Actuel / Les grandes universités américaines privilégient les étudiants les plus riches
Bâtiments de la faculté de droit de l'université Yale (Connecticut). © Nick Allen - CC BY-SA 3.0
La Cour Suprême des Etats Unis a décrété fin juin dernier que la discrimination positive basée sur la couleur de la peau, pratiquée dans les universités, est contraire à la Constitution. Beaucoup pensent que ceci permettra un recrutement plus juste. Une étude parue fin juillet démontre cependant que les enfants des familles les plus aisées du pays ont largement plus de chances d'entrer dans les grandes universités privées. Ce qui contribue de manière déterminante au maintien des plus riches à des postes clé, perpétuant ainsi leurs privilèges à travers les générations.
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Ces douze universités sont parmi les meilleures au monde. Elles accueillent moins de 0,5% des étudiants du système universitaire américain, mais elles ont par exemple formé plus de 10% des CEO qui paraissent dans le classement Fortune 500, un quart des membres du Sénat américain, ainsi que trois-quarts des juges de la Cour Suprême des cinquante dernières années. Contrairement à des universités publiques renommées comme l’Université de Californie à Berkeley, les universités Ivy-Plus privilégient fortement les enfants des familles les plus aisées.</p> <h3>Les résultats de l'étude</h3> <p>Pour comprendre les résultats de l’étude il faut se souvenir que, contrairement à ce qui se passe en Suisse, aux Etats-Unis il ne suffit pas d’avoir complété les études secondaires pour pouvoir s’inscrire dans l’université de son choix. L’admission se fait suite à un processus de sélection, qui se base sur les résultats obtenus à des tests standardisés. Tous les ans plus d’un million et demi de jeunes passent un examen pour obtenir une évaluation ACT, et un nombre équivalent passe le test SAT. Les résultats de ces tests, plus la moyenne des notes obtenues pendant les études secondaires (GPA score) décrivent leur qualité académique.</p> <p>L’étude montre qu’à qualité académique équivalente les enfants du 1% des familles les plus riches ont deux fois plus de chances d’entrer dans les universités «Ivy-Plus» que les enfants des familles de la classe moyenne. Pour figurer parmi les 1% les plus riches, une famille doit avoir plus de 611’000 dollars de revenus par an. La classe moyenne est composée de familles avec des revenus annuels entre 83'000 et 116'000 dollars. Les enfants des familles les plus riches ont – dans le système éducatif américain – plus de facilité à obtenir de bons résultats scolaires et plus de chance de réussir les tests, mais ce n’est pas de ça qu’il s’agit dans l’étude en question. En plus de ces avantages initiaux, le processus de sélection renforce la discrimination basée sur la richesse.</p> <h3>Trois pratiques de sélection</h3> <p>Il serait faux de penser que le universités Ivy-Plus privilégient tout simplement les étudiants les plus riches directement sur la base des revenus de leurs familles. Ce sont en fait trois pratiques de sélection fondées sur d’autres principes qui portent à la discrimination mise en évidence.</p> <p>Les universités américaines, et surtout les universités privées, accordent une grande importance à leurs anciens et anciennes élèves, qui sont souvent aussi parmi leurs soutiens financiers les plus généreux. L’idée de base que la relation entre une institution et ses diplômés ne s’interrompe pas après la fin des études est appréciable. Cela contribue à faire lien. Les diplômées et diplômés aident par exemple à faire connaître les formations de leurs universités auprès des éventuels futurs étudiants, et leurs soutiens financiers servent souvent à financer des bourses pour des jeunes qui n’auraient pas les moyens de payer les coûts de scolarité exorbitants demandés. Il est donc assez naturel que beaucoup d’universités donnent une préférence aux enfants d’anciens élèves ou de donnateurs. Cette pratique s’appelle «<em>legacy admission</em>». Elle explique 46% des avantages dont bénéficient les 1% les plus riches.</p> <p>Une autre pratique est celle qui consiste à privilégier les étudiants et étudiantes qui pourraient renforcer les équipes sportives des universités. Vu la popularité de sports comme le basketball ou le football américain, on a du mal à s’imaginer que des enfants de riches puissent tirer un avantage systématique du recrutement d’athlètes dans les équipes universitaires. De plus, les universités Ivy-Plus ne sont pas celles avec les équipes les plus fortes dans ces sports populaires. Le mystère se dissipe lorsqu’on prend en compte des sports comme l’escrime, le tennis, ou la rame. La priorité accordée au recrutement d’athlètes d’élite explique 24% des avantages dont bénéficient les enfants des plus riches.</p> <p>La troisième pratique déterminante est celle d’accorder une importance aux qualités non-académiques. C’est à ce niveau que l’environnement fourni par les écoles secondaires fréquentées par les jeunes des familles les plus aisées joue un rôle. Ces écoles proposent davantage d’activités extra-scolaires, offrent un encadrement plus serré, et s’occupent d’accompagner leurs élèves dans le passage vers l’enseignement supérieur, par exemple en rédigeant des lettres de présentation personnalisées. Ce vernis non-académique dont bénéficient les dossiers du 1% les plus riches explique 30% de leur avantage sur les étudiantes et les étudiants avec un bas revenu.</p> <h3>Comment diminuer les inégalités</h3> <p>Plusieurs universités américaines avaient abandonné la discrimination positive avant qu’elle ne soit condamnée par la Cour Suprême, tout en mettant en place des dispositifs qui corrigent les inégalités liées à l’origine socioéconomique. Certaines ont par exemple établi des contacts plus étroits avec les établissements d’enseignement secondaire afin de faciliter l’accès aux enfants méritants de familles défavorisées.