Actuel / Le crédit social a-t-il vraiment débarqué à Bologne?
Une carte, qui traque le nombre d'ouvertures du conteneur pour les déchets non triés, est nécessaire pour jeter ses ordures à Bologne. Une des applications du SCW. © Pawel Czerwinski via Unsplash
Comme signalé dans l’édition du 13 mai de BPLT, la ville de Bologne a annoncé l’expérimentation d’une application qui permettrait d’attribuer des points aux citoyens qui font le tri des ordures, utilisent les moyens de transports en commun, participent aux activités culturelles, et n’ont pas d’amendes. S’agit-il pour autant d’un système de crédit social comme celui qui a vu le jour en Chine? Nous sommes allés voir de plus près.
Lire l'article du 13 mai: Venu de Chine, le crédit social se répand en Europe
Techniquement l’application n’est qu’une convergence de systèmes existants
A première vue, le projet Smart citizen wallet (SCW) ne semble pas apporter de changement majeur. Max Bugani, membre en charge de l’Agenda digital au sein de la Mairie (Giunta) de Bologne, nous explique que les quatre domaines concernés – ordures, transports en commun, culture, et ordre public – sont gérés par des entités dans la sphère d’influence de la Ville – respectivement Hera, Tper, BolognaWelcome et la police municipale. Dans les trois premiers domaines, les citoyens ont déjà à disposition une carte individuelle qui régule l’échange d’informations avec les gestionnaires. Chacune de ces cartes a le potentiel de fonctionner comme une sorte de carte de fidélité, permettant aux usagers de bénéficier de conditions particulières en cas de comportement jugé vertueux.
Ainsi, une carte est déjà nécessaire pour jeter les ordures dans les bennes de la ville. Vu que cette carte permet de vérifier combien de fois un usager ouvre la benne des ordures non-triées, on peut récompenser un petit nombre d’ouvertures. Il faut noter que – comme nous l’a précisé le Prof. Senzani, de l’Université de Bologne – il est légitime au vu du droit italien qu’une administration publique développe un système de bonus, qui soit fonctionnel à la réalisation d’un intérêt public. D’un point de vue technique il s’agirait donc juste d’une convergence de systèmes informatiques, vu que toutes les données informatiques nécessaires sont déjà accessibles par la Mairie. De plus, la Mairie veut développer l’application en interne, afin d’éviter que les données individuelles des usagers puissent être exploitées à d’autres fins. Pour cette raison, elle a refusé les offres des quelques grandes entreprises – allant de Microsoft à Cisco – qui se sont proposées pour effectuer le développement de l’application.
Le rôle crucial du Garant de la protection des données personnelles
Pourtant, aussi inoffensive qu’elle puisse paraître, l’application ne pourra être déployée sans l’avis du Garant de la protection des données personnelles, une autorité administrative indépendante créée il y a 25 ans, et qui a par exemple entretemps été reconnue comme l’autorité de contrôle de l’application en Italie du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Le Garant est en train en ce moment d’analyser la proposition de la ville de Bologne, et ne donnera un avis favorable au déploiement que si trois conditions sont vérifiées: l’usage de l’application ne sera pas obligatoire; l’application ne mènera pas à l’établissement d’un classement des citoyens suivant le nombre de points acquis à travers elle; l’application ne sera pas utilisée pour infliger des sanctions aux usagers. On voit donc que le SCW ne pourra pas évoluer vers un système de contrôle social à la chinoise.
