Tombes des victimes du massacre au mémorial de Potočari, près de Srebrenica. © Michael Büker - CC BY-SA 3.0
Le pays commémorait ce 11 juillet les 28 ans du tristement célèbre massacre de Srebrenica sur fond de révisionnisme et de rhétorique sécessionniste. Alors que des milliers de personnes sont toujours portées disparues depuis la guerre par manque de volonté politique, rendant inenvisageable pour les familles des victimes tout rapprochement entre Serbes et Musulmans.
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Le monument dédié aux victimes des deux guerres mondiales a ainsi été rebaptisé «Bubandey Batama» («à nos morts» en langue djerma) en hommage aux victimes de la colonisation; la place de la Francophonie est devenue la place de l’Alliance-des-Etats-du-Sahel; et l’avenue Charles de Gaulle est désormais celle de Djibo Bakary, figure de la lutte pour l’indépendance du pays dans les années 50.</p> <h3><strong>Un capital de sympathie hors du commun</strong></h3> <p>On pourrait s’étonner, toutefois, de voir la place Parfait-Louis Monteil, du nom d’un officier et explorateur français de la fin du XIXème siècle, prendre le nom d’un ancien président, celui d’un Etat voisin de surcroît. Preuve que Thomas Sankara, qui accéda au pouvoir en 1983 grâce à un coup d’Etat militaire en Haute-Volta – qu’il rebaptisa Burkina Faso («le pays des hommes intègres» en langues dioula et moré) – est aujourd’hui l’icône de tout un continent. Du petit peuple surtout, de la jeunesse en particulier qui, près de 40 ans après sa mort, continue de porter avec fierté des t-shirts à son effigie.</p> <p>Certes, Thomas Sankara était un homme charismatique et accessible, qui participait aux courses locales de cyclisme, jouait au foot avec ses collègues et sortait volontiers sa guitare. Opposé au culte de la personnalité, il avait refusé que son portrait soit affiché dans les lieux publics. Autant de traits personnels qui le distinguent de nombreux hommes d'Etat africains, mais qui ne suffisent pas à expliquer un tel engouement.</p> <p>Car ce sont bien ses idéaux qui, 40 ans plus tard, continuent de séduire de nombreux Africains.</p> <p>Anti-impérialiste, communiste, écologiste, féministe, panafricaniste et bien décidé à prendre en main le destin de son pays, le «Che Guevara africain», comme on le surnomme parfois, a surtout su redonner de l’espoir à un continent accablé. Et de la dignité à son pays, huitième plus pauvre du monde, en refusant toute aide internationale, laquelle «instille dans nos esprits des réflexes de mendiants et d’assistés», affirmait-il.</p> <h3><strong>Pas d’argent, mais des idées</strong></h3> <p>Mieux encore: en quatre ans, il réussit à prouver que l’Afrique est capable de mener seule son développement économique: ainsi, persuadé qu’un pays composé de 80% de paysans est en mesure de nourrir sa population, il mène le Burkina Faso, alors ravagé par la famine, à l’auto-suffisance alimentaire. Sous sa présidence, le taux de scolarisation passe de 6% à 22%, tandis que des centaines de milliers de logements, des barrages et cent kilomètres de voies ferrées voient le jour. Deux millions d’enfants sont vaccinés et, pour reboiser le désert, dix millions d’arbres plantés. La lutte contre la désertification étant, selon lui, un acte anti-impérialiste, il demandera en outre aux grandes puissances de prendre leurs responsabilités en affectant 1% de l’argent de la recherche spatiale à la préservation des forêts. En 1985 déjà!</p> <p>Par ailleurs, convaincu que le développement du pays passe par l’émancipation des femmes, il interdit l’excision, crée la semaine nationale de la femme et instaure la journée hebdomadaire du marché masculin lors de laquelle seuls les hommes sont autorisés à faire les emplettes. Une révolution compte tenu des mentalités. Il nomme également trois femmes ministres, une première!</p> <h3><strong>Le mythe Sankara</strong></h3> <p>Outre ses actions, son implacable réquisitoire onusien de 1984 contre les grandes puissances, passé à la postérité, marque l’acte fondateur du mythe Sankara. Pendant près d’une heure, devant les plus grands représentants de la planète, le tout jeune et nouveau président du Burkina Faso y avait livré sa vision des enjeux géopolitiques mondiaux, abordant des thèmes – conflit israélo-palestinien, préservation de l’environnement, famine dans le monde, etc. – qui restent d’une surprenante actualité. «Un texte encore plus fort que le <em>I have a dream</em> de Martin Luther King et qui devrait être enseigné dans les écoles africaines», estime le rappeur star sénégalais Didier Awadi qui, à l’instar de nombreux autres artistes d’Afrique de l’Ouest, se revendique héritier de Sankara.