Culture / Jean Baudrillard et l’architecture
Le centre Pompidou en 1977. © FORTEPAN / Ormos Imre Alapítvány
Dans son livre qui vient de paraître «Baudrillard et le monstre (l’architecture)», Jean-Louis Violeau examine, à travers le cas de Jean Baudrillard, les fécondes interactions qui se sont tissées entre la philosophie, la sociologie et l'architecture contemporaine. Baudrillard ne s'est jamais défini comme un penseur ou un théoricien de l'architecture, néanmoins son intérêt s'est très tôt porté sur l'objet architectural et il a développé, dans la foulée du philosophe Henri Lefebvre, un vif intérêt pour l’urbanisme en général comme élément de la critique de la vie quotidienne.
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Au XXIème siècle, le voyeurisme est désormais viral et se répand comme une trainée de poudre à travers une foultitude inouïe de réseaux sociaux.</p> <h3>A l'ancienne: le gérant du motel</h3> <p>En janvier 1980, à New York, le célèbre journaliste Gay Talese reçoit une lettre anonyme en provenance du Colorado qui débute par: «Je crois être en possession d’informations importantes qui pourraient vous être utiles.» Dans cette missive, un certain Gerald Foos confesse être un voyeur et avoir acquis un motel à Denver dans l’unique but de le transformer en moyen d’exercer son vice. Il a donc, sans jamais être découvert, épié sa clientèle pendant plusieurs décennies, annotant dans le moindre détail ce qu’il observait et entendait. Aidé de son épouse et ayant découpé dans le plafond d’une douzaine de chambres des orifices rectangulaires de 15 centimètres sur 35, puis les ayant masqués avec de fausses grilles d’aération, il a pu, à l’infini, voir sans être vu. Parfois en se masturbant, parfois en faisant l’amour avec sa femme. Eprouvant un sentiment de puissance et d’exaltation, en 1973, par exemple, il observe 184 orgasmes masculins, 33 orgasmes féminins, et en 1974, l’année de la sortie de <i>Gorge profonde</i>, constate que la pratique de la fellation passe de 12 à 44%. Il a assisté à des vols, des trafics, des viols, des incestes, des actes de zoophilie, des morts et, digne d’une scène de <i>Psychose</i>, un meurtre. Sans jamais intervenir bien sûr.</p> <p>Ceci dit la plupart du temps, reconnaît-il, les gens ne font rien et un ennui désespérant règne en maître.</p> <p>Accroché, Gay Talese rencontre l’homme mais le <em>deal</em> ne se fait pas car l’homme demande à rester anonyme, et ce n’est que 18 ans plus tard qu’il acceptera d’assumer publiquement ses agissements et que le livre racontant son histoire pourra enfin paraître.</p> <h3>Les années 70: Jean-Luc Hennig et Jean Eustache</h3> <p>En 1981, Jean-Luc Hennig, ami de Grisélidis Réal et responsable pendant sept ans du supplément <i>Sandwich</i> de <i>Libération</i>, auquel collaborèrent, entre autres, Duras, Barthes, Sempé, Topor et F. Pajak, publie son très dense <i>Le Voyeur. Enquête sur une passion singulière</i>. Et dans cet ouvrage, ce qu’il décrit, c’est un groupe d’hommes qui se refilent des bons plans: des portes d’hôtel, des toilettes de café, des lieux publics de rencontres d’amoureux.</p> <p>L’un des mateurs confiant à Henning que ce qu’on voit n’a pas grand intérêt et que c’est ce qu’on risque de voir qui vaut le coup. Eh oui, nous sommes en pleine métaphysique. Mais surtout dans une complète réification de l’autre et dans une non-réciprocité absolue. Certains se masturbent en fantasmant un viol, d’autres, un meurtre. </p> <p>Hennig va voir le voyeur d’<i>Une sale histoire</i>, 1977, de Jean Eustache, film en deux volets, l’un documentaire, l’autre fictionnel avec Michael Lonsdale. Le voyeur lui raconte en détails comme il observait des femmes en train d’uriner car si, dans le film, il reconnait que les femmes n’aiment pas son histoire, lui, dans la réalité, ne se lasse pas de la raconter. Cela se passait dans un café à la Motte-Picquet-Grenelle et c’est en se mettant à quatre pattes, la joue collée au sol, qu’il fallait regarder sous la porte. Au comptoir, des types trépignaient, sueur au front, en attendant leur tour d’y aller. Notre raconteur a fini par ne faire plus que ça, cinq heures par jour, et même à y amener des filles et à les pousser à boire, jusqu'au moment où il a réussi, juste avant de devenir complètement cinglé, à arrêter. </p> <h3><em>Peeping Tom</em></h3> <p>Côté voyeur au cinéma, le film quintessentiel et mythique est le<i> Peeping Tom</i> de Michael Powell. Dès le premier plan, nous sommes le jeune cameramen Mark Lewis et nous traquons la peur de la mort sur le visage de jeunes femmes en les filmant au moment où nous les tuons. Tout comme le Norman Bates de <i>Psychose</i>, Mark Lewis n’épie, ne traque et ne tue que des femmes. Et si la critique lambda lui sera hostile, <i>Midi-Minuit Fantastique</i>, la grande revue du cinéma de genre de l’époque le choisira comme étant son film de référence et le fera projeter semaine après semaine dans une multitude de ciné-club.</p> <h3>Cinéma et voyeurisme</h3> <p><i>Fenêtre sur cour</i> d’Hitchcock produit une autre démonstration magistrale de voyeurisme cinématographique. Jeff, non pas cinéaste lui mais photographe de presse, en pyjama dans un fauteuil roulant, la jambe plâtrée jusqu’au bassin, est coincé depuis six semaines dans son deux-pièces. Il a sorti ses jumelles et son téléobjectif. Le décor est fait de façades de briques rouges, d’escaliers métalliques, de miteux parterres de fleurs, de palissades, de ruelles pisseuses. Lors d’un été caniculaire, à Greenwich village, où passe un chat noir, pendant qu’un homme se rase et qu’une femme en sous-vêtements se prépare un café. Six semaines que cela dure et l’infirmière qui vient chaque jour pour ses soins lui dit qu’on voit à l’état de ses yeux qu’il a regardé par la fenêtre pendant des heures. Y a de quoi! Jeff est persuadé que son voisin d’en face vient de tuer sa femme et de la couper en morceaux.</p> <p>Voilà. Un homme regarde et attend pendant que nous regardons cet homme et attendons ce qu’il attend, philosophent Chabrol et Rohmer dans <i>Les Cahiers du cinéma</i>. Tous spectateurs et tous voyeurs, le message est clair et confirmé à Truffaut par le maître du suspense. Pour lui, neuf personnes sur dix sont des voyeurs. 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Soit 17 cas par jour.</p> <p>Soranet, fermé en 2016, était un site qui comptait plus d’un million de membres et allait jusqu’à diffuser du <i>revenge porn</i>, ou le viol d’une femme inconsciente parce que droguée. </p> <p>En mars 2019, un site internet payant hébergé à l’étranger diffuse en direct des images de 1'600 clients espionnés dans 30 hôtels différents.</p> <p>Bref, le 9 juin 2018, révoltées par l’impunité notoire de tous ces voyeurs, 22'000 Sud-Coréennes défilent dans les rues de Séoul en martelant ce slogan: «<i>Ma vie n’est pas ton film porno</i>».</p> <h3>De nos jours: voyeurisme et révolution technologique</h3> <p>Aujourd’hui, les voyeurs usent de détecteurs de mouvements à vision nocturne et de caméras sans fil de la taille d’une clef USB, de caméras stylo et de lunettes caméra.</p> <p>En France, par exemple, 107'000 photos et 206 vidéos de femmes en train d’uriner sont découvertes dans l’ordinateur portable de Florent C., ingénieur chez Arcelor Mittal en Moselle. Il est inscrit au fichier des délinquants sexuels, condamné à trois ans de suivi socio-judiciaire et à indemniser ses victimes de 2'000 euros chacune.