</p> <p>Chetty et ses coauteurs ont aussi étudié comment les universités Ivy-Plus pourraient corriger le biais au recrutement favorable aux plus riches. Ils montrent que dans le cas invraisemblable où ces universités abandonneraient les trois pratiques décrites précédemment, chaque université accueillerait environ 144 étudiantes et étudiants de plus issus de familles qui gagnent moins de 240'000 dollars par an. Toutes choses égales par ailleurs, cette augmentation serait équivalente à la diminution due à la suppression de la politique de discrimination positive désormais interdite. Vu la difficulté à supprimer les pratiques incriminées, les auteurs de l’étude proposent une politique d’admission alternative basée sur la prise en compte statistique de la situation socioéconomique des étudiants et des étudiantes ayant une très bonne performance académique. Ils démontrent qu’une telle politique porterait à une diversité socioéconomique comparable à celle obtenue en supprimant les trois pratiques qui actuellement accentuent les inégalités. 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Vu que les paysans dépendent de manière importante de paiements directs, certains les considèrent comme des sortes de fonctionnaires à leur service. Ainsi, si ces citadins pensent qu’il faut faire place au loup dans les montagnes au loin, les paysans n’ont qu’à s’exécuter. D’autres considèrent les paysans comme des paysagistes, ou pensent qu’ils sont carrément inutiles vu que la Suisse aurait les moyens d’acheter à l’étranger ce dont sa population a besoin. Ceux qui ne les connaissent pas peuvent avoir été surpris ou dérangés par les manifestations que les paysans ont organisées depuis le début de l’année.</p> <p>Lorsqu’ils ont commencé à manifester ils ont simplement retourné des panneaux à l’entrée de villages, pour dire que le monde marche sur la tête. Plus tard ils se sont réunis autour de feux avec leurs tracteurs, et ont explicité leur appel, leur SOS. Au dire des organisateurs les manifestations avaient pour objectif de rompre l’isolement, demander une plus grande reconnaissance, et rassembler afin de souder une profession traditionnellement morcelée, ainsi qu’établir un dialogue avec la population. Il s’est donc agi d’un appel pour attirer l’attention sur une situation ressentie comme difficile. Ce n’était pas une plainte, ni une demande de moyens. Cet appel quelque peu vague laisse transparaître un malaise profond, que les revendications plus précises, transmises au Conseil fédéral et à quatre détaillants, ne capturent pas complètement, même si elles ont été soutenues par 65'000 signatures récoltées en seulement 15 jours. L’appel demande une réflexion d’ensemble pour une refonte du système. Outre la reconnaissance pour le travail et les efforts accomplis, notamment pour l’environnement, les revendications portent sur les revenus, et dénoncent le poids du travail administratif. </p> <h3>Le système agroalimentaire suisse</h3> <p>De fait, même si les paysans ne représentent qu’environ 3% de la population active (soit environ 200'000 personnes), pour répondre à leurs inquiétudes il faut considérer le système agroalimentaire dans son ensemble. Le système suisse n’est pas très différent des autres systèmes agroalimentaires, par exemple européens. Dans ces systèmes aussi l’agriculture est très contrôlée par une réglementation serrée et des paiements nécessaires pour assurer la viabilité de la plupart des exploitations. Partout, le besoin d’avoir une approche de plus en plus soutenable en matière d'environnement est source de tensions. Malgré leur adhésion aux principes du libre marché, les pays exercent des contrôles aux douanes et pratiquent par exemple des tarifs préférentiels pour le gasoil agricole. Une caractéristique importante de notre système est le droit foncier rural, qui a jusqu’ici contribué à éviter une trop grande concentration des exploitations agricoles et à faire en sorte que les propriétaires des terres agricoles soient les agriculteurs eux-mêmes.</p> <p>On peut dire que le système suisse fonctionne convenablement, tout en exerçant une grande pression sur les paysans. Le système est efficace: la production agricole indigène couvre près de la moitié de le demande intérieure. Ceci est remarquable dans la mesure où la population suisse n’est pas obligée de consommer des produits nationaux, qui sont souvent plus chers que les produits étrangers. Rappelons que même avec le Plan Wahlen lancé pendant la Deuxième Guerre mondiale le taux d’auto-ravitaillement n’a pas dépassé 60%. De plus, le système est efficient: depuis les années 1960, la productivité du travail agricole a beaucoup augmenté et même davantage que dans d’autres secteurs de l’économie. Ainsi par exemple de nos jours dans une ferme certifiée bio la traite d’une centaine de vaches ne nécessite presqu’aucune intervention humaine, vu qu’elle peut être assurée par un robot. </p> <p>Il y a pourtant un revers à cette <i>success story</i>. Le taux de suicides est plus élevé dans le monde agricole, la solitude y est plus répandue, et les conditions de travail y sont très contraignantes. C’est un monde soumis à de nombreuses tensions. La réglementation changeante, les nombreux contrôles, les relations difficiles avec la grande distribution ajoutent de la pression à un travail déjà largement dépendant des conditions météorologiques et des aléas liés au vivant. Les difficultés ne sont pas les mêmes pour tout le monde, mais le système doit davantage ménager tous ses acteurs de base.