© KarleHorn - CC BY-SA 3.0
«1969 – Tous azimuts», issu d’un crowfunding et bénéficiant d’un premier tirage de 500 exemplaires, est un ouvrage qui explore avec une minutie infinie une année de l’existence d’un groupe pop entre tous mythique, les Pink Floyd.
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Il a revendiqué ce point de vue dès le début de sa très longue carrière. Appartenant donc à un genre souverain et indépendant, ses dessins proposent une très grande variété d’approches et de couleurs, dans des palettes de tons différenciés, et dégagent souvent une impression de grande vitalité, de plaisir, de sensualité, l’impression d’une perception subjective plutôt qu’objective. L’expression est émotion immédiate et dans ses productions, il ne cherche jamais à rendre la réalité mais bien plutôt le fourmillement des sensations qui le traversent, quand, concentré, il s’exerce à capter l’expression d’un visage, un geste, un paysage, un mouvement. Ses nus, devenus très vite non conventionnels, accordent une attention particulière aux chevelures et aux mains. Auguste Rodin, Ferdinand Hodler, Gustav Klimt, Aubrey Beardsley sont ceux qu’il espère dépasser. Il utilise un papier très simple et travaille à la vitesse de l’éclair, les corps en mouvement étant pour lui bien plus excitants que les lourdes postures académiques. Usant d’une liberté constante, les couleurs, dans la surprenante variété d’usage qu’il en fait, différencient ses productions de la majorité de celles de ses contemporains qui sont en général, dans ce domaine, très économes de leurs moyens, n’utilisant la plupart du temps qu’une teinte, au plus deux ou trois.</p> <h3>Sa vie, sa vocation</h3> <p>Kokoschka est né en 1886 à Pöchlarn, en Autriche-Hongrie. Ses premières œuvres conservées datent de 1897, et ont donc étés réalisées lorsqu’il avait onze ans; elles témoignent déjà d’approches techniques variées. Après des cours à l’Ecole des Arts appliqués de Vienne, où il est l’élève de Gustav Klimt, il y devient professeur assistant puis en est renvoyé en 1908 pour avoir montré dans des expositions d’avant-garde des peintures jugées scandaleuses par cette noble institution. En 1909, il expose des nus qui plaisent beaucoup et sont très rapidement vendus. Dans les années 1910, il réalise des dessins très travaillés, entre autres pour la revue <i>Sturm</i>. Traits secs et nerveux, densification des lignes, portraits expressionnistes d’hommes et de femmes, suites d’illustrations, passage à la lithographie, il expérimente à tout va. En 1911, il donne des cours dans une école privée et en 1912 et 1913, enseigne le nu au sein d’une institution qu’il a lui-même créée. De 1912 à 1914, il réalise de nombreuses aquarelles sur des éventails pour sa compagne d’alors, la fameuse Alma Mahler et, voyageant avec elle dans les Dolomites ou à Venise, il y dessine au pastel des paysages et des scènes de la vie quotidienne.</p> <p>Jusqu’à la Première Guerre mondiale, il exécute aussi les portraits des grands pontes de la haute société viennoise de son temps, loin de toute ressemblance photographique, s’attachant à mettre en valeur la façon dont il les perçoit lui, et en faisant fi de l’amour-propre de ses commanditaires. Ensuite, entre 1919 et 1923, il occupe un poste aux renommés Beaux-Arts de Dresde. Au début des années 20, couleurs lumineuses, larges coups de pinceau, énergie et fraîcheur, convalescent, il s’adonne à l’aquarelle. Nombreux portraits aussi à la même époque à la craie et au crayon. Dans les années 30, il fragmente ses traits, sans plus aucun soucis du contour, fuyant les traitements homogènes et cherchant le relief et la profondeur. Il traverse une période de dessins monochromes, dont des croquis de la danseuses Mary Meerson à la sanguine par exemple. Il réalise aussi beaucoup de dessins, de celle qui deviendra son épouse, la danseuse Olda Palkovská, essayant inlassablement de rendre la grâce d’un mouvement et ce sans jamais user d’aucun effet vériste, de rien qui ne paraisse régulier ou lisse, cherchant sans trêve la subjectivité, l’authenticité, la vivacité, rêvant de rendre la vie à la vie elle-même. En 1937, les nazis l’étiquettent «artiste dégénéré» et à leur fameuse et infamante exposition <i>Entartete Kunst</i>, c’est lui qui aura l’honneur d’avoir le plus d’œuvres représentées. Exilé à Prague, puis à Londres et devenu ensuite, après-guerre, peintre nomade, on l’aperçoit en Grèce, en Italie, en Tunisie, en Libye, en Turquie, au Maroc et, pour finir, à Jérusalem. </p> <h3>Kokoschka en Suisse</h3> <p>Le lac Léman le fascine depuis qu’en janvier 1910 accompagnant le célèbre Adolf Loos, auteur de <i>Ornement et Crime</i> (1908) et préfigurateur du <i>brutalisme </i>en architecture, aux Avants, au-dessus de Montreux, il a peint <i></i>le célèbre paysage <i>Les Dents du Midi </i>ainsi que plusieurs portraits, dont à Yvorne, celui du renommé naturaliste, psychiatre et réformateur social, Auguste Forel. Adolf Loos installe ensuite son protégé au Sanatorium du Mont Blanc à Leysin, où il réalise des portraits d’aristocrates tuberculeux, portraits qui sont aujourd’hui considérés comme des sommets de la si romantiquement tourmentée représentation expressionniste de la figure humaine. Oui, tempête et passion! Adolf Loos, en 1913, organise au Kunsthaus de Zurich une présentation d’une douzaine de ceux-ci, présentation ressentie par la plupart des indigènes helvètes comme un conte d’épouvante.