Média indocile – nouvelle formule
Giacomo Sini & Dario Antonelli
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Ils ont décidé de s'enfuir ensemble et, après un certain temps, ont atteint Tripoli. Ils y ont passé une année, dans des conditions précaires. «Notre route ne peut s'arrêter ici», se sont-ils finalement dit. Ils ont ainsi embarqué ensemble, et débarqué ensemble à Livourne, parmi les premiers à poser le pied sur la terre ferme. La jeune femme est enceinte.</p> <p>Malheureusement, pour la plupart des survivants, la vie qu’ils laissent derrière eux en débarquant en Europe n’a rien d'un conte de fées. «Parmi les personnes que nous avons secourues, explique M. Creazzo, il y a un homme qui était en Libye depuis huit ans, je pense que cela en dit long». Son histoire en est une parmi tant d'autres. Cet homme a fui le conflit dans le Tigré pour subvenir aux besoins de ses enfants en travaillant, d'abord au Soudan, puis en Libye, jusqu'à ce qu'il se retrouve ballotté de camp en camp, ou plutôt «vendu de camp en camp», comme il l’a expliqué au personnel de l'ONG. «Ils m'envoyaient ici et là pour se faire des blagues, pour se jouer des tours». Chaque nouveau camp est évidemment synonyme de conditions de vie désastreuses, de nouveaux harcèlements, tortures, chantages. L’homme a essayé les voies légales, a eu plusieurs entretiens avec les autorités qui se rendent de temps en temps dans les camps. En vain. Il a été réduit en esclavage pendant un certain temps, a travaillé gratuitement pour des «maîtres», jusqu'à ce qu'il parvienne un jour à s'échapper. «Nous lui avons demandé s'il avait eu peur en mer, pendant le voyage», raconte Creazzo. Sa réponse laisse coi: «Je n'avais pas peur, peur de quoi? Je savais très bien que je pouvais mourir, j'étais déjà mort. 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Reportage / SOS Méditerranée: «Il s’agit de détourner les témoins de ce qu'il se passe en Méditerranée centrale»
Au matin du vendredi 2 février dernier, l'Ocean Viking, un navire appartenant à l'ONG SOS Méditerranée qui effectue des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, est arrivé dans le port de Livourne en Toscane. Le ciel est encore sombre et il souffle un froid Grecale, le vent méditerranéen de nord-est, lorsque le navire accoste à Calata Carrara. A bord, l'équipage compte 71 naufragés, secourus dans les eaux internationales au large de la Libye, d'où ils étaient partis pour tenter de rejoindre l'Europe.
Giacomo Sini & Dario Antonelli
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Ainsi, lorsque la guerre contre Gaza a commencé, les rues de Cisjordanie sont devenues un cauchemar pour tous les Palestiniens».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1707313836_sareyyetramallah010.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Claudie Salameh, ancienne capitaine de l'équipe nationale féminine palestinienne et entraîneur de Sareyyet Ramallah, donne des instructions à l'équipe pendant la mi-temps d'un match contre une sélection masculine de la Football Stars Academy Ramallah. Al Bireh, Palestine. © G.S.</em></h4> <p>Qattawi explique que la capacité de la population palestinienne à se déplacer, déjà soumise à de sévères restrictions, a été encore plus limitée et les déplacements sont devenus très périlleux: «Les Palestiniens de Jérusalem ne peuvent pas passer en Cisjordanie, et les quelques Palestiniens de Cisjordanie qui ont l'autorisation d'entrer dans ce que l'on appelle Israël ne sont plus autorisés à le faire».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1707314236_sareyyetramallah039.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Le mur de séparation de plus de 700 km construit par Israël, ici dans une zone située entre Ramallah et Jérusalem, près de Qalandiya, en Palestine. © G.S.</em></h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1707314267_sareyyetramallah038.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Leen Khouri, joueuse de Sareyyet Ramallah et de l'équipe nationale féminine U16 de Palestine, traverse le mur de séparation israélien au poste de contrôle de Qalandiya sur le chemin du retour à Jérusalem avec Natal Bahbah, également joueuse de Sareyyet et de l'équipe nationale U17. Qalandiya, Palestine. © G.S.</em></h4> <p>En Cisjordanie aussi, il est presque impossible de se déplacer, dit-elle: «Par exemple, les habitants de Jénine ne peuvent pas aller à Ramallah, ceux de Naplouse ne peuvent pas aller à Hébron, et ceux de Ramallah ne peuvent pas aller à Bethléem. Les villes de Cisjordanie ont donc été transformées en villes fermées». Cette situation affecte les joueuses de Sareyyet, dit Qattawi, en particulier celles qui ne vivent pas à Ramallah. «Mes deux joueuses qui vivent à Jérusalem, Leen et Natal, raconte-t-elle, n'ont pas pu assister à un seul entraînement ou un match amical depuis le 7 octobre».</p> <p>L’une d’elles, Leen Khoury, 16 ans, raconte son histoire: «Je suis une footballeuse palestinienne qui vit à Jérusalem, la capitale de la Palestine. En raison de la récente série d'événements et de la guerre qui se déroule à Gaza, il a été difficile pour mes coéquipières et moi d'assister à tous les entraînements, car la route pour atteindre la Cisjordanie est difficile, longue et risquée». Leen souligne que dans la réalité de la guerre, continuer à faire du sport est presque impossible. «Il est devenu très difficile de s'engager dans les entraînements, dit-elle, la situation est risquée et dangereuse. Il est impossible de savoir ce qui va se passer. Depuis le début de la guerre, le retour à la vie quotidienne est très difficile».</p> <p>La coach Qattawi explique qu'il existe de nombreux cas similaires: «Rein, l'une des joueuses de notre équipe, vit à Al Ram, une petite ville où les Palestiniens qui possèdent une carte d'identité israélienne peuvent vivre, entre Ramallah et Jérusalem. Deux autres joueuses de l'extérieur de Ramallah, l'une d'un village appelé Doura Al Qare' et l'autre d'Ein Yabroud, ne peuvent plus venir non plus». </p> <p>Leen Qattawi rappelle que malgré ces difficultés, les sportifs vivant dans les camps de réfugiés sont confrontés à une réalité encore plus dure: «J'ai quatre joueuses du camp de réfugiés de Qalandia, un camp situé près de Ramallah, entre Ramallah et Jérusalem. Elles rencontrent de nombreux problèmes, car les soldats de Tsahal pénètrent dans le camp de manière très brutale, tuent les jeunes ou les arrêtent, si bien que la plupart du temps, elles ne peuvent pas non plus se rendre aux entraînements».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1707314659_sareyyetramallah037.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Leen Khoury, à droite, joueuse de Sareyyet Ramallah, attend l'arrivée d'un taxi qui la ramènera à Jérusalem après avoir franchi le mur de séparation israélien depuis le poste de contrôle israélien de Qalandiya. Al Bireh, Palestine. © G.S.</em></h4> <p>La footballeuse Leen Khoury explique que les déplacements ne sont pas officiellement interdits, mais qu'ils sont très limités et peuvent être bloqués de manière imprévisible par les autorités. «Il est devenu difficile de se rendre dans certaines zones de Jérusalem et de Cisjordanie en raison des incertitudes qui nous entourent. Il n'est pas possible de prévoir quand les points de contrôle fermeront ou quand ils décideront de stopper les déplacements. Pour ces raisons, il est presque impossible de participer à des formations car ce n'est pas sûr».