</p> <p>Ceci admis, on peut signaler que dans cette nouvelle pratique du voyeurisme ultra-équipée, deux éléments, la compulsion et l’impunité, ont résisté au changement, et que la plupart des articles sur le sujet parlent du voyeur mais toujours pas des femmes victimes et du traumatisme qu’elles peuvent avoir vécu . Cela continue à être vu par la presse comme des faits divers aguicheurs, ragots croustillants et autres étrangetés malséantes.</p> <h3>Nouveau terrain de chasse</h3> <p>Après les toilettes, la rue et les transports publics, un nouveau continent a été découvert par nos amis compulsifs: les Airbnb, créés en 2008.</p> <p>En 2017 en Floride, un couple ayant loué un logement découvre une caméra dissimulée dans le détecteur de fumée de la chambre à coucher. En janvier 2018, à Cran-Gevrier dans la banlieue d’Annecy, sept amis qui ont loué l’appartement d’un informaticien de 45 ans découvrent une caméra cachée dans un radio-réveil placé dans la salle de bains face à la douche et un autre de ces engins au-dessus du lit. En 2019, en Irlande, c’est une caméra cachée qui enregistre et diffuse en direct ce qui se passe dans le logement. Et en Seine-et-Marne, deux mille vidéos sont trouvées dans le téléphone portable du loueur. Il ne les a pas diffusées et il fera donc l’objet d’un simple rappel à la loi. En septembre 2021, à Tourcoing, un loueur a placé une caméra dans la salle de bains de l’appartement et les policiers découvrent dans son téléphone des dizaines de femmes nues filmées à leur insu. En décembre 2022, à Rouen, la locataire emporte avec elle le réveil et la multiprise qui une fois démontés dévoileront des images d’elle sous la douche et de ses amis aux toilettes. Au Canada, en 2023, un cas de voyeurisme 2.0 est rapporté tous les dix jours, trois fois plus qu’en 2017. En France, où on ne recense pas ce phénomène, on a quand même 857 infractions constatées en 2017.</p> <p>Interrogée à ce sujet, la plateforme Airbnb relativise le problème et déclare que sur un milliard d’arrivées de voyageurs enregistrées sur son site, ce genre d’incident est «incroyablement rare».</p> <p>Une histoire qu’on s’obstine à ne pas vouloir voir et encore moins punir. Clémentine Thiebault, l’autrice de <i>Voyeur!</i> dit avoir eu des moments de doute, de découragement et d’envie de juger. L’impression de fouiller dans une poubelle. Mais un élément a fini par émerger: les voyeurs sont des hommes, leurs victimes sont des femmes. Il s’agit d’une affaire de domination et on peut poser comme hypothèse que seules les femmes pensent que le voyeurisme est un problème. Pour elles, il s’agit d’une violence sexuelle.</p> <h3>La loi en France</h3> <p>Depuis la loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, le voyeurisme est un délit passible d’un an de prison et de 15'000 euros d’amende. Peine qui passe à 2 ans d’emprisonnement et à 30'000 euros d’amende lorsque les faits sont commis par une personne qui abuse de son autorité, sur un mineur, une personne vulnérable, dans un transport public, ou/et lorsque les images sont transmises. </p> <p>Depuis août 2020, le fait de filmer, d’enregistrer et de transmettre des images est puni d’un an d’emprisonnement et 45'000 euros d’amende. Le fait d’être un conjoint ou un concubin est une circonstance aggravante, d’où, pour eux, deux ans d’emprisonnement et 60'000 euros d’amende. </p> <h3>Conclusion </h3> <p>Le Luxembourg, la Belgique, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont aussi adapté leur législation en la matière et ont ainsi offert aux victimes potentielles une sécurité juridique et un cadre légal leur permettant de porter plainte.</p> <p>L’autrice ajoute, en guise de conclusion, qu’il est dur d’analyser un phantasme sans porter un jugement moral sur celui-ci, dur de qualifier l’intangible, de séparer l’homme de l’artiste, de dire stop.</p> <p>Et dans <i>Le Monde</i> du 18 avril, un intertitre nous annonce qu’un équipementier japonais a mis au point une matière bloquant les prises de vues utilisant des infrarouges, qui dévoilent les dessous ou les formes des corps. Plusieurs équipes féminines nippones participant aux prochains Jeux olympiques l’ont donc adoptée.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1718802935_9782221270585ori.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="309" /></p> <h4>«Voyeur! 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Il n’aura jamais la nationalité française et se sentira toujours décalé par rapport au monde qui l’entoure. De plus, enfant, issu d’un milieu bourgeois, se retrouvant dans une école communale, il ressent un fort sentiment de ne pas y être à sa place.</p> <p>Face à l’avance éclair de l’armée allemande en 1940, sa mère étant américaine, la famille fuit aux Etats-Unis. Une fois arrivé là-bas, de tous côtés, on lui conseille d’oublier la France. Mais lui, ne s’adaptant pas du tout, nanti d’un accent, d’une coiffure et d’une allure qui trahissent son statut d’étranger, se retrouvant dans un collège de riches garçons américains agressifs, vulgaires et lourds, plus âgés et plus sportifs et qui le briment, cherche à ne pas oublier le français. Il se met à apprendre par cœur des pièces de Corneille et de Racine. </p> <p>Un «panneau d’acier transparent», dit-il, l’isole des joies les plus simples et des groupes hilares qui le montrent du doigt. Il rejette son milieu mais le puritanisme l’habite toujours. Il n’a pas encore 17 ans, disciple de Sade, il pense sa révolte mais ne la vit pas. Il s’imagine n’être pas normal, se croit damné. Il a horreur de ses désirs et honte de son visage, de sa couleur, de ses cheveux, de son nom. Dans sa chambre, sous sa couverture, il sanglote. Il n’est que rage, masturbation, solitude et lectures intensives.</p> <p>Il arpente New York à pied et connaît toutes les libraires de la ville dans lesquelles on trouve des livres français. Et c’est ainsi que la révélation a lieu: en juin 1942, il découvre <i>VVV</i>, la revue des surréalistes exilés aux USA, et précisément le numéro contenant les <i>Prolégomènes à un troisième manifeste du surréalisme ou non</i> d'André Breton. Derechef, Duits rédige une lettre au ton ironique qu’il envoie à Breton, lui confiant qu’il est l’un de ses disciples et poète.</p> <h3>La rencontre</h3> <p>Breton lui répond et l’invite à venir le voir. Et nous, lecteurs, sommes là avec lui revivant cette rencontre du jeune homme de 17 ans avec un André Breton de 45 ans; de Charles Duits à la fois irrésistiblement attiré par l’incontestable génie de Breton et d’emblée rebuté par ses mœurs, ses manies, son caractère.</p> <p>Breton refuse d’apprendre l’anglais et se trouve dans une situation précaire. Ce sont deux solitudes qui se rencontrent, dit Annie Le Brun. Breton paraît beaucoup plus âgé que ses 45 ans, las, amer, seul. La rencontre sera néanmoins magnétique car tous les deux, et Duits aveuglément, ont la même confiance en la poésie. La situation les obligeant à jouer un rôle, les premiers mots qu’ils échangent ne sont que paroles conventionnelles, banalités. Heureusement, Matta débarque et allège l’ambiance, introduit de la gaité.</p> <p>Pour Breton vivre est une affaire sublime et pour cette raison même, douloureuse, angoissante, tragique. Il est d’ailleurs, Matta est d’ici, aime exister, trouve cela drôle, curieux et passionnant, il prend du plaisir à respirer, à marcher, à dormir, à explorer ce monde.