</p> <p>Mais, événement entre tous historique, voici que Dada débarque et que la comédie de Kokoschka, <i>Le sphinx et l’homme de paille, </i>est jouée le 14 avril 1917 au Cabaret Voltaire à Zurich. Marcel Janco en signe les masques que portent les comédiens et la mise en scène, Tristan Tzara joue le rôle du perroquet, Emmy Hennings celui de l’infidèle Anima, Friedrich Glauser, la mort et Hugo Ball, Firdusi, l’époux trompé. Dans <i>La fuite hors du temps</i>, qu’il écrit et publie dix ans plus tard, Ball nous raconte le chaos qui règne ce soir-là sur la scène: «Malgré le prix d’entrée élevé, la Galerie était trop petite pour contenir tous les visiteurs. Dans une pièce du fond, Tzara était responsable de l’éclair et du tonnerre et, comme un perroquet, il devait répéter "Anima, douce Anima!". 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Il y passe les vingt-sept dernières années de son existence, et décède en 1980, à Montreux, à l’âge de nonante-quatre ans et en ayant donc vécu un tiers de sa vie en pays vaudois.</p> <h3>Portrait de l'artiste dessinant</h3> <p>Il existe de nombreuses photographies le montrant, regard vif, main souple, dessinant avec agilité des vestiges archéologiques, noircissant des centaines de pages dans ses carnets de croquis, explorant des thèmes liés à l’Antiquité ou effectuant des reproductions dans des musées, redessinant inlassablement des bribes de tragédies grecques ou de récits mythologiques afin d’y trouver le ferment commun de toutes les sociétés, des décors et des costumes de théâtre ou d’opéras. Bref, c’est son destin, il l’a accepté et il dessine et redessine sans trêve ni repos.</p> <p>Pendant septante ans, à coups de traits outrés et fracturés, de visions oniriques, il alterne des représentations d’insectes, de nus, de scènes bibliques ou mythologiques et des paysages aux perspectives bizarres, Kokoschka préférant une vue bifocale à la perspective cavalière, vue embrassant l’étendue du paysage, des représentations de fleurs, d’animaux. Dans le paysage, ce qui l’intéresse, ce n’est pas l’idylle, mais la nature à l’état sauvage, indomptée. 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Oui, de porter une attention soutenue à ce qui nous environne, car si le dessin, comme il l’écrit, déplie le visible, cela ne peut être que pour le pénétrer plus intensément.</p> <h3>Les débuts</h3> <p>Le dessin est une activité solitaire, peinture des jours de pluie, enfermé dans une pièce et l’infini plaisir de n’avoir à faire que ça, ok, d’accord, mais c’est avec sa main dans le bac à sable que Philippe Comar a commencé à dessiner, ou avec un doigt sur des meubles couverts de poussière, sur des vitres embuées, dans de la farine, de la pâte à tarte, en piétinant la neige, en courant dans le sable. Il a dessiné dans le noir avec la pointe de sa langue dans le creux de sa main. En crachant sur les murs, en envoyant gicler des gouttes à la brosse à dent, à la craie sur les trottoirs, au canif sur les arbres. Il a dessiné sur ses mains avec un stylo à bille et comme Léonard de Vinci, il a aimé contempler sans penser à rien les tâches fortuites sur les murs, les traces de moisissure. 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A l’école primaire, un jour, la maitresse le sermonne: il a couvert pendant des mois son bureau de centaines de petits dessins. Et pourquoi pas faire pipi sur les pupitres, s’exclame-t-elle. Toute la classe se gondole et en guise de punition, le petit Philippe est enfermé toute une longue et interminable journée dans les toilettes, et ceci sans manger ni boire et sans lumière. D’où que depuis ce jour-là, il associe l’acte d’uriner et le dessin. Et effectivement, tel Gargantua, du haut des tours de Notre-Dame, il adore dessiner ainsi sur le sable. 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Et petit-à-petit, il se met à remplacer la Marianne sur les lettres et cartes postales par des fragments de corps nus de dame. Oblitéré par la Poste, le timbre devient œuvre.</p> <h3>S'auto créer par et pour le dessin</h3> <p>Ses parents n’ont pas une sensualité marquée, son père lui inflige des fessées pantalon baissé, sa mère répugne au contact physique avec ses enfants et lui, il dessine en cachette des femmes nues, dessins qu’il détruit ensuite. Il rêve aussi d’auto-fellation et de s’auto-dévorer lui-même et retrouve cela dans un personnage de Saul Steinberg, personnage s’auto-dessinant et dans certains dessins de Hans Bellmer, un corps s’auto-dessinant également; et finit par penser que le phantasme d’auto-engendrement est l’essence même de l’art.</p> <h3>Dessin d'enfant</h3> <p>Les dessins d’enfant permettent-ils de retracer les fondements d’une œuvre à venir? Rien n’est moins certain, tant les choix individuels et les partis pris d’un artiste ne se dégagent que lentement des archétypes propres aux dessins d’enfant. Tout en tentant de saisir ce qui, dans ses premières expériences graphiques, a nourri sa pratique actuelle de dessinateur, Philippe Comar n’est guère porté à leur attribuer plus d’attention qu’ils n’en méritent. </p> <p>Pourtant, le XXème siècle a préféré cette naïveté à tous les savoirs. Lui, à l’inverse, défend la maitrise du dessin en tant que plaisir originel secondant phantasme jouissance et hédonisme. Il n’angélise rien, goûte à tout, nous raconte ses émois les plus anciens, scatologie et signes fortement sexués. Oui, décidément, dessiner, c’est voir et voir mieux.