Culture / «Emmanuelle» 2024, le désir en question
Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 123]Code Context<div class="post__article">
<? if ($post->free || $connected['active'] || $crawler || defined('IP_MATCH') || ($this->request->getParam('prefix') == 'smd')): ?>
<?= $post->content ?>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => 'https://dev.bonpourlatete.com/like/5177', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5177, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => '«Emmanuelle» 2024, le désir en question', 'subtitle' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'subtitle_edition' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'content' => '<p>En 1974, <i>Emmanuelle</i> avait le parfum du fruit défendu: une de ses affiches ne montrait-elle pas une sorte de pomme-fessier avec un serpent enroulé autour? C'était les années du déferlement érotico-porno dans les cinémas et ce film «soft» tourné par un photographe publicitaire (Just Jaeckin), qui raconte l'émancipation sexuelle de la jeune épouse d'un diplomate libertin, y aura largement contribué. Une salle parisienne le gardera plus de dix ans à l'affiche sans interruption! Un demi-siécle plus tard, on n'en est plus là. <i>Emmanuelle</i> 2024 est l'œuvre d'Audrey Diwan, une cinéaste qui prétend affranchir la sexualité féminine du regard masculin, au risque de signer un film bien peu titillant. A l'heure du grand supermarché pornographique sur Internet, son attrait ne saurait de tout façon plus être le même. </p> <p>Lion d'Or mérité à Venise il y a trois ans avec <i>L'Evénement,</i> d'après Annie Ernaux, Diwan n'a cette année même pas été invitée hors compétition à la Mostra. Une claque. Finalement, <i>Emmanuelle</i> a atterri en ouverture du moins prestigieux Festival de San Sebastian. Chez nous, son distributeur alémanique (Ascot Elite, héritiers de l'empire du pornographe Erwin C. Dietrich) n'a pas jugé bon d'y convier la presse. Alors, ratage sans appel, ou plutôt source d'inévitables malentendus que ce remake? S'il y avait certainement mieux à faire, la tentative reste intrigante, pour peu qu'on ait une indulgence pour ce genre décrié entre tous qu'est le cinéma érotique.</p> <h3>Froideur contre moiteurs</h3> <p>J'avouerai pour ma part une certaine nostalgie coupable, étant encore passé par là dans ma jeunesse. Sylvia Kristel a laissé d'agréables impressions dans mon esprit tandis que les mélodies de Pierre Bachelet trottent encore facilement dans ma tête. Par contre, «l'éducation» d'Emmanuelle par le vieux pervers sentencieux joué par Alain Cuny m'avait déjà paru d'un glauque et d'un ridicule achevés. Comment une jeune femme pouvait-elle se soumettre à ça? Je ne savais pas qu'au départ, il y avait un roman anonyme (1959) plus tard réédité sous le nom de plume d'Emmanuelle Arsan, en fait écrit par le couple Louis-Jacques et Marayat Rollet-Andriane: un diplomate fançais et sa jeune épouse thaïlandaise (libre ou sous emprise?), qui n'avaient d'ailleurs guère goûté le film...</p> <p>La nouvelle <i>Emmanuelle</i> imaginée par Audrey Diwan et sa co-scénariste Rebecca Zlotowski <i>(Grand central, Les Enfants des autres)</i> fait table rase de presque tout cela. Leur héroïne n'est plus une jeune femme oisive et soumise à son mari mais une trentenaire «indépendante», apparemment libre d'attaches, qui travaille comme contrôleuse de qualité pour une chaîne d'hôtels de luxe. Et c'est dans une tour moderne de Hong Kong et non plus dans les villas et jardins de Bangkok que se joue l'essentiel de sa quête de la jouissance sexuelle. Une quête à laquelle les autrices ont donné un tout autre sens, puisque leur Emmanuelle est clairement frigide!</p> <h3>Tempêtes maîtrisées dans un hôtel</h3> <p>Tout commence par un clin d'œil à la fameuse scène de sexe en avion de l'original. Ici, Emmanuelle (Noémie Merlant), reluquée par un homme assis en retrait de l'autre côté du couloir, se lève soudain pour aller aux toilettes où elle offre bientôt sa croupe à cet homme qui l'y a rejoint. Mais son visage ne manifeste pas le moindre plaisir. Au moment de regagner sa place, elle remarque par contre un bel Asiatique qui a observé leur petit manège. Cet homme-mystère va devenir l'autre personnage clé du film, dès lors qu'Emmanuelle le retrouve comme client au Rosefield Palace qu'elle doit évaluer.</p> <p>Auparavant, elle s'est encore livrée à une partie de jambes en l'air avec un couple rencontré au bar, sans plus de plaisir à la clé. Elle apprend aussi que sa mission est de trouver un prétexte pour permettre au groupe de sacquer la directrice Margot (Naomi Watts), tenue pour responsable de la dégradation de l'hôtel par une agence de notation. La seule piste semble être la présence tolérée bien qu'en principe interdite d'escort girls, dont la Chinoise Zelda, qu'Emmanuelle surprend avec un certain trouble en train «d'exercer» au fond du jardin. Quel lien entre ces trois relations qui s'esquissent au cours d'un séjour par ailleurs ponctué par une tempête tropicale?</p> <p>Plus insidieux, le discours à base d'insatisfaction, de pouvoir et de risques tranche déjà avec les théories ronflantes sur le plaisir de l'original. La mise en scène est aussi plutôt séduisante, avec sa belle photo écran large et sans moments trop languissants. Hélas, tout se gâte avec les dialogues, en anglais et rarement crédibles, le pire étant assurément les scènes avec le mystérieux Kei Shinohora (l'Anglo-Japonais Will Sharpe), en fait un ingénieur spécialisé dans l'expertise des barrages qui ne dort même pas dans la chambre que lui paient ses employeurs. Après lui avoir détaillé par le menu ce qui s'est passé dans les toilettes de l'avion, Emmanuelle pense être parvenue à le séduire. Mais il se défile et finira par l'inviter à sortir plutôt de son univers aseptisé.</p> <h3>De l'impensé au non réalisé</h3> <p>Il y aussi le facteur Merlant, une actrice respectée qui n'a jamais refusé de se dévêtir si le rôle en valait la peine <i>(Portrait de la jeune fille en feu, Les Olympiades).</i> Ici, elle campe sans peine un véritable glaçon, qui souffre de sa réussite et son contrôle de soi. Pour mettre les points sur les i, l'une des principales scènes érotiques n'est-elle pas une masturbation avec... des glaçons? Une certaine dureté du visage et une plastique presque trop parfaite ne suscitent aucun trouble, ce qui va à l'encontre du genre. C'est seulement dans son regard sur Zelda en train de s'abandonner au plaisir qu'une fêlure apparaît. Et ce n'est qu'une fois résolu son dilemme professionnel et sortie de sa zone de confort que son Emmanuelle aura une chance d'atteindre son but.</p> <p>L'ennui, c'est qu'on s'en fiche de plus en plus. Et cela, les autrices ne l'ont sûrement pas calculé. Leur écrin luxueux ne vaut guère mieux que l'imaginaire exotico-colonial de l'original, l'argent (invisibilisé) restant un grand impensé. A peine effleuré, le conflit professionnel supposé devenir éthique et existentiel n'imprime pas plus et finit par se dissoudre dans un vague embryon de sororité. Reste la quête de l'irrésistible homme-mystère, finalement suivi dans une Hong Kong «de tous les dangers». Las! Stylistiquement, Audrey Diwan essaie bien de se la jouer Wong Kar-wai <i>(Chunking Express, In the Mood for Love), </i>elle n'arrive qu'à une vague approximation, pour conclure que la ville reprise en main par le pouvoir chinois... n'en présente plus guère.</p> <h3>L'orgasme ou l'amour?</h3> <p>Pour finir – ne lisez pas si vous souhaitez préserver un minimum de suspense –, Kei se laissera rattraper mais se révèlera... asexuel. Plus de désir, nada! Il faudra l'intermédiaire d'un beau gigolo pour amener enfin Emmanuelle jusqu'à l'orgasme, sous le regard de son homme inaccessible dans une scène savamment chorégraphiée. D'accord, c'est mieux que le viol plus ou moins consenti du film original. Et sûrement plus malin que toutes les suites navrantes et autres <i>Nuances de Grey</i> apparues depuis. Mais les trois situations de sexe triangulaire du film disent bien, en creux, le grand absent de tout ceci, à savoir le sentiment amoureux.</p> <p>Présenter l'orgasme comme l'accomplissement ultime de la quête d'Emmanuelle laisse le public sur une insatisfaction tant sexuelle (l'impasse voyeuriste se doublant ici de la défiance de la cinéaste) qu'émotionnelle (l'identification n'a pas plus fonctionné, du moins pour l'homme que je suis). Bien essayé, mais ce n'est pas ce film déceptif, vaguement cérébral, qui aura résolu la si délicate équation du plaisir. Et encore moins celle artistique du cinéma érotique. Pierre Bachelet l'avait bien mieux exprimé, lui qui chantait: «Mélodie d'amour chantait le cœur d'Emmanuelle / qui bat cœur à corps perdu / Mélodie d'amour chantait le corps d'Emmanuelle / qui vit corps à cœur déçu.»</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/3dDlBbEJRDE?si=KR1FV6oAc9OBqrSc" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«Emmanuelle», d'Audrey Diwan (France 2024), avec Noémie Merlant, Will Sharpe, Naomi Watts, Chacha Huang, Jamie Campbell Bower, Anthony Wong. 1h47</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'emmanuelle-2024-le-desir-en-question', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 12, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Norbert Creutz', 'description' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'title' => '«Emmanuelle» 2024, le désir en question', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = 'https://dev.bonpourlatete.com/like/5177' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5177, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => '«Emmanuelle» 2024, le désir en question', 'subtitle' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'subtitle_edition' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'content' => '<p>En 1974, <i>Emmanuelle</i> avait le parfum du fruit défendu: une de ses affiches ne montrait-elle pas une sorte de pomme-fessier avec un serpent enroulé autour? C'était les années du déferlement érotico-porno dans les cinémas et ce film «soft» tourné par un photographe publicitaire (Just Jaeckin), qui raconte l'émancipation sexuelle de la jeune épouse d'un diplomate libertin, y aura largement contribué. Une salle parisienne le gardera plus de dix ans à l'affiche sans interruption! Un demi-siécle plus tard, on n'en est plus là. <i>Emmanuelle</i> 2024 est l'œuvre d'Audrey Diwan, une cinéaste qui prétend affranchir la sexualité féminine du regard masculin, au risque de signer un film bien peu titillant. A l'heure du grand supermarché pornographique sur Internet, son attrait ne saurait de tout façon plus être le même. </p> <p>Lion d'Or mérité à Venise il y a trois ans avec <i>L'Evénement,</i> d'après Annie Ernaux, Diwan n'a cette année même pas été invitée hors compétition à la Mostra. Une claque. Finalement, <i>Emmanuelle</i> a atterri en ouverture du moins prestigieux Festival de San Sebastian. Chez nous, son distributeur alémanique (Ascot Elite, héritiers de l'empire du pornographe Erwin C. Dietrich) n'a pas jugé bon d'y convier la presse. Alors, ratage sans appel, ou plutôt source d'inévitables malentendus que ce remake? S'il y avait certainement mieux à faire, la tentative reste intrigante, pour peu qu'on ait une indulgence pour ce genre décrié entre tous qu'est le cinéma érotique.</p> <h3>Froideur contre moiteurs</h3> <p>J'avouerai pour ma part une certaine nostalgie coupable, étant encore passé par là dans ma jeunesse. Sylvia Kristel a laissé d'agréables impressions dans mon esprit tandis que les mélodies de Pierre Bachelet trottent encore facilement dans ma tête. Par contre, «l'éducation» d'Emmanuelle par le vieux pervers sentencieux joué par Alain Cuny m'avait déjà paru d'un glauque et d'un ridicule achevés. Comment une jeune femme pouvait-elle se soumettre à ça? Je ne savais pas qu'au départ, il y avait un roman anonyme (1959) plus tard réédité sous le nom de plume d'Emmanuelle Arsan, en fait écrit par le couple Louis-Jacques et Marayat Rollet-Andriane: un diplomate fançais et sa jeune épouse thaïlandaise (libre ou sous emprise?), qui n'avaient d'ailleurs guère goûté le film...</p> <p>La nouvelle <i>Emmanuelle</i> imaginée par Audrey Diwan et sa co-scénariste Rebecca Zlotowski <i>(Grand central, Les Enfants des autres)</i> fait table rase de presque tout cela. Leur héroïne n'est plus une jeune femme oisive et soumise à son mari mais une trentenaire «indépendante», apparemment libre d'attaches, qui travaille comme contrôleuse de qualité pour une chaîne d'hôtels de luxe. Et c'est dans une tour moderne de Hong Kong et non plus dans les villas et jardins de Bangkok que se joue l'essentiel de sa quête de la jouissance sexuelle. Une quête à laquelle les autrices ont donné un tout autre sens, puisque leur Emmanuelle est clairement frigide!</p> <h3>Tempêtes maîtrisées dans un hôtel</h3> <p>Tout commence par un clin d'œil à la fameuse scène de sexe en avion de l'original. Ici, Emmanuelle (Noémie Merlant), reluquée par un homme assis en retrait de l'autre côté du couloir, se lève soudain pour aller aux toilettes où elle offre bientôt sa croupe à cet homme qui l'y a rejoint. Mais son visage ne manifeste pas le moindre plaisir. Au moment de regagner sa place, elle remarque par contre un bel Asiatique qui a observé leur petit manège. Cet homme-mystère va devenir l'autre personnage clé du film, dès lors qu'Emmanuelle le retrouve comme client au Rosefield Palace qu'elle doit évaluer.</p> <p>Auparavant, elle s'est encore livrée à une partie de jambes en l'air avec un couple rencontré au bar, sans plus de plaisir à la clé. Elle apprend aussi que sa mission est de trouver un prétexte pour permettre au groupe de sacquer la directrice Margot (Naomi Watts), tenue pour responsable de la dégradation de l'hôtel par une agence de notation. La seule piste semble être la présence tolérée bien qu'en principe interdite d'escort girls, dont la Chinoise Zelda, qu'Emmanuelle surprend avec un certain trouble en train «d'exercer» au fond du jardin. Quel lien entre ces trois relations qui s'esquissent au cours d'un séjour par ailleurs ponctué par une tempête tropicale?</p> <p>Plus insidieux, le discours à base d'insatisfaction, de pouvoir et de risques tranche déjà avec les théories ronflantes sur le plaisir de l'original. La mise en scène est aussi plutôt séduisante, avec sa belle photo écran large et sans moments trop languissants. Hélas, tout se gâte avec les dialogues, en anglais et rarement crédibles, le pire étant assurément les scènes avec le mystérieux Kei Shinohora (l'Anglo-Japonais Will Sharpe), en fait un ingénieur spécialisé dans l'expertise des barrages qui ne dort même pas dans la chambre que lui paient ses employeurs. Après lui avoir détaillé par le menu ce qui s'est passé dans les toilettes de l'avion, Emmanuelle pense être parvenue à le séduire. Mais il se défile et finira par l'inviter à sortir plutôt de son univers aseptisé.</p> <h3>De l'impensé au non réalisé</h3> <p>Il y aussi le facteur Merlant, une actrice respectée qui n'a jamais refusé de se dévêtir si le rôle en valait la peine <i>(Portrait de la jeune fille en feu, Les Olympiades).</i> Ici, elle campe sans peine un véritable glaçon, qui souffre de sa réussite et son contrôle de soi. Pour mettre les points sur les i, l'une des principales scènes érotiques n'est-elle pas une masturbation avec... des glaçons? Une certaine dureté du visage et une plastique presque trop parfaite ne suscitent aucun trouble, ce qui va à l'encontre du genre. C'est seulement dans son regard sur Zelda en train de s'abandonner au plaisir qu'une fêlure apparaît. Et ce n'est qu'une fois résolu son dilemme professionnel et sortie de sa zone de confort que son Emmanuelle aura une chance d'atteindre son but.