</p> <p>Selon Qattawi, la guerre affecte aussi directement la vie quotidienne des joueuses qui vivent à Ramallah. «La plupart des membres de l'équipe vivent ici, comme Jessica, Nai et les autres, et viennent régulièrement aux entraînements, mais nous avons dû annuler certains entraînements parce que les forces israéliennes ont pénétré dans la ville de Ramallah et qu’il était alors dangereux de sortir». </p> <p>Essayer de maintenir la vie quotidienne alors que des événements aussi choquants se produisent peut être insupportable. «C'est vraiment terrible, et le fait que nous devions continuer à faire ce que nous faisons avant, travailler, nous entraîner, etc. nous donne l'impression que nos vies sont inutiles».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1707314878_sareyyetramallah019.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4><em>Des joueuses de l'équipe plaisantent avant une séance d'entraînement devant l'entrée du stade Majed Asad à Al Bireh. 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Dans ce contexte, Qattawi et Claudie Salameh, qui officie également comme entraîneur de l'équipe féminine de football de Sareyyet, ont testé différentes stratégies. «En ce qui concerne le football, nous avons décidé de rendre les entraînements à la fois plus amusants, et de faire en sorte qu’ils soient un exécutoire à la fois physique et psychologique pour les filles, parce qu'elles n'ont pas d’autres soupapes. Avec tout ce qui se passe, on ne peut pas se concentrer uniquement sur le football.»</p> <p>Même dans cette situation dramatique, Leen Khoury s’accroche à son engagement sportif: «Je vais toujours au gymnase et sur les terrains pour m'entraîner un peu, juste pour garder l'esprit et le jeu en vie. Il est important que le monde comprenne qu'il ne s'agit pas d'une simple guerre. C'est un signal d'alarme pour le monde. Il n'y a rien que je puisse ajouter, les choses ont déjà été dites internationalement plus fort que jamais».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1707315087_sareyyetramallah024.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Natal Bahbah prend une photo de groupe de l'équipe avant l'entraînement au stade Majed Asad à Al Bireh, Palestine. © G.S.</em></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'a-ramallah-le-football-suspendu-a-la-guerre', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 221, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 15, 'person_id' => (int) 13660, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' }count - [internal], line ?? 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Reportage / A Ramallah, le football suspendu à la guerre
Le Sareyyet Ramallah est l’un des meilleurs clubs de football féminins de Palestine. Pourtant, leur saison, comme celle de leurs homologues masculins, est en suspens depuis le 7 octobre. Sportifs tués à Gaza, joueuses contraintes dans leurs déplacements en Cisjordanie, impacts psychologiques du conflit et incertitudes sur l’avenir, la guerre s’immisce partout. Et le sport, avec ses valeurs, en est souvent la première victime.
Giacomo Sini & Dario Antonelli
B Article réservé aux abonnés
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Alcina explique encore que la municipalité ne lui a pas proposé les solutions alternatives adéquates pourtant exigées par la loi. «Notre revenu familial mensuel est de 1’200 euros, poursuit-elle, avec cette somme, il est impossible de trouver un logement dans toute la zone métropolitaine de Lisbonne. Où allons-nous dormir à partir de samedi?» Dans le public, trois jeunes femmes scandent «Stop aux expulsions, droit au logement!» et distribuent des tracts aux personnes présentes. Il s'agit des membres des collectifs Stop Despejos et Habita.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706090524_l017.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Affiches pour le droit au logement, contre la hausse des prix des loyers et la répression dans les quartiers populaires, sur un mur dans la zone entre Alfama et Vila Candida. © G.S.&D.A.</em></h4> <p>Au 37 de la Rua Arroios, la porte de l'immeuble est close. A l’intérieur les lumières sont allumées, un seul appartement reste sombre, les fenêtres fermées. Depuis l'âge de six ans, Alcina vit ici avec sa tante, la titulaire du bail, dont le loyer s'élevait à 30 euros par mois pour des raisons sociales. Lorsque la tante d’Alcina est décédée, le propriétaire a refusé d'établir un nouveau contrat et a exigé l'expulsion, bien qu'Alcina ait proposé jusqu'à 700 euros. Cette histoire, des milliers d’autres locataires pourraient en raconter de semblables. Des habitants expulsés parce que les propriétaires veulent louer à des touristes ou à des «digital nomads», ou sont prêts à vendre leur bien à des fonds immobiliers. En descendant vers le Tage, la situation saute aux yeux. 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C'est là que se rencontrent les militants de Stop Despejos. «Quand je suis arrivé à Lisbonne en 2011, il n'y avait pas de travail mais beaucoup de logements vacants et à très bon marché», explique Antonio Gori, membre du collectif. «Avec la grave crise de 2011, le gouvernement a trouvé une opportunité dans l'ouverture au tourisme et aux fonds immobiliers, mais c'est surtout après 2012, avec la libéralisation du marché locatif, puis l’arrivée de Ryanair à Lisbonne en 2013, que la situation s’est rapidement dégradée» raconte-t-il.</p> <p>«Jusqu'à il y a six ou sept ans, la lutte pour le logement se concentrait sur l'opposition aux expulsions des quartiers auto-construits et la lutte pour des conditions de vie décentes dans les banlieues, explique encore Antonio, mais depuis 2017, nous nous intéressons aussi aux expulsions de locataires dans le centre-ville.» C'est au cours de ces années qu'est né Stop Despejos. Antonio souligne que la crise ne fait que commencer: «80% des Portugais vivent dans une maison dont ils sont propriétaires, mais 94% d’entre eux ont contracté une hypothèque avec des taux variables. En octobre dernier, la Banque centrale européenne a décidé de ne pas augmenter les taux, mais qui sait ce qui peut arriver...»</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706091060_l019.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>L'espace social Sirigaita, un centre autogéré situé dans le quartier d'Intendente, où se réunissent également les groupes locaux Stop Despejos et Habita - Vivre. © G.S.&D.A.</em></h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706091081_l020.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Francesco Biagi, chercheur italien vivant au Portugal, militant de l'espace social Sirigaita. © G.S.&D.A.</em></h4> <p>La <em>churrasqueira</em> est sur le point de fermer. Le serveur, en chemise blanche, apporte le café à la table à la fin du déjeuner. «D'un côté, le centre est occupé par des fonds immobiliers internationaux, qui préfèrent garder les appartements vides», explique Francesco Biagi. 45’000 logements vacants sont en effet recensés dans la municipalité de Lisbonne. «D'autre part, poursuit Francesco, nous assistons à des démolitions violentes de quartiers auto-construits tels que Talude, près de l'aéroport, où les habitants, principalement des Roms, sont généralement laissés sans solution de relogement digne de ce nom».</p> <p>Francesco cite aussi en exemple le Bairro Jamaica, un ensemble de logements construits illégalement, où la dernière expulsion a eu lieu le 17 octobre dernier. «Ce jour-là, la militarisation du quartier était impressionnante et les amis, les membres de la famille, les sympathisants et les journalistes ont été tenus à l'écart par la police», raconte-t-il. «Environ 30% des habitants de l'un des lots expulsés se sont vu refuser la possibilité de se reloger, et plusieurs familles avec des enfants en bas âge se sont retrouvées sans abri, à la rue».