</p> <h3>L'incident</h3> <p>Une semaine plus tard, lors d’une réunion de groupe, apercevant une femme qu’il trouve désirable, Duits s’en approche, veut la complimenter mais, à son insu, des mots sortent de sa bouche et lui déclarent qu’elle est belle comme un pot de chambre. Duits s’enfuit. Le lendemain, invité à déjeuner par Breton, il revient et reconnaît avoir proféré la phrase en question. Breton ne lui fait aucun reproche mais il ne voit dans ce geste rien de surréaliste; il lui demande d’aller s’excuser auprès de la jeune femme. Peu importe les motivations de son geste, il ne doit pas déshonorer le surréalisme.</p> <h3>Portrait</h3> <p>Duits va aussi être infiniment déçu en découvrant que l’homosexualité répugne à Breton. L’exaltation de tous les vices n’est donc pas le moteur du surréalisme? Lui, Charles, qui a été captivé par le mouvement grâce au Grand Masturbateur de Dalí, lui qui a grandi dans un monde où il était interdit d’avoir des émotions, de les montrer, dans une famille où on ne se touchait jamais et dans laquelle la sexualité n’existait pas, en fréquentant Breton, s’imaginait qu’il allait devoir insulter un policier et gifler un militaire, cracher sur tous les drapeaux et porter le scandale dans la rue. Mais pas du tout! Loin de l’encourager aux excès, Breton le modère, arguant de leur situation précaire, de leur statut d’étrangers, de leur peu de force physique.</p> <h3>Portrait magistral</h3> <p>On ne peut pas bavarder avec André Breton, avoir des rapports normaux, faciles, plaisanter, échanger des propos futiles, nous apprend-il. Il lui faut un climat dramatique. Possédant une mâchoire difforme, un corps assez pesant, sans grâce, mal habillé, ne doutant jamais, aimant par-dessus tout de grands mots tels que liberté, amour, justice, honneur, émotif, arrogant, perpétuel indigné, amateur d’expressions violentes, mais néanmoins, et c’est ce qui importe, misant sur ce qui commence, qui va arriver, ayant confiance en la simplicité et l’innocence, recevant les jeunes d’égal à égal.</p> <h3>Tyrannie</h3> <p>Embarqué dans un de ces jeux que Breton pratiquait fréquemment, dire la qualité et le défaut numéro un des présents, Duits proteste en faisant remarquer qu’il ne connaît personne. A quoi Breton lui répond: cela sera d’autant mieux. S’exécutant donc, il finit son tour laborieux face à Breton en lui attribuant comme qualité première, la bonté, et comme principal défaut, son côté tyrannique. Trois semaines plus tard, lors d’une longue promenade, dans une rue éloignée de New York, soudain Breton lui fait une scène: il n’a pas choisi d’être un tyran, il y était obligé, il a des responsabilités, une lourde charge.</p> <h3>Double mouvement</h3> <p>Oui, nous confie Charles Duits, comme l’aimant qui, par l’une de ses faces attire, et par l’autre repousse, Breton captive et accable. C’est un Pape, un être magnétique sculpté dans un bloc de radium qui tel un charbon ardent éclaire sans bruler.</p> <p>Et Duits raconte aussi son accablement quand il s’est aperçu que Breton, bien loin de pratiquer l’écriture automatique, s’adonnait, comme n’importe quel scribouilleur, à un usage intensif et quasi infini de la rature et de la réécriture.</p> <p>Il a lui fallu des années pour lui pardonner cette infâme supercherie, dit-il.</p> <p>Le 24 janvier 1944, lors d’une de ses visites, Breton lui reproche d’être devenu insincère, d’être un parasite qui prétend se justifier par de petits poèmes. Duits bredouille quelque chose et sort.</p> <p>Matta lui répétera une phrase dite par Breton et qui le blessera encore bien plus que le reproche susdit: «ce môme je pourrais le casser aussi facilement que je l’ai fait».</p> <h3>Retour en France: six ans de fâcherie</h3> <p>En 1947, Charles Duits retrouve Breton à Paris, place Blanche et dans son atelier, rue Fontaine. Mais maintenant branché Georges Bataille, Duits a adopté une attitude sarcastique. En fait, il souffre de ne plus être le Dauphin et de ce que de nouveaux venus occupent la place qui fut la sienne. Six années passent. En 1953, ayant publié un roman qui plait à Breton, ils se revoient, et d’emblée Breton traite ses nouveaux amis les plus chers d’eunuques et de charlatans. </p> <p>Ils se fâchent à nouveau.</p> <h3>Les derniers jours</h3> <p>Le 25 mai 1964, Duits rencontre Agnès, qui deviendra sa femme et qui l’épanouira enfin. Il a écrit sa lettre à Breton le 2 septembre 1942, Agnès est née à Nîmes le 3 septembre 1942. Les deux rencontres fondamentales de sa vie se touchent et il lui parle sans cesse de Breton. En 1965, à linsu de son époux et n’y tenant plus, Agnès va sonner chez le vieux rimeur. Le contact est renoué. Charles, pleinement ému de le revoir, peut ainsi constater que tout vieillard que celui-ci est devenu, il garde une aura intacte. Et lors d’une discussion entre eux, alors qu’il reproche à Breton d’avoir perdu énormément de temps à rédiger des préfaces plutôt que ses propres livres, il s’entend répondre par le vieux maitre: je suis paresseux. La vie est donc supérieure à l’art!</p> <h3>La mort de Breton</h3> <p>Peu de temps après, le 28 septembre 1966, le journal du matin annonçant sa mort, Duits a peur de découvrir en lui qu’il détestait Breton et que sa disparition va enfin le délivrer d’un poids trop grand. Mais c’est l’inverse qui se produit, ce qu’il ressent est une profonde et sincère réconciliation posthume.</p> <p>En 1968, quand il relit son <i>André Breton a-t-il dit passe</i>, il lui semble que la façon dont il écrivait n’a plus aucun rapport avec la façon dont on parle aujourd’hui. Mai 68 a libéré les adolescents qui peuvent à présent affirmer ouvertement la liberté sexuelle, la haine du travail, la passion de l’absolu, l’amour de l’aventure, de la paresse, du danger, de l’excès.</p> <p>Le 5 avril 1969, à Nice, bienveillant miracle, nous dit-il, au détour d’une rue, à même un long mur, il découvre un graffiti géant: BRETON EST VIVANT.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1716753186_andrebretonatilditpae.jpeg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="327" /></p> <h4>«André Breton a-t-il dit passe», Charles Duits, Editions Maurice Nadeau-Lettres Nouvelles, 260 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-passionnant-portrait-du-fondateur-du-surrealisme', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 55, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2107, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4911, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Oskar Kokoschka: apologie du dessin', 'subtitle' => 'Aglaja Kempf, conservatrice de la Fondation Oskar Kokoschka, présente dans un splendide nouvel ouvrage publié ces jours-ci aux Cahiers dessinés,150 dessins du maitre. 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Il a revendiqué ce point de vue dès le début de sa très longue carrière. Appartenant donc à un genre souverain et indépendant, ses dessins proposent une très grande variété d’approches et de couleurs, dans des palettes de tons différenciés, et dégagent souvent une impression de grande vitalité, de plaisir, de sensualité, l’impression d’une perception subjective plutôt qu’objective. L’expression est émotion immédiate et dans ses productions, il ne cherche jamais à rendre la réalité mais bien plutôt le fourmillement des sensations qui le traversent, quand, concentré, il s’exerce à capter l’expression d’un visage, un geste, un paysage, un mouvement. Ses nus, devenus très vite non conventionnels, accordent une attention particulière aux chevelures et aux mains. Auguste Rodin, Ferdinand Hodler, Gustav Klimt, Aubrey Beardsley sont ceux qu’il espère dépasser. 