</p> <h3>Epitaphe</h3> <p>Très tôt, il a été obnubilé par la représentation des rayons lumineux. Fasciné donc par tout ce qui trace, que ce soit droit ou courbe, une ligne dans l’air, sans écran, ni feuille de papier: étoile filante, sillage d’avion, etc. Les traités de balistique en sont pleins. Un trait est un signe, une abstraction, les rayons de soleil, la ligne d’horizon en sont aussi mais dans la nature rien n’est parfait et tout a une dimension charnelle. Aux lignes droites qu’il observe dans le ciel s’ajoutent les cercles concentriques entourant le caillou qu’il vient de jeter dans l’eau. Et la courbe que trace en l’air, écrit-il, le jet mictionnel et qui se retrouve chez les peintres Lorenzo Lotto, Jean Cousin, Titien, Rubens, Rembrandt, Guido Remi et tant d’autres encore. Et les coquillages, les vignes, les crosses de fougère. Mais de toutes les lignes, celles qui l’ont le plus fasciné sont les herbes. Toutes les sortes d’herbes qui existent, le gazon dru, le chiendent, les hautes graminées et la <i>Grande touffe d’herbes </i>de Dürer lui paraît être le plus beau dessin jamais exécuté. Une douzaine d’espèces d’herbacés y sont représentées. A l’âge adulte, de la pousse native jusqu’à la pourriture, il a lui aussi tenté de relever le défi et exécuté plusieurs séries de cet inépuisable sujet. 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Ils y attendent. </p> <p>Le récit est non linéaire, avançant dans une gratuité et un arbitraire paradoxalement archi gratifiant. Nous ne sommes pas dans une bande dessinée, dans une histoire avec un début et une fin, mais dans un espace où nous nous évadons et gambadons d’image en image, sautillant de page en page, passant vite là, nous attardant ici, flânant ailleurs et retournant en arrière là.</p> <p>La dialectique entre textes et images et le jeu entre les échelles des dessins sont subtils, tendus, perpétuellement inventifs et renouvelés. Il en nait une musique visuelle avec ses thèmes obsédants. 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La majeure partie des faits divers relatés par la presse du XIXème siècle ne sont pas des crimes spectaculaires, de grandes affaires retentissantes, mais de minuscules incidents de la vie quotidienne, des crimes sans éclats.</p> <p>Le roman réaliste et naturaliste, Dostoïevski, Flaubert et Balzac, ce sont eux, l’héritage revendiqué du roman noir. Il s’agit de représenter la réalité sociale et, comme le disait Zola dans la préface de <i>L’Assommoir</i>, de rédiger une œuvre de vérité qui ait la vitalité et l’odeur du peuple.</p> <h3>Prolétaires et classes moyennes</h3> <p>Le roman dit prolétarien ne sera pas grand-chose et, contrairement à Céline, n’usant pas de la vraie langue du peuple, il ne rencontrera jamais son public. 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Pas mal de vitres cassées remplacées par des morceaux de carton, des tuyaux de poêle pointant par diverses ouvertures, du linge étendu sur des barres d’appuis. On dirait une enquête de Zola, mais lui, Malet, a tout inventé et en ne s’inspirant non pas de Dashiell Hammett ou de <i>Scarface</i>, mais d’Arsène Lupin, Fantômas et Fu Manchu d’où est tiré le patronyme Burma; et en usant de nombreux emprunts à l’anglais: trench-coats, cop, docks, drugstore, building, policemen, barmaid ou knock-out.</p> <h3>La Série noire</h3> <p>En 1964, Sartre, dans son autobiographie, <i>Les Mots</i>, déclare qu’il lit plus volontiers un <i>Série</i> <i>noire</i> que Wittgenstein. Cette nouvelle collection a été lancée par Gallimard en 1945, pour publier des romans <i>hardboiled</i>. Peu de titres au début mais dès 1948 la collection entre dans l’ère fordiste des littératures de genre, standardisation et mode de fabrication contraints aussi bien dans la matérialité des volumes que dans l’identité des textes, avec imprimé sur les rabats de la jaquette. Donnés comme les traits principaux des ces ouvrages: l’immoralité, l’anticonformisme, l’action, la violence, la tension, l’humour et l’angoisse.</p> <p>En 1953, six titres français paraissent. Albert Simonin avec <i>Touchez pas au grisbi!</i> remporte un énorme succès, <i></i>100'000 exemplaires vendus. 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Dantec sont recrutés, les ventes repartent à la hausse.</p> <h3>Féminisation du roman noir</h3> <p>Dans les années 1990, on assiste à une entrée progressive d’auteurs femmes et ensuite, au siècle suivant, massive, à la fois comme productrices d’ouvrages et comme lectrices de ceux-ci, la lecture de roman devenant une activité de plus en plus essentiellement féminine.</p> <p>En 2024, 60% des acheteurs et du lectorat de romans policiers sont des acheteuses et des lectrices. Il paraît beaucoup d’articles sur les femmes auteures de polars dont certaines avaient néanmoins choisi un pseudonyme androgyne, telles Fred Vargras, Dominique Manotti ou Claude Amoz. 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Dans ce bookzine, on apprend donc tout sur eux et la musique pop de l’époque, sur eux et le cinéma, sur eux et le psychédélisme, sur eux et les festivals, sur eux et la naissante quadriphonie, sur eux et les fanzines et les affiches du temps, sur eux et les premiers pas de l’homme sur la Lune, sur eux et le rock progressif et la fin du flower power.
1969: année de changements radicaux
Cette année-là nait la géniale Polly Jean Harvey, le dernier concert public des Beatles a lieu sur un toit londonien, le permis de conduire devient obligatoire en Belgique, Samuel Beckett reçoit le Prix Nobel de littérature, Serge Gainsbourg sort 69 année érotique, Charles de Gaulle démissionne de son poste de Président de la République alors que Richard Nixon devient lui, Président des Etats-Unis, 500'000 personnes assistent au festival de Woodstock, Jack Kerouac, Judy Garland (à 47 ans) et Hô Chi Minh meurent, un groupe d’activistes amérindiens occupe Alcatraz, John Lennon et Joko Ono enregistrent Give Peace A Chance, Jan Palach s’immole par le feu, Jim Morrison est arrêté pour exhibitionnisme, à New York, en juin, éclatent les émeutes de Stonewall, les disciples de Charlie Manson assassinent quatre personnes à Beverly Hills, le festival d’Altamont organisé par les Rolling Stones tourne au désastre.
