Culture / L'économie est trop importante pour la laisser aux économistes
Des voix se sont élevées pour dire que les manifestations dans les universités de ces dernières semaines étaient déplacées, car dans nos hautes-écoles on ne devrait pas prendre position. Or cette idée est à la fois utopique et stérile. D’une part, les recherches universitaires sont forcément le fruit d’un positionnement, serait-ce celui d’une certaine neutralité. D’autre part, il est tout à fait souhaitable que les scientifiques portent un regard engagé sur le monde afin d’éclairer le débat politique, comme le fait par exemple l’exposition Cargo Cults Unlimited proposée actuellement par le Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN).
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Les critiques feraient bien de s’intéresser aussi à des disciplines universitaires classiques, mais qui ne sont pourtant pas à la hauteur des attentes que nous pourrions tous avoir, comme par exemple les sciences économiques. Celles-ci se sont, notamment, montrées incapables de nous préserver des crises récurrentes, et délaissent des pans entiers de l’économie réelle. L’exposition présentée ces jours au MEN montre bien ces carences.</p> <h3>L’économie mondialisée comme système de croyances</h3> <p>Partant d’études de terrain, les ethnologues du MEN mènent depuis le début du XXème siècle une réflexion qui n’oppose pas une ethnologie «exotique» et une ethnologie du «proche». Elle permet de penser la diversité et la complexité des sociétés contemporaines. L’exposition actuelle propose un regard sur l’économie mondialisée bâti sur les collections du Musée, ainsi que sur des travaux de recherche originaux. </p> <p>Des objets témoignent du fait que l’histoire des relations économiques est accompagnée d’abus, de contraintes et de spoliations. La plaque dite du «guerrier portugais», forgée au XVIème siècle au Bénin (actuel Nigéria) témoigne du commerce triangulaire, de l’exploitation des ressources et de l’esclavage. C’est ce trafic qui a permis au neuchâtelois David de Pury et à sa ville natale de s’enrichir. Un paquet de cigarettes Kent, qui servait de monnaie parallèle en Roumanie dans les années 1980, fait réfléchir à la nature des taux de conversion et à comment «les rapports de pouvoir géopolitiques donnent des avantages économiques à certains Etats et mettent les autres dans une situation de subordination».</p> <p>Le chercheur français Anthony Galluzzo, dans son livre <em>Le mythe de l’entrepreneur – Défaire l’imaginaire de la Silicon Valley</em> (Ed. La Découverte, 2023), avait déconstruit la narration qui représente les différents Elon Musk (Tesla), Jeff Bezos (Amazon), Bill Gates (Microsoft), Steve Jobs (Apple), ou précédemment Thomas Edison et Andrew Carnegie comme des héros. Le mythe voudrait que, partis de rien, ils aient réussi à changer le monde en franchissant de nombreux obstacles grâce à leur vision et persévérance. A contrario, dans une veine complotiste, ces mêmes entrepreneurs sont accusés par exemple d’avoir le pouvoir de déclencher des pandémies, et d’exercer un contrôle sans limite sur l’humanité. Ce seraient les descendants de créatures venues de l’espace pour envahir la Terre. D’ailleurs, pour les adeptes de telles croyances, comme le mythe des reptiliens, il faut comprendre le programme de Musk de coloniser la planète Mars comme traduisant sa volonté de … rentrer à la maison! On peut minimiser le rôle du mythe de l’entrepreneur, et rire des excès paranoïaques autour des supposés reptiliens, mais il ne sont pas sans rappeler l’imputation d’un pouvoir satanique aux Juifs à travers les siècles, et en tout cas ils doivent nous interroger. Le mythe sert-il à séduire les investisseurs et à rassurer les marchés? Les complotistes résistent-ils de manière irrationnelle à ce mythe? Représenter ces entrepreneurs comme des divinités douées d’une énorme capacité génératrice permet plutôt de simplifier le fonctionnement de la vie économique et de renforcer une hypothétique méritocratie.</p> <p>S’inscrivant dans le sillon de telles considérations, le MEN propose de considérer les sciences économiques comme des religions séculaires, avec leurs rituels, et rites propitiateurs. En tant que système de croyances l’économie a besoin de héros, ayant un statut pratiquement surnaturel. Cette approche est indiquée dans le titre de l’exposition: les <i>cargo cult</i> sont des rituels propitiateurs nés en Mélanésie qui, partant de l’attribution à une faveur divine de l’abondance des biens apportés par les cargos des colonisateurs, cherchaient les faveurs des divinités en imitant certaines attitudes des occidentaux. C’est l’attribution due à l’ignorance des mécanismes de production des biens qui est visée avec le titre.</p> <h3>Des travaux originaux</h3> <p>Un travail de thèse mené au MEN dédié à la commune belge de Verviers porte à méditer sur les promesses non-tenues du capitalisme industriel. L’industrie textile fleurissait à Verviers entre le début du XIXème et le milieu du XXème siècle. Elle a depuis presque complètement disparu à cause des délocalisations liées au coût du travail. Une autre thèse s’intéresse au commerce d’ordinateurs de seconde main à Lagos, au Nigéria. Elle permet par exemple de comprendre comment à partir de réseaux commerciaux datant des années 1950 s’est créé le plus important marché d’ordinateurs d’Afrique. Ce marché n’avait pas été jugé viable par les grands groupes informatiques mondiaux. 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Présentée de manière claire, elle est un bel exemple de divulgation scientifique. De plus, elle ne manque pas d’humour lorsqu’elle met en regard les «grands faiseurs de pluie» de populations «primitives» avec les adeptes néolibéraux du concept de «ruissellement», ou lorsqu’elle met en scène les débats entre les tenants de différentes théories économiques par le biais d’un marché aux poissons. 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De même, pour l’unité romande RTS on passerait de 410 millions à 208. Les ménages paieraient 40% en moins, mais pour la SSR il s’agirait de diviser les entrées par deux. (C’est pourquoi en allemand l’initiative a été appelée «<em>Halbierungsinitiative</em>».) Ainsi, si l’initiative était acceptée, la SSR devrait (très rapidement) se redimensionner, ce qui est évidemment le vrai objectif du comité d’initiative. Pour étayer cette affirmation, il suffit de se souvenir que les membres de ce comité avaient soutenu l’initiative No-Billag, qui voulait carrément supprimer la redevance. (Le peuple l’a refusée avec une majorité de 71,6% de voix contraires). Le comité n’a pas explicité comment la SSR devrait être redimensionnée, laissant entendre que la discussion en vue de la votation sur l’initiative allait permettre de débattre du fond de l’affaire, à savoir quel est le futur souhaité pour le service public média.