Actuel / Quo vadis Polonia?
La vieille ville de Varsovie. © Marta Czarska
Dimanche, les Polonais voteront pour constituer leur Parlement. Le PiS, parti d'extrême-droite conservateur et populiste conservera-t-il le pouvoir à la Diète, la chambre basse du Parlement? Polonaise d'origine et Suissesse d'adoption, Marta Czarska nous explique pourquoi elle compte bien se mobiliser pour que ce ne soit pas le cas.
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Mais les Polonais ont voté sur la base des promesses électorales populistes, le PiS a eu carte blanche et les sombres prévisions de GW sont devenues réalité.</p> <h3>Tour d'horizon d'une débâcle annoncée</h3> <p>Aujourd’hui, quatre ans plus tard, le bilan parle de lui-même. Je ne m’étendrai pas sur la situation des tribunaux, ou la «déforme» de l’éducation, ni sur la réécriture de l’histoire glorieuse de la Pologne et de ses héros, ni sur la lamentable situation des médias publics. Concentrons-nous sur la politique nataliste, la santé, les droits des femmes et les dangers de la différence:</p> <p>La seule promesse que l’on pourrait qualifier de positive, l’allocation pour enfant appelée «500+», a bel et bien été réalisée. Tout d’abord à partir du deuxième enfant, afin d’encourager la procréation – y compris par un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Rixb93zvfFM">spot du Ministère de la Santé</a> mettant en scène des lapins – puis dès le 1<sup>er</sup> enfant ce printemps. 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Et encore, pour la petite histoire: un projet social de contrôles préventifs pour les seniors de plus de 70 ans vient d’être refusé par le Ministère de la Santé, car le risque de détecter des maladies serait trop grand et aurait encore rallongé les files d’attentes pour les soins.</p> <h3>Comme un goût amer de passéisme...</h3> <p>La politique du gouvernement actuel est simple: elle se fonde sur la famille. Cette vrai famille formée d’un homme et d’une femme (de préférence mariés, à l’église, bien sûr) et des enfants (biologiques, mais les enfants adoptés sont tolérés). Dans cette famille nucléaire, la femme est faible, dépendante de l’homme, et elle ne travaille pas la plupart du temps. Il lui est donc difficile de quitter le foyer, même en cas de violence conjugale. L’homme de cette famille est lui aussi affaibli de par son rôle de père nourricier. L’avantage c’est que, préoccupé par le besoin de faire vivre femme et enfants, il ne pense pas à se rebeller. Encore moins si l’État lui donne de l’argent. Si le PiS gagne à nouveau, il continuera à affaiblir les femmes et à restreindre leurs droits. Suivant la ligne dictée par sa grande alliée, l’Église catholique.</p> <p>C’est ainsi que les femmes ne sont plus des êtres humains à part entière, mais des incubateurs. La grossesse est plus importante que la femme. L’embryon plus important que celle qui le porte. En Pologne, on ne peut plus acheter la pilule du lendemain sans ordonnance. Et pour trouver un médecin qui veuille bien le faire, mieux vaut vivre dans une grande ville avec un réseau de femmes qui connaissent les bonnes adresses. En effet, malgré les recommandations de la Commission européenne et les pratiques des autres pays de l’EU, le gouvernement polonais a estimé que la pilule ellaOne est malsaine, provoque des fausses-couches et encourage la promiscuité. Pour l’instant, la contraception hormonale classique et d’urgence est encore légale. Mais le restera-t-elle? Le PiS voudrait aussi restreindre les contrôles prénataux, car il estime que ce type d’examen du fœtus est lié à l’avortement. En effet, le médecin peut découvrir des malformations et la mère décider d’interrompre la grossesse.</p> <h3>Les femmes au front</h3> <p>En Pologne, l’avortement n’est autorisé qu’en trois situations: malformation ou maladie incurable du fœtus, grossesse à la suite de viol ou d’inceste, danger pour la vie de la mère. Dès le mois de mars 2016, une fondation pro-life a déposé à la Diète (chambre basse du Parlement, dotée du pouvoir législatif) un projet d’interdiction totale de l’avortement qui prévoyait également de punir tant le médecin qui l’aurait exécuté, que la femme qui l’aurait décidé. À la suite des manifestations en masse des femmes (plus de 140 rassemblements dans tout le pays) le projet a heureusement été enterré. 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Dans le programme électoral du PiS, on peut y lire: «Nous comprenons et acceptons les minorités, qui ont le droit au respect de leur différence. Nous considérons cependant que l’exercice de ces droits ne doit pas se faire en violation de la Constitution et être dirigé contre la majorité, à qui on essaie d’imposer un constructivisme social. La liberté de chacun ne doit pas entraver la liberté d’autrui et ne doit pas être utilisée contre la société et l’ordre moral.»</p> <p>Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris mais, en résumé, les minorités ont le droit d’exister tant qu’elles restent invisibles. La peur de l’inconnu est passée par là.</p> <p>Après les votations, il est prévu que le Parlement se penche sur un projet de loi qui envisage une peine de prison «pour éducation sexuelle». Oui, vous avez bien lu. L’éducation sexuelle serait une stratégie du «lobby LBGT» qui lui permettrait de mettre en œuvre des buts politiques radicaux! Expliquer aux enfants et adolescents le fonctionnement des organes génitaux, la reproduction, leur parler de contraception serait un complot dirigé contre la majorité hétérosexuelle afin de convertir tout ce petit monde à l’homosexualité. Mais la peur de la différence en Pologne va bien au-delà. Le rédacteur en chef de <em>Gazeta Wyborcza</em>, Jarosław Kurski, écrivait récemment: «Dans l’État du PiS, la haine peut toucher tout le monde, tant les individus que les groupes professionnels ou sociaux. 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J’ai ensuite vécu une vingtaine d’années à Genève, l’internationale. J’ai l’habitude d’entendre parler toutes sortes de langues autour de moi, de voir des visages de diverses couleurs, des habits plus ou moins exotiques. Malgré toutes ces années, je continue à rouler les «r» , mais personne ne me fait de remarque désobligeante à ce sujet. Vous pensez que la Suisse est intolérante? Allez donc vivre, comme je l’ai fait, neuf mois à Varsovie… Le choc du quotidien m’a fait revenir à Bienne. Et pourtant je suis une femme blanche, hétérosexuelle, assez «normale» à première vue.</p> <p>Dimanche 13 octobre, j’irai voter à l’ambassade de Pologne, à Berne. Car je ne veux plus du PiS, je ne veux plus avoir honte de dire que je suis polonaise. J’aime mon pays d’accueil, j’aime aussi mon pays d’origine. Mais pas celui qui existe depuis quatre ans. Pas celui qu’il deviendra, si on laisse le gouvernement actuel au pouvoir. Pas celui où le mot «multi-kulti» est une insulte.