homosexuelles une action similaire à une grève, me semble-t-il; on peut mentionner en Afrique du Sud la marche du 1<sup>er</sup> août 2018, #TheTotalShudown, commémorative de la marche contre l’apartheid à Pretoria en 1956 et qui s’élève tout particulièrement contre les violences sexuelles perpétrées à l’encontre des femmes noires.</p> <p><strong>Outre les dispositions anatomiques évidentes, quelles sont, au fond, les principales différences entre un homme et une femme?<br /></strong>On ne naît pas femme on le devient. Mais on le devient très, très vite. Tout se décide probablement dès les premières heures, voire avant la naissance lorsque le genre du futur enfant est connu. 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Tamanrasset, Algérie, décembre 2004. Retour au bled pour y passer enfin à nouveau quelques jours de vacances en hiver. Une éternité que je n’y étais plus allé. Depuis ces années de sang. Ces années d’horreur. Cette gorge tranchée. Celle de la jeune femme que j’aimais. Des années pourries par ceux (rarement celles) qui sévissent encore parfois ici en planquant leur pognon dans nos belles banques ou profitent de nos largesses et de notre culte de la liberté d’expression pour tenir des discours de haine.
Des milliers de pauvres bougres
Ma ville n’avait plus grand-chose à voir avec celle quittée en 1967. Je n’avais que 3 ans. Elle ne comptait alors que 5000 habitants, la plupart des Touaregs. Trente-sept ans plus tard, près de 100'000 êtres humains s’y entassaient. Certains très confortablement, beaucoup correctement, mais passablement de manière indécente dans des baraques précaires ou des maisons sans toit.
Au début des années 70, les épouvantables sécheresses sahéliennes avaient incité des milliers de pauvres bougres à y trouver refuge. Le Mali et le Niger ne sont qu’à 300 kilomètres de là (tandis qu’il faut parcourir 1900 kilomètres pour rejoindre la Méditerranée au nord). Puis, les opulentes années 80 marquées par une exploitation intensive des ressources minières et un développement expansif du tourisme avaient attiré de très nombreux «nordistes» descendant d’Alger, Oran ou Annaba pour tenter leur chance dans ce nouvel eldorado. La comparaison n’est pas trop forte, puisqu’un gisement tout récemment découvert laisse entendre que ce dernier comporte des réserves en or à hauteur de 3,38 millions de tonnes…
Dix années de larmes pourpres
Las. En 1991, le pouvoir autoritaire soutenu par les puissances occidentales qui ne voulaient pas voir surgir à leurs portes une nouvelle zone de turbulences alors que le Mur venait à peine de tomber avait interrompu le processus électoral qui allait permettre aux islamistes d’accéder démocratiquement aux affaires.
Les dix années suivantes furent des années de larmes et de sang.
Et en ce début d’hiver 2004, j’avais donc décidé de surmonter mes peurs et mon traumatisme pour retourner là-bas.
Le tourisme direction le grand sud algérien, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, reprenait gentiment. Des vols directs étaient organisés depuis Paris. Quel pied de pouvoir, à 23 heures, bouffer un steak tartare tout près de mon hôtel vers la place de la République et douze heures plus tard, boire les trois verres de thé rituels chez ma chère sœur aînée, celle qui me portait sur ses frêles épaules quand la maladie m’avait terrassé alors que je m’apprêtais à commencer à apprendre à marcher.
Soyons fous. Pour évacuer la trouille du décollage, un petit whisky matinal à Roissy. Lecture de L’Equipe, de Libé et du Figaro Magazine – car il y a souvent de belles photos et des journalistes un peu pédants qui écrivent en multipliant les imparfaits du subjonctif.
Les embrassades. Interminables. Mon paternel qui me tombe dans les bras en chialant avant de me demander si je ne peux pas lui donner quelques euros. A l’époque, je pouvais.
Le silence, la rage ou l'exil
Quel choc de voir mon village de naissance transformé en quasi mégapole avec son lot de misère et de pollution.
Nous autres, Touaregs, sommes devenus épouvantablement minoritaires sur notre terre. Les vieux se taisent et les jeunes enragent. Du pain bénit pour les recruteurs djihadistes en quête de chair fraîche prête à aller nourrir les asticots d’Alep, de Gao ou de Mossoul.