</p> <p>Le Bairro Jamaica a été créé au milieu des années 1980. Les bâtiments, laissés inachevés après la faillite de l'entreprise de construction, étaient occupés par des personnes sans domicile. Une situation courante à cette époque-là. Le processus d'expansion de la ville de Lisbonne, entamé dans les décennies précédentes, s'était en effet accéléré à partir de 1974, à la fin de la dictature, avec l'effondrement de l'empire colonial portugais. Pour faire face au manque de logements, de nouveaux quartiers auto-construits se sont développés dans les banlieues et des immeubles délabrés du centre de la capitale ont été occupés.</p> <p>«Les expulsions et les démolitions du Bairro Jamaica suivent le PER, le plan spécial de relogement, mis en place en 1993, mais peu de familles ont été effectivement relogées», explique Ana Rita Alves, chercheuse et activiste. «Il y avait des gens qui vivaient là depuis de nombreuses années mais qui n'étaient pas recensés. Le problème, c’est que les personnes recensées ont droit à une nouvelle solution de logement, ce qui n'est pas le cas de celles qui ne le sont pas. Les autorités ont utilisé cette disparité pour diviser les habitants et briser leur solidarité». La situation a beaucoup changé entre-temps, le nouveau programme de réhabilitation de 2017 a été planifié et lancé avec des fonds provenant d'anciens programmes de logement tels que Prohabita (2004), puis du Programme 1 Direito (2018).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706091312_l028.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Panneau «droit à un logement digne» à l'entrée du vieux Bairro de Jamaica, installé par la Camara Municipal de Seixal - CMS. Seixal-Lisbonne. © G.S.&D.A.</em></h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706091334_l029.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Ce qui reste du Bairro de Jamaica, qui a été démoli mi-octobre 2023 sur ordre de la Camara Municipal de Sexal. © G.S.&D.A.</em></h4> <p>Les autorités motivent ces plans par l'insalubrité des bairros, mais pour Ana Rita, il s'agit d'un motif fallacieux: «Avec le temps, il devient clair que les programmes publics de relogement répondent davantage à la construction d'un certain modèle urbain, notamment orienté vers la financiarisation, qu’à l'urgence d'améliorer le quotidien des habitants. On l’observe aussi bien dans le centre que dans les banlieues». Ana Rita cite en exemple le cas du Bairro Santa Filomena, dont les occupants ont été expulsés entre 2012 et 2015, vendu pour 47 millions d’euros. Le but de l’opération: libérer des terrains sur lesquels des maisons de classe moyenne ont pu être construites.</p> <p>Dans tous ces cas, «ce ne sont pas les habitants qui ont demandé à quitter les quartiers où ils vivaient, c'est l'Etat qui a voulu les en chasser», précise Ana Rita. «Or, chacun a droit à un logement décent.»</p> <p>«Le terrain sur lequel les maisons sont construites appartient souvent aux habitants, qui se retrouvent ainsi expropriés de ce terrain et sont relogés dans des maisons et des quartiers qu'ils n'ont pas choisis, en payant un loyer qui ne cesse d’augmenter», rappelle Ana. «Cependant, ces expulsions, que les activistes ont dénoncées à plusieurs reprises comme brutales, ne provoquent pas de vague d’indignation», conclut-elle. «Vingt ans de racisme et de déshumanisation empêchent la société de reconnaître les habitants de ces quartiers comme des victimes de violence.»</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706091353_l030.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Une peinture murale portant l'inscription «Lisbontrification» (un jeu de mots avec «gentrification» dans le centre de Lisbonne. © G.S.&D.A.</em></h4> <p>Une esplanade au milieu d'anciens pâtés de maisons. Du Bairro Jamaica de Seixal, au-delà du Tage, il ne reste que quelques murs et un bâtiment éventré encore habité. Passant devant une grande flaque d'eau, une vieille voiture s'arrête: «Ils ont tout démoli, il ne reste plus que ces deux blocs», indique par la fenêtre l'homme noir au volant. «Sur la droite, il reste encore quelques familles avec des enfants. Il y a des gravas au sol, des chiffons, des poupées cassées, des débris de briques et des fragments de tuiles...» Tout près d’ici, le bras de démolition d’un gros engin repose sur le sol, éteint, comme après une trêve. «Je dois dire qu'ils essaient de proposer des solutions alternatives, ce n'est plus comme avant. Mais la Jamaica est notre maison, nous voulons y rester», dit-il en souriant.</p> <p>Une balançoire vide se trouve devant les blocs encore debout. A droite, deux maisons basses de plain-pied abritent deux familles. Une femme se tient dans l'embrasure de la porte, devant elle, le vide laissé par les démolitions. Sur le toit de l'immeuble restant, deux hommes étendent du linge pour le faire sécher. Une femme balaie le seuil, deux enfants sont assis près de l'entrée. Sur le mur blanc à leur droite, on peut lire, inscrit en noir, «<em>Um lar para todos</em>», «un logement pour tous».</p>', 'content_edition' => 'De la fenêtre du cinquième étage d'un immeuble, derrière les silhouettes des entrepôts et des grues du port, on aperçoit le Tage, large comme une mer. Le centre de Lisbonne est au-delà des hautes constructions, il semble loin mais il est plus proche qu'on ne le pense. Ici aussi, les loyers ont grimpé en flèche, et nombreux sont ceux qui quittent ces immeubles de la classe ouvrière pour des quartiers plus périphériques, peut-être de l'autre côté du grand fleuve. Au Portugal, le salaire minimum est de 760 euros par mois et 16,4% des Portugais vivaient avec moins de 554 euros par mois en 2021. Les loyers dépassent généralement ces revenus. 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Près de la porte d’un immeuble flambant neuf aux couleurs vives s’étale l’inscription «Alojamento Local». Ce sont les appartements destinés aux touristes et aux locations de courte durée.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706090383_l022.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Alcina, une habitante de Lisbonne qui a été expulsée en raison de la forte augmentation du prix du loyer de la maison où elle vit avec Carlos (son mari), Josè (son père) et leurs deux chiens Snoopy et Nina dans le quartier Arroios du centre-ville. 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Alcina explique encore que la municipalité ne lui a pas proposé les solutions alternatives adéquates pourtant exigées par la loi. «Notre revenu familial mensuel est de 1’200 euros, poursuit-elle, avec cette somme, il est impossible de trouver un logement dans toute la zone métropolitaine de Lisbonne. Où allons-nous dormir à partir de samedi?» Dans le public, trois jeunes femmes scandent «Stop aux expulsions, droit au logement!» et distribuent des tracts aux personnes présentes. Il s'agit des membres des collectifs Stop Despejos et Habita.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706090524_l017.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Affiches pour le droit au logement, contre la hausse des prix des loyers et la répression dans les quartiers populaires, sur un mur dans la zone entre Alfama et Vila Candida. © G.S.&D.A.