Actuel / A Venise, l'art contemporain exténué
Biennale de Venise 2024. © Arsène Laufer
Biennale de Venise 2024. © Arsène Laufer
Biennale de Venise 2024. © Arsène Laufer
Depuis 1895, la Biennale de Venise, la plus ancienne et la plus prestigieuse foire d'art contemporain, présente les dernières tendances. Or depuis quelques années, une vérité s'y affirme peu à peu: dans l'art, comme dans nos société en général, il n'existe plus, ni tendances, ni projet.
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En déambulant dans l'édition 2024, joliment intitulée «Foreigners everywhere», j'ai été à nouveau pris d'un doute abyssal. Car quel que soit le pavillon, on se retrouve la plupart du temps face à un travail de moins en moins marqué dans le temps et l'espace. Les œuvres présentes pourraient en effet avoir été produites à peu près n'importe quand durant le dernier demi-siècle, et à peu près n'importe où dans le monde. Comme plus personne ne semble disposé à imaginer de quoi demain sera fait, on ressasse, on recompose, mais on n'invente rien.</p> <p>Tous les médias sont représentés dans un désordre qui devrait être excitant mais qui se révèle déroutant. On cherche en vain un fil rouge, une tendance ou même un média dominant. Naturellement les questions actuelles de genre ou de colonialisme sont traitées abondamment. Mais elles le sont d'une manière si pesante et attendue qu'elle en devient pontifiante. 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Car d'un côté la Russie continue de défendre la Serbie au Conseil de sécurité de l'ONU, et lui laisse ouvertes ses frontières pour ses exports agroalimentaires. Et de l'autre côté, Belgrade se fait courtiser par l'UE pour la convaincre de se tourner résolument vers l'Ouest.</p> <p>C'est dans ce contexte que le président Macron est arrivé à Belgrade le 29 août dernier, reçu en fanfare par son homologue Vučić. Tout était symbolique dans ce déplacement. A commencer par l'achat de douze Rafale, dont on est en droit de se demander à quoi ils pourront bien servir pour une armée de 37'000 actifs presque entièrement encerclée par les armées de l'OTAN. Le fait que la Croatie en a commandé également douze (d'occasion, certes) l'an dernier, et que la Grèce en soit aussi pourvue, a certainement joué. La Serbie s'aligne sur les équipements de l'OTAN, jette ses anciens MiG 29 soviétiques au rebut et promet, la main sur le cœur, d'emprunter le chemin glorieux qui mène à Bruxelles.</p> <p>Ces avions serviront surtout à faire trembler les immeubles du centre-ville lors de la parade militaire de la fête nationale. Mais c'est leur poids diplomatique qui compte, pas leur manœuvrabilité. Tout en persistant à ne pas s'aligner sur les sanctions anti-russes, Belgrade désavoue Moscou dans les faits, sans permettre toutefois à Poutine de crier à la traîtrise. Ce que le Kremlin serait par ailleurs tout à fait en droit de faire, puisque la Serbie fournit également l'Ukraine en munitions depuis 2022, à hauteur de centaines de millions d'euros déjà. 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Cette manifestation, qui a réuni environ 50'000 personnes, a vu toutes les couches de la population se fédérer autour de revendications environnementales et politiques.</p> <p>La préoccupation environnementale est facilement compréhensible. Ouvrir un gigantesques site d'extraction minière en plein cœur d'une vallée vivant de ses ressources agricoles pose des problèmes évidents. L'exploitation d'une mine de lithium consomme d'énormes quantités d'eau et d'acide sulfurique. Le risque de contamination des nappes phréatiques, vitales pour les exploitations agricoles environnantes, est tout à fait réel et condamnerait la vallée entière. Et puis Rio Tinto, deuxième plus grand conglomérat minier mondial, n'est pas auréolé d'une réputation environnementale resplendissante. D'autre part, l'exploitation de cuivre, d'or et autres minerais précieux en Serbie orientale par la compagnie chinoise Zijin est un désastre écologique et sanitaire dont les Serbes se plaignent depuis des années, en vain. La perspective de voir un même saccage, ou pire, s'étendre dans l'ouest du pays est un crève-cœur pour une population naturellement très attachée à son environnement.