Média indocile – nouvelle formule
Olivia Resenterra
Olivia Resenterra
Olivia Resenterra est auteur d'essais et de romans, traductrice de l'espagnol et de l'anglais. Elle a également contribué à des revues et journaux. Son prochain roman paraîtra aux Editions du Rocher en janvier 2023. Elle vit aujourd'hui à Londres.
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Culture / Face aux Pharisiens
«Récit véridique de ma vie», Uriel da Costa, Editions Louise Bottu, 58 pages.
Olivia Resenterra
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Visites aux médecins, errances dans les hôpitaux, rencontres avec d’autres patients – ceux-ci sont souvent émouvants, dans leur déni comme dans leur résignation… Nous suivons l’écrivain exilé dans son parcours vers une possible guérison. Mais bientôt la description de ce que la maladie fait au corps se creuse d’un autre mal. C’est par la langue que notre homme avait cru pouvoir extirper la guerre de son corps? Délicieuse ironie: c’est par la maladie de ce même organe ulcéré que la guerre se rappelle à lui. Le narrateur l’admet, il s’est illusionné: «Nous n’avons pas le droit d’exiger de la littérature qu’elle nous aide à oublier. Elle est toujours, qu’on le veuille ou pas, essentiellement la mémoire. Et un combat qui n’en finit pas».</p> <p>Ce combat, il va le livrer une nouvelle fois, en affrontant les fantômes qu’il tenait enfouis au fond de cette boîte de Pandore refermée à la fin de l’année 1992, au moment de sa désertion. Mais pour ce faire, il doit renouer avec l’alcool, cet éternel allié de la violence décomplexée et de la survie dont il a tenté de se tenir éloigné durant toutes ces années. L’alcool, qui, bien souvent, divertit les soldats du suicide… à moins qu’il n’en soit une autre forme.</p> <p>Quand la guerre éclate au printemps 1992 dans l’ex-fédération de Yougoslavie, le jeune homme est admirateur de littérature américaine (Hemingway, bien entendu est au sommet de son Olympe des lettres) et animateur pour la radio locale. En voyant les premiers cadavres apparaître sur les écrans de télévision, il est d’abord sidéré. «Enfin, c’est stupide. Cette peur de la guerre. Je ne peux pas accepter que les Serbes sachent quelque chose que nous autres ne sachions pas», tente-t-il de se convaincre. Après la télévision, c’est la rivière Bosna qui se met elle aussi à charrier des morts. Viennent ensuite les premiers obus, et le corps de l’apprenti écrivain comprend enfin, avant même que sa conscience ne l’accepte, ce qui se passe: «douleur, diarrhée, solitude, peur». Autrement dit: la guerre a violemment pris possession de lui. Et ne va plus le lâcher.</p> <p>L’alcool – encore lui! – aidant, le jeune homme décide de s’enrôler. Entre la peur qui ne le quitte plus, ses entrailles qui le trahissent à la moindre alerte, son accoutrement ridicule, le rire ou la méfiance qu’il inspire aux autres soldats et l’absence d’organisation d’une armée bosniaque plus proche d’une version sanglante et psychotique des pieds nickelés que d’une troupe d’élite, comment le narrateur pourrait-il prendre le soldat qu’il est devenu au sérieux? <i>Tragi-comique</i> … L'adjectif revient souvent sous la plume de Velibor Čolić. Tout comme le nom de Chveik, ce soldat dépenaillé et parfaitement inutile inventé par l’écrivain tchèque Jaroslav Hašek. Cette figure grotesque, antipatriotique et anti-héroïque des tranchées, évoluant dans un monde en fureur, est le seul vrai compagnon d’armes que le narrateur se reconnait. C’est l’une des grandes réussites de ce roman, de pouvoir se tenir entre les deux gouffres du dérisoire et de l’insoutenable, dans la lignée des grandes œuvres satiriques qui ont osé ridiculiser la guerre. Au plus fort de la terreur et de scènes atroces, Čolić et son narrateur sont, en effet, capables de nous gratifier de formules ou observations aussi désespérées que drôles.