</em></h4> <p>Au 37 de la Rua Arroios, la porte de l'immeuble est close. A l’intérieur les lumières sont allumées, un seul appartement reste sombre, les fenêtres fermées. Depuis l'âge de six ans, Alcina vit ici avec sa tante, la titulaire du bail, dont le loyer s'élevait à 30 euros par mois pour des raisons sociales. Lorsque la tante d’Alcina est décédée, le propriétaire a refusé d'établir un nouveau contrat et a exigé l'expulsion, bien qu'Alcina ait proposé jusqu'à 700 euros. Cette histoire, des milliers d’autres locataires pourraient en raconter de semblables. Des habitants expulsés parce que les propriétaires veulent louer à des touristes ou à des «digital nomads», ou sont prêts à vendre leur bien à des fonds immobiliers. En descendant vers le Tage, la situation saute aux yeux. 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C'est là que se rencontrent les militants de Stop Despejos. «Quand je suis arrivé à Lisbonne en 2011, il n'y avait pas de travail mais beaucoup de logements vacants et à très bon marché», explique Antonio Gori, membre du collectif. «Avec la grave crise de 2011, le gouvernement a trouvé une opportunité dans l'ouverture au tourisme et aux fonds immobiliers, mais c'est surtout après 2012, avec la libéralisation du marché locatif, puis l’arrivée de Ryanair à Lisbonne en 2013, que la situation s’est rapidement dégradée» raconte-t-il.</p> <p>«Jusqu'à il y a six ou sept ans, la lutte pour le logement se concentrait sur l'opposition aux expulsions des quartiers auto-construits et la lutte pour des conditions de vie décentes dans les banlieues, explique encore Antonio, mais depuis 2017, nous nous intéressons aussi aux expulsions de locataires dans le centre-ville.» C'est au cours de ces années qu'est né Stop Despejos. Antonio souligne que la crise ne fait que commencer: «80% des Portugais vivent dans une maison dont ils sont propriétaires, mais 94% d’entre eux ont contracté une hypothèque avec des taux variables. 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Les bâtiments, laissés inachevés après la faillite de l'entreprise de construction, étaient occupés par des personnes sans domicile. Une situation courante à cette époque-là. Le processus d'expansion de la ville de Lisbonne, entamé dans les décennies précédentes, s'était en effet accéléré à partir de 1974, à la fin de la dictature, avec l'effondrement de l'empire colonial portugais. Pour faire face au manque de logements, de nouveaux quartiers auto-construits se sont développés dans les banlieues et des immeubles délabrés du centre de la capitale ont été occupés.</p> <p>«Les expulsions et les démolitions du Bairro Jamaica suivent le PER, le plan spécial de relogement, mis en place en 1993, mais peu de familles ont été effectivement relogées», explique Ana Rita Alves, chercheuse et activiste. «Il y avait des gens qui vivaient là depuis de nombreuses années mais qui n'étaient pas recensés. Le problème, c’est que les personnes recensées ont droit à une nouvelle solution de logement, ce qui n'est pas le cas de celles qui ne le sont pas. Les autorités ont utilisé cette disparité pour diviser les habitants et briser leur solidarité». La situation a beaucoup changé entre-temps, le nouveau programme de réhabilitation de 2017 a été planifié et lancé avec des fonds provenant d'anciens programmes de logement tels que Prohabita (2004), puis du Programme 1 Direito (2018).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706091312_l028.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Panneau «droit à un logement digne» à l'entrée du vieux Bairro de Jamaica, installé par la Camara Municipal de Seixal - CMS. 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Le but de l’opération: libérer des terrains sur lesquels des maisons de classe moyenne ont pu être construites.</p> <p>Dans tous ces cas, «ce ne sont pas les habitants qui ont demandé à quitter les quartiers où ils vivaient, c'est l'Etat qui a voulu les en chasser», précise Ana Rita. «Or, chacun a droit à un logement décent.»</p> <p>«Le terrain sur lequel les maisons sont construites appartient souvent aux habitants, qui se retrouvent ainsi expropriés de ce terrain et sont relogés dans des maisons et des quartiers qu'ils n'ont pas choisis, en payant un loyer qui ne cesse d’augmenter», rappelle Ana. «Cependant, ces expulsions, que les activistes ont dénoncées à plusieurs reprises comme brutales, ne provoquent pas de vague d’indignation», conclut-elle. «Vingt ans de racisme et de déshumanisation empêchent la société de reconnaître les habitants de ces quartiers comme des victimes de violence.»</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1706091353_l030.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Une peinture murale portant l'inscription «Lisbontrification» (un jeu de mots avec «gentrification» dans le centre de Lisbonne. © G.S.&D.A.</em></h4> <p>Une esplanade au milieu d'anciens pâtés de maisons. Du Bairro Jamaica de Seixal, au-delà du Tage, il ne reste que quelques murs et un bâtiment éventré encore habité. Passant devant une grande flaque d'eau, une vieille voiture s'arrête: «Ils ont tout démoli, il ne reste plus que ces deux blocs», indique par la fenêtre l'homme noir au volant. «Sur la droite, il reste encore quelques familles avec des enfants. Il y a des gravas au sol, des chiffons, des poupées cassées, des débris de briques et des fragments de tuiles...» Tout près d’ici, le bras de démolition d’un gros engin repose sur le sol, éteint, comme après une trêve. «Je dois dire qu'ils essaient de proposer des solutions alternatives, ce n'est plus comme avant. Mais la Jamaica est notre maison, nous voulons y rester», dit-il en souriant.</p> <p>Une balançoire vide se trouve devant les blocs encore debout. A droite, deux maisons basses de plain-pied abritent deux familles. Une femme se tient dans l'embrasure de la porte, devant elle, le vide laissé par les démolitions. 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Dans de nombreuses villes européennes, l'industrie du tourisme et la spéculation chassent les habitants des centres-villes de plus en plus désertifiés. A Lisbonne, ce processus a été particulièrement accéléré et violent, s'imposant dans une réalité déjà marquée par de profondes inégalités. Le centre-ville et certains quartiers historiques, habités par des populations pauvres, immigrées, noires ou roms – où les bâtiments anciens s'effondraient et où les conditions de vie étaient très précaires – ont été profondément transformés et leurs habitants expulsés. Près de la porte d’un immeuble flambant neuf aux couleurs vives s’étale l’inscription «Alojamento Local». 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Reportage / Logement: l’autre visage de Lisbonne
Dans la capitale portugaise, la crise du logement fait rage. Le tourisme de masse a vidé le centre-ville de ses habitants; les appartements en location de courte durée, les commerces de luxe et restaurants destinés aux touristes fleurissent partout. Les loyers flambent, et les expulsions sont de plus en plus fréquentes, parfois sans solution de relogement. Dans les banlieues, ce sont les habitats auto-construits et occupés par les plus modestes qui sont l’objet de la convoitise des promoteurs. Peu à peu, les Lisboètes s’organisent pour défendre leur droit au logement.
Giacomo Sini & Dario Antonelli
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Actuel / Etre une bergère en Palestine, au milieu des colonies israéliennes
En Cisjordanie l'occupation israélienne a des répercussions sur les déplacements et la vie quotidienne des Palestiniens. Malgré les défis, Alayeh Shoaybi, une jeune femme soutenue par l’ONG Anera, a réussi à créer une source de revenus stable pour sa famille en devenant bergère.