</p> <hr /> <h2>A lire aussi:</h2> <p><a href="/actuel/l-homophobie-est-un-reflexe-biologique-normal" target="_blank" rel="noopener"><em>L'homophobie est un réflexe biologique normal</em></a> - Rafał Betlejewski, traduit par Marta Czarska</p> <p><a href="/actuel/derriere-la-force-du-film-la-dure-realite-du-journalisme-polonais" target="_blank" rel="noopener"><em>Derrière la force du film, la dure réalité du journalisme polonais</em></a> - Rafał Betlejewski, traduit par Marta Czarska</p> <p><a href="/a-vif/120-minutes-de-parole-qui-ebranlent-la-pologne" target="_blank" rel="noopener"><em>120 minutes qui ébranlent la Pologne</em></a> - Johanna Castellanos Dubuis</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'quo-vadis-polonia', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 616, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1936, 'homepage_order' => (int) 2198, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Dimanche, les Polonais voteront pour constituer leur Parlement. 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Pas celui où le mot «multi-kulti» est une insulte.</p> <hr /> <h2>A lire aussi:</h2> <p><a href="/actuel/l-homophobie-est-un-reflexe-biologique-normal" target="_blank" rel="noopener"><em>L'homophobie est un réflexe biologique normal</em></a> - Rafał Betlejewski, traduit par Marta Czarska</p> <p><a href="/actuel/derriere-la-force-du-film-la-dure-realite-du-journalisme-polonais" target="_blank" rel="noopener"><em>Derrière la force du film, la dure réalité du journalisme polonais</em></a> - Rafał Betlejewski, traduit par Marta Czarska</p> <p><a href="/a-vif/120-minutes-de-parole-qui-ebranlent-la-pologne" target="_blank" rel="noopener"><em>120 minutes qui ébranlent la Pologne</em></a> - Johanna Castellanos Dubuis</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'quo-vadis-polonia', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 616, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1936, 'homepage_order' => (int) 2198, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4909, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Emergence du langage dans l’évolution humaine: des chercheurs font parler les structures osseuses fossilisées', 'subtitle' => 'Les positions d’Aristote et de Descartes, qui affirmaient que le langage est le «propre de l’homme», se trouvent aujourd’hui contestées par des observations éthologiques sur les singes ou les oiseaux.', 'subtitle_edition' => 'Les positions d’Aristote et de Descartes, qui affirmaient que le langage est le «propre de l’homme», se trouvent aujourd’hui contestées par des observations éthologiques sur les singes ou les oiseaux.', 'content' => '<div style="text-align: left;"><span><span><strong><a href="https://theconversation.com/profiles/pascal-perrier-1528361">Pascal Perrier</a></strong>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/institut-polytechnique-de-grenoble-grenoble-inp-2428">Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/amelie-vialet-1528373"><strong>Amélie Vialet</strong></a>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/museum-national-dhistoire-naturelle-mnhn-2191">Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)</a></em> et <strong><a href="https://theconversation.com/profiles/yohan-payan-1528354">Yohan Payan</a></strong>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279">Université Grenoble Alpes (UGA)</a></em></span></span><hr /><span><em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279"></a></em></span> <p>En effet, on retrouve dans les signaux de communication de ces espèces, des caractéristiques similaires à celle du langage parlé humain, telles que la notion de sémantique (un cri est porteur de sens), la variation d’un son qui change la signification du cri (ce qui se rapproche de la notion de phonème, unité minimale du langage parlé humain), ou la notion de morphologie (il existe dans les cris des éléments qui peuvent être combinés de manière variée au sein de différentes structures plus complexes). Mais rien ne permet d’abandonner l’idée que la parole reste « le propre de l’homme », c’est-à-dire la capacité à articuler avec sa bouche des sons distinctifs qui peuvent se combiner à l’infini pour donner une infinité de sens.</p> <p>C’est sans doute à cette spécificité que la question de l’émergence de la parole dans l’évolution humaine doit d’être restée à travers les âges au cœur de recherches dans le domaine de la philosophie, de la linguistique et, plus récemment, de l’éthologie, de la psychologie et des neurosciences. Cette question renvoie à la fois à l’existence des capacités cognitives adaptées à l’émergence du langage, qu’il soit parlé ou non, et à l’existence de capacités physiques de la bouche et des lèvres pour structurer et articuler les unités sonores qui seront les vecteurs acoustiques du langage, via la parole.</p> <p>Cognitivement, le <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2011.0295">langage renvoie fondamentalement à la capacité d’abstraction</a>. C’est la raison pour laquelle la fabrication d’outils, la maîtrise du feu, les peintures pariétales, la structuration de l’habitat sont autant d’étapes de l’évolution humaine qui ont fréquemment été utilisées comme des marqueurs potentiels de l’émergence de la capacité au langage. Il n’y a pas de consensus sur l’émergence de la parole. Nos travaux visent à contribuer à ces débats, en étudiant si les capacités des hominines fossiles (les Néandertaliens qui sont proches de nous comme leurs ancêtres, les H. heidelbergensis datant de 500 000 ans voire les Australopithèques qui sont beaucoup plus anciens et appartiennent à un autre genre) leur permettaient d’articuler suffisamment de sons distinctifs pour constituer la base du langage parlé.</p> <h3>Depuis quand peut-on articuler ?</h3> <p>Sur le plan physique, c’est l’usage de la bouche qui est au cœur de la capacité à parler. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=XVE4B6TxlfM">Le célèbre ethnologue français André Leroi-Gourhan</a> (1911-1986) voyait dans le passage de la quadrupédie à la bipédie une étape essentielle dans l’émergence du langage parlé : permettant l’usage de la main pour des gestes de préhension jusqu’alors effectués par la bouche, la bipédie a « libéré » la mandibule, les lèvres et la langue pour leur permettre d’exécuter un répertoire gestuel riche et structuré, capable de transmettre le langage via le son.