</p> <p>L'ennui, c'est qu'on s'en fiche de plus en plus. Et cela, les autrices ne l'ont sûrement pas calculé. Leur écrin luxueux ne vaut guère mieux que l'imaginaire exotico-colonial de l'original, l'argent (invisibilisé) restant un grand impensé. A peine effleuré, le conflit professionnel supposé devenir éthique et existentiel n'imprime pas plus et finit par se dissoudre dans un vague embryon de sororité. Reste la quête de l'irrésistible homme-mystère, finalement suivi dans une Hong Kong «de tous les dangers». Las! Stylistiquement, Audrey Diwan essaie bien de se la jouer Wong Kar-wai <i>(Chunking Express, In the Mood for Love), </i>elle n'arrive qu'à une vague approximation, pour conclure que la ville reprise en main par le pouvoir chinois... n'en présente plus guère.</p> <h3>L'orgasme ou l'amour?</h3> <p>Pour finir – ne lisez pas si vous souhaitez préserver un minimum de suspense –, Kei se laissera rattraper mais se révèlera... asexuel. Plus de désir, nada! Il faudra l'intermédiaire d'un beau gigolo pour amener enfin Emmanuelle jusqu'à l'orgasme, sous le regard de son homme inaccessible dans une scène savamment chorégraphiée. D'accord, c'est mieux que le viol plus ou moins consenti du film original. Et sûrement plus malin que toutes les suites navrantes et autres <i>Nuances de Grey</i> apparues depuis. Mais les trois situations de sexe triangulaire du film disent bien, en creux, le grand absent de tout ceci, à savoir le sentiment amoureux.</p> <p>Présenter l'orgasme comme l'accomplissement ultime de la quête d'Emmanuelle laisse le public sur une insatisfaction tant sexuelle (l'impasse voyeuriste se doublant ici de la défiance de la cinéaste) qu'émotionnelle (l'identification n'a pas plus fonctionné, du moins pour l'homme que je suis). Bien essayé, mais ce n'est pas ce film déceptif, vaguement cérébral, qui aura résolu la si délicate équation du plaisir. Et encore moins celle artistique du cinéma érotique. Pierre Bachelet l'avait bien mieux exprimé, lui qui chantait: «Mélodie d'amour chantait le cœur d'Emmanuelle / qui bat cœur à corps perdu / Mélodie d'amour chantait le corps d'Emmanuelle / qui vit corps à cœur déçu.»</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/3dDlBbEJRDE?si=KR1FV6oAc9OBqrSc" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«Emmanuelle», d'Audrey Diwan (France 2024), avec Noémie Merlant, Will Sharpe, Naomi Watts, Chacha Huang, Jamie Campbell Bower, Anthony Wong. 1h47</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'emmanuelle-2024-le-desir-en-question', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 12, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5154, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Iran, la révolte des femmes', 'subtitle' => 'Avec «Les Graines du figuier sauvage», Mohammad Rasoulof signe un puissant réquisitoire contre le régime des mollahs iranien, en s'inspirant du mouvement des femmes qui avait fait suite au meurtre de la jeune Mahsa Amini par des «gardiens de la révolution». Mélange de frontalité et de subtilité, ce film qui s'est logiquement soldé par l'exil de son auteur valait bien plus que son prix de consolation à Cannes.', 'subtitle_edition' => 'Avec «Les Graines du figuier sauvage», Mohammad Rasoulof signe un puissant réquisitoire contre le régime des mollahs iranien, en s'inspirant du mouvement des femmes qui avait fait suite au meurtre de la jeune Mahsa Amini par des «gardiens de la révolution». Mélange de frontalité et de subtilité, ce film qui s'est logiquement soldé par l'exil de son auteur valait bien plus que son prix de consolation à Cannes.', 'content' => '<p>Il fut un temps où, dans le sillage de feu Abbas Kiarostami, les films iraniens suivaient des enfants dans des quêtes apparemment dérisoires ou élaboraient des subtils dispositifs de mise en abyme comme pour mieux contourner l'écueil politique. Tout cela semble bien fini. Laissant à Asghar Farhadi ou Mani Haghighi de finasser avec ce qu'il est autorisé ou interdit de montrer selon la censure des mollahs, la plupart des cinéastes qui comptent ont cessé de tourner autour du pot. Harcelés par le régime, certains déjà exilés, il signent des films de plus en plus ouvertement critiques, apparemment sans se soucier des conséquences. C'est dans ce contexte que <i>Les Graines du figuier sauvage</i> de Mohammad Rasoulof apparaît aujourd'hui comme une œuvre phare.</p> <p>En clair, c'est là LE film que tout le monde attendait depuis le mouvement des femmes de l'automne 2022, sans trop oser l'espérer. Et il fallait bien un cinéaste de la trempe de Rasoulof, Ours d'Or à Berlin avec son précédent <i>Le Diable n'existe pas</i> (2020), pour s'y atteler. En prison au moment des faits, il possédait sans doute dès le départ un recul précieux. Mais à 50 ans, après huit films qui dessinent une montée en puissance artistique, peut-être bien que seul ce cinéaste-là avait également les capacités pour un film aussi bien pensé et réalisé. Tout ça pour dire qu'un chef-d'œuvre comme celui-ci ne tombe pas de nulle part. A l'indignation naturelle doit s'ajouter un art capable de la canaliser pour nous faire accéder à un degré de compréhension supérieur.</p> <h3>Une promotion empoisonnée</h3> <p><i>Les Graines du figuier sauvage</i> s'apparente d'abord à une sorte de suite à <i>Le Diable n'existe pas, </i>film en quatre volets qui dénonçait les effets délétères de la peine de mort sur la société iranienne. Cette fois, nous suivons en effet un candidat au poste de juge, c'est-à-dire celui amené à décider cette sanction ultime. Un homme libre de juger en son âme et conscience? Au moment d'accepter sa promotion, le quadragénaire Iman (sic) semble encore le croire. Sauf que, dans un premier temps, il n'est passé qu'au rang de juge d'instruction, sorte d'enquêteur en chef qui dépend d'ordres venus de plus haut, et dont l'avis ne compte pas vraiment. Et ce travail pourrait bien avoir des conséquences sur le caractère de celui qui se voudrait également bon croyant et bon père de famille.</p> <p>Pour son épouse Najmeh, cette promotion signifie surtout la perspective d'avantages matériels enviables. Elle enjoint donc leurs deux grandes filles Rezvan et Sana à se montrer irréprochables afin de ne pas nuire à la réputation et à la carrière de leur père. En ce moment de rentrée estudiantine, elle voit d'un mauvais œil Sadaf, une nouvelle amie qui débarque chez elles avec des manières de fille émancipée. Puis éclatent les émeutes dans la rue suite à la mort de Mahsa Amini, et c'est comme si la famille, calfeutrée dans son appartement, était en état de siège. Le père rentre toujours plus tard, surchargé de travail, la mère reste scotchée devant la télévision (d'Etat) et les filles se cachent pour suivre une tout autre information sur les réseaux sociaux. Lorsque Sadaf appelle à l'aide après avoir été blessée dans une manifestation, tout s'accélère...</p> <h3>Un sacré suspense</h3> <p>Une idée forte est d'avoir fait de l'inflexible Najmeh le personnage central de l'affaire. Elle l'est d'ailleurs de fait, en tant que chargée du maintien de la loi patriarcale à la maison tout en ayant sincèrement à cœur l'avenir de ses filles. Ebranlée par l'épisode Sadaf, sa position devient de plus en plus intenable et, avec elle, c'est le socle de toute la société iranienne qui vacille. Arrive le troisième acte, avec une mystérieuse disparition de l'arme de service d'Iman, qui pourrait lui coûter son poste. S'ensuivent panique, conciliabules et enquête. Mais tout le monde proteste de son innocence, même dans des conditions d'interrogatoire infâmes. Puis le nom et l'adresse d'Iman surgissent sur les réseaux sociaux et toute la famille doit s'enfuir pour se cacher dans sa maison d'enfance, aux abords d'un village abandonné...</p> <p>Pour l'essentiel confiné en intérieurs (tout a été tourné clandestinement), le film devient un modèle de <i>slow burn</i>. Au début, comme dans tout bon film iranien, ce sont les détails révélateurs qui comptent tandis que s'esquisse une superstructure métaphorique. Sauf que cette fois, on embraie également sur un suspense de plus en plus prenant. Les terribles images réelles de la rue (plus de 500 morts...) et le sort de Sadaf servent d'avertissement: cette histoire d'apparence banale pourrait très mal se terminer! Surtout que selon la règle dite «du fusil de Tchékhov», la mise en évidence d'une arme dès le début ne saurait qu'annoncer des coups de feu plus tard. Qu'adviendra-t-il de la ou des coupables, ou pire encore, des innocentes?</p> <p>Il faut voir avec quelle habileté Mohammad Rasoulof mène son affaire. Il existe pourtant peu de cinéastes au style moins voyant et apparemment recherché que lui. Sur écran large, avec une exigence de réalisme de tous les instants, une direction d'acteurs sans faille, son huis clos ne fait que gagner en épaisseur. Lorsqu'on sort de l'appartement pour gagner la rue, les bureaux du palais de justice ou encore la maison anonyme de la police secrète, la tension et l'impression d'enfermement ne faiblissent pas. Quant au final dans le village abandonné (préparé par une visite d'Iman au début, venu remercier Allah pour sa bonne fortune dans une mosquée proche), il se transformera carrément en règlement de comptes de western!</p> <h3>Comprendre pour mieux résister</h3> <p>Il est frappant de mesurer comment ce cinéaste qu'on a connu trop allégorique <i>(Iron Island, The White Meadows, Manuscripts Don't Burn)</i> est devenu par la force des choses de plus en plus politiquement frontal <i>(Goodbye, Un Homme intègre, Le Diable n'existe pas).</i> Mais là où son collègue également menacé Jafar Panahi <i>(Taxi Téhéran) </i>a mis au point un dispositif de cinéma réflexif, voire franchement autobiographique, Rasoulof tourne plutôt sa caméra vers les autres, les profiteurs aussi bien que les victimes du régime – la plupart des citoyens iraniens essayant sans doute de survivre tant bien que mal entre les deux. Il le fait sans condamner personne <em>a</em> <em>priori</em>, mettant à jour de terribles engrenages et bien sûr cet étau de la peur qui est le propre de tout régime totalitaire. Ici, il laissera même planer jusqu'au bout une incertitude quant au vol du fameux pistolet. Sauf qu'au fil des événements, les actes finissent par parler d'eux-mêmes, ladite arme figurant bien en évidence lors du mémorable final.</p> <p>A chacun de pondérer ce qu'il aura vu avec son propre sens moral, de remplir les trous du hors champ avec son imagination: tout ce que notre cinéma occidental a de plus en plus de peine à proposer (l'admirable <i>Monsieur Klein</i> de Joseph Losey revient en mémoire). Et pourtant, à l'arrivée, on se demande quel film aura exposé plus clairement l'abjection insidieuse de cette théocratie qui prétend maintenir les femmes sous la tutelle éclairée des hommes, et tout le monde sous le regard sans pitié d'un Dieu absent. Après<i> Aucun ours</i> (Jafar Panahi), <i>Les Nuits de Mashhad </i>(Ali Abbasi), <i>Chroniques de Téhéran </i>(Ali Asgari et Alireza Khatami) et <i>Tatami</i> (Guy Nattiv et Zar Amir), <i>Les Graines du figuier sauvage</i> («figuier sacré» selon le titre anglais...) vient couronner une nouvelle saison de résistance iranienne. Bientôt la bonne?</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/SCyzhVEJFkY?si=UBO5VtblbiYIhE50" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«Les Graines du figuier sauvage (<em>Daneh anjeer moghadas</em>)» de Mohammad Rasoulof (Iran / Allemagne / France, 2024), avec Missagh Zareh, Soheila Golestani, Mahsa Rostami, Setareh Maleki, Niousha Akhshi, Reza Akhlaghirad. 2h48</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'iran-la-revolte-des-femmes', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 33, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5118, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Columbia porte haut la flamme de la cinéphilie', 'subtitle' => 'La rétrospective du festival de Locarno dédiée à la compagnie centenaire a bien rempli son contrat. On y a découvert nombre de films méconnus réalisés entre 1929 et 1959, entourant quelques grands classiques hissés plus haut que jamais – ces derniers bientôt reproposés à la Cinémathèque. Une belle façon de revisiter l'âge d'or hollywoodien, en faisant la part entre politique de studio et apport des réalisateurs.', 'subtitle_edition' => 'La rétrospective du festival de Locarno dédiée à la compagnie centenaire a bien rempli son contrat. On y a découvert nombre de films méconnus réalisés entre 1929 et 1959, entourant quelques grands classiques hissés plus haut que jamais – ces derniers bientôt reproposés à la Cinémathèque. Une belle façon de revisiter l'âge d'or hollywoodien, en faisant la part entre politique de studio et apport des réalisateurs.', 'content' => '<p>Hors d'une cinéphilie dite «auteuriste» et d'études universitaires strictement historiques, point de salut? La rétrospective «La dame à la torche» du festival de Locarno a tenté l'impossible: réconcilier ces deux approches antagonistes. Grâce à son jeune curateur Ehsan Khoshbackht, un Iranien établi à Londres et arrivé après ces querelles, le pari aura été largement remporté, en proposant une quarantaine de titres choisis, dûment mis en perspective par des introductions ainsi qu'un excellent ouvrage composé de textes inédits. Le tout dans l'esprit qui préside au festival «Il cinema ritrovato» de Bologne, consacré au cinéma de patrimoine et dont Khoshbackht est l'un des programmateurs. Bref, on a beaucoup apprécié ce qui ne s'annonçait pourtant pas sous les meilleurs auspices: une rétrospective de circonstance dont l'ensemble des copies, neuves mais sans sous-titres, venaient directement des archives Sony-Columbia en Californie.</p> <p>La période explorée était celle correspondant au règne du fameux Harry Cohn (1891-1958), fondateur et «dictateur» de Columbia Pictures pendant que son frère Jack dirigeait le côté financier des opérations à New York. Vulgaire et brutal selon tous les témoignages, Cohn était aussi un homme d'affaires avisé en quête de respectabilité, qui parvint en trois décennies à hisser sa petite compagnie au rang de major hollywoodienne, tutoyant les bien nées Paramount, MGM, Warner ou 20th Century Fox. Sa tactique? Trois quarts de séries B contre un quart de séries A, pas de chaîne de salles propre, des contrats de plus courte durée et non exclusifs permettant d'employer également du personnel emprunté aux concurrents. Et dès les années 1950, une collaboration soutenue avec des indépendants, sur le modèle de United Artists. Sur les quelques 1'600 longs-métrages (plus autant de courts) produits et distribués durant la période, 40 sélectionnés peuvent sembler ne pas peser bien lourd. Pourtant, jusqu'aux quelques titres délibérément mineurs, l'aperçu aura été représentatif.</p> <p>Premier constat: la critique auteuriste a plutôt bien fait son boulot en extrayant du lot les meilleurs films. Jamais en effet le génie de <i>Mr. Deeds Goes to Town</i> (Frank Capra), <i>The Lady from Shanghaï</i> (Orson Welles) ou <i>The Big Heat</i> (Fritz Lang) ne sera apparu aussi éclatant que dans ce contexte. Mais on n'est pas ici pour vanter une fois de plus des chefs-d'œuvre archi-connus. Car d'autres films projetés méritaient encore plus le détour. Par quelle malchance des merveilles telles que <i>Picnic</i> (Joshua Logan), <i>My Sister Eileen </i>(Richard Quine) ou <i>Gunman's Walk</i> (Phil Karlson), trois films des années 1950 en CinemaScope couleurs, ont-elles par exemple pu tomber dans l'oubli au point de ne plus jamais être programmées?</p> <h3>Spendeurs en Scope</h3> <p>Vanté en son temps par le jeune FrançoisTruffaut, <i>Picnic</i> (1955) sera apparu comme une sorte de chaînon manquant essentiel. Il s'agit de l'adaptation d'une pièce à succès de William Inge (plus connu pour <i>La Fièvre dans le sang</i> d'Elia Kazan), «ouverte» avec un dynamisme épatant par Logan, pourtant homme de théâtre avant tout. William Holden y campe un «raté» qui débarque un jour en train dans une bourgade du Midwest pour demander un travail à un ancien ami d'études, fils d'industriel. C'est la veille de la grande fête locale et son apparente liberté alliée à la plus séduisante virilité va secouer cette communauté en réalité minée par l'insatisfaction. A mi-chemin entre <i>Un Tramway nommé désir</i> (Kazan, 1951) et <i>La Poursuite impitoyable (The Chase</i>, Arthur Penn, 1966), un grand moment de sensualité et de sauvagerie américaine!