</p> <h3><strong>Des idées qui dérangent</strong></h3> <p>La révolution sankarienne ne plaît toutefois pas à tout le monde. Révolté par la corruption des anciens dirigeants voltaïques qu’il traîne devant les tribunaux populaires, Sankara réduit également les dépenses de l’Etat: les Renault 5 remplacent les limousines aux vitres teintées et les salaires de ses collègues sont revus à la baisse. Lui-même ne gagne que 138'736 francs CFA par mois (env. CHF 200.-).</p> <p>Désireux d’imposer aux autres sa vie frugale, il fait fermer les night clubs du pays «où le prix d’un Coca Cola équivaut au salaire mensuel d’un agriculteur» et crée les bals populaires. Autant de décisions mal vues par la petite bourgeoisie du pays. Dans son entourage, la colère enfle. D’autant que les comités de défense de la révolution et les tribunaux populaires qu’il instaure font du zèle, commettant dérives et abus.</p> <p>Quant à la communauté internationale, qui fait contre mauvaise fortune bon cœur devant le jeune capitaine, à l’instar de François Mitterrand, elle se débarrasserait volontiers de ce partenaire aussi incorruptible que peu commode. L’engagement de Sankara sur la scène internationale en faveur de l’annulation de la dette des pays du tiers-monde, qu’il refuse de payer, achèvera de signer son arrêt de mort. Il sera assassiné le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’Etat mené par son compagnon d’armes, Blaise Compaoré. Ce dernier dirigera alors le pays pendant près de 20 ans, rétablira la coopération avec la France et mettra un terme à tous les projets de Sankara.</p> <h3><strong>De nouveaux leaders sankaristes</strong></h3> <p>Quarante ans plus tard, le héros de la révolution burkinabé reste, pour de nombreux Africains, un exemple que s’efforce de suivre aujourd’hui Ibrahim Traoré, chef d’Etat du Burkina Faso depuis deux ans. Comme Sankara avant lui, Ibrahim Traoré porte le grade de capitaine, il a pris le pouvoir par un coup d’Etat à l’âge de 34 ans, a milité dans une organisation estudiantine d’inspiration marxiste et a renoncé au salaire présidentiel, conservant toutefois son salaire de capitaine. Lui aussi séduit la jeunesse burkinabé – qui représente 70% de la population du pays! – et invoque les idéaux de Thomas Sankara lors de ses discours, notamment la lutte pour la souveraineté nationale, le rejet de l’impérialisme et la solidarité panafricaine.</p> <p>Il n’est pas le seul. Le colonel Assimi Goïta, l’homme fort du Mali depuis le putsch militaire de 2021, ne cache pas non plus son admiration pour l’ancien président burkinabé. Quant au général Abdourahamane Tiani, à la tête du Niger depuis un an, il vient d’ériger, on l’a vu, un monument en l’honneur de Sankara au centre de Niamey. Tous trois ont créé l’année dernière l'Alliance des Etats du Sahel, un pacte de défense mutuelle, avant de quitter cette année la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.</p> <p>Nombreux sont par ailleurs aujourd’hui les mouvements qui se revendiquent du sankarisme. En Afrique de l’Ouest, bien sûr, mais pas uniquement. Ainsi, les Combattants de la liberté économique, parti nationaliste noir d’extrême gauche fondé en 2013 en Afrique du Sud et troisième plus grand parti du parlement sud-africain, affirme également s’inspirer de Sankara en termes de style et d’idéologie.</p> <h3><strong>Oser inventer l’avenir</strong></h3> <p>«Sankara a réussi à provoquer un déclic chez les Africains», confiait le rappeur sénégalais Didier Awadi en 2019 sur la BBC. «Etre sankariste aujourd’hui, c’est croire en l’Afrique, défendre sa souveraineté, consommer africain, militer pour mettre un frein aux partenariats économiques qui péjorent les économies locales et régionales, c’est revendiquer une monnaie contrôlée par l’Afrique. C’est aussi être solidaire de toutes les luttes dans le monde. Bref, c’est défendre tout ce dont Sankara se réclamait, et qu’on ne nous dise pas qu’on est des rêveurs ou que l’Afrique n’en n’a pas les capacités, ce serait une insulte à notre intelligence! Car le sankarisme, c’est aussi le courage de se projeter et d’essayer d’autres modèles.»