Média indocile – nouvelle formule
Denis Masmejan
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Actuel / Après le non à l'initiative de l'UDC, le plus difficile reste à faire
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Denis Masmejan
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Vrai ou faux, c’est évidemment une autre histoire, mais cela a permis à l’UDC de mener sa campagne pratiquement sur un seul front: celui de la démocratie directe et de la souveraineté populaire.</p><p>En Suisse, c’est le peuple qui décide et quand il a parlé, il doit être obéi: tel est en substance le message de l’UDC. Le peuple ne veut-il plus que l’on construise des minarets en Suisse? On n'en construira plus un seul, et les juges – au Tribunal fédéral ou à Strasbourg – ne doivent plus pouvoir passer outre et ordonner le contraire. Que répondre à cela? Qu’objecter à un discours qui prétend exercer le monopole de la défense de la démocratie directe? Laissera-t-on l’UDC prendre la souveraineté populaire en otage en s’en déclarant la seule vraie dépositaire?</p><h3>Quelle voie choisira la Suisse?<br></h3><p>Ces questions résument un enjeu essentiel de la votation: le 25 novembre marquera-t-il ou non une nouvelle rupture, et cette fois plus profonde que les précédentes, entre le peuple et les «élites», entre la démocratie directe et l'Etat de droit, entre le pouvoir des citoyens et celui des juges? La réponse qui y sera apportée dimanche aura un impact considérable. 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A plus long terme, l’initiative «pour l’autodétermination» engendrera une incertitude permanente sur le sort des traités en question. L’UDC pourra revendiquer une adaptation de ces textes et, en cas de refus de nos partenaires – hypothèse la plus probable – une dénonciation. Mais par qui? Le Conseil fédéral? Le Parlement, voire le peuple? L’initiative laisse sans la moindre réponse ces questions pourtant essentielles. Il s’ensuivra immanquablement une confusion totale, sur le plan juridique aussi bien que politique. L’UDC aura alors le champ libre pour mener ce qui pourrait ressembler à une sorte de guerre de harcèlement dans laquelle la volonté populaire sera constamment opposée au refus de la «classe politique» de s’y plier.</p><p>C’est en cela qu’on peut dire qu’avec cette initiative, la souveraineté populaire risque d’être prise en otage par l’UDC. 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Actuel / Initiative de l’UDC: n’abandonnons pas le peuple aux populistes
Au-delà des débats juridiques souvent confus auxquels elle donne lieu, l'initiative de l'UDC dite «le droit suisse au lieu de juges étrangers» pose
Denis Masmejan
B Article réservé aux abonnés
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Un accident neurologique qui effacera en lui tout souvenir de cette matinée. Depuis, les médecins l’ont rassuré, rien de grave, rien de particulier à redouter pour le futur, mais ce trou noir le pousse à prendre la plume et à reconstituer les épisodes les plus saillants de sa carrière, comme pour les mettre ainsi à l’abri de toute nouvelle panne de mémoire.</p><p>Au gré de ses diverses missions, Dick Marty a vu et observé de très près, avec le bagage que lui a donné son premier métier, celui de procureur, quelques-unes des atteintes les plus ignobles aux principes de l’Etat de droit commises durant les dernières décennies sur le sol européen et ailleurs.</p><h3>«Le mal, aujourd’hui, c’est l’indifférence»<br></h3><p>«Le mal, aujourd’hui, c’est l’indifférence», pense-t-il. Son livre cherche précisément à réparer cette indifférence – et il y parvient parfaitement. Ses pages nous emmènent dans ses pérégrinations au Kosovo, dans le Caucase, en Syrie ou aux Philippines où ses mandats pour le Conseil de l’Europe ou l’Organisation mondiale contre la torture le font atterrir. Et où il doit mener ses enquêtes bien souvent seul, démuni et sans le soutien des Etats et des institutions internationales.</p><p>Ce qui l’attriste plus particulièrement, c’est la morale à géométrie variable de l’Occident – et de la Suisse – que la guerre au Yémen, par exemple, semble si peu toucher. <em><br></em></p><blockquote><p><em><strong>«Personne ne manifeste contre cette guerre, et le Conseil fédéral voulait encore vendre des armes à l’Arabie saoudite»,</strong></em> s’étrangle le Tessinois.