Analyse / L'avenir de l'Europe s'écrit à l'Est
Dans la capitale serbe, la Belgrade Tower, le plus haut building de la région, symbolise le nouveau visage et le tournant capitaliste du pays. © kallerna - Own work - CC BY-SA 4.0
Après plus de trente ans, la rupture entre l'Europe de l'Ouest et l'ancien bloc soviétique n'a toujours pas cicatrisé. En dépit des clichés misérabilistes, l'Europe de l'Est semble néanmoins bien équipée pour l'avenir. Tandis que l'Europe de l'Ouest s'enfonce dans une crise systémique.
Un récent article du Matin expliquait qu'en dépit d'une croissance du PIB national de 1,3%, les Suisses sont en train de perdre 0,4% en pouvoir d'achat par habitant. Ce qui signifie que même si les recettes sont en augmentation, celles-ci sont annulées par le renchérissement du coût de la vie. Or ceci se produit hors récession ou crise particulière. Les auteurs de ces analyses ne mettent en cause que la politique migratoire. Le quasi doublement de l'afflux migratoire entre 2022 et 2023 en Suisse, mais également sur toute l'Europe continentale, exercerait une pression intenable sur le marché du travail et de l'immobilier.
Pointer du doigt l'immigration, même si cela n'est pas sans fondement, ne suffit pas. Cela dissimule d'autres causes plus profondes, plus durables aussi. Cela fait des années maintenant que l'explosion du coût de la vie, la chute de natalité, la désindustrialisation, la crise de l'enseignement supérieur et le ralentissement de l'innovation pèsent sur la croissance et sur les perspectives économiques à long terme, de la Suisse comme de l'ensemble de l'Europe occidentale. La politique migratoire, pour inadaptée qu'elle soit, semble être un facteur aggravant et non une cause première.
L'accélération subite de l'ouverture des frontières avait été décidée unilatéralement par Angela Merkel en août 2015 avec son fameux «Wir schaffen das». D'une seule phrase et comme elle en est coutumière, l'Allemagne avait forcé la main de ses partenaires. Les récentes victoires de l'AfD en sont le résultat électoral. Mais la chute de la croissance et la crise industrielle qui s'installent désormais outre-Rhin proviennent, elles, de plus loin. En France, un marasme politique d'une gravité inédite sous la Vème République menace de blocage le gouvernement, mais aussi l'économie toute entière. En Italie, les bénéfices du début de l'ère Meloni sont déjà oubliés, tandis que la croissance replonge dans le rouge. L'Espagne résiste un peu mieux, mais les perspectives y sont peu réjouissantes. La Scandinavie et la Hollande, traditionnellement plus solides et régulières que le reste de l'Europe, sont également en train de connaître des troubles sociaux et des drames électoraux auxquels on les croyait immunes.
Dans toutes les grandes capitales européennes, comme en Suisse, le marché de l'immobilier, clé de voûte de l'économie et de la société, connaît depuis deux ans en tout cas une stagnation structurelle. En Suisse la croissance de ce marché, désormais anémique, avait été en moyenne de 3,4% par an pendant 20 ans, tandis que l'augmentation des salaires était de 0,9% par an. Cette réalité est reflétée un peu partout en Europe occidentale, où un nombre croissant de personnes, essentiellement parmi les jeunes, ne peuvent même plus imaginer devenir propriétaires, à moins de s'endetter dans des conditions punitives pendant des décennies. On pourrait arguer que la croissance reprendra. Mais lorsqu'on a atteint des prix supérieurs à 20'000 francs au mètre carré, on est contraint d'admettre qu'atteindre 40'000 francs, ou même 30'000 francs au mètre carré d'ici dix ou vingt ans relève de l'illusion. Les années de croissance sont derrière nous. Cette stagnation est réelle. Au mieux, elle durera.
Il résulte de tous ces facteurs une situation nouvelle en Europe occidentale. L'accès à la propriété, les opportunités professionnelles, la stabilité économique, la croissance régulière, tous ces biens que l'on croyait acquis sont aujourd'hui remis en question. Et comme il n'existe pas de cause manifeste pour ce repli généralisé, pas de récession, de crise du pétrole ou de krach boursier, c'est-à-dire pas de cause conjoncturelle, on est bien obligé de considérer la possibilité d'une cause structurelle. En d'autres termes, il n'est désormais plus absurde de contempler l'éventualité, non pas d'une crise, mais d'un affaissement de l'Europe occidentale sur la moyenne ou même sur la longue durée.