Les Pink Floyd en 1969
L’énergie créative du groupe se déploie avec l’exhibition conceptuelle The Man And The Journey qui conte la journée ordinaire d'un archétypal homme du commun, show dans lequel un nouveau système de sonorisation, Azimuth Co-ordinator, entoure le public à 360 degrés.
Avec cette révolution technologique, ce bouillonnement créatif, le spectacle a une vie propre assurée par l’exécution et la succession de très longs morceaux pleins de changements de rythme, d’accélérations, de repos, de reprises et de climax archi dépaysants.
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Les Pink Floyd sur la Lune
La BBC ayant choisi leur morceau Moonhead pour illustrer musicalement la mission Apollo XI, mission du programme spatial américain au cours de laquelle, pour la première fois, le lundi 21 juillet 1969, des hommes ont posé leurs pieds sur la Lune, on va beaucoup les associer à la science-fiction alors que, bien au contraire, ils sont ancrés dans le quotidien, si cher à Henri Lefebvre et aux situationnistes.
Ummagumma
L’énergie créative du groupe, après s’être dépensée dans The Man And The Journey, va s’investir dans l’archi conceptuel double album et dans l’hyper avant-gardisme d’Ummagumma, album composé de deux disques, l’un issu d’enregistrements de concerts et l’autre produit en studio.
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Ummagumma obtient en France le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros et connait un indéniable succès en Grande-Bretagne, tandis qu’aux Etats-Unis, il se vend à plus d'un million d'exemplaires. Ce qui semble, avec le recul, proprement inouï.
More
Né à Téhéran en 1941, fils d’un géologue suisse et d’une mère allemande, le jeune futur cinéaste Barbet Schroeder grandit en Colombie. Ensuite, il déménage à Paris avec sa mère, prend part à la Nouvelle Vague, assiste Godard et fonde avec Eric Rohmer les Films du Losange. En 1969, il a 28 ans.
Dans son film More, l’apport musical des Pink Floyd accroît l’immersion dans le temps présent: la jeunesse, l’oisiveté, la drogue, la liberté sexuelle. La narration verse vers une écriture semi-documentaire puisant ses origines chez Jean Rouch. La première partie, filmée à Paris, est criante de vérité. A la sortie du film, Jean-Louis Bory écrira: «C’est le A bout de souffle de la génération qui suit celle de Godard.»
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1969 au cinéma
Au cinéma, 1969 est l’année de sortie de Z de Costas Gravas, d’Easy Rider de Dennis Hopper, de La Horde Sauvage de Sam Peckinpah, de Macadam Cowboy de John Schlesinger, de L’Arrangement d’Elia Kazan, d’Alice’s Restaurant d’Arthur Penn. Comme on peut le voir la barre de l’originalité, de la différence, de la marginalité, est placée relativement haut et More y concourt sans y démériter.
Tous ces films étant d’une façon ou d’une autre des héritiers de la Nouvelle Vague française, l’ironie et la violence y dominent. Oui, tout part en vrille. Night Of The Living Dead annonce avec violence que l’homme est son propre prédateur. Une fillette dévore sa mère, la famille en tant qu’institution est en décomposition et s’autodétruit. La liberté dans The Wild Bunch et dans Easy Rider se paie par la mort. Les utopies s’effondrent, c’est la fin du rêve, et pour le meilleur et pour le pire, le début d’une décennie d’affrontements et de radicalisation.
Pour conclure: Fuck 69!
Fuck (faire l’amour, sodomiser) fait partie des mots tabou en quatre lettres (shit, piss, cock, cunt) dont l’usage pouvait vous coûter une peine de prison ferme dans l’Amérique de la fin des sixties. Jefferson Airplane avec Volunteers sera le premier groupe à le prononcer à la télévision américaine avec la phrase «Up against the wall, motherfucker». MC5 sort en 45 tours, avec Kick out the jams, Motherfucker mais celui qui va élever le concept au zénith est bien sûr Country Joe Mcdonald et sa prestation sera immortalisée à jamais par Michael Wadleigh dans son film sur Woodstock – I-Feel-Like-I’m-Fixin’-to-Die.
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mêlant des éléments organiques et mécaniques, un graphisme rappelant les photomontages de Raoul Hausmann et de Hannah Höch, et un groupe qui a sans cesse expérimenté de nouvelles approches des concerts, conçus comme une expérience globale, et effectué des enregistrements assortis de fortes prises de risques.</p> <p>Dans ce <i>bookzine</i>, on apprend donc tout sur eux et la musique pop de l’époque, sur eux et le cinéma, sur eux et le psychédélisme, sur eux et les festivals, sur eux et la naissante quadriphonie, sur eux et les fanzines et les affiches du temps, sur eux et les premiers pas de l’homme sur la Lune, sur eux et le rock progressif et la fin du <i>flower power</i>.</p> <h3>1969: année de changements radicaux</h3> <p>Cette année-là nait la géniale Polly Jean Harvey, le dernier concert public des Beatles a lieu sur un toit londonien, le permis de conduire devient obligatoire en Belgique, Samuel Beckett reçoit le Prix Nobel de littérature, Serge Gainsbourg sort <i>69 année érotique,</i> Charles de Gaulle démissionne de son poste de Président de la République alors que Richard Nixon devient lui, Président des Etats-Unis, 500'000 personnes assistent au festival de Woodstock, Jack Kerouac, Judy Garland (à 47 ans) et Hô Chi Minh meurent, un groupe d’activistes amérindiens occupe Alcatraz, John Lennon et Joko Ono enregistrent <i>Give Peace A Chance</i>, Jan Palach s’immole par le feu, Jim Morrison est arrêté pour exhibitionnisme, à New York, en juin, éclatent les émeutes de Stonewall, les disciples de Charlie Manson assassinent quatre personnes à Beverly Hills, le festival d’Altamont organisé par les Rolling Stones tourne au désastre.