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De 1912 à 1914, il réalise de nombreuses aquarelles sur des éventails pour sa compagne d’alors, la fameuse Alma Mahler et, voyageant avec elle dans les Dolomites ou à Venise, il y dessine au pastel des paysages et des scènes de la vie quotidienne.</p> <p>Jusqu’à la Première Guerre mondiale, il exécute aussi les portraits des grands pontes de la haute société viennoise de son temps, loin de toute ressemblance photographique, s’attachant à mettre en valeur la façon dont il les perçoit lui, et en faisant fi de l’amour-propre de ses commanditaires. Ensuite, entre 1919 et 1923, il occupe un poste aux renommés Beaux-Arts de Dresde. Au début des années 20, couleurs lumineuses, larges coups de pinceau, énergie et fraîcheur, convalescent, il s’adonne à l’aquarelle. Nombreux portraits aussi à la même époque à la craie et au crayon. Dans les années 30, il fragmente ses traits, sans plus aucun soucis du contour, fuyant les traitements homogènes et cherchant le relief et la profondeur. 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Adolf Loos, en 1913, organise au Kunsthaus de Zurich une présentation d’une douzaine de ceux-ci, présentation ressentie par la plupart des indigènes helvètes comme un conte d’épouvante.</p> <p>Mais, événement entre tous historique, voici que Dada débarque et que la comédie de Kokoschka, <i>Le sphinx et l’homme de paille, </i>est jouée le 14 avril 1917 au Cabaret Voltaire à Zurich. Marcel Janco en signe les masques que portent les comédiens et la mise en scène, Tristan Tzara joue le rôle du perroquet, Emmy Hennings celui de l’infidèle Anima, Friedrich Glauser, la mort et Hugo Ball, Firdusi, l’époux trompé. Dans <i>La fuite hors du temps</i>, qu’il écrit et publie dix ans plus tard, Ball nous raconte le chaos qui règne ce soir-là sur la scène: «Malgré le prix d’entrée élevé, la Galerie était trop petite pour contenir tous les visiteurs. Dans une pièce du fond, Tzara était responsable de l’éclair et du tonnerre et, comme un perroquet, il devait répéter "Anima, douce Anima!". 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Il y passe les vingt-sept dernières années de son existence, et décède en 1980, à Montreux, à l’âge de nonante-quatre ans et en ayant donc vécu un tiers de sa vie en pays vaudois.</p> <h3>Portrait de l'artiste dessinant</h3> <p>Il existe de nombreuses photographies le montrant, regard vif, main souple, dessinant avec agilité des vestiges archéologiques, noircissant des centaines de pages dans ses carnets de croquis, explorant des thèmes liés à l’Antiquité ou effectuant des reproductions dans des musées, redessinant inlassablement des bribes de tragédies grecques ou de récits mythologiques afin d’y trouver le ferment commun de toutes les sociétés, des décors et des costumes de théâtre ou d’opéras. 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A l’école primaire, un jour, la maitresse le sermonne: il a couvert pendant des mois son bureau de centaines de petits dessins. Et pourquoi pas faire pipi sur les pupitres, s’exclame-t-elle. Toute la classe se gondole et en guise de punition, le petit Philippe est enfermé toute une longue et interminable journée dans les toilettes, et ceci sans manger ni boire et sans lumière. D’où que depuis ce jour-là, il associe l’acte d’uriner et le dessin. Et effectivement, tel Gargantua, du haut des tours de Notre-Dame, il adore dessiner ainsi sur le sable. 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Et petit-à-petit, il se met à remplacer la Marianne sur les lettres et cartes postales par des fragments de corps nus de dame. Oblitéré par la Poste, le timbre devient œuvre.</p> <h3>S'auto créer par et pour le dessin</h3> <p>Ses parents n’ont pas une sensualité marquée, son père lui inflige des fessées pantalon baissé, sa mère répugne au contact physique avec ses enfants et lui, il dessine en cachette des femmes nues, dessins qu’il détruit ensuite. Il rêve aussi d’auto-fellation et de s’auto-dévorer lui-même et retrouve cela dans un personnage de Saul Steinberg, personnage s’auto-dessinant et dans certains dessins de Hans Bellmer, un corps s’auto-dessinant également; et finit par penser que le phantasme d’auto-engendrement est l’essence même de l’art.</p> <h3>Dessin d'enfant</h3> <p>Les dessins d’enfant permettent-ils de retracer les fondements d’une œuvre à venir? Rien n’est moins certain, tant les choix individuels et les partis pris d’un artiste ne se dégagent que lentement des archétypes propres aux dessins d’enfant. Tout en tentant de saisir ce qui, dans ses premières expériences graphiques, a nourri sa pratique actuelle de dessinateur, Philippe Comar n’est guère porté à leur attribuer plus d’attention qu’ils n’en méritent. </p> <p>Pourtant, le XXème siècle a préféré cette naïveté à tous les savoirs. Lui, à l’inverse, défend la maitrise du dessin en tant que plaisir originel secondant phantasme jouissance et hédonisme. Il n’angélise rien, goûte à tout, nous raconte ses émois les plus anciens, scatologie et signes fortement sexués. Oui, décidément, dessiner, c’est voir et voir mieux.</p> <h3>Epitaphe</h3> <p>Très tôt, il a été obnubilé par la représentation des rayons lumineux. Fasciné donc par tout ce qui trace, que ce soit droit ou courbe, une ligne dans l’air, sans écran, ni feuille de papier: étoile filante, sillage d’avion, etc. Les traités de balistique en sont pleins. Un trait est un signe, une abstraction, les rayons de soleil, la ligne d’horizon en sont aussi mais dans la nature rien n’est parfait et tout a une dimension charnelle. Aux lignes droites qu’il observe dans le ciel s’ajoutent les cercles concentriques entourant le caillou qu’il vient de jeter dans l’eau. Et la courbe que trace en l’air, écrit-il, le jet mictionnel et qui se retrouve chez les peintres Lorenzo Lotto, Jean Cousin, Titien, Rubens, Rembrandt, Guido Remi et tant d’autres encore. Et les coquillages, les vignes, les crosses de fougère. Mais de toutes les lignes, celles qui l’ont le plus fasciné sont les herbes. Toutes les sortes d’herbes qui existent, le gazon dru, le chiendent, les hautes graminées et la <i>Grande touffe d’herbes </i>de Dürer lui paraît être le plus beau dessin jamais exécuté. Une douzaine d’espèces d’herbacés y sont représentées. A l’âge adulte, de la pousse native jusqu’à la pourriture, il a lui aussi tenté de relever le défi et exécuté plusieurs séries de cet inépuisable sujet. 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Sa décennie situationniste
Dans le n°1 de la revue Utopie, en mai 1967, Henri Lefebvre, dont Baudrillard est l’assistant, relève que la plaie du monde moderne est l’ennui. A la ville éternelle, Lefebvre oppose des villes éphémères et oppose aux centres inamovibles des centralités mouvantes. Baudrillard, quant à lui, postule que l’éphémère est sans doute la vérité de l’habitat du futur, que tout ce qui se consomme s’oppose à l’habiter qui est fondation et investissement. Et dans Utopie 2/3, en 1969, il affirme que la contestation est un bien de consommation comme un autre et que la répression moderne, devenue parfaite, se fait à présent au nom du jeu. Notre société s’appuie autant sur la consommation que sur sa dénonciation et la contestation artistique n’est plus qu’une modalité de la consommation. Nous n’avons plus de prise sur le réel parce que celui-ci n’existe plus.