</p> <p>Mais qu’on ne s’y trompe pas: ce regard, cet art d’équilibriste, sont une question de vie ou de mort. La guerre n’est pas une expérience qui laisse un quelconque répit au soldat. Elle est constamment là: autour de lui, en lui, à chaque instant. «La guerre est un énorme estomac qui avale tout», écrit Čolić. Ainsi, l’apprenti écrivain se retrouve-t-il dans la peau d’un Jonas englouti par la baleine qui se mettrait pour survivre à écrire son histoire sur les parois du ventre monstrueux. Son histoire est faite de détails atroces et d’insignifiances vertigineuses qui disent les corps des soldats pas encore blessés, pas encore morts, les maisons éventrées, le sort des animaux domestiques égarés, suppliciés, la nourriture infâme, les vêtements récupérés sur les morts, la crasse, l’ennui, le besoin de toucher un corps de femme, la solitude, toujours – immense, à rendre fou.</p> <p>Mais ce livre est aussi une entreprise généalogique, au sens où l’on découvre comment, pour devenir écrivain, le narrateur devient plus qu’un mauvais soldat: un véritable traitre. Il est celui qui, lorsqu’il ne joue pas le rôle de bouffon, se tient constamment en retrait du groupe, autant par son besoin d’observation que de solitude. De traitre, il devient déserteur – un non patriote, puis un exilé – un apatride… Dans tous les cas, et où qu’il soit, il est inadmissible, un objet de rejet et de méfiance. Car l’écrivain-déserteur ne sert aucune cause, il veut simplement sauver sa propre peau, son propre regard. Et c’est souvent celui du vaincu: «Tandis que les vainqueurs écrivent l’Histoire, les vaincus écrivent la littérature», considère le narrateur – et sans nul doute Čolić avec lui.</p> <p>Cependant, sa lucidité amusée et fataliste ne l’abandonne jamais. Ainsi, au sujet de ses notes regroupées dans ses carnets du front, il avance: «Je suis convaincu qu’un jour les gens les trouveront et qu’il les considèreront non pas comme un document historique, mais comme de la littérature.» Puis, quelques lignes plus loin: «Ces espoirs sont d’une folie touchante. Il n’y a rien de plus futile que de s’attendre à ce que les autres vous comprennent. 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Et d’histoires de garçons morts.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713428283_41wing1bbcl._ac_uf10001000_ql80_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="202" height="295" /></p> <h4>«Guerre et Pluie», Velibor Čolić, Editions Gallimard, 288 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'portrait-de-l-ecrivain-en-deserteur', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 144, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 13394, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' }
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Visites aux médecins, errances dans les hôpitaux, rencontres avec d’autres patients – ceux-ci sont souvent émouvants, dans leur déni comme dans leur résignation… Nous suivons l’écrivain exilé dans son parcours vers une possible guérison. Mais bientôt la description de ce que la maladie fait au corps se creuse d’un autre mal. C’est par la langue que notre homme avait cru pouvoir extirper la guerre de son corps? Délicieuse ironie: c’est par la maladie de ce même organe ulcéré que la guerre se rappelle à lui. Le narrateur l’admet, il s’est illusionné: «Nous n’avons pas le droit d’exiger de la littérature qu’elle nous aide à oublier. Elle est toujours, qu’on le veuille ou pas, essentiellement la mémoire. Et un combat qui n’en finit pas».</p> <p>Ce combat, il va le livrer une nouvelle fois, en affrontant les fantômes qu’il tenait enfouis au fond de cette boîte de Pandore refermée à la fin de l’année 1992, au moment de sa désertion. Mais pour ce faire, il doit renouer avec l’alcool, cet éternel allié de la violence décomplexée et de la survie dont il a tenté de se tenir éloigné durant toutes ces années. L’alcool, qui, bien souvent, divertit les soldats du suicide… à moins qu’il n’en soit une autre forme.