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Actuel / Le chemin de croix d’Emmanuel Macron en Afrique


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Quand ça veut pas, ça veut pas... La tournée du président français qui s’est déroulée du 1er au 4 mars en Afrique centrale a viré au chemin de croix avec, à chaque station, des humiliations, des critiques, amplifiées par des internautes déchaînés sur les réseaux sociaux.



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Cela avait déjà mal commencé deux jours auparavant, lorsque Emmanuel Macron avait décliné en grande pompe, dans un salon de l’Elysée et face à un parterre choisi de militaires, chefs de grandes entreprises, artistes, sportifs, sa vision de la France en Afrique pour les prochaines années. Des propos qui ont surpris, y compris au sein de son propre camp, émaillés d’une terminologie pour le moins déconcertante, voire affligeante: «partenariat», «coconstruction», «humilité», «modestie», «écoute», «respect» sont désormais les maîtres mots de cette nouvelle page que l’Elysée entend ouvrir avec ses «partenaires» africains. Ainsi, a-t-il déclaré, la mission des ambassadeurs français sur le continent consistera désormais à «démontrer que notre partenariat est concret et piloter une communication offensive, décomplexée mais sans arrogance». Un discours qui enchaîne des éléments de langage destinés à calmer le jeu; mais qui, à force de circonvolutions alambiquées, enfoncent encore davantage la France dans ses contradictions. Comme par exemple, autre citation: «On ne prend pas les gens pour des imbéciles, on vient défendre nos intérêts et on le fait de manière respectueuse». Ou encore: «Nous réussirons ce nouveau partenariat si nous assumons la part d’africanité de la France»!

Un salmigondis sémantique qui reflète bien le désarroi dans lequel se trouve l’ex-puissance coloniale, expulsée du Mali, du Burkina Faso, de Centrafrique, avec, en filigrane, une contagion qui menace de s’étendre au Tchad et au Niger; et un sentiment anti-français qui prend de l’ampleur dans toute l’Afrique francophone. Pour Paris, qui avait ses habitudes dans ses ex-colonies, il s’agit là d’une nouvelle donne, quasiment historique puisqu’encore jamais rencontrée de cette manière depuis les indépendances, et que son Président tente de contrer vaille que vaille.

Mais alors que certains s’attendaient à une annonce claire quant au sort des bases militaires en Afrique, très contestées, c’est également le flou qui subsiste. Ces camps où sont stationnés en permanence quelque 900 hommes en Côte d’Ivoire, 350 au Sénégal et au Gabon, ne seront pas fermés mais «transformés, cogérés avec nos partenaires africains», a-t-il déclaré, sans donner davantage de détails. Et pas non plus concernant le sort des 2’500 soldats répartis entre le Niger et le Tchad après l’expulsion des forces françaises du Mali et du Burkina Faso; ou encore celui des 1’500 hommes basés à Djibouti, pièce maîtresse de la présence française dans l’Indopacifique.

S’envoler pour le Gabon, symbole de la «Françafrique», juste après l’avoir fustigée dans son discours parisien, incarne les incohérences et l’étroitesse de la marge de manœuvre du président Emmanuel Macron dans sa volonté de changer l’image de la France dans son «pré carré», tout en s’assurant que ses intérêts seront bien défendus par des dirigeants qui n’ont rien à lui refuser. L’opposition l’a aussitôt accusé d’être venu adouber Ali Bongo, successeur de son père Omar depuis la mort de celui-ci en 2009, qui s’apprête à briguer un troisième mandat en août 2023. Un soutien qui passe y compris aux yeux des opposants par l’organisation à Libreville de ce One Forest Summit, convenu lors de la COP27 entre la France et le Gabon. La succession dynastique des Bongo inspire le Congo-Brazzaville, autre escale de ce périple, où le président Sassou N’Guesso, 80 ans cette année, prépare son fils Denis Christel pour lui succéder. Emmanuel Macron avait bien tenté, au début de son premier mandat, de se tenir éloigné de ces encombrants «amis de la France». Mais aujourd’hui, pas question pour Paris de se priver du pétrole gabonais et congolais, en ces périodes où les richesses du sous-sol africain sont plus que jamais convoitées par des pays tels que la Russie, la Chine, l’Inde, la Turquie, moins effarouchées que la France par des «présidents à vie». Denis Sassou N’Guesso, avec ses 39 ans de pouvoir, n’a pas boudé son plaisir de voir le président français, qu’il a reçu en grande pompe, revenir à de meilleurs sentiments à son égard. Une instrumentalisation qui contribue à brouiller encore davantage l’image de la France, accusée de soutenir des «satrapes» et de favoriser avant tout ses intérêts économiques ou sécuritaires, en se moquant pas mal des habitants de ces pays.

Mais c’est à Kinshasa, ultime étape de ce périple à hauts risques, que le président français a connu sa plus rude épreuve, en tentant un jeu d’équilibriste périlleux entre la République démocratique du Congo (RDC) qui l’accueillait, et le Rwanda accusé de soutenir les rebelles du M23 qui mettent l’est du pays à feu et à sang. Le président congolais Etienne Tshisekedi, comme les organisations de la société civile, attendaient de sa part une condamnation claire et sans ambiguité du Rwanda, ce qu’Emmanuel Macron s’est refusé à faire. La raison? Les déboires rencontrés par l’armée française en Afrique ont contraint Paris à faire profil bas, qui, du coup, a décidé de confier au Rwanda des opérations militaires sur le continent. C’est ainsi par exemple qu’au Bénin, ce sont des troupes rwandaises qui prêtent main forte à l’armée béninoise dans le nord du pays pour contrer les djihadistes. Dans d’autres pays, tel la République centrafricaine, ce sont encore des troupes rwandaises qui s’opposent aux mercenaires russes de Wagner. Le président Etienne Tshisekedi, très au fait des liens qu’entretient Emmanuel Macron avec son homologue rwandais Paul Kagame, n’a pas fait de cadeau au président français lors d’une conférence de presse où les deux hommes ont eu de vifs et peu protocolaires échanges. C’est finalement en Angola, seul pays non francophone de sa tournée, qu’Emmanuel Macron a pu respirer un peu, parler business et partenariats d’affaires, dans ce pays où l’exploitation par TotalEnergies de fabuleux gisements de pétrole offshore se passe sans heurts majeurs. Avant de retrouver, en France, les manifestations monstres des 7 et 8 mars contre la hausse de l’âge de la retraite.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@stef 27.03.2023 | 17h42

«Pauvre Macron !
On va le plaindre.....»


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