Parmi ces nouveaux habitants, de nombreux migrants avaient traversé la moitié du Sahara pour échouer là. Etape de repos bienvenue avant d’affronter des dangers bien plus importants encore.
Certains patientaient dans les petits camps mis à leur disposition. Quelques centaines d’exilés. Loin en tout cas des 350'000 personnes fuyant la guerre et la famine en Somalie qui s’entassent actuellement dans le seul camp de réfugiés de Dadaab au Kenya – le plus grand camp de réfugiés au monde.
D’autres, les plus intrépides et les plus impatients, végétaient sur les grandes places et au bord des routes, s’amoncelaient en attendant qu’un camion les fasse monter à bord afin d’aller casser quelques cailloux pour de menus dinars.
Tout le monde savait qu’ils étaient traités comme des sous-hommes. Quant aux femmes… Obligées de fermer leur gueule et d’ouvrir leurs cuisses au moindre douanier si sûr de son impunité dans son si bel uniforme.
Ce n'est pas une fatalité
Il y a quelques mois, plusieurs ONG algériennes ont d’ailleurs mené une campagne pour dénoncer la situation dans laquelle certains étaient obligés de vivre, confrontés à des attaques indignes sur les réseaux qualifiés de sociaux. Petit florilège de ces messages indignes (source: le Point Afrique du 25 juin 2017):
«Il faut les exterminer comme des rats, car ils vivent comme des rats.»
«Rentrez chez vous.»
«C'est une occupation intérieure.»
«Chassons-les pour préserver nos enfants et nos sœurs.»
«Les Algériens prioritaires, dehors les Africains.»
«Ils violent et répandent le sida dans nos villes».
«C’est un plan sionisto-français pour envahir l'Algérie par six millions de réfugiés subsahariens»!
Heureusement, là-bas non plus, la haine et la bêtise ne sont pas des fatalités. La résistance et la solidarité prennent de l’ampleur grâce notamment à des organisations comme Amnesty International. «Ces dérives se sont accentuées avec la tendance sensationnelle de quelques médias écrits, en ligne ou chaînes de télé privées, des médias qui stigmatisent les femmes, les étrangers, et surtout les réfugiés et les migrants africains installés à Alger. Ces constructions médiatiques ont amplifié un phénomène de sentiment anti-africain qui reste minime dans la société algérienne», estime par exemple Hassina Oussedik, présidente de la branche algérienne d'Amnesty International.
Et Mokhtar...
En marchant dans les rues de ma ville natale, je percevais déjà en 2004 ce malaise et cette hostilité croissante à l’encontre de ces hommes et femmes qui avaient des rêves plein les yeux.
Mokhtar se tenait un peu à l’écart. Il prétendait se prénommer ainsi, mais sa petite croix autour du cou trahissait ses origines chrétiennes. Il affirmait venir du Bénin. Mokhtar cirait les chaussures. Une aubaine pour un journaliste comme moi, futur petit politicien de milice, tellement habitué à se voir cirer les pompes… Il disait avoir 17 ans et une seule idée en tête: «Je veux rejoindre mon oncle en Angleterre».
J’avais beau tenter le convaincre de son échec programmé, le mettre en garde contre les dangers humains ou naturels qui le guettaient, il n’avait que cette phrase en tête: «Je veux rejoindre mon oncle en Angleterre». Il répétait en boucle ce qu’il avait entendu:
«En Angleterre, ils nous donnent un toit, des habits, des allocations, de la nourriture, tout. Une vie meilleure, quoi».
Là-bas, il était «sûr de réussir». Dans n’importe quel domaine. «Le football, les affaires, sur des chantiers, je ne se pas. Mais grâce à Dieu, je vais y arriver. Grâce à Dieu.»
Lui aussi n’avait que Dieu dans sa bouche.
En le quittant, je l’avais correctement rétribué et donné ma carte de visite en Suisse. Sans trop y croire. Par politesse. Pour l’encourager. «Quand tu auras fait fortune, viens dans mon pays. Tu me raconteras ton histoire.»
Dix ans plus tard...