</p> <p>Quand la guerre éclate au printemps 1992 dans l’ex-fédération de Yougoslavie, le jeune homme est admirateur de littérature américaine (Hemingway, bien entendu est au sommet de son Olympe des lettres) et animateur pour la radio locale. En voyant les premiers cadavres apparaître sur les écrans de télévision, il est d’abord sidéré. «Enfin, c’est stupide. Cette peur de la guerre. Je ne peux pas accepter que les Serbes sachent quelque chose que nous autres ne sachions pas», tente-t-il de se convaincre. Après la télévision, c’est la rivière Bosna qui se met elle aussi à charrier des morts. 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Cette figure grotesque, antipatriotique et anti-héroïque des tranchées, évoluant dans un monde en fureur, est le seul vrai compagnon d’armes que le narrateur se reconnait. C’est l’une des grandes réussites de ce roman, de pouvoir se tenir entre les deux gouffres du dérisoire et de l’insoutenable, dans la lignée des grandes œuvres satiriques qui ont osé ridiculiser la guerre. Au plus fort de la terreur et de scènes atroces, Čolić et son narrateur sont, en effet, capables de nous gratifier de formules ou observations aussi désespérées que drôles.</p> <p>Mais qu’on ne s’y trompe pas: ce regard, cet art d’équilibriste, sont une question de vie ou de mort. La guerre n’est pas une expérience qui laisse un quelconque répit au soldat. Elle est constamment là: autour de lui, en lui, à chaque instant. «La guerre est un énorme estomac qui avale tout», écrit Čolić. Ainsi, l’apprenti écrivain se retrouve-t-il dans la peau d’un Jonas englouti par la baleine qui se mettrait pour survivre à écrire son histoire sur les parois du ventre monstrueux. Son histoire est faite de détails atroces et d’insignifiances vertigineuses qui disent les corps des soldats pas encore blessés, pas encore morts, les maisons éventrées, le sort des animaux domestiques égarés, suppliciés, la nourriture infâme, les vêtements récupérés sur les morts, la crasse, l’ennui, le besoin de toucher un corps de femme, la solitude, toujours – immense, à rendre fou.</p> <p>Mais ce livre est aussi une entreprise généalogique, au sens où l’on découvre comment, pour devenir écrivain, le narrateur devient plus qu’un mauvais soldat: un véritable traitre. Il est celui qui, lorsqu’il ne joue pas le rôle de bouffon, se tient constamment en retrait du groupe, autant par son besoin d’observation que de solitude. De traitre, il devient déserteur – un non patriote, puis un exilé – un apatride… Dans tous les cas, et où qu’il soit, il est inadmissible, un objet de rejet et de méfiance. Car l’écrivain-déserteur ne sert aucune cause, il veut simplement sauver sa propre peau, son propre regard. Et c’est souvent celui du vaincu: «Tandis que les vainqueurs écrivent l’Histoire, les vaincus écrivent la littérature», considère le narrateur – et sans nul doute Čolić avec lui.</p> <p>Cependant, sa lucidité amusée et fataliste ne l’abandonne jamais. Ainsi, au sujet de ses notes regroupées dans ses carnets du front, il avance: «Je suis convaincu qu’un jour les gens les trouveront et qu’il les considèreront non pas comme un document historique, mais comme de la littérature.» Puis, quelques lignes plus loin: «Ces espoirs sont d’une folie touchante. Il n’y a rien de plus futile que de s’attendre à ce que les autres vous comprennent. 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Culture / Portrait de l’écrivain en déserteur
Le nouveau roman de Velibor Čolić, «Guerre et Pluie», fait partie de ces livres qui s’attaquent à la guerre par le détail. Lecteur, tu n'y trouveras ni grands discours humanistes, ni prêches sur le sacrifice de soi au service d’une grande cause, mais la description précise et impitoyable de ce que la guerre, cette aberration, fait aux corps et aux âmes – et comment elle décide incidemment de la naissance d’un écrivain.