</p> <p>La question politique est plus délicate. En 2021, lorsque les premiers projets de mine de lithium avaient été rendus publics par le gouvernement, l'opposition populaire avait été immédiate et massive. Au bout de quelques mois de manifestations, en janvier 2022, la Première ministre Ana Brnabitch avait été contrainte à faire marche arrière et à abandonner le projet. Ce revers avait été accueilli avec une joie mesurée par les manifestants. On attendait de voir si, et comment, le gouvernement essaierait de faire revivre le projet. 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Quand tous nos voisins se sont constitués malgré de formidables contraintes externes ou internes, la Suisse moderne s'est construite grâce à ses voisins, sans verser de sang ou presque. Napoléon s'est fendu pour nous d'une première constitution. Son Acte de Médiation de 1803 garantissait au jeune Etat, que «la nature a fait fédératif», une place à part, protégée et garantie, entre les plus querelleuses des nations du continent. Dans cette situation à la fois dangereuse et privilégiée, sise sur un tas de rochers arides et infranchissables et collectant les revenus du péage le plus profitable d'Europe, la Suisse a longtemps grandi dans l'ombre bienfaisante de ses voisins. Elle a su profiter de leur passage, de leur industrie et de leurs exilés intellectuels ou monétaires. Restant toujours à l'écart des boucheries qui dressaient les princes les uns contre les autres, gardant en mémoire le souvenir cuisant d'avoir déclenché les guerres de religion qui avaient failli la faire disparaître, la Suisse est ainsi parvenue en 1945 sans essuyer de pertes et plus prospère que jamais. Et sans jamais s'en vanter, laissant ce sport douteux à tous ceux qui, autour d'elle, rêvaient constamment de revanche.</p> <p>La politique ingénieuse et cynique menée durant la Seconde guerre mondiale avait offert à la Suisse la plus extraordinaire campagne de communication que l'on pût imaginer, dont le slogan aurait pu se lire ainsi: «Quand le continent tout entier se jette dans la gueule de l'enfer, les Suisses restent poliment devant la porte». Cette manifestation du respect de l'esprit, et non de la lettre, de la neutralité armée avait permis au pays d'attirer vers lui les capitaux du monde entier. Rien ne pouvait être plus sûr, plus stable et plus discret que la Suisse. 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Se faire tirer dessus à plus de cent mètres et se faire transpercer l'oreille serait donc rien moins qu'un coup marketing. Ce diable de Trump en serait bien capable. Nous en sommes donc arrivés là.</p> <p>Cela ne devrait surprendre personne. Il y a quelques années déjà que la polarisation du débat politique mène le monde vers la confrontation. Cette confrontation ne répond toutefois plus aux anciens clichés: conservateurs durs et intransigeants, et libéraux pacifistes et ouverts d'esprit. Les libéraux, en effet, se caractérisent désormais par leur intransigeance radicale et leur qualification de tout adversaire en ennemi mortel. Or on ne discute pas avec un ennemi, on le fait taire. Et si cela ne marche pas, on l'élimine.</p> <p>La tentative d'assassinat contre Trump le 14 juillet faisait écho à celle, également manquée, contre l'ancien Premier ministre slovaque Robert Fico le 15 mai dernier pour des raisons similaires. 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En moins d'un mois l'Etat obtenait des pouvoirs étendus de contrainte et de limitation des libertés individuelles. Parallèlement la presse a sauté dans sa tranchée, tirant à boulets rouges sur tout ce qui pouvait être interprété comme une hésitation face à ces mesures. Le combat contre le virus était assimilé à une guerre. Ce mot a d'ailleurs été souvent répété par les chefs d'Etats et de gouvernements qui justifiaient ainsi la nécessité absolue de ne rien discuter et de se soumettre à leurs décisions unilatérales. La guerre, donc, cet instant suspendu dans lequel la société tout entière se ligue aveuglément autour de son chef. La guerre, qui donne licence d'annihiler avec la même violence, et le virus, et tous ceux qui ont l'audace de douter des tactiques utilisées pour le combattre.