Un problème opérationnel: la Ville n’a rien à offrir en échange des points
Il n’y aurait donc ni de problèmes techniques, ni de vrais problèmes juridiques. Les problèmes sont plutôt d’ordre opérationnel, car la Ville n’a pas grande chose à proposer pour valoriser les points que les usagers de l’application gagneraient. Par exemple, l’idée de permettre d’utiliser les points pour payer des amendes ne résiste pas devant les analyses de la Cour des comptes, qui n’accepte pas que l’on sacrifie de l’argent public (les rentrées des amendes), en échange d’un comportement vertueux (effectuer le tri des ordures). Pour valoriser les points, la Mairie pense donc impliquer les commerçants de la ville, qui seraient libres de donner la valeur qu’ils souhaitent aux points gagnés par les utilisateurs de l’application. On ne comprend pas pourquoi des commerçants devraient participer à ce schéma d’échange, vu que la Mairie n’a pas explicité de mécanisme d’incitation, ni pourquoi les commerçants offriraient des rabais plus intéressants aux utilisateurs de l’application, qu’à leurs autres clients. Il semble donc qu’il manque encore quelque chose pour que le gentil coup de puce (nudging) de la Mairie pour amener à des comportements plus civiques soit vraiment efficace.
La vraie question: à quoi bon tout ça?
Au vu de ce qui précède on est en droit de se demander quel bénéfice amène le SCW. Les usagers et les commerçants ne tireront probablement pas de vrais avantages de l’utilisation de l’application. Son déploiement risque d’accentuer l’isolement social de ceux qui ont une alphabétisation digitale insuffisante. De plus, il ne semble pas y avoir de mesures d’incitation prévues, qui soient destinées à ceux qui refuseraient d’utiliser l’application. Malgré ça il y a un réel engouement pour cette expérimentation. Les responsables de villes allant des Pays-Bas, à l’Espagne, en passant par l’Allemagne, ont contacté la Mairie de Bologne pour signaler leur intérêt dans l’opération. A Bologne-même différents acteurs veulent en être, comme la curie, qui aurait souhaité que par l’application soient valorisées les activités de bénévolat au profit de la collectivité. On en vient à penser que l’on se lance dans de telles expérimentations, parce que d’une part le classique système de sanctions a montré ses limites, et que d’autre part l’on fonde un grand espoir dans les méthodes de gestion de la chose publique, comme le nudging ou les contrôles électroniques d’accès, qui ont trouvé un large usage pendant les deux dernières années. En somme, on le fait parce qu’on peut le faire, et que c’est dans l’air du temps, sans consulter la population.
Parmi les personnes interrogées dans les rues et les magasins de la ville, un homme seulement nous a dit avoir entendu parler du projet SCW par une amie journaliste. En fait, après avoir reçu des explications rapides sur la chose, et avoir été informés des critiques émises de plusieurs parts, les personnes se rangent clairement en deux camps. Soit elles expriment leur approbation et souhaitent plus d’informations, soit elles relient le projet à la pratique de gouvernement de la gauche, qui serait d’après elles basée sur le contrôle. C’est peut-être ça le plus déroutant, que pour résoudre des questions liées au vivre-ensemble l’on se fie à un dispositif électronique, plutôt que de développer davantage le débat public.
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Le chômage à Gaza est de l’ordre de 85%, ainsi le fait que l’UNRWA donne du travail à de nombreux palestiniens est une source d’espoir, notamment pour les jeunes qui ont eu une formation avancée. Notre témoin, elle, considère avoir reçu une très bonne éducation: elle parle couramment l’anglais, et est actuellement inscrite à l’Université de Bâle, où elle suit les cours en allemand et s’est fait beaucoup d’amis et amies suisses. Lorsque quelqu’un lui demande s’il est vrai que dans les écoles de Gaza on prône l’antisémitisme, elle trouve la question ridicule car l’islam auquel elle a été formée s’inscrit dans la voie tracée par les traditions juive et chrétienne. «Nous croyons au judaïsme, dit-elle, nous ne faisons pas de différence entre les religions». Les autorités politiques palestiniennes sont absentes de son discours, elle semblent n’avoir joué aucun rôle important dans sa vie.</p> <p>Bien qu’émouvant, il ne s'agit là que d’un témoignage auquel on peut – si on veut – nier toute valeur objective ou probante. Il pointait néanmoins vers l’enracinement profond de l’agence onusienne dans la vie des Palestiniens de Gaza, qui est lui bien réel. Quelques chiffres suffisent pour appréhender la situation. L’UNRWA emploie une douzaine de milliers de personnes à Gaza, dont 99% sont des Palestiniens descendants de réfugiés. D’après un diplomate suisse, l’ONG ayant le plus grand nombre de personnes actives à Gaza, mis à part l’UNRWA, en compte 35! Comment peut-on donc imaginer sortir aujourd’hui l’UNRWA du jeu sans qu’il y ait encore plus de souffrance et de morts?</p> <h3>La livre de chair</h3> <p>Dans <em>Le Marchand de Venise</em> de Shakespeare, l’usurier Shylock demande une livre de chair comme garantie pour un prêt d’argent qu’il concède au marchand Antonio. Lorsque celui-ci ne peut pas rembourser sa dette, Shylock réclame son dû, malgré qu’un ami d’Antonio lui offre le double de la somme empruntée. L’usurier n’obtiendra pourtant pas ce à quoi il pensait avoir droit par contrat. En effet, un jeune «docteur de loi» (en réalité la femme d’un ami d’Antonio, déguisée) arrive à le convaincre qu’il sera en tort si, avec le prélèvement de la livre de chair, une seule goutte de sang était versée. Or on ne coupe pas la chair sans verser le sang. 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Le jour précédent recourrait le cinquantième anniversaire du début de la Guerre du Kippour. Surtout, la cruauté des actes perpétrés à cette occasion rappelle les razzia des tribus habitant la Péninsule arabe qui, en tuant et en violant, attaquaient les tribus adverses et repartaient en emportant les enfants. L’attaque du 7 octobre fut nommée en arabe par ses initiateurs le «Déluge d’al-Aqsa», qui invoque celui, envoyé par Allah, qui noya tous les mécréants. La référence au déluge souligne le caractère virtuose du massacre. En 628, Mahomet a lui-même mené une razzia contre les Juifs vivant dans l’oasis de Khaïbar, pendant laquelle les hommes furent torturés, passés au fil de l’épée, les femmes capturées et réparties dans les harems des vainqueurs, les enfants réduits en esclavage.</p> <p><strong>Comment s’expliquer qu’une telle opération ait pu réussir?</strong></p> <p>Le Premier ministre israélien Netanyahou est otage d’une minorité, qui occupe seulement 14 sièges sur 120 à la Knesset, mais qui a la capacité de dicter son agenda. Au centre de ce programme figure l’accélération de la colonisation en Cisjordanie. Ceci s’est traduit en une stratégie qui a amené à renforcer le Hamas afin d’affaiblir l’Autorité palestinienne. Ce faisant, Netanyahou a largement sous-estimé Sinwar, qu’il avait lui-même libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de 1'027 prisonniers palestiniens contre le caporal Gilad Shalit. Jusqu’aux Printemps arabes, le Hamas était proche de la ligne des Frères musulmans, et suivait une stratégie que l’un pourrait dire gestionnaire: il vitupérait Israël, mais avait instauré un <i>modus vivendi</i> qui semblait s’accommoder de la situation. Ceci faisait le jeu d’Israël. Après 2011, le Hamas se radicalise et s’éloigne des Frères, en se rapprochant de l’Iran, grâce à l’unique voyage à l’étranger de Sinwar. Netanyahou continue de croire que «chien qui aboie, ne mord pas», et fait en sorte que chaque semaine passent par l’aéroport Ben Gurion 40 millions de dollars en cash, provenant du Qatar à destination de Gaza. Une partie de ces sommes servira à construire les tunnels dont maintenant tout le monde est au courant. L’aveuglement du gouvernement israélien a été absolument remarquable. En octobre 2023, le mandataire Sinwar a pris l’ascendant sur ses mandants iraniens, et a marqué un énorme coup symbolique, qui ne fait pas forcément les intérêts de l’Iran, ni peut-être même pas des Palestiniens, en tout cas à court-terme. On peut penser que les services de renseignement israéliens avaient idée de ce qui allait venir, mais ils n’ont pas été entendus par Netanyahou.</p> <p><strong>Vu que la razzia du Hamas a été menée en grande autonomie et que la riposte d’Israël n’avait pas été planifiée, n’est-il pas étonnant que ces actions aient été inscrites dans un affrontement Nord-Sud?</strong></p> <p>La razzia du 7 octobre a mis à mal un des fondements de la création de l’Etat d’Israël. Elle a remis en question le «plus jamais ça» référé aux exterminations subies par les Juifs à travers les âges. Or, la création de l’Etat juif et le déplacement de la population palestinienne sont une des conséquences de l’organisation du monde voulu par les vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. La Guerre contre l’Occident est menée par les pays de ce qui est appelé Sud Global sur le front des valeurs morales. Il s’agit essentiellement des pays BRICS+: Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Ethiopie et Iran. D’après eux, la Shoah ne serait pas le pire qui soit arrivé: la colonisation est bien pire. De plus, la Shoah serait un «truc entre Blancs», qui a eu lieu il y a longtemps, et dont certains doutent même qu’elle ait eu lieu. Voilà le genre de position qui est soutenu par les leaders <i></i>de ces pays, et qui demandent maintenant aux colonisateurs de payer pour leurs méfaits. Je ne mets pas en doute la gravité de l’Apartheid, ni la posture morale d’un Mandela, mais je m’interroge sur le bien-fondé de telles revendications faites au nom de populations qui pour la plupart vivent sous des régimes autoritaires, et dont une grande partie n’a qu’une aspiration, à savoir émigrer vers le Nord tant vilipendé, qui semble donc encore fournir un espoir. C’est pourquoi je souligne l’inanité du clivage entre le Sud Global et le Nord occidental. Au nom de la morale on occulte la question démocratique, faisant ainsi le jeu de personnages comme Netanyahou ou Trump. 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Vu que les paysans dépendent de manière importante de paiements directs, certains les considèrent comme des sortes de fonctionnaires à leur service. Ainsi, si ces citadins pensent qu’il faut faire place au loup dans les montagnes au loin, les paysans n’ont qu’à s’exécuter. D’autres considèrent les paysans comme des paysagistes, ou pensent qu’ils sont carrément inutiles vu que la Suisse aurait les moyens d’acheter à l’étranger ce dont sa population a besoin. Ceux qui ne les connaissent pas peuvent avoir été surpris ou dérangés par les manifestations que les paysans ont organisées depuis le début de l’année.</p> <p>Lorsqu’ils ont commencé à manifester ils ont simplement retourné des panneaux à l’entrée de villages, pour dire que le monde marche sur la tête. Plus tard ils se sont réunis autour de feux avec leurs tracteurs, et ont explicité leur appel, leur SOS. 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Mais c’est mal apprécier la situation, car une société ne fonctionne plus si sa population est malade.</p> <p>Actuellement, notre système d’assurance sociale se concentre, non plus sur le financement de soins, mais sur celui de prestations qui figurent dans un catalogue, et ceux qui détiennent les clés du catalogue n’ont pas intérêt à le faire évoluer ou accueillir d’autres prestataires dans le jeu. Le système est donc figé et le rôle de l’Etat malheureusement peu clair. La Confédération n’a pas de compétence générale en matière de santé, et n'est tentée d’intervenir que quand les autres acteurs ne s’entendent pas. Les Cantons, qui devraient en principe être souverains pour la gestion de leur système de santé, sont dans des rôles multiples: ils sont propriétaires d’hôpitaux, planificateurs, financeurs, et subventionneurs de primes, tout ceci dans un cadre LAMal fédéral auquel il ne peuvent déroger. 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Il faudrait inscrire dans la Constitution que la santé est une tâche publique et que l’Etat fédéral a une responsabilité en matière de santé. On ne peut pas uniquement prôner la responsabilité des individus et la liberté économique, comme c’est le cas actuellement. Seulement l’Etat peut espérer contrôler la teneur en sucre ou l’excès de graisses dans notre alimentation, de même que veiller sur la consommation de tabac et autres nuisibles pour la santé.</p> <p>La Confédération et les Cantons devraient aussi repenser la coordination de leurs actions, sans arriver pour autant à un pur fédéralisme d’exécution. La Confédération pourrait s’occuper de la planification hospitalière, des soins très spécialisés, de la convergence des systèmes d’information, ainsi que de la gestion des risques environnementaux comme la pollution. 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En parallèle, il faudrait créer une instance indépendante qui puisse disposer de toutes les données nécessaires pour informer le politique dans ses décisions. Pour terminer, il faudrait que les acteurs-clés du système et les parlementaires s’engagent à être force de proposition, et à être liés par une charte d’engagement. Nous devrions aussi changer notre imaginaire, en sortant par exemple de la toute-puissance de l’hôpital.</p> <p><strong>Qu’entendez-vous par toute-puissance de l’hôpital?</strong></p> <p>D’après mon expérience, pour la population et pour les administrations il y a l’hôpital et puis le reste. On le voit dans les batailles menées par les communes pour garder les hôpitaux sur leurs territoires. Ceci explique en partie le fait qu’il y a encore trop d’hospitalisations en Suisse. L’hôpital est important, mais ça devrait se jouer davantage dans la communauté, avec les soins à domicile, les EMS, la médecine de premier recours. 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Ce serait un vœu pieux de penser que sans une vision politique claire les acteurs-clés seraient capables de repenser le fonctionnement global du système, de réarticuler les besoins de promotion de santé et de soins, de réajuster les structures tarifaires au profit des généralistes et des soins infirmiers, et de revaloriser la Médecine humaniste. Surtout que cela va comporter la re-discussion de certains privilèges historiques. Réaliser un nouveau cadre légal pour la santé n’est pas étatiser. Mais la loi ne peut pas tout. Mon activité de médecin m’a enseigné la solidarité, le respect de l’humain, et la compassion. Il faut déconstruire le pouvoir médical tel qu’il s’est érigé et le ramener vers plus d’humilité. Il y a actuellement une perte de sens chez les professionnels. Les médecins et les soignants en général sont écartelés entre des contraintes administratives et le besoin de temps pour les soins. C’est criant en particulier dans les hôpitaux qui sont devenus des industries pénétrées par tout un vocabulaire économique. Il faudrait repenser l’éducation des soignants en soulignant la communauté de destin entre professionnels de santé et patient, pour que cette vision humaniste se réalise.</p> <p><strong>Quelles seront les prochaines étapes pour vous?</strong></p> <p>D’ici peu sortira un rapport de Unisanté réalisé sous mandat de l’Académie des sciences médicales, qui élabore les idées de réformes légales que j’ai exposées. Ce sera un travail scientifique. Puis en juin est attendue une prise de position plus offensive de l’Académie elle-même, qui contiendra notre rapport en annexe. Nous, experts, aurons alors fait notre part du travail. La population devrait revendiquer une prise de position de l’Etat démocratique: elle est attendue. Les politiques ont besoin d’un engagement citoyen. L’avenir de la santé et des soins est dans la communauté.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup><i>Crise du système de santé: Cantons et Confédération, il est encore temps!</i> Kraft, n°2, Georg Editeur, 2023.</h4> <h4><sup>2</sup>Stéfanie Monod est Professeure titulaire à l’Université de Lausanne-Unisanté, où elle co-dirige, comme médecin cheffe, le Département épidémiologie et système de santé. Elle a travaillé une vingtaine d’années au CHUV, en gériatrie et au développement des soins des personnes âgées dans la communauté. 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1 Commentaire
@simone 08.07.2022 | 17h03
«Merci de cette triste et inquiétante information et de vos commentaires marqués au coin du bon sens.
Suzette Sandoz»