</p> <p>«Oser inventer l’avenir», disait Thomas Sankara, qui estimait que la révolution est un processus vivant qui doit être repensé constamment et adapté à son époque. 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Si le fait que de plus en plus de savants souscrivent à cette hypothèse est nouveau, l’idée, elle, ne l’est pas: en 1931, Max Planck, l’un des pères de la physique quantique, prix Nobel de physique en 1918, affirmait déjà que la matière n’était qu’un dérivé de la conscience et qu’il n’existait pas de matière «en soi». De là à considérer que notre conscience pourrait survivre à la mort physique, il n’y a qu’un pas!</p> <p>C’est à cette passionnante réflexion que le public du Salon des Thérapies Naturelles pourra prendre part du 5 au 7 avril prochain grâce à plusieurs invité.e.s, dont Valérie Seguin. Pour son documentaire <em>Et si la mort n’existait pas</em>, la réalisatrice est allée à la rencontre de nombreux experts. Parmi eux, le physicien Philippe Guillemant, médaillé de cristal du Centre national français de la recherche scientifique, qui défend publiquement l’idée d’une vie après la mort. Il affirme que l’âme est constituée d’informations immatérielles (donc hors du temps et de l’espace) permettant au corps physique de maintenir un bas niveau d’entropie – principe de dégradation de l’énergie – sans lequel il mourrait. Pour lui, il est donc sensé d’imaginer que ce champ d’information, l’âme, survit au corps et continue de vivre dans un autre ailleurs, énergétique et vibratoire. Albert Einstein n’écrivait-il pas déjà: «Je crois à une vie après la mort car l’énergie ne peut pas mourir. Elle circule, se transforme mais ne s’arrête jamais».</p> <h3>Des mondes invisibles</h3> <p>Par ailleurs, la physique nucléaire et l’astrophysique, dont les travaux actuels tentent de définir la structure du vide, planchent sur d’autres dimensions que celles que nous connaissons déjà. 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Or la capacité à expliquer un maximum de faits, de la manière la plus simple possible, n’est-elle pas la définition même d’une hypothèse scientifique valide?</p> <h3>Y'a-t-il une conscience universelle?</h3> <p>Notre incrédulité face aux phénomènes considérés comme «ésotériques» viendrait-elle du fait que nous vivons depuis des siècles dans le paradigme matérialiste? Notre science nous aurait-elle privés de toute une compréhension de l’univers et de la conscience dont les hypothèses ne sont pas prouvables par la méthode déductive? A l’inverse, la méthode inductive, fondée sur l’observation et la logique, a pourtant permis bien des découvertes: ainsi, certains textes indiens d’avant notre ère parlent déjà de cellules; de même que le mathématicien indien Aryabhata évalue avec exactitude, vers l’an 500, le temps nécessaire à la Terre pour faire le tour du Soleil. Il n’avait alors aucune preuve à faire valoir, pas même celle que la Terre était ronde! Sans parler de toutes les découvertes réalisées en Occident avant l’arrivée de la science actuelle.</p> <p>C’est cette méthode inductive qu’utilise également l’auteur et journaliste Harry Roselmack, qui donnera deux conférences à Morges les 6 et 7 avril prochains, dans son ouvrage <em>Il n’est pas trop tard pour naître </em>(aux Editions Jouvence) résultat de l’enquête fouillée qu’il a menée sur l’espace et le temps – basée sur des connaissances scientifiquement prouvées celles-ci. Il y postule l’existence, à l’échelle de l’univers, d’une conscience non manifestée, dont la forme serait celle d’un concept d’information primordiale, et d’un «projet» universel dans lequel l’humanité aurait un rôle à jouer. Perché? 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Elle était tout à la fois drôle et réservée, sérieuse et créative, et portait sur les gens comme sur les événements, quels qu’ils soient, indépendamment des convenances et des hiérarchies, ce regard espiègle qui caractérise ses photos et est devenu sa marque de fabrique. La suite m’apprit qu’elle était aussi une amie fidèle.