La situation à l'est de l'Europe est toute autre, et demeure largement ignorée des médias occidentaux. Cela fait plus de trente ans maintenant que le continent a été réunifié après l'effondrement du système soviétique. Depuis, en dépit des promesses faites aux Etats nouvellement intégrés à l'UE, les anciens membres du Pacte de Varsovie sont demeurés à la marge du miracle économique des années 90 et 2000. Considérés en gros comme des mines à bras et colonisés par des milliers d'usines de sous-traitance allemandes, françaises, italiennes et autrichiennes, ces pays sont parvenus à revenir en partie sur un retard économique et institutionnel considérable. En dépit des dizaines de milliards de subventions européennes, le prix à payer aura été effrayant: depuis 1990, les pays de l'Europe centrale et orientale ont perdu pas loin de 25 millions d'habitants, absorbés régulièrement par l'Europe de l'Ouest. Ces émigrés sont bien évidemment jeunes et éduqués la plupart du temps, et laissent derrière eux des villes et des campagnes mortes. C'est aujourd'hui le défi principal qui se dresse devant des pays comme la Bosnie ou le Kosovo: perdant pas loin de 5% de leur population chaque année, la menace d'une disparition biologique est réelle.
Néanmoins, ces départs en masse sont également le reflet d'un aspect fondamental qui semble avoir disparu en Occident: l'espoir d'une vie meilleure. Tous ces jeunes qui prennent un aller simple pour Düsseldorf ou Malmö ont faim et sont prêts à bien des sacrifices pour réaliser leurs rêves. Ils ont connu des circonstances économiques souvent compliquées et préfèrent de très loin prendre le risque de la déception que de croupir dans une petite ville de Hongrie, de Serbie ou de Slovaquie.
Ce qui ne signifie toutefois pas que la situation dans ces pays soit mauvaise, loin s'en faut. Même si elle est souvent circonscrite aux grandes agglomérations, la croissance économique en Europe de l'Est est solide. En Serbie où je réside, elle est d'environ 4% par an depuis dix ans et les perspectives sont très musclées pour les années à venir. Dans tous les pays de la région, les grandes villes connaissent un boom de la construction sans précédent. Le salaire moyen en Serbie a plus que doublé depuis dix ans et a dépassé les 1'000 euros, ce qui semblait tout à fait impossible alors. A travers tous ces pays, les marchés de l'immobilier et de l'emploi ont acquis une sophistication et un volume suffisants pour permettre à une authentique classe moyenne d'émerger et de se structurer. Atteindre 5'000 euros du mètre carré à Zagreb, Belgrade, Bratislava ou Budapest est encore hors du commun, mais c'est désormais concevable. Cela ouvre des perspectives de croissance sur le long terme, là où celles-ci sont bouchées à l'ouest. Les jeunes continuent, à un rythme moins soutenu désormais, d'émigrer. Mais ils reviennent de plus en plus souvent s'établir et entreprendre dans leurs pays, non pas par lassitude, mais parce que le marché le leur permet désormais. Une jeune amie, ingénieure formée à Belgrade, a été engagée il y a trois ans par le CERN à Genève. Déjà elle songe à revenir pour profiter des vents ascendants dans sa patrie d'origine. Une autre, artiste tout à fait reconnue à Londres, est revenue à Belgrade où il lui est encore possible de louer un immense studio au centre-ville sans se ruiner.
Autrement dit, pour la première fois depuis très, très longtemps, la génération des 15-30 ans en Europe de l'Est est assurée, d'un point de vue statistique, de vivre mieux que celle de ses parents. Or en Europe de l'Ouest, c'est exactement l'inverse qui se produit. Les jeunes y sont assurés de vivre moins bien que leurs parents. Les uns ont tout à gagner de l'avenir, les autres tout à perdre. A l'Est, les jeunes sont nés dans des pays où les systèmes politiques ont été disqualifiés dans la honte, ils sont vaccinés contre les illusions et la suffisance. Si l'Union européenne a perdu pour eux une bonne part de sa crédibilité, ils témoignent d'un désir d'Europe au sens civilisationnel, comme n'en sont plus capables leurs cousins occidentaux. Ceux-ci, héritiers des vainqueurs de l'Allemagne et du communisme sont victimes, comme tous les héritiers, de la certitude de leur supériorité morale passée, sans aucun projet pour l'avenir.
Au terme d'un XXème siècle qui l'aura presque réduite à néant, à travers la Seconde Guerre mondiale et les décennies de communisme, l'Europe de l'Est est enfin en train de renaître et de revivre. Et sans avoir peur de beaucoup se tromper, on peut être certain que si l'Europe de l'Ouest s'est épuisée, l'Europe de l'Est est prête à reprendre le flambeau. C'est désormais à son tour d'écrire l'avenir de notre continent.