Olivia Resenterra
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J'ai grandi dans et avec la musique, car élevée par une mère chanteuse… Et mes peintures d'adolescence étaient très marquées par l'influence de Klee, Rothko, Malevitch, ce rythme, justement. La vibration, les variations, le temps déplié/replié… Et il y a le fait de travailler en musique, la danse face au mur… Une de mes dernières expositions à Bruxelles s'intitulait «Hardcore Psalmoï», manière de dire comme il y a aussi une dimension disons sacrée ou mystique dans l'élan de ces musiques, qui aident à faire le <i>saut de peindre,</i> en tous cas pour moi. Je partage ma vie avec Christophe Guiraud, qui écrit de la musique contemporaine mais qui vient de la <i>noise</i> extrême, et du punk. Alors, évidemment, on retrouve des partitions spectrales dans mes peintures, où j'imite son écriture… Une amoureuse des glyphes comme moi ne peut qu'être exaltée par ce travail de scribe! 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Quelle affinité ressentez-vous vis-à-vis d’elle, qui a tant insisté et plaidé en faveur de l’exagération, de l’outrance?</strong></p> <p>Ce qui m'a éblouie, avec l'œuvre de Flannery, c'est cette compossibilité de la cruauté, l'ultra-violence, et de ce qu'on peut appeler la grâce, une humanité absolue. Outrance, oui... Elle sature aussi pas mal, c'est vrai… Mais il faut cette exagération, je crois, si l'on veut se rapprocher vaguement du réel, qui reste d'une intensité, d'une puissance inégalable. On pourrait y voir une sorte de <i>nihilisme chrétien,</i> avec cette ambivalence violence/grâce, mais c'est plus riche que cela. Et puis j'adore son ironie, son absence de moraline...</p> <p><strong>Est-ce que ces propos d’O’Connor au sujet de la littérature pourraient correspondre à votre peinture: «l'histoire doit parler pour elle-même: j’entends par là qu’il faut se contenter de la présenter et la laisser vivre ensuite. Il s’agit de laisser son contenu s’exprimer lui-même»?</strong></p> <p>Ah ça,<b><i> </i></b><i>l'histoire qui parle pour elle-même</i>, la laisser vivre, ça me parle sacrément, oui! Je suis embêtée lorsqu'on me demande <i>pourquoi</i> je peins tel ou tel truc, ou ce que <i>ça veut dire… </i>Il n'y a pas d<i>'histoire </i>dans mes peintures, au sens où il n'y a rien à élucider, malgré l'apparence bavarde, ou encyclopédique de l'ensemble. S'il y a narration, alors elle est mobile, fluide, traversée des récits que le regardeur se fait face à la peinture.</p> <p><strong>Ce qui nous amène, il me semble, tout naturellement à la musique. Pour reprendre cette notion de mobilité dans votre peinture, est-ce qu’on pourrait la rapprocher du mouvement en musique, d'une forme de tempo?</strong></p> <p>Oui, à plusieurs niveaux je crois. J'ai grandi dans et avec la musique, car élevée par une mère chanteuse… Et mes peintures d'adolescence étaient très marquées par l'influence de Klee, Rothko, Malevitch, ce rythme, justement. La vibration, les variations, le temps déplié/replié… Et il y a le fait de travailler en musique, la danse face au mur… Une de mes dernières expositions à Bruxelles s'intitulait «Hardcore Psalmoï», manière de dire comme il y a aussi une dimension disons sacrée ou mystique dans l'élan de ces musiques, qui aident à faire le <i>saut de peindre,</i> en tous cas pour moi. Je partage ma vie avec Christophe Guiraud, qui écrit de la musique contemporaine mais qui vient de la <i>noise</i> extrême, et du punk. Alors, évidemment, on retrouve des partitions spectrales dans mes peintures, où j'imite son écriture… Une amoureuse des glyphes comme moi ne peut qu'être exaltée par ce travail de scribe! Il y a dans sa musique une forme d'indécidabilité, d'indiscernable, un déploiement de strates, de transitions, et aussi une recherche de l’éclat. En cela nos pratiques, nos préoccupations disons, sont très similaires.</p> <hr /> <p><a href="https://www.iristerdjiman.eu" target="_blank" rel="noopener">Iris Terdjiman</a> commence à exposer ses premiers travaux de peinture dès l’âge de dix-sept ans. Par la suite, elle se forme en philosophie de l’art à l’université et enseigne les arts plastiques pendant sept ans en Zone Education Prioritaire dans la région parisienne. Parallèlement, durant cette période, elle mène une activité de plasticienne vidéaste. En 2015, elle revient à la peinture et décide de s’y consacrer entièrement. Depuis, expositions personnelles et collectives se succèdent en France, Italie et Belgique. Elle est la fondatrice, avec le compositeur Christophe Guiraud, de UNEARTH, un laboratoire de création pluri-disciplinaire. 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Culture / Peindre le chaos: entretien avec la peintre Iris Terdjiman