</p> <h3>Les Pink Floyd en 1969</h3> <p>L’énergie créative du groupe se déploie avec l’exhibition conceptuelle <i>The Man And The Journey</i> qui conte la journée ordinaire d'un archétypal homme du commun, show dans lequel un nouveau système de sonorisation, Azimuth Co-ordinator, entoure le public à 360 degrés.</p> <p>Avec cette 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Comme on peut le voir la barre de l’originalité, de la différence, de la marginalité, est placée relativement haut et <i>More</i> y concourt sans y démériter. </p> <p>Tous ces films étant d’une façon ou d’une autre des héritiers de la Nouvelle Vague française, l’ironie et la violence y dominent. Oui, tout part en vrille. <i>Night Of The Living Dead</i> annonce avec violence que l’homme est son propre prédateur. Une fillette dévore sa mère, la famille en tant qu’institution est en décomposition et s’autodétruit. La liberté dans <i>The Wild Bunch</i> et dans <i>Easy Rider</i> se paie par la mort. Les utopies s’effondrent, c’est la fin du rêve, et pour le meilleur et pour le pire, le début d’une décennie d’affrontements et de radicalisation.</p> <h3>Pour conclure: Fuck 69!</h3> <p><i>Fuck</i> (faire l’amour, sodomiser) fait partie des mots tabou en quatre lettres (<i>shit, piss, cock, cunt</i>) dont l’usage pouvait vous coûter une peine de prison ferme dans l’Amérique de la fin des <i>sixties</i>. Jefferson Airplane avec <a href="https://www.youtube.com/watch?v=OzHBr0ndKus" target="_blank" rel="noopener"><i>Volunteers </i></a>sera le premier groupe à le prononcer à la télévision américaine avec la phrase «<em>Up against the wall, motherfucker</em>». MC5 sort en 45 tours, avec <a href="https://www.youtube.com/watch?v=yvJGQ_piwI0" target="_blank" rel="noopener"><i>Kick out the jams</i>, <i>Motherfucker</i></a> mais celui qui va élever le concept au zénith est bien sûr Country Joe Mcdonald et sa prestation sera immortalisée à jamais par Michael Wadleigh dans son film sur Woodstock – <a href="https://www.youtube.com/watch?v=3W7-ngmO_p8" target="_blank" rel="noopener"><i>I-Feel-Like-I’m-Fixin’-to-Die</i></a>. </p> <p>Andy Warhol après ses films <i>Kiss </i>(1963), <i>Eat</i> (1963), <i>Sleep</i> (1964), <i>Blow Job</i> (1964), tourne en octobre 1968 <i>Fuck!,</i> film dans lequel on voit Viva et Louis Waldon tenir une discussion informe en évoquant Richard Nixon, la guerre du Vietnam et les mantes religieuses dans une totale improvisation et avec comme clou du film une scène de sexe non simulée. Ce film sortira en 1969 et ce sera le premier film avec une scène de sexe non simulée à sortir en salles. 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Il a revendiqué ce point de vue dès le début de sa très longue carrière. Appartenant donc à un genre souverain et indépendant, ses dessins proposent une très grande variété d’approches et de couleurs, dans des palettes de tons différenciés, et dégagent souvent une impression de grande vitalité, de plaisir, de sensualité, l’impression d’une perception subjective plutôt qu’objective. L’expression est émotion immédiate et dans ses productions, il ne cherche jamais à rendre la réalité mais bien plutôt le fourmillement des sensations qui le traversent, quand, concentré, il s’exerce à capter l’expression d’un visage, un geste, un paysage, un mouvement. Ses nus, devenus très vite non conventionnels, accordent une attention particulière aux chevelures et aux mains. Auguste Rodin, Ferdinand Hodler, Gustav Klimt, Aubrey Beardsley sont ceux qu’il espère dépasser. 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En 1909, il expose des nus qui plaisent beaucoup et sont très rapidement vendus. Dans les années 1910, il réalise des dessins très travaillés, entre autres pour la revue <i>Sturm</i>. Traits secs et nerveux, densification des lignes, portraits expressionnistes d’hommes et de femmes, suites d’illustrations, passage à la lithographie, il expérimente à tout va. En 1911, il donne des cours dans une école privée et en 1912 et 1913, enseigne le nu au sein d’une institution qu’il a lui-même créée. 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Adolf Loos, en 1913, organise au Kunsthaus de Zurich une présentation d’une douzaine de ceux-ci, présentation ressentie par la plupart des indigènes helvètes comme un conte d’épouvante.</p> <p>Mais, événement entre tous historique, voici que Dada débarque et que la comédie de Kokoschka, <i>Le sphinx et l’homme de paille, </i>est jouée le 14 avril 1917 au Cabaret Voltaire à Zurich. Marcel Janco en signe les masques que portent les comédiens et la mise en scène, Tristan Tzara joue le rôle du perroquet, Emmy Hennings celui de l’infidèle Anima, Friedrich Glauser, la mort et Hugo Ball, Firdusi, l’époux trompé. Dans <i>La fuite hors du temps</i>, qu’il écrit et publie dix ans plus tard, Ball nous raconte le chaos qui règne ce soir-là sur la scène: «Malgré le prix d’entrée élevé, la Galerie était trop petite pour contenir tous les visiteurs. Dans une pièce du fond, Tzara était responsable de l’éclair et du tonnerre et, comme un perroquet, il devait répéter "Anima, douce Anima!". 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A l’école primaire, un jour, la maitresse le sermonne: il a couvert pendant des mois son bureau de centaines de petits dessins. Et pourquoi pas faire pipi sur les pupitres, s’exclame-t-elle. Toute la classe se gondole et en guise de punition, le petit Philippe est enfermé toute une longue et interminable journée dans les toilettes, et ceci sans manger ni boire et sans lumière. D’où que depuis ce jour-là, il associe l’acte d’uriner et le dessin. Et effectivement, tel Gargantua, du haut des tours de Notre-Dame, il adore dessiner ainsi sur le sable. 