</p> <p>Avant de voir comment le comité entend affronter cette question, arrêtons-nous sur d’autres aspects de l’initiative, et quelques chiffres. L’initiative prévoit que le montant de 200 francs pour la redevance soit inscrit dans la Constitution, et que ce soit au législateur de définir ce qu’est un «service [de la SSR] indispensable à la collectivité». Ces points pourraient sembler anodins, mais il subvertissent l’actuelle répartition des compétences entre le Conseil fédéral (CF) et l’Assemblée nationale. Actuellement, le pilotage matériel de la SSR est assuré par le CF à l’aide de deux instruments reliés entre eux, qui sont justement la fixation du montant de la redevance et la définition de la concession. C’est la concession qui précise le service que la SSR doit fournir. Cette organisation a fait ses preuves, et comme le note le Tribunal administratif fédéral dans un arrêt de novembre 2023: «le législateur s’est délibérément abstenu de préciser le montant de la redevance au niveau législatif, aux fins d’empêcher le Parlement d’influencer indirectement la programmation, le cas échéant en réduisant les fonds, ce qui mettrait en péril l’indépendance de la radio et de la télévision garantie par l’art. 93 al. 3 de la Constitution».</p> <p>On pourrait donc penser que le comité d’initiative essaie de contourner un principe constitutionnel. Si cela ne suffisait pas, l’initiative prévoit aussi que la redevance ne serve qu’à financer des offres linéaires, donc radio et télévision. Or, comme le note le CF «l’utilisation des médias se déplace de plus en plus des programmes de radio et de télévision linéaires vers les médias en ligne et les médias sociaux», et on peut même dire avec la Commission fédérale des médias (COFEM) que «pour le service public média, la transformation en fournisseur multimédia de services journalistiques est inéluctable». Ainsi, limiter le financement par la redevance aux seules offres linéaires revient à empêcher la SSR de suivre un développement nécessaire, et donc la condamner à ne pas pouvoir faire face aux défis de notre temps.</p> <p>Rappelons maintenant quelques chiffres. On pourrait penser que la SSR est un géant bénéficiant d’un financement démesuré. Elle est effectivement la plus grande entreprise média suisse avec 7'200 collaborateurs, pour 5'700 postes à temps plein, ce qui correspond à peu près à la somme des employés de Ringier (2'300), TX-Group (anc. Tamedia, 3'700), et NZZ-Mediengruppe (850) réunis. Pourtant en comparaison européenne elle n’est pas la mieux financée: les diffuseurs publics allemands disposent de presque 10 fois plus de moyens financiers que la SSR, ceux du Royaume-Uni 6,5 fois plus, les Français 4 fois plus, et les Italiens 3 fois plus. En outre, en 2014, la redevance a déjà été baissée de 412 francs aux actuels 335.</p> <p>Dans ces conditions on voit mal comment l’initiative pourrait amener à un débat serein sur le fond. A ces considérations on peut ajouter qu’un des membres du comité d’initiative vient de déposer une motion au Conseil national par laquelle il demande la suppression de la COFEM. Ses motivations sont spécieuses: il lui reproche d’être influencée idéologiquement, loin des réalités économiques, et de la pratique. Or, la composition de la Commission contredit la dernière affirmation, et le fait que le CF prenne régulièrement en compte les avis de la COFEM montre que ses analyses ne portent pas de biais idéologique majeur. Il se trouve que la COFEM a récemment publié des pistes de réflexion sur «Le service public média à l’ère numérique» parmi lesquelles elle prône que «le service public média doit renoncer totalement aux recettes publicitaires au profit d'un financement public stable, fiable et suffisant». Ceci est clairement à l’opposé de ce que défend le comité d’initiative, et me paraît être une raison plus crédible du mécontentement du parlementaire qui aimerait voir disparaître la Commission. Malheureusement cette motion de censure semble indiquer comment le comité entend mener le débat sur le fond.</p> <h3>Le contre-projet du Conseil fédéral</h3> <p>Il est donc bienvenu que le CF ait formulé un contre-projet à l’initiative, au niveau de l’ordonnance. Ceci signifie que le CF fait une proposition dans le cadre de ses compétences. Il propose en effet de diminuer la redevance pour les ménages à 300 francs de manière progressive d’ici à 2029, et de préciser le mandat de prestations de la SSR dans la nouvelle concession (l’actuelle étant prorogée jusqu’en 2028). Les entreprises ne seront pas exonérées, et 80% d’entre elles devront payer une redevance. La SSR verrait ainsi sa part de la redevance réduite de 120 millions, ce qui est une diminution considérable, mais non létale.</p> <p>Arrêtons-nous un instant sur la redevance pour les entreprises, vu que leurs représentants politiques clament haut et fort qu'il est injuste qu’elles paient cet impôt progressif calculé en fonction du chiffre d’affaires, et qui peut se monter à plusieurs milliers de francs. Il y a d’ailleurs régulièrement des entreprises qui contestent ce paiement, dû depuis 2019. Ces contestations ont amené à des modifications de détail de la loi, mais le Tribunal administratif fédéral vient de rappeler qu’il s’agit d’un impôt justifié par un «critère d’assujettissement territorial», car «les personnes morales profitent également d’un système de radiodiffusion fonctionnel et indépendant», même si elles «ne possèdent pas d’appareil de réception et ne consomment pas de programmes de radio ou de télévision».</p> <p>Vu comment le CF a opéré par le passé, on peut espérer que – si le contre-projet est accepté – le nouveau mandat de prestations tienne compte des pistes esquissées par la COFEM. Celles-ci consistent à «ancrer le service public média en tant qu'infrastructure moderne, neutre en termes de technologie et de formats, accessible à l'ensemble de la population, dans toutes les régions du pays, de manière équivalente et sans obstacles». Ici, la neutralité technologique signifie qu’on ne favorise aucun moyen de communication plutôt qu’un autre. De plus, il faudrait «définir clairement les prestations du service public média au niveau du contenu et les différencier des offres commerciales», et, comme nous l’avons vu, la COFEM plaide pour un changement de système de financement, en renonçant totalement aux recettes publicitaires. De fait, «la publicité serait encore autorisée dans l'offre de télévision linéaire, mais les recettes seraient collectivisées au profit d'une aide générale aux médias». </p> <h3>Conclusion</h3> <p>La SSR est sous pression, et vu le climat créé par les initiatives successives on tend à ne pas lui pardonner les quelques erreurs qu’elle commet. Les erreurs graves peuvent être corrigées par les contrôles internes ou externes. Récemment le Tribunal fédéral a par exemple confirmé que l’émission <em>Mise au point</em> diffusée fin 2021 par la RTS, avant la votation sur la loi Covid, n’a pas respecté la pluralité des opinions. Pouvoir disposer d’un service public média de qualité est un enjeu capital pour la démocratie, notamment pour faire face à la désinformation croissante.</p> <p>Le fait que des parlementaires souhaitent augmenter leur contrôle sur le service public n’est pas de bonne augure, surtout que le Conseil des Etats vient de formuler un postulat qui pourrait entraver le travail des journalistes d’investigation en Suisse. En chargeant le CF d’examiner «s’il convient de rendre punissable la publication de données récoltées illégalement» il met en péril les lanceurs d’alerte, et rend juridiquement instable le travail des journalistes qui nécessitent des données non libérées par leurs propriétaires, même si ceux-ci enfreignent la loi.