La Suisse venait d’être confrontée à un flux important de nouvelles demandes d’asile (près de 30'000). Loin du record «historique» de 1999 où quelque 50'000 requérants y avaient déposé leurs valises. Mais bien assez pour que cette question préoccupât les médias, les partis politiques et les autorités.
Pour faire face à ce pic migratoire, Bienne, mon autre ville, avait décidé d’ouvrir un de ses nombreux abris PC devenus inutiles depuis que les Russes avaient décidé qu’il serait plus facile de lorgner sur la Crimée que la Singine. Un ancien abri antiatomique situé dans mon quartier. Juste à côté de l’école où j’avais commencé à me passionner pour la lecture et les batailles de boules de neige contre mes contemporains alémaniques.
L’annonce de son ouverture avait suscité quelques craintes auprès d’une partie de la population. Mais à part un vol à la tir dénoncé dans la dernière épicerie de ce quartier résidentiel et familial, la présence de ces demandeurs d’asile fuyant les échecs du Printemps arabe et la misère de l’Afrique subsaharienne ne posait pas de problème particulier. Ils n’étaient pas au cœur des discussions.
... il végétait là
Ce soir-là, je rentrais d’une interminable réunion politique. Dans le bus me ramenant chez moi, une paire d’yeux m’observait avec intensité. Son juvénile propriétaire finit par m’interpeller: «Tu n’étais pas à Tamanrasset, toi? Tu ne te souviens sûrement pas de moi. Je me prénomme Mokhtar. Je me rappelais du pays et de la ville d’Europe où tu prétendais vivre. Tu ne m’avais donc pas menti.»
Lui non plus.
Choc épouvantable.
Autour d’une bouteille locale chez moi, Mokhtar (il m’a avoué se prénommer en réalité Jérémie) m’avait raconté son périple à travers le reste du désert, son interminable attente en Tunisie. Sa traversée de la Méditerranée. Et son arrivée en Suisse. Depuis quelques semaines, il végétait là, à quelques centaines de mètres de ma maison, dans ce sous-sol qui, gamin, me faisait tellement fasciner. J’étais persuadé qu’on y cachait des trésors…
«Ma demande d’asile vient d’être rejetée. Mais je m’en fous. Je ne vais pas perdre mon temps à faire recours. Mon objectif n’a pas changé: je veux rejoindre mon oncle en Angleterre. Je pars demain.»
Une désespérante impression
Où est-il désormais? A Calais? Dans un bled perdu de la Drôme ou de la Creuse où ont été exilés nombre de migrants ayant échoué dans leur folle tentative de traverser La Manche? En tôle pour s’être fait surprendre en vendant de la blanche à quelques paumés?
Ou en train de monter une entreprise prospère du côté de Birmingham?
Je ne le saurai sans doute jamais.
Plus le temps passe, plus je pense à Mokhtar/Jérémie, plus me revient en tête l’éprouvant roman «Eldorado» de Laurent Gaudé. Quand je le relis, j’ai la désespérante impression de ressembler à son personnage principal, Salvatore Piracci. Il débute en 2004 et relate la sinistre histoire du commandant d’un bateau des garde-côtes italiens au large de Lampedusa confronté au début de l’arrivée d’un nombre important de migrants clandestins. Petit à petit, Salvatore Piracci s’humanise, est impressionné par la détermination de celles et ceux «qui n’ont plus rien à perdre», tente de les aider mais finit écrasé par un camion rempli de clandestins au milieu du Sahara algérien.
Près de l’endroit où je suis né.