Le freudo-marxisme sonne la fin du désir et de la révolution. Ne reste plus qu’une catastrophe virtuelle qui sans cesse et sans trêve nous menace.
L'architecture
Oui. Il n’y a plus de projet, le lieu du pouvoir est vide, ne restent que des objets et ceux-ci nous racontent des histoires, jouent le spectacle de la chose, le simulent et agencent des espaces dans un monde d’infinies galeries marchandes virtuelles. Alors qu’il s’est démonétisé partout ailleurs, l’auteur, en architecture, est devenu starchitecte et dans les concours actuels, chacun va dans le sens de la mode du moment. Le talent, de nos jours, est défini, dans tous les domaines, start-up, sport, cuisine (Masterchef), chant (The Voice), architecture, par la compétition.
Le commerce formate les espaces de flux, aussi bien le Louvre avec la Pyramide de Ieoh Ming Pei que toutes les gares parisiennes. Sous la présidence de François Hollande, un projet pour Notre-Dame propose de transformer les pavés du parvis de cette cathédrale chère à Victor Hugo en la toiture transparente d’un vaste centre commercial permettant à ses 13 millions de visiteurs annuels d’acquérir divers produits dérivés.
L'architecture post-moderne
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Une nouvelle condition intellectuelle caractérisée par l'abandon des grands récits de la modernité et marquée par le passage, un peu partout dans le monde occidental, des «masses», ces sujets uniformes, aux «multitudes», subjectivités fragmentées et agrégées suivant des formes variables. En écho à ce phénomène social, se dessine une nouvelle logique architecturale, qui prend acte de l’épuisement définitif de la notion de standard. Transparence, absence de profondeur, espaces inextricables mais sans mystère, tout communique sans que jamais deux regards ne se croisent. Derrière ses façades de verre, l’architecture est aveugle car quand tout est donné à voir, il n’y a plus rien à voir. L’un des modèles en est Las Vegas, ville du désert, entourée de boîtes de bière rouillées, n’exposant que des façades spectaculaires, ayant relégué toutes les fonctions, machineries et maintenances à la face obscure, au dos de ses palais-hangars et de ses canards! Ce qui, en Europe est dans l’esprit, là-bas est dans les choses, l’ordinaire y est extraordinaire, et ces choses, stations-services, parking, appartements ou immeubles quelconques, sont comme douées d’une infinie indulgence envers leur propre banalité.
Disneyland
Pour Baudrillard, Disneyland est le nouveau Versailles et la plus somptueuse des fêtes du vide, une copie dont l’original s’est perdu, une simulation aveuglante, qui produit un simulacre qui se trouve au-delà du faux. La Californie est le seul lieu du monde où le simulacre est d’origine, et où la mobilité l’emporte sur la monumentalité patrimoniale et figée.
Beaubourg
Le centre Pompidou de Richard Rogers et Renzo Piano est chimère spatiale et simulacre, point de vue panoramique sur une ville carte postale et, si le président Giscard ne s’y était pas opposé, la façade en aurait été un écran géant. Cet édifice léger, lumineux et transparent temple de la consommation culturelle, avec son look de raffinerie de pétrole, offre une négation des plus réussies de la fonction de sacralisation inhérente à toute entreprise muséologique, et échappe avec brio à tous les stigmates de la préfabrication.
Twin Towers
Alors que Baudrillard attendait un tremblement de terre en Californie, c’est sur la côte est, à Manhattan, le 11 septembre 2001 que finit la grève des événements qu’il avait diagnostiquée une décennie plus tôt.
Pour lui, l’effondrement des Twin Towers, cœur de la finance internationale, préfigure l’aboutissement dramatique de cette forme d’architecture et du système qu’elles incarnent. Quelque chose se produit là sans jamais avoir été possible. Cette réversion de la toute-puissance du spectacle, cet écroulement du symbole de son arrogance, comme tout événement venant rompre le fil d’un quotidien mortifère, suscite une irrépressible jubilation inconsciente.
Jean Nouvel
La pensée de Baudrillard sert à m’inquiéter, dit Jean Nouvel, car les choses ne se développant jamais comme elles étaient prévues, l’architecte doit se faire du tracas. Pour lui, qui s’exprime plus en sociologue qu’en architecte, l’avenir de l’architecture n’est plus architectural mais littéraire. Le bâti doit parler, raconter, se focaliser sur les liens qu’il entretient avec le social. Comme Baudrillard, sociologue qui ne croit plus à ce social, Nouvel est un architecte qui ne croit plus en l’architecture. Il en résultera la publication d’un livre d’échanges entre eux, en 2000, intitulé Les Objets singuliers. Architecture et philosophie.
Jean Baudrillard
Ayant rompu avec le marxisme à la quarantaine, romantique théoricien pop et télégénique séducteur nonchalant, producteur d’aphorismes à la G. C. Lichtenberg, s’amusant à contredire systématiquement le sens commun et à retourner les expressions toutes faites, post dadaïste s’en remettant au hasard, adepte du paradoxe et de la pensée fragmentaire, traqueur d’impostures et remarquablement dénué de tout ressentiment, Baudrillard se veut avant tout et essentiellement lucide.
Aux yeux de ce germaniste de formation, au tournant du siècle passé, nous avons assisté à la fin de la modernité et au début de l’ère de la simulation et du devenir-image de toute chose. La base démocratique s’est effritée, le corps électoral épuisé, d’où le pouvoir, dans un état d’urgence permanent, se retrouve contraint de passer toujours plus en force. Or, par sa situation transversale, au carrefour de l’esthétique et du scientifique, du politique et de l’artistique, de l’économique et du sociologique, l’architecture offre la possibilité d’une analyse de la synthèse de ces influences contradictoires.
Grâce à sa pratique constante d’une écriture disruptive, Baudrillard semble être le seul parmi les célébrités de son temps, les Lyotard, Deleuze, Derrida et autres Foucault, dont les textes soient restés d’actualité. Le seul à avoir pressenti que tous les quidams, enfermés dans une hyper réalité et incapables de distinguer le vrai de l’imaginaire, pris dans un flux incessant d’informations et de représentations fausses, perdraient toute singularité, et subiraient une hypertrophie de l’information et de la communication qui dévorerait le sens.
Oui. Les médias sont la matrice des choses, ce ne sont plus des intermédiaires, ce sont eux qui donnent ou qui retirent le sens: le médium est là avant l'évènement, dans une forme d’anticipation. Virus informatique, biologique, sociologique, il ne peut rien en lui-même sinon se répliquer. Emprunter des voies détournées et même muter s’il le faut. Pour circuler, il doit envahir d’autres cellules.
Pour Baudrillard, la société contemporaine résistait par l’hyper conformisme, par le silence et par l’indifférence. Mélancolique et désenchanté de la modernité, jonglant avec des concepts tels que simulacre, simulation, séduction, réversibilité et dématérialisation, prophète criant sur des places publiques désertes, il sonnait le glas tout en pressentant qu’allait advenir le temps de toutes les sombres régressions qui nous menacent si brutalement aujourd’hui.
