Culture / Soudain, le bœuf a explosé. Éclaté sans un «meuh».
Sur fond de guerre civile et de cérémonie religieuse, Mabata Bata nous raconte l'histoire d'Azarias. Un jeune orphelin mozambicain dont la seule envie est d'aller à l'école, mais qui doit garder le troupeau de son oncle Raul. © DR
Séance de rattrapage, ce jeudi 4 octobre à Pôle Sud pour le captivant «Mabata Bata» de Sol de Carvalho. Un film plastiquement superbe, cinématographiquement maîtrisé et thématiquement riche, qui confirme encore une fois tout le bien qu'on est en droit de penser de son auteur.
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Résultat: il est impossible de s'ennuyer une minute. Surtout que le ton adopté pour narrer les mésaventures d'Ali Baba, de sa servante Morgiane et de cette bande de vilains brigands (qui volent, qui tuent, qui pillent et qui puent!) n'est pas seulement amusant. Il est aussi chamarré de quelques touches de critique sociale bienvenues et d'un peu de cruauté, en un cocktail digne de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=cQlWgnerTRc">Tomi Ungerer</a> (5).</p><h3>Des ânes et des cruches: le grand théâtre du monde</h3><p>Ainsi, outre cette saillie qui donne à réfléchir (et qui constitue justement l'un des apartés que nous offre le narrateur en cours de récit), on apprendra encore en détails la triste fin de Cassim, le cupide frère d'Ali Baba. Surpris à l'intérieur de la fabuleuse caverne par les sanguinaires voleurs, le riche marchand sera d'abord coupé en quatre morceaux et accroché au mur. 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De la première à la dernière image, il ne fait que psalmodier la doxa contemporaine:</p><ul><li><p>À cause de la vieille génération patriarcale, qui a fait preuve de lâcheté, le monde va mal</p></li><li><p>Les femmes sont bien davantage courageuses que les hommes</p></li><li><p>L’amour est plus fort que la tradition</p></li><li><p>Et, évidemment, l’avenir appartient aux jeunes épris de musique occidentalisée et de démocratie!</p></li></ul><p>Dès lors, sachant que le film a été coproduit par la France et l’Allemagne, qu’il a été sélectionné à Cannes et a bénéficié d’une exploitation en salle à travers l’Hexagone, diverses questions me reviennent tout naturellement à l’esprit. Des questions qui n’ont jusqu’à maintenant jamais été résolues et dont les deux principales pourraient être: qu’est-ce qu’un film africain et à quel public doit-il s’adresser?</p><p>Personnellement, je ne possède pas d’avis tranché. Et peut-être n’y a-t-il d’ailleurs pas de réponse réellement satisfaisante à ces deux interrogations. Cela ne m’empêche toutefois pas de ressentir bien davantage de sympathie pour un «petit» drame comme <em></em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=F2NZ-M-LWPo"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">Le foulard noir</em></a> (en intégral sur Youtube) du Burkinabé Boubacar Diallo, que pour une coproduction qui, tout en se déroulant en Algérie, me farcit la bande-son d’Aram Khatchaturian et de Jean-Sébastien Bach dans le désir d’atteindre l’universalité («Je crois que l’image d’un couple qui danse passant du raï au classique tend à l’universalité», <a href="https://www.playlistsociety.fr/2017/11/entretien-avec-karim-moussaoui-pour-la-sortie-de-en-attendant-les-hirondelles/128213/">Karim Moussaoui dixit</a>.)!</p><h3>Malgré tout, ça se regarde avec plaisir...</h3><p>N’allez cependant pas croire que tout est mauvais dans le film de Karim Moussaoui. <em>En attendant les hirondelles</em>, malgré un rythme parfois un peu lent, est au contraire plutôt plaisant à suivre. Déjà, la volonté du réalisateur de proposer du vrai cinéma (pas de la télévision sur grand écran), en cadrant large chaque fois que cela s’avère nécessaire, est particulièrement appréciable. Au même titre d’ailleurs que le travail qu’il a effectué avec ses acteurs pour parvenir à rendre les différents personnages pareillement crédibles et attachants, en dépit de leurs indéniables faiblesses.