Peintre à l'outrance assumée et imprégnée de littérature et de musique, Iris Terdjiman, née en 1984 à Montpellier, a présenté cet automne l’exposition «Ghost Track» à la galerie KBK de Bruxelles, puis, en mai 2024, la galerie Moto de Hall-in-Tirol en Autriche accueillera son exposition «Tzu Gezunt». Début 2024, une monographie de son travail «Chaos Canzone» paraîtra aux éditions Joie Panique. Entretien pour mieux approcher l'artiste et son œuvre.
Olivia Resenterra
B Article réservé aux abonnés
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Actuel / Wokisme, les territoires perdus de la pensée
Dans son ouvrage «En finir avec le wokisme», la journaliste et écrivain Sylvie Perez retrace de manière documentée l’origine et les étapes de la propagation du mouvement woke au sein du monde anglo-saxon. Elle y livre également une chronique passionnante de la courageuse contre-offensive intellectuelle qui s’est organisée depuis quelques années face à cette nouvelle forme d’obscurantisme afin de reconquérir les territoires perdus de la pensée.
Olivia Resenterra
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Culture / Eloge de l’image en fuite
Avec son dernier essai, «La Vitesse de l’Ombre», paru au printemps dernier, Annie Le Brun nous offre un ouvrage peu commun. A la fois extrêmement personnel et intrigant, il est le prolongement – voire, à rebours, le fondement poétique d’une réflexion qui se poursuit depuis plusieurs années sur le statut de l’image contemporaine, dont les techniques de transmission ont été accaparées par le capital.
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Culture / «Hardcore» ou la subversion inclusive
A l’heure où l’idéologie woke, cette grande alliance mondiale des éveillés de tous poils, exige de chacun qu’il revendique ce qu’il est, ce qu’il aime ou ce qu’il croit, que peut bien nous réserver la visite de l’exposition «Hardcore» qui se tient dans le quartier de Soho, à Londres, depuis la fin du mois de mai? Présentée par certains critiques comme une expérience «aussi puissante que bandante», parviendra-t-elle à prouver que la subversion sexuelle a encore un sens aujourd’hui?
Olivia Resenterra
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Je me souviens avoir eu l’impression que Blanchett, comédienne avant d’être actrice de cinéma, elle-même directrice de théâtre en Australie, savait pertinemment que quelque chose n’allait pas dans cette entreprise, mais qu’elle jouerait cette pièce malgré tout avec l’engagement absolu dont seuls sont capables les artistes qui assument leurs choix jusqu’au bout. La dernière image que je garde d’elle est celle de sa silhouette menue simplement vêtue d’une nuisette, harnachée d’un strap-on.</p> <p>Mais revenons à <em>Tár</em>: qu’en est-il donc du personnage-titre du film qui semble si dérangeant aux yeux des critiques et d’un certain public? Chef d’orchestre lesbienne et star internationale, Lydia Tár est brillante, intransigeante, séductrice sans être charmante, et ne s’embarrasse pas avec les sensibilités de son entourage. Elle fait, en outre, peu cas de son genre. Au début du film, lors d’une conférence, un journaliste l’interroge sur la place des femmes dans le milieu des chefs d’orchestre. Son visage exprime alors un agacement très professionnellement dissimulé, mais tout de même bien présent. Il lui tarde de revenir à ce qui lui semble essentiel: en l’occurence, l’enseignement de son maître Leonard Bernstein et son travail sur la cinquième symphonie de Mahler qu’elle s’apprête à diriger à Berlin.</p> <p>Une autre scène abondamment commentée par les critiques (et qualifiée sans détours de «détestable»<i>…</i>) concerne la leçon à la Juilliard School de New York: Tár questionne vertement les affirmations identitaires de l’un de ses étudiants métisse, qui déclare être incapable de s’intéresser à Bach en raison de l'appartenance de ce dernier à la classe des compositeurs mâles cisgenres blancs misogynes. 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Culture / Cate Blanchett contre les offensés
La semaine dernière, un journaliste du «Guardian» s’interrogeait au sujet de «Tár», le film de Todd Field: pourquoi, malgré les récompenses reçues par son interprète principale, la remarquable Cate Blanchett, le film ne semblait-il pas attirer des foules de spectateurs au Royaume-Uni? Le caractère antipathique de Lydia Tár, la protagoniste, est-il un élément de réponse?