</p></blockquote><p>Dick Marty rame souvent à contre-courant. Sur le Kosovo, il a vivement critiqué l’engagement du Conseil fédéral et de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey en faveur de l’indépendance accordée à la province serbe, non reconnue par de nombreux Etats. Son enquête sur les soupçons d’atrocités sans nom commises par des bandes criminelles liées à l’Armée de libération du Kosovo s’est heurtée à un tabou: les pays occidentaux qui étaient intervenus en bombardant la Serbie, en 1999, en violation flagrante du droit international, n’étaient nullement prêts à reconnaître que ceux qu’ils avaient soutenus pouvaient se livrer, eux aussi, à des crimes contre l’humanité. 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L’Italie? «Ce que dit Salvini donne la chair de poule». </p><p>Dick Marty sait que tous les historiens et tous les politologues sont loin d’être d’accord avec cette thèse, mais il maintient que la situation actuelle rappelle les années 30. Parmi les explications, il voit tout à la fois la révolte des couches qui se sentent menacées par des catégories sociales encore plus défavorisées, l’évolution des technologies, et le fait que «les élites politiques n’ont pas été exemplaires.»</p><p>L’idéologie néolibérale, «qui n’a rien à voir avec le libéralisme», porte une lourde responsabilité dans les dérèglements actuels. C’est un «poison» et un jour ce modèle va se casser, est convaincu Dick Marty. Face à ces défis, l’Europe doit s’unir encore plus. Comment? En n’hésitant pas à créer une Europe à plusieurs vitesses. L’Europe s’est agrandie trop vite, son fonctionnement à 28 ou 27 ne permet plus d’avancer. «Il faut des locomotives», sinon il y a un risque de nivellement par le bas. Un noyau dur regroupé autour de la France et de l’Allemagne doit donner un nouvel élan. Quant à la Suisse, «son destin est européen» à moyen ou long terme, elle sera plus forte à l’intérieur de l’UE qu’à l’extérieur.</p><h3>«Je n’ai pas livré mes combats pour les gagner»<br></h3><p>Belle profession de foi, mais, lui fait observer Eric Hoesli, en décalage sur pratiquement tous les points avec le réel. Ses combats ont-ils donc tous été des échecs? «Je ne les ai pas livrés pour gagner». Et de citer Gramsci, le penseur italien de la révolution marxiste pour lequel le Tessinois avoue un penchant surprenant pour un libéral mais réel: «L’histoire enseigne mais n’a pas d’élèves.»<br></p><p>Avec tout ça, la question était inévitable: qu’est-ce que Dick Marty peut donc bien faire au PLR? 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Actuel / «Le jour où je ne m’indignerai plus, j’aurai cessé de vivre»
L'ancien parlementaire fédéral tessinois Dick Marty vient de publier un livre, «Une certaine idée de la justice» (Editions Favre). L'homme s'est fait
Denis Masmejan
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A 13 ans, il adhère au parti social-démocrate allemand, le SPD, mais il en démissionne en 2015 par une retentissante lettre ouverte publiée dans <em>Die Zeit</em>, critiquant notamment l’attitude de son parti dans la crise grecque.</p><p>L’élection de Donald Trump en 2016 – qu’il a vivement combattue –, le renforce encore dans ses convictions: l’ère de la stabilité démocratique, où libertés individuelles, Etat de droit et suffrage universel semblaient devoir aller immuablement de pair, pourrait bien toucher à sa fin. Mais là où beaucoup croient avoir fait le tour de la question en alertant sur le retour possible d’un fascisme plus ou moins mal dissimulé, Yascha Mounk, lui, développe une pensée beaucoup moins attendue.</p><p>La montée du populisme, nous dit Mounk – et ce constat est troublant –, a quelque chose à voir avec l’hypertrophie de l’appareil administratif et judiciaire entraînée par le développement de l’Etat de droit dans les démocraties occidentales. Les banques centrales, les agences indépendantes, les organisations internationales, les cours constitutionnelles, toutes ces institutions indispensables au fonctionnement des Etats modernes et de l’économie libérale, et dont le travail est le plus souvent d’une remarquable qualité, n’en ont pas moins éloigné le pouvoir des citoyens en déplaçant son centre de gravité.