</p> <p>Née en 1953 dans le canton d’Argovie et encouragée depuis sa plus tendre enfance par son père – lui-même passionné de photographie – à «capturer la réalité», elle a toujours rêvé d’en faire son métier. Elle l’a exercé avec «cœur et âme», comme elle le dit elle-même, jusqu’en 2017, dont 33 ans pour le groupe de presse Ringier, notamment pour le <em>SonntagsBlick</em> et le magazine <em>Cash</em>. Sabine Wunderlin est ainsi l’une des premières femmes photographe de presse en Suisse à avoir obtenu un emploi fixe. 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Car pour Sabine «les plus belles expériences photo sont celles où l’on crée ensemble dans un tourbillon d’idées».</p> <p>Sabine Wunderlin a ainsi documenté, grâce à 40 ans de projets personnels et de photographies de presse, des moments historiques et des figures anonymes qui, sans elle, n'auraient guère attiré l'attention et auraient sans doute été oubliés depuis longtemps. C’est là tout l’intérêt de son œuvre considérable qui, dans une époque marquée par des bouleversements fondamentaux, raconte l’histoire sociale, médiatique et paysagère de la Suisse. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1692283449_sabinewunderlin.png" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Sabine Wunderlin, lors d’un voyage aux Etats-Unis, en 1977. Elle a toujours rêvé d’être photographe. Un métier qu’elle a exercé pendant près de 40 ans avec «cœur et âme». © DR</em></h4> <hr /> <h4>Exposition: «<a href="https://www.stadtmuseum.ch/page/813" target="_blank" rel="noopener">Sabine Wunderlin – Photographe en période de mutation</a>», du 18 août au 8 octobre 2023 au Stadtmuseum d'Aarau.<i><br /></i>Livre: Sabine Wunderlin, «Zwischen Stein, Bundeshaus & Pudding Palace», Edition Rüffer & Rub.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => '40-ans-de-photos-de-presse-temoins-des-mutations-de-la-suisse', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 272, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 13944, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4411, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Sarajevo: souvenirs d’un cinéma sous les bombes', 'subtitle' => '29ème Festival du film de Sarajevo, du 11 au 18 août 2023, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.', 'subtitle_edition' => '29ème Festival du film de Sarajevo, du 11 au 18 août 2023, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine.', 'content' => '<p>Le Festival du film de Sarajevo commémore cette année l’ouverture, il y a 30 ans, alors que la ville était assiégée par les forces serbes, du cinéma Apollo. 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«Sans reconnaissance, pas de réconciliation; sans justice, pas de paix!» Tel est depuis près de 30 ans le message des proches des victimes de la guerre ethnique qui secoua la Bosnie de 1992 à 1995. «On attend de nous qu'on oublie le passé, mais comment y songer alors que nous n'avons même pas enterré tous nos morts», confiait, il y a quelques années déjà, Refin Hodzic, porte-parole d'une association de familles de victimes. Aujourd'hui, et bien que près de 80% des personnes disparues pendant le conflit aient été retrouvées, 7'600 corps manquent toujours à l’appel, dont plus de 1'600 dans la région de Srebrenica.
Ceci malgré les mesures imposées par la communauté internationale, à savoir: une loi, unique au monde, qui exige des institutions de communiquer tous les indices dont elles disposent et qui pourraient être utiles aux enquêteurs, un fonds qui prévoit des récompenses pour ceux qui aident à localiser des charniers, ou encore une application pour signaler l’emplacement des fosses communes encore inconnues.
Un mur de silence
Mais dans ce pays, divisé depuis la fin de la guerre en deux entités autonomes – la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine d’un côté, qui réunit Bosniaques (musulmans) et Croates, et la Republika Srpska, la République serbe de Bosnie, de l’autre (à ne pas confondre avec la Serbie qui est un Etat voisin) – la loi du silence fait foi. Car les personnes susceptibles d’apporter des informations qui permettraient de localiser de nouveaux charniers sont, de fait, souvent celles qui ont participé aux exactions. Quant aux moyens accordés par le gouvernement – quinze enquêteurs seulement pour tout le pays – ils restent insuffisants.