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Une autre, artiste tout à fait reconnue à Londres, est revenue à Belgrade où il lui est encore possible de louer un immense studio au centre-ville sans se ruiner.</p> <p>Autrement dit, pour la première fois depuis très, très longtemps, la génération des 15-30 ans en Europe de l'Est est assurée, d'un point de vue statistique, de vivre mieux que celle de ses parents. Or en Europe de l'Ouest, c'est exactement l'inverse qui se produit. Les jeunes y sont assurés de vivre moins bien que leurs parents. Les uns ont tout à gagner de l'avenir, les autres tout à perdre. A l'Est, les jeunes sont nés dans des pays où les systèmes politiques ont été disqualifiés dans la honte, ils sont vaccinés contre les illusions et la suffisance. Si l'Union européenne a perdu pour eux une bonne part de sa crédibilité, ils témoignent d'un désir d'Europe au sens civilisationnel, comme n'en sont plus capables leurs cousins occidentaux. Ceux-ci, héritiers des vainqueurs de l'Allemagne et du communisme sont victimes, comme tous les héritiers, de la certitude de leur supériorité morale passée, sans aucun projet pour l'avenir.</p> <p>Au terme d'un XXème siècle qui l'aura presque réduite à néant, à travers la Seconde Guerre mondiale et les décennies de communisme, l'Europe de l'Est est enfin en train de renaître et de revivre. Et sans avoir peur de beaucoup se tromper, on peut être certain que si l'Europe de l'Ouest s'est épuisée, l'Europe de l'Est est prête à reprendre le flambeau. C'est désormais à son tour d'écrire l'avenir de notre continent.</p>', 'content_edition' => 'Un récent article du «Matin» expliquait qu'en dépit d'une croissance du PIB national de 1,3%, les Suisses sont en train de perdre 0,4% en pouvoir d'achat par habitant. Ce qui signifie que même si les recettes sont en augmentation, celles-ci sont annulées par le renchérissement du coût de la vie. Or ceci se produit hors récession ou crise particulière. 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En 2009, lors d'une dictée imposée à 1'348 enfants français de seconde, deux tiers d'entre eux ont obtenu un zéro. 14% seulement ont eu la moyenne. Dit autrement, les francophones dans leur majorité ne maîtrisent pas leur langue à l'écrit. Pourtant la dictée est un véritable sport national: on en a organisé une en 2018 au stade de France.</p> <p>Les enfants de 2024 savent parfaitement parler mais font, en moyenne, deux fois plus de fautes que ceux de 1985. On se demande toujours comment améliorer la situation, trop rarement comment on est arrivé à ce lamentable état des choses. Pourtant un constat avait été fait en 1783 déjà, sous la plume de Rivarol dans son <em>Discours sur l'universalité de la langue française</em>: «On se fit une langue écrite et une langue parlée, et ce divorce de l'orthographe et de la prononciation dure encore». Il existe donc un divorce au cœur même de notre langue. On en apprend deux: une langue parlée et une langue une écrite, tout à fait distinctes l'une de l'autre. Ce qui explique <em>pourquoi </em>la dictée est un enfer, mais pas <em>comment</em> elle l'est devenue.</p> <p>Comment est-il possible que nous soyons incapables de maîtriser notre propre langue à l'écrit? Pour commencer, il faut remonter un peu le cours du temps. Langue latine, le français a évolué du bas-latin et s'est ensuite mâtiné de langues germaniques pour parvenir à ce langage qu'on parlait dans le bassin parisien à la fin du Moyen-Age. On le parlait, on ne l'écrivait presque pas. Pour l'écriture on se servait d'un latin bâtardisé et déjà criblé de mots français. Le français n'était rien d'autre que le patois parisien, c'était par conséquent la langue du roi. On l'écrivait phonétiquement, presque sans règle. Dans la chanson de Roland, écrite il y a mille ans, on écrit <em>fer</em> ou <em>fere</em> pour faire, <em>ki</em> pour qui, <em>e</em> pour et, <em>hom</em> pour hommes. Sous François Ier, premier roi de la Renaissance, on compte que moins de 10% de la population parle le français, et qu'une poignée d'entre eux seulement savent l'écrire. L'immense diversité des langues fait que le pouvoir du roi est mal compris et peu, ou mal, appliqué. D'où ce premier acte fondateur: l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, qui décrète que le français seul sera la langue de l'administration et de la justice. Cette ordonnance crée le premier rapprochement entre langue et pouvoir. Preuve de son importance capitale, l'ordonnance de Villers-Cotterêts est la plus ancienne loi citée encore de nos jours dans les tribunaux français.