</p><p>Des décisions de plus en plus importantes se prennent aujourd’hui sans être soumises à une quelconque sanction du suffrage universel. La Commission européenne, selon Mounk, est l’exemple le plus frappant de l’évolution qu’il décrit. Le fonctionnement des institutions européennes est tel que c’est à cette administration que revient dans les faits, selon l’auteur, «de conduire la plupart des activités de l’Union». 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Au contraire, c’est bien parce que le populisme a une légitimité démocratique que les lendemains qu’il annonce risquent d’être sinistres.</p><p>Tout l’intérêt de la pensée de Mounk est de récuser les analyses qui se contenteraient d’opposer à la démocratie anti-libérale ce qu’il appelle un libéralisme anti-démocratique, c’est-à-dire une forme d’organisation politique qui protégerait efficacement les droits des individus et des minorités et prendrait des décisions parfaitement raisonnables mais qui, par défiance, cesserait de croire au suffrage universel comme à la seule légitimité possible de tout gouvernement.</p><p>La position de Mounk le place à contre-courant d’un autre politologue, l’Allemand Jan-Werner Müller, pour qui les mouvements populistes sont d’inspiration antidémocratique par essence. <em><strong><br></strong></em></p><blockquote><p><em><strong>«Je crains, </strong></em>écrit Mounk<em><strong>, que le refus de reconnaître qu’il y a quelque chose de démocratique dans l’énergie qui les a propulsés au pouvoir ne nous empêche de comprendre la nature de leur force d’attraction et rende plus difficile de réfléchir de manière prudente et créative à la façon de les arrêter.»</strong></em></p></blockquote><p>Au chapitre des remèdes justement, Yascha Mounk accorde une grande place à ce qu’il appelle «réparer l’économie». Car à lui seul, le fait que le citoyen de 2018 ait moins de pouvoir que celui de 1958 ne suffit pas à expliquer le populisme. Les «Trente Glorieuses» avaient fait reculer les inégalités. La mondialisation les a accentuées à nouveau. Les générations d’après-guerre ont vécu avec la conviction que la vie serait plus facile pour celles qui suivraient. Cet optimisme a disparu, note Mounk. Les études qu’il cite montrent que neuf Américains sur dix nés en 1940 gagnaient à trente ans plus que leurs parents au même âge. Cette proportion n’est plus que d’un sur deux pour les Américains nés en 1980. Les données disponibles suggèrent une évolution analogue en Europe. </p><p>Les développements consacrés aux effets de l’accroissement des inégalités sur la montée du populisme comptent parmi les pages les plus intéressantes de l’ouvrage. Il est de bon ton en effet de mettre en doute toute relation de cause à effet en ce domaine. Les succès tout récents de l’extrême droite dans la Suède prospère tordraient le cou à la thèse selon laquelle le populisme se nourrirait de la colère des «perdants de la mondialisation». Déjà, on avait pu montrer que les classes les plus favorisées avaient bel et bien voté Trump, et les plus fragilisées, Clinton. On pensait détenir la preuve que le récit médiatique associant pauvreté et succès du populisme tenait de la légende urbaine.</p><p>Pas si simple, avertit Mounk. Car entre les plus riches et les plus pauvres, il y a la classe moyenne. Et là, une étude attentive donne un autre éclairage. Les électeurs de Trump sont en moyenne moins diplômés que ceux de Clinton. Ils ont donc des raisons particulières de se sentir plus menacés que d’autres par la mondialisation et l’intelligence artificielle. Ils habitent aussi des régions aux indices de santé moins favorables, au taux de chômage plus élevé, à la mobilité sociale plus faible et où vivent davantage d’individus sans revenu. En 2016, les quinze Etats les moins menacés par l’automatisation ont voté Clinton. Vingt et un des vingt-deux Etats les plus menacés ont choisi son adversaire.</p><p>Le contrat implicite sur lequel les démocraties occidentales ont longtemps fonctionné, et qui consistait à promettre un accroissement constant de la prospérité et des retombées pour le plus grand nombre, est rompu. Il n’y a pas d’analyse du populisme qui tienne, nous dit Mounk, sans prendre en compte cette donnée et sans s’interroger sur ce qui pourrait aujourd’hui remplacer les promesses d’antan pour ressouder la société.