</p> <p>Avec <i>My Sister Eileen</i> (1955 également), on se retouve devant un sommet de la comédie musicale qui aurait échappé à la MGM. La comparaison avec la (déjà réjouissante) comédie du même titre réalisée en 1942 par Alexander Hall fut parlante. Entres les mains des jeunes Richard Quine, Blake Edwards (co-scénariste) et Bob Fosse (chorégraphe et acteur), cette historiette de deux sœurs «montées» de l'Ohio à New York et confrontées à des problèmes de logement, de travail et d'hommes se trouve améliorée de 100%. La musique a beau être le point faible, on est aussi enchanté par l'abattage des acteurs (Betty Garrett, Janet Leigh et Jack Lemmon) que par l'élégance de la mise en scène et l'intelligence féministe du propos, avec une touche de loufoquerie anarchisante assez unique.</p> <p>Autre révélation, le western <i>Gunman's Walk</i> (1958) bénéficie d'un scénario admirable de Frank Nugent (collaborateur de John Ford sur une dizaine de titres dont <i>La Prisonnière du désert).</i> Il y est question de la pacification de l'Ouest à travers le conflit entre un père rancher (Van Heflin) et ses deux fils, l'un soucieux de le surpasser et l'autre soucieux d'échapper au culte de la virilité, au racisme anti-indien et à la violence. C'est le genre de film dont la densité dramatique et le sens de l'espace, alliées à une profonde compréhension de l'humain, vous rendent nostalgique d'un art perdu. Quant à Phil Karlson, il signe là un modèle de «mise en scène invisible»: on a beau essayer d'y faire attention, on ne la remarque pas, tant elle est idéalement au service du récit.</p> <h3>Un cinéma qui alerte</h3> <p>En noir et blanc, d'autres films trop ignorés en Europe ont aussi fait impression. Projet de prestige adapté d'un best-seller de Robert Penn Warren, <i>All the King's Men</i> (Robert Rossen, 1949) retrace l'ascension et la chute d'un populiste (inspirés par le parcours du politicien de Louisiane Huey Long). Rossen, un auteur bientôt rattrapé par la maccarthysme, y expose un danger fasciste au sein même de la démocratie américaine, sujet qui a retrouvé toute sa pertinence en ces temps de trumpisme. La limite du film, même oscarisé, réside dans un surdécoupage qui trahit le «digest» et dans le personnage du narrateur-témoin, trop peu développé. Mais comment ne pas deviner ici le talent qui explosera avec l'immense <i>L'Arnaqueur</i> de 1960?</p> <p>Autre cinéaste identifié plus tard comme un auteur mais encore à son premier essai dans le bien nommé <i>The First Time</i> (1952), Frank Tashlin se penche sur l'arrivée d'un bébé chez un jeune couple. Ce qui peut paraître navrant de banalité se transforme pourtant bientôt en une satire cruelle de l'<i>American way of life</i>, avec son travail aliénant, sa séparation des tâches genrée, sa course à l'argent et son horizon pavillonnaire désespérément étriqué. Rare cinéaste venu du dessin animé, Tashlin commence là son travail de rénovation de la comédie qui aboutira sur une série de films mémorables avec Jayne Mansfield puis Jerry Lewis.</p> <p>Parfaitement dramatiques quant à eux, <i>Address Unknown</i> (William Cameron Menzies) et <i>None Shall Escape</i> (André De Toth), tous deux de 1944, sont des films de propagande anti-nazie. Mais malgré un certain schématisme, l'intelligence et le talent qu'ils déploient leur a permis de passer haut la main l'épreuve du temps. Le premier imagine un tribunal à venir devant lequel le dirigeant nazi d'une région polonaise doit rendre compte de ses crimes contre l'humanité tandis que le second adapte le fameux roman épistolaire de Kathrine Kressmann Taylor, histoire d'une amitié qui se délite entre un marchand d'art juif de Californie et son associé allemand. Avec ces films, les deux cinéastes retracent de manière saisissante comment la séduction nazie a conquis l'Allemagne, leur avertissement restant à jamais valable.</p> <h3>Films noirs réactifs</h3> <p>La Columbia était particulièrement forte pour réagir aux sujets «chauds» du moment, dans des petits films noirs, caratéristiques d'un style maison fait d'économie et d'efficacité. <i>The Killer That Stalked New York</i> (Earl McEvoy, 1950) revient ainsi sur l'épidémie de variole qui frappa New York trois ans plus tôt, forçant les autorités à vacciner plus de 6 millions d'habitants en un temps record. Le film suit à la fois le «patient zéro», une chanteuse (Evelyn Keyes) de retour de Cuba impliquée dans un trafic de diamants, et les hommes du FBI et des services médicaux à ses trousses sans savoir qu'ils recherchent la même personne. Le thriller s'avère aussi prenant dans sa dimension documentaire que dramatique, habilement imbriquées par un cinéaste inconnu au bataillon.</p> <p>Dans la même veine, <i>The Glass Wall</i> des guère plus notables Maxwell Shane et Ivan Tors suit un Hongrois passé par les camps de concentration (Vittorio Gassman!) mais dont la demande d'asile aux Etats-Unis est déboutée. Il s'échappe pour retrouver le musicien de jazz qui pourrait attester qu'il a œuvré pour les forces alliées et trouve de l'aide auprès d'une fille dans la dèche (Gloria Grahame) à peine mieux lotie que lui. Leur dérive dans New York devient alors un superbe document sur la ville telle qu'elle était alors (1953), culminant de façon hautement symbolique dans le bâtiment des Nations Unies tout juste achevé.</p> <p><i>The Undercover Man</i> (1949), avec la star maison Glenn Ford (36 films Columbia!), s'inspire quant à lui de l'enquête déjà plus ancienne des agents du fisc qui coincèrent Al Capone, le fameux gangster de Chicago. La superbe mise en scène de Joseph H. Lewis élève le film aux sommets du genre, mais un bel article de Chris Fujiwara dans le livre d'accompagnement nous rappelle qu'il s'agit d'un cas d'école de «voix auteuriale» partagée: Lewis répondait en l'occurrence aux ordres de Robert Rossen, pour une fois simple producteur, qui avait nettement plus à cœur les enjeux idéologiques de l'affaire. A savoir la menace d'une autre forme de fascisme américain, induite par le capitalisme.</p> <h3>De Locarno à Lausanne</h3> <p>On pourrait citer encore bien d'autres découvertes, de <i>The Talk of the Town</i> (George Stevens, 1942), comédie sophistiquée avec un étincelant triangle Cary Grant - Jean Arthur – Ronald Colman, ou <i>Sahara</i> (Zoltan Korda, 1943), modèle de film de guerre avec Humphrey Bogart inspiré par un film soviétique. Mais il convient aussi de reconnaître que certaines séries B ont paru décidément mineures, leurs nombreux clichés en accord avec la pauvreté des décors, quel que soit l'art du metteur en scène pour faire illusion. Et puis, rien à faire, un film signé Wiliam A. Seiter, Charles Vidor ou même John Sturges ne dépassera jamais le solide artisanat: l'absence d'une véritable réécriture au moyen de la mise en scéne les en empêche.</p> <p>Parmi la douzaine de films programmés ce mois par la Cinémathèque, deux raretés ont été retenues malgré l'absence sous-titres. <i>The Whole Town's Talking </i>(John Ford, 1935) est une fabuleuse histoire de double qui voit le timide employé Edward G. Robinson confondu avec un gangster recherché. Quant à <i>Craig's Wife </i>(Dorothy Arzner, 1936), il s'agit de l'adaptation d'une pièce psychologique centrée sur une femme (splendide Rosalind Russell) qui s'est mariée par intérêt et dont le monde s'écroule soudain. Un film signé par la seule réalisatrice en activité à Hollywood à cette époque, ouvertement lesbienne et qui savait tenir tête à Cohn! Avec sous-titres, les plus connus <i>Twentieth Century</i> (Howard Hawks, 1934) et <i>It Should Happen to You </i>(George Cukor, 1954) témoigneront que la comédie fut toujours le point fort de la Columbia tandis que <i>Ride Lonesome</i> (Budd Boetticher, 1959), sommet d'une admirable série avec Randolph Scott, rappellera la grandeur du western, autre genre-clé de l'époque. </p> <p>Au total, la Columbia n'a peut-être pas plus de perles à offrir que les autres «majors» de Hollywood. Mais sa trajectoire ascendante, l'imprimatur de Cohn sur l'ensemble de sa production et l'efficacité dictée par ses budgets plus serrés la distinguent tout de même durant cette période dite «classique». On aura surtout aimé ce travail de remise en lumière de films moins connus, que seul un grand festival semble encore en mesure de proposer. Partout ailleurs, le manque de curiosité et la paresse gagnent du terrain en ces temps de surproduction mondialisée et de disponibilité supposément totale. Raison de plus pour chérir et préserver ce précieux rendez-vous tessinois!</p> <hr /> <h4>«100 ans de Columbia Pictures», Cinémathèque suisse, Lausanne, du 28 août au 12 octobre.<br />«The Lady with the Torch – Columbia Pictures 1929-1959», sous la dir. d'Ehsan Khoshbakht. Paris-Montreuil: Les Editions de l'Œil, 288p.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-columbia-porte-haut-la-flamme-de-la-cinephilie', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 80, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5061, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Bruno Dumont réhabilite le manichéisme', 'subtitle' => 'En compétition à la Berlinale, «L'Empire» en a laissé plus d'un perplexe. Fidèle à ses obsessions, l'auteur de «L'Humanité» et «Ma Loute» est retourné dans sa France profonde du Nord pour y mêler vision sans fard de la réalité, aspirations métaphysiques et goût du burlesque sur une histoire de combat entre forces du Bien et du Mal façon «Star Wars»! Complètement dingo, est-ce pour autant génial?', 'subtitle_edition' => 'En compétition à la Berlinale, «L'Empire» en a laissé plus d'un perplexe. Fidèle à ses obsessions, l'auteur de «L'Humanité» et «Ma Loute» est retourné dans sa France profonde du Nord pour y mêler vision sans fard de la réalité, aspirations métaphysiques et goût du burlesque sur une histoire de combat entre forces du Bien et du Mal façon «Star Wars»! Complètement dingo, est-ce pour autant génial?', 'content' => '<p>Il est sans aucun doute l'un des cinéastes les plus singuliers du moment et ce film avait tout pour devenir son grand œuvre. Et pourtant, loin de la pierre philosophale espérée, <i>L'Empire</i> réjouit à peine. Que s'est-il donc passé? Dans un tel cas, il faut toujours commencer par soupçonner sa propre réception, un coup de mou ou un manque d'acuité intellectuelle. Mais un tour des critiques tombées lors de la présentation du film au Festival de Berlin puis à sa sortie française, y compris les plus favorables, a tôt fait de confirmer l'impression d'un film follement ambitieux mais pas vraiment réussi. Soyons clair, <i>L'Empire</i> vaut absolument le coup d'œil. Mais sans en attendre forcément un nouveau Messie, même lorsque l'auteur de <i>La Vie de Jésus</i> (1997) accouche d'une <i>Malédiction + La Guerre des étoiles</i> transposées sur sa chère Côte d'Opale.</p> <p>Peut-être convient-il de rappeler la trajectoire de ce natif de Bailleul dans le département du Nord, qui a débuté comme prof de philosophie doublé d'un cinéaste du dimanche. Sortis de nulle part, cette <i>Vie de Jésus</i> au titre trompeur puis surtout <i>L'Humanité,</i> primé à Cannes, ont tôt installé une réputation de visionnaire fondée sur son expression de la tragique imperfection humaine face à la grandeur et la beauté du monde. Son emploi d'amateurs aux gueules et à l'élocution impossibles contraste avec un sens époustouflant du paysage et bientôt un recours frappant à des musiques préexistantes, en particulier sacrées. Ses films suivants (<i>Flandres, Hadewijch) </i>ont creusé ce sillon métaphysique jusqu'au sommet que constitue pour nous le méconnu <i>Camille Claudel 1915</i> (2013), qui le voit pour la première fois recourir à une actrice professionnelle, Juliette Binoche.</p> <p>Mais le soupçon de prétention n'a jamais été loin, certains films moins inspirés <i>(Twentynine Palms, Hors Satan)</i> y prêtant clairement le flanc. Comme pour s'en défendre, Dumont a alors opéré une volte-face qui a autant enchanté que surpris, «libérant son clown intérieur» dans les mini-séries <i>P'tit Quinquin</i> et <i>Coincoin et les z'inhumains,</i> pour une sorte de de relecture absurde et burlesque de <i>L'Humanité. </i>Son seul succès public en salles, <i>Ma Loute</i> avec Binoche et Fabrice Luchini, est aussi de cette veine-là. Et depuis? Tant ses deux <i>Jeanne d'Arc,</i> confidentielles et indigestes, que le plus commercial <i>France</i> avec Léa Seydoux (2021), état des lieux médiatico-moral de la nation, sont tombés à plat, laissant craindre un déclin de cet auteur original, un pied chez Pialat, un autre chez Bresson et un troisième chez Blake Edwards.</p> <h3>Un <i>Empire</i> pour tout boucler?</h3> <p>C'est à cet instant que surgit <i>L'Empire,</i> à 7 millions d'euros quasiment une superproduction, qui donne l'impression de vouloir rassembler tous les fils de cette œuvre disparate. Le début est très amusant, qui suit Line (Lyna Khoudri), une citadine moderne déplacée dans une petite ville côtière qui fait la connaissance d'un jeune gars local nommé Jony (l'amateur Brandon Vlieghe). Or, il s'avère que l'épouse séparée de ce dernier a donné naissance au Margat (Freddy de son vrai nom, comme l'anti-héros de <i>La Vie de Jésus</i>...), celui par lequel le Mal étendra son empire sur Terre. Un virage fantastique radical dont le film ne se remettra pas. Au contraire, la paisible bourgade devient bientôt le théâtre d'un affrontement cosmique entre Belzébuth (Fabrice Luchini) et «la Reine» (Camille Cottin), secondée quant à elle par la belle Jane (Annamaria Vartolomei) et le vilain Rudi (Julien Manier, autre trogne locale).</p> <p>Et c'est parti pour un affrontement manichéen entre le Bien et le Mal, voire aussi le Féminin et le Masculin, même si Bruno Dumont s'amuse à tout mélanger. Les cavaliers sur leurs blancs destriers sont ainsi du côté du démon; la fille en noir doit éliminer un mignon bébé pour sauver l'humanité, etc. Bientôt, on sort les épées-laser et des vaisseaux spatiaux en forme de palais (modèle versaillais) ou de cathédrale gothique (modèle Sainte-Chapelle) atterrissent. Et au milieu de tout ça, la vie locale se poursuit comme si de rien n'était, avec ses terribles banalités et les deux flics abrutis de <i>P'tit Quinquin</i> et <i>Coincoin</i> qui reprennent du service.</p> <p>Tout ceci aurait pu (dû?) être sidérant et hilarant. Mais il faut bien reconnaître qu'à l'écran, ça ne l'est guère. Que Dumont échappe à la stricte parodie, genre favori des esprits les plus limités, on ne peut que s'en réjouir. Fondé sur l'opposition entre le naturalisme et l'épique mais aussi nourri d'une vraie réflexion sur les genres populaires, <i>L'Empire</i> vise plutôt sur un premier degré décalé. Malheureusement, les styles respectifs des acteurs amateurs et professionnels ne s'accordent guère, sans créer non plus de friction étonnante, tandis que la tranquillité de la Côte d'Opale en été reste foncièrement étrangère au déchaînement des effets spéciaux digitaux. Et même s'il est sûrement capable de justifier tout ceci théoriquement, il est clair que le cinéaste n'y entend rien à la science exacte du «timing» comique.</p> <h3>Dumont du côté de Besson</h3> <p>Pour une vision dotée d'une vraie force poétique (ce palais dont les fenêtres donnent sur le cosmos ou cette cathédrale qui s'arrime à un bunker), combien d'autres qui tombent à plat? Le numéro en roue libre de Luchini en guide touristique qui devient un Belzébuth d'opérette s'agitant et vociférant dans le vide s'avère vite pénible. En face, Camille Cottin frise l'inexistence malgré des yeux de couleurs différentes et une soudaine promotion au titre de maire de la ville. Par contre, il suffit d'avoir vu un seul autre film de Dumont pour sentir venir à l'avance l'inévitable scène de «baise sauvage» entre l'émissaire du Mal et celle du Bien (qui s'attirent par principe, c'est à prendre ou à laisser). Bref, on oscille constamment entre une admiration pour l'audace du concept et une déception face au résultat.