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Analyse / Vive la magie de Noël et tant pis pour le climat


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En cette période de fêtes de fin d’année, nous aimerions pouvoir consommer tranquillement, sans avoir à penser aux dégâts environnementaux générés par nos achats fabriqués à des milliers de kilomètres par des esclaves sous-payés. Merci.



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Il est loin le temps où, durant le covid, des envies de changer nos modes de vie et de consommation avaient émergé. C’était il y a si longtemps, et on oublie vite. En cette période des fêtes de fin d’année, la consommation atteint des pics, comme si, dans un contexte international très tendu, nous devions nous gaver une dernière fois avant l’Apocalypse. Au diable les oiseaux de mauvais augure avec leurs nouvelles angoissantes, leurs alertes climatiques: nous voulons profiter pleinement de la magie de Noël, déambuler en paix dans les rues illuminées les bras chargés de cadeaux.

Cela fait des semaines que les porte-conteneurs chargés de jouets, d’appareils électroniques, de vêtements «spécial réveillon» traversent les océans depuis la Chine et autres pays asiatiques pour approvisionner les rayons de nos magasins. Que les camions de la logistique internationale se succèdent pour nous livrer à domicile, dans des délais toujours plus courts, les biens de consommation dont nous avons suivi, avec émotion, la progression jusqu’à nous.

«Amazon Haul» veut concurrencer Temu

Pour ce Noël, Amazon a fait un beau cadeau aux consommateurs américains, en lançant «Amazon Haul», une plateforme d’e-commerce qui permet de commander pratiquement tout, ou presque, à des prix dérisoires. But de l’opération: concurrencer Temu qui connaît un succès fulgurant y compris en Suisse, ou encore Alibaba et Shein pour les vêtements. Pour obtenir des prix toujours plus bas, l’entreprise expédie les produits directement depuis la Chine, sans passer par ses entrepôts. C’est aussi directement en Chine que les produits qui ne conviennent pas sont retournés – gratuitement, à condition d’avoir coûtés plus de 3 dollars. On n’en doute pas: cette application sera bientôt disponible en Europe pour le plus grand bonheur des acheteurs compulsifs.

Pour transporter toujours plus vite nos cadeaux de Noël et tous les biens de consommation dont nous avons urgemment besoin tout au long de l’année, des milliers de tonnes de CO2, de dioxyde de soufre et d’oxyde d’azote sont recrachées dans l’air par les rotations infernales des quelque 100’000 porte-conteneurs qui sillonnent les mers du globe, les avions aux soutes pleines à ras bord, les camions qui approvisionnement dépôts, magasins et livrent à domicile. Puisque nous ne produisons pratiquement plus rien, chaque produit de consommation que nous achetons parcourt des milliers de kilomètres avant d’atterrir sous les sapins de Noël, dans nos armoires ou nos assiettes. Avec un coût environnemental démentiel.

Les promesses d’un «transport maritime vert»

Le lobby extrêmement puissant du transport maritime, qui assure 85% du commerce mondial, réussit le tour de force de le faire oublier aux consommateurs. Aux quelques voix, bien timides, qui évoquent l’importante contribution de ce mode de transport au réchauffement climatique, les plus grands armateurs mondiaux – MSC (Suisse-Italie), Maersk (Danemark), CMA CGM (France), COSCO (Chine) – répondent désormais par la promesse d’un «transport maritime vert» qui, selon eux, permettra sa décarbonisation. L’Organisation maritime internationale a même fixé un objectif pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, visant à atteindre zéro émission d’ici 2050. Face aux promesses qui se multiplient d’un transport maritime moins polluant, on peut, à juste titre, se demander quelle instance serait en mesure de réclamer des comptes aux armateurs. Qui pour contrôler si leurs navires sont véritablement équipés de ces «scrubbers» ou laveurs de gaz fort onéreux, entre autres mesures destinées à se conformer à la nouvelle réglementation visant à réduire les émissions de dioxyde de soufre péniblement instaurée en janvier 2020?

A l’horizon, aucun signal sérieux n’émerge en faveur d’une relocalisation de chaînes de production favorisant un circuit court, moins dommageable pour le climat. Le business as usual poursuit sur sa lancée, à plein régime, pour offrir aux travailleurs pauvres du monde entier des produits à bas prix. La folie de confier à des esclaves mal payés sous d’autres cieux le soin de fabriquer tout ce que nous consommons se paie cash. La planète étouffe, les catastrophes climatiques se succèdent à un rythme toujours plus rapide: à l’apocalypse de Valence succède, cette semaine, celui de Mayotte et, dans une moindre mesure, de Vanuatu. Mais de grâce, que cela ne vienne pas ternir la magie de Noël et notre envie de (nous) faire plaisir.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Christode 20.12.2024 | 10h38

«Joli article, mais d'où tenez-vous que c'est notre consommation débridée qui entraîne les catastrophes "climatiques" ?»


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