</p><p>Cosmopolite revendiqué, Yascha Mounk ne croit toutefois pas que notre avenir soit supranational. Le fait national ne lui paraît pour l’heure guère dépassable. Son appréciation de l’intégration européenne est d’ailleurs souvent sévère. L’immense majorité des citoyens des démocraties occidentales, note-t-il, se sentent encore, et probablement pour longtemps encore, appartenir à un pays déterminé, dont l’histoire et les institutions ont façonné une identité particulière, non interchangeable. Penser qu’à l’heure de la mondialisation, les nations n’existent plus, ou qu’elles sont obsolètes, procède d’une fausse perception de la réalité, quoi qu’aient pu espérer les générations de l’après-guerre et en particulier les pères-fondateurs de l’intégration européenne.</p><p>Pour le meilleur ou pour le pire, la nation va donc perdurer. La grande question n’est donc pas celle de sa disparition, mais bien de savoir ce qu’on peut en faire. Mounk se démarque là avec une grande netteté d’un courant intellectuel sensible aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis, qui refuse la nation précisément en raison de son héritage historique – colonialiste, impérialiste, raciste ou guerrier. Ce n’est pas parce que les idéaux des Lumières sur lesquels ont été bâties les démocratiques modernes n’ont pas été atteints ou ont été trahis qu’il faut les abandonner, dit l’auteur en substance. Le «patriotisme inclusif» légué par les révolutions américaine et française et sa promesse d’une émancipation de tous sans distinction d’origine, reste, pour Mounk, un idéal totalement actuel.</p><p>Les civilisations sont mortelles, les démocraties libérales le sont aussi. Le livre de Mounk nous invite à en prendre conscience. L’auteur se refuse cependant au défaitisme. Les moyens de combattre le populisme existent: les droits civiques, la mobilisation citoyenne doivent être utilisés avec une détermination sans faille pour barrer la route à des évolutions qui pourraient, sinon, sonner le glas de nos libertés. Mais en tous les cas, ce n’est pas en éloignant encore davantage le pouvoir des citoyens que l’on y parviendra.</p><p><hr></p><h4><img class="img-responsive " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1539095253_9791032904534_lepeuplecontrelademocratie_2018.jpg" width="444" height="683">Yascha Mounk, <em>Le peuple contre la démocratie</em>, Traduction de l’anglais, Editions de L’Observatoire, Paris, 2018, 517 p.</h4><br>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-peuple-contre-la-democratie-comprendre-le-populisme', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 853, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1276, 'homepage_order' => (int) 1503, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 1269, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' }
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Son essai montre comment le pouvoir dans les démocraties modernes s'est éloigné du citoyen, comment la promesse d'une prospérité toujours mieux partagée a été rompue par la mondialisation, et comment la nation reste et restera probablement pour longtemps le seul espace dans lequel la démocratie peut vraiment se déployer. Appelant à «réparer l'économie» et à retrouver un «patriotisme inclusif», l'auteur ne cache pas que la lutte contre le populisme risque d'être ardue et n'est pas gagnée d'avance. 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Celui du désarroi des élites libérales, politiques, académiques et médiatiques, devant ces élections qui, les unes après les autres, sur les deux rives de l’Atlantique, donnent l’avantage à des politiques nationalistes, isolationnistes et xénophobes dont le programme passe par le rabotage de l’Etat de droit patiemment développé au sortir de la Seconde Guerre mondiale – et par-là même, font craindre le pire.</p><p>Sauf que Yascha Mounk, lui, ne se contente pas d’une dénonciation éplorée mais lassante à force d’être répétée partout. Son analyse des causes du populisme et des maux qui, selon de nombreux observateurs, rongeraient nos démocraties, est d’une lucidité désenchantée jusqu’à en être implacable. 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A 13 ans, il adhère au parti social-démocrate allemand, le SPD, mais il en démissionne en 2015 par une retentissante lettre ouverte publiée dans <em>Die Zeit</em>, critiquant notamment l’attitude de son parti dans la crise grecque.