</p> <p>Tout se conclut logiquement en un grand affrontement entre deux armées de vaisseaux spatiaux et des visions d'Apocalypse dans lesquelles le Bien et le Mal s'annulent, sans doute pour laisser l'humanité prisonnière de sa complexité constitutive. Rien à redire à ça. Mais s'il y a quelque chose de satisfaisant à voir Bruno Dumont, 65 ans, ainsi damer le pion à Luc Besson, il faut aussi reconnaître que tout ce fatras n'aura guère été plus passionnant que <i>Le Cinquième élément</i> ou <i>Valérian!</i> Même subverti, libéré de son absolutisme moral et religieux, le manichéisme reste de peu d'intérêt pour le déroulement d'un récit. Bref, l'ennui guette, comme déjà dans... nombre d'autres films de Bruno Dumont avant celui-ci.</p> <p>Eh oui! Le mythe de l'Auteur intouchable a souvent ses bons et ses mauvais côtés. Pour une telle entreprise, un vrai producteur (ou alors d'autres collaborateurs de confiance) qui sache dire au scénariste Dumont où retravailler ses dialogues et au monteur Dumont où resserrer les boulons n'aurait sans doute pas été de trop. Pour nous, la déception est dès lors comparable à celle du récent <i>Don't Look Up</i> d'Adam McKay (2021), comédie politique «globale» clairement intelligente et néanmoins ratée – pour peu qu'on ne confonde pas intention et réalisation.</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/Z_6ytPv-OLA?si=TWQ-pVRmb7-Dv51w" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«L'Empire» de Bruno Dumont (France, 2024), avec Lyna Khoudri, Anamaria Vartolomei, Fabrice Luchini, Camille Cottin, Brandon Vlieghe, Julien Manier, Bernard Pruvost, Philippe Jore. 1h50</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'bruno-dumont-rehabilite-le-manicheisme', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 68, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5030, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La question jurassienne, affaire réglée ou pas?', 'subtitle' => 'Pour le 50ème anniversaire du référendum décisif de 1974, le producteur et réalisateur Pierre-Alain Meier signe un documentaire en forme de montage d'archives qui retrace la longue lutte pour l'autonomie jurassienne. Instructif et polémique, à l'image des personnalités qu'il met en avant, «Sans Roland Béguelin & Marcel Boillat, pas de canton du Jura!» relance le débat.', 'subtitle_edition' => 'Pour le 50ème anniversaire du référendum décisif de 1974, le producteur et réalisateur Pierre-Alain Meier signe un documentaire en forme de montage d'archives qui retrace la longue lutte pour l'autonomie jurassienne. Instructif et polémique, à l'image des personnalités qu'il met en avant, «Sans Roland Béguelin & Marcel Boillat, pas de canton du Jura!» relance le débat.', 'content' => '<p>Retraité faussement tranquille, le cinéaste jurassien Pierre-Alain Meier a une nostalgie tenace: celle d'une époque où l'on n'hésitait pas à secouer le cocotier pour faire avancer les choses et corriger des injustices, même en Suisse. Producteur d'une quarantaine de films à travers ses compagnies basées à Zurich et Genève, pionnier des coproductions avec des pays lointains (Burkina Faso, Argentine, Cambodge, etc.), il est retourné dans son village d'Undervelier, près de Delémont, mais le virus du cinéma ne l'a pas quitté. En témoigne aujourd'hui ce documentaire bricolé entièrement à partir d'images d'archives trouvées sur Internet et qui pourtant se tient! Un sorte d'essai qui se veut avant tout didactique sans pour autant devenir de l'eau tiède télévisuelle. Bref, un film fièrement indépendant, comme le canton qui l'a inspiré.</p> <p>S'agissant pour l'essentiel d'images TV-vidéo repiquées et donc de qualité médiocre, il ne fait pas de doute que sa destination finale seront les petits écrans de toute sorte. Mais pour l'heure, le film circule crânement en salles, profitant de l'anniversaire du fameux référendum de 1974 qui acta la création d'un canton du Jura. Au-delà de sa base naturelle limitée (les quelques salles du Jura bernois ont refusé de le programmer), c'est aux publics locaux et aux exploitants de s'annoncer, comme cela a déjà été fait à Genève, Lausanne ou Vevey! Et cela en vaut la peine, tant l'expérience, surtout suivie d'une discussion, s'avère enrichissante. Car cette aventure jurassienne, qui la connaît encore? Et qui comprend vraiment qu'elle ne soit toujours pas terminée, comme l'a prouvé le récent référendum de Moutier?</p> <h3>Roland Béguelin superstar</h3> <p>Le premier parti pris du film est d'assumer une certaine subjectivité et ceci dès ses premiers cartons-texte (pas de voix off ici) qui avouent une déception personnelle du cinéaste à son retour au pays. Il y a aussi le titre lui-même, qui met en avant les plus irréductibles. L'auteur fait en effet la part belle à Roland Béguelin (1921-1993), largement reconnu comme le «père fondateur» du nouveau canton, adhérant implicitement à sa vision d'un combat inachevé tant que le Jura ne sera pas réunifié. Quant à la figure encore plus controversée de Marcel Boillat (1929-2020), elle est là pour rappeler que rien ne bouge sans une certaine violence, aussi regrettable cela soit-il.</p> <p>Pourtant, l'essentiel de ce long-métrage d'une heure et demie est strictement historique et instructif. De l'origine de la «question jurassienne» à la suite du Congrès de Vienne de 1815, où ces terres de l'ancien évéché de Bâle furent rattachées au canton de Berne en compensation pour sa perte du pays de Vaud, aux consultations populaires en cascade de 1974 arrachées de haute lutte au gouvernement bernois, on y revisite toutes les étapes essentielles. On redécouvre aussi l'incontournable figure de proue du Rassemblement Jurassien, ce Roland Béguelin de Tramelan (commune restée bernoise!) qui fit de la cause autonomiste le combat d'une vie. Sa belle prestance, son verbe à la fois ferme et réfléchi, son tandem gagnant avec le plus réaliste Roger Schaffter, qui entra au nouveau gouvernement quand Béguelin préféra poursuivre la lutte. Un homme non exempt de contradictions (passionnément francophile, il soutint l'Algérie française), mais qui sortait assurément du lot par la clarté de sa vision et la constance de sa détermination.</p> <h3>Boillat, Furgler et les autres</h3> <p>Les rôles des autres, ici simples figurants, sont réduits à la portion congrue. Le PDC Francois Lachat ne se manifeste qu'aux moments de fait accompli; seule femme en vue (c'était l'époque), Valentine Friedli ose saluer l'efficacité des actions coup de poing des groupuscules extrémistes. Quant au représentant de ceux-ci, Marcel Boillat, condamné pour terrorisme (la mise à feu de fermes vendues à la Condédération pour y installer une place d'armes) puis évadé et exilé en Espagne, il n'apparaît vraiment que dans les vingt dernières minutes comme un fort sympathique agitateur. Opinions de l'auteur ou simple résultat de ce que les opérateurs d'actualités cinématographiques, de reportages TV ou des téléjournaux romands et alémaniques avaient enregistré à l'époque? </p> <p>De manière tout aussi frappante, les rares défenseurs du point de vue pro-bernois semblent cruellement manquer de vision. Autre contradicteur de Béguelin, le journaliste genevois et futur conseiller national libéral Jacques-Simon Eggly paraît surtout d'une rare suffisance, alors même qu'il défend le droit légitime de la population, fût-elle immigrée germanophone, à son autodétermination! Sans même parler du conseiller fédéral Kurt Furgler, dont le cinéaste fait l'incarnation d'une hypocrisie typiquement helvétique dénoncée par Béguelin. Autant de choix sûrement délibérés de «laisser parler l'image». Une image sélective, mais garantie non trafiquée...</p> <h3>Inertie helvétique, quand tu nous tiens</h3> <p>Pour les Jurassiens, un tel film remplit sûrement une importante fonction mémorielle. Pour les autres, dont l'auteur de ces lignes, il fait ressurgir toute une épopée dont on n'avait pas forcément imaginé l'ampleur. Eh oui, la Suisse aussi a connu son propre mouvement indépendantiste, qui a même réussi à faire bouger des lignes! Mais comme souvent, la victoire est amère, et c'est ce que rappelle la fin du film. Après sa création officielle de 1978, qui revint en fait à une partition, la «République et Canton du Jura» n'a pas réussi à convaincre les trois districts restés bernois (La Neuveville, Courtelary et Moutier) de la rejoindre. Une affaire de gros sous, pour l'essentiel, l'attractivité économique du nouveau Canton n'étant jusqu'ici pas évidente.</p> <p>Moutier a fini par se décider et le film se clôt logiquement sur ce dernier événement qui aurait pu relancer un mouvement. Sauf que tout se joue désormais commune par commune, tel village voisin pouvant décider de rester bernois tandis que d'autres, plus loin, ne sauraient plus rien contester légalement. Quel petchi, quel gâchis! Et si on avait plutôt fait preuve de vision historique et politique, reconnaissant d'emblée au Jura son unité géographique et culturelle au lieu de s'employer par tous les moyens à mettre des bâtons dans les roues à ses aspirations autonomistes? Marcel Boillat serait-il devenu un réfugié politique en Espagne? Roland Béguelin serait-il mort d'un cancer? Imposer une nouvelle technologie qui bouleversera nos vies est décidément plus facile que de modifier une frontière somme toute fictive et des habitudes administratives.</p> <p>Vous l'aurez compris, ces dernières considérations ne figurent pas dans le film de Pierre-Alain Meier. Mais les bons documentaires ont l'art de susciter toutes sortes de questionnements connexes. Et malgré son titre bien prosaïque, <i>Sans Roland Béguelin & Marcel Boillat, pas de canton du Jura!</i> est assurément de ceux-là.</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/FI8OkWMwZWU?si=1qANWaIymv6rxTb8" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«Sans Roland Béguelin & Marcel Boillat, pas canton de Jura!», documentaire de Pierre-Alain Meier (Suisse 2024). 97 min.<br />Séances spéciales en présence du réalisateur et d'autres intervenants : https://www.outside-thebox.ch/sansroland/</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-question-jurassienne-affaire-reglee-ou-pas', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 97, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 11600, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Emmanuelle1.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 767812, 'md5' => '5b0cee14429525afdc69ee5941f024a2', 'width' => (int) 1920, 'height' => (int) 1281, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => '© ASCOT ELITE', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1727943189_emmanuelle1.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 11601, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Emmanuelle2.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 407872, 'md5' => 'd907b0e770f84e705a50edbe692eef87', 'width' => (int) 1920, 'height' => (int) 1080, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => '© ASCOT ELITE', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1727943198_emmanuelle2.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [] $author = 'Norbert Creutz' $description = 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.' $title = '«Emmanuelle» 2024, le désir en question' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 780, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'érotisme', 'slug' => 'erotisme', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' } $edition = object(App\Model\Entity\Edition) { 'id' => (int) 189, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'num' => (int) 185, 'active' => true, 'title' => 'Edition 185', 'header' => null, '_joinData' => object(App\Model\Entity\EditionsPost) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Editions' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 123 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
En 1974, Emmanuelle avait le parfum du fruit défendu: une de ses affiches ne montrait-elle pas une sorte de pomme-fessier avec un serpent enroulé autour? C'était les années du déferlement érotico-porno dans les cinémas et ce film «soft» tourné par un photographe publicitaire (Just Jaeckin), qui raconte l'émancipation sexuelle de la jeune épouse d'un diplomate libertin, y aura largement contribué. Une salle parisienne le gardera plus de dix ans à l'affiche sans interruption! Un demi-siécle plus tard, on n'en est plus là. Emmanuelle 2024 est l'œuvre d'Audrey Diwan, une cinéaste qui prétend affranchir la sexualité féminine du regard masculin, au risque de signer un film bien peu titillant. A l'heure du grand supermarché pornographique sur Internet, son attrait ne saurait de tout façon plus être le même.
Lion d'Or mérité à Venise il y a trois ans avec L'Evénement, d'après Annie Ernaux, Diwan n'a cette année même pas été invitée hors compétition à la Mostra. Une claque. Finalement, Emmanuelle a atterri en ouverture du moins prestigieux Festival de San Sebastian. Chez nous, son distributeur alémanique (Ascot Elite, héritiers de l'empire du pornographe Erwin C. Dietrich) n'a pas jugé bon d'y convier la presse. Alors, ratage sans appel, ou plutôt source d'inévitables malentendus que ce remake? S'il y avait certainement mieux à faire, la tentative reste intrigante, pour peu qu'on ait une indulgence pour ce genre décrié entre tous qu'est le cinéma érotique.
Froideur contre moiteurs
J'avouerai pour ma part une certaine nostalgie coupable, étant encore passé par là dans ma jeunesse. Sylvia Kristel a laissé d'agréables impressions dans mon esprit tandis que les mélodies de Pierre Bachelet trottent encore facilement dans ma tête. Par contre, «l'éducation» d'Emmanuelle par le vieux pervers sentencieux joué par Alain Cuny m'avait déjà paru d'un glauque et d'un ridicule achevés. Comment une jeune femme pouvait-elle se soumettre à ça? Je ne savais pas qu'au départ, il y avait un roman anonyme (1959) plus tard réédité sous le nom de plume d'Emmanuelle Arsan, en fait écrit par le couple Louis-Jacques et Marayat Rollet-Andriane: un diplomate fançais et sa jeune épouse thaïlandaise (libre ou sous emprise?), qui n'avaient d'ailleurs guère goûté le film...
La nouvelle Emmanuelle imaginée par Audrey Diwan et sa co-scénariste Rebecca Zlotowski (Grand central, Les Enfants des autres) fait table rase de presque tout cela. Leur héroïne n'est plus une jeune femme oisive et soumise à son mari mais une trentenaire «indépendante», apparemment libre d'attaches, qui travaille comme contrôleuse de qualité pour une chaîne d'hôtels de luxe. Et c'est dans une tour moderne de Hong Kong et non plus dans les villas et jardins de Bangkok que se joue l'essentiel de sa quête de la jouissance sexuelle. Une quête à laquelle les autrices ont donné un tout autre sens, puisque leur Emmanuelle est clairement frigide!
Tempêtes maîtrisées dans un hôtel
Tout commence par un clin d'œil à la fameuse scène de sexe en avion de l'original. Ici, Emmanuelle (Noémie Merlant), reluquée par un homme assis en retrait de l'autre côté du couloir, se lève soudain pour aller aux toilettes où elle offre bientôt sa croupe à cet homme qui l'y a rejoint. Mais son visage ne manifeste pas le moindre plaisir. Au moment de regagner sa place, elle remarque par contre un bel Asiatique qui a observé leur petit manège. Cet homme-mystère va devenir l'autre personnage clé du film, dès lors qu'Emmanuelle le retrouve comme client au Rosefield Palace qu'elle doit évaluer.
Auparavant, elle s'est encore livrée à une partie de jambes en l'air avec un couple rencontré au bar, sans plus de plaisir à la clé. Elle apprend aussi que sa mission est de trouver un prétexte pour permettre au groupe de sacquer la directrice Margot (Naomi Watts), tenue pour responsable de la dégradation de l'hôtel par une agence de notation. La seule piste semble être la présence tolérée bien qu'en principe interdite d'escort girls, dont la Chinoise Zelda, qu'Emmanuelle surprend avec un certain trouble en train «d'exercer» au fond du jardin. Quel lien entre ces trois relations qui s'esquissent au cours d'un séjour par ailleurs ponctué par une tempête tropicale?