</p> <p>Quand est apparue la capacité physique à articuler des sons distinctifs ? C’est lorsque l’ensemble de cartilages marqué par la pomme d’Adam, qu’on appelle le larynx, est suffisamment descendu dans le cou, répondit le <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.164.3884.1185">chercheur américain Philip Lieberman</a> (1934-2022) dans le journal Science en 1969. Cette descente du larynx aurait, selon lui, offert à la langue un espace vertical nouveau, suffisamment large pour qu’elle puisse se déformer, se bomber ou s’aplatir pour générer une variété de formes et de sons appropriée à la richesse combinatoire du langage.</p> <p>Cette hypothèse, qui a fonctionné pendant plusieurs décennies, en sclérosant quelque peu la recherche dans ce domaine, a depuis lors été fortement contestée. Le chercheur <a href="https://theconversation.com/la-parole-ne-serait-pas-apparue-avec-homo-sapiens-et-ce-sont-les-singes-qui-nous-le-disent-128708">Louis-Jean Boë et ses collègues</a> ont en effet montré que les cris de babouins, dont le larynx est élevé et la langue plate, contiennent des sons proches du « a », du « ou » et du « i », les trois voyelles qui constituent la base fondamentale des systèmes vocaliques des langues du monde.</p> <p>De même, Fitch, pourtant disciple de Lieberman, et ses collègues, <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.1600723">dans un article paru dans <em>Science Advances</em> en 2016</a>, ont montré, à partir de radiographies de la gueule de macaques au cours de la déglutition, que malgré leur larynx élevé, ces primates pouvaient générer des formes de langue compatibles avec la production de voyelles suffisamment variées et distinctes pour constituer les bases sonores d’un langage parlé. La descente du larynx ne semble donc pas constituer un marqueur fiable de l’émergence de la capacité physique à parler au cours de l’évolution humaine, et le mystère reste entier.</p> <p>Pour tenter de le percer, notre projet <a href="https://iscd.sorbonne-universite.fr/research/sponsored-junior-teams/origins-of-speech/">« Origins of Speech »</a>, s’est proposé d’élaborer des modèles biomécaniques de langue d’humains fossiles.</p> <p>Un modèle biomécanique est un modèle numérique, sur ordinateur, qui représente une partie du corps humain, avec son anatomie, ses structures osseuses, ses tissus mous, ses muscles, et est capable de rendre compte des mécanismes physiques qui régissent leurs mouvements et leurs déformations sous l’action d’activations musculaires. Pour la langue, de tels modèles permettent d’étudier comment les muscles linguaux influencent la forme et la position de la langue dans la bouche. Ainsi, pour les fossiles, ces modèles offriraient la possibilité d’étudier, quantitativement et systématiquement, leur capacité à produire des sons de parole.</p> <h3>Prédire la langue des humains fossiles à partir des os de la tête</h3> <p>Mais sur quoi s’appuyer pour élaborer de tels modèles ? Aucune donnée anatomique n’existe. En effet, les tissus mous de langue, des parois de la bouche, et du visage ne fossilisent pas. Seuls restent les os, plus ou moins abîmés par les sévices du temps.</p> <p>C’est l’idée originale de notre projet, présentée dans <a href="https://journals.plos.org/ploscompbiol/article?id=10.1371/journal.pcbi.1011808">notre article récent</a> publié dans le journal <em>PLoS Computational Biology</em> porté par les jeunes chercheurs de notre équipe, Pablo Alvarez, Marouane El Mouss et Maxime Calka.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/590916/original/file-20240429-20-zn36pe.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/590916/original/file-20240429-20-zn36pe.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /></a><em><span>Processus permettant la génération d’un modèle biomécanique de langue de babouin par la transformation d’un modèle de référence élaboré sur un humain actuel. Cette transformation s’appuie sur la modélisation mathématique des différences morphologiques entre les structures osseuses crâniennes de l’humain actuel et du babouin.</span> <span><span>Fourni par l'auteur</span></span></em></h4> <p>Elle consiste à exploiter les structures osseuses fossilisées pour prédire la forme et l’anatomie de la langue de ces humains disparus. Pour cela, nous utilisons comme référence le modèle biomécanique de langue d’un humain vivant, que nous avons soigneusement conçu dans nos laboratoires grenoblois GIPSA-lab et TIMC au cours de près de 3 décennies de recherches coordonnées.</p> <p>Ce modèle rend compte fidèlement de la morphologie de la langue, de ses structures musculaires, des caractéristiques mécaniques de ses tissus mous, et de ses interactions mécaniques avec la mandibule, le palais et l’os hyoïde, un petit os mobile qui relie la langue… au larynx.</p> <h4 style="text-align: center;"><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Pz0A5HTYFeM?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe><em><span>Modèle de langue TIMC et Gipsa lab Grenoble.</span></em></h4> <p>C’est en modifiant la géométrie du modèle de référence que nous générerons des modèles biomécaniques pour les langues fossiles. Pour cela, en nous appuyant sur des outils mathématiques combinant des transformations géométriques complexes, nous déterminons tout d’abord la transformation géométrique optimale qui permet de passer de la géométrie du crâne et de la mandibule de l’humain actuel à celle du crâne et de la mandibule de l’humain fossile.</p> <p>Puis nous appliquons cette transformation géométrique au modèle de langue du premier pour le déformer et en faire un modèle de langue pour le second, avec sa forme spécifique, ses structures musculaires, et ses interactions avec la mandibule, le palais et l’os hyoïde…</p> <p>Mais dans quelle mesure peut-on faire confiance à une transformation géométrique basée sur les structures osseuses pour prédire les tissus mous de la langue ? Pour répondre à cette question, cruciale pour valider la méthode, nous avons choisi d’évaluer leur méthode sur la génération d’un modèle biomécanique de langue de babouin, un primate non-humain dont la morphologie de la tête est très différente de celle d’un Homo Sapiens.</p> <p>Notre hypothèse en la matière consiste à dire que si cette méthode marche pour un tel primate, alors il est vraisemblable qu’elle sera fiable pour la prédiction de la langue de tous les humains fossiles dont les crânes sont moins différents de celui d’un Homo Sapiens, que ne l’est celui d’un babouin.Nous avons alors généré deux modèles de langue de babouin. Le premier a été conçu en utilisant une transformation géométrique optimale déterminée en prenant en compte les structures osseuses et les tissus mous de la tête. Comme on peut s’y attendre, la complétude des informations morphologiques prises en compte permet d’obtenir un modèle qui décrit avec une grande précision la morphologie de la langue du babouin.