</p> <p>Cette loi crée toutefois autant de problèmes qu'elle en résout. Car s'il est décidé que le français seul exprimera la volonté royale, on ne sait pas de quel français il s'agit. C'est ainsi que va naître une querelle acharnée, qui dure encore de nos jours, sur la forme que doit adopter notre langue. Dès le XVIème siècle, les savants se divisent en deux camps opposés: les phonétistes, et les étymologistes. Pour les premiers, il faut continuer comme on l'a fait jusqu’alors et écrire comme on parle. C'est la pratique dominante, autrefois comme aujourd'hui, et notamment la pratique des latins et des grecs. Mais les étymologistes adoptent un point de vue très différent et, disons-le, bizarre.</p> <p>Ce sont les poètes tels que du Bellay et sa <em>Défense et illustration de la langue française</em> qui vont former notre orthographe. A cette époque, la France redécouvre son passé gréco-romain, une appellation fautive mais qui s'est imposée. A bien des aspects, la Renaissance est un retour à un passé fantasmé. Délaissant le style gothique, on met soudain des colonnes doriques et des statues du panthéon partout. De leur côté les intellectuels soumettent la langue au même exercice. Ils vont appeler leur invention «orthographe ancienne», comme si celle-ci était fidèle à l'orthographe romaine quand bien même elle est imaginée de toutes pièces. Le k est remplacé par qu pour tous les mots supposés venir du latin – <em>Kan</em> devient quand, <em>kel</em> devient quel, etc; on transforme les f en ph et les t en th lorsque le mot est supposé venir du grec, jusque dans nénuphar qui pourtant nous vient du persan; on écrit <em>ils faisaient</em>, car il vient de <em>fecerunt</em>, un mot qui désormais compte neuf lettres pour quatre sons, et deux fois le doublon <em>ai</em> – car il se fonde sur verbe <em>facere</em> – se trouve prononcé différemment.</p> <p>L'une des clés de cette orthographe consistant à imaginer une continuité entre le français et le latin, la décision a été prise de ne rajouter aucune lettre. Pourtant les sons avaient beaucoup évolué depuis l'empire romain. Les apports germaniques nous ont par exemple donné les <em>on</em>, <em>an</em>, <em>un</em>, <em>oin</em>, etc. Tous ces sons auraient pu être transcrits par une seule lettre. 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La difficulté de l'orthographe française ne relève pas du hasard. Elle révèle des phénomènes beaucoup plus profonds.</p> <p>L'orthographe étymologique a donc fini par s'imposer contre le français phonétique de la «pauvre orthographe», comme le raillait du Bellay. Encore faut-il s'assurer de l'uniformité de la langue à travers le royaume. L'initiative est prise par le cardinal de Richelieu en 1635, avec la création de l'Académie française. Etonnante institution linguistique qui, depuis bientôt quatre siècles, ne compte pas un seul linguiste dans ses rangs. Car la volonté de Richelieu n'est pas linguistique, mais politique. Il s'agit de s'assurer que la langue du roi soit respectée autant que ses lois, et que les intellectuels du royaume soient les obligés du monarque. Dès le début, l'Académie remplace son absence de but précis par du prestige. Sans aucun pouvoir réel, elle n'en a pas moins une grande puissance. On raille volontiers les Immortels, leurs privilèges ou leur âge. 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Le roi en personne se manifeste à travers sa politique linguistique que couronne l'Académie, revêtue de sa toute-puissance pour unifier l'usage de la langue, de <em>sa </em>langue. A l'unification <em>par</em> la langue, décidée à Villers-Cotterêts, succède l'unification <em>de</em> la langue, décidée par l'établissement de l'Académie. Ces unifications successives permettent plus qu'elles ne reflètent l'unification de la nation même.</p> <p>A la cour de Versailles, les poètes et les dramaturges, souvent académiciens eux-mêmes, donc obligés du roi, vont se charger de donner à la langue tout son prestige. C'est de cette époque que date la transformation définitive du vieux français en notre français actuel, notamment depuis la publication du dictionnaire de 1740. Cette époque aura donc fixé les canons de l'architecture, des arts et de la langue. On peut difficilement lire Ronsard dans le texte, mais pour Molière ou Diderot on ne rencontre pas un problème.</p> <p>La cour des Bourbons, avec ses codes particulièrement rigides, même pour l'époque, contribue lentement à inscrire dans la langue une dimension qui, elle aussi, n'a fait que se renforcer avec l'âge: celle de sélection sociale. On n'est pas accepté si on ne parle pas correctement le français, un accent provincial vous exclut de toute fonction sérieuse, et la maîtrise de la langue assure la gloire même aux roturiers. La difficulté qu'avaient inscrite dans l'orthographe les linguistes du XVIème siècle se transforme alors presque en code secret. La langue sert à la fois à répandre le prestige royal, mais également à restreindre l'accès au roi et à la cour. Cette fonction sélective ne connaît pas la crise. Les élites françaises sont encore largement choisies de nos jours selon des critères linguistiques.