Olivia Resenterra
B Article réservé aux abonnés
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C’est que la demeure est toujours habitée par les descendants de son plus fameux propriétaire: Sir Arthur Wesley, Duc de Wellington, Général des Armées multi-titré et décoré, Premier ministre du Royaume-Uni en 1828 et accessoirement… vainqueur de Napoléon à Waterloo en 1815.</p> <h3 style="text-align: center;">*</h3> <p>Dans le très austère hall d’entrée, on a à peine le temps de confondre la chaise du portier datant de l’époque du Duc avec une chaise-percée, qu’un agent aux faux airs de majordome s’empresse d’indiquer la direction du «musée», c’est-à-dire la salle où sont exposés les «trésors de guerre» de Wellington. Le seuil franchi, on est submergé par une débauche d’or, d’argent, et des plus fines porcelaines. Au centre de la pièce, pas moins de quatre services de vaisselle comprenant des centaines de pièces délicatement ouvragées à la main sont présentés, dont un «Egyptien» cadeau de Napoléon à Joséphine à la suite de leur divorce (et qu’elle s’empressa de refuser). Tous sont des présents des différents monarques européens pour remercier Wellington de les avoir débarrassés du petit Corse. Depuis le plafond, sept lourds étendards ornés des aigles napoléoniens surplombent les armes saisies, elles aussi, sur le champ de bataille, tandis que deux immenses candélabres recouverts d’argent encadrent le célèbre bouclier de Waterloo: une pure virtuosité d’orfèvre de 103 centimètres de diamètre réalisée à la seule gloire du Duc.</p> <p>Si l’on veut accéder aux étages, impossible d’ignorer la statue qui se dresse dans le hall de l’escalier central: un marbre immaculé de plus de trois mètres de haut sculpté par Antonio Canova représentant Napoléon nu en dieu Mars pacificateur. Exagérément athlétique, selon le principal intéressé qui ordonna derechef que l’œuvre ne soit pas exposée au public. Vendue au gouvernement britannique après la chute de l’empereur, elle fut offerte à Wellington qui s’empressa de lui trouver cette place de choix. Face à elle, le buste en marbre du maître des lieux ne perd pas une miette de la réaction des visiteurs mis en présence de ce monument de kitsch et de pompe néo-classique. On dit que de son temps, les invités de Apsley House accrochaient ostensiblement leurs parapluies au bras musculeux du dieu tendu vers la rampe.</p> <p>A mesure que l’on gravit les marches, l’odeur de vieux tapis et de tentures poussiéreuses se fait de plus en plus présente. Au premier étage, dans la «Picadilly Drawing room», les rideaux de l’embrasure s’ouvrent théâtralement sur une représentation de Danaé s’apprêtant à recevoir les hommages de Jupiter transformé en pluie d’or. Apsley House s’est longtemps enorgueilli de posséder l’une des <i>poesie </i>du Titien inspirée des poèmes d’Ovide dont l’empereur d’Espagne Philippe II s’était fait l’acquéreur au XVIème siècle. Or, en 2019, lors de la dernière exposition consacrée au maître vénitien organisée par la National Gallery, de sérieux doutes ont été émis quant à l’authenticité de ce tableau prêté par les descendants du Duc. Une fois dans la salle, on a beau chercher un cartel, ou ne serait-ce qu’une indication, concernant ce vrai/faux Titien qui occupe tout de même la moitié d’un mur… rien. Les gardiens eux-mêmes esquivent prudemment les questions. On en conclut que le sujet de son authenticité n’est toujours pas réglé.