</p> <p>Puis nous avons généré un second modèle, en déterminant la transformation géométrique optimale sur la seule base des informations sur les structures osseuses, ignorant celles sur les tissus mous. Ce second modèle s’est avéré être très proche du premier et la fiabilité de cette prédiction a été validée par des outils statistiques de quantification des incertitudes développés par Anca Belme à l’Institut Jean Le Rond d’Alembert de Sorbonne Université. Nous avons alors pu conclure que notre méthode est fiable pour générer, à partir des seules structures osseuses, des modèles biomécaniques réalistes pour les langues de primates, qu’ils soient humains ou non humains, qu’ils soient vivants ou (bientôt car les analyses sont en cours) fossiles.</p> <p>C’est en exploitant cette méthode, que nous travaillons actuellement à la génération de modèles biomécaniques de la langue d’humains fossiles, tels que les <em>Homo Heidelbergensis</em> connus en Europe à partir de 600 000 ans ou les Néandertaliens de 70-50 000 ans, à partir respectivement des ossements d’Arago 21 (grotte à proximité de Perpignan) et de ceux de La Ferrassie 1 en Dordogne. Notre but est d’explorer systématiquement les conséquences des activations des muscles de la langue dans ces modèles, d’observer le spectre des formes de la bouche qui peuvent ainsi être générées et d’analyser les caractéristiques des sons qui seraient ainsi produits par les fossiles, en faisant l’hypothèse qu’ils possédaient des cordes vocales et des capacités pulmonaires similaires à celles des Homo Sapiens. Il sera aussi possible de tester quantitativement, en jouant sur la position de l’os hyoïde, connecté au larynx, dans quelle mesure la position, plus ou moins haute, du larynx est susceptible d’influencer la richesse des formes de bouches et des sons produits.</p> <p>C’est la méthodologie de recherche que nous avons choisie pour percer le mystère de l’émergence au cours de l’évolution humaine de la capacité à produire avec la bouche des sons suffisamment variés pour constituer la base d’un langage utilisant l’acoustique pour véhiculer des idées entre congénères…<img src="https://counter.theconversation.com/content/226977/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/pascal-perrier-1528361">Pascal Perrier</a>, Professeur en Mathématiques du Signal - Modèles biomécaniques orofociaux - Modèlisation du contrôle moteur de la production de la parole, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/institut-polytechnique-de-grenoble-grenoble-inp-2428">Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/amelie-vialet-1528373">Amélie Vialet</a>, Maître de conférences en paléoanthropologie, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/museum-national-dhistoire-naturelle-mnhn-2191">Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/yohan-payan-1528354">Yohan Payan</a>, Chercheur en biomécanique des tissus mous, laboratoire TIMC (CNRS, Univ. Grenoble Alpes), <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279">Université Grenoble Alpes (UGA)</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/emergence-du-langage-dans-levolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees-226977">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'emergence-du-langage-dans-l-evolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 8, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/emergence-du-langage-dans-levolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees-226977', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 10, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical, qui estime non seulement que la description des climats de la Terre peut se résumer à des impressions subjectives, mais qu’en plus ces climats peuvent être soumis à la seule volonté humaine.', 'subtitle_edition' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. Pour la première fois, les juges laissent libre cours au développement d’une sorte de solipsisme radical.', 'content' => '<p style="text-align: center;">Dr <strong>Eric Verrecchia</strong>, biogéochimiste</p> <hr /> <p>Ce solipsisme contribue à la construction d’une illusion de masse encouragée par la substitution de modèles numériques virtuels à la réalité du monde. Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. 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Marta Czarska
Le 13 octobre… Je ne suis pas superstitieuse, mais je suis contente que ce ne soit pas un vendredi, mais un dimanche. Le dimanche des votations parlementaires en Pologne. Ce jour-là, le peuple polonais montrera s’il veut continuer à voir la Pologne péricliter en laissant le pouvoir au PiS (parti «Droit et justice») ou s’il veut arrêter la destruction de tous les acquis d’après 1989.
Vous croyez que j’exagère? Peut-être. Mais peut-être que non. Depuis 2015 et l’arrivée au pouvoir du parti de Jarosław Kaczynski, le «bon changement» va bon train.
Avant les votations de 2015, Gazeta Wyborcza (GW – littéralement «Journal électoral», créé en 1989), qui finit par devenir le principal journal d’opposition, prévenait ses lecteurs de ce qui arriverait si le PiS obtenait la majorité et donc le gouvernement. Mise sous tutelle du Tribunal Constitutionnel, des services spéciaux, de la Commission nationale électorale, destruction des services civils, violations de la Constitution, destruction de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance des tribunaux, prise de contrôle des médias publics et attaque contre les médias privés, prise de contrôle par le parti du Ministère public, de l’administration publique, etc. Il mettait aussi en garde contre l’euroscepticisme du PiS, qui provoquerait des conflits avec l’UE et l’isolation de la Pologne sur le plan international. Mais les Polonais ont voté sur la base des promesses électorales populistes, le PiS a eu carte blanche et les sombres prévisions de GW sont devenues réalité.
Tour d'horizon d'une débâcle annoncée
Aujourd’hui, quatre ans plus tard, le bilan parle de lui-même. Je ne m’étendrai pas sur la situation des tribunaux, ou la «déforme» de l’éducation, ni sur la réécriture de l’histoire glorieuse de la Pologne et de ses héros, ni sur la lamentable situation des médias publics. Concentrons-nous sur la politique nataliste, la santé, les droits des femmes et les dangers de la différence:
La seule promesse que l’on pourrait qualifier de positive, l’allocation pour enfant appelée «500+», a bel et bien été réalisée. Tout d’abord à partir du deuxième enfant, afin d’encourager la procréation – y compris par un spot du Ministère de la Santé mettant en scène des lapins – puis dès le 1er enfant ce printemps. Le résultat? Le nombre des naissances n’a pas augmenté, contrairement à la consommation d’alcool...