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Répétons-le: pour lui, il ne s’agit pas d’imiter mais de traduire un ressenti.</p> <h3>Le trait, la tache</h3> <p>Lorsqu’il a sept ans, sensible à l’application qu’il met à copier des tableaux, ceux du Greco par exemple, ses parents l’inscrivent dans une Académie dite «du Jeudi». Les enfants y peignent debout et n’y apprennent rien mais pratiquent assidument la chose. Et notre jeune futur artiste y prend plaisir à tracer des lignes parallèles et à s’y s’entraîner à tracer des lignes régulières, à main levée ou à la règle. C’est une technique qu’il connaît par les illustrations exécutées au burin figurant dans ses livres de classe. Dans son ouvrage, après une vibrante apologie de la gomme, il enchaîne avec celle d’une roulotte de bohémiens, de leur osier tressé pour les paniers, et de la petite bohémienne, pieds nus et cheveux sales pour laquelle il ressent une forte attirance physique. Sujet à sa première érection spontanée, il apprend ce jour-là que le sale et le sexuel ont affaire ensemble et que la découverte de l’outil peut précéder la connaissance de sa fonction. D’un côté, le trait aigu qui cerne. De l’autre, la tâche qui bave. Deux bornes: idéalisme et réalisme. Rodin, dans ses dessins érotiques, associe d’ailleurs ces deux démarches.</p> <h3>Le dessin: une habitude</h3> <p>Notre artiste, cent pour cent sédentaire, habitant depuis cinquante ans la même maison, homme d’habitudes, retrouve ce trait de caractère dans l’acte même de dessiner: le désir de retenir à tout prix, de saisir ce qui fuit. Très tôt sensible au pouvoir du dessin et des mots, la frontière entre les deux n’étant pas aussi nette qu’il y paraît, pour lui les mots ne sont pas que des signes arbitraires. Leur graphie suggère des figures. Ne parle-on pas en typographie de corps de la lettre, de jambage et d’empattement.</p> <h3>Palimpsestes, copies et détournements</h3> <p>En 1961, un sigle <i>OAS</i> ayant été transformé dans son quartier en <i>ONASSIS</i>, nom de l’amant de la Callas et de l’époux de Jacqueline Kennedy, il découvre l’art du détournement. On peut donc masquer le mot originel sans le rayer ou le biffer. Dès lors, il s’applique à faire disparaître ses propres dessins obscènes sous des dessins anodins. Ces palimpsestes sont suivis du détournement de photos de magazines sur lesquelles il modifie le sens d’une image sans que la retouche y soit visible. Il devient aussi, très tôt, faussaire. A dix, onze ans, il réalise déjà de faux tickets d’autobus et de faux timbres-poste, chaque ticket lui demandant plusieurs heures de travail. Une bonne copie doit être plus allusive que descriptive, pas trop précise pour ne pas se faire remarquer. Et petit-à-petit, il se met à remplacer la Marianne sur les lettres et cartes postales par des fragments de corps nus de dame. Oblitéré par la Poste, le timbre devient œuvre.</p> <h3>S'auto créer par et pour le dessin</h3> <p>Ses parents n’ont pas une sensualité marquée, son père lui inflige des fessées pantalon baissé, sa mère répugne au contact physique avec ses enfants et lui, il dessine en cachette des femmes nues, dessins qu’il détruit ensuite. Il rêve aussi d’auto-fellation et de s’auto-dévorer lui-même et retrouve cela dans un personnage de Saul Steinberg, personnage s’auto-dessinant et dans certains dessins de Hans Bellmer, un corps s’auto-dessinant également; et finit par penser que le phantasme d’auto-engendrement est l’essence même de l’art.</p> <h3>Dessin d'enfant</h3> <p>Les dessins d’enfant permettent-ils de retracer les fondements d’une œuvre à venir? Rien n’est moins certain, tant les choix individuels et les partis pris d’un artiste ne se dégagent que lentement des archétypes propres aux dessins d’enfant. Tout en tentant de saisir ce qui, dans ses premières expériences graphiques, a nourri sa pratique actuelle de dessinateur, Philippe Comar n’est guère porté à leur attribuer plus d’attention qu’ils n’en méritent. </p> <p>Pourtant, le XXème siècle a préféré cette naïveté à tous les savoirs. Lui, à l’inverse, défend la maitrise du dessin en tant que plaisir originel secondant phantasme jouissance et hédonisme. Il n’angélise rien, goûte à tout, nous raconte ses émois les plus anciens, scatologie et signes fortement sexués. Oui, décidément, dessiner, c’est voir et voir mieux.</p> <h3>Epitaphe</h3> <p>Très tôt, il a été obnubilé par la représentation des rayons lumineux. Fasciné donc par tout ce qui trace, que ce soit droit ou courbe, une ligne dans l’air, sans écran, ni feuille de papier: étoile filante, sillage d’avion, etc. Les traités de balistique en sont pleins. Un trait est un signe, une abstraction, les rayons de soleil, la ligne d’horizon en sont aussi mais dans la nature rien n’est parfait et tout a une dimension charnelle. Aux lignes droites qu’il observe dans le ciel s’ajoutent les cercles concentriques entourant le caillou qu’il vient de jeter dans l’eau. Et la courbe que trace en l’air, écrit-il, le jet mictionnel et qui se retrouve chez les peintres Lorenzo Lotto, Jean Cousin, Titien, Rubens, Rembrandt, Guido Remi et tant d’autres encore. Et les coquillages, les vignes, les crosses de fougère. Mais de toutes les lignes, celles qui l’ont le plus fasciné sont les herbes. Toutes les sortes d’herbes qui existent, le gazon dru, le chiendent, les hautes graminées et la <i>Grande touffe d’herbes </i>de Dürer lui paraît être le plus beau dessin jamais exécuté. Une douzaine d’espèces d’herbacés y sont représentées. A l’âge adulte, de la pousse native jusqu’à la pourriture, il a lui aussi tenté de relever le défi et exécuté plusieurs séries de cet inépuisable sujet. Et c’est pourquoi, il propose qu’on grave en guise d’épitaphe sur son futur humble tombeau: <i>Ci-gît un dessinateur en herbe</i>.