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Cela se passait dans un café à la Motte-Picquet-Grenelle et c’est en se mettant à quatre pattes, la joue collée au sol, qu’il fallait regarder sous la porte. Au comptoir, des types trépignaient, sueur au front, en attendant leur tour d’y aller. Notre raconteur a fini par ne faire plus que ça, cinq heures par jour, et même à y amener des filles et à les pousser à boire, jusqu'au moment où il a réussi, juste avant de devenir complètement cinglé, à arrêter. </p> <h3><em>Peeping Tom</em></h3> <p>Côté voyeur au cinéma, le film quintessentiel et mythique est le<i> Peeping Tom</i> de Michael Powell. Dès le premier plan, nous sommes le jeune cameramen Mark Lewis et nous traquons la peur de la mort sur le visage de jeunes femmes en les filmant au moment où nous les tuons. Tout comme le Norman Bates de <i>Psychose</i>, Mark Lewis n’épie, ne traque et ne tue que des femmes. 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Six semaines que cela dure et l’infirmière qui vient chaque jour pour ses soins lui dit qu’on voit à l’état de ses yeux qu’il a regardé par la fenêtre pendant des heures. Y a de quoi! Jeff est persuadé que son voisin d’en face vient de tuer sa femme et de la couper en morceaux.</p> <p>Voilà. Un homme regarde et attend pendant que nous regardons cet homme et attendons ce qu’il attend, philosophent Chabrol et Rohmer dans <i>Les Cahiers du cinéma</i>. Tous spectateurs et tous voyeurs, le message est clair et confirmé à Truffaut par le maître du suspense. Pour lui, neuf personnes sur dix sont des voyeurs. Et dans <i>Psychose</i>, il poussera la compulsion scopique à son paroxysme en nous transformant en Norman Bates observant par un trou la cliente qu’il va bientôt poignarder sous la mythique douche.</p> <h3>En Corée du Sud</h3> <p>Ce pays, où 90% des gens possèdent un Smartphone et qui est 117ème au classement mondial égalité homme-femme, est le premier au monde en terme de caméras espion en circulation. Rien qu’en 2017, 6'500 cas de victimes filmées pendant leur sommeil, dans les toilettes, des vestiaires ou sous leur jupe, sont signalées. 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Il est inscrit au fichier des délinquants sexuels, condamné à trois ans de suivi socio-judiciaire et à indemniser ses victimes de 2'000 euros chacune.</p> <p>Ceci admis, on peut signaler que dans cette nouvelle pratique du voyeurisme ultra-équipée, deux éléments, la compulsion et l’impunité, ont résisté au changement, et que la plupart des articles sur le sujet parlent du voyeur mais toujours pas des femmes victimes et du traumatisme qu’elles peuvent avoir vécu . Cela continue à être vu par la presse comme des faits divers aguicheurs, ragots croustillants et autres étrangetés malséantes.</p> <h3>Nouveau terrain de chasse</h3> <p>Après les toilettes, la rue et les transports publics, un nouveau continent a été découvert par nos amis compulsifs: les Airbnb, créés en 2008.</p> <p>En 2017 en Floride, un couple ayant loué un logement découvre une caméra dissimulée dans le détecteur de fumée de la chambre à coucher. En janvier 2018, à Cran-Gevrier dans la banlieue d’Annecy, sept amis qui ont loué l’appartement d’un informaticien de 45 ans découvrent une caméra cachée dans un radio-réveil placé dans la salle de bains face à la douche et un autre de ces engins au-dessus du lit. En 2019, en Irlande, c’est une caméra cachée qui enregistre et diffuse en direct ce qui se passe dans le logement. Et en Seine-et-Marne, deux mille vidéos sont trouvées dans le téléphone portable du loueur. Il ne les a pas diffusées et il fera donc l’objet d’un simple rappel à la loi. En septembre 2021, à Tourcoing, un loueur a placé une caméra dans la salle de bains de l’appartement et les policiers découvrent dans son téléphone des dizaines de femmes nues filmées à leur insu. En décembre 2022, à Rouen, la locataire emporte avec elle le réveil et la multiprise qui une fois démontés dévoileront des images d’elle sous la douche et de ses amis aux toilettes. Au Canada, en 2023, un cas de voyeurisme 2.0 est rapporté tous les dix jours, trois fois plus qu’en 2017. En France, où on ne recense pas ce phénomène, on a quand même 857 infractions constatées en 2017.</p> <p>Interrogée à ce sujet, la plateforme Airbnb relativise le problème et déclare que sur un milliard d’arrivées de voyageurs enregistrées sur son site, ce genre d’incident est «incroyablement rare».</p> <p>Une histoire qu’on s’obstine à ne pas vouloir voir et encore moins punir. Clémentine Thiebault, l’autrice de <i>Voyeur!</i> dit avoir eu des moments de doute, de découragement et d’envie de juger. L’impression de fouiller dans une poubelle. Mais un élément a fini par émerger: les voyeurs sont des hommes, leurs victimes sont des femmes. Il s’agit d’une affaire de domination et on peut poser comme hypothèse que seules les femmes pensent que le voyeurisme est un problème. 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Il n’aura jamais la nationalité française et se sentira toujours décalé par rapport au monde qui l’entoure. De plus, enfant, issu d’un milieu bourgeois, se retrouvant dans une école communale, il ressent un fort sentiment de ne pas y être à sa place.</p> <p>Face à l’avance éclair de l’armée allemande en 1940, sa mère étant américaine, la famille fuit aux Etats-Unis. Une fois arrivé là-bas, de tous côtés, on lui conseille d’oublier la France. Mais lui, ne s’adaptant pas du tout, nanti d’un accent, d’une coiffure et d’une allure qui trahissent son statut d’étranger, se retrouvant dans un collège de riches garçons américains agressifs, vulgaires et lourds, plus âgés et plus sportifs et qui le briment, cherche à ne pas oublier le français. Il se met à apprendre par cœur des pièces de Corneille et de Racine. </p> <p>Un «panneau d’acier transparent», dit-il, l’isole des joies les plus simples et des groupes hilares qui le montrent du doigt. 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Et nous, lecteurs, sommes là avec lui revivant cette rencontre du jeune homme de 17 ans avec un André Breton de 45 ans; de Charles Duits à la fois irrésistiblement attiré par l’incontestable génie de Breton et d’emblée rebuté par ses mœurs, ses manies, son caractère.</p> <p>Breton refuse d’apprendre l’anglais et se trouve dans une situation précaire. Ce sont deux solitudes qui se rencontrent, dit Annie Le Brun. Breton paraît beaucoup plus âgé que ses 45 ans, las, amer, seul. La rencontre sera néanmoins magnétique car tous les deux, et Duits aveuglément, ont la même confiance en la poésie. La situation les obligeant à jouer un rôle, les premiers mots qu’ils échangent ne sont que paroles conventionnelles, banalités. Heureusement, Matta débarque et allège l’ambiance, introduit de la gaité.</p> <p>Pour Breton vivre est une affaire sublime et pour cette raison même, douloureuse, angoissante, tragique. Il est d’ailleurs, Matta est d’ici, aime exister, trouve cela drôle, curieux et passionnant, il prend du plaisir à respirer, à marcher, à dormir, à explorer ce monde.</p> <h3>L'incident</h3> <p>Une semaine plus tard, lors d’une réunion de groupe, apercevant une femme qu’il trouve désirable, Duits s’en approche, veut la complimenter mais, à son insu, des mots sortent de sa bouche et lui déclarent qu’elle est belle comme un pot de chambre. Duits s’enfuit. Le lendemain, invité à déjeuner par Breton, il revient et reconnaît avoir proféré la phrase en question. Breton ne lui fait aucun reproche mais il ne voit dans ce geste rien de surréaliste; il lui demande d’aller s’excuser auprès de la jeune femme. Peu importe les motivations de son geste, il ne doit pas déshonorer le surréalisme.