</p> <h3>Demi-mesures et contre-feux</h3> <p>La politique et les organisations agricoles ont bien sûr réagi afin d’éviter une escalade des manifestations. Il fallait que les paysans se rangent. Le président de l’Union suisse des paysans s’est inquiété pour l’image des agriculteurs. Une conseillère d’Etat a donc promis de réduire d’un tiers la charge administrative pour les paysans de son canton. Dans un autre canton des aides pour les vignerons ont été décidées. Au niveau fédéral des gestes ont été faits pour les producteurs de lait, et le Conseiller fédéral Parmelin a reçu les paysans en colère. Par ailleurs, le secteur agricole a été préservé dans le cadre du récent accord de libre-échange signé avec l’Inde, et malgré que cela aille à l’encontre des engagements pris pour le réduire les émissions de CO<sub>2</sub>, le prix du gasoil agricole n’a pas été augmenté. Rien ne semble pourtant avoir bougé sur le front des marges de la grande distribution, qui restent très importantes et peu transparentes. En somme, le système actuel n’a pas été remis en question, en tout cas pas avec l’intérêt des paysans en tête. Il y a plutôt eu des tentatives de récupération politique de la grogne, et l’allumage de quelques contre-feux. Ainsi, les agrariens ont joué sur l’ambiguïté de leur appellation, et certains libéraux en ont profité pour proposer de libéraliser davantage la production agricole. Certains ont joué les paysans contre les écologistes, laissant croire que les déboires des premiers sont causés par des exigences exagérées des seconds. (Ces manœuvres ont été plus explicites au niveau de l’Union européenne.) Parmi les contre-feux on peut compter la publication d’un rapport du Conseil fédéral sur le revenu des familles paysannes, qui fait suite à une commande du Parlement datant de 2021. Le rapport se veut rassurant, et indique une évolution positive des revenus au cours de ces dernières années, bien qu’il y ait des situations très disparates. De manière analogue il y a eu ceux qui ont souligné que les paysans se sont rendus à leur rencontres nocturnes avec des tracteurs dernier cri, sous-entendant par là que les moyens ne doivent donc pas leur manquer…</p> <h3>Comment répondre à l'appel?</h3> <p>Il ne suffit pas de simplement essayer de préserver l’actuel en l’ajustant quelque peu. Il faut affronter les questions de fond. Les agriculteurs déplorent une perte de sens et de respect. Il se sentent incompris, bien que – comme cela a été rappelé lors des manifestations – derrière ce que nous avons dans notre assiette il y a toujours un paysan. La multiplication des initiatives populaires de ces dernières années – pour une eau potable propre, contre les pesticides de synthèse, sur l’élevage intensif, pour la biodiversité, etc. – pousse la population à mettre en question les pratiques paysannes, et à méconnaître les efforts fournis pour améliorer les conditions d’élevage, la qualité des produits, et la préservation de l’environnement. La consommation de produits transformés change les produits agricoles en matières premières. Vu qu’il suffit d’ajouter de l’eau à des flocons pour obtenir une purée de pommes de terre, où est le lait? Les habitudes alimentaires imposent des règles et standards toujours plus stricts, de la taille des côtes de bœuf à la forme des pommes. </p> <p>Il faudrait donc agir sur deux fronts. L’un est celui promu au niveau planétaire par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à savoir prendre en compte les coûts cachés de notre système agroalimentaire. Ceci permettrait en particulier de justifier clairement la nécessité de tenir compte de l’impact environnemental de l’agriculture. L’autre est celui du clivage ville-campagne, qui dans notre pays, où trois-quarts de la population vit dans des agglomérations urbaines, est particulièrement marqué. 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Or, il n’y a pas de lieux pour mener un débat de fond. Le Parlement discute dans le cadre de la LAMal, et les partenaires tarifaires discutent de … tarifs. Ainsi, EFAS aura un grand coût pour son implémentation et accouchera d’une souris, et la révision des tarifs qui se profile avec le Tardoc ne nous sortira pas du financement à l’acte. Ce genre de réformes complexifient le système, et réduisent encore sa lisibilité!</p> <p><strong>Comment changer les bases du système de santé de manière consensuelle?</strong></p> <p>Pour commencer il faut être prêts à rompre avec ce que Alain Berset avait appelé le cartel du silence, et dire par exemple que notre système ne s’occupe pas de santé, mais plutôt de soins; puis souligner que le système est faussement démocratique; et qu’il faudrait revenir à une Médecine avec un M majuscule, une Médecine humaniste qui ne soit pas uniquement centrée sur la technologie et sur la prestation. 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Mais c’est mal apprécier la situation, car une société ne fonctionne plus si sa population est malade.</p> <p>Actuellement, notre système d’assurance sociale se concentre, non plus sur le financement de soins, mais sur celui de prestations qui figurent dans un catalogue, et ceux qui détiennent les clés du catalogue n’ont pas intérêt à le faire évoluer ou accueillir d’autres prestataires dans le jeu. Le système est donc figé et le rôle de l’Etat malheureusement peu clair. La Confédération n’a pas de compétence générale en matière de santé, et n'est tentée d’intervenir que quand les autres acteurs ne s’entendent pas. Les Cantons, qui devraient en principe être souverains pour la gestion de leur système de santé, sont dans des rôles multiples: ils sont propriétaires d’hôpitaux, planificateurs, financeurs, et subventionneurs de primes, tout ceci dans un cadre LAMal fédéral auquel il ne peuvent déroger. 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Il faudrait inscrire dans la Constitution que la santé est une tâche publique et que l’Etat fédéral a une responsabilité en matière de santé. On ne peut pas uniquement prôner la responsabilité des individus et la liberté économique, comme c’est le cas actuellement. Seulement l’Etat peut espérer contrôler la teneur en sucre ou l’excès de graisses dans notre alimentation, de même que veiller sur la consommation de tabac et autres nuisibles pour la santé.