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Certains très confortablement, beaucoup correctement, mais passablement de manière indécente dans des baraques précaires ou des maisons sans toit.</p><p>Au début des années 70, les épouvantables sécheresses sahéliennes avaient incité des milliers de pauvres bougres à y trouver refuge. Le Mali et le Niger ne sont qu’à 300 kilomètres de là (tandis qu’il faut parcourir 1900 kilomètres pour rejoindre la Méditerranée au nord). Puis, les opulentes années 80 marquées par une exploitation intensive des ressources minières et un développement expansif du tourisme avaient attiré de très nombreux «nordistes» descendant d’Alger, Oran ou Annaba pour tenter leur chance dans ce nouvel eldorado. La comparaison n’est pas trop forte, puisqu’un gisement tout récemment découvert laisse entendre que ce dernier comporte des réserves en or à hauteur de 3,38 millions de tonnes…</p><h3>Dix années de larmes pourpres<br></h3><p>Las. 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Quel pied de pouvoir, à 23 heures, bouffer un steak tartare tout près de mon hôtel vers la place de la République et douze heures plus tard, boire les trois verres de thé rituels chez ma chère sœur aînée, celle qui me portait sur ses frêles épaules quand la maladie m’avait terrassé alors que je m’apprêtais à commencer à apprendre à marcher.</p><p>Soyons fous. Pour évacuer la trouille du décollage, un petit whisky matinal à Roissy. Lecture de <em>L’Equipe</em>, de <em>Libé</em> et du <em>Figaro Magazine</em> – car il y a souvent de belles photos et des journalistes un peu pédants qui écrivent en multipliant les imparfaits du subjonctif.</p><p>Les embrassades. Interminables. Mon paternel qui me tombe dans les bras en chialant avant de me demander si je ne peux pas lui donner quelques euros. 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Grâce à Dieu.»</p><p>Lui aussi n’avait que Dieu dans sa bouche.</p><p>En le quittant, je l’avais correctement rétribué et donné ma carte de visite en Suisse. Sans trop y croire. Par politesse. Pour l’encourager. «Quand tu auras fait fortune, viens dans mon pays. Tu me raconteras ton histoire.»</p><h3><strong>Dix ans plus tard...</strong></h3><p>La Suisse venait d’être confrontée à un flux important de nouvelles demandes d’asile (près de 30'000). Loin du record «historique» de 1999 où quelque 50'000 requérants y avaient déposé leurs valises. Mais bien assez pour que cette question préoccupât les médias, les partis politiques et les autorités.</p><p>Pour faire face à ce pic migratoire, Bienne, mon autre ville, avait décidé d’ouvrir un de ses nombreux abris PC devenus inutiles depuis que les Russes avaient décidé qu’il serait plus facile de lorgner sur la Crimée que la Singine. Un ancien abri antiatomique situé dans mon quartier. Juste à côté de l’école où j’avais commencé à me passionner pour la lecture et les batailles de boules de neige contre mes contemporains alémaniques.<br></p><p>L’annonce de son ouverture avait suscité quelques craintes auprès d’une partie de la population. Mais à part un vol à la tir dénoncé dans la dernière épicerie de ce quartier résidentiel et familial, la présence de ces demandeurs d’asile fuyant les échecs du Printemps arabe et la misère de l’Afrique subsaharienne ne posait pas de problème particulier. Ils n’étaient pas au cœur des discussions.</p><h3>... il végétait là<br></h3><p>Ce soir-là, je rentrais d’une interminable réunion politique. Dans le bus me ramenant chez moi, une paire d’yeux m’observait avec intensité. Son juvénile propriétaire finit par m’interpeller: «Tu n’étais pas à Tamanrasset, toi? Tu ne te souviens sûrement pas de moi. Je me prénomme Mokhtar. Je me rappelais du pays et de la ville d’Europe où tu prétendais vivre. Tu ne m’avais donc pas menti.»</p><p>Lui non plus.</p><p>Choc épouvantable. </p><p>Autour d’une bouteille locale chez moi, Mokhtar (il m’a avoué se prénommer en réalité Jérémie) m’avait raconté son périple à travers le reste du désert, son interminable attente en Tunisie. Sa traversée de la Méditerranée. Et son arrivée en Suisse. Depuis quelques semaines, il végétait là, à quelques centaines de mètres de ma maison, dans ce sous-sol qui, gamin, me faisait tellement fasciner. J’étais persuadé qu’on y cachait des trésors… </p><p>«Ma demande d’asile vient d’être rejetée. Mais je m’en fous. Je ne vais pas perdre mon temps à faire recours. Mon objectif n’a pas changé: je veux rejoindre mon oncle en Angleterre. Je pars demain.»