Les familles «500+» sont contentes, elles iront voter pour le PiS, puisque c’est le seul parti qui «donne». Personne n’a pris la peine de leur expliquer que l’argent distribué doit bien provenir de quelque part et que c’est leurs enfants qui paieront la facture…
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Des lapins et des hommes dans le spot du Ministère de la Santé. © DR
Parmi les autres promesses électorales, il y avait la plus que nécessaire réforme du système de santé. Le PiS avait promis la fin des interminables files d’attentes chez les spécialistes, une modernisation des services, la gratuité des médicaments pour les seniors. Aujourd’hui, on attend en moyenne entre quatre mois et deux ans pour une consultation dans certains cas, comme chez un endocrinologue. Aux urgences, il arrive d’attendre cinq jours pour une prise en charge… Les histoires de décès pour soins tardifs se multiplient. En 2018, les pharmacies ont connu une crise: rupture de stock d’une centaine de médicaments, dont des produits soignant des maladies courantes comme le diabète ou les troubles endocriniens. Mon amie Karolina, qui a un bon job dans une grande corporation, et donc un bon salaire, va se faire soigner dans un cabinet privé où elle obtient un rendez-vous dans la semaine. Mon amie Kasia, étudiante avec un petit boulot à temps partiel, dépend exclusivement des services médicaux publics: en cas de crise, elle prend son mal en patience… Ma grande-tante a de la chance: elle n’a pas d’argent, mais sa fille est infirmière dans un bon hôpital à Varsovie, elle peut donc se faire soigner grâce aux bonnes relations. Pour l’égalité de traitement, on repassera. Mais le PiS promet à nouveau des soins de santé gratuits pour tous. Difficile à réaliser sans infrastructures et personnel soignant, sachant qu’il manque 30 à 50'000 médecins en Pologne et que les jeunes diplômés n’ont qu’une idée, celle de partir à l’étranger. Et encore, pour la petite histoire: un projet social de contrôles préventifs pour les seniors de plus de 70 ans vient d’être refusé par le Ministère de la Santé, car le risque de détecter des maladies serait trop grand et aurait encore rallongé les files d’attentes pour les soins.
Comme un goût amer de passéisme...
La politique du gouvernement actuel est simple: elle se fonde sur la famille. Cette vrai famille formée d’un homme et d’une femme (de préférence mariés, à l’église, bien sûr) et des enfants (biologiques, mais les enfants adoptés sont tolérés). Dans cette famille nucléaire, la femme est faible, dépendante de l’homme, et elle ne travaille pas la plupart du temps. Il lui est donc difficile de quitter le foyer, même en cas de violence conjugale. L’homme de cette famille est lui aussi affaibli de par son rôle de père nourricier. L’avantage c’est que, préoccupé par le besoin de faire vivre femme et enfants, il ne pense pas à se rebeller. Encore moins si l’État lui donne de l’argent. Si le PiS gagne à nouveau, il continuera à affaiblir les femmes et à restreindre leurs droits. Suivant la ligne dictée par sa grande alliée, l’Église catholique.
C’est ainsi que les femmes ne sont plus des êtres humains à part entière, mais des incubateurs. La grossesse est plus importante que la femme. L’embryon plus important que celle qui le porte. En Pologne, on ne peut plus acheter la pilule du lendemain sans ordonnance. Et pour trouver un médecin qui veuille bien le faire, mieux vaut vivre dans une grande ville avec un réseau de femmes qui connaissent les bonnes adresses. En effet, malgré les recommandations de la Commission européenne et les pratiques des autres pays de l’EU, le gouvernement polonais a estimé que la pilule ellaOne est malsaine, provoque des fausses-couches et encourage la promiscuité. Pour l’instant, la contraception hormonale classique et d’urgence est encore légale. Mais le restera-t-elle? Le PiS voudrait aussi restreindre les contrôles prénataux, car il estime que ce type d’examen du fœtus est lié à l’avortement. En effet, le médecin peut découvrir des malformations et la mère décider d’interrompre la grossesse.
Les femmes au front
En Pologne, l’avortement n’est autorisé qu’en trois situations: malformation ou maladie incurable du fœtus, grossesse à la suite de viol ou d’inceste, danger pour la vie de la mère. Dès le mois de mars 2016, une fondation pro-life a déposé à la Diète (chambre basse du Parlement, dotée du pouvoir législatif) un projet d’interdiction totale de l’avortement qui prévoyait également de punir tant le médecin qui l’aurait exécuté, que la femme qui l’aurait décidé. À la suite des manifestations en masse des femmes (plus de 140 rassemblements dans tout le pays) le projet a heureusement été enterré. Mais en 2017, Kaja Godek, de la fondation Vie et famille, a déposé un autre projet, plus tolérant, qui voulait «seulement» interdire l’avortement en cas de malformation du fœtus. Elle-même mère d’un enfant handicapé, elle défend la vie à tout prix. 55'000 femmes se sont mobilisées le 23 mars 2018 lors du «vendredi noir» et ce projet aussi est passé à la trappe. Selon les résultats des votations de dimanche prochain, il pourrait cependant refaire surface.
Les femmes représentent la moitié de la population. Elles ont donc encore une certaine importance. On peut difficilement les qualifier de minorité, et pourtant leur situation est loin d’être enviable.
Qu’en est-il des «vraies» minorités?
En ce qui concerne les personnes LGTB, laissez-moi vous renvoyer à l’excellent article d’Anna C. Zielinska publié en juillet dernier. Dans le programme électoral du PiS, on peut y lire: «Nous comprenons et acceptons les minorités, qui ont le droit au respect de leur différence. Nous considérons cependant que l’exercice de ces droits ne doit pas se faire en violation de la Constitution et être dirigé contre la majorité, à qui on essaie d’imposer un constructivisme social. La liberté de chacun ne doit pas entraver la liberté d’autrui et ne doit pas être utilisée contre la société et l’ordre moral.»
Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris mais, en résumé, les minorités ont le droit d’exister tant qu’elles restent invisibles. La peur de l’inconnu est passée par là.