</p> <p>La Confédération et les Cantons devraient aussi repenser la coordination de leurs actions, sans arriver pour autant à un pur fédéralisme d’exécution. La Confédération pourrait s’occuper de la planification hospitalière, des soins très spécialisés, de la convergence des systèmes d’information, ainsi que de la gestion des risques environnementaux comme la pollution. 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Ce serait un vœu pieux de penser que sans une vision politique claire les acteurs-clés seraient capables de repenser le fonctionnement global du système, de réarticuler les besoins de promotion de santé et de soins, de réajuster les structures tarifaires au profit des généralistes et des soins infirmiers, et de revaloriser la Médecine humaniste. Surtout que cela va comporter la re-discussion de certains privilèges historiques. Réaliser un nouveau cadre légal pour la santé n’est pas étatiser. Mais la loi ne peut pas tout. Mon activité de médecin m’a enseigné la solidarité, le respect de l’humain, et la compassion. Il faut déconstruire le pouvoir médical tel qu’il s’est érigé et le ramener vers plus d’humilité. Il y a actuellement une perte de sens chez les professionnels. Les médecins et les soignants en général sont écartelés entre des contraintes administratives et le besoin de temps pour les soins. 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Ses promoteurs mettent en avant la situation déplorable d’une partie de la population âgée, et la possibilité de trouver un financement suffisant pour la nouvelle rente. L’essentiel du bloc appelé bourgeois s’y oppose, en arguant qu’une treizième rente coûtera trop cher, et en dénonçant le «principe de l’arrosoir», à savoir que tout le monde touchera cette rente, même ceux qui n’en auront pas besoin. N’entrons pas dans le détail de ces arguments. Rappelons seulement que le principe de l’arrosoir est à la base du fonctionnement de l’AVS: tout le monde paie, et tout le monde a droit à une rente. Sauf que les cotisations sont fonction des revenus, et donc les riches paient plus qu’ils ne reçoivent. Ce sera aussi le cas pour la treizième rente, d’autant plus si celle-ci était financée par une (petite) augmentation des contributions salariales.</p> <h3>Tragique de répétition</h3> <p>Une fois ces arguments développés que peut-on faire d’autre? On peut les répéter souvent! C’est ce qu’a fait la <em>NZZ</em> depuis trois mois, au cours desquels elle a consacré non moins d’une quarantaine d’articles à contrer l’initiative. Fin novembre 2023, elle annonce la couleur avec un article intitulé «La 13ème rente ne résout aucun problème de la prévoyance vieillesse». Début décembre, le quotidien zurichois rappelle que la 13ème rente est déjà versée au Liechtenstein, mais ne perd pas l’occasion de la comparer à un cadeau de Noël. 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L’échange s’ouvre avec une première dame qui se félicite de son achat d’un abonnement général de première classe, qu’elle a utilisé la veille pour faire l’aller-retour dans la journée au sud des Alpes pour déjeuner. Puis, une deuxième dame raconte qu’avec son mari, ils vont partir au Cap pour jouer au golf, et qu’ils étaient heureux d’avoir eux aussi un abonnement général de première classe, ce qui leur permet de ne pas devoir acheter de billets pour se rendre à l’aéroport. Ensuite, il est question de leurs voyages à Las Vegas et au Texas, et finalement de celui d’une amie qui, avec ses six sœurs, toutes octogénaires, part pour Strasbourg. Ce projet surprend le mari de la première dame, vu que l’amie ne peut compter que sur une rente AVS. Sa femme profite de cette remarque pour inviter ses trois compagnons de voyage à soutenir AVS13. 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Les rédactrices ne sont pas en reste: l'une pose la question de savoir à quel point la Suisse veut devenir socialiste, et si elle se considère un «Pays-Club-Med», c’est-à-dire où l’on se sert tant que la table est garnie; une autre ironise sur le fait que beaucoup de «petites gens» envoient de toutes petites sommes d’argent en soutien aux promoteurs de AVS13.</p> <h3>Prendre parti</h3> <p>Il y a à peine quelques jours, dans le court texte qui précède une présentation sous forme graphique des mots d’ordre des partis et de diverses organisations, le journal écrit: «la <em>NZZ</em> refuse l’initiative». Etait-ce bien utile? N’est-ce pas une pratique déplacée? Il y a des quotidiens suisses dont on ne s’étonne pas qu’ils défendent explicitement des positions politiques, par exemple la <em>Weltwoche</em>, <em>Le Courrier</em>, ou <em>Republik</em>. Aux Etats-Unis il est courant que lors d’élections les rédactions s’expriment ouvertement en faveur de tel ou tel candidat, mais celles-ci le font dans un espace séparé de celui consacré à l’information.</p> <p>La <em>NZZ</em> occupe une place à part dans le panorama médiatique suisse, on sait qu’elle est proche du parti libéral, mais il est difficile de comprendre pourquoi elle a ressenti le besoin de prendre ainsi parti. Les opposants à AVS13 ont les moyens de se faire entendre autrement, et contrairement à ce que l’on veut faire croire, AVS13 n’est pas soutenue que par les partis de gauche. En effet, de nombreux adhérents à des organisations qui s’y opposent, comme l’UDC ou l’Union suisse des paysans, voteront pour AVS13. La <em>NZZ</em> se sent le devoir d’affirmer une identité idéologique. Nous l’avons mis en évidence au sujet de AVS13, d’autres ont observé dans ses pages une dérive philo-atlantiste. 