</p> <p>Nous voilà juste avant la Révolution. 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Et comme il n'existe plus ni roi, ni dieu pour se faire respecter, les législateurs vont considérablement accentuer la notion de la langue en tant qu'expression du pouvoir, jusqu'à en faire un pouvoir en tant que tel.</p> <p>Cette nouvelle politique est résumée dans le <em>Rapport et projet de décret sur l'organisation des écoles primaires </em>de 1791 qui stipule «que la langue française devienne en peu de temps la langue familière de toutes les parties de la République». A une époque où seuls 15 ou 20% de la population parle cette langue, il faut imaginer la violence de cette ambition. Talleyrand, dans son <em>Rapport sur l'instruction publique</em>, propose de «chasser cette foule de dialectes corrompus, derniers vestiges de la féodalité». En 1794, Barère de Vieuzac rédige un <em>Rapport du Comité de salut public sur les idiomes</em>: «L'idiome appelé bas-breton, l'idiome basque, les langues allemande et italienne ont perpétué le règne du fanatisme et de la superstition, assuré la domination des prêtres, des nobles et des praticiens, empêché la révolution de pénétrer dans neuf départements importants, et peuvent favoriser les ennemis de la France». Et de conclure: «Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton; l'émigration et la haine de la République parlent allemand; la contre-révolution parle l'italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreur». 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Pour bien marquer son intention, il avait également souhaité que la mise en terre soit faite avant le culte, et non après. Le résultat fut tout à fait original. Plus de deux cent personnes avaient fait le voyage, certains des coins les plus reculés du continent, pour assister à l'enterrement d'un homme dont ils ne verraient pas le cercueil, et pour lequel aucune évocation ne serait servie par l'officiant. Cette vaste assistance, que l'amour pour mon père et sa famille avaient déplacée jusque dans cette église, n'a eu droit au final qu'à un culte ordinaire. Un culte excellent, grâce à un pasteur inspiré et une organiste hors pair. Mais un culte ordinaire.</p> <p>Lorsque j'ai pris connaissance des exigences de mon père, j'ai été moins surpris qu'inquiet. Face à une cérémonie si radicalement sobre, certains risqueraient de rester sur leur faim. Au bout de l'expérience, je me suis demandé si mon père n'avait pas eu là une intuition aussi dissidente que salvatrice. Car nos enterrements, libérés des obligations rituelles, semblent s'être quelque peu dispersés en une infinité de variations, aussi stressantes pour les proches que confondantes pour l'assistance. Comme pour les mariages, la disparition de la transcendance ritualisée a pour effet immédiat de reporter toute la cérémonie sur les individus qui se prêtent à l'exercice, jeunes mariés ou défunts. On assiste donc à une surenchère d'arrangements floraux, de chansons, de portraits, de discours et de performances dont le but est de souligner l'individualité humaine et non plus le divin. J'ai par exemple assisté à des funérailles où toute parole avait été bannie au profit d'une suite de chansons choisies par celui qui, dans son cercueil, n'en profiterait même pas. Comme personne ne parlait et que rien d'autre ne nous unissait que d'être assis à écouter des chansons en regardant un cercueil, la chose ressemblait plus à un salle d'attente d'aéroport qu'aux derniers adieux à un être cher. 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L'Eglise y réaffirmait son magistère, les cercles sociaux et familiaux y étaient représentés selon leurs hiérarchies et dans l'ordre de succession, et tout cela se passait sans aucune originalité, dans le cadre strict d'une liturgie connue de tous et sans surprise aucune. Sauf exception, la personnalité du défunt importait peu, seul le rite, la société constituée et la continuité de la tradition comptaient. Cela nous semble à bien des égards étouffant et inhumain. Nous sommes devenus allergiques à toute forme de ritualisation formatée. Célébrer un être disparu sans se poser de questions et en ne faisant que suivre le rite liturgique nous semble ainsi presque barbare. Or le service funèbre de mon père m'a appris que cela n'est pas si évident.