Plus insidieux, le discours à base d'insatisfaction, de pouvoir et de risques tranche déjà avec les théories ronflantes sur le plaisir de l'original. La mise en scène est aussi plutôt séduisante, avec sa belle photo écran large et sans moments trop languissants. Hélas, tout se gâte avec les dialogues, en anglais et rarement crédibles, le pire étant assurément les scènes avec le mystérieux Kei Shinohora (l'Anglo-Japonais Will Sharpe), en fait un ingénieur spécialisé dans l'expertise des barrages qui ne dort même pas dans la chambre que lui paient ses employeurs. Après lui avoir détaillé par le menu ce qui s'est passé dans les toilettes de l'avion, Emmanuelle pense être parvenue à le séduire. Mais il se défile et finira par l'inviter à sortir plutôt de son univers aseptisé.
De l'impensé au non réalisé
Il y aussi le facteur Merlant, une actrice respectée qui n'a jamais refusé de se dévêtir si le rôle en valait la peine (Portrait de la jeune fille en feu, Les Olympiades). Ici, elle campe sans peine un véritable glaçon, qui souffre de sa réussite et son contrôle de soi. Pour mettre les points sur les i, l'une des principales scènes érotiques n'est-elle pas une masturbation avec... des glaçons? Une certaine dureté du visage et une plastique presque trop parfaite ne suscitent aucun trouble, ce qui va à l'encontre du genre. C'est seulement dans son regard sur Zelda en train de s'abandonner au plaisir qu'une fêlure apparaît. Et ce n'est qu'une fois résolu son dilemme professionnel et sortie de sa zone de confort que son Emmanuelle aura une chance d'atteindre son but.
L'ennui, c'est qu'on s'en fiche de plus en plus. Et cela, les autrices ne l'ont sûrement pas calculé. Leur écrin luxueux ne vaut guère mieux que l'imaginaire exotico-colonial de l'original, l'argent (invisibilisé) restant un grand impensé. A peine effleuré, le conflit professionnel supposé devenir éthique et existentiel n'imprime pas plus et finit par se dissoudre dans un vague embryon de sororité. Reste la quête de l'irrésistible homme-mystère, finalement suivi dans une Hong Kong «de tous les dangers». Las! Stylistiquement, Audrey Diwan essaie bien de se la jouer Wong Kar-wai (Chunking Express, In the Mood for Love), elle n'arrive qu'à une vague approximation, pour conclure que la ville reprise en main par le pouvoir chinois... n'en présente plus guère.
L'orgasme ou l'amour?
Pour finir – ne lisez pas si vous souhaitez préserver un minimum de suspense –, Kei se laissera rattraper mais se révèlera... asexuel. Plus de désir, nada! Il faudra l'intermédiaire d'un beau gigolo pour amener enfin Emmanuelle jusqu'à l'orgasme, sous le regard de son homme inaccessible dans une scène savamment chorégraphiée. D'accord, c'est mieux que le viol plus ou moins consenti du film original. Et sûrement plus malin que toutes les suites navrantes et autres Nuances de Grey apparues depuis. Mais les trois situations de sexe triangulaire du film disent bien, en creux, le grand absent de tout ceci, à savoir le sentiment amoureux.
Présenter l'orgasme comme l'accomplissement ultime de la quête d'Emmanuelle laisse le public sur une insatisfaction tant sexuelle (l'impasse voyeuriste se doublant ici de la défiance de la cinéaste) qu'émotionnelle (l'identification n'a pas plus fonctionné, du moins pour l'homme que je suis). Bien essayé, mais ce n'est pas ce film déceptif, vaguement cérébral, qui aura résolu la si délicate équation du plaisir. Et encore moins celle artistique du cinéma érotique. Pierre Bachelet l'avait bien mieux exprimé, lui qui chantait: «Mélodie d'amour chantait le cœur d'Emmanuelle / qui bat cœur à corps perdu / Mélodie d'amour chantait le corps d'Emmanuelle / qui vit corps à cœur déçu.»
«Emmanuelle», d'Audrey Diwan (France 2024), avec Noémie Merlant, Will Sharpe, Naomi Watts, Chacha Huang, Jamie Campbell Bower, Anthony Wong. 1h47
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => 'https://dev.bonpourlatete.com/like/5177', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5177, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => '«Emmanuelle» 2024, le désir en question', 'subtitle' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'subtitle_edition' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'content' => '<p>En 1974, <i>Emmanuelle</i> avait le parfum du fruit défendu: une de ses affiches ne montrait-elle pas une sorte de pomme-fessier avec un serpent enroulé autour? C'était les années du déferlement érotico-porno dans les cinémas et ce film «soft» tourné par un photographe publicitaire (Just Jaeckin), qui raconte l'émancipation sexuelle de la jeune épouse d'un diplomate libertin, y aura largement contribué. Une salle parisienne le gardera plus de dix ans à l'affiche sans interruption! Un demi-siécle plus tard, on n'en est plus là. <i>Emmanuelle</i> 2024 est l'œuvre d'Audrey Diwan, une cinéaste qui prétend affranchir la sexualité féminine du regard masculin, au risque de signer un film bien peu titillant. A l'heure du grand supermarché pornographique sur Internet, son attrait ne saurait de tout façon plus être le même. </p> <p>Lion d'Or mérité à Venise il y a trois ans avec <i>L'Evénement,</i> d'après Annie Ernaux, Diwan n'a cette année même pas été invitée hors compétition à la Mostra. Une claque. Finalement, <i>Emmanuelle</i> a atterri en ouverture du moins prestigieux Festival de San Sebastian. Chez nous, son distributeur alémanique (Ascot Elite, héritiers de l'empire du pornographe Erwin C. Dietrich) n'a pas jugé bon d'y convier la presse. Alors, ratage sans appel, ou plutôt source d'inévitables malentendus que ce remake? S'il y avait certainement mieux à faire, la tentative reste intrigante, pour peu qu'on ait une indulgence pour ce genre décrié entre tous qu'est le cinéma érotique.</p> <h3>Froideur contre moiteurs</h3> <p>J'avouerai pour ma part une certaine nostalgie coupable, étant encore passé par là dans ma jeunesse. Sylvia Kristel a laissé d'agréables impressions dans mon esprit tandis que les mélodies de Pierre Bachelet trottent encore facilement dans ma tête. Par contre, «l'éducation» d'Emmanuelle par le vieux pervers sentencieux joué par Alain Cuny m'avait déjà paru d'un glauque et d'un ridicule achevés. Comment une jeune femme pouvait-elle se soumettre à ça? Je ne savais pas qu'au départ, il y avait un roman anonyme (1959) plus tard réédité sous le nom de plume d'Emmanuelle Arsan, en fait écrit par le couple Louis-Jacques et Marayat Rollet-Andriane: un diplomate fançais et sa jeune épouse thaïlandaise (libre ou sous emprise?), qui n'avaient d'ailleurs guère goûté le film...</p> <p>La nouvelle <i>Emmanuelle</i> imaginée par Audrey Diwan et sa co-scénariste Rebecca Zlotowski <i>(Grand central, Les Enfants des autres)</i> fait table rase de presque tout cela. Leur héroïne n'est plus une jeune femme oisive et soumise à son mari mais une trentenaire «indépendante», apparemment libre d'attaches, qui travaille comme contrôleuse de qualité pour une chaîne d'hôtels de luxe. Et c'est dans une tour moderne de Hong Kong et non plus dans les villas et jardins de Bangkok que se joue l'essentiel de sa quête de la jouissance sexuelle. Une quête à laquelle les autrices ont donné un tout autre sens, puisque leur Emmanuelle est clairement frigide!</p> <h3>Tempêtes maîtrisées dans un hôtel</h3> <p>Tout commence par un clin d'œil à la fameuse scène de sexe en avion de l'original. Ici, Emmanuelle (Noémie Merlant), reluquée par un homme assis en retrait de l'autre côté du couloir, se lève soudain pour aller aux toilettes où elle offre bientôt sa croupe à cet homme qui l'y a rejoint. Mais son visage ne manifeste pas le moindre plaisir. Au moment de regagner sa place, elle remarque par contre un bel Asiatique qui a observé leur petit manège. Cet homme-mystère va devenir l'autre personnage clé du film, dès lors qu'Emmanuelle le retrouve comme client au Rosefield Palace qu'elle doit évaluer.</p> <p>Auparavant, elle s'est encore livrée à une partie de jambes en l'air avec un couple rencontré au bar, sans plus de plaisir à la clé. Elle apprend aussi que sa mission est de trouver un prétexte pour permettre au groupe de sacquer la directrice Margot (Naomi Watts), tenue pour responsable de la dégradation de l'hôtel par une agence de notation. La seule piste semble être la présence tolérée bien qu'en principe interdite d'escort girls, dont la Chinoise Zelda, qu'Emmanuelle surprend avec un certain trouble en train «d'exercer» au fond du jardin. Quel lien entre ces trois relations qui s'esquissent au cours d'un séjour par ailleurs ponctué par une tempête tropicale?</p> <p>Plus insidieux, le discours à base d'insatisfaction, de pouvoir et de risques tranche déjà avec les théories ronflantes sur le plaisir de l'original. La mise en scène est aussi plutôt séduisante, avec sa belle photo écran large et sans moments trop languissants. Hélas, tout se gâte avec les dialogues, en anglais et rarement crédibles, le pire étant assurément les scènes avec le mystérieux Kei Shinohora (l'Anglo-Japonais Will Sharpe), en fait un ingénieur spécialisé dans l'expertise des barrages qui ne dort même pas dans la chambre que lui paient ses employeurs. Après lui avoir détaillé par le menu ce qui s'est passé dans les toilettes de l'avion, Emmanuelle pense être parvenue à le séduire. Mais il se défile et finira par l'inviter à sortir plutôt de son univers aseptisé.</p> <h3>De l'impensé au non réalisé</h3> <p>Il y aussi le facteur Merlant, une actrice respectée qui n'a jamais refusé de se dévêtir si le rôle en valait la peine <i>(Portrait de la jeune fille en feu, Les Olympiades).</i> Ici, elle campe sans peine un véritable glaçon, qui souffre de sa réussite et son contrôle de soi. Pour mettre les points sur les i, l'une des principales scènes érotiques n'est-elle pas une masturbation avec... des glaçons? Une certaine dureté du visage et une plastique presque trop parfaite ne suscitent aucun trouble, ce qui va à l'encontre du genre. C'est seulement dans son regard sur Zelda en train de s'abandonner au plaisir qu'une fêlure apparaît. Et ce n'est qu'une fois résolu son dilemme professionnel et sortie de sa zone de confort que son Emmanuelle aura une chance d'atteindre son but.</p> <p>L'ennui, c'est qu'on s'en fiche de plus en plus. Et cela, les autrices ne l'ont sûrement pas calculé. Leur écrin luxueux ne vaut guère mieux que l'imaginaire exotico-colonial de l'original, l'argent (invisibilisé) restant un grand impensé. A peine effleuré, le conflit professionnel supposé devenir éthique et existentiel n'imprime pas plus et finit par se dissoudre dans un vague embryon de sororité. Reste la quête de l'irrésistible homme-mystère, finalement suivi dans une Hong Kong «de tous les dangers». Las! Stylistiquement, Audrey Diwan essaie bien de se la jouer Wong Kar-wai <i>(Chunking Express, In the Mood for Love), </i>elle n'arrive qu'à une vague approximation, pour conclure que la ville reprise en main par le pouvoir chinois... n'en présente plus guère.</p> <h3>L'orgasme ou l'amour?</h3> <p>Pour finir – ne lisez pas si vous souhaitez préserver un minimum de suspense –, Kei se laissera rattraper mais se révèlera... asexuel. Plus de désir, nada! Il faudra l'intermédiaire d'un beau gigolo pour amener enfin Emmanuelle jusqu'à l'orgasme, sous le regard de son homme inaccessible dans une scène savamment chorégraphiée. D'accord, c'est mieux que le viol plus ou moins consenti du film original. Et sûrement plus malin que toutes les suites navrantes et autres <i>Nuances de Grey</i> apparues depuis. Mais les trois situations de sexe triangulaire du film disent bien, en creux, le grand absent de tout ceci, à savoir le sentiment amoureux.</p> <p>Présenter l'orgasme comme l'accomplissement ultime de la quête d'Emmanuelle laisse le public sur une insatisfaction tant sexuelle (l'impasse voyeuriste se doublant ici de la défiance de la cinéaste) qu'émotionnelle (l'identification n'a pas plus fonctionné, du moins pour l'homme que je suis). Bien essayé, mais ce n'est pas ce film déceptif, vaguement cérébral, qui aura résolu la si délicate équation du plaisir. Et encore moins celle artistique du cinéma érotique. Pierre Bachelet l'avait bien mieux exprimé, lui qui chantait: «Mélodie d'amour chantait le cœur d'Emmanuelle / qui bat cœur à corps perdu / Mélodie d'amour chantait le corps d'Emmanuelle / qui vit corps à cœur déçu.»</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/3dDlBbEJRDE?si=KR1FV6oAc9OBqrSc" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«Emmanuelle», d'Audrey Diwan (France 2024), avec Noémie Merlant, Will Sharpe, Naomi Watts, Chacha Huang, Jamie Campbell Bower, Anthony Wong. 1h47</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'emmanuelle-2024-le-desir-en-question', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 12, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Norbert Creutz', 'description' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'title' => '«Emmanuelle» 2024, le désir en question', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = 'https://dev.bonpourlatete.com/like/5177' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5177, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => '«Emmanuelle» 2024, le désir en question', 'subtitle' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'subtitle_edition' => 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.', 'content' => '<p>En 1974, <i>Emmanuelle</i> avait le parfum du fruit défendu: une de ses affiches ne montrait-elle pas une sorte de pomme-fessier avec un serpent enroulé autour? C'était les années du déferlement érotico-porno dans les cinémas et ce film «soft» tourné par un photographe publicitaire (Just Jaeckin), qui raconte l'émancipation sexuelle de la jeune épouse d'un diplomate libertin, y aura largement contribué. Une salle parisienne le gardera plus de dix ans à l'affiche sans interruption! Un demi-siécle plus tard, on n'en est plus là. <i>Emmanuelle</i> 2024 est l'œuvre d'Audrey Diwan, une cinéaste qui prétend affranchir la sexualité féminine du regard masculin, au risque de signer un film bien peu titillant. A l'heure du grand supermarché pornographique sur Internet, son attrait ne saurait de tout façon plus être le même. </p> <p>Lion d'Or mérité à Venise il y a trois ans avec <i>L'Evénement,</i> d'après Annie Ernaux, Diwan n'a cette année même pas été invitée hors compétition à la Mostra. Une claque. Finalement, <i>Emmanuelle</i> a atterri en ouverture du moins prestigieux Festival de San Sebastian. Chez nous, son distributeur alémanique (Ascot Elite, héritiers de l'empire du pornographe Erwin C. Dietrich) n'a pas jugé bon d'y convier la presse. Alors, ratage sans appel, ou plutôt source d'inévitables malentendus que ce remake? S'il y avait certainement mieux à faire, la tentative reste intrigante, pour peu qu'on ait une indulgence pour ce genre décrié entre tous qu'est le cinéma érotique.</p> <h3>Froideur contre moiteurs</h3> <p>J'avouerai pour ma part une certaine nostalgie coupable, étant encore passé par là dans ma jeunesse. Sylvia Kristel a laissé d'agréables impressions dans mon esprit tandis que les mélodies de Pierre Bachelet trottent encore facilement dans ma tête. Par contre, «l'éducation» d'Emmanuelle par le vieux pervers sentencieux joué par Alain Cuny m'avait déjà paru d'un glauque et d'un ridicule achevés. Comment une jeune femme pouvait-elle se soumettre à ça? Je ne savais pas qu'au départ, il y avait un roman anonyme (1959) plus tard réédité sous le nom de plume d'Emmanuelle Arsan, en fait écrit par le couple Louis-Jacques et Marayat Rollet-Andriane: un diplomate fançais et sa jeune épouse thaïlandaise (libre ou sous emprise?), qui n'avaient d'ailleurs guère goûté le film...