</p> <p>C'est dans ce contexte social et politique chauffé à blanc, mais aussi désorienté et anxieux, que Vladimir Poutine a fait franchir à ses chars la frontière ukrainienne. Le décor idéologique avait été posé. Les réactions à cette invasion ont ainsi permis de transférer ces lignes de fractures du domaine social à celui des affaires étrangères. Ceux qui hier osaient douter des politiques sanitaires étaient forcément les mêmes que ceux qui osaient contester la nécessité de soumettre la Russie à toutes les sortes de sanctions et d'anathèmes. L'historien américain Tim Snyder, dans un papier pour le <em>Washington Post</em> très largement repris, accusait le président Poutine d'être le nouvel Hitler.</p> <p>Mécaniquement, tous ceux qui soutenaient, ou faisaient seulement mine de comprendre Poutine, étaient donc des suppôts d'Hitler. Après des années de confusion idéologique, ce petit monde-là avait retrouvé avec soulagement sa bonne vieille réalité en noir et blanc d'avant la chute du Mur, ce conte rassurant et dénué de toutes nuances. Une guerre juste contre un monstre définitif, enfin, on en rêvait. <br />Et puis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 s'est engouffrée dans ce marigot social et idéologique. Avec toutefois des signes de nervosité désormais. L'union sacrée autour d'Israël, très marquée au début du mois d'octobre, s'est rapidement teintée d'un effroi palpable face aux massacres de civils commis par l'armée israélienne. En quelques semaines seulement, les victimes civiles étaient déjà plus nombreuses à Gaza qu'en Ukraine en une année et demi de conflit. Pourtant les gouvernements occidentaux, enivrés par l'apparente solidité morale de leur position sur la pandémie puis sur l'Ukraine, n'ont pas dévié d'un pouce. Soutenus par une presse aux ordres, ils continuent aujourd'hui à soutenir Israël en dépit des accusations de «génocide» qui pèsent sur Netanyahou et des bientôt 40'000 victimes civiles de la «réplique» israélienne. 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Autrement dit, même si Gaza est rasée, même si presque 40'000 civils ont été massacrés, le Hamas a déjà gagné sa guerre dans le sens où Israël ne peut pas gagner la sienne. Et comme dans le cas de l'Ukraine, les Occidentaux ne déclareront jamais forfait et se satisferont d'un statu quo dévastateur pour les Palestiniens. Ils se feront oublier en déclarant que la Chine doit être arrêtée à tout prix dans ses ambitions sur Taiwan, ou l'Iran sur la bombe atomique, ou toute autre cause urgente et absolue qui nécessitera encore plus de bombes et fera encore plus de morts inutiles.</p> <p>Ce sont des morts inutiles en effet, car ce désir de guerre permanent ne s'embarrasse d'aucun but déclaré, ni en Ukraine, ni à Gaza. Tout le monde sait ce que veulent les Russes et le Hamas, leurs buts sont clairs et compréhensibles. Mais personne ne sait précisément ce que désirent l'OTAN et Israël – à moins d'admettre l'inavouable: que la Russie soit définitivement coupée du reste de l'Europe dans le premier cas, ce qui n'a aucun rapport avec l'Ukraine, et que les Palestiniens soient tous chassés de Gaza autant que de Cisjordanie, c'est-à-dire un nettoyage ethnique pur et simple.</p> <p>Ces béances stratégiques servies par une violence insensée, ou nihiliste, caractérisent le mieux les libéraux occidentaux aujourd'hui. Comment pourrait-il en être autrement, lorsque toute la politique libérale depuis 1945 s'est construite, non pas en vue d'un projet de société – les communistes en avaient le monopole – mais dans une opposition de principe: contre les nazis, contre les communistes, contre les ennemis de la démocratie, puis après 1989 contre le terrorisme, contre le racisme, contre le patriarcat, contre le réchauffement climatique, contre les populistes, contre Trump, contre le Brexit, contre Poutine, la liste est infinie. Cette absence de projet politique a fini par laisser place à un vide idéologique angoissant. Alors la violence et la suspension du débat démocratique se sont naturellement imposées.</p> <p>Une balle à travers l'oreille gauche de Donald Trump a figé cette réalité, comme une photo sur la ligne d'arrivée. La déception palpable puis les théories délirantes des libéraux ont permis de comprendre que la violence avait définitivement changé de camp. 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Pavillon suisse. © Arsène Laufer