</p> <p>Il n'y a pas que cela. Je vis en Serbie, où les enterrements n'ont pas encore – mais ça vient – connu ces tendances. Dans un pays où l'Eglise orthodoxe a encore un pouvoir non négligeable et où identité nationale et religion ne font qu'un, les sacrements sont d'une surprenante uniformité. Lors de mon mariage, le pope ne nous avait posé qu'une seule question: voulez-vous la liturgie longue ou courte. Le reste allait de soi et ne nécessitait aucune instruction ou même d'opinion de notre part. Les enterrements sont à la même enseigne. Pour un occidental, la chose peut sembler brutale. Ainsi dans la plupart des cas, on enterre les morts le lendemain du décès. Et comme les gens sont généralement pris de court, on ne s'étend pas trop. En moins de trente minutes, le mort est sous terre ou consumé par le four crématoire. Le pope récite sa liturgie devant la tombe, tandis que des ouvriers en bleu de travail attendent, pelle en main, de la refermer. On ne passe pas une heure sur un banc d'église à essuyer ses larmes, à conforter ses voisins et à écouter les éloges de celui-ci ou de celle-là. 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Et les collations qui suivent un enterrement ne se réduisent pas à quelques cacahuètes et un verre de vin, ce sont de véritables festins où l'on se lâche tout à fait. Ici la mort et l'amour sont encore tout à fait ritualisés. Cette apparente banalité et cette uniformité permettent aux proches de se libérer d'une quantité de questions impossibles et de décisions complexes. Que survienne un décès et tout le monde passe en pilote automatique et peut ainsi se concentrer sur l'essentiel et non sur les détails.</p> <p>Mon père aurait probablement apprécié ces manières simples et répétitives. N'étant pas du tout d'un naturel timide, son choix d'une ritualisation stricte aurait pu surprendre. On aurait pu attendre de lui qu'il fasse éclater l'ouverture de Tannhäuser ou qu'il ait convié un orchestre philharmonique pour nous offrir l'Adagietto de Mahler sur l'esplanade. Mais en sortant de la cérémonie il m'est apparu que, peut-être, il visait bien plus haut que quelques flatteries post-mortem. En nous imposant un culte ordinaire et en s'effaçant complètement derrière le rite funéraire, mon père suggérait – je ne peux pas prétendre le savoir – qu'en escamotant son individualité, il participait à quelque chose de bien plus conséquent, qui lui offrait sa place dans la continuité d'une tradition et le sublimait très au-dessus des contingences immédiates de sa vie concrète. Cette attitude met l'accent sur les institutions et les traditions humaines et relègue les questions métaphysiques au second plan. On ne s'intéressait pas, ni à l'enterrement de mon père, ni dans les enterrements serbes, à l'existence de dieu ou à la vie après la mort. L'important, c'est d'en entendre les récits d'usage, selon les rites.</p> <p>Peut-être qu'une épure serait bienvenue dans nos enterrements. Pas un retour au passé systématique, pas non plus d'approches froides et administratives. Mais devoir tout réinventer et dépenser son énergie et ses nerfs à savoir comment on enterrera l'être aimé, est-ce vraiment la meilleure façon de vivre un deuil. 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Les derniers fêtards de Halloween, hagards et le maquillage défait, déambulaient sans but dans les couloirs. J'attendais le premier train en direction de l'aéroport de Genève. Une jeune femme s'est approchée de moi et m'a demandé dans un anglais hésitant si c'était le bon train. Dans la trentaine, elle avait une longue chevelure blond platine, un maquillage impeccable, une bouche refaite, des bottines à talons, une robe en laine moulante, un chapeau de cow-boy et de longs ongles peints. Cette apparence détonnait avec la fillette de cinq ans qui l'accompagnait, et avec son ventre rebondi de femme enceinte de plusieurs mois. J'en ai rapidement déduit qu'elle se rendait, comme moi, à Belgrade.</p> <p>Durant le trajet qui nous menait à Cointrin, comme le train était vide, nous avons fait connaissance. Cette jeune mère vit dans une grande ville au sud de Belgrade et vient de rendre visite à sa mère qui vit depuis plusieurs années près de Lausanne. Elle a longtemps pensé émigrer en Suisse mais depuis qu'elle est mère, son avis a changé. Elle ne veut pas que ses enfants aient les cheveux bleus et des piercings et des problèmes d'identité sexuelle. De plus, et je lui donne raison, la Serbie est particulièrement sûre, on y vit très bien, et même si le coût de la vie a considérablement augmenté, on est encore très, très loin des prix suisses. Et puis elle ne se fait aucun souci. Les offres de travail bien payé, elle en a autant qu'elle en veut. Car elle est officier supérieur d'infanterie dans l'armée serbe. Et le monde est plein de femmes très riches qui paient très chers les services d'un garde du corps féminin et surentraîné, sans compter qu'elle est également ceinture noire de karaté.