</p><p>L’élection de Donald Trump en 2016 – qu’il a vivement combattue –, le renforce encore dans ses convictions: l’ère de la stabilité démocratique, où libertés individuelles, Etat de droit et suffrage universel semblaient devoir aller immuablement de pair, pourrait bien toucher à sa fin. Mais là où beaucoup croient avoir fait le tour de la question en alertant sur le retour possible d’un fascisme plus ou moins mal dissimulé, Yascha Mounk, lui, développe une pensée beaucoup moins attendue.</p><p>La montée du populisme, nous dit Mounk – et ce constat est troublant –, a quelque chose à voir avec l’hypertrophie de l’appareil administratif et judiciaire entraînée par le développement de l’Etat de droit dans les démocraties occidentales. Les banques centrales, les agences indépendantes, les organisations internationales, les cours constitutionnelles, toutes ces institutions indispensables au fonctionnement des Etats modernes et de l’économie libérale, et dont le travail est le plus souvent d’une remarquable qualité, n’en ont pas moins éloigné le pouvoir des citoyens en déplaçant son centre de gravité.</p><p>Des décisions de plus en plus importantes se prennent aujourd’hui sans être soumises à une quelconque sanction du suffrage universel. La Commission européenne, selon Mounk, est l’exemple le plus frappant de l’évolution qu’il décrit. Le fonctionnement des institutions européennes est tel que c’est à cette administration que revient dans les faits, selon l’auteur, «de conduire la plupart des activités de l’Union». La Commission, écrit-il, est sans doute «l’agence indépendante la plus puissante du monde.»</p><p>Dans ce contexte, Mounk analyse la montée du populisme comme une réaction des citoyens a une perte de pouvoir qu’il considère tout à la fois comme réelle et problématique. L’Etat de droit, toujours plus respectueux des libertés et des procédures, prend donc des décisions toujours plus «éclairées», mais toujours moins démocratiques, suscitant en retour chez un nombre croissant de citoyens le besoin de récupérer un pouvoir qui doit logiquement être soustrait aux exigences de l’Etat de droit pour redevenir pleinement démocratique.</p><p>Le populisme n’est donc pas, pour Mounk, antidémocratique par essence. Il est certes «illibéral», en ce sens qu’il veut réduire voire supprimer les libertés individuelles et les droits qui protègent les minorités, mais il exprime une indiscutable aspiration des citoyens à se gouverner eux-mêmes. Cela n’empêche nullement Mounk d’être inquiet. Au contraire, c’est bien parce que le populisme a une légitimité démocratique que les lendemains qu’il annonce risquent d’être sinistres.</p><p>Tout l’intérêt de la pensée de Mounk est de récuser les analyses qui se contenteraient d’opposer à la démocratie anti-libérale ce qu’il appelle un libéralisme anti-démocratique, c’est-à-dire une forme d’organisation politique qui protégerait efficacement les droits des individus et des minorités et prendrait des décisions parfaitement raisonnables mais qui, par défiance, cesserait de croire au suffrage universel comme à la seule légitimité possible de tout gouvernement.</p><p>La position de Mounk le place à contre-courant d’un autre politologue, l’Allemand Jan-Werner Müller, pour qui les mouvements populistes sont d’inspiration antidémocratique par essence. <em><strong><br></strong></em></p><blockquote><p><em><strong>«Je crains, </strong></em>écrit Mounk<em><strong>, que le refus de reconnaître qu’il y a quelque chose de démocratique dans l’énergie qui les a propulsés au pouvoir ne nous empêche de comprendre la nature de leur force d’attraction et rende plus difficile de réfléchir de manière prudente et créative à la façon de les arrêter.»</strong></em></p></blockquote><p>Au chapitre des remèdes justement, Yascha Mounk accorde une grande place à ce qu’il appelle «réparer l’économie». Car à lui seul, le fait que le citoyen de 2018 ait moins de pouvoir que celui de 1958 ne suffit pas à expliquer le populisme. Les «Trente Glorieuses» avaient fait reculer les inégalités. La mondialisation les a accentuées à nouveau. Les générations d’après-guerre ont vécu avec la conviction que la vie serait plus facile pour celles qui suivraient. Cet optimisme a disparu, note Mounk. Les études qu’il cite montrent que neuf Américains sur dix nés en 1940 gagnaient à trente ans plus que leurs parents au même âge. Cette proportion n’est plus que d’un sur deux pour les Américains nés en 1980. Les données disponibles suggèrent une évolution analogue en Europe. </p><p>Les développements