Giacomo Sini & Dario Antonelli
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Il n'y a pas de soutien politique clair à ce type d'activités, mais je suis heureux de voir que cela se produit de plus en plus à Chypre. Pour ma part, j'invite souvent des groupes chypriotes au Parlement européen. Je reçois toujours des groupes bicommunautaires. Par exemple, les jeunes, et maintenant les femmes. Le 8 mars 2023, il y avait des groupes de femmes: Chypriotes grecques et Chypriotes turques avec un panel. La prochaine étape sera la venue d'artistes des deux communautés, c'est très important.</p> <p><strong>La division crée encore beaucoup de problèmes aujourd'hui. Quels sont les problèmes les plus saillants?</strong></p> <p>Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que pendant de nombreuses années, il n'y a pas eu de point de contrôle ouvert entre les deux parties. La première fois qu'un point de contrôle a été ouvert après 1974, c'était en 2003. Aujourd'hui, nous avons des points de passage. Et récemment, d'après ce que je vois, de nombreuses personnes franchissent la ligne. Par exemple, de nombreux Chypriotes grecs se rendent dans la partie nord de l'île pour faire des achats et de nombreux Chypriotes turcs se rendent dans le sud. Mais bien sûr, la ligne verte reste aussi une ligne de tension, car toute l'île de Chypre est divisée d'est en ouest. Nous avons toujours des désaccords, des problèmes.</p> <p><strong>Des élections ont eu lieu récemment à Chypre. Pouvez-vous nous donner votre avis sur ce scrutin?</strong></p> <p>Ces élections ont été très importantes à bien des égards. Tout d'abord, notre ancien ministre des Affaires étrangères s'est présenté en tant qu'indépendant et non pour son parti. Il était issu du DISY (Rassemblement démocratique), un parti de droite, mais il a rompu avec celui-ci et en tant qu'indépendant, a reçu le soutien de différents partis. Le DISY est divisé en tant que groupe. C'est la première fois que l'on voit des membres du DISY soutenir le candidat d'AKEL, par exemple. Le plus important est peut-être que, pour la première fois, les deux grands partis, DISY et AKEL, ne font pas partie du gouvernement, ce qui crée un nouvel environnement. Les élections ont également entraîné un changement. Pour la première fois, la présidence de DISY est assurée par une femme, Annita Demetriou, qui est très active. AKEL est également à la recherche de réformes en son sein. C'est ce qui est significatif. Nous avons maintenant un président, Christodoulides, qui est également soutenu par des petits partis qui ne sont pas très favorables à une solution fédérale, donc cela reste une sorte de question en suspens pour voir ce qu'il va réaliser.</p> <p><strong>A Chypre, il y a beaucoup de stress dû à la division. Quelles sont les pressions auxquelles la société chypriote est confrontée, par exemple, dans le contexte de la crise de l'espace européen et de la mer Méditerranée?</strong></p> <p>Ce qui se passe en Europe se répercute directement sur Chypre. En raison de la guerre en Ukraine, il y a une forte inflation dans toute l'Europe, et Chypre y est également confrontée aujourd'hui. La vie des gens devient de plus en plus difficile. Mais lorsqu'il s'agit de la Méditerranée, il y a une tension dans sa partie orientale, qui concerne le gaz naturel. Chypre tente d'exploiter cette ressource, mais la Turquie s'y oppose. Il existe une coopération entre les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs, ce qui n'est pas le cas entre la Turquie et Chypre. Cela signifie que jusqu'à présent la situation demeure tendue, nous allons voir s'il y a un moyen de coopérer ou si les tensions vont continuer.</p> <p><strong>Dans le même ordre d'idées, pouvez-vous nous parler du rôle joué par Erdoǧan à Chypre, aujourd'hui et ces dernières années?</strong></p> <p>La Turquie s'est largement impliquée dans les affaires des Chypriotes turcs. Elle est l'a fait de manière ouverte et directe, surtout ces dernières années. Erdoǧan s'est impliqué dans les élections du chef de la communauté des Chypriotes turcs. Il a ouvertement participé à la campagne électorale de M. Tatar contre Mustafa Akıncı. Mustafa Akıncı est un homme de solution, il croit en une résolution fédérale, un Etat commun avec les Chypriotes grecs. M. Tatar veut en revanche deux Etats séparés. La Turquie a tout fait pour que Tatar gagne les élections et cette ingérence se poursuit, Erdoǧan est partout. Il intervient même dans les affaires internes des partis. C'est pourquoi j'ai moi-même posé plusieurs questions à la Commission européenne sur la manière de mettre fin à cette ingérence. </p> <p><strong>Parlons de la question migratoire. La ligne verte n'est pas une frontière, mais nous pouvons dire – en lisant certaines informations – qu'elle est considérée comme telle par les deux républiques, y compris pour le passage des migrants. Pourriez-vous nous faire part de vos commentaires à ce sujet? La question des passeurs est-elle un problème majeur pour Chypre dans les deux camps?</strong></p> <p>Il est vrai que Chypre est un endroit où de nombreuses personnes tentent d'émigrer. En effet, l'île est directement reconnue pour sa situation géographique qui attire ceux qui cherchent une vie meilleure. La ligne de division ne peut être vraiment contrôlée, car il n'y a pas de frontière officielle. De plus, les Chypriotes ne sont pas «réellement protégés». Nous avons connu une augmentation de l'immigration, mais aussi une montée du racisme. A Chypre, cela reste l'un des plus grands problèmes. Il n'y a pas de politique européenne commune en matière d'asile et d'immigration et, bien sûr, certains pays sont plus accablés que d'autres, comme Chypre. Vous savez, il y a ceux qui passent par la ligne de démarcation, mais aussi beaucoup d'autres qui arrivent par bateau directement dans la République de Chypre, et c'est un nouveau problème.</p> <p><strong>En dehors des organisations intercommunautaires, existe-t-il des tendances à la réunification, par exemple au sein des partis ou de la société?</strong></p> <p>Aujourd'hui, il n'y a même plus de négociations, tout est gelé. La partie turque parle de solutions à deux Etats et le nouveau président chypriote souhaite une participation plus active de l'UE dans l'ensemble du processus. De nombreux partis sont satisfaits de ce <em>statu quo</em> et ne veulent pas changer. 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Nous verrons donc ce qu'il en sera.</p> <p><strong>Y a-t-il des problèmes encore cachés du reste de l'Europe qui font de Chypre un Etat différent du reste de l'Europe?</strong></p> <p>Je ne dirais pas «cachés», mais je vais vous dire quelque chose de très évident: Chypre est le seul pays membre de l'UE à être divisé, ce qui est en soi une situation très triste. Il y a dans l'UE un Etat membre qui est divisé et bien sûr cela cause beaucoup de problèmes, dans tous les sens du terme. Il y a toujours des problèmes entre les Chypriotes turcs et grecs, il y a des différences, mais il y a aussi des choses positives. Par exemple, aujourd'hui, le fromage chypriote <em>halloumi</em>, également connu sous le nom turc de <em>hellim</em>, est un produit protégé de Chypre et peut être commercialisé sur le marché européen. Les Chypriotes turcs peuvent également vendre leur produit à l'UE, ce qui constitue une évolution très positive. 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Actuel / Niyazi Kızılyürek: «Chypre est le seul pays membre de l'UE à être divisé»
Niyazi Kızılyürek, député européen chypriote membre du parti AKEL (Parti progressiste des travailleurs), parle de l'importance des relations intercommunautaires dans l'île de Chypre et de la situation au sein de l'île après les élections présidentielles qui ont eu lieu en février dernier. Il explique également le rôle de l'influence turque sur l'île, une question centrale à la lumière de la réélection d'Erdoǧan en mai dernier.