«Les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont de nature politique», confirmait récemment Mujo Hadžiomerović, membre du conseil d’administration de l’Institut des disparus de Bosnie-Herzégovine, au micro de Radio Slobodna Europa. «Nous voulions acheter des scanners d’occasion au Canada. Ces derniers, qui peuvent atteindre dix mètres de profondeur, ont permis de retrouver des os d’Amérindiens qui ont été tués. Mais il s’agit d’équipement très coûteux. Or aucun budget n’a été adopté par le gouvernement ces quatre dernières années». Le temps qui passe n’arrange rien: de nombreux témoins sont décédés et beaucoup de tombes ont été déplacées dans le but de brouiller les pistes et de détruire les preuves.
Les familles des victimes en quête de reconnaissance
Chaque année, le 11 juillet, les Bosniaques commémorent le massacre perpétré par les forces serbes de Bosnie en 1995 dans la région de Srebrenica qui a coûté la vie à plus de 8'000 hommes et adolescents musulmans, fusillés ou décapités. Considéré à ce jour comme le pire massacre en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, il a été qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et la Cour internationale de justice en raison de son caractère systématique et planifié.
C’est à l’occasion de cette commémoration que les familles des victimes enterrent chaque année au cimetière-mémorial de Potočari-Srebrenica les ossements des corps retrouvés et identifiés pendant l’année. Des corps souvent incomplets. En tout, 31 dépouilles, complètes ou partielles, ont rejoint le 11 juillet dernier les 6'671 victimes déjà inhumées.
Il faut avoir vu les vastes hangars aux toits de tôle ondulée remplis de centaines de squelettes recomposés tel des puzzles morbides et le soulagement des familles reconnaissant un objet personnel pour comprendre l’importance que représente aux yeux des proches des victimes le minutieux et effroyable travail d’identification ADN des experts. Un travail par ailleurs relaté par la journaliste Taina Tervonen dans son ouvrage Les Fossoyeuses, sorti en 2021 et récompensé l'année dernière par le Prix Jan Michalski de littérature. Elle y fait le récit de deux femmes qu'elle a suivies pendant plusieurs mois, l'une chargée d’identifier les ossements humains retrouvés, l’autre se rendant dans les familles des disparus pour écouter leur parole et prélever leur ADN. Une quête de vérité essentielle pour l’histoire de leur pays et pour les familles qui y voient un début de reconnaissance et un petit peu de dignité retrouvée.
Les camps de concentration de Bosnie sont devenus lieux d’oubli
Un travail de reconnaissance par ailleurs indispensable à tout processus de réconciliation. A ce titre, les mémoriaux et la préservation des lieux de crimes jouent eux aussi un rôle essentiel. Or en Bosnie, la plupart des anciens camps de concentration, situés en République serbe de Bosnie, ne sont pas devenus des lieux de mémoire.
Ainsi, le camp d’Omarska, situé dans la région de Prijedor, au nord du pays, où vivait avant la guerre une majorité de musulmans, est aujourd’hui une usine appartenant à Arcelor Mittal, le leader de la décarbonation de l'acier. La production de l'entreprise se fait à l'endroit même où plus de 6'000 personnes ont été détenues et torturées dans des conditions atroces par les forces serbes. Et il n’existe pas de mémorial pour les 700 victimes qui y ont été tuées. Le camps de Keraterm, dans la même région, est lui aussi redevenu un lieu de manufacture.
Entre mai et novembre 1992, l’école du village de Tropolje, toujours au nord du pays, fut transformée par les Serbes de Bosnie en camp de concentration où furent enfermés au total environ 30'000 Bosniaques et Croates. Un monument y a bien été érigé, mais il est paradoxalement exclusivement destiné aux combattants serbes qui ont «donné leur vie pour la fondation de la République serbe de Bosnie».