consacrés aux effets de l’accroissement des inégalités sur la montée du populisme comptent parmi les pages les plus intéressantes de l’ouvrage. Il est de bon ton en effet de mettre en doute toute relation de cause à effet en ce domaine. Les succès tout récents de l’extrême droite dans la Suède prospère tordraient le cou à la thèse selon laquelle le populisme se nourrirait de la colère des «perdants de la mondialisation». Déjà, on avait pu montrer que les classes les plus favorisées avaient bel et bien voté Trump, et les plus fragilisées, Clinton. On pensait détenir la preuve que le récit médiatique associant pauvreté et succès du populisme tenait de la légende urbaine.</p><p>Pas si simple, avertit Mounk. Car entre les plus riches et les plus pauvres, il y a la classe moyenne. Et là, une étude attentive donne un autre éclairage. Les électeurs de Trump sont en moyenne moins diplômés que ceux de Clinton. Ils ont donc des raisons particulières de se sentir plus menacés que d’autres par la mondialisation et l’intelligence artificielle. Ils habitent aussi des régions aux indices de santé moins favorables, au taux de chômage plus élevé, à la mobilité sociale plus faible et où vivent davantage d’individus sans revenu. En 2016, les quinze Etats les moins menacés par l’automatisation ont voté Clinton. Vingt et un des vingt-deux Etats les plus menacés ont choisi son adversaire.</p><p>Le contrat implicite sur lequel les démocraties occidentales ont longtemps fonctionné, et qui consistait à promettre un accroissement constant de la prospérité et des retombées pour le plus grand nombre, est rompu. Il n’y a pas d’analyse du populisme qui tienne, nous dit Mounk, sans prendre en compte cette donnée et sans s’interroger sur ce qui pourrait aujourd’hui remplacer les promesses d’antan pour ressouder la société.</p><p>Cosmopolite revendiqué, Yascha Mounk ne croit toutefois pas que notre avenir soit supranational. Le fait national ne lui paraît pour l’heure guère dépassable. Son appréciation de l’intégration européenne est d’ailleurs souvent sévère. L’immense majorité des citoyens des démocraties occidentales, note-t-il, se sentent encore, et probablement pour longtemps encore, appartenir à un pays déterminé, dont l’histoire et les institutions ont façonné une identité particulière, non interchangeable. Penser qu’à l’heure de la mondialisation, les nations n’existent plus, ou qu’elles sont obsolètes, procède d’une fausse perception de la réalité, quoi qu’aient pu espérer les générations de l’après-guerre et en particulier les pères-fondateurs de l’intégration européenne.</p><p>Pour le meilleur ou pour le pire, la nation va donc perdurer. La grande question n’est donc pas celle de sa disparition, mais bien de savoir ce qu’on peut en faire. Mounk se démarque là avec une grande netteté d’un courant intellectuel sensible aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis, qui refuse la nation précisément en raison de son héritage historique – colonialiste, impérialiste, raciste ou guerrier. Ce n’est pas parce que les idéaux des Lumières sur lesquels ont été bâties les démocratiques modernes n’ont pas été atteints ou ont été trahis qu’il faut les abandonner, dit l’auteur en substance. Le «patriotisme inclusif» légué par les révolutions américaine et française et sa promesse d’une émancipation de tous sans distinction d’origine, reste, pour Mounk, un idéal totalement actuel.</p><p>Les civilisations sont mortelles, les démocraties libérales le sont aussi. Le livre de Mounk nous invite à en prendre conscience. L’auteur se refuse cependant au défaitisme. Les moyens de combattre le populisme existent: les droits civiques, la mobilisation citoyenne doivent être utilisés avec une détermination sans faille pour barrer la route à des évolutions qui pourraient, sinon, sonner le glas de nos libertés. 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Actuel / «Le peuple contre la démocratie»: comprendre le populisme
Dans son dernier livre qui vient de sortir en français et qui est en passe d'être un succès mondial, Yascha Mounk, jeune enseignant à Harvard
Denis Masmejan
B Article réservé aux abonnés