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Comme dans <i>Breaking bad</i> le cas n’est pourtant pas simple, et les dysfonctionnements ont été multiples. Ainsi, le matériel sur lequel le contrôleur travaillait en 2016 à l’aéroport militaire de Meiringen datait de la fin des années 1960, et ne pouvait donc lui fournir qu’une aide relative. Ensuite, le pilote a eu besoin d’une information du contrôleur parce qu’il n’a pas réussi à se connecter avec son radar de bord à l’avion du <i>leader</i> qu’il était censé suivre. Les chasseurs volent le plus souvent en duo pour effectuer leurs missions, et quand les conditions de visibilité sont bonnes le deuxième avion suit le <i>leader</i> à vue, sinon il utilise son radar de bord. Or, le contact radar entre les deux avions n’a pas pu s’établir parce que le <i>leader</i> a choisi une trajectoire de montée radicale, que le radar du Hornet de notre pilote ne pouvait suivre, car il a un champ de visibilité (trop) limité. La mauvaise information transmise concernait la hauteur de vol. 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Rappelons que la procédure pénale prévoit la possibilité de ne pas poursuivre un homicide par négligence. Ce fut par exemple le cas d’une mère qui avait causé la mort de sa petite fille en la laissant dans sa voiture sous le soleil. Pourquoi donc poursuivre le contrôleur? Ce n’est pas sa punition qui permettra d’éviter des erreurs analogues dans le futur. Les acteurs de terrain le reconnaissent, et depuis une vingtaine d’années dans le domaine de l’aviation on admet la faillibilité humaine et le caractère illusoire de la performance parfaite. Cette approche s’oppose à une culture pour laquelle la sanction est la seule manière de dissuader les comportements induisant des erreurs. Bien sûr, cette nouvelle culture ne tolère pas les négligences évidentes, les comportements irresponsables, téméraires, ou destructifs. 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Ses collègues parlementaires ne l’ont pas suivi et ont préféré laisser au Conseil fédéral le soin de voir comment rendre le droit compatible avec un déploiement de la culture équitable. Dans l’attente de la proposition du Conseil fédéral, la tension demeure.</p> <h3>Un verdict en demi-teinte</h3> <p>Le tribunal militaire a donc inculpé le contrôleur aérien de Meiringen d’homicide involontaire. Cependant, la peine qui lui a été infligée peut être considérée légère: 60 jours-amendes à 170 francs avec sursis, ainsi que 40'000 francs de contribution aux frais de procédure. Peut-être que cela correspond à une prise en compte du contexte, mais ce n’est pas sûr. A en croire les propos recueillis par le <em>Blick</em>, l’officier qui a porté l’accusation pense que la peine infligée n’était pas le plus important. Pour lui ce qui comptait vraiment était d’arriver à une condamnation, et signifier que le contrôleur a commis une erreur ayant eu l’accident comme conséquence. Heureusement, ces six dernières années, tout au long de la procédure d’enquête, le contrôleur inculpé n’a pas dû quitter son poste, et a joui du soutien et de la confiance de son employeur et des camarades du pilote décédé. Aussi, l’aéroport de Meiringen a été équipé de matériels plus performants, et les avions de nouvelle génération permettront d’éviter les problèmes de connexion en vol rencontrés. 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Les résultats de l'étude
Pour comprendre les résultats de l’étude il faut se souvenir que, contrairement à ce qui se passe en Suisse, aux Etats-Unis il ne suffit pas d’avoir complété les études secondaires pour pouvoir s’inscrire dans l’université de son choix. L’admission se fait suite à un processus de sélection, qui se base sur les résultats obtenus à des tests standardisés. Tous les ans plus d’un million et demi de jeunes passent un examen pour obtenir une évaluation ACT, et un nombre équivalent passe le test SAT. Les résultats de ces tests, plus la moyenne des notes obtenues pendant les études secondaires (GPA score) décrivent leur qualité académique.
L’étude montre qu’à qualité académique équivalente les enfants du 1% des familles les plus riches ont deux fois plus de chances d’entrer dans les universités «Ivy-Plus» que les enfants des familles de la classe moyenne. Pour figurer parmi les 1% les plus riches, une famille doit avoir plus de 611’000 dollars de revenus par an. La classe moyenne est composée de familles avec des revenus annuels entre 83'000 et 116'000 dollars. Les enfants des familles les plus riches ont – dans le système éducatif américain – plus de facilité à obtenir de bons résultats scolaires et plus de chance de réussir les tests, mais ce n’est pas de ça qu’il s’agit dans l’étude en question. En plus de ces avantages initiaux, le processus de sélection renforce la discrimination basée sur la richesse.
Trois pratiques de sélection
Il serait faux de penser que le universités Ivy-Plus privilégient tout simplement les étudiants les plus riches directement sur la base des revenus de leurs familles. Ce sont en fait trois pratiques de sélection fondées sur d’autres principes qui portent à la discrimination mise en évidence.
Les universités américaines, et surtout les universités privées, accordent une grande importance à leurs anciens et anciennes élèves, qui sont souvent aussi parmi leurs soutiens financiers les plus généreux. L’idée de base que la relation entre une institution et ses diplômés ne s’interrompe pas après la fin des études est appréciable. Cela contribue à faire lien. Les diplômées et diplômés aident par exemple à faire connaître les formations de leurs universités auprès des éventuels futurs étudiants, et leurs soutiens financiers servent souvent à financer des bourses pour des jeunes qui n’auraient pas les moyens de payer les coûts de scolarité exorbitants demandés. Il est donc assez naturel que beaucoup d’universités donnent une préférence aux enfants d’anciens élèves ou de donnateurs. Cette pratique s’appelle «legacy admission». Elle explique 46% des avantages dont bénéficient les 1% les plus riches.