</p><p>Il n’empêche que certains choix de mise en scène m’ont laissé perplexe. Et je me demande encore ce que cela peut bien apporter à l’économie du récit que de suivre ainsi Aïcha, la protagoniste féminine du deuxième segment, à travers la nature jusqu’à ce qu’elle disparaisse derrière une colline pour satisfaire à un besoin bien naturel. 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En outre, pour tenter de mêler sa petite histoire à la grande, Eddy Munyaneza a systématiquement recours à des images maladroites et à des procédés rabâchés. Ainsi, il cadre en gros plan un index sur le point de presser la touche de suppression du clavier de son ordinateur portable pour matérialiser l’oubli. Ou encore, comme dans un clip, il filme en accéléré les passants circulant autour de lui, tandis qu’il demeure immobile, ceci pour tenter de signifier tout le désarroi que lui occasionne son exil au Sénégal. Enfin, il n’hésite pas à truffer la bande sonore de son film d’extraits de bulletins d’informations. Un expédient presque aussi vieux que le cinéma parlant. Tellement rebattu d’ailleurs, qu’Amédée Pacôme Nkoulou n’a pas pu s’empêcher également de l’utiliser dans <a href="https://www.youtube.com/watch?v=81OSDXAlU5k"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">Boxing Libreville</em></a><em></em>. Un autre (particulièrement mauvais) <em>documenteur</em> présenté cette année à «Cinémas d’Afrique».</p><h3><strong>Cela ne s’améliore hélas pas en cours de route...</strong></h3><p>Si l’on devine aisément les causes comme les conséquences de ces émeutes de 2015 au Burundi, les images-chocs (et il y en a!), ou encore les nombreux témoignages, ne sont jamais contrebalancés par une quelconque analyse sociopolitique pertinente élevant le niveau de réflexion du spectateur. Ce qui révèle un manque flagrant de rigueur intellectuelle comme cinématographique. Mais ce n’est pas la première fois qu’Eddy Munyaneza procède de cette manière. Dans son premier court-métrage, <em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=2kMgkFynXr4">Histoire d’une haine manquée</a></em>, le réalisateur burundais partait aussi de son vécu pour illustrer un événement historique. Et déjà il demeurait à la surface des faits, se contentant d’aligner les prises de paroles, sans proposer une grille de lecture permettant une vision d’ensemble du drame.</p><h3><strong>Mais le pire a bien été gardé pour la fin!</strong></h3><p>Le plus grave avec <em>Lendemains incertains</em>, c’est qu’en plus de ne pas creuser son sujet, Eddy Munyaneza nous ment. En effet, il laisse volontiers sous-entendre que c’est la barbarie exercée par le Pouvoir en place dans la répression des émeutes de 2015 qui l’a privé de ses enfants. Or, s’il n’est pas question ici de minimiser les exactions commises par le gouvernement de Pierre Nkurunziza, jusqu’à preuve du contraire, sa famille n’a pas été directement victime de la violence étatique. Sa femme s’est volontairement enfuie, en emportant leurs trois enfants avec elle, avant que celle-ci ne les atteigne. C’est donc un choix conscient de son épouse, désapprouvant l’engagement de son mari sur le terrain en tant que cameraman, qui les a tous séparés. La nuance peut paraître spécieuse. Elle est au contraire signifiante quant à la malhonnêteté intellectuelle autant que la propension à la victimisation qui sous-tend hélas tout le projet cinématographique d’Eddy Munyaneza.</p><p></p><hr><p></p><h4><img class="img-responsive " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1540994303_lendemainsincertains.jpg" width="332" height="495"></h4><h4><em>L</em><em>endemains incertains</em> sera projeté jeudi 1 novembre à 20h30 à Pôle Sud (av. 