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Culture / Face aux Pharisiens


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«Récit véridique de ma vie», Uriel da Costa, Editions Louise Bottu, 58 pages.



Depuis 2013, en plus d’ouvrages contemporains, les éditions Louise Bottu publient dans leur collection Inactuels/Intempestifs, des textes anciens qui défient le temps. A cet égard, le Récit véridique de ma vie par Uriel da Costa, philosophe du XVIIème siècle, (accompagné d’une préface sobre et éclairante de Frédéric Schiffter) est un morceau de choix dans leur catalogue.

Uriel da Costa est né en 1585, au Portugal, dans une famille de marranes aisés. Le jeune homme qui se nomme alors encore Gabriel, très sensible à la piété et à l’honneur, connait rapidement des doutes au sujet des dogmes de la religion catholique. Ce qui le conduit à se tourner vers le judaïsme de ses ancêtres, la religion de la Loi. Las, il estime qu’en prenant cette décision, il s’est laissé trompé «comme un enfant». La pratique du judaïsme étant interdite et traquée dans son pays, da Costa émigre avec toute sa famille à Amsterdam et se convertit officiellement à son arrivée afin d’intégrer la communauté juive de la ville.

Pour lui dont la liberté et le courage d’user de sa raison selon la loi naturelle «commune et innée à tous les hommes simplement parce qu’ils sont hommes» sont vitaux, les rabbins d’Amsterdam vont se révéler sans pitié. Exclu (y compris par sa propre famille), vivant dans un grand dénuement, Gabriel, devenu Uriel, décide d’écrire un livre pour prouver «en quoi les institutions et les traditions entrent en contradiction avec l’enseignement de Moïse». Immédiatement le voici censuré, frappé du sceau de l’hérésie et de l’apostasie. Dès lors, sa vie ne cesse d’être rythmée par les menaces, les délations et les humiliations, jusqu’à l’excommunication et l’épreuve du tribunal rabbinique s’il veut pouvoir réintégrer la communauté. Lors d’une cérémonie aussi hypocrite que terrifiante, Uriel se voit condamné à la prononciation d’une confession dont il n’est pas l’auteur, puis à être dénudé pour être fouetté et, enfin, foulé aux pieds par les fidèles réunis.

Récit véridique de ma vie est non seulement le récit douloureux d’une confrontation personnelle avec les fabricants de chimères, mais c’est en outre un testament-manifeste qui affirme sans relâche la fidélité de son auteur à la loi naturelle contre la loi des religieux de tous poils. «Il faut que je parle librement», écrit-il pour s’encourager à ne pas céder à la peur. Car le philosophe, dans son immense isolement, se sait condamné à mort. Uriel da Costa se tue en 1640, après avoir achevé son autobiographie. 

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