</p> <p>Pour terminer notons que si l’initiative «200 francs ça suffit!» vise à favoriser l’offre privée aux dépens de l’offre publique, il faut souligner (avec le CF) que seul un petit nombre de prestations actuelles de la SSR pourraient être reprises par des fournisseurs suisses privés. De plus les médias privés (presse) ne vont pas bien, et sont (aussi) obligés de procéder à des mesures d'économies et à des licenciements. 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(C’est pourquoi en allemand l’initiative a été appelée «Halbierungsinitiative».) Ainsi, si l’initiative était acceptée, la SSR devrait (très rapidement) se redimensionner, ce qui est évidemment le vrai objectif du comité d’initiative. Pour étayer cette affirmation, il suffit de se souvenir que les membres de ce comité avaient soutenu l’initiative No-Billag, qui voulait carrément supprimer la redevance. (Le peuple l’a refusée avec une majorité de 71,6% de voix contraires.) 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D’un côté nous craignons les changements annoncés, de l’autre nous sommes frustrés de ne pas bien comprendre ce qui se passe. Ce dilemme ne devrait pourtant pas nous bloquer. Comme celui devant lequel était placé l’âne de Buridan – hésitant entre un seau d’eau et un seau d’avoine posés à égale distance de lui – le dilemme a une solution simple: aller de l’avant.', 'subtitle_edition' => 'Face à ce qui est présenté comme l’inarrêtable avancée de l’intelligence artificielle (IA), l’attitude est souvent une sorte de panique. D’un côté nous craignons les changements annoncés, de l’autre nous sommes frustrés de ne pas bien comprendre ce qui se passe. Ce dilemme ne devrait pourtant pas nous bloquer. Comme celui devant lequel était placé l’âne de Buridan – hésitant entre un seau d’eau et un seau d’avoine posés à égale distance de lui – le dilemme a une solution simple: aller de l’avant.', 'content' => '<p>Je propose que pour se faire une idée de ce que l’on appelle IA nous regardions deux exemples. Le premier est une conversation avec ChatGPT. Mon ami André mène des recherches en argumentation et échange régulièrement avec ce modèle de langage. Il a partagé la transcription d’une de ses conversations, qui permet d’en mesurer les limites.</p> <p><strong>André</strong>: <strong>Peux-tu répondre à une devinette?</strong></p> <p><strong>ChatGPT</strong>: <em>Bien sûr, je serai heureux d’essayer! Quelle est la devinette?</em></p> <p><strong>Il y a un homme et une femme sur la rive d’une rivière. Ils ont avec eux une radio à transistors et un pétard. L’homme a une barque mais ne peut amener avec lui qu’une seule autre personne. 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Ainsi, suivant le principe popularisé par Amazon, qui s’énonce «si vous avez aimé ceci, vous aimerez cela», Google propose des résultats pour nos recherches, qui sont taillés sur mesure pour nous. C’est de cette manière, ou sur Facebook par les <i>likes</i>, que se créent les bulles informationnelles qui nous séparent les uns des autres, et que nos comportements sont dirigés de manière subtile (ce qu’on appelle <i>nudging</i>).</p> <p>Les récentes annonces de Google et Apple, dévoilant leur stratégie concernant l’IA, confirment ce qui précède. Les deux géants ont souligné dans leurs présentations respectives l’importance pour eux d’avoir un accès privilégié aux données. Google va exploiter l’énorme quantité d’informations à sa disposition en temps réel sur personnes, lieux, et choses. Apple va exploiter les données personnelles, qui lui sont accessibles via les 2,2 milliards de dispositifs de ses clients. 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La coordination n’est pas centralisée. La communauté est fondée sur l’engagement volontaire d’un très grand nombre de personnes, qui prennent chacune à charge un segment de l’ensemble. Le travail que ces personnes accomplissent requiert beaucoup de compétences et de dévouement. C’est un travail qui dure souvent des années, et qui est quelque peu ingrat. Malgré cela, cette organisation a produit une infrastructure très robuste. Une des clés de cette robustesse est le fait qu’en règle générale les codes y sont intégrés seulement si on peut vérifier leur qualité de manière indépendante.</p> <p><strong>Qu’entendez-vous par vérification indépendante?</strong></p> <p>Si j’ai la charge d’un segment, je dois d’une part publier un code source, relativement lisible par des humains, et d’autre part fournir le code binaire qui en est issu par compilation, et qui consiste en une suite de symboles essentiellement illisible pour un humain. C’est ce code binaire qui est intégré dans les logiciels. 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Collin a donc été victime de ce qui est appelé l'ingénierie sociale dans le milieu de la sécurité de l’information, à savoir une manipulation psychologique à des fins d’escroquerie.</p> <p><strong>Faudrait-il donc changer l’organisation du développement des logiciels libres, ou carrément essayer de s’en passer?</strong></p> <p>Il fut un temps où les logiciels libres, ou plus généralement le monde de l’open-source ont pu paraître exotiques par leur nouveauté. Ce temps est largement révolu. On n’a pas idée de l’étendue de l’emploi de l’open-source, ou même juste de Linux. Ceci est peut-être dû au fait que seulement très peu d’ordinateurs de bureau les utilisent. Mais comme je l’ai indiqué Linux est omniprésent sur l’internet et en particulier il sert à gérer 90% du cloud. Il suffit de se dire que Amazon, dans son business multimilliardaire, utilise des bases de données basées sur l’open source, pour comprendre la fiabilité qui lui est attribuée. Cette observation permet aussi de tordre le cou à une idée répandue, à savoir qu’il serait difficile de trouver les ressources pour payer les personnes engagées dans le développement de l’open source, ce qui est souvent pointé comme étant une des causes de leur vulnérabilité. Si les grandes entreprises – de Amazon à Apple, en passant par les constructeurs de téléphones utilisant Android – reversaient seulement une petite partie de leurs gains rendus possibles par l’exploitation de ressources open-source, ce problème serait vite résolu. Le fait est que le salariat n’est pas dans la culture du milieu open-source. En résumé, le système est incontournable, il est difficile à modifier, et bien qu’il ait des failles il est très robuste et fiable. Cela dit, il faut souligner l’importance du maintien de contacts directs entre les développeurs, notamment lors de congrès. 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J’ai moi-même été au centre d’une affaire créée par l’insistance d’une personne qui, en croyant utile de modifier un logiciel que j’avais développé, a causé beaucoup de problèmes [<i>ndlr: BPLT a rendu compte de cette affaire dans <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/log4j-une-apocalypse-internet-dont-tout-le-monde-se-fiche" target="_blank" rel="noopener">un article de Sarah Dohr, daté du 21 janvier 2022</a></i>]. En l’occurrence, l’ingénieur qui a alerté l’équipe responsable du projet, a eu des ennuis avec les autorités chinoises qui exigent que toute vulnérabilité leur soit d’abord communiquée, et seulement divulguée après autorisation de leur part. Heureusement que Freund a tout de suite eu le plein support de l’autorité allemande en charge de la cyber-sécurité. Pour terminer sur cette question de l’implication des Etats, je me souviens avoir vu le créateur de Linux, Linus Torvald, qui à la question de savoir si les Etats-Unis avaient installé des portes dérobées dans Linux avait répondu par un «non» très clair, tout en hochant de la tête en signe d’assentiment … </p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'ils-ont-failli-avoir-acces-a-90-des-ordinateurs-du-monde', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 54, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 12725, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4966, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La mauvaise herbe mafieuse en Suisse', 'subtitle' => 'Les récentes déclarations de la cheffe de la police fédérale (Fed Pol) ont pointé vers la nécessité de prendre plus au sérieux l’activité des organisations mafieuses sur notre territoire. 