Après les votations, il est prévu que le Parlement se penche sur un projet de loi qui envisage une peine de prison «pour éducation sexuelle». Oui, vous avez bien lu. L’éducation sexuelle serait une stratégie du «lobby LBGT» qui lui permettrait de mettre en œuvre des buts politiques radicaux! Expliquer aux enfants et adolescents le fonctionnement des organes génitaux, la reproduction, leur parler de contraception serait un complot dirigé contre la majorité hétérosexuelle afin de convertir tout ce petit monde à l’homosexualité. Mais la peur de la différence en Pologne va bien au-delà. Le rédacteur en chef de Gazeta Wyborcza, Jarosław Kurski, écrivait récemment: «Dans l’État du PiS, la haine peut toucher tout le monde, tant les individus que les groupes professionnels ou sociaux. Owsiak [directeur de la plus grande organisation caritative athée de Pologne], Wałęsa, Broniarz [enseignant, chef du syndicat des enseignants], Timmermans, Merkel, les médecins-résidents, les handicapés, les enseignants, les juges, les réfugiés, les LGBT+ et autres minorités, les activistes du KOD [Comité de défense de la démocratie], l’opposition, les libéraux, l’intelligentsia, les journalistes indépendants, les historiens, les catholiques tolérants – c’est une liste sans fin.»
Aux urnes citoyens!
C’est la plus triste des réalités. Le langage de la haine qui s’est mis en place au cours des dernières années est partout. Une de ses victimes tristement célèbre est le président de la ville de Gdansk, Paweł Adamowicz, poignardé le 13 janvier dernier, lors de la finale du WOŚP, la grande fête caritative organisée par Jerzy Owsiak.
Moi, j’ai de la chance. Je vis en Suisse depuis l’âge de 9 ans. J’ai grandi à Bienne, ville multiculturelle par excellence. J’ai ensuite vécu une vingtaine d’années à Genève, l’internationale. J’ai l’habitude d’entendre parler toutes sortes de langues autour de moi, de voir des visages de diverses couleurs, des habits plus ou moins exotiques. Malgré toutes ces années, je continue à rouler les «r» , mais personne ne me fait de remarque désobligeante à ce sujet. Vous pensez que la Suisse est intolérante? Allez donc vivre, comme je l’ai fait, neuf mois à Varsovie… Le choc du quotidien m’a fait revenir à Bienne. Et pourtant je suis une femme blanche, hétérosexuelle, assez «normale» à première vue.
Dimanche 13 octobre, j’irai voter à l’ambassade de Pologne, à Berne. Car je ne veux plus du PiS, je ne veux plus avoir honte de dire que je suis polonaise. J’aime mon pays d’accueil, j’aime aussi mon pays d’origine. Mais pas celui qui existe depuis quatre ans. Pas celui qu’il deviendra, si on laisse le gouvernement actuel au pouvoir. Pas celui où le mot «multi-kulti» est une insulte.
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L'homophobie est un réflexe biologique normal - Rafał Betlejewski, traduit par Marta Czarska
Derrière la force du film, la dure réalité du journalisme polonais - Rafał Betlejewski, traduit par Marta Czarska
120 minutes qui ébranlent la Pologne - Johanna Castellanos Dubuis
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Nos travaux visent à contribuer à ces débats, en étudiant si les capacités des hominines fossiles (les Néandertaliens qui sont proches de nous comme leurs ancêtres, les H. heidelbergensis datant de 500 000 ans voire les Australopithèques qui sont beaucoup plus anciens et appartiennent à un autre genre) leur permettaient d’articuler suffisamment de sons distinctifs pour constituer la base du langage parlé.</p> <h3>Depuis quand peut-on articuler ?</h3> <p>Sur le plan physique, c’est l’usage de la bouche qui est au cœur de la capacité à parler. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=XVE4B6TxlfM">Le célèbre ethnologue français André Leroi-Gourhan</a> (1911-1986) voyait dans le passage de la quadrupédie à la bipédie une étape essentielle dans l’émergence du langage parlé : permettant l’usage de la main pour des gestes de préhension jusqu’alors effectués par la bouche, la bipédie a « libéré » la mandibule, les lèvres et la langue pour leur permettre d’exécuter un répertoire gestuel riche et structuré, capable de transmettre le langage via le son.</p> <p>Quand est apparue la capacité physique à articuler des sons distinctifs ? C’est lorsque l’ensemble de cartilages marqué par la pomme d’Adam, qu’on appelle le larynx, est suffisamment descendu dans le cou, répondit le <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.164.3884.1185">chercheur américain Philip Lieberman</a> (1934-2022) dans le journal Science en 1969. Cette descente du larynx aurait, selon lui, offert à la langue un espace vertical nouveau, suffisamment large pour qu’elle puisse se déformer, se bomber ou s’aplatir pour générer une variété de formes et de sons appropriée à la richesse combinatoire du langage.</p> <p>Cette hypothèse, qui a fonctionné pendant plusieurs décennies, en sclérosant quelque peu la recherche dans ce domaine, a depuis lors été fortement contestée. Le chercheur <a href="https://theconversation.com/la-parole-ne-serait-pas-apparue-avec-homo-sapiens-et-ce-sont-les-singes-qui-nous-le-disent-128708">Louis-Jean Boë et ses collègues</a> ont en effet montré que les cris de babouins, dont le larynx est élevé et la langue plate, contiennent des sons proches du « a », du « ou » et du « i », les trois voyelles qui constituent la base fondamentale des systèmes vocaliques des langues du monde.</p> <p>De même, Fitch, pourtant disciple de Lieberman, et ses collègues, <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.1600723">dans un article paru dans <em>Science Advances</em> en 2016</a>, ont montré, à partir de radiographies de la gueule de macaques au cours de la déglutition, que malgré leur larynx élevé, ces primates pouvaient générer des formes de langue compatibles avec la production de voyelles suffisamment variées et distinctes pour constituer les bases sonores d’un langage parlé. La descente du larynx ne semble donc pas constituer un marqueur fiable de l’émergence de la capacité physique à parler au cours de l’évolution humaine, et le mystère reste entier.</p> <p>Pour tenter de le percer, notre projet <a href="https://iscd.sorbonne-universite.fr/research/sponsored-junior-teams/origins-of-speech/">« Origins of Speech »</a>, s’est proposé d’élaborer des modèles biomécaniques de langue d’humains fossiles.</p> <p>Un modèle biomécanique est un modèle numérique, sur ordinateur, qui représente une partie du corps humain, avec son anatomie, ses structures osseuses, ses tissus mous, ses muscles, et est capable de rendre compte des mécanismes physiques qui régissent leurs mouvements et leurs déformations sous l’action d’activations musculaires. Pour la langue, de tels modèles permettent d’étudier comment les muscles linguaux influencent la forme et la position de la langue dans la bouche. Ainsi, pour les fossiles, ces modèles offriraient la possibilité d’étudier, quantitativement et systématiquement, leur capacité à produire des sons de parole.