</p> <p>La nouvelle <i>Emmanuelle</i> imaginée par Audrey Diwan et sa co-scénariste Rebecca Zlotowski <i>(Grand central, Les Enfants des autres)</i> fait table rase de presque tout cela. Leur héroïne n'est plus une jeune femme oisive et soumise à son mari mais une trentenaire «indépendante», apparemment libre d'attaches, qui travaille comme contrôleuse de qualité pour une chaîne d'hôtels de luxe. Et c'est dans une tour moderne de Hong Kong et non plus dans les villas et jardins de Bangkok que se joue l'essentiel de sa quête de la jouissance sexuelle. Une quête à laquelle les autrices ont donné un tout autre sens, puisque leur Emmanuelle est clairement frigide!</p> <h3>Tempêtes maîtrisées dans un hôtel</h3> <p>Tout commence par un clin d'œil à la fameuse scène de sexe en avion de l'original. Ici, Emmanuelle (Noémie Merlant), reluquée par un homme assis en retrait de l'autre côté du couloir, se lève soudain pour aller aux toilettes où elle offre bientôt sa croupe à cet homme qui l'y a rejoint. Mais son visage ne manifeste pas le moindre plaisir. Au moment de regagner sa place, elle remarque par contre un bel Asiatique qui a observé leur petit manège. Cet homme-mystère va devenir l'autre personnage clé du film, dès lors qu'Emmanuelle le retrouve comme client au Rosefield Palace qu'elle doit évaluer.</p> <p>Auparavant, elle s'est encore livrée à une partie de jambes en l'air avec un couple rencontré au bar, sans plus de plaisir à la clé. Elle apprend aussi que sa mission est de trouver un prétexte pour permettre au groupe de sacquer la directrice Margot (Naomi Watts), tenue pour responsable de la dégradation de l'hôtel par une agence de notation. La seule piste semble être la présence tolérée bien qu'en principe interdite d'escort girls, dont la Chinoise Zelda, qu'Emmanuelle surprend avec un certain trouble en train «d'exercer» au fond du jardin. Quel lien entre ces trois relations qui s'esquissent au cours d'un séjour par ailleurs ponctué par une tempête tropicale?</p> <p>Plus insidieux, le discours à base d'insatisfaction, de pouvoir et de risques tranche déjà avec les théories ronflantes sur le plaisir de l'original. La mise en scène est aussi plutôt séduisante, avec sa belle photo écran large et sans moments trop languissants. Hélas, tout se gâte avec les dialogues, en anglais et rarement crédibles, le pire étant assurément les scènes avec le mystérieux Kei Shinohora (l'Anglo-Japonais Will Sharpe), en fait un ingénieur spécialisé dans l'expertise des barrages qui ne dort même pas dans la chambre que lui paient ses employeurs. Après lui avoir détaillé par le menu ce qui s'est passé dans les toilettes de l'avion, Emmanuelle pense être parvenue à le séduire. Mais il se défile et finira par l'inviter à sortir plutôt de son univers aseptisé.</p> <h3>De l'impensé au non réalisé</h3> <p>Il y aussi le facteur Merlant, une actrice respectée qui n'a jamais refusé de se dévêtir si le rôle en valait la peine <i>(Portrait de la jeune fille en feu, Les Olympiades).</i> Ici, elle campe sans peine un véritable glaçon, qui souffre de sa réussite et son contrôle de soi. Pour mettre les points sur les i, l'une des principales scènes érotiques n'est-elle pas une masturbation avec... des glaçons? Une certaine dureté du visage et une plastique presque trop parfaite ne suscitent aucun trouble, ce qui va à l'encontre du genre. C'est seulement dans son regard sur Zelda en train de s'abandonner au plaisir qu'une fêlure apparaît. Et ce n'est qu'une fois résolu son dilemme professionnel et sortie de sa zone de confort que son Emmanuelle aura une chance d'atteindre son but.</p> <p>L'ennui, c'est qu'on s'en fiche de plus en plus. Et cela, les autrices ne l'ont sûrement pas calculé. Leur écrin luxueux ne vaut guère mieux que l'imaginaire exotico-colonial de l'original, l'argent (invisibilisé) restant un grand impensé. A peine effleuré, le conflit professionnel supposé devenir éthique et existentiel n'imprime pas plus et finit par se dissoudre dans un vague embryon de sororité. Reste la quête de l'irrésistible homme-mystère, finalement suivi dans une Hong Kong «de tous les dangers». Las! Stylistiquement, Audrey Diwan essaie bien de se la jouer Wong Kar-wai <i>(Chunking Express, In the Mood for Love), </i>elle n'arrive qu'à une vague approximation, pour conclure que la ville reprise en main par le pouvoir chinois... n'en présente plus guère.</p> <h3>L'orgasme ou l'amour?</h3> <p>Pour finir – ne lisez pas si vous souhaitez préserver un minimum de suspense –, Kei se laissera rattraper mais se révèlera... asexuel. Plus de désir, nada! Il faudra l'intermédiaire d'un beau gigolo pour amener enfin Emmanuelle jusqu'à l'orgasme, sous le regard de son homme inaccessible dans une scène savamment chorégraphiée. D'accord, c'est mieux que le viol plus ou moins consenti du film original. Et sûrement plus malin que toutes les suites navrantes et autres <i>Nuances de Grey</i> apparues depuis. Mais les trois situations de sexe triangulaire du film disent bien, en creux, le grand absent de tout ceci, à savoir le sentiment amoureux.</p> <p>Présenter l'orgasme comme l'accomplissement ultime de la quête d'Emmanuelle laisse le public sur une insatisfaction tant sexuelle (l'impasse voyeuriste se doublant ici de la défiance de la cinéaste) qu'émotionnelle (l'identification n'a pas plus fonctionné, du moins pour l'homme que je suis). Bien essayé, mais ce n'est pas ce film déceptif, vaguement cérébral, qui aura résolu la si délicate équation du plaisir. Et encore moins celle artistique du cinéma érotique. Pierre Bachelet l'avait bien mieux exprimé, lui qui chantait: «Mélodie d'amour chantait le cœur d'Emmanuelle / qui bat cœur à corps perdu / Mélodie d'amour chantait le corps d'Emmanuelle / qui vit corps à cœur déçu.»</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/3dDlBbEJRDE?si=KR1FV6oAc9OBqrSc" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«Emmanuelle», d'Audrey Diwan (France 2024), avec Noémie Merlant, Will Sharpe, Naomi Watts, Chacha Huang, Jamie Campbell Bower, Anthony Wong. 1h47</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'emmanuelle-2024-le-desir-en-question', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 12, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5154, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Iran, la révolte des femmes', 'subtitle' => 'Avec «Les Graines du figuier sauvage», Mohammad Rasoulof signe un puissant réquisitoire contre le régime des mollahs iranien, en s'inspirant du mouvement des femmes qui avait fait suite au meurtre de la jeune Mahsa Amini par des «gardiens de la révolution». Mélange de frontalité et de subtilité, ce film qui s'est logiquement soldé par l'exil de son auteur valait bien plus que son prix de consolation à Cannes.', 'subtitle_edition' => 'Avec «Les Graines du figuier sauvage», Mohammad Rasoulof signe un puissant réquisitoire contre le régime des mollahs iranien, en s'inspirant du mouvement des femmes qui avait fait suite au meurtre de la jeune Mahsa Amini par des «gardiens de la révolution». Mélange de frontalité et de subtilité, ce film qui s'est logiquement soldé par l'exil de son auteur valait bien plus que son prix de consolation à Cannes.', 'content' => '<p>Il fut un temps où, dans le sillage de feu Abbas Kiarostami, les films iraniens suivaient des enfants dans des quêtes apparemment dérisoires ou élaboraient des subtils dispositifs de mise en abyme comme pour mieux contourner l'écueil politique. Tout cela semble bien fini. Laissant à Asghar Farhadi ou Mani Haghighi de finasser avec ce qu'il est autorisé ou interdit de montrer selon la censure des mollahs, la plupart des cinéastes qui comptent ont cessé de tourner autour du pot. Harcelés par le régime, certains déjà exilés, il signent des films de plus en plus ouvertement critiques, apparemment sans se soucier des conséquences. C'est dans ce contexte que <i>Les Graines du figuier sauvage</i> de Mohammad Rasoulof apparaît aujourd'hui comme une œuvre phare.</p> <p>En clair, c'est là LE film que tout le monde attendait depuis le mouvement des femmes de l'automne 2022, sans trop oser l'espérer. Et il fallait bien un cinéaste de la trempe de Rasoulof, Ours d'Or à Berlin avec son précédent <i>Le Diable n'existe pas</i> (2020), pour s'y atteler. En prison au moment des faits, il possédait sans doute dès le départ un recul précieux. Mais à 50 ans, après huit films qui dessinent une montée en puissance artistique, peut-être bien que seul ce cinéaste-là avait également les capacités pour un film aussi bien pensé et réalisé. Tout ça pour dire qu'un chef-d'œuvre comme celui-ci ne tombe pas de nulle part. A l'indignation naturelle doit s'ajouter un art capable de la canaliser pour nous faire accéder à un degré de compréhension supérieur.</p> <h3>Une promotion empoisonnée</h3> <p><i>Les Graines du figuier sauvage</i> s'apparente d'abord à une sorte de suite à <i>Le Diable n'existe pas, </i>film en quatre volets qui dénonçait les effets délétères de la peine de mort sur la société iranienne. Cette fois, nous suivons en effet un candidat au poste de juge, c'est-à-dire celui amené à décider cette sanction ultime. Un homme libre de juger en son âme et conscience? Au moment d'accepter sa promotion, le quadragénaire Iman (sic) semble encore le croire. Sauf que, dans un premier temps, il n'est passé qu'au rang de juge d'instruction, sorte d'enquêteur en chef qui dépend d'ordres venus de plus haut, et dont l'avis ne compte pas vraiment. Et ce travail pourrait bien avoir des conséquences sur le caractère de celui qui se voudrait également bon croyant et bon père de famille.</p> <p>Pour son épouse Najmeh, cette promotion signifie surtout la perspective d'avantages matériels enviables. Elle enjoint donc leurs deux grandes filles Rezvan et Sana à se montrer irréprochables afin de ne pas nuire à la réputation et à la carrière de leur père. En ce moment de rentrée estudiantine, elle voit d'un mauvais œil Sadaf, une nouvelle amie qui débarque chez elles avec des manières de fille émancipée. Puis éclatent les émeutes dans la rue suite à la mort de Mahsa Amini, et c'est comme si la famille, calfeutrée dans son appartement, était en état de siège. Le père rentre toujours plus tard, surchargé de travail, la mère reste scotchée devant la télévision (d'Etat) et les filles se cachent pour suivre une tout autre information sur les réseaux sociaux. Lorsque Sadaf appelle à l'aide après avoir été blessée dans une manifestation, tout s'accélère...</p> <h3>Un sacré suspense</h3> <p>Une idée forte est d'avoir fait de l'inflexible Najmeh le personnage central de l'affaire. Elle l'est d'ailleurs de fait, en tant que chargée du maintien de la loi patriarcale à la maison tout en ayant sincèrement à cœur l'avenir de ses filles. Ebranlée par l'épisode Sadaf, sa position devient de plus en plus intenable et, avec elle, c'est le socle de toute la société iranienne qui vacille. Arrive le troisième acte, avec une mystérieuse disparition de l'arme de service d'Iman, qui pourrait lui coûter son poste. S'ensuivent panique, conciliabules et enquête. Mais tout le monde proteste de son innocence, même dans des conditions d'interrogatoire infâmes. Puis le nom et l'adresse d'Iman surgissent sur les réseaux sociaux et toute la famille doit s'enfuir pour se cacher dans sa maison d'enfance, aux abords d'un village abandonné...</p> <p>Pour l'essentiel confiné en intérieurs (tout a été tourné clandestinement), le film devient un modèle de <i>slow burn</i>. Au début, comme dans tout bon film iranien, ce sont les détails révélateurs qui comptent tandis que s'esquisse une superstructure métaphorique. Sauf que cette fois, on embraie également sur un suspense de plus en plus prenant. Les terribles images réelles de la rue (plus de 500 morts...) et le sort de Sadaf servent d'avertissement: cette histoire d'apparence banale pourrait très mal se terminer! Surtout que selon la règle dite «du fusil de Tchékhov», la mise en évidence d'une arme dès le début ne saurait qu'annoncer des coups de feu plus tard. Qu'adviendra-t-il de la ou des coupables, ou pire encore, des innocentes?</p> <p>Il faut voir avec quelle habileté Mohammad Rasoulof mène son affaire. Il existe pourtant peu de cinéastes au style moins voyant et apparemment recherché que lui. Sur écran large, avec une exigence de réalisme de tous les instants, une direction d'acteurs sans faille, son huis clos ne fait que gagner en épaisseur. Lorsqu'on sort de l'appartement pour gagner la rue, les bureaux du palais de justice ou encore la maison anonyme de la police secrète, la tension et l'impression d'enfermement ne faiblissent pas. Quant au final dans le village abandonné (préparé par une visite d'Iman au début, venu remercier Allah pour sa bonne fortune dans une mosquée proche), il se transformera carrément en règlement de comptes de western!</p> <h3>Comprendre pour mieux résister</h3> <p>Il est frappant de mesurer comment ce cinéaste qu'on a connu trop allégorique <i>(Iron Island, The White Meadows, Manuscripts Don't Burn)</i> est devenu par la force des choses de plus en plus politiquement frontal <i>(Goodbye, Un Homme intègre, Le Diable n'existe pas).</i> Mais là où son collègue également menacé Jafar Panahi <i>(Taxi Téhéran) </i>a mis au point un dispositif de cinéma réflexif, voire franchement autobiographique, Rasoulof tourne plutôt sa caméra vers les autres, les profiteurs aussi bien que les victimes du régime – la plupart des citoyens iraniens essayant sans doute de survivre tant bien que mal entre les deux. Il le fait sans condamner personne <em>a</em> <em>priori</em>, mettant à jour de terribles engrenages et bien sûr cet étau de la peur qui est le propre de tout régime totalitaire. Ici, il laissera même planer jusqu'au bout une incertitude quant au vol du fameux pistolet. Sauf qu'au fil des événements, les actes finissent par parler d'eux-mêmes, ladite arme figurant bien en évidence lors du mémorable final.</p> <p>A chacun de pondérer ce qu'il aura vu avec son propre sens moral, de remplir les trous du hors champ avec son imagination: tout ce que notre cinéma occidental a de plus en plus de peine à proposer (l'admirable <i>Monsieur Klein</i> de Joseph Losey revient en mémoire). Et pourtant, à l'arrivée, on se demande quel film aura exposé plus clairement l'abjection insidieuse de cette théocratie qui prétend maintenir les femmes sous la tutelle éclairée des hommes, et tout le monde sous le regard sans pitié d'un Dieu absent. Après<i> Aucun ours</i> (Jafar Panahi), <i>Les Nuits de Mashhad </i>(Ali Abbasi), <i>Chroniques de Téhéran </i>(Ali Asgari et Alireza Khatami) et <i>Tatami</i> (Guy Nattiv et Zar Amir), <i>Les Graines du figuier sauvage</i> («figuier sacré» selon le titre anglais...) vient couronner une nouvelle saison de résistance iranienne. Bientôt la bonne?</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/SCyzhVEJFkY?si=UBO5VtblbiYIhE50" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«Les Graines du figuier sauvage (<em>Daneh anjeer moghadas</em>)» de Mohammad Rasoulof (Iran / Allemagne / France, 2024), avec Missagh Zareh, Soheila Golestani, Mahsa Rostami, Setareh Maleki, Niousha Akhshi, Reza Akhlaghirad. 2h48</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'iran-la-revolte-des-femmes', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 33, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5118, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Columbia porte haut la flamme de la cinéphilie', 'subtitle' => 'La rétrospective du festival de Locarno dédiée à la compagnie centenaire a bien rempli son contrat. On y a découvert nombre de films méconnus réalisés entre 1929 et 1959, entourant quelques grands classiques hissés plus haut que jamais – ces derniers bientôt reproposés à la Cinémathèque. Une belle façon de revisiter l'âge d'or hollywoodien, en faisant la part entre politique de studio et apport des réalisateurs.', 'subtitle_edition' => 'La rétrospective du festival de Locarno dédiée à la compagnie centenaire a bien rempli son contrat. On y a découvert nombre de films méconnus réalisés entre 1929 et 1959, entourant quelques grands classiques hissés plus haut que jamais – ces derniers bientôt reproposés à la Cinémathèque. Une belle façon de revisiter l'âge d'or hollywoodien, en faisant la part entre politique de studio et apport des réalisateurs.', 'content' => '<p>Hors d'une cinéphilie dite «auteuriste» et d'études universitaires strictement historiques, point de salut? La rétrospective «La dame à la torche» du festival de Locarno a tenté l'impossible: réconcilier ces deux approches antagonistes. Grâce à son jeune curateur Ehsan Khoshbackht, un Iranien établi à Londres et arrivé après ces querelles, le pari aura été largement remporté, en proposant une quarantaine de titres choisis, dûment mis en perspective par des introductions ainsi qu'un excellent ouvrage composé de textes inédits. Le tout dans l'esprit qui préside au festival «Il cinema ritrovato» de Bologne, consacré au cinéma de patrimoine et dont Khoshbackht est l'un des programmateurs. Bref, on a beaucoup apprécié ce qui ne s'annonçait pourtant pas sous les meilleurs auspices: une rétrospective de circonstance dont l'ensemble des copies, neuves mais sans sous-titres, venaient directement des archives Sony-Columbia en Californie.