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Elles entrent en concurrence avec les autres espèces, et elles favorisent la diffusion des maladies, sans pour autant menacer la vie du biotope, dont elles ont besoin pour proliférer. Surtout, il faut un travail constant pour en venir à bout: il ne suffit pas d’intervenir une fois avec de gros moyens. Si vous laissez un petit bout de racine, la mauvaise herbe repoussera. Aussi, les mauvaises herbes en disent long sur la terre de votre jardin.</p> <p><b>Autant pour l’image. Qu’en est-il en réalité de la présence mafieuse en Suisse?</b></p> <p>Elle est tout à fait non négligeable. Comme l’a indiqué la directrice de la Fed Pol, Nicoletta Della Valle, le décryptage des systèmes de communication Encrochat et SkyEcc utilisés par les organisations mafieuses a mis à jour l’étendue de leurs trafics, et leur sentiment d’impunité. 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Il est clair qu’un tel trafic nécessite des facilitateurs travaillant dans une zone grise, ne serait-ce que pour l’obtention de permis de séjour, l’achat d’activités de couverture, ou pour le blanchiment. Il faut garder à l’esprit que ce type de trafic brasse des dizaines de millions de francs. Il est arrivé que les quantités d’argent à blanchir soient tellement grandes qu’en 2021, au Tessin, un chef de groupe a carrément dû relever un bureau de change pour couvrir ses opérations.</p> <p><b>Est-ce que la coopération des facilitateurs suffit à expliquer le succès de ces organisations?</b></p> <p>Je dirais que la criminalité organisée procède à une colonisation silencieuse. Elle pratique ce que le sociologue Nando della Chiesa a appelé le mimétisme social. En règle générale, les mafieux ne sont pas des fous furieux, bien au contraire ils font tout pour s’intégrer et pour ne pas se faire remarquer. Ainsi FFM était arrivé en Suisse à la fin des années 1970 et travaillait comme ouvrier municipal. Il participait aux activités de sa commune en grillant des saucisses le jour de la fête du village. En parallèle il avait accumulé un vrai arsenal chez lui. De son côté GP, chef d’une «locale» qui comptait au moins 49 affiliés à la ‘ndrangheta, travaillait comme frontalier aux Officine des CFF à Bellinzone, et était engagé en tant que volontaire dans les activités de la Croix Rouge. AI lui travaillait comme chef de cuisine et serveur dans un pub géré par son homme de main EF, qui a ensuite laissé la gestion à sa fille pour effectuer des transports de malades, ce qui lui permettait d’aller régulièrement chercher de l’argent à Berne. Cela dit, la colonisation avance aussi parce que les mafieux ont un profil de plus en plus entrepreneurial, afin d’utiliser l’argent gagné de manière illégale. 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Cela dit l’effusion de sang n’est pas bonne pour les affaires des mafieux, qui même au sein de leurs organisations ont plutôt recours à d’autres méthodes de coercition basées sur des rites d’initiation, le maintien d’un contexte protégé par le secret, et l’obédience à des figure tutélaires paternalistes ayant des attributs presque divins. De plus la technologie permet désormais d’opérer encore plus discrètement. Ainsi, les affaires peuvent être traitées à distance, et les livraisons de drogue peuvent par exemple être organisées par petites étapes, sans que les livreurs ne connaissent à l’avance leur itinéraire complet. </p> <p><b>Avons-nous les moyens pour éradiquer la mauvaise herbe?</b></p> <p>Le Ministère public de la Confédération (MPC) et la Police fédérale (Fed Pol) savent comment il faut procéder. De plus ils collaborent avantageusement avec leurs homologues étrangers, ce qui est nécessaire au vu des ramifications internationales des activités mafieuses. Les résultats obtenus ne sont pas négligeables, mais on est en droit de s’attendre à plus. C’est par exemple un vrai gâchis que les données saisies avec le décryptage des systèmes que j’ai déjà mentionnés ne puissent pas être complètement analysées en temps utile. Pour cela il faudrait plus de moyens. Comme l’a indiqué à plusieurs reprises Della Valle il manque environ 200 enquêteurs, et il faudrait renforcer toute la chaîne pénale, y compris au niveau du MPC. Ce n’est pourtant pas qu’une question de moyens. Il a été dit que le fédéralisme est un frein à l’efficacité des interventions des forces de l’ordre. Je ne le crois pas. Nous avons de très bons instruments qui permettent la collaboration entre la Confédération et les Cantons, ainsi qu’entre les Cantons eux-mêmes, il faudrait qu’ils soient mieux utilisés. La même chose pourrait être dite au niveau international, au sujet de la création d’équipes d’investigations conjointes. De plus, il faudrait une approche d’enquête plus courageuse et assumée, qui ne délègue par exemple pas autant d’enquêtes aux autorités italiennes. Il faut dire qu’il est parfois difficile de faire reconnaître certains crimes comme relevant de l’article 260 ter du Code pénal portant sur les organisations criminelles et terroristes. Cela avait été mis en évidence en son temps par le procureur général de la Confédération Michel Lauber, et la situation ne s’est pas beaucoup améliorée après la révision de cet article, entrée en vigueur le 1<sup>er</sup> juillet 2021. Sur un autre plan, je regrette qu’avec la dernière révision de la Loi sur le blanchiment d’argent, entrée en vigueur le 1er janvier 2023, les obligations de diligence n’aient pas été étendues à la catégorie des consultants, dont les avocats. 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Les mafieux n’aiment pas qu’on parle d’eux. 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Wokisme et compagnie
Un parlementaire libéral a dit récemment ne plus répugner à parler de l’assaut de l’islamo-gauchisme sur les universités suisses. D’autres dénoncent l’avancée du wokisme, compris comme une sorte de pureté morale refusant les idées contraires. Il y a certes des pressions qui sont exercées par ci et par là sur les enseignants et les chercheurs dans certaines universités pour qu’ils se rangent «du bon côté». Cela menace la liberté académique, mais il ne faut pas forcer le trait. Quoi qu’il en soit, le wokisme est au mieux une attitude, au pire une idéologie, mais en tout cas pas une discipline universitaire. Les critiques feraient bien de s’intéresser aussi à des disciplines universitaires classiques, mais qui ne sont pourtant pas à la hauteur des attentes que nous pourrions tous avoir, comme par exemple les sciences économiques. Celles-ci se sont, notamment, montrées incapables de nous préserver des crises récurrentes, et délaissent des pans entiers de l’économie réelle. L’exposition présentée ces jours au MEN montre bien ces carences.