Une autre pratique est celle qui consiste à privilégier les étudiants et étudiantes qui pourraient renforcer les équipes sportives des universités. Vu la popularité de sports comme le basketball ou le football américain, on a du mal à s’imaginer que des enfants de riches puissent tirer un avantage systématique du recrutement d’athlètes dans les équipes universitaires. De plus, les universités Ivy-Plus ne sont pas celles avec les équipes les plus fortes dans ces sports populaires. Le mystère se dissipe lorsqu’on prend en compte des sports comme l’escrime, le tennis, ou la rame. La priorité accordée au recrutement d’athlètes d’élite explique 24% des avantages dont bénéficient les enfants des plus riches.
La troisième pratique déterminante est celle d’accorder une importance aux qualités non-académiques. C’est à ce niveau que l’environnement fourni par les écoles secondaires fréquentées par les jeunes des familles les plus aisées joue un rôle. Ces écoles proposent davantage d’activités extra-scolaires, offrent un encadrement plus serré, et s’occupent d’accompagner leurs élèves dans le passage vers l’enseignement supérieur, par exemple en rédigeant des lettres de présentation personnalisées. Ce vernis non-académique dont bénéficient les dossiers du 1% les plus riches explique 30% de leur avantage sur les étudiantes et les étudiants avec un bas revenu.
Comment diminuer les inégalités
Plusieurs universités américaines avaient abandonné la discrimination positive avant qu’elle ne soit condamnée par la Cour Suprême, tout en mettant en place des dispositifs qui corrigent les inégalités liées à l’origine socioéconomique. Certaines ont par exemple établi des contacts plus étroits avec les établissements d’enseignement secondaire afin de faciliter l’accès aux enfants méritants de familles défavorisées.
Chetty et ses coauteurs ont aussi étudié comment les universités Ivy-Plus pourraient corriger le biais au recrutement favorable aux plus riches. Ils montrent que dans le cas invraisemblable où ces universités abandonneraient les trois pratiques décrites précédemment, chaque université accueillerait environ 144 étudiantes et étudiants de plus issus de familles qui gagnent moins de 240'000 dollars par an. Toutes choses égales par ailleurs, cette augmentation serait équivalente à la diminution due à la suppression de la politique de discrimination positive désormais interdite. Vu la difficulté à supprimer les pratiques incriminées, les auteurs de l’étude proposent une politique d’admission alternative basée sur la prise en compte statistique de la situation socioéconomique des étudiants et des étudiantes ayant une très bonne performance académique. Ils démontrent qu’une telle politique porterait à une diversité socioéconomique comparable à celle obtenue en supprimant les trois pratiques qui actuellement accentuent les inégalités. Les universités Ivy-Plus pourraient donc concrètement contribuer à diversifier les origines socioéconomiques des leaders dans la société américaine.
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En plus de ces avantages initiaux, le processus de sélection renforce la discrimination basée sur la richesse.</p> <h3>Trois pratiques de sélection</h3> <p>Il serait faux de penser que le universités Ivy-Plus privilégient tout simplement les étudiants les plus riches directement sur la base des revenus de leurs familles. Ce sont en fait trois pratiques de sélection fondées sur d’autres principes qui portent à la discrimination mise en évidence.</p> <p>Les universités américaines, et surtout les universités privées, accordent une grande importance à leurs anciens et anciennes élèves, qui sont souvent aussi parmi leurs soutiens financiers les plus généreux. L’idée de base que la relation entre une institution et ses diplômés ne s’interrompe pas après la fin des études est appréciable. Cela contribue à faire lien. 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Ils montrent que dans le cas invraisemblable où ces universités abandonneraient les trois pratiques décrites précédemment, chaque université accueillerait environ 144 étudiantes et étudiants de plus issus de familles qui gagnent moins de 240'000 dollars par an. Toutes choses égales par ailleurs, cette augmentation serait équivalente à la diminution due à la suppression de la politique de discrimination positive désormais interdite. Vu la difficulté à supprimer les pratiques incriminées, les auteurs de l’étude proposent une politique d’admission alternative basée sur la prise en compte statistique de la situation socioéconomique des étudiants et des étudiantes ayant une très bonne performance académique. Ils démontrent qu’une telle politique porterait à une diversité socioéconomique comparable à celle obtenue en supprimant les trois pratiques qui actuellement accentuent les inégalités. 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Vu que les paysans dépendent de manière importante de paiements directs, certains les considèrent comme des sortes de fonctionnaires à leur service. Ainsi, si ces citadins pensent qu’il faut faire place au loup dans les montagnes au loin, les paysans n’ont qu’à s’exécuter. D’autres considèrent les paysans comme des paysagistes, ou pensent qu’ils sont carrément inutiles vu que la Suisse aurait les moyens d’acheter à l’étranger ce dont sa population a besoin. Ceux qui ne les connaissent pas peuvent avoir été surpris ou dérangés par les manifestations que les paysans ont organisées depuis le début de l’année.