</p> <p>Ma vie en Serbie est pleine de rencontres de ce type. C'est-à-dire de gens qui ne vivent pas encore dans la matrice idéologique et médiatique tellement contrainte du monde occidental. Je dis pas encore, mais peut-être devrait-on dire déjà plus, l'avenir nous le dira. Quoiqu'il en soit, ces mondes sont géographiquement proches, mais distants de plusieurs galaxies pour ce qui concerne la manière de penser.</p> <p>Pour ce qui concerne l'élection américaine, mes amis belgradois indiquent par leurs choix une indépendance d'esprit vivifiante. A Belgrade, on peut parler de cette élection librement. En Europe occidentale, dire qu'on est trumpiste est suicidaire d'une part, et prévisible d'autre part. Cela signifie que l'on est soit vieux, soit chrétien, soit conservateur, soit tous les trois. A Belgrade, un nombre considérable de mes amis, et surtout de mes amies, professent plus d'attachement pour Trump que pour Harris. Des jeunes femmes urbaines, sexuellement libérées, éduquées supérieures et athées qui non seulement pensent, mais disent que Trump serait leur choix si elles pouvaient voter. A Lausanne ou à Paris, si l'on fait partie des catégories jeunes, éduquées et urbaines, Kamala n'est pas une évidence, c'est une obligation.</p> <p>Ainsi qu'il s'agisse de Poutine ou de Trump, de la politique des genres, de changement climatique, d'immobilier, de culture pop ou de progrès technologiques, les Serbes ont leur façon de réfléchir et de se positionner sur chaque problème. Ce n'est donc pas massivement pour Trump que les Belgradois se déclarent, mais substantiellement plus qu'à Londres ou Zurich. Autrement dit il n'y a pas dans le comportement belgradois une opposition parfaite ou une symétrie prévisible: il y a une forme d'indépendance et de méfiance vis-à-vis de tout système narratif officiel. Il y a des raisons concrètes à cela, outre les évidences slaves et orthodoxes, qui sont un peu tarte-à-la-crème. Même pour ceux qui sont nés après les années 90, le souvenir de l'éclatement de la Yougoslavie est encore très vif. On ne peut pas sous-estimer l'impact de ce souvenir sur une population. D'une année à l'autre, tout l'univers dans lequel ils avaient été éduqués et formés s'était volatilisé dans le sang et dans les larmes. Sans rentrer ici dans les questions de responsabilité, ces bouleversements ont modifié et formé la manière de penser des générations successives. Une idéologie, renforcée par des décennies d'endoctrinement, un univers de 22 millions d'habitants à la fois très réel et imaginaire, tout cela a été détruit et discrédité en quelques mois seulement. Des millions de gens se retrouvaient soudain exilés dans leur propre pays, entourés de frontières incertaines et de compatriotes désormais étrangers et ennemis. Pis, ils étaient instantanément interdits à la fois de souvenir et d'avenir, le premier étant honteux, le second trop indéfini pour être rêvé. Ceux-là même qui les avaient dirigés depuis des années leur déclaraient maintenant que rien ne pouvait plus être fait pour eux. Qu'après l'échec du Grand Soir et de l'idéologie officielle de Fraternité et Unité, on ne pouvait plus compter que sur soi-même.</p> <p>Depuis donc plus d'un quart de siècle tout ce qui est déclaré, par un gouvernement serbe ou étranger, par un média dominant, par un personnage élu, tout est pris avec un recul <em>a</em> <em>priori</em>. On ne croit rien, en Serbie, avant d'en avoir au moins le début d'une preuve. Les Serbes se sont fait avoir et s'en souviennent. Avant de suivre toutes les modes et d'accepter tous les discours, on prend un peu de recul et on décide pour soi-même et pour ses propres intérêts de ce qui est acceptable ou pas. Toute militaire qu'elle soit, ma compagne de voyage n'en a pas délaissé son jugement. A force de se faire mobiliser des dizaines de fois par le gouvernement serbe en vue d'un affrontement inévitable et décisif avec les forces du Kosovo – qui n'est jamais venu bien sûr – elle a fini par perdre patience et foi. 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La question de savoir lequel des deux suivra l'autre est désormais passionnante. On doit s'en tenir aux faits: l'Occident tient encore bon, malgré des signes évidents de fatigue et la Serbie, démocratique sur les bords et économiquement naine en comparaison, n'est pas franchement un modèle de développement. Mais qui faut-il croire: celui qui vit sur les rentes d'une victoire militaire et idéologique d'un autre temps et en tire le sens d'une supériorité morale abusive? Ou celui qui, rendu à une réalité sans fard, dépossédé de ses rêves et de son pays, s'adapte sans geindre aux nécessités? La jeune maman blonde platine apportait sa réponse à ce dilemme. Ayant fui Sarajevo avec sa famille en 1994 parce qu'elle était serbe, elle s'était conscrite pour éviter qu'un tel désastre puisse un jour se reproduire. 