L’économie mondialisée comme système de croyances
Partant d’études de terrain, les ethnologues du MEN mènent depuis le début du XXème siècle une réflexion qui n’oppose pas une ethnologie «exotique» et une ethnologie du «proche». Elle permet de penser la diversité et la complexité des sociétés contemporaines. L’exposition actuelle propose un regard sur l’économie mondialisée bâti sur les collections du Musée, ainsi que sur des travaux de recherche originaux.
Des objets témoignent du fait que l’histoire des relations économiques est accompagnée d’abus, de contraintes et de spoliations. La plaque dite du «guerrier portugais», forgée au XVIème siècle au Bénin (actuel Nigéria) témoigne du commerce triangulaire, de l’exploitation des ressources et de l’esclavage. C’est ce trafic qui a permis au neuchâtelois David de Pury et à sa ville natale de s’enrichir. Un paquet de cigarettes Kent, qui servait de monnaie parallèle en Roumanie dans les années 1980, fait réfléchir à la nature des taux de conversion et à comment «les rapports de pouvoir géopolitiques donnent des avantages économiques à certains Etats et mettent les autres dans une situation de subordination».
Le chercheur français Anthony Galluzzo, dans son livre Le mythe de l’entrepreneur – Défaire l’imaginaire de la Silicon Valley (Ed. La Découverte, 2023), avait déconstruit la narration qui représente les différents Elon Musk (Tesla), Jeff Bezos (Amazon), Bill Gates (Microsoft), Steve Jobs (Apple), ou précédemment Thomas Edison et Andrew Carnegie comme des héros. Le mythe voudrait que, partis de rien, ils aient réussi à changer le monde en franchissant de nombreux obstacles grâce à leur vision et persévérance. A contrario, dans une veine complotiste, ces mêmes entrepreneurs sont accusés par exemple d’avoir le pouvoir de déclencher des pandémies, et d’exercer un contrôle sans limite sur l’humanité. Ce seraient les descendants de créatures venues de l’espace pour envahir la Terre. D’ailleurs, pour les adeptes de telles croyances, comme le mythe des reptiliens, il faut comprendre le programme de Musk de coloniser la planète Mars comme traduisant sa volonté de … rentrer à la maison! On peut minimiser le rôle du mythe de l’entrepreneur, et rire des excès paranoïaques autour des supposés reptiliens, mais il ne sont pas sans rappeler l’imputation d’un pouvoir satanique aux Juifs à travers les siècles, et en tout cas ils doivent nous interroger. Le mythe sert-il à séduire les investisseurs et à rassurer les marchés? Les complotistes résistent-ils de manière irrationnelle à ce mythe? Représenter ces entrepreneurs comme des divinités douées d’une énorme capacité génératrice permet plutôt de simplifier le fonctionnement de la vie économique et de renforcer une hypothétique méritocratie.
S’inscrivant dans le sillon de telles considérations, le MEN propose de considérer les sciences économiques comme des religions séculaires, avec leurs rituels, et rites propitiateurs. En tant que système de croyances l’économie a besoin de héros, ayant un statut pratiquement surnaturel. Cette approche est indiquée dans le titre de l’exposition: les cargo cult sont des rituels propitiateurs nés en Mélanésie qui, partant de l’attribution à une faveur divine de l’abondance des biens apportés par les cargos des colonisateurs, cherchaient les faveurs des divinités en imitant certaines attitudes des occidentaux. C’est l’attribution due à l’ignorance des mécanismes de production des biens qui est visée avec le titre.
Des travaux originaux
Un travail de thèse mené au MEN dédié à la commune belge de Verviers porte à méditer sur les promesses non-tenues du capitalisme industriel. L’industrie textile fleurissait à Verviers entre le début du XIXème et le milieu du XXème siècle. Elle a depuis presque complètement disparu à cause des délocalisations liées au coût du travail. Une autre thèse s’intéresse au commerce d’ordinateurs de seconde main à Lagos, au Nigéria. Elle permet par exemple de comprendre comment à partir de réseaux commerciaux datant des années 1950 s’est créé le plus important marché d’ordinateurs d’Afrique. Ce marché n’avait pas été jugé viable par les grands groupes informatiques mondiaux. Il a été bâti sur les arrivages de «carcasses» d’ordinateurs décrétés hors d’usage en Occident, et sur les surplus des chaînes de production chinoises officielles qui fournissent les grands groupes.
D’autres nombreux thèmes sont abordés par l’exposition: l’éducation à l’épargne, le travail fantôme, les nouvelles formes de management des ressources humaines, le rôle de l’Etat dans les crises économiques, etc.
Trop critique?