</p> <p>Lorsqu’ils ont commencé à manifester ils ont simplement retourné des panneaux à l’entrée de villages, pour dire que le monde marche sur la tête. Plus tard ils se sont réunis autour de feux avec leurs tracteurs, et ont explicité leur appel, leur SOS. Au dire des organisateurs les manifestations avaient pour objectif de rompre l’isolement, demander une plus grande reconnaissance, et rassembler afin de souder une profession traditionnellement morcelée, ainsi qu’établir un dialogue avec la population. Il s’est donc agi d’un appel pour attirer l’attention sur une situation ressentie comme difficile. Ce n’était pas une plainte, ni une demande de moyens. Cet appel quelque peu vague laisse transparaître un malaise profond, que les revendications plus précises, transmises au Conseil fédéral et à quatre détaillants, ne capturent pas complètement, même si elles ont été soutenues par 65'000 signatures récoltées en seulement 15 jours. L’appel demande une réflexion d’ensemble pour une refonte du système. 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Rien ne semble pourtant avoir bougé sur le front des marges de la grande distribution, qui restent très importantes et peu transparentes. En somme, le système actuel n’a pas été remis en question, en tout cas pas avec l’intérêt des paysans en tête. Il y a plutôt eu des tentatives de récupération politique de la grogne, et l’allumage de quelques contre-feux. Ainsi, les agrariens ont joué sur l’ambiguïté de leur appellation, et certains libéraux en ont profité pour proposer de libéraliser davantage la production agricole. Certains ont joué les paysans contre les écologistes, laissant croire que les déboires des premiers sont causés par des exigences exagérées des seconds. (Ces manœuvres ont été plus explicites au niveau de l’Union européenne.) Parmi les contre-feux on peut compter la publication d’un rapport du Conseil fédéral sur le revenu des familles paysannes, qui fait suite à une commande du Parlement datant de 2021. 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Mais c’est mal apprécier la situation, car une société ne fonctionne plus si sa population est malade.</p> <p>Actuellement, notre système d’assurance sociale se concentre, non plus sur le financement de soins, mais sur celui de prestations qui figurent dans un catalogue, et ceux qui détiennent les clés du catalogue n’ont pas intérêt à le faire évoluer ou accueillir d’autres prestataires dans le jeu. Le système est donc figé et le rôle de l’Etat malheureusement peu clair. La Confédération n’a pas de compétence générale en matière de santé, et n'est tentée d’intervenir que quand les autres acteurs ne s’entendent pas. Les Cantons, qui devraient en principe être souverains pour la gestion de leur système de santé, sont dans des rôles multiples: ils sont propriétaires d’hôpitaux, planificateurs, financeurs, et subventionneurs de primes, tout ceci dans un cadre LAMal fédéral auquel il ne peuvent déroger. 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Il faudrait inscrire dans la Constitution que la santé est une tâche publique et que l’Etat fédéral a une responsabilité en matière de santé. On ne peut pas uniquement prôner la responsabilité des individus et la liberté économique, comme c’est le cas actuellement. Seulement l’Etat peut espérer contrôler la teneur en sucre ou l’excès de graisses dans notre alimentation, de même que veiller sur la consommation de tabac et autres nuisibles pour la santé.</p> <p>La Confédération et les Cantons devraient aussi repenser la coordination de leurs actions, sans arriver pour autant à un pur fédéralisme d’exécution. La Confédération pourrait s’occuper de la planification hospitalière, des soins très spécialisés, de la convergence des systèmes d’information, ainsi que de la gestion des risques environnementaux comme la pollution. 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Ce serait un vœu pieux de penser que sans une vision politique claire les acteurs-clés seraient capables de repenser le fonctionnement global du système, de réarticuler les besoins de promotion de santé et de soins, de réajuster les structures tarifaires au profit des généralistes et des soins infirmiers, et de revaloriser la Médecine humaniste. Surtout que cela va comporter la re-discussion de certains privilèges historiques. Réaliser un nouveau cadre légal pour la santé n’est pas étatiser. Mais la loi ne peut pas tout. Mon activité de médecin m’a enseigné la solidarité, le respect de l’humain, et la compassion. Il faut déconstruire le pouvoir médical tel qu’il s’est érigé et le ramener vers plus d’humilité. Il y a actuellement une perte de sens chez les professionnels. Les médecins et les soignants en général sont écartelés entre des contraintes administratives et le besoin de temps pour les soins. 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Ses promoteurs mettent en avant la situation déplorable d’une partie de la population âgée, et la possibilité de trouver un financement suffisant pour la nouvelle rente. L’essentiel du bloc appelé bourgeois s’y oppose, en arguant qu’une treizième rente coûtera trop cher, et en dénonçant le «principe de l’arrosoir», à savoir que tout le monde touchera cette rente, même ceux qui n’en auront pas besoin. N’entrons pas dans le détail de ces arguments. Rappelons seulement que le principe de l’arrosoir est à la base du fonctionnement de l’AVS: tout le monde paie, et tout le monde a droit à une rente. Sauf que les cotisations sont fonction des revenus, et donc les riches paient plus qu’ils ne reçoivent. Ce sera aussi le cas pour la treizième rente, d’autant plus si celle-ci était financée par une (petite) augmentation des contributions salariales.</p> <h3>Tragique de répétition</h3> <p>Une fois ces arguments développés que peut-on faire d’autre? On peut les répéter souvent! C’est ce qu’a fait la <em>NZZ</em> depuis trois mois, au cours desquels elle a consacré non moins d’une quarantaine d’articles à contrer l’initiative. Fin novembre 2023, elle annonce la couleur avec un article intitulé «La 13ème rente ne résout aucun problème de la prévoyance vieillesse». Début décembre, le quotidien zurichois rappelle que la 13ème rente est déjà versée au Liechtenstein, mais ne perd pas l’occasion de la comparer à un cadeau de Noël. 