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Culture / «Rafiki»: guimauve LGBT


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La treizième édition du festival Cinémas d'Afrique s'ouvre ce jeudi soir avec la projection au Théâtre de verdure de «Rafiki». Un film kenyan de Wanuri Kahiu aussi coloré qu'absolument sans saveur.



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Sur le papier, le projet s'annonçait à la fois excitant et courageux. Raconter dans l'Afrique urbaine d'aujourd'hui, en particulier dans un Kenya aux mains de bigots stupides, l'histoire d'amour entre deux jeunes filles. Au final, on se retrouve avec un clip R'n'B ultrasucré, sans réel enjeu dramatique ni enracinement culturel ou géographique.

C'est triste à constater, mais dans Rafiki tout est irrémédiablement factice. Les personnages sont aussi lisses que la peau des deux protagonistes (nommées Kena et Ziki), pour ne pas dire carrément caricaturaux. De plus ils se meuvent dans un décor digne d'une Afrique d'opérette, comme pouvait l'être l'Espagne de Carmen, réduite seulement à quelques éléments de couleur locale (taxi-moto, maquis ou église). Et ce n'est certes pas l'insistance de la réalisatrice à ponctuer son métrage de plans de bâtiments type HLM et de lessive en train de s'égoutter qui va y changer quoi que ce soit, du moment où cette répétition de mêmes motifs ne produit à aucun moment du sens, quel qu'il puisse être. Ce n'est qu'un gimmick formaliste, une fausse bonne idée pour tenter de faire plus «cinéma».

Quant au scénario sans surprise, construit selon des formules typiquement hollywoodiennes, il est du niveau de celui du clip Smalltown boy de Bronski Beat, c'est dire!

Ce qui aurait toutefois tendance à me froisser encore plus que la mièvrerie sans originalité de l'histoire, c'est ce que le film occulte ou montre implicitement...

 


D'un côté, il élude la question de la politique. Pourtant, il se plaît plusieurs fois à nous rappeler que Kena et Ziki sont les filles de deux politiciens. Deux politiciens qui briguent d'ailleurs le même poste. Mais on n'en saura toutefois pas davantage sur le programme propre à chacun des gugusses. Peut-être par peur de frapper juste et de froisser quelque sensibilité? Ou parce que dans l'esprit étriqué de la réalisatrice (qui semble adorer le mot «fun», à en croire le dossier de presse) ce n'est pas le sujet?

De l'autre côté, et peut-être «à l'insu de son plein gré», mais ça ne change pas grand chose à l'affaire, Rafiki met en lumière la résignation patente des jeunes générations. Ainsi, pas une fois au cours du métrage les deux protagonistes ne paraîtront enclines à vouloir revendiquer socialement leur orientation sexuelle. Elles se contentent au contraire de vivre en cachette leur amour, comme un simple jeu, sans désir ni souci de changement global. De même, le film montre bien le flagrant manque de solidarité de ces mêmes jeunes générations, notamment vis-à-vis de l'autre membre de la soi-disant communauté LGBT présent à l'écran, qui est continuellement laissé à l'écart.

Conclusion: on aurait vraiment pu espérer un meilleur film pour débuter cette treizième édition de Cinémas d'Afrique.

Rafiki de Wanuri Kahiu s'engluera gratuitement jeudi 23 à 21 heures au Théâtre de verdure. 


Regardez la bande annonce:


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