</p> <h3>Prédire la langue des humains fossiles à partir des os de la tête</h3> <p>Mais sur quoi s’appuyer pour élaborer de tels modèles ? Aucune donnée anatomique n’existe. En effet, les tissus mous de langue, des parois de la bouche, et du visage ne fossilisent pas. Seuls restent les os, plus ou moins abîmés par les sévices du temps.</p> <p>C’est l’idée originale de notre projet, présentée dans <a href="https://journals.plos.org/ploscompbiol/article?id=10.1371/journal.pcbi.1011808">notre article récent</a> publié dans le journal <em>PLoS Computational Biology</em> porté par les jeunes chercheurs de notre équipe, Pablo Alvarez, Marouane El Mouss et Maxime Calka.</p> <h4><a href="https://images.theconversation.com/files/590916/original/file-20240429-20-zn36pe.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/590916/original/file-20240429-20-zn36pe.png?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="" /></a><em><span>Processus permettant la génération d’un modèle biomécanique de langue de babouin par la transformation d’un modèle de référence élaboré sur un humain actuel. Cette transformation s’appuie sur la modélisation mathématique des différences morphologiques entre les structures osseuses crâniennes de l’humain actuel et du babouin.</span> <span><span>Fourni par l'auteur</span></span></em></h4> <p>Elle consiste à exploiter les structures osseuses fossilisées pour prédire la forme et l’anatomie de la langue de ces humains disparus. Pour cela, nous utilisons comme référence le modèle biomécanique de langue d’un humain vivant, que nous avons soigneusement conçu dans nos laboratoires grenoblois GIPSA-lab et TIMC au cours de près de 3 décennies de recherches coordonnées.</p> <p>Ce modèle rend compte fidèlement de la morphologie de la langue, de ses structures musculaires, des caractéristiques mécaniques de ses tissus mous, et de ses interactions mécaniques avec la mandibule, le palais et l’os hyoïde, un petit os mobile qui relie la langue… au larynx.</p> <h4 style="text-align: center;"><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Pz0A5HTYFeM?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe><em><span>Modèle de langue TIMC et Gipsa lab Grenoble.</span></em></h4> <p>C’est en modifiant la géométrie du modèle de référence que nous générerons des modèles biomécaniques pour les langues fossiles. Pour cela, en nous appuyant sur des outils mathématiques combinant des transformations géométriques complexes, nous déterminons tout d’abord la transformation géométrique optimale qui permet de passer de la géométrie du crâne et de la mandibule de l’humain actuel à celle du crâne et de la mandibule de l’humain fossile.</p> <p>Puis nous appliquons cette transformation géométrique au modèle de langue du premier pour le déformer et en faire un modèle de langue pour le second, avec sa forme spécifique, ses structures musculaires, et ses interactions avec la mandibule, le palais et l’os hyoïde…</p> <p>Mais dans quelle mesure peut-on faire confiance à une transformation géométrique basée sur les structures osseuses pour prédire les tissus mous de la langue ? Pour répondre à cette question, cruciale pour valider la méthode, nous avons choisi d’évaluer leur méthode sur la génération d’un modèle biomécanique de langue de babouin, un primate non-humain dont la morphologie de la tête est très différente de celle d’un Homo Sapiens.</p> <p>Notre hypothèse en la matière consiste à dire que si cette méthode marche pour un tel primate, alors il est vraisemblable qu’elle sera fiable pour la prédiction de la langue de tous les humains fossiles dont les crânes sont moins différents de celui d’un Homo Sapiens, que ne l’est celui d’un babouin.Nous avons alors généré deux modèles de langue de babouin. Le premier a été conçu en utilisant une transformation géométrique optimale déterminée en prenant en compte les structures osseuses et les tissus mous de la tête. Comme on peut s’y attendre, la complétude des informations morphologiques prises en compte permet d’obtenir un modèle qui décrit avec une grande précision la morphologie de la langue du babouin.</p> <p>Puis nous avons généré un second modèle, en déterminant la transformation géométrique optimale sur la seule base des informations sur les structures osseuses, ignorant celles sur les tissus mous. Ce second modèle s’est avéré être très proche du premier et la fiabilité de cette prédiction a été validée par des outils statistiques de quantification des incertitudes développés par Anca Belme à l’Institut Jean Le Rond d’Alembert de Sorbonne Université. Nous avons alors pu conclure que notre méthode est fiable pour générer, à partir des seules structures osseuses, des modèles biomécaniques réalistes pour les langues de primates, qu’ils soient humains ou non humains, qu’ils soient vivants ou (bientôt car les analyses sont en cours) fossiles.</p> <p>C’est en exploitant cette méthode, que nous travaillons actuellement à la génération de modèles biomécaniques de la langue d’humains fossiles, tels que les <em>Homo Heidelbergensis</em> connus en Europe à partir de 600 000 ans ou les Néandertaliens de 70-50 000 ans, à partir respectivement des ossements d’Arago 21 (grotte à proximité de Perpignan) et de ceux de La Ferrassie 1 en Dordogne. Notre but est d’explorer systématiquement les conséquences des activations des muscles de la langue dans ces modèles, d’observer le spectre des formes de la bouche qui peuvent ainsi être générées et d’analyser les caractéristiques des sons qui seraient ainsi produits par les fossiles, en faisant l’hypothèse qu’ils possédaient des cordes vocales et des capacités pulmonaires similaires à celles des Homo Sapiens. Il sera aussi possible de tester quantitativement, en jouant sur la position de l’os hyoïde, connecté au larynx, dans quelle mesure la position, plus ou moins haute, du larynx est susceptible d’influencer la richesse des formes de bouches et des sons produits.</p> <p>C’est la méthodologie de recherche que nous avons choisie pour percer le mystère de l’émergence au cours de l’évolution humaine de la capacité à produire avec la bouche des sons suffisamment variés pour constituer la base d’un langage utilisant l’acoustique pour véhiculer des idées entre congénères…<img src="https://counter.theconversation.com/content/226977/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/pascal-perrier-1528361">Pascal Perrier</a>, Professeur en Mathématiques du Signal - Modèles biomécaniques orofociaux - Modèlisation du contrôle moteur de la production de la parole, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/institut-polytechnique-de-grenoble-grenoble-inp-2428">Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/amelie-vialet-1528373">Amélie Vialet</a>, Maître de conférences en paléoanthropologie, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/museum-national-dhistoire-naturelle-mnhn-2191">Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/yohan-payan-1528354">Yohan Payan</a>, Chercheur en biomécanique des tissus mous, laboratoire TIMC (CNRS, Univ. 