</p> <p>La période explorée était celle correspondant au règne du fameux Harry Cohn (1891-1958), fondateur et «dictateur» de Columbia Pictures pendant que son frère Jack dirigeait le côté financier des opérations à New York. Vulgaire et brutal selon tous les témoignages, Cohn était aussi un homme d'affaires avisé en quête de respectabilité, qui parvint en trois décennies à hisser sa petite compagnie au rang de major hollywoodienne, tutoyant les bien nées Paramount, MGM, Warner ou 20th Century Fox. Sa tactique? Trois quarts de séries B contre un quart de séries A, pas de chaîne de salles propre, des contrats de plus courte durée et non exclusifs permettant d'employer également du personnel emprunté aux concurrents. Et dès les années 1950, une collaboration soutenue avec des indépendants, sur le modèle de United Artists. Sur les quelques 1'600 longs-métrages (plus autant de courts) produits et distribués durant la période, 40 sélectionnés peuvent sembler ne pas peser bien lourd. Pourtant, jusqu'aux quelques titres délibérément mineurs, l'aperçu aura été représentatif.</p> <p>Premier constat: la critique auteuriste a plutôt bien fait son boulot en extrayant du lot les meilleurs films. Jamais en effet le génie de <i>Mr. Deeds Goes to Town</i> (Frank Capra), <i>The Lady from Shanghaï</i> (Orson Welles) ou <i>The Big Heat</i> (Fritz Lang) ne sera apparu aussi éclatant que dans ce contexte. Mais on n'est pas ici pour vanter une fois de plus des chefs-d'œuvre archi-connus. Car d'autres films projetés méritaient encore plus le détour. Par quelle malchance des merveilles telles que <i>Picnic</i> (Joshua Logan), <i>My Sister Eileen </i>(Richard Quine) ou <i>Gunman's Walk</i> (Phil Karlson), trois films des années 1950 en CinemaScope couleurs, ont-elles par exemple pu tomber dans l'oubli au point de ne plus jamais être programmées?</p> <h3>Spendeurs en Scope</h3> <p>Vanté en son temps par le jeune FrançoisTruffaut, <i>Picnic</i> (1955) sera apparu comme une sorte de chaînon manquant essentiel. Il s'agit de l'adaptation d'une pièce à succès de William Inge (plus connu pour <i>La Fièvre dans le sang</i> d'Elia Kazan), «ouverte» avec un dynamisme épatant par Logan, pourtant homme de théâtre avant tout. William Holden y campe un «raté» qui débarque un jour en train dans une bourgade du Midwest pour demander un travail à un ancien ami d'études, fils d'industriel. C'est la veille de la grande fête locale et son apparente liberté alliée à la plus séduisante virilité va secouer cette communauté en réalité minée par l'insatisfaction. A mi-chemin entre <i>Un Tramway nommé désir</i> (Kazan, 1951) et <i>La Poursuite impitoyable (The Chase</i>, Arthur Penn, 1966), un grand moment de sensualité et de sauvagerie américaine!</p> <p>Avec <i>My Sister Eileen</i> (1955 également), on se retouve devant un sommet de la comédie musicale qui aurait échappé à la MGM. La comparaison avec la (déjà réjouissante) comédie du même titre réalisée en 1942 par Alexander Hall fut parlante. Entres les mains des jeunes Richard Quine, Blake Edwards (co-scénariste) et Bob Fosse (chorégraphe et acteur), cette historiette de deux sœurs «montées» de l'Ohio à New York et confrontées à des problèmes de logement, de travail et d'hommes se trouve améliorée de 100%. La musique a beau être le point faible, on est aussi enchanté par l'abattage des acteurs (Betty Garrett, Janet Leigh et Jack Lemmon) que par l'élégance de la mise en scène et l'intelligence féministe du propos, avec une touche de loufoquerie anarchisante assez unique.</p> <p>Autre révélation, le western <i>Gunman's Walk</i> (1958) bénéficie d'un scénario admirable de Frank Nugent (collaborateur de John Ford sur une dizaine de titres dont <i>La Prisonnière du désert).</i> Il y est question de la pacification de l'Ouest à travers le conflit entre un père rancher (Van Heflin) et ses deux fils, l'un soucieux de le surpasser et l'autre soucieux d'échapper au culte de la virilité, au racisme anti-indien et à la violence. C'est le genre de film dont la densité dramatique et le sens de l'espace, alliées à une profonde compréhension de l'humain, vous rendent nostalgique d'un art perdu. Quant à Phil Karlson, il signe là un modèle de «mise en scène invisible»: on a beau essayer d'y faire attention, on ne la remarque pas, tant elle est idéalement au service du récit.</p> <h3>Un cinéma qui alerte</h3> <p>En noir et blanc, d'autres films trop ignorés en Europe ont aussi fait impression. Projet de prestige adapté d'un best-seller de Robert Penn Warren, <i>All the King's Men</i> (Robert Rossen, 1949) retrace l'ascension et la chute d'un populiste (inspirés par le parcours du politicien de Louisiane Huey Long). Rossen, un auteur bientôt rattrapé par la maccarthysme, y expose un danger fasciste au sein même de la démocratie américaine, sujet qui a retrouvé toute sa pertinence en ces temps de trumpisme. La limite du film, même oscarisé, réside dans un surdécoupage qui trahit le «digest» et dans le personnage du narrateur-témoin, trop peu développé. Mais comment ne pas deviner ici le talent qui explosera avec l'immense <i>L'Arnaqueur</i> de 1960?</p> <p>Autre cinéaste identifié plus tard comme un auteur mais encore à son premier essai dans le bien nommé <i>The First Time</i> (1952), Frank Tashlin se penche sur l'arrivée d'un bébé chez un jeune couple. Ce qui peut paraître navrant de banalité se transforme pourtant bientôt en une satire cruelle de l'<i>American way of life</i>, avec son travail aliénant, sa séparation des tâches genrée, sa course à l'argent et son horizon pavillonnaire désespérément étriqué. Rare cinéaste venu du dessin animé, Tashlin commence là son travail de rénovation de la comédie qui aboutira sur une série de films mémorables avec Jayne Mansfield puis Jerry Lewis.</p> <p>Parfaitement dramatiques quant à eux, <i>Address Unknown</i> (William Cameron Menzies) et <i>None Shall Escape</i> (André De Toth), tous deux de 1944, sont des films de propagande anti-nazie. Mais malgré un certain schématisme, l'intelligence et le talent qu'ils déploient leur a permis de passer haut la main l'épreuve du temps. Le premier imagine un tribunal à venir devant lequel le dirigeant nazi d'une région polonaise doit rendre compte de ses crimes contre l'humanité tandis que le second adapte le fameux roman épistolaire de Kathrine Kressmann Taylor, histoire d'une amitié qui se délite entre un marchand d'art juif de Californie et son associé allemand. Avec ces films, les deux cinéastes retracent de manière saisissante comment la séduction nazie a conquis l'Allemagne, leur avertissement restant à jamais valable.</p> <h3>Films noirs réactifs</h3> <p>La Columbia était particulièrement forte pour réagir aux sujets «chauds» du moment, dans des petits films noirs, caratéristiques d'un style maison fait d'économie et d'efficacité. <i>The Killer That Stalked New York</i> (Earl McEvoy, 1950) revient ainsi sur l'épidémie de variole qui frappa New York trois ans plus tôt, forçant les autorités à vacciner plus de 6 millions d'habitants en un temps record. Le film suit à la fois le «patient zéro», une chanteuse (Evelyn Keyes) de retour de Cuba impliquée dans un trafic de diamants, et les hommes du FBI et des services médicaux à ses trousses sans savoir qu'ils recherchent la même personne. Le thriller s'avère aussi prenant dans sa dimension documentaire que dramatique, habilement imbriquées par un cinéaste inconnu au bataillon.</p> <p>Dans la même veine, <i>The Glass Wall</i> des guère plus notables Maxwell Shane et Ivan Tors suit un Hongrois passé par les camps de concentration (Vittorio Gassman!) mais dont la demande d'asile aux Etats-Unis est déboutée. Il s'échappe pour retrouver le musicien de jazz qui pourrait attester qu'il a œuvré pour les forces alliées et trouve de l'aide auprès d'une fille dans la dèche (Gloria Grahame) à peine mieux lotie que lui. Leur dérive dans New York devient alors un superbe document sur la ville telle qu'elle était alors (1953), culminant de façon hautement symbolique dans le bâtiment des Nations Unies tout juste achevé.</p> <p><i>The Undercover Man</i> (1949), avec la star maison Glenn Ford (36 films Columbia!), s'inspire quant à lui de l'enquête déjà plus ancienne des agents du fisc qui coincèrent Al Capone, le fameux gangster de Chicago. La superbe mise en scène de Joseph H. Lewis élève le film aux sommets du genre, mais un bel article de Chris Fujiwara dans le livre d'accompagnement nous rappelle qu'il s'agit d'un cas d'école de «voix auteuriale» partagée: Lewis répondait en l'occurrence aux ordres de Robert Rossen, pour une fois simple producteur, qui avait nettement plus à cœur les enjeux idéologiques de l'affaire. A savoir la menace d'une autre forme de fascisme américain, induite par le capitalisme.</p> <h3>De Locarno à Lausanne</h3> <p>On pourrait citer encore bien d'autres découvertes, de <i>The Talk of the Town</i> (George Stevens, 1942), comédie sophistiquée avec un étincelant triangle Cary Grant - Jean Arthur – Ronald Colman, ou <i>Sahara</i> (Zoltan Korda, 1943), modèle de film de guerre avec Humphrey Bogart inspiré par un film soviétique. Mais il convient aussi de reconnaître que certaines séries B ont paru décidément mineures, leurs nombreux clichés en accord avec la pauvreté des décors, quel que soit l'art du metteur en scène pour faire illusion. Et puis, rien à faire, un film signé Wiliam A. Seiter, Charles Vidor ou même John Sturges ne dépassera jamais le solide artisanat: l'absence d'une véritable réécriture au moyen de la mise en scéne les en empêche.</p> <p>Parmi la douzaine de films programmés ce mois par la Cinémathèque, deux raretés ont été retenues malgré l'absence sous-titres. <i>The Whole Town's Talking </i>(John Ford, 1935) est une fabuleuse histoire de double qui voit le timide employé Edward G. Robinson confondu avec un gangster recherché. Quant à <i>Craig's Wife </i>(Dorothy Arzner, 1936), il s'agit de l'adaptation d'une pièce psychologique centrée sur une femme (splendide Rosalind Russell) qui s'est mariée par intérêt et dont le monde s'écroule soudain. Un film signé par la seule réalisatrice en activité à Hollywood à cette époque, ouvertement lesbienne et qui savait tenir tête à Cohn! Avec sous-titres, les plus connus <i>Twentieth Century</i> (Howard Hawks, 1934) et <i>It Should Happen to You </i>(George Cukor, 1954) témoigneront que la comédie fut toujours le point fort de la Columbia tandis que <i>Ride Lonesome</i> (Budd Boetticher, 1959), sommet d'une admirable série avec Randolph Scott, rappellera la grandeur du western, autre genre-clé de l'époque. </p> <p>Au total, la Columbia n'a peut-être pas plus de perles à offrir que les autres «majors» de Hollywood. Mais sa trajectoire ascendante, l'imprimatur de Cohn sur l'ensemble de sa production et l'efficacité dictée par ses budgets plus serrés la distinguent tout de même durant cette période dite «classique». On aura surtout aimé ce travail de remise en lumière de films moins connus, que seul un grand festival semble encore en mesure de proposer. Partout ailleurs, le manque de curiosité et la paresse gagnent du terrain en ces temps de surproduction mondialisée et de disponibilité supposément totale. Raison de plus pour chérir et préserver ce précieux rendez-vous tessinois!</p> <hr /> <h4>«100 ans de Columbia Pictures», Cinémathèque suisse, Lausanne, du 28 août au 12 octobre.<br />«The Lady with the Torch – Columbia Pictures 1929-1959», sous la dir. d'Ehsan Khoshbakht. Paris-Montreuil: Les Editions de l'Œil, 288p.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-columbia-porte-haut-la-flamme-de-la-cinephilie', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 80, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5061, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Bruno Dumont réhabilite le manichéisme', 'subtitle' => 'En compétition à la Berlinale, «L'Empire» en a laissé plus d'un perplexe. Fidèle à ses obsessions, l'auteur de «L'Humanité» et «Ma Loute» est retourné dans sa France profonde du Nord pour y mêler vision sans fard de la réalité, aspirations métaphysiques et goût du burlesque sur une histoire de combat entre forces du Bien et du Mal façon «Star Wars»! Complètement dingo, est-ce pour autant génial?', 'subtitle_edition' => 'En compétition à la Berlinale, «L'Empire» en a laissé plus d'un perplexe. Fidèle à ses obsessions, l'auteur de «L'Humanité» et «Ma Loute» est retourné dans sa France profonde du Nord pour y mêler vision sans fard de la réalité, aspirations métaphysiques et goût du burlesque sur une histoire de combat entre forces du Bien et du Mal façon «Star Wars»! Complètement dingo, est-ce pour autant génial?', 'content' => '<p>Il est sans aucun doute l'un des cinéastes les plus singuliers du moment et ce film avait tout pour devenir son grand œuvre. Et pourtant, loin de la pierre philosophale espérée, <i>L'Empire</i> réjouit à peine. Que s'est-il donc passé? Dans un tel cas, il faut toujours commencer par soupçonner sa propre réception, un coup de mou ou un manque d'acuité intellectuelle. Mais un tour des critiques tombées lors de la présentation du film au Festival de Berlin puis à sa sortie française, y compris les plus favorables, a tôt fait de confirmer l'impression d'un film follement ambitieux mais pas vraiment réussi. Soyons clair, <i>L'Empire</i> vaut absolument le coup d'œil. Mais sans en attendre forcément un nouveau Messie, même lorsque l'auteur de <i>La Vie de Jésus</i> (1997) accouche d'une <i>Malédiction + La Guerre des étoiles</i> transposées sur sa chère Côte d'Opale.</p> <p>Peut-être convient-il de rappeler la trajectoire de ce natif de Bailleul dans le département du Nord, qui a débuté comme prof de philosophie doublé d'un cinéaste du dimanche. Sortis de nulle part, cette <i>Vie de Jésus</i> au titre trompeur puis surtout <i>L'Humanité,</i> primé à Cannes, ont tôt installé une réputation de visionnaire fondée sur son expression de la tragique imperfection humaine face à la grandeur et la beauté du monde. Son emploi d'amateurs aux gueules et à l'élocution impossibles contraste avec un sens époustouflant du paysage et bientôt un recours frappant à des musiques préexistantes, en particulier sacrées. Ses films suivants (<i>Flandres, Hadewijch) </i>ont creusé ce sillon métaphysique jusqu'au sommet que constitue pour nous le méconnu <i>Camille Claudel 1915</i> (2013), qui le voit pour la première fois recourir à une actrice professionnelle, Juliette Binoche.</p> <p>Mais le soupçon de prétention n'a jamais été loin, certains films moins inspirés <i>(Twentynine Palms, Hors Satan)</i> y prêtant clairement le flanc. Comme pour s'en défendre, Dumont a alors opéré une volte-face qui a autant enchanté que surpris, «libérant son clown intérieur» dans les mini-séries <i>P'tit Quinquin</i> et <i>Coincoin et les z'inhumains,</i> pour une sorte de de relecture absurde et burlesque de <i>L'Humanité. </i>Son seul succès public en salles, <i>Ma Loute</i> avec Binoche et Fabrice Luchini, est aussi de cette veine-là. Et depuis? Tant ses deux <i>Jeanne d'Arc,</i> confidentielles et indigestes, que le plus commercial <i>France</i> avec Léa Seydoux (2021), état des lieux médiatico-moral de la nation, sont tombés à plat, laissant craindre un déclin de cet auteur original, un pied chez Pialat, un autre chez Bresson et un troisième chez Blake Edwards.