Dans l'écrasante chaleur d'un dimanche de juillet, je parcourais les pavillons dans ces jardins, offerts par Napoléon aux Vénitiens qu'il venait de conquérir, cherchant en vain un petit soupçon de fulgurance bonapartiste. En art contemporain l'exercice est délicat, et pour toujours subjectif. Dans un musée d'art classique, le temps et les institutions ont fait leur travail de sélecteur et de curateur. Rembrandt ou Goya ne cherchent pas à être aimés, ils sont là pour transmettre les goûts formés par nos devanciers et nous offrent l'occasion de les affiner. Dans une expo d'art contemporain, le curateur, c'est le spectateur, c'est-à-dire nous-mêmes. Les œuvres doivent s'y imposer et le spectateur doit accepter d'y revisiter ses certitudes. C'est précisément ce qui rend, pour moi, la visite d'un musée d'art contemporain souvent plus stimulante: on y risque quelque chose. Or à la Biennale de Venise, désormais, on ne risque plus rien, et plus rien ne s'impose. Et plus aucune tendance ne se dégage de ce magma de plus en plus informe, sinon celle-ci, aride: en art contemporain, il n'existe plus de tendances.
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Pavillon australien. © Arsène Laufer
Quand la Biennale semble enrayée dans un présent confus, interdit d'avenir et privé d'émotions, la ville qui lui fait écrin ne cesse d'émerveiller ses visiteurs avec ses trésors plusieurs fois centenaires. Et quand la Biennale se perd dans toutes les directions formelles imaginables, Venise fonde tout son pouvoir de séduction sur son extraordinaire unité de style. La Biennale, mais plus largement le monde de l'art contemporain, conformément à nos sociétés, est en panne généralisée d'imagination, d'enthousiasme et de projet. Pendant ce temps, Venise s'est fixé le passé pour tout avenir.
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© D.L.
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Car d'un côté la Russie continue de défendre la Serbie au Conseil de sécurité de l'ONU, et lui laisse ouvertes ses frontières pour ses exports agroalimentaires. Et de l'autre côté, Belgrade se fait courtiser par l'UE pour la convaincre de se tourner résolument vers l'Ouest.</p> <p>C'est dans ce contexte que le président Macron est arrivé à Belgrade le 29 août dernier, reçu en fanfare par son homologue Vučić. Tout était symbolique dans ce déplacement. A commencer par l'achat de douze Rafale, dont on est en droit de se demander à quoi ils pourront bien servir pour une armée de 37'000 actifs presque entièrement encerclée par les armées de l'OTAN. Le fait que la Croatie en a commandé également douze (d'occasion, certes) l'an dernier, et que la Grèce en soit aussi pourvue, a certainement joué. La Serbie s'aligne sur les équipements de l'OTAN, jette ses anciens MiG 29 soviétiques au rebut et promet, la main sur le cœur, d'emprunter le chemin glorieux qui mène à Bruxelles.</p> <p>Ces avions serviront surtout à faire trembler les immeubles du centre-ville lors de la parade militaire de la fête nationale. Mais c'est leur poids diplomatique qui compte, pas leur manœuvrabilité. Tout en persistant à ne pas s'aligner sur les sanctions anti-russes, Belgrade désavoue Moscou dans les faits, sans permettre toutefois à Poutine de crier à la traîtrise. Ce que le Kremlin serait par ailleurs tout à fait en droit de faire, puisque la Serbie fournit également l'Ukraine en munitions depuis 2022, à hauteur de centaines de millions d'euros déjà. Et qu'elle a suspendu un grand nombre d'investissements russes en Serbie – trains, banques, hydrocarbures – et accueilli des dizaines de milliers d'opposants au régime de Vladimir Poutine.</p> <p>La visite d'Emmanuel Macron, la deuxième à Belgrade, s'est déroulée dans une atmosphère de grande cordialité. La France est devenue un allié objectif pour la Serbie, ainsi qu'un investisseur de tout premier plan, actif sur des projets considérables de métro, d'aéroport et d'usines de traitement des eaux usées, ainsi que sur des centaines de petites et moyennes entreprises. L'achat des Rafale sert par conséquent d'appât autant que de garantie: à Belgrade, la France, et par extension l'UE, a un ami.