</p><h3>Une désespérante impression<br></h3><p>Où est-il désormais? A Calais? Dans un bled perdu de la Drôme ou de la Creuse où ont été exilés nombre de migrants ayant échoué dans leur folle tentative de traverser La Manche? En tôle pour s’être fait surprendre en vendant de la blanche à quelques paumés?</p><p>Ou en train de monter une entreprise prospère du côté de Birmingham?</p><p>Je ne le saurai sans doute jamais.</p><p>Plus le temps passe, plus je pense à Mokhtar/Jérémie, plus me revient en tête l’éprouvant roman «Eldorado» de Laurent Gaudé. Quand je le relis, j’ai la désespérante impression de ressembler à son personnage principal, Salvatore Piracci. Il débute en 2004 et relate la sinistre histoire du commandant d’un bateau des garde-côtes italiens au large de Lampedusa confronté au début de l’arrivée d’un nombre important de migrants clandestins. 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Il trouvait que ça claquait bien…</p> <p>Au pilori aussi tous les opéras et l’ensemble des symphonies de Richard Wagner. Comme cet antisémite notoire était idolâtré par des dignitaires du IIIe Reich, cela risquerait de faire de moi un «complice par contumace temporelle» d’un sympathisant nazi, moi qui ne me suis jamais remis d’avoir appris, enfant, la monstrueuse existence de la Shoah.</p> <p>Je ne devrai plus jamais tenter de me déhancher sur une chanson de Khaled. Il y a une dizaine d’années en effet, le «roi du raï» avait décidé de quitter la France car ce pays y autorise le mariage entre hommes. Il avait préféré s’exiler dans un autre qui les condamne.</p> <p>Plus jamais je ne fredonnerai les <em>Lacs du Conemara</em>, puisque par pure provocation, Michel Sardou et son génial parolier Pierre Delanoé (auteur notamment de très bienveillants tubes comme <em>Champs Elysées</em>, <em>Salma, ya salama</em>, ou <em>Fais comme l’oiseau</em>) avaient commis<em> Le temps des colonies</em>, un soir où ils avaient tellement picolé qu’ils étaient complètement noirs.</p> <p>Je bannirai tous mes CD de Johnny Cash et de Jerry Lee Lewis (il vit encore, youppie!). Ils étaient Blancs, venaient du sud des Etats-Unis et il n’est pas exclu que certains membres du KKK passaient leurs chansons dans les radio-cassettes de leurs bagnoles quand ils allaient se «faire un Noir».</p> <p>Plus mon armoire à disques se viderait, plus je risquerais de devenir parano. 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Un quart de siècle que je refusais de fondre publiquement.</p> <p>Un mec, ça ne chiale pas. Je ne suis pas une gonzesse. </p> <p>J’étais simplement un con. Comme tant d’autres. Comme trop d’autres.</p> <p>Une éternité à intérioriser l’insupportable. A écrire mes souffrances sur des mouchoirs en papier. A les noyer dans des boissons interdites. A dire «tout va bien.»</p> <p>Deuil impossible. Deuil inutile.</p> <p>Jusqu’à ce qu’un soir. Dans ma ville adorée de Bienne. Dans cette salle de cinéma où j’allais, adolescent, regarder tant de films. Où j’étais Alain Souchon, tenant Isabelle Adjani dans ses bras. Où j’espérais que Joss Beaumont ne se ramasse pas une balle dans le dos à la fin du «Professionnel». 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L’opposition de la puissante Association des chauffeurs de taxis craignant de voir le chiffre d’affaires de ses membres baisser durant la manifestation. Oppositions aussi et peut-être surtout de nombreux pisse-vinaigre rancuniers, les tristes «Neinsager», qui n’avaient pas oublié que, 15 ans plus tôt, le nom de Thomas Hisrchhorn avait été au cœur d’un des plus absurdes règlements de compte politiques.</p> <h3>Christoph Blocher</h3> <p>Dix décembre 2003. Christoph Blocher accède au Conseil fédéral. La Suisse est divisée en deux camps: les pro et les anti. Domicilié à Paris depuis 1984, Thomas Hirschhorn présente une exposition au Centre culturel suisse de la Ville Lumière. Dans une pièce de théâtre, il n’hésite pas à démonter le mythe de Guillaume Tell. Une actrice vomit dans une urne de scrutin et un acteur adopte la position d’un chien pour uriner sur une image qui semble représenter le nouveau conseiller fédéral. Tollé! Sacrilège! En guise de représailles, les Chambres fédérales décident alors de raboter l’enveloppe financière de Pro Helvetia, qui avait soutenu financièrement cette exposition. Très peu de députés et de sénateurs ne l’avaient vue, mais la rumeur et l’indignation sélective avaient triomphé. «Je ne m'étais pas douté que je trainerais encore longtemps cette casserole», soupire Thomas Hirschhorn.