</p> <h3>Portrait</h3> <p>Duits va aussi être infiniment déçu en découvrant que l’homosexualité répugne à Breton. L’exaltation de tous les vices n’est donc pas le moteur du surréalisme? Lui, Charles, qui a été captivé par le mouvement grâce au Grand Masturbateur de Dalí, lui qui a grandi dans un monde où il était interdit d’avoir des émotions, de les montrer, dans une famille où on ne se touchait jamais et dans laquelle la sexualité n’existait pas, en fréquentant Breton, s’imaginait qu’il allait devoir insulter un policier et gifler un militaire, cracher sur tous les drapeaux et porter le scandale dans la rue. Mais pas du tout! Loin de l’encourager aux excès, Breton le modère, arguant de leur situation précaire, de leur statut d’étrangers, de leur peu de force physique.</p> <h3>Portrait magistral</h3> <p>On ne peut pas bavarder avec André Breton, avoir des rapports normaux, faciles, plaisanter, échanger des propos futiles, nous apprend-il. Il lui faut un climat dramatique. 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Trois semaines plus tard, lors d’une longue promenade, dans une rue éloignée de New York, soudain Breton lui fait une scène: il n’a pas choisi d’être un tyran, il y était obligé, il a des responsabilités, une lourde charge.</p> <h3>Double mouvement</h3> <p>Oui, nous confie Charles Duits, comme l’aimant qui, par l’une de ses faces attire, et par l’autre repousse, Breton captive et accable. C’est un Pape, un être magnétique sculpté dans un bloc de radium qui tel un charbon ardent éclaire sans bruler.</p> <p>Et Duits raconte aussi son accablement quand il s’est aperçu que Breton, bien loin de pratiquer l’écriture automatique, s’adonnait, comme n’importe quel scribouilleur, à un usage intensif et quasi infini de la rature et de la réécriture.</p> <p>Il a lui fallu des années pour lui pardonner cette infâme supercherie, dit-il.</p> <p>Le 24 janvier 1944, lors d’une de ses visites, Breton lui reproche d’être devenu insincère, d’être un parasite qui prétend se justifier par de petits poèmes. Duits bredouille quelque chose et sort.</p> <p>Matta lui répétera une phrase dite par Breton et qui le blessera encore bien plus que le reproche susdit: «ce môme je pourrais le casser aussi facilement que je l’ai fait».</p> <h3>Retour en France: six ans de fâcherie</h3> <p>En 1947, Charles Duits retrouve Breton à Paris, place Blanche et dans son atelier, rue Fontaine. Mais maintenant branché Georges Bataille, Duits a adopté une attitude sarcastique. En fait, il souffre de ne plus être le Dauphin et de ce que de nouveaux venus occupent la place qui fut la sienne. Six années passent. En 1953, ayant publié un roman qui plait à Breton, ils se revoient, et d’emblée Breton traite ses nouveaux amis les plus chers d’eunuques et de charlatans. </p> <p>Ils se fâchent à nouveau.</p> <h3>Les derniers jours</h3> <p>Le 25 mai 1964, Duits rencontre Agnès, qui deviendra sa femme et qui l’épanouira enfin. Il a écrit sa lettre à Breton le 2 septembre 1942, Agnès est née à Nîmes le 3 septembre 1942. 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Il a revendiqué ce point de vue dès le début de sa très longue carrière. Appartenant donc à un genre souverain et indépendant, ses dessins proposent une très grande variété d’approches et de couleurs, dans des palettes de tons différenciés, et dégagent souvent une impression de grande vitalité, de plaisir, de sensualité, l’impression d’une perception subjective plutôt qu’objective. L’expression est émotion immédiate et dans ses productions, il ne cherche jamais à rendre la réalité mais bien plutôt le fourmillement des sensations qui le traversent, quand, concentré, il s’exerce à capter l’expression d’un visage, un geste, un paysage, un mouvement. Ses nus, devenus très vite non conventionnels, accordent une attention particulière aux chevelures et aux mains. Auguste Rodin, Ferdinand Hodler, Gustav Klimt, Aubrey Beardsley sont ceux qu’il espère dépasser. 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En 1909, il expose des nus qui plaisent beaucoup et sont très rapidement vendus. Dans les années 1910, il réalise des dessins très travaillés, entre autres pour la revue <i>Sturm</i>. Traits secs et nerveux, densification des lignes, portraits expressionnistes d’hommes et de femmes, suites d’illustrations, passage à la lithographie, il expérimente à tout va. En 1911, il donne des cours dans une école privée et en 1912 et 1913, enseigne le nu au sein d’une institution qu’il a lui-même créée. 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Exilé à Prague, puis à Londres et devenu ensuite, après-guerre, peintre nomade, on l’aperçoit en Grèce, en Italie, en Tunisie, en Libye, en Turquie, au Maroc et, pour finir, à Jérusalem. </p> <h3>Kokoschka en Suisse</h3> <p>Le lac Léman le fascine depuis qu’en janvier 1910 accompagnant le célèbre Adolf Loos, auteur de <i>Ornement et Crime</i> (1908) et préfigurateur du <i>brutalisme </i>en architecture, aux Avants, au-dessus de Montreux, il a peint <i></i>le célèbre paysage <i>Les Dents du Midi </i>ainsi que plusieurs portraits, dont à Yvorne, celui du renommé naturaliste, psychiatre et réformateur social, Auguste Forel. Adolf Loos installe ensuite son protégé au Sanatorium du Mont Blanc à Leysin, où il réalise des portraits d’aristocrates tuberculeux, portraits qui sont aujourd’hui considérés comme des sommets de la si romantiquement tourmentée représentation expressionniste de la figure humaine. Oui, tempête et passion! Adolf Loos, en 1913, organise au Kunsthaus de Zurich une présentation d’une douzaine de ceux-ci, présentation ressentie par la plupart des indigènes helvètes comme un conte d’épouvante.</p> <p>Mais, événement entre tous historique, voici que Dada débarque et que la comédie de Kokoschka, <i>Le sphinx et l’homme de paille, </i>est jouée le 14 avril 1917 au Cabaret Voltaire à Zurich. Marcel Janco en signe les masques que portent les comédiens et la mise en scène, Tristan Tzara joue le rôle du perroquet, Emmy Hennings celui de l’infidèle Anima, Friedrich Glauser, la mort et Hugo Ball, Firdusi, l’époux trompé. Dans <i>La fuite hors du temps</i>, qu’il écrit et publie dix ans plus tard, Ball nous raconte le chaos qui règne ce soir-là sur la scène: «Malgré le prix d’entrée élevé, la Galerie était trop petite pour contenir tous les visiteurs. Dans une pièce du fond, Tzara était responsable de l’éclair et du tonnerre et, comme un perroquet, il devait répéter "Anima, douce Anima!". Mais il confondait les entrées et les sorties, faisait éclater l’orage aux mauvais moments et donnait, à tout prendre, l’impression que c’étaient des effets spéciaux, une confusion calculée des arrière-plans. Finalement, lorsque Monsieur Firdusi était censé tomber, tout s’est embrouillé dans une pagaille de fils électriques et de lampes. Pendant quelques minutes, ce fut la nuit noire et la confusion totale; après quoi la Galerie a retrouvé son aspect habituel.» </p> <p>La Seconde Guerre mondiale passée, la Suisse offrant à Kokoschka des perspectives de commandes de portraits et une clientèle prospère, en 1951, il décide de se faire construire une petite villa sur les bords du lac Léman: «Ce n’est pas par fierté de propriétaire, mais simplement le désir de pouvoir souffler de temps en temps quelque part au cœur de l’Europe dans un lieu politiquement paisible», écrit-il à sa sœur.</p> <p>En 1953, il s’établit définitivement non loin du Château de Chillon, à Villeneuve. Il y passe les vingt-sept dernières années de son existence, et décède en 1980, à Montreux, à l’âge de nonante-quatre ans et en ayant donc vécu un tiers de sa vie en pays vaudois.