</p> <p>Tout le monde est au courant, et tout le monde le dit: l'accession de la Serbie à l'Union n'est pas pour demain, ni même pour après-demain. Le président Vučić vient de déclarer qu'il ne considérait pas la chose possible avant 2030. 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L'Allemagne est le premier constructeur automobile européen et s'est engagé avec l'électrique sur la voie d'une transition technologique sans retour. Or Berlin doit importer la moitié de son lithium du Chili, et un autre quart de Chine. De plus le lithium nécessite une purification et une transformation hautement techniques et coûteuses. A une époque où peu de pays s'y intéressaient, la Chine a développé une industrie de transformation très compétitive, tandis que l'Europe a peu à peu abandonné les siennes dans un contexte où les industries minières sont généralement très mal vues par les populations. Seule une petite usine de ce type existe aujourd'hui en Estonie. La guerre en Ukraine et la soudaine rupture du pipeline Nordstream 2, dynamité par Washington, a tout changé pour l'Allemagne. Sa dépendance et aux matières premières, et aux moyens de les transformer, n'est plus tolérable. 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Quand tous nos voisins se sont constitués malgré de formidables contraintes externes ou internes, la Suisse moderne s'est construite grâce à ses voisins, sans verser de sang ou presque. Napoléon s'est fendu pour nous d'une première constitution. Son Acte de Médiation de 1803 garantissait au jeune Etat, que «la nature a fait fédératif», une place à part, protégée et garantie, entre les plus querelleuses des nations du continent. Dans cette situation à la fois dangereuse et privilégiée, sise sur un tas de rochers arides et infranchissables et collectant les revenus du péage le plus profitable d'Europe, la Suisse a longtemps grandi dans l'ombre bienfaisante de ses voisins. Elle a su profiter de leur passage, de leur industrie et de leurs exilés intellectuels ou monétaires. Restant toujours à l'écart des boucheries qui dressaient les princes les uns contre les autres, gardant en mémoire le souvenir cuisant d'avoir déclenché les guerres de religion qui avaient failli la faire disparaître, la Suisse est ainsi parvenue en 1945 sans essuyer de pertes et plus prospère que jamais. Et sans jamais s'en vanter, laissant ce sport douteux à tous ceux qui, autour d'elle, rêvaient constamment de revanche.</p> <p>La politique ingénieuse et cynique menée durant la Seconde guerre mondiale avait offert à la Suisse la plus extraordinaire campagne de communication que l'on pût imaginer, dont le slogan aurait pu se lire ainsi: «Quand le continent tout entier se jette dans la gueule de l'enfer, les Suisses restent poliment devant la porte». Cette manifestation du respect de l'esprit, et non de la lettre, de la neutralité armée avait permis au pays d'attirer vers lui les capitaux du monde entier. Rien ne pouvait être plus sûr, plus stable et plus discret que la Suisse. 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Ainsi on n'a pas tout à fait le sentiment d'être arrivé dans un palace, mais dans une pension de famille. Certes l'architecture, la hauteur des plafonds, les moulures et le mobilier rappellent Gatsby le Magnifique. Mais la patine, les gros fauteuils des années 40, les petits bouquets de fleurs de champs et les antiques fenêtres doubles respirent la maison de campagne d'un vieil oncle excentrique et élégant. En arrivant dans la chambre, dont le mobilier des années 70 est en parfait état d'entretien et de confort, un petit mot vous attend, rédigé à la main et signé du propriétaire, qui vous souhaite un excellent séjour.</p> <p>Le parking du Waldhaus est également distinct des parkings de ses confrères étoilés. On n'y voit aucune Rolls ou Ferrari mais des voitures bourgeoises, grises et blanches, de celles que l'on achète à crédit. Ainsi les clients ne sont-ils pas des magnats du pétrole, des héritiers du Golfe ou des stars de la télé. 