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Lire l’<a href="https://theconversation.com/emergence-du-langage-dans-levolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees-226977">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'emergence-du-langage-dans-l-evolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 8, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/emergence-du-langage-dans-levolution-humaine-des-chercheurs-font-parler-les-structures-osseuses-fossilisees-226977', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 10, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. 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Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 52, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.', 'subtitle_edition' => 'Le site Infosperber a publié provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.', 'content' => '<p style="text-align: justify;"><span>Ces derniers temps, la majorité bourgeoise a pris un cap discutable en matière de politique nationale : de plus en plus souvent, elle plie à sa volonté les plébiscites et les décisions démocratiques qui ne lui conviennent pas - au besoin contre les règles de procédure établies, la Constitution fédérale et la volonté du peuple. Oui à la démocratie - mais seulement au cas par cas ? 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Elle sert à préparer le terrain pour pouvoir attaquer plus tard les verdicts démocratiques au Parlement, à justifier les manœuvres douteuses du point de vue de la politique nationale ainsi que les atermoiements juridiques nécessaires et à leur donner une apparence de légitimité.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Une évolution inquiétante</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Les six décisions prises récemment par le Conseil des États et le Conseil national illustrent ce que l'on entend par là. Il y a un an, le Parlement bourgeois a permis au Conseil fédéral, dans le cadre d'une procédure sans précédent, de signer le contrat d'achat des avions de combat F-35, alors qu'une initiative populaire était en suspens. 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Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. 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Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p> <hr /> <p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-democratie-oui-si-elle-convient', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 53, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 6071, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Varsovie - Vieille ville et skyline.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 103961, 'md5' => 'be3206b101a50bcf3855cf4f46f42a7d', 'width' => (int) 960, 'height' => (int) 720, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'La vieille ville de Varsovie.', 'author' => '', 'copyright' => '© Marta Czarska', 'path' => '1570734329_varsovievieillevilleetskyline.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 2139, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner l'issue des élections législatives polonaises après une campagne dure voire hargneuse. 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@Syndic 03.11.2019 | 15h41
«Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner l'issue des élections législatives polonaises après une campagne dure voire hargneuse. Un résultat sans appel qui sanctionne notamment une opposition centriste libérale ko debout, qui devra vraiment faire son introspection. Elle qui a eu pour seule politique pendant la précédente législature "l'opposition totale" sans rien proposer de concret. Une opposition libérale amorphe et sans idées qui s'est perdue en querelles de clocher, nouant des coalitions au dernier moment. Le parti "Droit et Justice" (PIS), conservateur, nationaliste et eurosceptique sort vainqueur de ces élections, On l'apprécie ou non mais force est de constater que ce parti adepte de la démocratie illibérale respecte une discipline de fer, en ordre de marche derrière son leader incontesté, M. Jarosław Kaczynski. Au cours de la campagne, le PIS a toujours eu un coup d'avance et surtout des idées, dont un programme social fort, soutenu par l'Église catholique de Pologne, elle aussi très conservatrice. Un PIS au pouvoir depuis quatre ans avec une majorité absolue, détenant de ce fait tous les leviers du pouvoir, en ayant les médias nationaux à disposition et aussi les leviers monétaires et économiques. Mais l'essentiel est ailleurs. La botte secrète du PIS est à mon sens d'avoir anticipé en formant depuis quatre ans une relève politique formée de jeunes loups redoutablement efficaces. Une relève qui s'en est allée depuis plusieurs mois battre la campagne en délivrant le message du parti dans les zones les plus reculées et les moins favorisées du pays alors que l'opposition centriste libérale était " aux fraises" et ne voyait rien venir. On aime ou on n'aime pas ... mais ce rouleau compresseur a laminé cette opposition sans âme, divisée et timorée. Une opposition centriste libérale qui n' a pas su former la relève et qui n'a pas vu ou voulu voir arriver le puck. Il y a là des leçons qui doivent être tirées dans le camp des perdants. A noter le retour des gauches dont les sociaux-démocrates dans le paysage politique polonais après une éclipse parlementaire de quatre ans. C'est une bonne nouvelle et c'est sain pour la démocratie. La question de savoir si le PIS disposera de la majorité absolue à la chambre basse, la Diète (Sejm) semble être tranchée. S'agissant du Sénat, les partis d'opposition ont repris la majorité à deux voix d'écart, ce qui promet une législature mouvementée. Au plan des nouvelles moins réjouissantes, l'arrivée d'une extrême droite ultranationaliste constitue un signal qui doit être pris en compte avec attention pour éviter des lendemains qui déchantent. Le climat politique tel qu'il se caractérise à l'issue de ces législatives laisse donc augurer des temps agités au moment de l'élection présidentielle de 2020, ce d'autant que si l'on fait le décompte de toutes les voix obtenues dimanche par l'ensemble des partis d'opposition, on s'aperçoit qu'ils dépassent le PIS en terme de suffrages obtenus. Curieusement pourtant, le PIS conforte sa position, restant majoritaire en termes de sièges obtenus en vertu d'un mode de calcul assez byzantin dont la logique échappe au commun des mortels ...
Affaire à suivre donc ...
Claude Bonard»