</p> <h3>Portrait de l'artiste dessinant</h3> <p>Il existe de nombreuses photographies le montrant, regard vif, main souple, dessinant avec agilité des vestiges archéologiques, noircissant des centaines de pages dans ses carnets de croquis, explorant des thèmes liés à l’Antiquité ou effectuant des reproductions dans des musées, redessinant inlassablement des bribes de tragédies grecques ou de récits mythologiques afin d’y trouver le ferment commun de toutes les sociétés, des décors et des costumes de théâtre ou d’opéras. Bref, c’est son destin, il l’a accepté et il dessine et redessine sans trêve ni repos.</p> <p>Pendant septante ans, à coups de traits outrés et fracturés, de visions oniriques, il alterne des représentations d’insectes, de nus, de scènes bibliques ou mythologiques et des paysages aux perspectives bizarres, Kokoschka préférant une vue bifocale à la perspective cavalière, vue embrassant l’étendue du paysage, des représentations de fleurs, d’animaux. Dans le paysage, ce qui l’intéresse, ce n’est pas l’idylle, mais la nature à l’état sauvage, indomptée. 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Oui, de porter une attention soutenue à ce qui nous environne, car si le dessin, comme il l’écrit, déplie le visible, cela ne peut être que pour le pénétrer plus intensément.</p> <h3>Les débuts</h3> <p>Le dessin est une activité solitaire, peinture des jours de pluie, enfermé dans une pièce et l’infini plaisir de n’avoir à faire que ça, ok, d’accord, mais c’est avec sa main dans le bac à sable que Philippe Comar a commencé à dessiner, ou avec un doigt sur des meubles couverts de poussière, sur des vitres embuées, dans de la farine, de la pâte à tarte, en piétinant la neige, en courant dans le sable. Il a dessiné dans le noir avec la pointe de sa langue dans le creux de sa main. En crachant sur les murs, en envoyant gicler des gouttes à la brosse à dent, à la craie sur les trottoirs, au canif sur les arbres. Il a dessiné sur ses mains avec un stylo à bille et comme Léonard de Vinci, il a aimé contempler sans penser à rien les tâches fortuites sur les murs, les traces de moisissure. 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A l’école primaire, un jour, la maitresse le sermonne: il a couvert pendant des mois son bureau de centaines de petits dessins. Et pourquoi pas faire pipi sur les pupitres, s’exclame-t-elle. Toute la classe se gondole et en guise de punition, le petit Philippe est enfermé toute une longue et interminable journée dans les toilettes, et ceci sans manger ni boire et sans lumière. D’où que depuis ce jour-là, il associe l’acte d’uriner et le dessin. Et effectivement, tel Gargantua, du haut des tours de Notre-Dame, il adore dessiner ainsi sur le sable. 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Répétons-le: pour lui, il ne s’agit pas d’imiter mais de traduire un ressenti.</p> <h3>Le trait, la tache</h3> <p>Lorsqu’il a sept ans, sensible à l’application qu’il met à copier des tableaux, ceux du Greco par exemple, ses parents l’inscrivent dans une Académie dite «du Jeudi». Les enfants y peignent debout et n’y apprennent rien mais pratiquent assidument la chose. Et notre jeune futur artiste y prend plaisir à tracer des lignes parallèles et à s’y s’entraîner à tracer des lignes régulières, à main levée ou à la règle. C’est une technique qu’il connaît par les illustrations exécutées au burin figurant dans ses livres de classe. Dans son ouvrage, après une vibrante apologie de la gomme, il enchaîne avec celle d’une roulotte de bohémiens, de leur osier tressé pour les paniers, et de la petite bohémienne, pieds nus et cheveux sales pour laquelle il ressent une forte attirance physique. Sujet à sa première érection spontanée, il apprend ce jour-là que le sale et le sexuel ont affaire ensemble et que la découverte de l’outil peut précéder la connaissance de sa fonction. D’un côté, le trait aigu qui cerne. De l’autre, la tâche qui bave. Deux bornes: idéalisme et réalisme. Rodin, dans ses dessins érotiques, associe d’ailleurs ces deux démarches.</p> <h3>Le dessin: une habitude</h3> <p>Notre artiste, cent pour cent sédentaire, habitant depuis cinquante ans la même maison, homme d’habitudes, retrouve ce trait de caractère dans l’acte même de dessiner: le désir de retenir à tout prix, de saisir ce qui fuit. Très tôt sensible au pouvoir du dessin et des mots, la frontière entre les deux n’étant pas aussi nette qu’il y paraît, pour lui les mots ne sont pas que des signes arbitraires. Leur graphie suggère des figures. 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Et petit-à-petit, il se met à remplacer la Marianne sur les lettres et cartes postales par des fragments de corps nus de dame. Oblitéré par la Poste, le timbre devient œuvre.</p> <h3>S'auto créer par et pour le dessin</h3> <p>Ses parents n’ont pas une sensualité marquée, son père lui inflige des fessées pantalon baissé, sa mère répugne au contact physique avec ses enfants et lui, il dessine en cachette des femmes nues, dessins qu’il détruit ensuite. Il rêve aussi d’auto-fellation et de s’auto-dévorer lui-même et retrouve cela dans un personnage de Saul Steinberg, personnage s’auto-dessinant et dans certains dessins de Hans Bellmer, un corps s’auto-dessinant également; et finit par penser que le phantasme d’auto-engendrement est l’essence même de l’art.</p> <h3>Dessin d'enfant</h3> <p>Les dessins d’enfant permettent-ils de retracer les fondements d’une œuvre à venir? Rien n’est moins certain, tant les choix individuels et les partis pris d’un artiste ne se dégagent que lentement des archétypes propres aux dessins d’enfant. Tout en tentant de saisir ce qui, dans ses premières expériences graphiques, a nourri sa pratique actuelle de dessinateur, Philippe Comar n’est guère porté à leur attribuer plus d’attention qu’ils n’en méritent. </p> <p>Pourtant, le XXème siècle a préféré cette naïveté à tous les savoirs. Lui, à l’inverse, défend la maitrise du dessin en tant que plaisir originel secondant phantasme jouissance et hédonisme. Il n’angélise rien, goûte à tout, nous raconte ses émois les plus anciens, scatologie et signes fortement sexués. Oui, décidément, dessiner, c’est voir et voir mieux.</p> <h3>Epitaphe</h3> <p>Très tôt, il a été obnubilé par la représentation des rayons lumineux. Fasciné donc par tout ce qui trace, que ce soit droit ou courbe, une ligne dans l’air, sans écran, ni feuille de papier: étoile filante, sillage d’avion, etc. Les traités de balistique en sont pleins. Un trait est un signe, une abstraction, les rayons de soleil, la ligne d’horizon en sont aussi mais dans la nature rien n’est parfait et tout a une dimension charnelle. Aux lignes droites qu’il observe dans le ciel s’ajoutent les cercles concentriques entourant le caillou qu’il vient de jeter dans l’eau. Et la courbe que trace en l’air, écrit-il, le jet mictionnel et qui se retrouve chez les peintres Lorenzo Lotto, Jean Cousin, Titien, Rubens, Rembrandt, Guido Remi et tant d’autres encore. Et les coquillages, les vignes, les crosses de fougère. Mais de toutes les lignes, celles qui l’ont le plus fasciné sont les herbes. Toutes les sortes d’herbes qui existent, le gazon dru, le chiendent, les hautes graminées et la <i>Grande touffe d’herbes </i>de Dürer lui paraît être le plus beau dessin jamais exécuté. Une douzaine d’espèces d’herbacés y sont représentées. A l’âge adulte, de la pousse native jusqu’à la pourriture, il a lui aussi tenté de relever le défi et exécuté plusieurs séries de cet inépuisable sujet. 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