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La Bosnie, entre fragilité et tensions persistantes
Un manque de reconnaissance et de lieux de mémoire qui, près de 30 ans après la fin de la guerre, rend difficile, pour ne pas dire impossible, tout rapprochement entre les deux entités du pays. Le processus de réconciliation nécessaire à la construction d’un Etat stable et unifié est encore entravé, depuis quelques années, par les théories révisionnistes de l’entité serbe de Bosnie. Ainsi, après avoir déjà réécrit partiellement l’histoire du siège de Sarajevo, les autorités de la Republika Srpska ont mandaté une commission dont le rapport, présenté en 2021, cherche à démontrer qu’il n’y a jamais eu de génocide à Srebrenica, contrairement aux conclusions du Tribunal pénal international. Le rapport affirme en outre que les forces serbes ont agi légitimement et respecté toutes les conventions de la guerre. Ainsi, ni le siège de Sarajevo, ni le génocide de Srebrenica ne sont aujourd’hui enseignés dans les écoles de la République serbe de Bosnie.
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', 'content' => '<p>«<em>A bas l’impérialisme, à bas le néocolonialisme, à bas le racisme, à bas le fantochisme!</em>», s’insurgeait le capitaine Thomas Sankara, leader de la Révolution démocratique et populaire du Burkina Faso dans les années 1980 et partisan d’une transformation radicale de la société africaine. Des slogans qui sont aussi ceux des nouveaux leaders africains qui, ces dernières années, ont pris le pouvoir par la force au Mali, au Burkina Faso et au Niger, renversant des gouvernements devenus impopulaires en raison de leur incapacité à lutter contre la menace djihadiste et de leur coopération trop étroite avec la France.</p> <p>Une France à laquelle ces pays s’efforcent désormais de tourner le dos: après avoir expulsé les troupes françaises de la région et réduit les relations diplomatiques avec Paris, des rues et des monuments évoquant l’ancienne puissance coloniale sont renommés, comme ce fut le cas le mois dernier dans la capitale nigérienne. 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Pendant près d’une heure, devant les plus grands représentants de la planète, le tout jeune et nouveau président du Burkina Faso y avait livré sa vision des enjeux géopolitiques mondiaux, abordant des thèmes – conflit israélo-palestinien, préservation de l’environnement, famine dans le monde, etc. – qui restent d’une surprenante actualité. «Un texte encore plus fort que le <em>I have a dream</em> de Martin Luther King et qui devrait être enseigné dans les écoles africaines», estime le rappeur star sénégalais Didier Awadi qui, à l’instar de nombreux autres artistes d’Afrique de l’Ouest, se revendique héritier de Sankara.</p> <h3><strong>Des idées qui dérangent</strong></h3> <p>La révolution sankarienne ne plaît toutefois pas à tout le monde. Révolté par la corruption des anciens dirigeants voltaïques qu’il traîne devant les tribunaux populaires, Sankara réduit également les dépenses de l’Etat: les Renault 5 remplacent les limousines aux vitres teintées et les salaires de ses collègues sont revus à la baisse. Lui-même ne gagne que 138'736 francs CFA par mois (env. CHF 200.-).</p> <p>Désireux d’imposer aux autres sa vie frugale, il fait fermer les night clubs du pays «où le prix d’un Coca Cola équivaut au salaire mensuel d’un agriculteur» et crée les bals populaires. Autant de décisions mal vues par la petite bourgeoisie du pays. Dans son entourage, la colère enfle. 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Le colonel Assimi Goïta, l’homme fort du Mali depuis le putsch militaire de 2021, ne cache pas non plus son admiration pour l’ancien président burkinabé. Quant au général Abdourahamane Tiani, à la tête du Niger depuis un an, il vient d’ériger, on l’a vu, un monument en l’honneur de Sankara au centre de Niamey. Tous trois ont créé l’année dernière l'Alliance des Etats du Sahel, un pacte de défense mutuelle, avant de quitter cette année la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.</p> <p>Nombreux sont par ailleurs aujourd’hui les mouvements qui se revendiquent du sankarisme. En Afrique de l’Ouest, bien sûr, mais pas uniquement. Ainsi, les Combattants de la liberté économique, parti nationaliste noir d’extrême gauche fondé en 2013 en Afrique du Sud et troisième plus grand parti du parlement sud-africain, affirme également s’inspirer de Sankara en termes de style et d’idéologie.