Les théories économiques, et surtout leurs raccourcis utilisés dans la narration courante du fonctionnement des marchés sont mis à mal par l’exposition. Est-elle trop critique? Suit-elle la pente de quelques travaux du premier conservateur du Musée expulsé par le Conseil fédéral après sa publication en 1915 d’articles sur les échanges commerciaux de la Suisse avec l'Allemagne et les Alliés? Je ne le pense pas. Au contraire, l’exposition est une contribution bienvenue à la nécessaire réflexion sur la marche du monde. Présentée de manière claire, elle est un bel exemple de divulgation scientifique. De plus, elle ne manque pas d’humour lorsqu’elle met en regard les «grands faiseurs de pluie» de populations «primitives» avec les adeptes néolibéraux du concept de «ruissellement», ou lorsqu’elle met en scène les débats entre les tenants de différentes théories économiques par le biais d’un marché aux poissons. En tout cas on sort de ce parcours convaincu que «l’économie et ses enjeux sociaux ou politiques sont trop importants pour être laissés à une poignée d’économistes».
«Cargo Cults Unlimited», au Musée d'ethnographie de Neuchâtel, jusqu'au 31 décembre 2024.
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De même, pour l’unité romande RTS on passerait de 410 millions à 208. Les ménages paieraient 40% en moins, mais pour la SSR il s’agirait de diviser les entrées par deux. (C’est pourquoi en allemand l’initiative a été appelée «<em>Halbierungsinitiative</em>».) Ainsi, si l’initiative était acceptée, la SSR devrait (très rapidement) se redimensionner, ce qui est évidemment le vrai objectif du comité d’initiative. Pour étayer cette affirmation, il suffit de se souvenir que les membres de ce comité avaient soutenu l’initiative No-Billag, qui voulait carrément supprimer la redevance. (Le peuple l’a refusée avec une majorité de 71,6% de voix contraires). Le comité n’a pas explicité comment la SSR devrait être redimensionnée, laissant entendre que la discussion en vue de la votation sur l’initiative allait permettre de débattre du fond de l’affaire, à savoir quel est le futur souhaité pour le service public média.</p> <p>Avant de voir comment le comité entend affronter cette question, arrêtons-nous sur d’autres aspects de l’initiative, et quelques chiffres. L’initiative prévoit que le montant de 200 francs pour la redevance soit inscrit dans la Constitution, et que ce soit au législateur de définir ce qu’est un «service [de la SSR] indispensable à la collectivité». Ces points pourraient sembler anodins, mais il subvertissent l’actuelle répartition des compétences entre le Conseil fédéral (CF) et l’Assemblée nationale. Actuellement, le pilotage matériel de la SSR est assuré par le CF à l’aide de deux instruments reliés entre eux, qui sont justement la fixation du montant de la redevance et la définition de la concession. C’est la concession qui précise le service que la SSR doit fournir. Cette organisation a fait ses preuves, et comme le note le Tribunal administratif fédéral dans un arrêt de novembre 2023: «le législateur s’est délibérément abstenu de préciser le montant de la redevance au niveau législatif, aux fins d’empêcher le Parlement d’influencer indirectement la programmation, le cas échéant en réduisant les fonds, ce qui mettrait en péril l’indépendance de la radio et de la télévision garantie par l’art. 93 al. 3 de la Constitution».</p> <p>On pourrait donc penser que le comité d’initiative essaie de contourner un principe constitutionnel. Si cela ne suffisait pas, l’initiative prévoit aussi que la redevance ne serve qu’à financer des offres linéaires, donc radio et télévision. Or, comme le note le CF «l’utilisation des médias se déplace de plus en plus des programmes de radio et de télévision linéaires vers les médias en ligne et les médias sociaux», et on peut même dire avec la Commission fédérale des médias (COFEM) que «pour le service public média, la transformation en fournisseur multimédia de services journalistiques est inéluctable». Ainsi, limiter le financement par la redevance aux seules offres linéaires revient à empêcher la SSR de suivre un développement nécessaire, et donc la condamner à ne pas pouvoir faire face aux défis de notre temps.</p> <p>Rappelons maintenant quelques chiffres. On pourrait penser que la SSR est un géant bénéficiant d’un financement démesuré. Elle est effectivement la plus grande entreprise média suisse avec 7'200 collaborateurs, pour 5'700 postes à temps plein, ce qui correspond à peu près à la somme des employés de Ringier (2'300), TX-Group (anc. Tamedia, 3'700), et NZZ-Mediengruppe (850) réunis. Pourtant en comparaison européenne elle n’est pas la mieux financée: les diffuseurs publics allemands disposent de presque 10 fois plus de moyens financiers que la SSR, ceux du Royaume-Uni 6,5 fois plus, les Français 4 fois plus, et les Italiens 3 fois plus. En outre, en 2014, la redevance a déjà été baissée de 412 francs aux actuels 335.</p> <p>Dans ces conditions on voit mal comment l’initiative pourrait amener à un débat serein sur le fond. A ces considérations on peut ajouter qu’un des membres du comité d’initiative vient de déposer une motion au Conseil national par laquelle il demande la suppression de la COFEM. Ses motivations sont spécieuses: il lui reproche d’être influencée idéologiquement, loin des réalités économiques, et de la pratique. Or, la composition de la Commission contredit la dernière affirmation, et le fait que le CF prenne régulièrement en compte les avis de la COFEM montre que ses analyses ne portent pas de biais idéologique majeur. Il se trouve que la COFEM a récemment publié des pistes de réflexion sur «Le service public média à l’ère numérique» parmi lesquelles elle prône que «le service public média doit renoncer totalement aux recettes publicitaires au profit d'un financement public stable, fiable et suffisant». Ceci est clairement à l’opposé de ce que défend le comité d’initiative, et me paraît être une raison plus crédible du mécontentement du parlementaire qui aimerait voir disparaître la Commission. Malheureusement cette motion de censure semble indiquer comment le comité entend mener le débat sur le fond.</p> <h3>Le contre-projet du Conseil fédéral</h3> <p>Il est donc bienvenu que le CF ait formulé un contre-projet à l’initiative, au niveau de l’ordonnance. Ceci signifie que le CF fait une proposition dans le cadre de ses compétences. Il propose en effet de diminuer la redevance pour les ménages à 300 francs de manière progressive d’ici à 2029, et de préciser le mandat de prestations de la SSR dans la nouvelle concession (l’actuelle étant prorogée jusqu’en 2028). Les entreprises ne seront pas exonérées, et 80% d’entre elles devront payer une redevance. La SSR verrait ainsi sa part de la redevance réduite de 120 millions, ce qui est une diminution considérable, mais non létale.