Giacomo Sini & Dario Antonelli
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Le projet de Garage Space est né il y a quelques années, avec le soutien des Nations unies et de la municipalité de Deryneia. «Le lieu offre un espace pour différents types d'activités dans une perspective de solidarité intercommunautaire», explique Irène, «et nous collaborons étroitement avec d'autres associations comme l'Union des jeunes de Farmagusta».</p> <p>Ali Furkan Çetiner, 27 ans, fait partie de cette dernière. «Nous essayons de renforcer les liens entre les jeunes générations qui vivent de part et d'autre de la ligne verte». Les autorités politiques chypriotes font tout pour marginaliser les projets intercommunautaires. Officiellement, «le gouvernement n'encourage ni ne perturbe ces activités. Elles sont autorisées formellement, mais dans les faits, cela les rend impossible d'un point de vue logistique», affirme Irène.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675962202_1.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Vue de Nicosie, la capitale de Chypre, divisée en deux zones depuis 1974 par la «ligne verte». Au nord, la République turque de Chypre, au sud, la République de Chypre. © G.S.</em></h4> <p>Depuis 1974, après le coup d'Etat organisé par la junte fasciste d'Athènes et l'invasion militaire turque, la population de l'île a été séparée et le pays est toujours divisé <em>de facto</em> en deux entités étatiques. Au sud se trouve la République de Chypre, qui fait partie de l'Union européenne bien qu'elle soit toujours en dehors de l'espace Schengen. Au nord se trouve la République turque de Chypre du Nord, reconnue uniquement par la Turquie et considérée comme une occupation par la République de Chypre. La division coïncide avec la ligne verte définie en 1963 par les Britanniques. La zone tampon, qui s'étend sur 184 km, est depuis lors sous le contrôle de la mission des Nations unies à Chypre (UNFICYP).</p> <h3>Favoriser le bilinguisme</h3> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675964277_13.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Salih, jeune Chypriote turcophone et membre de l'Association bilingue de Chypre, enseigne le grec et le turc. Il considère la langue comme un outil important pour apprendre à se connaître entre les différentes communautés de l'île. © G.S.</em></h4> <p>La façade marquée de balles de l'ancien hôtel de luxe Ledra Palace domine la rue de la zone tampon de la capitale, qui est délimitée aux deux extrémités par des postes de contrôle, bleu et blanc d'un côté, rouge et blanc de l'autre. De l'autre côté de la rue, au café <i>Home for Cooperation</i>, Salih Toksöz, 25 ans, attend le début de son service en tant que barman. «C'est absurde qu'entre Chypriotes on parle en anglais», dit-il avec un demi-sourire, en posant sa tasse sur la table. «Personne n'essaie généralement d'apprendre la langue de l'autre», poursuit-il, «mais pour nous, il ne s'agit pas seulement de connaître une langue, comprendre la langue maternelle de l'autre est un moyen de rapprocher les communautés». C'est l'idée de l'Association pour le bilinguisme à Chypre, créée en 2019, dont Salih est un membre actif. Le rapport à l'autre langue change selon les générations. «Mon grand-père connaît le grec argotique, le dialecte, mais il ne sait ni l'écrire ni le lire. Les enfants, avec la langue, peuvent apprendre à vivre dans une nouvelle réalité, quand ils sont ensemble ils sont immédiatement amis même s'ils parlent des langues différentes», réitère Salih.</p> <h3>Un festival intercommunautaire</h3> <p>Dans la grande salle de la taverne Pantelis à Pelathousa, un festival bicommunautaire est organisé, au cours duquel se produit également le chœur bicommunautaire pour la paix «Lena Melianidou». Les choristes ont en moyenne entre 60 et 75 ans, la génération qui a directement vécu la guerre. «Notre initiative est la plus ancienne initiative bicommunautaire encore active», explique Costis Kiranides, 71 ans, l'un des membres fondateurs du projet. Depuis 25 ans, elle réunit des personnes des deux côtés de Chypre qui interprètent des chansons en grec et en turc, donnant une voix et une perspective concrète à la paix.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675953731_7.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Les membres de la chorale bicommunautaire pour la paix à Chypre - Lena Melanidou se rassemblent devant le point de rencontre de la zone tampon de l'ONU, à l'entrée de l'hôtel Ledra Palace. © G.S.</em></h4> <p>En attendant que Christalla Tsiakli, la soliste, commence, elle sort sur la terrasse. «J'ai rejoint la chorale en 2006, raconte-t-elle, j'avais vu quelques concerts et je voulais connaître les Turcs. Et puis, j'adore chanter!» Elle avait 15 ans le 14 août 1974, lorsqu'elle a été déportée de Palekythron, le village où elle vivait. Elle raconte que le voyage en bus a été terrible: «Alors que nous traversions un village, des soldats nous ont encerclés en essayant de frapper les gens avec des pierres et des bâtons, heureusement le chauffeur a réussi à continuer.» Au chœur, Christalla a également rencontré l'une des personnes qui ont tenté d'attaquer le bus ce jour-là: «Je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu "ils nous ont dit que les Grecs étaient tous mauvais"».</p> <p>Une propagande encore présente dans la société, dit Costas. «Quand j'ai dit à mon neveu que j'allais chanter avec la chorale, vous savez ce qu'il m'a dit? "N'y va pas, ils peuvent te tuer"». Il agite les mains en parlant. «Ils enseignent encore la haine aux plus jeunes à l'école, à haïr les Turcs. Le nationalisme est dominant, mais si nous arrêtons de nous réunir, ils en profiteront pour fermer définitivement la frontière, et ils rendront aussi la vie plus difficile aux migrants et aux demandeurs d'asile.» Un homme imposant aux longs cheveux noirs, aujourd'hui d’un âge avancé, danse avec une femme beaucoup plus jeune que lui tout en souriant. «J'ai deux pères, le biologique, et puis Andreas», dit la femme, Birgül Kılıç, en jetant un regard à l'homme avec qui elle danse. Ce dernier est son Süt Babam. Littéralement son «père de lait» en turc.</p> <h3>Construire la paix entre communautés</h3> <p>Andreas Efstathiou, né dans une famille de langue grecque, était soldat pendant la guerre de 1974. Pendant trois mois, il a livré à un soldat du nord le lait sans lactose dont son enfant avait besoin pour survivre et qui n'était pas disponible dans la zone sous contrôle turc. «Il s'est approché de nous, les autres étaient sur le point de le tuer», raconte Andreas, «je les ai arrêtés. Il était désespéré, il nous a demandé du lait pour son bébé et j'ai couru pour en trouver. C'était très dangereux, mais dans la vie il faut faire quelque chose de bien.»</p> <p>«Le bureau de l'UNFICYP à Pyla joue un rôle clé», explique Therapoulla Kalatha, de la section des affaires civiles. La guerre n'a pas bouleversé le canton, qui est sous le contrôle de l'ONU depuis 1964 et se trouve à proximité de la zone de souveraineté britannique, qui a toujours été accessible des deux côtés. C'est pourquoi Pyla a été pendant des décennies le seul point de rencontre et de passage informel, mais aussi et surtout un lieu de contrebande. Dans une telle situation, les projets bicommunautaires sont importants. «Presque toutes ces initiatives sont aujourd'hui soutenues par les Nations Unies, mais la volonté de construire la paix entre les deux communautés était déjà présente dans la société dès le lendemain de la guerre, l'UNFICYP est arrivée plus tard». Giulia Bosco, chef d'équipe UNPOL du poste de Pyla, concernant les récentes initiatives de construction de barrières le long de la ligne verte par les autorités du sud, déclare: «Nous sommes conscients du problème, mais ici il n'y a pas de perception de fermeture accrue».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675962950_22.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Therapoulla Kalatha, officier de la section des affaires civiles de l'UNFICYP à Pyla, un village situé dans la zone tampon où les deux communautés de Chypre, turcophone et hellénophone, vivent ensemble sans division. © G.S.