</p> <h3><strong>Oser inventer l’avenir</strong></h3> <p>«Sankara a réussi à provoquer un déclic chez les Africains», confiait le rappeur sénégalais Didier Awadi en 2019 sur la BBC. «Etre sankariste aujourd’hui, c’est croire en l’Afrique, défendre sa souveraineté, consommer africain, militer pour mettre un frein aux partenariats économiques qui péjorent les économies locales et régionales, c’est revendiquer une monnaie contrôlée par l’Afrique. C’est aussi être solidaire de toutes les luttes dans le monde. Bref, c’est défendre tout ce dont Sankara se réclamait, et qu’on ne nous dise pas qu’on est des rêveurs ou que l’Afrique n’en n’a pas les capacités, ce serait une insulte à notre intelligence! 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Si le fait que de plus en plus de savants souscrivent à cette hypothèse est nouveau, l’idée, elle, ne l’est pas: en 1931, Max Planck, l’un des pères de la physique quantique, prix Nobel de physique en 1918, affirmait déjà que la matière n’était qu’un dérivé de la conscience et qu’il n’existait pas de matière «en soi». De là à considérer que notre conscience pourrait survivre à la mort physique, il n’y a qu’un pas!</p> <p>C’est à cette passionnante réflexion que le public du Salon des Thérapies Naturelles pourra prendre part du 5 au 7 avril prochain grâce à plusieurs invité.e.s, dont Valérie Seguin. Pour son documentaire <em>Et si la mort n’existait pas</em>, la réalisatrice est allée à la rencontre de nombreux experts. Parmi eux, le physicien Philippe Guillemant, médaillé de cristal du Centre national français de la recherche scientifique, qui défend publiquement l’idée d’une vie après la mort. 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Or la capacité à expliquer un maximum de faits, de la manière la plus simple possible, n’est-elle pas la définition même d’une hypothèse scientifique valide?</p> <h3>Y'a-t-il une conscience universelle?</h3> <p>Notre incrédulité face aux phénomènes considérés comme «ésotériques» viendrait-elle du fait que nous vivons depuis des siècles dans le paradigme matérialiste? Notre science nous aurait-elle privés de toute une compréhension de l’univers et de la conscience dont les hypothèses ne sont pas prouvables par la méthode déductive? A l’inverse, la méthode inductive, fondée sur l’observation et la logique, a pourtant permis bien des découvertes: ainsi, certains textes indiens d’avant notre ère parlent déjà de cellules; de même que le mathématicien indien Aryabhata évalue avec exactitude, vers l’an 500, le temps nécessaire à la Terre pour faire le tour du Soleil. Il n’avait alors aucune preuve à faire valoir, pas même celle que la Terre était ronde! Sans parler de toutes les découvertes réalisées en Occident avant l’arrivée de la science actuelle.</p> <p>C’est cette méthode inductive qu’utilise également l’auteur et journaliste Harry Roselmack, qui donnera deux conférences à Morges les 6 et 7 avril prochains, dans son ouvrage <em>Il n’est pas trop tard pour naître </em>(aux Editions Jouvence) résultat de l’enquête fouillée qu’il a menée sur l’espace et le temps – basée sur des connaissances scientifiquement prouvées celles-ci. Il y postule l’existence, à l’échelle de l’univers, d’une conscience non manifestée, dont la forme serait celle d’un concept d’information primordiale, et d’un «projet» universel dans lequel l’humanité aurait un rôle à jouer. Perché? 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Elle était tout à la fois drôle et réservée, sérieuse et créative, et portait sur les gens comme sur les événements, quels qu’ils soient, indépendamment des convenances et des hiérarchies, ce regard espiègle qui caractérise ses photos et est devenu sa marque de fabrique. La suite m’apprit qu’elle était aussi une amie fidèle.</p> <p>Née en 1953 dans le canton d’Argovie et encouragée depuis sa plus tendre enfance par son père – lui-même passionné de photographie – à «capturer la réalité», elle a toujours rêvé d’en faire son métier. Elle l’a exercé avec «cœur et âme», comme elle le dit elle-même, jusqu’en 2017, dont 33 ans pour le groupe de presse Ringier, notamment pour le <em>SonntagsBlick</em> et le magazine <em>Cash</em>. Sabine Wunderlin est ainsi l’une des premières femmes photographe de presse en Suisse à avoir obtenu un emploi fixe. 