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Comme si je rendais un chauffeur de taxi coupable de ne pas être Ayrton Senna, ou la bistrotière du coin de la rue de ne pas être Alain Ducasse.</p> <p>Le temps moyen de visite du Louvre est d'environ une heure, snack et achats à la boutique compris. Ce qui signifie que l'écrasante majorité des visiteurs fonce tout droit vers la Joconde, bifurque pour faire coucou à la Vénus de Milo, puis fait une photo, de loin, de la Victoire de Samothrace avant de terminer au magasin de souvenirs pour y acheter des reproductions des bijoux portés par le modèle d'un portrait que l'on n'a pas eu le temps d'admirer. Spotify, l'application de streaming musical suédoise, propose une sélection à la fois gigantesque et minuscule à ses abonnés, dont je suis. Car comme le Louvre, Spotify aspire à l'universel et propose absolument tous les catalogues, de Palestrina au plus jeune rappeur de la côte est. Et comme le Louvre, Spotify ne vend effectivement qu'une partie infinitésimale de son catalogue. 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Caillebotte n'aurait jamais atteint ces hauteurs sans les milliers de peintres impressionnistes qui coexistaient à Montmartre à la fin du XIXème siècle. Personne ne devient un ou une grande artiste dans une solitude complète. Tous les grands noms de l'art sont entourés de myriades d'inconnus qui ont directement contribué à fertiliser ces quelques individus. Et tous les artistes qui ont acquis une renommée universelle font partie de vastes mouvements ou d'écoles qui ont été nourris par des milliers d'artistes anonymes, le plus souvent oubliés – et néanmoins absolument nécessaires.</p> <p>Comme nous ne valorisons plus que les artistes qui sont valorisés par le marché, les autres disparaissent avant même d'avoir livré bataille. Aujourd'hui, aucun peintre ne peut vivre de son art s'il n'est pas entouré par une galerie importante et par des institutions qui justifient des commandes et des subventions conséquentes. Aucun musicien ne peut vivre de son art sans un label puissant qui lui assure des tournées internationales. Aucun écrivain ne peut vivre de son art sans le soutien d'un éditeur réputé qui lui assure des campagnes de promotion dignes de celles que l'on réserve à des marques de vêtements. Les autres, les millions d'autres, sont très vite contraints à l'abandon en rase campagne, avant même d'avoir atteint leurs trente ans. Les conditions économiques de la production artistique sont devenues tellement exigeantes que même le rêve poussiéreux de l'artiste bohème est désormais inaccessible. On voudrait bien crever la faim dans un studio mal chauffé, mais même cela, on ne le peut plus. Alors on devient prof, ou publiciste, ou n'importe quoi pourvu qu'on puisse en vivre.</p> <p>Alors, bien sûr, le talent est une condition nécessaire et les collègues moins talentueux que Paul McCartney ont été oubliés. Mais Matisse, au début de sa carrière, était un mauvais peintre, un artiste sans talent. Autant que Brett Easton Ellis était un mauvais écrivain ou qu'Olafur Arnalds était un mauvais musicien. Les mauvais artistes sont souvent de bons artistes qui n'ont pas assez travaillé. Comme le rappelait Brassens, «sans technique, un don n'est rien qu'une sale manie». Encore faut-il permettre à ces mauvais artistes de devenir meilleurs. Ce qui signifie qu'il faut aimer et apprécier les mauvais artistes, et surtout ceux-ci. Les autres sont comme le frère du Fils Prodigue: ils n'ont pas besoin d'être sauvés. Je pensais à tout cela en voyant transpirer sur cette petite scène mes quatre acteurs belgradois. Je faisais le compte mental de leurs sacrifices, de leurs nuits sans sommeil, de leurs fins de mois compliquées, de la passion aveuglante qui les unissait et de l'incroyable générosité de leur démarche, ne désirant rien de mieux que nous distraire pour quelques courts instants. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@Christophe Mottiez 20.09.2024 | 12h51
«si le modèle économique qui s'est montré supérieur à l'utopie communiste demeure inchangé (le "libéralisme"), l'europe centrale va en effet offrir beaucoup plus de possibilités et d'espoir à sa jeunesse que l'europe de l'ouest, mais je crois que les conditions sont bientôt mûres en europe de l'ouest (comme ailleurs dans le monde) pour réformer le modèle "libéral" en profondeur, ce qui sera source de conflits, mais aussi d'espoir….»
@simone 23.09.2024 | 10h48
«Merci pour vos articles toujours intéressants car ils diffèrent du ronron de ceux de la presse traditionnelle»
@stef 11.10.2024 | 18h13
«Excellente analyse, merci.
Elle confirme un peu plus le déclin de l'Europe de l'ouest et du néocapitalisme comme forme de société.
Mais je doute, comme le pense M. Christophe Mottier, que le "libéralisme" puisse être reformé. Il tombera, dans de grandes souffrances...»