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Le jour où les citoyens voteront une initiative qui exige nommément la dénonciation de la Convention européenne des droits de l’homme, de l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’UE ou de tout autre accord de grande importance, il n’y a aucun doute: ces accords devront être dénoncés, dans les formes et aux conditions prévues, aussi désastreuses que puissent en être les conséquences.</p><p>A ce jour, les Suisses n’ont cependant jamais voté en ce sens. Quand les citoyens ont accepté l’interdiction des minarets, ils n’ont pas approuvé en même temps la dénonciation de la Convention européenne des droits de l’homme. Pas davantage quand ils ont accepté, en 2010, le renvoi automatique des délinquants étrangers. La Convention européenne est restée en vigueur. Elle lie toujours la Suisse. 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Actuel / «Juges étrangers », l'argument des droits de l'homme ne suffira pas
Les défenseurs des droits de l’homme ont fait un impressionnant travail en amont pour préparer la campagne contre l’initiative de l’UDC «Le droit
Denis Masmejan
B Article réservé aux abonnés
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Etait-il raisonnable de recourir à des moyens d’investigation réservés d’habitude aux services de renseignement ou à la poursuite d'auteurs de lourdes infractions pénales – et en règle générale sous le contrôle d’un juge – pour atteindre un objectif certes en soi parfaitement légitime? Le doute grandit. Un référendum a été lancé – il a germé tout d’abord, il faut le souligner, hors des partis, les socialistes et les Verts ne montant dans le bateau que dans un deuxième temps.</p><h3>Les mises en garde se multiplient<br></h3><p>Alain Berset, qui pilote le dossier au Conseil fédéral, s’est voulu rassurant. Le projet, a-t-il dit à la tribune des chambres, reste compatible avec les principes de l’Etat de droit. Mais plusieurs spécialistes sont d’un autre avis. Les mises en garde se multiplient. </p><p>Le Conseil fédéral lui-même avait tout d’abord soutenu une version plus mesurée. Il n’avait pas voulu par exemple que les enquêteurs puissent utiliser des GPS pour suivre les déplacements des véhicules des fraudeurs présumés. Dans la pratique, une telle mesure n'est d'aucune utilité, avait expliqué le gouvernement.</p> <p>Les chambres ne l’ont pas entendu et le projet du Conseil fédéral a été durci, notamment sous l’influence du lobbysme appuyé de la SUVA, accusera la conseillère nationale PS vaudoise Rebecca Ruiz. L’utilisation d’un GPS ou d'un drone pour localiser l'assuré fraudeur sera toutefois soumise à l’approbation préalable d’un juge. Les autres mesures – observation dans des lieux publics ou des lieux privés visibles de l’espace public, enregistrements audio ou vidéos, voire usage de drones – pourront être décrétées sur simple ordre d’un responsable au sein de l’assureur concerné.</p> <p>Pourquoi l’aval d’un juge n’est-il pas nécessaire à chaque fois? Après tout, il s’agit d’une atteinte aux libertés individuelles, et celle-ci devrait, selon les grands principes, pouvoir être contrôlée par un juge. Les partisans de la loi ont trouvé la parade: dans une procédure pénale, relèvent-ils, certaines investigations peuvent être effectuées sans autorisation d’un juge.</p><h3>Un argument fallacieux<br></h3> <p>C’est vrai, mais pour le professeur de droit de l'Université de Zurich Thomas Gächter, l’argument est trompeur. D’abord, la police ne peut récolter des preuves de son propre chef que dans les endroits librement accessibles pour le public. Elle ne peut se passer de l’aval d’un magistrat si elle veut par exemple prendre en photo l’intérieur d’un appartement. Les détectives des assurances, eux, seront autorisés à filmer ou prendre en photo des lieux privés mais visibles depuis un endroit accessible au public. La différence n'est pas anodine; elle induit, si l’on suit Thomas Gächter, un régime à deux vitesses dans lequel les détectives des assurances sociales ont davantage de pouvoir que des policiers assermentés. Interrogés par l’émission de la RTS Mise au point le mois dernier, plusieurs détectives confiaient d’ailleurs, sous couvert d’anonymat, leur réserve quant aux pouvoirs considérables qui leur seraient confiés par la nouvelle loi.</p> <p>Il y a plus, relève encore le professeur de droit: une procédure pénale est instruite sous la responsabilité d’un procureur qui, même s’il représente l’accusation, est un magistrat qui n’agit pas pour la défense de son propre intérêt ou celui de son employeur. Là aussi, le parallèle entre une enquête pénale et l’engagement détectives privés par un assureur est fallacieux selon lui.