</em></h4> <p>La République de Chypre n'a jamais érigé de barrières le long de la ligne verte, ne la considérant pas comme une frontière entre Etats, mais seulement comme la limite des zones sous son contrôle effectif. Depuis 2021, le gouvernement a commencé à placer des barbelés le long de la ligne en prétendant vouloir stopper l'immigration illégale, et a passé des accords avec Israël pour mettre en place une surveillance par de nouveaux moyens technologiques. «Considérer la ligne verte comme une "frontière extérieure" est une nouveauté totale pour Chypre», explique Corina Drousiotou, 46 ans, coordinatrice du Conseil chypriote pour les réfugiés. «Beaucoup s'inquiètent de voir que nous nous dirigeons vers un approfondissement de la division, et les migrants semblent n'être qu'un prétexte.» En tout cas, la division semble être une affaire pour tout le monde, le journal chypriote <em>Politis</em> a récemment rapporté que dans les zones d'Akaki et de Peristerona, le fil barbelé installé par une société basée en Grèce aurait été fabriqué en Turquie.</p> <h3>Exode des jeunes générations</h3> <p>Parmi les personnes les plus touchées par les politiques de division, on trouve les jeunes générations du nord, qui ressentent un fort isolement. «Le plus grand problème auquel nous sommes confrontés à Famagouste est l'impossibilité de maintenir un groupe fixe de personnes. Beaucoup partent, à l'étranger ou même simplement à Nicosie pour travailler, et aucun tissu social n'est créé», explique en effet Ali. C'est aussi pourquoi il semble important d'avoir une perspective différente. «Nous pensons qu'il vaut mieux intervenir dans une perspective intercommunautaire, et non plus seulement bicommunautaire», dit Mustafa Öngün, de la section des affaires civiles de l'UNFCYP, «car d'autres minorités sont historiquement présentes à Chypre, comme les Arméniens et les Libanais maronites». Mais aussi parce que la présence de nouvelles communautés de migrants est désormais un fait. «Selon une étude menée par un syndicat d'enseignants, dit Ali, dans le nord, dans les écoles primaires, seuls 50% des enfants parlent turc».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675962728_16.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Ali, un jeune Chypriote turcophone sur le toit du garage de l'avenue Famagouste. Un espace dans le village de Deryneia, ouvert avec le soutien de l'UNFICYP (Force de maintien de la paix des Nations unies à Chypre) à deux kilomètres de Famagousta. Ici, les organisations, les groupes et les individus des deux communautés peuvent travailler ensemble pour promouvoir une culture de la coexistence, à quelques mètres seulement du passage par la zone tampon. © G.S.</em></h4> <p>Dans les conteneurs installés dans le jardin du Ledra Palace, les ateliers de rencontre linguistique organisés par l'association Hade touchent à leur fin. Les participants sont tous très jeunes: «Apprendre l'alphabet est déjà un grand pas», s'exclame quelqu'un de la table des débutants en grec, et les rires fusent dans la salle. Un temps d'échange et de débat est sur le point de commencer. 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Le projet de Garage Space est né il y a quelques années, avec le soutien des Nations unies et de la municipalité de Deryneia. «Le lieu offre un espace pour différents types d'activités dans une perspective de solidarité intercommunautaire», explique Irène, «et nous collaborons étroitement avec d'autres associations comme l'Union des jeunes de Farmagusta».</p> <p>Ali Furkan Çetiner, 27 ans, fait partie de cette dernière. «Nous essayons de renforcer les liens entre les jeunes générations qui vivent de part et d'autre de la ligne verte». Les autorités politiques chypriotes font tout pour marginaliser les projets intercommunautaires. Officiellement, «le gouvernement n'encourage ni ne perturbe ces activités. Elles sont autorisées formellement, mais dans les faits, cela les rend impossible d'un point de vue logistique», affirme Irène.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675962202_1.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Vue de Nicosie, la capitale de Chypre, divisée en deux zones depuis 1974 par la «ligne verte». Au nord, la République turque de Chypre, au sud, la République de Chypre. © G.S.</em></h4> <p>Depuis 1974, après le coup d'Etat organisé par la junte fasciste d'Athènes et l'invasion militaire turque, la population de l'île a été séparée et le pays est toujours divisé <em>de facto</em> en deux entités étatiques. Au sud se trouve la République de Chypre, qui fait partie de l'Union européenne bien qu'elle soit toujours en dehors de l'espace Schengen. Au nord se trouve la République turque de Chypre du Nord, reconnue uniquement par la Turquie et considérée comme une occupation par la République de Chypre. La division coïncide avec la ligne verte définie en 1963 par les Britanniques. La zone tampon, qui s'étend sur 184 km, est depuis lors sous le contrôle de la mission des Nations unies à Chypre (UNFICYP).</p> <h3>Favoriser le bilinguisme</h3> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675964277_13.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Salih, jeune Chypriote turcophone et membre de l'Association bilingue de Chypre, enseigne le grec et le turc. Il considère la langue comme un outil important pour apprendre à se connaître entre les différentes communautés de l'île. © G.S.</em></h4> <p>La façade marquée de balles de l'ancien hôtel de luxe Ledra Palace domine la rue de la zone tampon de la capitale, qui est délimitée aux deux extrémités par des postes de contrôle, bleu et blanc d'un côté, rouge et blanc de l'autre. De l'autre côté de la rue, au café <i>Home for Cooperation</i>, Salih Toksöz, 25 ans, attend le début de son service en tant que barman. «C'est absurde qu'entre Chypriotes on parle en anglais», dit-il avec un demi-sourire, en posant sa tasse sur la table. «Personne n'essaie généralement d'apprendre la langue de l'autre», poursuit-il, «mais pour nous, il ne s'agit pas seulement de connaître une langue, comprendre la langue maternelle de l'autre est un moyen de rapprocher les communautés». C'est l'idée de l'Association pour le bilinguisme à Chypre, créée en 2019, dont Salih est un membre actif. Le rapport à l'autre langue change selon les générations. «Mon grand-père connaît le grec argotique, le dialecte, mais il ne sait ni l'écrire ni le lire. 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Depuis 25 ans, elle réunit des personnes des deux côtés de Chypre qui interprètent des chansons en grec et en turc, donnant une voix et une perspective concrète à la paix.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675953731_7.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Les membres de la chorale bicommunautaire pour la paix à Chypre - Lena Melanidou se rassemblent devant le point de rencontre de la zone tampon de l'ONU, à l'entrée de l'hôtel Ledra Palace. © G.S.</em></h4> <p>En attendant que Christalla Tsiakli, la soliste, commence, elle sort sur la terrasse. «J'ai rejoint la chorale en 2006, raconte-t-elle, j'avais vu quelques concerts et je voulais connaître les Turcs. Et puis, j'adore chanter!» Elle avait 15 ans le 14 août 1974, lorsqu'elle a été déportée de Palekythron, le village où elle vivait. Elle raconte que le voyage en bus a été terrible: «Alors que nous traversions un village, des soldats nous ont encerclés en essayant de frapper les gens avec des pierres et des bâtons, heureusement le chauffeur a réussi à continuer.» Au chœur, Christalla a également rencontré l'une des personnes qui ont tenté d'attaquer le bus ce jour-là: «Je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu "ils nous ont dit que les Grecs étaient tous mauvais"».