</p> <p>Arrêtons-nous un instant sur la redevance pour les entreprises, vu que leurs représentants politiques clament haut et fort qu'il est injuste qu’elles paient cet impôt progressif calculé en fonction du chiffre d’affaires, et qui peut se monter à plusieurs milliers de francs. Il y a d’ailleurs régulièrement des entreprises qui contestent ce paiement, dû depuis 2019. Ces contestations ont amené à des modifications de détail de la loi, mais le Tribunal administratif fédéral vient de rappeler qu’il s’agit d’un impôt justifié par un «critère d’assujettissement territorial», car «les personnes morales profitent également d’un système de radiodiffusion fonctionnel et indépendant», même si elles «ne possèdent pas d’appareil de réception et ne consomment pas de programmes de radio ou de télévision».</p> <p>Vu comment le CF a opéré par le passé, on peut espérer que – si le contre-projet est accepté – le nouveau mandat de prestations tienne compte des pistes esquissées par la COFEM. Celles-ci consistent à «ancrer le service public média en tant qu'infrastructure moderne, neutre en termes de technologie et de formats, accessible à l'ensemble de la population, dans toutes les régions du pays, de manière équivalente et sans obstacles». Ici, la neutralité technologique signifie qu’on ne favorise aucun moyen de communication plutôt qu’un autre. De plus, il faudrait «définir clairement les prestations du service public média au niveau du contenu et les différencier des offres commerciales», et, comme nous l’avons vu, la COFEM plaide pour un changement de système de financement, en renonçant totalement aux recettes publicitaires. De fait, «la publicité serait encore autorisée dans l'offre de télévision linéaire, mais les recettes seraient collectivisées au profit d'une aide générale aux médias». </p> <h3>Conclusion</h3> <p>La SSR est sous pression, et vu le climat créé par les initiatives successives on tend à ne pas lui pardonner les quelques erreurs qu’elle commet. Les erreurs graves peuvent être corrigées par les contrôles internes ou externes. Récemment le Tribunal fédéral a par exemple confirmé que l’émission <em>Mise au point</em> diffusée fin 2021 par la RTS, avant la votation sur la loi Covid, n’a pas respecté la pluralité des opinions. Pouvoir disposer d’un service public média de qualité est un enjeu capital pour la démocratie, notamment pour faire face à la désinformation croissante.</p> <p>Le fait que des parlementaires souhaitent augmenter leur contrôle sur le service public n’est pas de bonne augure, surtout que le Conseil des Etats vient de formuler un postulat qui pourrait entraver le travail des journalistes d’investigation en Suisse. 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Comme celui devant lequel était placé l’âne de Buridan – hésitant entre un seau d’eau et un seau d’avoine posés à égale distance de lui – le dilemme a une solution simple: aller de l’avant.', 'content' => '<p>Je propose que pour se faire une idée de ce que l’on appelle IA nous regardions deux exemples. Le premier est une conversation avec ChatGPT. Mon ami André mène des recherches en argumentation et échange régulièrement avec ce modèle de langage. Il a partagé la transcription d’une de ses conversations, qui permet d’en mesurer les limites.</p> <p><strong>André</strong>: <strong>Peux-tu répondre à une devinette?</strong></p> <p><strong>ChatGPT</strong>: <em>Bien sûr, je serai heureux d’essayer! Quelle est la devinette?</em></p> <p><strong>Il y a un homme et une femme sur la rive d’une rivière. Ils ont avec eux une radio à transistors et un pétard. L’homme a une barque mais ne peut amener avec lui qu’une seule autre personne. 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Ainsi, suivant le principe popularisé par Amazon, qui s’énonce «si vous avez aimé ceci, vous aimerez cela», Google propose des résultats pour nos recherches, qui sont taillés sur mesure pour nous. C’est de cette manière, ou sur Facebook par les <i>likes</i>, que se créent les bulles informationnelles qui nous séparent les uns des autres, et que nos comportements sont dirigés de manière subtile (ce qu’on appelle <i>nudging</i>).</p> <p>Les récentes annonces de Google et Apple, dévoilant leur stratégie concernant l’IA, confirment ce qui précède. Les deux géants ont souligné dans leurs présentations respectives l’importance pour eux d’avoir un accès privilégié aux données. Google va exploiter l’énorme quantité d’informations à sa disposition en temps réel sur personnes, lieux, et choses. Apple va exploiter les données personnelles, qui lui sont accessibles via les 2,2 milliards de dispositifs de ses clients. 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La plupart des comptes-rendus de cette histoire indiquaient que de telles vulnérabilités sont dues d’une part aux défaillances du monde du développement open-source, et de l’autre à la malveillance de certains Etats. Une telle installation aurait permis l’accès secret à la plupart des dispositifs reliés à internet. Quant au rôle joué par les Etats, il n’est pas vraiment mystérieux. Les explications de Ceki Gülcü, développeur informatique.', 'subtitle_edition' => 'En avril dernier a été découverte la tentative d’installation d’une «porte dérobée» dans un programme informatique largement utilisé. Une telle installation aurait permis l’accès secret à la plupart des dispositifs reliés à internet. Quant au rôle joué par les Etats, il n’est pas vraiment mystérieux. 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Il s’est avéré que l’anomalie découverte était due à la tentative d’installer une «porte dérobée», qui aurait permis de faire entrer en secret des commandes exécutables sur n’importe quel ordinateur utilisant ssh.</p> <p><strong>Cela aurait concerné combien d’ordinateurs dans le monde?</strong></p> <p>Ceux qui ont essayé d’installer la porte dérobée ont failli avoir accès à 90% des ordinateurs du monde, et ils ont échoué de peu!</p> <p><strong>Comment cela aurait-il été possible?</strong></p> <p>De nos jours, dès qu’une machine est connectée à internet, elle est accessible via le protocole ssh. Il n’y a plus la nécessité d’avoir une connexion physique directe, comme un câble, pour relier le lieu d’où part une commande – par exemple un clavier, et le lieu où cette commande est exécutée – par exemple un écran. De plus, l’autorisation d’accès aux machines n’est pas demandée aux utilisateurs finaux. Ce sont en quelque sorte les machines qui se font confiance entre elles, en tout cas elles ne mettent pas en doute la validité du protocole ssh. Ainsi, si on arrivait à modifier le programme informatique qui régit ce protocole de manière à rendre invisible le passage de commandes malveillantes, alors on pourrait faire faire n’importe quoi à n'importe quelle machine accessible via le protocole.</p> <p><strong>Qu’avons-nous comme garanties qu’une telle modification ne soit pas possible?