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Dommage, sans chercher à être exhaustif, qu'en 2013 déjà, Alexis Duclos et Roger Motte aient réalisé <em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=Y9MbZJ7W5qA">Les enchaînés — La santé mentale au Bénin et en Côte d’Ivoire</a></em>: un documentaire sur le travail de l'association St-Camille – ce n'est d'ailleurs pas le seul documentaire à s'intéresser à l'action de la St-Camille, puisque Grégoire Ahongbonon, le fondateur de ladite association, s'est récemment retrouvé au centre d'un reportage <em>Arte</em> de Fanny Lépine : <em>Bénin : <a href="https://www.arte.tv/fr/videos/073535-000-A/benin-au-chevet-des-oublies/">Au chevet des oubliés</a></em>... Dommage également qu'en 2014, Joris Lachaise ait sorti son enquête <em></em><a href="http://www.cequilrestedelafolie.com/"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">Ce qu'il reste de la folie</em></a>. Une oeuvre dans laquelle, selon <a href="http://www.cequilrestedelafolie.com/interview-fid/">les propres dires de son réalisateur</a>, «(...) le thème de la "folie" tend (...) à jouer son rôle politique de révélateur de la société sans l’énoncer frontalement»4...</p><p>Quant à la fiction, elle n'est pas en reste. En 1971 le sénégalais Ababacar Samb Makharam tournait son premier long métrage : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=p277VdSW1qI"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">Kodou</em></a><em></em>. L'histoire d'une jeune fille considérée comme folle par ses pairs, traînée d'hôpital psychiatrique en guérisseur traditionnel, sans que personne ne parvienne à comprendre ce qui lui arrive vraiment...</p><p>Le sujet du documentaire de Maimouna Ndiaye n'a donc rien de nouveau et ce n'est assurément pas lui qui fait l'intérêt du film. Par contre, l'approche de la réalisatrice est déjà plus intéressante.</p><p>«Le fou, le génie et le sage» se compose de trois types de séquences, qui s'entremêlent plus ou moins harmonieusement, plus ou moins efficacement.</p><blockquote><p><em><strong>«Si tu regardes longtemps dans l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi»</strong></em><br></p></blockquote><p>Dans le premier type, Maimouna Ndiaye va à la rencontre des «fous». Avec une belle empathie et une grande capacité d'écoute, elle offre à ces «invisibles» de se raconter. Avec sa caméra, elle leur crée aussi un espace à l'intérieur duquel ils peuvent exister à leur guise. Les laissant choisir par exemple d'interagir ou non avec l'objectif. Ce qui nous vaut d'ailleurs l'un des plans les plus puissants du film. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Regard_caméra">Un regard caméra</a> de Nikiéma Tanga Koutiekha Fulgence dont l'intensité scrutatrice donne à la fois envie de citer Nietzsche : «Si tu regardes longtemps dans l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi». Mais aussi les propos tenus dans le film par le psychiatre Sanou Sezouma : «Le problème est complexe. Parce que l'image du malade mental que nous voyons dehors renvoie à notre propre image. À des questions qu'on se pose soi-même, sur son propre état mental». 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Sur fond de guerre civile et de cérémonie religieuse, Mabata Bata nous raconte l'histoire d'Azarias. Un jeune orphelin mozambicain dont la seule envie est d'aller à l'école, mais qui doit garder le troupeau de son oncle Raul. Il est donc encore une fois question dans le cinéma de Sol de Carvalho du droit à l'éducation. Un sujet qui était déjà au centre de son premier long métrage, Le jardin d'un autre homme. Mais au-delà de cette thématique importante et récurrente, Mabata Bata aborde aussi la question de la réconciliation après un conflit armé. En cela, le film prolonge davantage qu'il n'adapte la nouvelle éponyme de Mia Couto, celle-ci ayant été écrite en 1986, en pleine guerre civile. Ce n'est d'ailleurs pas la seule différence notable entre la version écrite et filmée de ce conte. Mais Sol de Carvalho ne trahit pas pour autant l'esprit originel du texte par ses nombreux apports. Au contraire, grâce à eux il parvient à transformer une œuvre éminemment littéraire en un vrai objet de cinéma. La narration éclatée de son film, qui oscille continuellement entre le présent, le passé et le monde des esprits, de même que le recours à certains effets propres au septième art (notamment dans l'utilisation du son non synchrone), offrent ainsi un équivalent cinématographique probant à la langue riche, inventive et vivante utilisée par Mia Couto dans son récit.