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Les expatriés sont présentés comme des profiteurs, et les questions posées à Maillard sont peu complaisantes. Le lendemain on affirme que AVS13 menace le pouvoir d’achat des jeunes, et on fait appel à l’UDC pour qu’elle entreprenne le combat contre AVS13. Il se trouve que des sections locales du parti ont décidé de soutenir l’initiative. Encore la même semaine un titre insinue hypocrisie et mensonge dans les discours tenus sur la prévoyance vieillesse. On le voit, cette déferlante d’articles sur AVS13 loin d’avoir un objectif (seulement) pédagogique vise aussi à convaincre le lecteur de l’imminence d’une tragédie.</p> <h3>Une argumentation douteuse</h3> <p>Le 12 janvier une petite colonne dans la rubrique «Suisse» rapporte une conversation entre quatre seniors, réellement entendue dans la première classe d’un train. L’échange s’ouvre avec une première dame qui se félicite de son achat d’un abonnement général de première classe, qu’elle a utilisé la veille pour faire l’aller-retour dans la journée au sud des Alpes pour déjeuner. Puis, une deuxième dame raconte qu’avec son mari, ils vont partir au Cap pour jouer au golf, et qu’ils étaient heureux d’avoir eux aussi un abonnement général de première classe, ce qui leur permet de ne pas devoir acheter de billets pour se rendre à l’aéroport. Ensuite, il est question de leurs voyages à Las Vegas et au Texas, et finalement de celui d’une amie qui, avec ses six sœurs, toutes octogénaires, part pour Strasbourg. Ce projet surprend le mari de la première dame, vu que l’amie ne peut compter que sur une rente AVS. Sa femme profite de cette remarque pour inviter ses trois compagnons de voyage à soutenir AVS13. 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Les rédactrices ne sont pas en reste: l'une pose la question de savoir à quel point la Suisse veut devenir socialiste, et si elle se considère un «Pays-Club-Med», c’est-à-dire où l’on se sert tant que la table est garnie; une autre ironise sur le fait que beaucoup de «petites gens» envoient de toutes petites sommes d’argent en soutien aux promoteurs de AVS13.</p> <h3>Prendre parti</h3> <p>Il y a à peine quelques jours, dans le court texte qui précède une présentation sous forme graphique des mots d’ordre des partis et de diverses organisations, le journal écrit: «la <em>NZZ</em> refuse l’initiative». Etait-ce bien utile? N’est-ce pas une pratique déplacée? Il y a des quotidiens suisses dont on ne s’étonne pas qu’ils défendent explicitement des positions politiques, par exemple la <em>Weltwoche</em>, <em>Le Courrier</em>, ou <em>Republik</em>. Aux Etats-Unis il est courant que lors d’élections les rédactions s’expriment ouvertement en faveur de tel ou tel candidat, mais celles-ci le font dans un espace séparé de celui consacré à l’information.</p> <p>La <em>NZZ</em> occupe une place à part dans le panorama médiatique suisse, on sait qu’elle est proche du parti libéral, mais il est difficile de comprendre pourquoi elle a ressenti le besoin de prendre ainsi parti. Les opposants à AVS13 ont les moyens de se faire entendre autrement, et contrairement à ce que l’on veut faire croire, AVS13 n’est pas soutenue que par les partis de gauche. En effet, de nombreux adhérents à des organisations qui s’y opposent, comme l’UDC ou l’Union suisse des paysans, voteront pour AVS13. La <em>NZZ</em> se sent le devoir d’affirmer une identité idéologique. Nous l’avons mis en évidence au sujet de AVS13, d’autres ont observé dans ses pages une dérive philo-atlantiste. 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Comme dans <i>Breaking bad</i> le cas n’est pourtant pas simple, et les dysfonctionnements ont été multiples. Ainsi, le matériel sur lequel le contrôleur travaillait en 2016 à l’aéroport militaire de Meiringen datait de la fin des années 1960, et ne pouvait donc lui fournir qu’une aide relative. Ensuite, le pilote a eu besoin d’une information du contrôleur parce qu’il n’a pas réussi à se connecter avec son radar de bord à l’avion du <i>leader</i> qu’il était censé suivre. Les chasseurs volent le plus souvent en duo pour effectuer leurs missions, et quand les conditions de visibilité sont bonnes le deuxième avion suit le <i>leader</i> à vue, sinon il utilise son radar de bord. Or, le contact radar entre les deux avions n’a pas pu s’établir parce que le <i>leader</i> a choisi une trajectoire de montée radicale, que le radar du Hornet de notre pilote ne pouvait suivre, car il a un champ de visibilité (trop) limité. La mauvaise information transmise concernait la hauteur de vol. 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Ses collègues parlementaires ne l’ont pas suivi et ont préféré laisser au Conseil fédéral le soin de voir comment rendre le droit compatible avec un déploiement de la culture équitable. Dans l’attente de la proposition du Conseil fédéral, la tension demeure.</p> <h3>Un verdict en demi-teinte</h3> <p>Le tribunal militaire a donc inculpé le contrôleur aérien de Meiringen d’homicide involontaire. Cependant, la peine qui lui a été infligée peut être considérée légère: 60 jours-amendes à 170 francs avec sursis, ainsi que 40'000 francs de contribution aux frais de procédure. Peut-être que cela correspond à une prise en compte du contexte, mais ce n’est pas sûr. A en croire les propos recueillis par le <em>Blick</em>, l’officier qui a porté l’accusation pense que la peine infligée n’était pas le plus important. Pour lui ce qui comptait vraiment était d’arriver à une condamnation, et signifier que le contrôleur a commis une erreur ayant eu l’accident comme conséquence. Heureusement, ces six dernières années, tout au long de la procédure d’enquête, le contrôleur inculpé n’a pas dû quitter son poste, et a joui du soutien et de la confiance de son employeur et des camarades du pilote décédé. Aussi, l’aéroport de Meiringen a été équipé de matériels plus performants, et les avions de nouvelle génération permettront d’éviter les problèmes de connexion en vol rencontrés. 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