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Une guerre juste contre un monstre définitif, enfin, on en rêvait. <br />Et puis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 s'est engouffrée dans ce marigot social et idéologique. Avec toutefois des signes de nervosité désormais. L'union sacrée autour d'Israël, très marquée au début du mois d'octobre, s'est rapidement teintée d'un effroi palpable face aux massacres de civils commis par l'armée israélienne. En quelques semaines seulement, les victimes civiles étaient déjà plus nombreuses à Gaza qu'en Ukraine en une année et demi de conflit. Pourtant les gouvernements occidentaux, enivrés par l'apparente solidité morale de leur position sur la pandémie puis sur l'Ukraine, n'ont pas dévié d'un pouce. Soutenus par une presse aux ordres, ils continuent aujourd'hui à soutenir Israël en dépit des accusations de «génocide» qui pèsent sur Netanyahou et des bientôt 40'000 victimes civiles de la «réplique» israélienne. 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Mais personne ne sait précisément ce que désirent l'OTAN et Israël – à moins d'admettre l'inavouable: que la Russie soit définitivement coupée du reste de l'Europe dans le premier cas, ce qui n'a aucun rapport avec l'Ukraine, et que les Palestiniens soient tous chassés de Gaza autant que de Cisjordanie, c'est-à-dire un nettoyage ethnique pur et simple.</p> <p>Ces béances stratégiques servies par une violence insensée, ou nihiliste, caractérisent le mieux les libéraux occidentaux aujourd'hui. Comment pourrait-il en être autrement, lorsque toute la politique libérale depuis 1945 s'est construite, non pas en vue d'un projet de société – les communistes en avaient le monopole – mais dans une opposition de principe: contre les nazis, contre les communistes, contre les ennemis de la démocratie, puis après 1989 contre le terrorisme, contre le racisme, contre le patriarcat, contre le réchauffement climatique, contre les populistes, contre Trump, contre le Brexit, contre Poutine, la liste est infinie. Cette absence de projet politique a fini par laisser place à un vide idéologique angoissant. Alors la violence et la suspension du débat démocratique se sont naturellement imposées.</p> <p>Une balle à travers l'oreille gauche de Donald Trump a figé cette réalité, comme une photo sur la ligne d'arrivée. La déception palpable puis les théories délirantes des libéraux ont permis de comprendre que la violence avait définitivement changé de camp. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@Giro 09.08.2024 | 00h57
«Y-a-t'il un pavillon vide où il n'y aurait rien? Je ne suis pas surpris par ce triste et angoissant constat, l'art contemporain exprime ce nihilisme si bien décrit par Emmanuel Todd dans La défaite de l'occident. »
@freinet 09.08.2024 | 09h15
«
Je ne serais pas si tranché. Oui la Biennale et de nombreuses institutions reflètent ce manque de projets sociétaux et un consensus superficiel et pontifiant structure l'expression artistique. Mais celle-ci est le résultat d’une sélection officielle, comme fut celle des salons du 19e siècle. Il y a encore des artistes "visionnaires" aujourd'hui qui, loin des regards consensuels, créent et expriment des formes esthétiques novatrices tout en étant enracinées dans une "tradition". Comme à chaque époque. À chacun de découvrir ces exceptions. Merci pour l'article !
»
@willoft 09.08.2024 | 16h06
«L'art n'est que le reflet de son époque et celle-ci est axée sur le profit.
L'exemple en est les frères Saatchi, les précurseurs à avoir fait de l'art une marchandise, comme un produit boursier.
Le résultat n'est plus l'art en tant qu'oeuvre mais en tant que placement financier.
Mais, l'art a par essence une capacité régénérative et intemporelle et évolue en dehors des modes. Voyez Van Gogh et les grands courants du XXième.
Des artistes actuels seront les phares demain. N'en doutons pas.»
@Chan clear 09.08.2024 | 17h52
«Il y a aussi bcp de snobisme et peu de gens osent dire qu’ils n’aiment pas même s’il n’y a rien à comprendre retenir admirer….l’âme a besoin de belles choses pour se nourrir…on y arrivera certainement prochainement.Courage:))»