Loin de toute image d'Epinal
Par ailleurs, si le film de Sol de Carvalho, par son cadre et sa beauté plastique peut peut-être évoquer les œuvres contemplatives d'un Gaston Kaboré (Wend Kuuni ou Buud Yam notamment), le mozambicain échappe toutefois à toute idéalisation de l'Afrique rurale. En effet, un autre thème quasiment absent du conte, mais qui affleure tout au long du métrage, s'avère être la question de la tradition. Plus précisément de son poids sur la vie des gens, puisque tous ici en souffrent à divers degrés. Raul ne possède du bétail que pour payer la dot de sa future femme et rêve de repartir travailler en Afrique du Sud le plus vite possible. Azarias, plutôt que de pouvoir aller à l'école, est contraint de s'occuper des bêtes de son oncle et ne leur témoigne aucun amour. Au comble de la frustration et de la rancœur, l'orphelin ira même jusqu'à jeter gratuitement une pierre contre l'un des bœufs dont il a la garde. Quant à la fiancée de Raul, si elle désire effectivement se marier, cela semble davantage dans l'espoir de pouvoir finalement fuir ce village où elle étouffe, que par amour pour l'oncle d'Azarias. En fait, seule la très jeune Lúcia, en refusant de suivre les ordres qui ont été transmis à sa mère par la féticheuse Irondina, paraît à même de pouvoir peut-être briser cette longue chaîne d'asservissement. Ainsi, comme souvent chez Sol de Carvalho, c'est par un personnage féminin capable de prendre son destin en main qu'un peu d'espoir nous est rendu... Pour autant que la guerre ne vienne pas tout gâcher avant, évidemment.
Mabata Bata sera projeté jeudi 4 octobre à 20h30 à Pôle Sud, av. Jean-Jacques Mercier 3, Lausanne
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Résultat: il est impossible de s'ennuyer une minute. Surtout que le ton adopté pour narrer les mésaventures d'Ali Baba, de sa servante Morgiane et de cette bande de vilains brigands (qui volent, qui tuent, qui pillent et qui puent!) n'est pas seulement amusant. Il est aussi chamarré de quelques touches de critique sociale bienvenues et d'un peu de cruauté, en un cocktail digne de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=cQlWgnerTRc">Tomi Ungerer</a> (5).</p><h3>Des ânes et des cruches: le grand théâtre du monde</h3><p>Ainsi, outre cette saillie qui donne à réfléchir (et qui constitue justement l'un des apartés que nous offre le narrateur en cours de récit), on apprendra encore en détails la triste fin de Cassim, le cupide frère d'Ali Baba. Surpris à l'intérieur de la fabuleuse caverne par les sanguinaires voleurs, le riche marchand sera d'abord coupé en quatre morceaux et accroché au mur. 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De la première à la dernière image, il ne fait que psalmodier la doxa contemporaine:</p><ul><li><p>À cause de la vieille génération patriarcale, qui a fait preuve de lâcheté, le monde va mal</p></li><li><p>Les femmes sont bien davantage courageuses que les hommes</p></li><li><p>L’amour est plus fort que la tradition</p></li><li><p>Et, évidemment, l’avenir appartient aux jeunes épris de musique occidentalisée et de démocratie!</p></li></ul><p>Dès lors, sachant que le film a été coproduit par la France et l’Allemagne, qu’il a été sélectionné à Cannes et a bénéficié d’une exploitation en salle à travers l’Hexagone, diverses questions me reviennent tout naturellement à l’esprit. Des questions qui n’ont jusqu’à maintenant jamais été résolues et dont les deux principales pourraient être: qu’est-ce qu’un film africain et à quel public doit-il s’adresser?</p><p>Personnellement, je ne possède pas d’avis tranché. Et peut-être n’y a-t-il d’ailleurs pas de réponse réellement satisfaisante à ces deux interrogations. Cela ne m’empêche toutefois pas de ressentir bien davantage de sympathie pour un «petit» drame comme <em></em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=F2NZ-M-LWPo"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">Le foulard noir</em></a> (en intégral sur Youtube) du Burkinabé Boubacar Diallo, que pour une coproduction qui, tout en se déroulant en Algérie, me farcit la bande-son d’Aram Khatchaturian et de Jean-Sébastien Bach dans le désir d’atteindre l’universalité («Je crois que l’image d’un couple qui danse passant du raï au classique tend à l’universalité», <a href="https://www.playlistsociety.fr/2017/11/entretien-avec-karim-moussaoui-pour-la-sortie-de-en-attendant-les-hirondelles/128213/">Karim Moussaoui dixit</a>.)!</p><h3>Malgré tout, ça se regarde avec plaisir...