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Ses photos furent publiées dans de nombreux magazines, dont <em>L’Illustré</em>.</p> <p>Militante de la cause féminine, elle a par la suite, à Zürich, emmené à de nombreuses reprises son appareil photo au Pudding Palace, un bar politiquement mouvementé, situé au rez-de-chaussée du Centre autonome des femmes et qui fut, dès le début des années 80, le lieu de rencontre avant-gardiste des mouvements féministes et lesbiens zürichois. </p> <p>En tant que photographe de presse, elle a couvert toutes les manifestations féministes des années 80-90, dont la première grève nationale des femmes en 1991, et immortalisé les militantes célèbres auxquelles on doit l’évolution juridique des années 1990, en particulier la loi de 1996 qui consacre l’égalité des hommes et des femmes en ce qui concerne la famille, la formation et les salaires.</p> <h3>L'émergence des milieux gays et lesbiens</h3> <p>En parallèle, Sabine Wunderlin a suivi l’évolution des milieux homosexuels, encore peu visibles dans les années 80, dont elle a photographié pendant des décennies les actions et les campagnes, notamment celles de l'Organisation suisse des lesbiennes. Un projet de longue haleine qui permet aujourd’hui de documenter l’émergence des mouvements homosexuels en Suisse. De mesurer, aussi, le chemin parcouru depuis les images de la première rencontre nationale des lesbiennes organisée en 1981 jusqu’au «mariage pour tous» adopté en 2021, en passant par la première Street Parade de 1992 et l’abolition du «registre des homosexuels» qui, depuis les années 30, réunissait des données personnelles sur les personnes LGBT, soupçonnées d’avoir un potentiel criminel plus élevé que le reste de la population.</p> <h3>Le mitage du territoire helvétique</h3> <p>S’il est un autre domaine dans lequel l’œuvre de Sabine Wunderlin permet de mesurer les changements, c’est bien celui du paysage. Tout a commencé en 1968, lorsqu’en colère contre la transformation imminente de son village natal, l’adolescente prend sa première photo afin de garder un souvenir du paysage de son enfance. Depuis lors, elle n’a cessé de photographier des paysages et d’y revenir des années plus tard afin de suivre leur évolution. On y découvre des chemins de campagne transformés en autoroutes, des lisières de forêt englouties par des murs de béton et des prairies désormais recouvertes d’asphalte. Dans des séquences avant et après, Sabine Wunderlin documente ainsi jusqu'à aujourd'hui le mitage irréversible du paysage suisse depuis 50 ans et en a fait un fil rouge de sa photographie.</p> <p>Là encore, ce qui l'a émue dès les années 1960, a laissé des traces politiques: un premier article sur la protection de l'environnement a été introduit dans la Constitution fédérale en 1971 avant de devenir, douze ans plus tard, la loi sur la protection de l'environnement. C'est également en 1971 que les opposants à un projet d'autoroute ont fondé, à Neuchâtel, le premier parti vert.</p> <h3>Le numérique au service du photojournalisme</h3> <p>Le photojournalisme a lui-même a considérablement changé depuis les premières photos de Sabine Wunderlin. Avec l’arrivée du numérique, plus besoin d’attendre que les négatifs soient développés pour découvrir les photos. La photographe n’y voit que des avantages et n’a aucune nostalgie de la chambre noire. Bien sûr, les personnes qu’elle photographie insistent désormais pour voir les photos sur l’écran numérique et veulent avoir leur mot à dire. Elle a décidé d’en tirer parti en encourageant ses homologues à participer au processus de création. Car pour Sabine «les plus belles expériences photo sont celles où l’on crée ensemble dans un tourbillon d’idées».</p> <p>Sabine Wunderlin a ainsi documenté, grâce à 40 ans de projets personnels et de photographies de presse, des moments historiques et des figures anonymes qui, sans elle, n'auraient guère attiré l'attention et auraient sans doute été oubliés depuis longtemps. C’est là tout l’intérêt de son œuvre considérable qui, dans une époque marquée par des bouleversements fondamentaux, raconte l’histoire sociale, médiatique et paysagère de la Suisse. </p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1692283449_sabinewunderlin.png" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Sabine Wunderlin, lors d’un voyage aux Etats-Unis, en 1977. Elle a toujours rêvé d’être photographe. 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