</p> <h3><strong>Plier sans rompre</strong></h3> <p>Car Bienne la rouge change parfois de couleurs. Jusque-là groupusculaire, l’UDC compte désormais 11 sièges au Conseil de Ville (sur 60) et est même désormais le plus grand groupe parlementaire. Elle a largement bénéficié de l’image négative de cette cité horlogère de 56'000 habitants, multiethnique (plus de 130 nationalités représentées), avec un fort taux de bénéficiaires de l’aide sociale (11% de la population). Cette formation est localement très active, multiplie les pétitions et les actions de rues, est très présente sur les réseaux sociaux et inonde les médias locaux de lettres de lecteurs. Du pain béni! Au point qu’en raison de l’hostilité grandissante, Thomas Horschhiron finit par plier. Sans pour autant rompre. Avec la bénédiction des autorités de majorité rose-verte, il accepte de repousser d’un an son projet d’Exposition suisse de sculpture. Mais il n’en démord pas: elle aura lieu sur la place de la Gare de Bienne et sera consacrée à Robert-Walser.</p> <h3><strong>Bâton de pélerin</strong></h3> <p>L’artiste au caractère bien trempé change alors de stratégie. Il loue un petit appartement en haut d’un immeuble surplombant la place de la gare et multiplie les réunions publiques pour expliquer son projet. Dans des bistrots ou à la bibliothèque municipale, dans d’autres lieux culturels ou même dans la rue, il s’explique, brandit son bâton de pèlerin, s’emporte, s’enthousiasme, se prend au jeu et finit par convaincre. Les chauffeurs de taxis retirent leur opposition et le préfet donne son feu vert. Mais le plus dur est à venir.</p> <h3><strong>Obtus et téméraire</strong></h3> <p>«C’est toujours difficile de concevoir une œuvre d’art dans l’espace public, où les conflits d’intérêts sont fréquents. Je me bats comme un chien pour chaque centimètre de terrain, sinon rien ne se passe. J’ai toujours été clair. Je ne suis pas extravagant mais obtus, téméraire et surtout dingue de Robert Walser. Je conçois dans sa ville natale un travail qui va marquer les esprits et entrer dans l’histoire de l’art», s’enflamme-t-il. Alors, depuis le début du mois d’avril, au risque de priver les automobilistes d’une vingtaine de places de parc dans cet endroit stratégique, lui et son équipe se sont activés. 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Et une des nombreuses participantes à cette sculpture d’un genre unique a promis d’aller bientôt dans son Maroc natal faire une lecture publique de certains de ses textes.</p> <h3><strong>«Affabulateur», «profiteur»</strong></h3> <p>De quoi apaiser les esprits? Que nenni. Les titres des courriers des lecteurs parus depuis 2018 à Bienne sur cette Exposition n’ont pas été avares en quolibets: «affabulateur», «profiteur», «manipulateur»... Réplique de Thomas Hirschhorn: «La noblesse d’un travail dans l’espace public est de se confronter à la réalité. Certains râlent, d’autres exagèrent ou avancent des arguments tirés par les cheveux». Comme le coût soit-disant exorbitant de cette manifestation. Car en réalité, la Ville de Bienne n’aura dépensé «que» 300'000 francs. Le reste du budget étant assuré par le Canton de Berne (aussi 300'000 francs) et par des donateurs privés, des fondations et un crowdfunding qui n’a d’ailleurs pas encore obtenu le succès escompté. Depuis son inauguration, samedi 15 juin, jusqu’à sa fermeture prévue le 8 septembre, la «Sculpture Robert-Walser», dont l’entrée est totalement gratuite, promet de diviser et de faire couler encore pas mal d’encre et de salive. Dans certaines bistrots du coin, certains opposants fortement alcoolisés promettent régulièrement «d’aller foutre le feu le 1<sup>er</sup> août à ce repaire de gauchistes et d’étrangers». Ils ignorent que sur place, la bière ne coûte que 3 francs. 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