</strong></p> <p>Tout d’abord, ce n’est pas du tout simple de concocter une telle modification. Ensuite, même si on avait idée de comment procéder, il faudrait arriver à le faire sans éveiller de soupçons. Les codes dont il s’agit sont sous la surveillance permanente d’un ensemble assez large de développeurs experts, qui travaillent de manière coordonnée à la maintenance et à l’amélioration des éléments qui forment la très complexe infrastructure informatique à la base d’internet, par exemple. La coordination n’est pas centralisée. La communauté est fondée sur l’engagement volontaire d’un très grand nombre de personnes, qui prennent chacune à charge un segment de l’ensemble. Le travail que ces personnes accomplissent requiert beaucoup de compétences et de dévouement. C’est un travail qui dure souvent des années, et qui est quelque peu ingrat. Malgré cela, cette organisation a produit une infrastructure très robuste. Une des clés de cette robustesse est le fait qu’en règle générale les codes y sont intégrés seulement si on peut vérifier leur qualité de manière indépendante.</p> <p><strong>Qu’entendez-vous par vérification indépendante?</strong></p> <p>Si j’ai la charge d’un segment, je dois d’une part publier un code source, relativement lisible par des humains, et d’autre part fournir le code binaire qui en est issu par compilation, et qui consiste en une suite de symboles essentiellement illisible pour un humain. C’est ce code binaire qui est intégré dans les logiciels. 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Les attaquants auraient caché le code malveillant dans des fichiers compressés, ce qui permet de déjouer la vigilance de personnes qui lisent le code source.</p> <p><strong>Est-ce donc lors d’une de ces vérifications de routine que l’on s’est aperçu de l’attaque?</strong></p> <p>Non, les attaquants auraient commis une erreur qu’ils auraient pu – je crois – assez facilement éviter. Les millions et millions de machines connectées à internet utilisent différentes versions du système d’exploitation UNIX ou du système dérivé Linux. Apparemment, c’est en observant que la nouvelle version du code source de XZ Utils ne compilait pas correctement dans certaines versions que l’attaque a été découverte.</p> <p><strong>Vous nous avez expliqué que chaque segment de l’infrastructure d'internet est développé sous la responsabilité de quelqu’un de dévoué. 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Cette observation permet aussi de tordre le cou à une idée répandue, à savoir qu’il serait difficile de trouver les ressources pour payer les personnes engagées dans le développement de l’open source, ce qui est souvent pointé comme étant une des causes de leur vulnérabilité. Si les grandes entreprises – de Amazon à Apple, en passant par les constructeurs de téléphones utilisant Android – reversaient seulement une petite partie de leurs gains rendus possibles par l’exploitation de ressources open-source, ce problème serait vite résolu. Le fait est que le salariat n’est pas dans la culture du milieu open-source. En résumé, le système est incontournable, il est difficile à modifier, et bien qu’il ait des failles il est très robuste et fiable. Cela dit, il faut souligner l’importance du maintien de contacts directs entre les développeurs, notamment lors de congrès. 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Elles entrent en concurrence avec les autres espèces, et elles favorisent la diffusion des maladies, sans pour autant menacer la vie du biotope, dont elles ont besoin pour proliférer. Surtout, il faut un travail constant pour en venir à bout: il ne suffit pas d’intervenir une fois avec de gros moyens. Si vous laissez un petit bout de racine, la mauvaise herbe repoussera. Aussi, les mauvaises herbes en disent long sur la terre de votre jardin.</p> <p><b>Autant pour l’image. Qu’en est-il en réalité de la présence mafieuse en Suisse?</b></p> <p>Elle est tout à fait non négligeable. Comme l’a indiqué la directrice de la Fed Pol, Nicoletta Della Valle, le décryptage des systèmes de communication Encrochat et SkyEcc utilisés par les organisations mafieuses a mis à jour l’étendue de leurs trafics, et leur sentiment d’impunité. 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Il est clair qu’un tel trafic nécessite des facilitateurs travaillant dans une zone grise, ne serait-ce que pour l’obtention de permis de séjour, l’achat d’activités de couverture, ou pour le blanchiment. Il faut garder à l’esprit que ce type de trafic brasse des dizaines de millions de francs. Il est arrivé que les quantités d’argent à blanchir soient tellement grandes qu’en 2021, au Tessin, un chef de groupe a carrément dû relever un bureau de change pour couvrir ses opérations.</p> <p><b>Est-ce que la coopération des facilitateurs suffit à expliquer le succès de ces organisations?</b></p> <p>Je dirais que la criminalité organisée procède à une colonisation silencieuse. Elle pratique ce que le sociologue Nando della Chiesa a appelé le mimétisme social. En règle générale, les mafieux ne sont pas des fous furieux, bien au contraire ils font tout pour s’intégrer et pour ne pas se faire remarquer. 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Les résultats obtenus ne sont pas négligeables, mais on est en droit de s’attendre à plus. C’est par exemple un vrai gâchis que les données saisies avec le décryptage des systèmes que j’ai déjà mentionnés ne puissent pas être complètement analysées en temps utile. Pour cela il faudrait plus de moyens. Comme l’a indiqué à plusieurs reprises Della Valle il manque environ 200 enquêteurs, et il faudrait renforcer toute la chaîne pénale, y compris au niveau du MPC. Ce n’est pourtant pas qu’une question de moyens. Il a été dit que le fédéralisme est un frein à l’efficacité des interventions des forces de l’ordre. Je ne le crois pas. Nous avons de très bons instruments qui permettent la collaboration entre la Confédération et les Cantons, ainsi qu’entre les Cantons eux-mêmes, il faudrait qu’ils soient mieux utilisés. La même chose pourrait être dite au niveau international, au sujet de la création d’équipes d’investigations conjointes. De plus, il faudrait une approche d’enquête plus courageuse et assumée, qui ne délègue par exemple pas autant d’enquêtes aux autorités italiennes. Il faut dire qu’il est parfois difficile de faire reconnaître certains crimes comme relevant de l’article 260 ter du Code pénal portant sur les organisations criminelles et terroristes. Cela avait été mis en évidence en son temps par le procureur général de la Confédération Michel Lauber, et la situation ne s’est pas beaucoup améliorée après la révision de cet article, entrée en vigueur le 1<sup>er</sup> juillet 2021. Sur un autre plan, je regrette qu’avec la dernière révision de la Loi sur le blanchiment d’argent, entrée en vigueur le 1er janvier 2023, les obligations de diligence n’aient pas été étendues à la catégorie des consultants, dont les avocats. 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