</p> <p>Est-ce un hasard si ce tableau ne figure pas (plus?) dans la «Waterloo Gallery»? C‘est dans cette pièce, conçue comme une imitation (toutes proportions gardées) de la Galerie des Glaces de Versailles, que se déroulait tous les ans le banquet en l’honneur de la défaite de Napoléon, tandis qu’aux murs, les 165 trésors des collections royales espagnoles saisis à Vitoria lors de la fuite d’Espagne de Joseph Bonaparte étaient exposés. La légende veut que le Duc les aurait découverts privés de leurs cadres et roulés comme de vulgaires rideaux, sans doute pour être plus facilement transportés. Il aurait alors décidé de les rapporter avec lui en Angleterre «uniquement» pour les mettre en sécurité. Touchante attention. Pendant la restauration, le roi Ferdinand VII d’Espagne aurait ensuite fait officiellement don de ces œuvres au Duc pour le remercier de son rôle dans la guerre d’Indépendance.</p> <p>Tant de chefs-d’œuvre accumulés dans une seule et même pièce ont de quoi faire tourner la tête. Faute de place, certains tableaux sont accrochés très haut sur les murs et donc à peine visibles. Pourtant, au milieu de cet amoncellement, le porteur d’eau de Diego Velázquez ainsi que ses portraits du Pape Innocent X et d’un gentilhomme vêtu de noir, tout comme ce vif portrait d’homme aux cheveux grisonnants peint par Rubens, s’imposent avec une évidence désarmante. En quittant la galerie, on a la curieuse impression d’avoir été mis en présence de superbes créatures entassées dans une minuscule cage dorée. D’une salle des trophées, l’autre…</p> <p>Pour conclure cette visite, on ne saurait passer sous silence la «Portico room» dans laquelle des objets personnels du Duc sont exposés pêle-mêle: ses rosettes et décorations militaires, bien sûr, mais aussi sa canne de vieillard astucieusement pourvue d’un appareil acoustique, son dentier intégralement monté sur or, celui-ci avoisinant un protège-sabot de son cheval Copenhagen, ainsi qu’un petit cadre contenant les crins de la bête amoureusement tressés en couronne… Ce cabinet de curiosités est lui-même dominé par un immense portrait équestre du Duc peint par Goya. Monté sur un coursier ventru et court sur pattes, Wellington est habillé en civil. Il a le teint rougeaud et le regard écarquillé. On dit que le Duc n’appréciait guère ce tableau. Exécuté en trois semaines à peine après la bataille de Salamanque de 1812, il est fort probable que le pragmatique Goya ait peint la tête de Wellington sur le corps d’une composition dont le modèle initial devait être… Joseph Bonaparte. D’ailleurs, le portrait de ce dernier ainsi que ceux des autres membres de la famille impériale peints par le spécialiste français des têtes couronnées de l’époque, Robert Lefèvre, sont accrochés en rang d’oignons sur le mur opposé. 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Culture / Trésors d’Apsley House: le mors et le dentier
Situé au numéro 149 de Picadilly, à l’un des points d’intersection les plus animés de Londres, Apsley House est un bâtiment qui a l’air de se demander ce qu’il fait encore là. Erigé au XVIIIème siècle, il marquait alors à lui seul le commencement de la cité de Londres, quand depuis Hyde Park on pouvait encore distinguer les verdoyantes collines du Kent et du Surrey.
Olivia Resenterra