</p><h3>Nouveau tour de vis en vue<br></h3> <p>C’est un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme qui a forcé la Suisse à légiférer. En 2016, les juges de Strasbourg condamnaient les autorités helvétiques pour avoir organisé la filature par des détectives privés d’une assurée victime d’un accident de moto. L’intéressée refusait de se soumettre à une nouvelle expertise médicale, ce qui a éveillé la méfiance de l’assurance. Pour les juges européens, la base légale n’était pas assez précise pour autoriser l’engagement de détectives.</p> <p>Le Conseil fédéral a réagi en mettant en consultation une révision d’ensemble de la législation sur les assurances sociales, comprenant des règles plus précises sur la surveillance des assurés soupçonnés d’abus – mais ce n’était que l’un des points de la réforme. Pas question pour le Parlement d’attendre, car plus aucune surveillance n’était possible tant que la loi n’était pas adaptée. Les élus ont dès lors traité à part, et en priorité, la réforme aujourd’hui contestée par référendum.</p> <p>La révision d’ensemble est donc encore à venir. Et elle prévoit elle aussi de serrer la vis aux assurés et de renforcer les pouvoirs de l’assureur en cas d’abus: allongement du délai de prescription, possible suppression de l’effet suspensif des recours, abandon de la gratuité des procédures, voire suspension des prestations, etc. D’où la question: le durcissement à venir ne rend-il pas encore plus disproportionnée la surveillance policière des assurés?</p><p></p><hr><p></p> <h2>Aller plus loin avec les lectures suivantes<br></h2> <p>Le dossier de Humanrights.ch</p><p><a href="https://www.plaidoyer.ch/article/f/deux-reformes-qui-menacent-letat-social/">«Deux réformes qui menacent l'Etat social»</a> - Anne-Sylvie Dupont", Plaidoyer, 20 novembre 2017</p><p><a href="https://www.humanrights.ch/upload/pdf/2017/171218-Gaechter-Observation-Jusletter.pdf">«Observation - ein Rechtsinstitut unter Beobachtung»</a> - Thomas Gächter, Jusletter, 11 décembre 2017</p><p><a href="https://bonpourlatete.com/actuel/mais-qui-donc-a-lance-le-referendum-contre-l-espionnage-des-assures">«Mais qui donc a lancé le référendum contre l'espionnage des assurés?»</a> - Jacques Pilet<br></p> <p></p><hr><p></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-flocage-des-assures-jusqu-ou', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 925, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1032, 'homepage_order' => (int) 1256, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 1269, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' }count - [internal], line ?? 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Actuel / Le flicage des assurés, jusqu'où?
Pour traquer les abus aux assurances sociales, la Suisse s'apprête à confier à des détectives privés des pouvoirs supérieurs sur certains points à
Denis Masmejan
B Article réservé aux abonnés
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Chronique / A l’école zurichoise, une laïcité à géométrie très variable
Une famille musulmane vient d’être amendée pour avoir refusé d’envoyer ses enfants chanter des chants de Noël à l’église. Mais l’école de Dietikon
Denis Masmejan
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En fait de fausses nouvelles, comme l’a très bien écrit notre confrère Pascal Décaillet sur son blog, le gouvernement a en effet de tout temps été – et reste – à la fois <a href="http://pascaldecaillet.blog.tdg.ch/archive/2018/01/05/expert-et-orfevre-288805.html">«un expert et un orfèvre»</a>.</p><p>Au moins, les errements grotesques auxquels donne lieu depuis quelques jours la nouvelle loi allemande sur les réseaux sociaux – la désormais fameuse «NetzDG», pour Netzwerkdurchsetzungsgesetz (loi d’application sur les réseaux) – devraient faire réfléchir à deux fois les partisans naïfs d’une illusoire domestication du web, complices en l’occurrence sans bien d’une condamnable atteinte à la liberté d’expression. 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Actuel / Surtout pas de lois contre les fake news
En vigueur depuis le 1er janvier, la nouvelle loi allemande réglementant les réseaux sociaux a débouché sur une série d'absurdités pourtant
Denis Masmejan
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