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713367235_arton465.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="247" /></p> <h4>«Premiers traits», Philippe Comar, Editions L'Atelier contemporain, 112 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'ci-git-un-dessinateur-en-herbe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 39, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4818, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Dominique Goblet, un livre envoûtant et une exposition à Bâle', 'subtitle' => '«Le Jardin des Candidats» de Dominique Goblet et Kai Pfeiffer est un livre grand format où se croisent bande dessinée et art contemporain, céramiques, sculptures, ready-mades, aquarelles et strips narratifs, dans une totale liberté de ton. 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Les salles suivantes retracent l'ensemble de son parcours artistique, des carnets y côtoyant des planches dessinées et de grands formats peints, mêlant fantasmes et plongées dans l'intime. Dans les dernières salles, partant d’annonces de sites de rencontre, Dominique Goblet et Kai Pfeiffer, les deux auteurs du <i>Jardin des candidats</i>, imbriquent leurs dessins, décloisonnent les disciplines et incluent dans leur scénographie installations et fresques murales.</p> <p>Par ailleurs, dans une vidéo qui figure sur le site du musée, on peut entrapercevoir Dominique Goblet pleine de vie et d’énergie pétillante bloquant un tram à Bâle pour laisser passer la fanfare invitée en l’honneur de son show.</p> <h3>Le livre</h3> <p><i>Le</i> <i>Jardin des Candidats</i> est totalement convaincant et on ne peut qu’en vanter l’indéniable réussite plastique. Toutes les expérimentations formelles y sont au service d'une écriture et tout y est rendu comme étant nécessaire et parfait.</p> <p>En ouverture, un paon déclare dans une bulle: «cherche relation suivie pour moments câlins dans le jardin». <i>Aléa jacta es</i>, les dés sont jetés, toutes les citations sont issues de véritables textes de profils sur des sites de rencontre, apprend-t-on ensuite. Il y a ainsi de la végétation et une voix, celle de la Mère, figure mythique de l’adoration. Elle est «La Grande Absence». Elle possède un amas de livres détrempés et une piscine inachevée. Elle est l’Unique Divin Problème et quand il fait soleil ou quand il pleut, c’est parce qu’elle en a besoin. Les candidats repérés sur internet sont rassemblés dans le parc parmi des buissons, des vases, des paons, des trous et un barbecue. Ils y errent, ils y besognent, jardinent ou se délassent. 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Quand il fait soleil ou quand il pleut, c’est parce qu’Elle en a besoin.</p> <p>Des hommes en manque comme s’il en pleuvait, se soumettent avec docilité à tous ses caprices, elle leur demande de creuser, ils creusent. Des hommes avec des cheveux frisés, des cheveux raides, chauves, des casquettes, des lunettes, des cravates, des hommes nus, des hommes en pierre, en terre, assis, couchés, debout, enlacés entre eux, sur un banc, en tablier devant un barbecue, des paons, une centaine de candidats corvéables à merci. 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La majeure partie des faits divers relatés par la presse du XIXème siècle ne sont pas des crimes spectaculaires, de grandes affaires retentissantes, mais de minuscules incidents de la vie quotidienne, des crimes sans éclats.</p> <p>Le roman réaliste et naturaliste, Dostoïevski, Flaubert et Balzac, ce sont eux, l’héritage revendiqué du roman noir. Il s’agit de représenter la réalité sociale et, comme le disait Zola dans la préface de <i>L’Assommoir</i>, de rédiger une œuvre de vérité qui ait la vitalité et l’odeur du peuple.</p> <h3>Prolétaires et classes moyennes</h3> <p>Le roman dit prolétarien ne sera pas grand-chose et, contrairement à Céline, n’usant pas de la vraie langue du peuple, il ne rencontrera jamais son public. 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Pas mal de vitres cassées remplacées par des morceaux de carton, des tuyaux de poêle pointant par diverses ouvertures, du linge étendu sur des barres d’appuis. On dirait une enquête de Zola, mais lui, Malet, a tout inventé et en ne s’inspirant non pas de Dashiell Hammett ou de <i>Scarface</i>, mais d’Arsène Lupin, Fantômas et Fu Manchu d’où est tiré le patronyme Burma; et en usant de nombreux emprunts à l’anglais: trench-coats, cop, docks, drugstore, building, policemen, barmaid ou knock-out.</p> <h3>La Série noire</h3> <p>En 1964, Sartre, dans son autobiographie, <i>Les Mots</i>, déclare qu’il lit plus volontiers un <i>Série</i> <i>noire</i> que Wittgenstein. Cette nouvelle collection a été lancée par Gallimard en 1945, pour publier des romans <i>hardboiled</i>. Peu de titres au début mais dès 1948 la collection entre dans l’ère fordiste des littératures de genre, standardisation et mode de fabrication contraints aussi bien dans la matérialité des volumes que dans l’identité des textes, avec imprimé sur les rabats de la jaquette. Donnés comme les traits principaux des ces ouvrages: l’immoralité, l’anticonformisme, l’action, la violence, la tension, l’humour et l’angoisse.</p> <p>En 1953, six titres français paraissent. Albert Simonin avec <i>Touchez pas au grisbi!</i> remporte un énorme succès, <i></i>100'000 exemplaires vendus. 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Leur contre-société est pour eux la seule communauté qui existe. Ils nomment leur milieu le Milieu et ils se nomment eux-mêmes les Hommes. Le reste de la société n’étant qu’un ramassis de pue-la-sueur soumis aux politiciens et craignant les flics.