</p> <h3>Un <i>Empire</i> pour tout boucler?</h3> <p>C'est à cet instant que surgit <i>L'Empire,</i> à 7 millions d'euros quasiment une superproduction, qui donne l'impression de vouloir rassembler tous les fils de cette œuvre disparate. Le début est très amusant, qui suit Line (Lyna Khoudri), une citadine moderne déplacée dans une petite ville côtière qui fait la connaissance d'un jeune gars local nommé Jony (l'amateur Brandon Vlieghe). Or, il s'avère que l'épouse séparée de ce dernier a donné naissance au Margat (Freddy de son vrai nom, comme l'anti-héros de <i>La Vie de Jésus</i>...), celui par lequel le Mal étendra son empire sur Terre. Un virage fantastique radical dont le film ne se remettra pas. Au contraire, la paisible bourgade devient bientôt le théâtre d'un affrontement cosmique entre Belzébuth (Fabrice Luchini) et «la Reine» (Camille Cottin), secondée quant à elle par la belle Jane (Annamaria Vartolomei) et le vilain Rudi (Julien Manier, autre trogne locale).</p> <p>Et c'est parti pour un affrontement manichéen entre le Bien et le Mal, voire aussi le Féminin et le Masculin, même si Bruno Dumont s'amuse à tout mélanger. Les cavaliers sur leurs blancs destriers sont ainsi du côté du démon; la fille en noir doit éliminer un mignon bébé pour sauver l'humanité, etc. Bientôt, on sort les épées-laser et des vaisseaux spatiaux en forme de palais (modèle versaillais) ou de cathédrale gothique (modèle Sainte-Chapelle) atterrissent. Et au milieu de tout ça, la vie locale se poursuit comme si de rien n'était, avec ses terribles banalités et les deux flics abrutis de <i>P'tit Quinquin</i> et <i>Coincoin</i> qui reprennent du service.</p> <p>Tout ceci aurait pu (dû?) être sidérant et hilarant. Mais il faut bien reconnaître qu'à l'écran, ça ne l'est guère. Que Dumont échappe à la stricte parodie, genre favori des esprits les plus limités, on ne peut que s'en réjouir. Fondé sur l'opposition entre le naturalisme et l'épique mais aussi nourri d'une vraie réflexion sur les genres populaires, <i>L'Empire</i> vise plutôt sur un premier degré décalé. Malheureusement, les styles respectifs des acteurs amateurs et professionnels ne s'accordent guère, sans créer non plus de friction étonnante, tandis que la tranquillité de la Côte d'Opale en été reste foncièrement étrangère au déchaînement des effets spéciaux digitaux. Et même s'il est sûrement capable de justifier tout ceci théoriquement, il est clair que le cinéaste n'y entend rien à la science exacte du «timing» comique.</p> <h3>Dumont du côté de Besson</h3> <p>Pour une vision dotée d'une vraie force poétique (ce palais dont les fenêtres donnent sur le cosmos ou cette cathédrale qui s'arrime à un bunker), combien d'autres qui tombent à plat? Le numéro en roue libre de Luchini en guide touristique qui devient un Belzébuth d'opérette s'agitant et vociférant dans le vide s'avère vite pénible. En face, Camille Cottin frise l'inexistence malgré des yeux de couleurs différentes et une soudaine promotion au titre de maire de la ville. Par contre, il suffit d'avoir vu un seul autre film de Dumont pour sentir venir à l'avance l'inévitable scène de «baise sauvage» entre l'émissaire du Mal et celle du Bien (qui s'attirent par principe, c'est à prendre ou à laisser). Bref, on oscille constamment entre une admiration pour l'audace du concept et une déception face au résultat.</p> <p>Tout se conclut logiquement en un grand affrontement entre deux armées de vaisseaux spatiaux et des visions d'Apocalypse dans lesquelles le Bien et le Mal s'annulent, sans doute pour laisser l'humanité prisonnière de sa complexité constitutive. Rien à redire à ça. Mais s'il y a quelque chose de satisfaisant à voir Bruno Dumont, 65 ans, ainsi damer le pion à Luc Besson, il faut aussi reconnaître que tout ce fatras n'aura guère été plus passionnant que <i>Le Cinquième élément</i> ou <i>Valérian!</i> Même subverti, libéré de son absolutisme moral et religieux, le manichéisme reste de peu d'intérêt pour le déroulement d'un récit. Bref, l'ennui guette, comme déjà dans... nombre d'autres films de Bruno Dumont avant celui-ci.</p> <p>Eh oui! Le mythe de l'Auteur intouchable a souvent ses bons et ses mauvais côtés. Pour une telle entreprise, un vrai producteur (ou alors d'autres collaborateurs de confiance) qui sache dire au scénariste Dumont où retravailler ses dialogues et au monteur Dumont où resserrer les boulons n'aurait sans doute pas été de trop. Pour nous, la déception est dès lors comparable à celle du récent <i>Don't Look Up</i> d'Adam McKay (2021), comédie politique «globale» clairement intelligente et néanmoins ratée – pour peu qu'on ne confonde pas intention et réalisation.</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/Z_6ytPv-OLA?si=TWQ-pVRmb7-Dv51w" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«L'Empire» de Bruno Dumont (France, 2024), avec Lyna Khoudri, Anamaria Vartolomei, Fabrice Luchini, Camille Cottin, Brandon Vlieghe, Julien Manier, Bernard Pruvost, Philippe Jore. 1h50</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'bruno-dumont-rehabilite-le-manicheisme', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 68, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5030, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La question jurassienne, affaire réglée ou pas?', 'subtitle' => 'Pour le 50ème anniversaire du référendum décisif de 1974, le producteur et réalisateur Pierre-Alain Meier signe un documentaire en forme de montage d'archives qui retrace la longue lutte pour l'autonomie jurassienne. Instructif et polémique, à l'image des personnalités qu'il met en avant, «Sans Roland Béguelin & Marcel Boillat, pas de canton du Jura!» relance le débat.', 'subtitle_edition' => 'Pour le 50ème anniversaire du référendum décisif de 1974, le producteur et réalisateur Pierre-Alain Meier signe un documentaire en forme de montage d'archives qui retrace la longue lutte pour l'autonomie jurassienne. Instructif et polémique, à l'image des personnalités qu'il met en avant, «Sans Roland Béguelin & Marcel Boillat, pas de canton du Jura!» relance le débat.', 'content' => '<p>Retraité faussement tranquille, le cinéaste jurassien Pierre-Alain Meier a une nostalgie tenace: celle d'une époque où l'on n'hésitait pas à secouer le cocotier pour faire avancer les choses et corriger des injustices, même en Suisse. Producteur d'une quarantaine de films à travers ses compagnies basées à Zurich et Genève, pionnier des coproductions avec des pays lointains (Burkina Faso, Argentine, Cambodge, etc.), il est retourné dans son village d'Undervelier, près de Delémont, mais le virus du cinéma ne l'a pas quitté. En témoigne aujourd'hui ce documentaire bricolé entièrement à partir d'images d'archives trouvées sur Internet et qui pourtant se tient! Un sorte d'essai qui se veut avant tout didactique sans pour autant devenir de l'eau tiède télévisuelle. Bref, un film fièrement indépendant, comme le canton qui l'a inspiré.</p> <p>S'agissant pour l'essentiel d'images TV-vidéo repiquées et donc de qualité médiocre, il ne fait pas de doute que sa destination finale seront les petits écrans de toute sorte. Mais pour l'heure, le film circule crânement en salles, profitant de l'anniversaire du fameux référendum de 1974 qui acta la création d'un canton du Jura. Au-delà de sa base naturelle limitée (les quelques salles du Jura bernois ont refusé de le programmer), c'est aux publics locaux et aux exploitants de s'annoncer, comme cela a déjà été fait à Genève, Lausanne ou Vevey! Et cela en vaut la peine, tant l'expérience, surtout suivie d'une discussion, s'avère enrichissante. Car cette aventure jurassienne, qui la connaît encore? Et qui comprend vraiment qu'elle ne soit toujours pas terminée, comme l'a prouvé le récent référendum de Moutier?</p> <h3>Roland Béguelin superstar</h3> <p>Le premier parti pris du film est d'assumer une certaine subjectivité et ceci dès ses premiers cartons-texte (pas de voix off ici) qui avouent une déception personnelle du cinéaste à son retour au pays. Il y a aussi le titre lui-même, qui met en avant les plus irréductibles. L'auteur fait en effet la part belle à Roland Béguelin (1921-1993), largement reconnu comme le «père fondateur» du nouveau canton, adhérant implicitement à sa vision d'un combat inachevé tant que le Jura ne sera pas réunifié. Quant à la figure encore plus controversée de Marcel Boillat (1929-2020), elle est là pour rappeler que rien ne bouge sans une certaine violence, aussi regrettable cela soit-il.</p> <p>Pourtant, l'essentiel de ce long-métrage d'une heure et demie est strictement historique et instructif. De l'origine de la «question jurassienne» à la suite du Congrès de Vienne de 1815, où ces terres de l'ancien évéché de Bâle furent rattachées au canton de Berne en compensation pour sa perte du pays de Vaud, aux consultations populaires en cascade de 1974 arrachées de haute lutte au gouvernement bernois, on y revisite toutes les étapes essentielles. On redécouvre aussi l'incontournable figure de proue du Rassemblement Jurassien, ce Roland Béguelin de Tramelan (commune restée bernoise!) qui fit de la cause autonomiste le combat d'une vie. Sa belle prestance, son verbe à la fois ferme et réfléchi, son tandem gagnant avec le plus réaliste Roger Schaffter, qui entra au nouveau gouvernement quand Béguelin préféra poursuivre la lutte. Un homme non exempt de contradictions (passionnément francophile, il soutint l'Algérie française), mais qui sortait assurément du lot par la clarté de sa vision et la constance de sa détermination.</p> <h3>Boillat, Furgler et les autres</h3> <p>Les rôles des autres, ici simples figurants, sont réduits à la portion congrue. Le PDC Francois Lachat ne se manifeste qu'aux moments de fait accompli; seule femme en vue (c'était l'époque), Valentine Friedli ose saluer l'efficacité des actions coup de poing des groupuscules extrémistes. Quant au représentant de ceux-ci, Marcel Boillat, condamné pour terrorisme (la mise à feu de fermes vendues à la Condédération pour y installer une place d'armes) puis évadé et exilé en Espagne, il n'apparaît vraiment que dans les vingt dernières minutes comme un fort sympathique agitateur. Opinions de l'auteur ou simple résultat de ce que les opérateurs d'actualités cinématographiques, de reportages TV ou des téléjournaux romands et alémaniques avaient enregistré à l'époque? </p> <p>De manière tout aussi frappante, les rares défenseurs du point de vue pro-bernois semblent cruellement manquer de vision. Autre contradicteur de Béguelin, le journaliste genevois et futur conseiller national libéral Jacques-Simon Eggly paraît surtout d'une rare suffisance, alors même qu'il défend le droit légitime de la population, fût-elle immigrée germanophone, à son autodétermination! Sans même parler du conseiller fédéral Kurt Furgler, dont le cinéaste fait l'incarnation d'une hypocrisie typiquement helvétique dénoncée par Béguelin. Autant de choix sûrement délibérés de «laisser parler l'image». Une image sélective, mais garantie non trafiquée...</p> <h3>Inertie helvétique, quand tu nous tiens</h3> <p>Pour les Jurassiens, un tel film remplit sûrement une importante fonction mémorielle. Pour les autres, dont l'auteur de ces lignes, il fait ressurgir toute une épopée dont on n'avait pas forcément imaginé l'ampleur. Eh oui, la Suisse aussi a connu son propre mouvement indépendantiste, qui a même réussi à faire bouger des lignes! Mais comme souvent, la victoire est amère, et c'est ce que rappelle la fin du film. Après sa création officielle de 1978, qui revint en fait à une partition, la «République et Canton du Jura» n'a pas réussi à convaincre les trois districts restés bernois (La Neuveville, Courtelary et Moutier) de la rejoindre. Une affaire de gros sous, pour l'essentiel, l'attractivité économique du nouveau Canton n'étant jusqu'ici pas évidente.</p> <p>Moutier a fini par se décider et le film se clôt logiquement sur ce dernier événement qui aurait pu relancer un mouvement. Sauf que tout se joue désormais commune par commune, tel village voisin pouvant décider de rester bernois tandis que d'autres, plus loin, ne sauraient plus rien contester légalement. Quel petchi, quel gâchis! Et si on avait plutôt fait preuve de vision historique et politique, reconnaissant d'emblée au Jura son unité géographique et culturelle au lieu de s'employer par tous les moyens à mettre des bâtons dans les roues à ses aspirations autonomistes? Marcel Boillat serait-il devenu un réfugié politique en Espagne? Roland Béguelin serait-il mort d'un cancer? Imposer une nouvelle technologie qui bouleversera nos vies est décidément plus facile que de modifier une frontière somme toute fictive et des habitudes administratives.</p> <p>Vous l'aurez compris, ces dernières considérations ne figurent pas dans le film de Pierre-Alain Meier. Mais les bons documentaires ont l'art de susciter toutes sortes de questionnements connexes. Et malgré son titre bien prosaïque, <i>Sans Roland Béguelin & Marcel Boillat, pas de canton du Jura!</i> est assurément de ceux-là.</p> <hr /> <p><iframe frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/FI8OkWMwZWU?si=1qANWaIymv6rxTb8" title="YouTube video player" width="560"></iframe></p> <h4>«Sans Roland Béguelin & Marcel Boillat, pas canton de Jura!», documentaire de Pierre-Alain Meier (Suisse 2024). 97 min.<br />Séances spéciales en présence du réalisateur et d'autres intervenants : https://www.outside-thebox.ch/sansroland/</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-question-jurassienne-affaire-reglee-ou-pas', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 97, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2414, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 11600, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Emmanuelle1.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 767812, 'md5' => '5b0cee14429525afdc69ee5941f024a2', 'width' => (int) 1920, 'height' => (int) 1281, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => '© ASCOT ELITE', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1727943189_emmanuelle1.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 11601, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Emmanuelle2.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 407872, 'md5' => 'd907b0e770f84e705a50edbe692eef87', 'width' => (int) 1920, 'height' => (int) 1080, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => '© ASCOT ELITE', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1727943198_emmanuelle2.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [] $author = 'Norbert Creutz' $description = 'Réinterprétation plutôt que remake, l'«Emmanuelle» d'Audrey Diwan avec Noémie Merlant surfe sur le vague souvenir du film-phénomène d'il y a 50 ans. Entre porno soft et discours féministe, ce film réimaginé à Hong Kong plutôt qu'en Thaïlande n'est pas sans intérêt. Mais son exploration d'un désir féminin enfin délivré du «male gaze» risque de ne pas convaincre grand monde.' $title = '«Emmanuelle» 2024, le désir en question' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 780, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'érotisme', 'slug' => 'erotisme', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' } $edition = object(App\Model\Entity\Edition) { 'id' => (int) 189, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'num' => (int) 185, 'active' => true, 'title' => 'Edition 185', 'header' => null, '_joinData' => object(App\Model\Entity\EditionsPost) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Editions' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire