Actuel / Romands, vous n’existez plus!
L'Argovien de 53 ans, Thomas Süssli, est le nouveau commandant de corps de l'armée. © Site de la Confédération
Quelles qualités faut-il pour diriger les CFF? Un chasseur de tête zurichois, Werner Raschle, du bureau Consult & Pepper, l’a expliqué au «Blick» (06.09). Question langues, pour un tel poste, il faut savoir l’allemand et l’anglais. Le français? Pas nécessaire. Enfin quelqu’un qui ose le dire ouvertement alors que tant d’Alémaniques le pensent discrètement. Lors de sa première conférence de presse, le nouveau chef de l’armée a prié les journalistes romands de ne s’adresser à lui qu’en allemand!
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Peu audible d’ailleurs chez lui et chez ses partenaires, guère enthousiastes de cette prétention au leadership. En termes exaltés et alarmistes, le président français en appelle au renforcement massif de la défense européenne. Non sans raisons. Mais pour quoi faire? Affronter la menace de la Russie? Voyons son armée. Elle s’escrime autour de quelques villages dans l’est de l’Ukraine, à quelques kilomètres de chez elle, elle peine à prendre la ville voisine de Karkhiv malgré d’horribles destructions. Elle n’est manifestement pas de taille à s’en prendre aux pays de l’OTAN, ni matériellement ni humainement. Les divers pays européens sont loin d’être démunis de moyens militaires. Même si leur base industrielle a des lacunes. On le sait aussi au Kremlin, où, quoi qu’on en dise, on est réaliste, on n’a pas la folie des grandeurs. Point effectivement à soulever: il est vrai que les Européens feraient bien de se préoccuper davantage de la défense anti-drones et anti-missiles. Ces engins, peu coûteux à produire mais ruineux pour s’en défendre, jouent un rôle-clé dans les conflits d’aujourd’hui. Et les Russes ne sont pas seuls à en disposer. Dans la cybersécurité aussi, il y a aussi de sérieux efforts à faire. Comme en Suisse, où le Département de la Défense confie cette tâche à son entreprise boiteuse Ruag qui s’appuie elle-même sur l’entité issue de Crypto AG, célèbre pour le scandale de ses tricheries. La Confédération a misé en plus sur une société bernois brinquebalante, Xplain, et admet aujourd’hui le désastre. Même des informations confidentielles sur les Conseillers fédéraux ont été balancés dans le «darknet». </span></p> <p><span>Mais nos militaires et leur cheffe ne rêvent que d’acquérir toujours plus d’avions, de blindés et de canons… à acheter aux Etats-Unis bien sûr. Viola Amherd se frotte les mains: une curieuse proposition agite le Parlement. Il s’agit de faire sauter la limite aux dépenses fédérales et de consacrer dix milliards supplémentaire pour l’armée et cinq pour l’Ukraine d’ici à 2030. C’est un groupe inhabituel de femmes parlementaires alémaniques qui est à la besogne. Dont une centriste, Marianne Tinder («Je suis en mesure d'évaluer la gravité de la menace même sans jours de service militaire»), sa collègue de parti entrée au Parlement en décembre dernier («Quand j'entends que l'armée n'a même pas assez de gilets de protection, cela me fait réfléchir»), la socialiste Franziska Roth («Nous ne pouvons pas nous cacher constamment derrière des lignes rouges»). A compter aussi dans ce que le <em>Tagesanzeiger</em> appelle les «dealmakers»: une autre centriste, Andrea Gmür, la socialiste Sarah Wyss, la verte libérale Corina Gredig. Etonnant, ce quarteron féminin, inter-partis, prônant l’urgence des armes.</span></p> <p><span>Bien que le président du PS Cedric Wermuth et la Fédération des sociétés militaires – curieux attelage! – applaudissent l’idée, celle-ci passe mal. Le patron du Centre Gerhard Pfister tousse, les radicaux, derrière Karin Keller-Suter, préoccupés par l’endettement, s’y opposent. Et il se trouvera sans doute des socialistes pour refuser cet emballement. Quant au petit peuple à qui on ne demandera pas son avis, il sait que de telles dépenses supplémentaires entraîneront inévitablement des coupes là où cela lui fait mal. </span></p> <p><span>Il vaut la peine de s’interroger sur les ressorts de cette outrance militariste. Que ce soit dans le mode déclamatoire d’un Macron ou dans les chuchotements du Palais fédéral. La politique sort alors du champ rationnel, de l’analyse froide des réalités, elle entre dans l’escalade des émotions morales, détermine dans le mode binaire, gagner ou perdre la guerre. Or l’histoire récente donne tant d’exemples où les conflits ont fini par des pourparlers. Plus ceux-ci ont tardé, plus se sont inutilement prolongées les souffrances.</span></p> <p><span>Rester fidèles à nos principes? Bien sûr. Mais alors pourquoi ne pas s’activer plutôt au chapitre de la paix? Pourquoi ne pas tirer toutes les ficelles en vue de véritables négociations dans le conflit Ukraine-Russie? Dans son emportement Emmanuel Macron n’a même pas prononcé ces mots. Et en l’occurence helvétique, les chantres féminins du pactole aux armes n’en ont eu aucun dans ce sens. Et le grand raout prévu au Bürgenstock, direz-vous? L’intention est certes louable mais le cadrage est défini par un seul des camps en présence et par les Etats-Unis. Cela en fait un simulacre de négociations. Qui pourrait bien en rajouter une couche à la frénésie belliqueuse. Alors même que le moment approche où les belligérants, plus ou moins épuisés, devront bien se résoudre à cesser le feu et à engager des pourparlers. Plus ils attendront, plus la malheureuse Ukraine sera mal prise. Regrettant que l’accord à bout touchant du tout début de la guerre ait été sabordé.</span></p> <p><span>Quant à l’autre guerre qui nous bouleverse, au Moyen Orient, elle est promise à durer longtemps, très longtemps, sous une forme ou une autre. Totalement dépassée et discréditée, la Suisse ne songe même pas à proposer une négociation, ni sur l’immédiat, ni sur le fond. Peu dit: un autre pays tente discrètement cet effort, non sans expérience. La Norvège.</span></p> <p><span>Mais le Conseil fédéral paraît tenir à réaffirmer son alignement sur la ligne d’Israël. Après avoir concédé une aide réduite, la commission parlementaire des Affaires étrangères propose de supprimer à terme tout soutien à l’UNRWA. 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Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! ', 'content' => '<p><span>Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! Ces trente dernières années, son entreprise, sise à Lausanne, CAB-Productions, a permis à de nombreux cinéastes, locaux et internationaux, de s’exprimer librement. Tournant en Suisse, avec des comédiens, des techniciens d’ici et d’ailleurs. De Francis Reusser à Dominique de Rivaz, d’Alain Tanner à Jean-François Amiguet, de Marcel Schüpbach à Pierre-Yves Borgeaud, de Greg Zlingski à Olivier Assayas, de Benoît Mariage à Claude Chabrol, et tant d’autres. Dernier en date, Roman Polanski. Avec le tournage à Gstaad de <em>The Palace</em>, en coproduction avec l’Italie et la Pologne. </span></p> <p><span>Lié d’amitié avec cette grande figure du cinéma européen, Porchet a tout fait, trois ans durant, pour que ce film se fasse. Contre vents et tempêtes. Face aux campagnes des ultra-féministes qui rabâchent et déforment une histoire vieille de quarante ans, aux Etats-Unis, impliquant une jeune fille qui aujourd’hui est dans les meilleurs termes avec le prétendu coupable. L’offensive «wokiste» a mis Polanski au ban. En Suisse comme en France, aucun soutien public n’a été apporté au film. Une fois terminé, au début de cette année, il a pu être présenté à Venise mais n’a été diffusé que dans quelques rares salles, les distributeurs et les exploitants craignant des manifestations féministes. Il est même totalement proscrit en France. </span></p> <p><span>Pour Jean-Louis Porchet les difficultés du début ont tourné à la descente aux enfers. Faute de rentabiliser les droits d’exploitation, sous le poids des dettes contractées pour boucler le financement du tournage, son entreprise est menacée de faillite. 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J'ai aussi été 35 ans chasseur de têtes avec des bureaux à Genève et Zurich. Et je pense que le problème du Roestigraben linguistique cache une réalité plus grave. La réalité c'est que les Alémaniques (et plus particulièrement les Zurichois) sont intimement persuadés qu'ils sont les seuls à savoir gérer correctement notre pays qui de plus devait être pris comme modèle par le reste du monde. Dès lors il devient clair que deux langues sont essentielles. Le Suisse allemand pour la Suisse( les Welsches n'ont qu'a s'y mettre) et l' anglais pour le reste du monde. Et ce n'est pas notre president qui dira le contraire, lui dont la parfaite maîtrise de l'anglais fait l'admiration des foules!! 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Excellent... j'ai envie de dire "comme toujours"... Le plus triste dans ce que vous écrivez est le cas du quasi-général Süssli ("douceur", au cas où...) ... et peut-être que l'école obligatoire devrait ici se remettre en question... d'abord viser la compréhension d'une autre langue (chacun parlant dans la sienne), avant de viser la maîtrise de l'autre langue... cela placerait la barre moins haut, quitte à ce que les mordues ou les doués choisissent la 2e option... Cela fait une vingtaine d'années que je vis entre la Suisse romande et la Suisse alémanique... 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Werner Raschle tient un étrange propos. Pourquoi juge-t-il la maîtrise de l’allemand indispensable? «Parce que le CEO doit pouvoir convaincre les représentants du Parlement et communiquer avec la population.» Mais pas besoin du français… Les Romands comptent pour beurre. Et ce «headhunter», biberonné à St.-Gall, New York et Chicago, manifestement peu porté vers les contrées latines, ajoute: «Avec l’obligation du français, 75% des candidats potentiels se trouvent exclus. Les gens top, en-dessous de 40 ans, ne parlent plus couramment le français.»
C’est aussi ce que s’est dit la conseillère fédérale haut-valaisanne Viola Amherd. Non sans courage, elle a désigné au poste de chef de l’armée une personnalité inattendue, plus intéressée par la cyberguerre que par les armes classiques. Fort bien. Le hic? Thomas Süssli, 53 ans, ne parle pas le français. Il ne le comprend même pas puisqu’il demande que l’on ne s’adresse à lui qu’en allemand. Voilà donc un quasi-général qui est incapable de parler d’homme à homme avec un quart de ses soldats. Certes, il promet d’apprendre cette langue en quatre mois. Cet homme brillant s’y mettra, mais qu’il soit permis de sourire. On a entendu si souvent cette pirouette… avec de piteux résultats à la fin.
Et dire qu’en avril 2018, des politiciens UDC pleurnichaient en raison du trop grand nombre de fonctionnaires romands au Département de la défense! 18%, un chiffre record, dû en partie à la présence du chef d’alors, Guy Parmelin. Ce qui lui valut une mise en garde… De qui? De 24 Heures! «Attention à ne pas négliger les Alémaniques!» écrivait Florent Quiquerez dans un réflexe servile familier aux Vaudois.
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«La Suisse n’existe pas», la formule lancée par l’artiste Ben Vautier qui avait fait scandale en 1992 à l’exposition universelle de Séville garde donc une certaine actualité. Car il est vrai que si les chefs des chemins de fer et de l’armée ne sont même plus en mesure de parler en français aux Romands, c’est la nature-même de cette Confédération qui prend un mauvais coup. Cette Suisse, de facto monolingue, s’appauvrit, se banalise. Qui réagira?
Jacques Pilet a tenu à s'adresser également aux Alémaniques en publiant ce texte, à paraître aujourd'hui (en version papier et online), dans le Blick:
Empörende Verachtung der mehrsprachigen Schweiz
Französisch? Wozu?
Herr Raschle, Sie sind ein Star unter den Headhuntern, Sie wissen, was die führenden Kräfte der Schweizer Institutionen unbedingt können sollen. Danke, dass Sie offen sagen, was viele leise meinen: Die französische Sprache ist unnnötig. Sogar für den zukünftigen Boss der SBB.
Deutsch hingegen, ja klar, unbestritten. «Weil der CEO Parlamentsvertreter überzeugen können muss und mit der Bevölkerung kommuniziert.» Die Bevölkerung? Meinen Sie die deutschsprachige Bevölkerung? Sind die Welschen so unwichtig geworden? Entschuldigung, noch haben sie das Stimmrecht und auch das Recht, den obersten Chef unserer Züge direkt und scharf zu befragen. Oder habe ich etwas verpasst?
Ist das nicht besorgniserregend?
Sie sagen: «Mit Französisch als Bedingung werden rund 75 Prozent der potenziellen Kandidaten ausgeschlossen. Topleute unter 40 Jahren sprechen heute nicht mehr fliessend in Französisch.» Sind unsere Hochschulen so kulturell begrenzt geworden? Ist das nicht besorgniserregend, sogar in der Welt der Wirtschaft? Studieren in New York oder Chicago ist sicher gut. Eine Zeit in der Westschweiz würde aber wirklich nichts bringen? Das wäre doch der kürzeste Weg, um eine andere Denkart zu probieren.
Armee-Kommandos nur auf Deutsch
Diese Verachtung der mehrsprachigen Schweiz empört die Romands. Der neue Chef der Armee nahm bei seiner ersten Pressekonferenz die Fragen nur auf Deutsch entgegen. Er kann nicht Französisch. Man stelle sich die Lage vor … Der Quasi-General besucht das Feld und kann sich nicht mit den Französisch sprechenden Soldaten – einer von vier – direkt, ohne Dolmetscher unterhalten. Eine Premiere in der Geschichte!
Ok, Herr Süssli hat versprochen, sich in den nächsten vier Monaten zu verbessern. Der hochkompetente und hochbegabte Offizier wird es tun. Ein zweifelndes Lächeln ist aber erlaubt. Wir haben diese Versprechen so oft gehört. Mit erbärmlichen Ergebnissen am Ende.
Verarmt und trivialisiert
Selbstverständlich gilt dieser Wunsch in beide Richtungen. Ohne gute Deutschkenntnisse sind die Romands aus dem Spiel der nationalen Karriere. Die Kandidaten für hohe Jobs haben das schon lange erfahren. Umgekehrt nicht.
Diese einsprachige Schweiz ist nicht meine Schweiz. Sie verrät die schönsten Traditionen dieses Land. Sie verarmt und trivialisert sich selbst.
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Peu audible d’ailleurs chez lui et chez ses partenaires, guère enthousiastes de cette prétention au leadership. En termes exaltés et alarmistes, le président français en appelle au renforcement massif de la défense européenne. Non sans raisons. Mais pour quoi faire? Affronter la menace de la Russie? Voyons son armée. Elle s’escrime autour de quelques villages dans l’est de l’Ukraine, à quelques kilomètres de chez elle, elle peine à prendre la ville voisine de Karkhiv malgré d’horribles destructions. Elle n’est manifestement pas de taille à s’en prendre aux pays de l’OTAN, ni matériellement ni humainement. Les divers pays européens sont loin d’être démunis de moyens militaires. Même si leur base industrielle a des lacunes. On le sait aussi au Kremlin, où, quoi qu’on en dise, on est réaliste, on n’a pas la folie des grandeurs. Point effectivement à soulever: il est vrai que les Européens feraient bien de se préoccuper davantage de la défense anti-drones et anti-missiles. 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Il s’agit de faire sauter la limite aux dépenses fédérales et de consacrer dix milliards supplémentaire pour l’armée et cinq pour l’Ukraine d’ici à 2030. C’est un groupe inhabituel de femmes parlementaires alémaniques qui est à la besogne. Dont une centriste, Marianne Tinder («Je suis en mesure d'évaluer la gravité de la menace même sans jours de service militaire»), sa collègue de parti entrée au Parlement en décembre dernier («Quand j'entends que l'armée n'a même pas assez de gilets de protection, cela me fait réfléchir»), la socialiste Franziska Roth («Nous ne pouvons pas nous cacher constamment derrière des lignes rouges»). A compter aussi dans ce que le <em>Tagesanzeiger</em> appelle les «dealmakers»: une autre centriste, Andrea Gmür, la socialiste Sarah Wyss, la verte libérale Corina Gredig. 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La politique sort alors du champ rationnel, de l’analyse froide des réalités, elle entre dans l’escalade des émotions morales, détermine dans le mode binaire, gagner ou perdre la guerre. Or l’histoire récente donne tant d’exemples où les conflits ont fini par des pourparlers. Plus ceux-ci ont tardé, plus se sont inutilement prolongées les souffrances.</span></p> <p><span>Rester fidèles à nos principes? Bien sûr. Mais alors pourquoi ne pas s’activer plutôt au chapitre de la paix? Pourquoi ne pas tirer toutes les ficelles en vue de véritables négociations dans le conflit Ukraine-Russie? Dans son emportement Emmanuel Macron n’a même pas prononcé ces mots. Et en l’occurence helvétique, les chantres féminins du pactole aux armes n’en ont eu aucun dans ce sens. Et le grand raout prévu au Bürgenstock, direz-vous? L’intention est certes louable mais le cadrage est défini par un seul des camps en présence et par les Etats-Unis. Cela en fait un simulacre de négociations. 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Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! ', 'content' => '<p><span>Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! Ces trente dernières années, son entreprise, sise à Lausanne, CAB-Productions, a permis à de nombreux cinéastes, locaux et internationaux, de s’exprimer librement. Tournant en Suisse, avec des comédiens, des techniciens d’ici et d’ailleurs. De Francis Reusser à Dominique de Rivaz, d’Alain Tanner à Jean-François Amiguet, de Marcel Schüpbach à Pierre-Yves Borgeaud, de Greg Zlingski à Olivier Assayas, de Benoît Mariage à Claude Chabrol, et tant d’autres. Dernier en date, Roman Polanski. Avec le tournage à Gstaad de <em>The Palace</em>, en coproduction avec l’Italie et la Pologne. </span></p> <p><span>Lié d’amitié avec cette grande figure du cinéma européen, Porchet a tout fait, trois ans durant, pour que ce film se fasse. Contre vents et tempêtes. Face aux campagnes des ultra-féministes qui rabâchent et déforment une histoire vieille de quarante ans, aux Etats-Unis, impliquant une jeune fille qui aujourd’hui est dans les meilleurs termes avec le prétendu coupable. L’offensive «wokiste» a mis Polanski au ban. En Suisse comme en France, aucun soutien public n’a été apporté au film. Une fois terminé, au début de cette année, il a pu être présenté à Venise mais n’a été diffusé que dans quelques rares salles, les distributeurs et les exploitants craignant des manifestations féministes. Il est même totalement proscrit en France. </span></p> <p><span>Pour Jean-Louis Porchet les difficultés du début ont tourné à la descente aux enfers. Faute de rentabiliser les droits d’exploitation, sous le poids des dettes contractées pour boucler le financement du tournage, son entreprise est menacée de faillite. L’accumulation des tracas finit par accabler le solide cueilleur de champignons. </span></p> <p><span>Le dimanche 24 mars, en route vers un ami à Rennaz, il s’arrête près de Cully, fume un cigare, son péché parcimonieux, et laisse flotter ses pensées sur le lac. Il repart et là, sans pouvoir l’expliquer encore, dans un blanc soudain, traverse la chaussée et écrase sa voiture du haut mur de Lavaux. Fracassé, il la voit prendre feu, reste prisonnier. Et attend les secours dans d’horribles douleurs. Les deux jambes et des côtes cassées, de graves brûlures.</span></p> <p><span>Le voilà, cinq semaines plus tard, dans une chambre du CHUV. Avec le sens de l’humour. «Les jours d’avant, je me disais sans cesse que j’allais dans le mur. J’y suis allé pour de bon!» Et toujours pratique: «Je ne sais pas quand et comment je pourrai rentrer chez moi, mes clés ont fondu dans l’incendie…» Puis un sourire malicieux. «Alors que tout le monde dit des horreurs sur le Jeux olympiques de cet été, une infirmière française me disait sa joie que cette fête mondiale ait lieu à Paris!». De quelles doses d’optimisme et de pessimisme avons-nous besoin? «Difficile à dire, lâche l’alité, quand j’ai des douleurs les médecins me demandent de les chiffrer de 1 à 10 et j’hésite. Comme le jour où une copine m’a demandé de chiffrer mon bonheur sur la même échelle!»</span></p> <p><span>Du haut de ses 75 ans et de sa sagesse rieuse retrouvée après le fracas, Porchet ne produira plus de films. «Mais je vais m’intéresser davantage à l’Histoire. Quand on voit ce qu’ont souffert les gens dans le passé, on se dit que le présent n’est pas aussi accablant qu’il y paraît dans le flot des nouvelles anxiogènes. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
11 Commentaires
@manini 10.09.2019 | 10h14
«Vous avez raison monsieur J’estime que chaque Suisse doit parler une deuxième langue nationale parfaitement mais .... je suis un peu seul avec cet opinion PAM»
@willoft 10.09.2019 | 11h46
«On omet souvent, dans cette linguistique, la difficulté d'apprendre l'allemand, alors que tout se passe en suisse-allemand qui est déjà même incompréhensible, selon les régions, entre eux.
Demandez à un zurichois de comprendre un haut-valaisan...!
J'ai passé environ 6 ans à Bâle et à Berne, mais j'ai toujours autant de peine à comprendre le suisse-allemand (et je parle cinq langues).
Ensuite les territoires francophones sont vastes, les territoires germanophones réduits.»
@Gypsy26 10.09.2019 | 20h36
«Sehr gut Herr Pilet ! Bravo M. Pilet. À ce niveau, ne même pas comprendre le français, c’est une honte. Malheureusement, il ne sait probablement pas que Bon pour la tête existe. Il faut lui envoyer votre article directement !
»
@Gypsy26 10.09.2019 | 20h40
«Ah! Je n’avais pas vu que l’article sera publié dans le Blick. Très bon journal pour les Suisses Allemands ! Avec mes excuses.»
@Maman 11.09.2019 | 18h55
«Bravo Monsieur Pilet,
Bien dit et surtout bien écrit comme à votre habitude.
Je souhaite qu'il vous réponde dans un hoch deutsch académique et pas du züritüsch amélioré ....
»
@Juanpablo45 12.09.2019 | 09h01
«Les Alémaniques oublient que leur "langue" n'est qu'un assemblage de plusieurs dialectes et qu'elle est démunie de grammaire et de conjugaison. Lorsque je l'entends à la radio, je m'assure que l'appareil n'est pas en panne, suite aux grésillements produits.
Ayant vécu plus se 5 ans dans le Canton de Berne, j'ai bien entendu appris leur idiome, en plus du "bon" allemand. Personnellement, je suis très fier de ma langue maternelle et suis convaincu que nous, en Romandie, devons tout entreprendre pour la défendre en ignorant systématiquement les textes reçus en allemand. Aucune raison non-plus d'accepter de devoir parler l'anglais avec les autres Confédérés. De tout temps, on a favorisé les Alémaniques aux postes clés, simplement parce qu'il existe une sorte de mafia essentiellement zurichoise (Grösse Wahn im höchsten Grad)* qui méprise tous ceux qui ne font pas partie de la Goldküste. Je ne pense pas que les CFF soient l'exemple même d'une bonne gestion par un Suisse-allemand, Swissair n'a pas été gérée par des Romands et son grounding est dû essentiellement à la grandiloquence de certains psychorigides, qui ont mystérieusement disparu...
* Folie des grandeurs au plus haut point»
@hermes 13.09.2019 | 10h17
«Merci M. Pilet pour votre article. Ayant exercé de nombreuses années au sein d'un groupe basé à Zurich et étant jurassien, je peux ici témoigner de l'indifférence voire du mépris à l'égard du français qu'exprime le Suisse alémanique ordinaire. Il était une époque où s'exprimer en français était un motif de fierté pour les Suisses alémaniques. Depuis quelques années et sous l'influence de certaines hautes écoles suisse-alémaniques, il semblerait que leur motif de fierté soit de s'exprimer dans l'anglais de Trump. Ce n'est pas bon pour la cohésion nationale et il ne suffira pas d'ériger l'UE en ennemi extérieur pour cimenter notre unité.»
@Ancetre 14.09.2019 | 09h28
«J'ai vécu 20 ans â Zurich et suis pratiquement bilingue. .non pas français-allemand mais français-zurichois, tant il est vrai que l'allemand est aussi une langue étrangère pour nos compatriotes! J'ai aussi été 35 ans chasseur de têtes avec des bureaux à Genève et Zurich. Et je pense que le problème du Roestigraben linguistique cache une réalité plus grave. La réalité c'est que les Alémaniques (et plus particulièrement les Zurichois) sont intimement persuadés qu'ils sont les seuls à savoir gérer correctement notre pays qui de plus devait être pris comme modèle par le reste du monde. Dès lors il devient clair que deux langues sont essentielles. Le Suisse allemand pour la Suisse( les Welsches n'ont qu'a s'y mettre) et l' anglais pour le reste du monde. Et ce n'est pas notre president qui dira le contraire, lui dont la parfaite maîtrise de l'anglais fait l'admiration des foules!!
Je me permets toutefois de rappeler qu'à Genève, seule ville suisse connue mondialement pour abriter le second siège de l'ONU, le CICR, le HCR, et plus de 100 autres organisations, ONG, etc on parle beaucoup anglais, pas mal français, mais peu la langue internationale par excellence chère aux femmes et hommes qui dirigent notre pays et ses institutions.
La finlandisation de notre pays s'accentue et va nous coûter cher un de ces jours. Car même si le Franc suisse est encore une monnaie de référence, il ne peut s'appuyer que sur 8,5 Mio d'habitants. C'est moins que la Bavière ou l'Ile de France. Et si nous continuons à nous comporter en donneurs de leçon profėrant leurs conseils en dialecte nous serons bientôt aussi importants que ces régions dans le monde globalisé de demain. »
@Darkblue 14.09.2019 | 17h34
«Ça craint !»
@mleine 15.09.2019 | 16h52
«Bonjour,
Merci pour vos différentes interventions médiatiques à ce sujet...
Excellent... j'ai envie de dire "comme toujours"...
Le plus triste dans ce que vous écrivez est le cas du quasi-général Süssli ("douceur", au cas où...) ... et peut-être que l'école obligatoire devrait ici se remettre en question... d'abord viser la compréhension d'une autre langue (chacun parlant dans la sienne), avant de viser la maîtrise de l'autre langue... cela placerait la barre moins haut, quitte à ce que les mordues ou les doués choisissent la 2e option...
Cela fait une vingtaine d'années que je vis entre la Suisse romande et la Suisse alémanique...
Les réalités sont très différentes que vous soyez à Berne... où dans les magasins on vous répond en français dès que vous parlez l'allemand avec un accent francophone (ce qui est très frustrant pour toute personne qui se donne la peine de parler l'allemand et dérive quand même d'un sentiment de supériorité assez malvenu)
ou à Aarau... où là pas de problème, la Romandie est déjà assez loin et vous pouvez exercer vos facultés linguistiques germanophones sans rencontrer aucune velléité de vous répondre en français.
où à Zurich, où je n'ai travaillé que 3 ans et où là - petit bonheur - on vous répond en Schriftdeutsch (l'allemand écrit), car le personnel est allemand...
En effet malgré toutes ces années, je ne comprends encore qu'à moitié le dialecte (mais je ne désespère pas d'arriver un jour à tout comprendre)... ce qui suffit pour les petites conversations courantes, mais pas quand les "choses" deviennent plus sérieuses (santé, p.ex.)
Il n'en reste pas moins que ces dernières années j'entends "beaucoup" parler français dans la rue à Aarau, p.ex., ou dans les trains alors qu'on circule en Suisse alémanique... est-ce que toutes ces personnes ne parlent vraiment que l'anglais lorsqu'ils rencontrent des germanophones?
Il ne faut pas non plus oublier qu'un certain nombre d'Alémaniques ne maîtrisent pas du tout la langue de Goethe et préfèrent utiliser un jargon anglophone ou le Neu-Deutsch (un allemand bourré d'anglais), où de toute façon, on peut se demander si les gens savent encore de quoi ils parlent...
Et si les Romands et les Alémaniques abordaient les différences et/ou leurs difficultés de compréhension avec un peu plus d'humour...»
@Ancetre 16.09.2019 | 12h56
«Réponse à Mleine. Je serais d'accord avec vous et pourrais même aider vu mon bilinguisme. Le problème c'est que l'humour commence par soi-même, savoir prendre conscience de ses manques et faiblesses et accepter d'être donc remis en question. Mais justement, les Alémaniques en sont dans leur grande majorité incapables et c'est bien là le problème. Pour gérer l'acquis ils sont objectivement très bons et savent mieux que personne faire du micro management un outil redoutable et efficace. Mais face au changement, vu leur foi inébranlable en leur excellence, ils deviennent dogmatiques. Ils me rappellent l'Eglise catholique qui n'arrive pas à prendre en compte les bouleversements que connaissent aujourd'hui le monde et les moeurs. Les églises se vident mais le dogme reste inébranlable. J'en ai parlé récemment avec un ecclésiastique. Pour les prêtres intelligents (et ils sont nombreux) sortir de l'église devient la seule issue. Je n'aimerais pas que cela devienne la seule solution pour les entreprises domiciliées en Suisse et qui se heurtent à toujours plus de lois, règlements et procédures dont la finalité n'est pas de rendre notre pays plus attractif mais d'être plus pointilleux et plus sévères que le reste de la planète. Et quoi de mieux d'y ajouter la nécessité de parler un dialecte moyenâgeux pour avoir une chance de se faire comprendre !»