</p> <h3>Ultragauche, le néo-polar</h3> <p>Après Mai 68, le roman noir français reconvertit le genre en acte critique, en radiographie politique de la société et de ses institutions, en instrument d’intervention sociale. Le néo-polar intègre dans ses récits les banlieues, les grands ensembles, les HLM, et décrit de nouveaux espaces tels les caves, les terrains vagues, les cages d’escaliers. La violence sociale n’y est plus un écart mais la norme et toute révolte individuelle y est, par nature, vouée à échouer. Paranoïa et haine de soi y dominent.</p> <p>Jean-Patrick Manchette, invité à l'émission <i>Apostrophes</i> par Bernard Pivot, en utilisant le terme de néo-polar devant des millions de spectateurs, rend son usage universel. L’époque est aux positions tranchées mais c’est A.D.G., sympathisant du Front national, qui brosse avec tendresse des portraits de hippies contestataires, et Manchette qui endosse dans ses livres le point de vue des fascistes.</p> <p>Sur les seize auteurs pratiquant ce nouveau genre, dix ont un passé de militants de gauche, dans des organisations telles que les Jeunesses communistes, le PCF, la Gauche prolétarienne ou Lutte ouvrière, tous, nés après 1945, sont des <i>baby-boomers</i>, ayant fait des études supérieures, et ayant des bac +4, ou +5. Ils sont journalistes, scénaristes, traducteurs, éditeurs ou cinéastes. 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De même, la série Brigade spéciale associe toujours l’acte sexuel à des coups et de la torture, d’un racisme appuyé, elle use de termes comme «bougnoule», «négresse» et est riche en descriptions de traitements dégradants. </p> <p>Les années 1980 voient l’entrée en scène de l’amateur érudit et naissent des almanachs, des chroniques, des fanzines, des revues spécialisées vendues en kiosque, comme <i>Gang</i>, <i>Polar</i> ou <i>813</i>, un Festival du roman et du film policier, une exposition au Centre Pompidou, l’ouverture en 1983 de la Bilipo, Bibliothèque des littératures policières à Paris, des thèses sur le sujet sont soutenues et en 1994 paraissent 471 nouveaux titres, en 1995, 700, en 2001, 1'709. </p> <p>Lors du cinquantième anniversaire de la <i>Série noire</i>, Patrick Raynal en devient directeur. <i>Œdipe roi</i> de Sophocle y est publié, Jean-Claude Izzo et Maurice G. Dantec sont recrutés, les ventes repartent à la hausse.</p> <h3>Féminisation du roman noir</h3> <p>Dans les années 1990, on assiste à une entrée progressive d’auteurs femmes et ensuite, au siècle suivant, massive, à la fois comme productrices d’ouvrages et comme lectrices de ceux-ci, la lecture de roman devenant une activité de plus en plus essentiellement féminine.</p> <p>En 2024, 60% des acheteurs et du lectorat de romans policiers sont des acheteuses et des lectrices. Il paraît beaucoup d’articles sur les femmes auteures de polars dont certaines avaient néanmoins choisi un pseudonyme androgyne, telles Fred Vargras, Dominique Manotti ou Claude Amoz. La plus célèbre de toutes, Virginie Despentes, décrit des personnages qui n’ont rien de victimes soumises, ni de douceur féminine et retourne, avec brio, la violence contre les hommes dans des récits urbains, violents, crus et nihilistes.</p> <h3>Auteurs enquêteurs, profs, journalistes et policiers</h3> <p>Le polar du XXIème siècle marque l’avènement d’une prise de parole qui n’est ni le fruit d’un engagement ni le résultat d’une déception militante.</p> <p>Chercheurs, enseignants-chercheurs, journalistes, documentaristes, médecins, psychanalystes, avocats pénalistes, policiers, ils sont très nombreux à exercer ou avoir exercé des professions qui relèvent du paradigme indiciaire. Beaucoup d’auteurs travaillent dans l’audiovisuel, sont profs ou policiers – généralement des officiers. D’autres sont journalistes, donc précarisés ou en voie de l’être, et trouvent dans le polar une liberté dont ne disposent plus les médias d’information. Par le polar, ils peuvent raconter tout ce qu’ils ne peuvent plus dire par le journalisme. Ils utilisent dans l’écriture leur méthodologie d’investigation: collecte de données, recueil de témoignages, enquête de terrain, étude d’archives.</p> <p>Carlos Ginsburg dans <i>Signes, traces et pistes,</i> son article paru en 1980, article faisant lui-même référence à l’article <i>Attribution</i> d’Enrico Castelnuovo paru en 1968 dans l’Encyclopédie Universalis: en 1876, il y a beaucoup de fausses attributions dans les musées, G. Morelli postule que pour distinguer les originaux des copies, il ne faut pas se baser sur les caractères les plus apparents et, par conséquent, les plus faciles à imiter mais examiner les détails les plus négligeables: les lobes des oreilles, les ongles, la forme des doigts des mains et des pieds. Castelnuovo rapproche cette méthode à celle de Sherlock Holmes découvrant l’auteur d’un délit sur la base d’indices imperceptibles pour la plupart des gens.</p> <h3>Extension du domaine de la lutte</h3> <p>De nos jours, le roman noir affronte le post-moderne, les <i>fake news</i> et la post-vérité. Dans de nombreux romans, le dénouement est ouvert. Le texte se clôt sur un assaut, sur une poursuite, sur une disparition non expliquée, sur la recherche non aboutie d’un meurtrier. Il n’y a plus de point de vue surplombant, unifié, de narration organisatrice, il ne reste que dissensus et brouillard narratif. </p> <p>Bref, comme le disait le sociologue Luc Boltanski: que s’est-il passé pour qu’au début du XXème siècle surgisse cette littérature entièrement consacrée à l’énigme? L’émergence du roman policier ne coïncide-t-elle pas à la fois avec la construction de l’Etat-nation, la naissance de la sociologie et avec une nouvelle pathologie décrite par la psychiatrie, la paranoïa? Qu’ont-elles à voir entre elles? C’est simple. 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