</p> <p>Une propagande encore présente dans la société, dit Costas. «Quand j'ai dit à mon neveu que j'allais chanter avec la chorale, vous savez ce qu'il m'a dit? "N'y va pas, ils peuvent te tuer"». Il agite les mains en parlant. «Ils enseignent encore la haine aux plus jeunes à l'école, à haïr les Turcs. Le nationalisme est dominant, mais si nous arrêtons de nous réunir, ils en profiteront pour fermer définitivement la frontière, et ils rendront aussi la vie plus difficile aux migrants et aux demandeurs d'asile.» Un homme imposant aux longs cheveux noirs, aujourd'hui d’un âge avancé, danse avec une femme beaucoup plus jeune que lui tout en souriant. «J'ai deux pères, le biologique, et puis Andreas», dit la femme, Birgül Kılıç, en jetant un regard à l'homme avec qui elle danse. Ce dernier est son Süt Babam. Littéralement son «père de lait» en turc.</p> <h3>Construire la paix entre communautés</h3> <p>Andreas Efstathiou, né dans une famille de langue grecque, était soldat pendant la guerre de 1974. Pendant trois mois, il a livré à un soldat du nord le lait sans lactose dont son enfant avait besoin pour survivre et qui n'était pas disponible dans la zone sous contrôle turc. «Il s'est approché de nous, les autres étaient sur le point de le tuer», raconte Andreas, «je les ai arrêtés. 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Giulia Bosco, chef d'équipe UNPOL du poste de Pyla, concernant les récentes initiatives de construction de barrières le long de la ligne verte par les autorités du sud, déclare: «Nous sommes conscients du problème, mais ici il n'y a pas de perception de fermeture accrue».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675962950_22.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Therapoulla Kalatha, officier de la section des affaires civiles de l'UNFICYP à Pyla, un village situé dans la zone tampon où les deux communautés de Chypre, turcophone et hellénophone, vivent ensemble sans division. © G.S.</em></h4> <p>La République de Chypre n'a jamais érigé de barrières le long de la ligne verte, ne la considérant pas comme une frontière entre Etats, mais seulement comme la limite des zones sous son contrôle effectif. Depuis 2021, le gouvernement a commencé à placer des barbelés le long de la ligne en prétendant vouloir stopper l'immigration illégale, et a passé des accords avec Israël pour mettre en place une surveillance par de nouveaux moyens technologiques. «Considérer la ligne verte comme une "frontière extérieure" est une nouveauté totale pour Chypre», explique Corina Drousiotou, 46 ans, coordinatrice du Conseil chypriote pour les réfugiés. «Beaucoup s'inquiètent de voir que nous nous dirigeons vers un approfondissement de la division, et les migrants semblent n'être qu'un prétexte.» En tout cas, la division semble être une affaire pour tout le monde, le journal chypriote <em>Politis</em> a récemment rapporté que dans les zones d'Akaki et de Peristerona, le fil barbelé installé par une société basée en Grèce aurait été fabriqué en Turquie.</p> <h3>Exode des jeunes générations</h3> <p>Parmi les personnes les plus touchées par les politiques de division, on trouve les jeunes générations du nord, qui ressentent un fort isolement. «Le plus grand problème auquel nous sommes confrontés à Famagouste est l'impossibilité de maintenir un groupe fixe de personnes. Beaucoup partent, à l'étranger ou même simplement à Nicosie pour travailler, et aucun tissu social n'est créé», explique en effet Ali. C'est aussi pourquoi il semble important d'avoir une perspective différente. «Nous pensons qu'il vaut mieux intervenir dans une perspective intercommunautaire, et non plus seulement bicommunautaire», dit Mustafa Öngün, de la section des affaires civiles de l'UNFCYP, «car d'autres minorités sont historiquement présentes à Chypre, comme les Arméniens et les Libanais maronites». Mais aussi parce que la présence de nouvelles communautés de migrants est désormais un fait. «Selon une étude menée par un syndicat d'enseignants, dit Ali, dans le nord, dans les écoles primaires, seuls 50% des enfants parlent turc».</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1675962728_16.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Ali, un jeune Chypriote turcophone sur le toit du garage de l'avenue Famagouste. 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Actuel / A Chypre, les projets intercommunautaires fleurissent malgré les divisions politiques
Depuis 1974, l’île de Chypre est de facto séparée en deux entités politiques. Malgré les divisions, de nombreuses initiatives tentent de maintenir les liens entre les populations de part et d’autre de la frontière. Reportage.
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Les règles peuvent encore être modifiées, notamment parce que certains membres du gouvernement ne veulent pas risquer que la mesure soit bloquée pour cause d'inconstitutionnalité. Pour l'instant, il y aurait une interdiction, bien que non explicite, des sauvetages multiples. En effet, chaque sauvetage devra être notifié immédiatement au centre de coordination compétent et à l'Etat du pavillon du navire, et le port de refuge désigné devra être atteint le plus rapidement possible. Tout retard et tout manquement aux instructions de l'autorité constitueront une violation du code de conduite, entraînant des sanctions. Une limite <em>de facto</em> d'un sauvetage par mission est imposée. Une nouveauté importante, encore en discussion, pourrait concerner l'obligation pour les naufragés des navires de présenter, une fois à bord du navire de sauvetage, une «expression d'intérêt» à demander l'asile, afin de transférer la responsabilité à l'Etat du pavillon du navire. Cette loi supplémentaire visant à gêner les ONG a également été anticipée dans les semaines précédentes par un changement de stratégie dans la gestion des sauvetages.</p> <p>A l'entrée du port de Livourne, il est écrit en lettres noires sur le brise-lames «Molo Novo»: «Refugees Welcome». La bannière blanche de plus de vingt mètres semble petite dans les grands espaces du port, mais elle se détache dans le gris du ciel et de la mer. «Quand nous sommes entrés dans le port et que nous l'avons vue, nous avons été émus», raconte Pietro Parrino, directeur des opérations de l’ONG Emergency<i>, </i>qui était à bord du <i>Life Support</i>, arrivé à Livourne le 22 décembre 2022 au matin. Dans ses mots, il y a la satisfaction d'avoir secouru 142 personnes et d'avoir mené à bien la première mission du <i>Life Support</i>. Le navire avait quitté le port de Gênes le 13 décembre. 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Tous les autres réfugiés sont de nationalité pakistanaise.</p> <p>Depuis le 21 décembre, la protection civile régionale a installé un camp sur le quai 75 du port de Livourne. «Nous avons essayé d'allier efficacité et humanité, car ce voyage a été particulièrement éprouvant, et le fait que le gouvernement ait choisi le port de Livourne l'a rendu encore plus long», explique la conseillère régionale Monia Monni. Mis à part les quelques naufragés transportés à l'hôpital, les personnes qui ont débarqué ont été conduites dans des structures CAS – Centres d'accueil extraordinaires – en Toscane ou dans les régions voisines. Les mineurs étaient tous destinés à être accueillis dans des structures de la région. 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Actuel / Des migrants débarquent à Livourne pour la première fois
Quelques jours avant Noël, deux navires d'ONG menant des activités de recherche et de sauvetage en Méditerranée ont accosté pour la première fois dans le port de Livourne, en Italie. Le ministère italien de l'Intérieur n'avait jamais indiqué un POS (port sûr) dans lequel débarquer les naufragés si loin au nord de la péninsule italienne. Les ONG dénoncent une nouvelle stratégie visant à entraver leurs activités. Les deux navires ont dû naviguer respectivement trois et quatre jours pour rejoindre le port de Livourne depuis les sites de sauvetage. Le Life Support by Emergency et le Sea-Eye 4 avaient à leur bord un total de 250 naufragés, secourus beaucoup plus au sud, dans les zones SAR (Search and rescue) libyenne et maltaise.
Giacomo Sini & Dario Antonelli