</h3><p>N’allez cependant pas croire que tout est mauvais dans le film de Karim Moussaoui. <em>En attendant les hirondelles</em>, malgré un rythme parfois un peu lent, est au contraire plutôt plaisant à suivre. Déjà, la volonté du réalisateur de proposer du vrai cinéma (pas de la télévision sur grand écran), en cadrant large chaque fois que cela s’avère nécessaire, est particulièrement appréciable. Au même titre d’ailleurs que le travail qu’il a effectué avec ses acteurs pour parvenir à rendre les différents personnages pareillement crédibles et attachants, en dépit de leurs indéniables faiblesses.</p><p>Il n’empêche que certains choix de mise en scène m’ont laissé perplexe. Et je me demande encore ce que cela peut bien apporter à l’économie du récit que de suivre ainsi Aïcha, la protagoniste féminine du deuxième segment, à travers la nature jusqu’à ce qu’elle disparaisse derrière une colline pour satisfaire à un besoin bien naturel. 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En outre, pour tenter de mêler sa petite histoire à la grande, Eddy Munyaneza a systématiquement recours à des images maladroites et à des procédés rabâchés. Ainsi, il cadre en gros plan un index sur le point de presser la touche de suppression du clavier de son ordinateur portable pour matérialiser l’oubli. Ou encore, comme dans un clip, il filme en accéléré les passants circulant autour de lui, tandis qu’il demeure immobile, ceci pour tenter de signifier tout le désarroi que lui occasionne son exil au Sénégal. Enfin, il n’hésite pas à truffer la bande sonore de son film d’extraits de bulletins d’informations. Un expédient presque aussi vieux que le cinéma parlant. Tellement rebattu d’ailleurs, qu’Amédée Pacôme Nkoulou n’a pas pu s’empêcher également de l’utiliser dans <a href="https://www.youtube.com/watch?v=81OSDXAlU5k"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">Boxing Libreville</em></a><em></em>. Un autre (particulièrement mauvais) <em>documenteur</em> présenté cette année à «Cinémas d’Afrique».</p><h3><strong>Cela ne s’améliore hélas pas en cours de route...</strong></h3><p>Si l’on devine aisément les causes comme les conséquences de ces émeutes de 2015 au Burundi, les images-chocs (et il y en a!), ou encore les nombreux témoignages, ne sont jamais contrebalancés par une quelconque analyse sociopolitique pertinente élevant le niveau de réflexion du spectateur. Ce qui révèle un manque flagrant de rigueur intellectuelle comme cinématographique. Mais ce n’est pas la première fois qu’Eddy Munyaneza procède de cette manière. Dans son premier court-métrage, <em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=2kMgkFynXr4">Histoire d’une haine manquée</a></em>, le réalisateur burundais partait aussi de son vécu pour illustrer un événement historique. 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Dommage, sans chercher à être exhaustif, qu'en 2013 déjà, Alexis Duclos et Roger Motte aient réalisé <em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=Y9MbZJ7W5qA">Les enchaînés — La santé mentale au Bénin et en Côte d’Ivoire</a></em>: un documentaire sur le travail de l'association St-Camille – ce n'est d'ailleurs pas le seul documentaire à s'intéresser à l'action de la St-Camille, puisque Grégoire Ahongbonon, le fondateur de ladite association, s'est récemment retrouvé au centre d'un reportage <em>Arte</em> de Fanny Lépine : <em>Bénin : <a href="https://www.arte.tv/fr/videos/073535-000-A/benin-au-chevet-des-oublies/">Au chevet des oubliés</a></em>... Dommage également qu'en 2014, Joris Lachaise ait sorti son enquête <em></em><a href="http://www.cequilrestedelafolie.com/"><em xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">Ce qu'il reste de la folie</em></a>. 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Par contre, l'approche de la réalisatrice est déjà plus intéressante.</p><p>«Le fou, le génie et le sage» se compose de trois types de séquences, qui s'entremêlent plus ou moins harmonieusement, plus ou moins efficacement.</p><blockquote><p><em><strong>«Si tu regardes longtemps dans l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi»</strong></em><br></p></blockquote><p>Dans le premier type, Maimouna Ndiaye va à la rencontre des «fous». Avec une belle empathie et une grande capacité d'écoute, elle offre à ces «invisibles» de se raconter. Avec sa caméra, elle leur crée aussi un espace à l'intérieur duquel ils peuvent exister à leur guise. Les laissant choisir par exemple d'interagir ou non avec l'objectif. 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