Une activiste distribue un tract politique à un policier, en marge d'une manifestation de l'opposition à Poutine. Moscou, juin 2012. © Evgeniy Isaev via Flickr / CC
Dans les médias occidentaux, les gros titres sur la Russie sont pour la plupart négatifs. Mais à y regarder de plus près, se dessine une autre image.
Article signé par Roman Berger et publié sur Infosperber, le 7 décembre 2019. Traduit par Marta Czarska.
Par exemple, Roman Junemann. Je rencontre le politicien, âgé d’à peine 24 ans, dans un café au centre de Moscou. Septembre passé, Junemann, un des 5 candidats indépendants au Parlement de la ville de Moscou, a été battu à peu de voix près. «Je suis encore jeune et persuadé de pouvoir changer la Russie à long terme». C'est ainsi que le jeune politicien explique pourquoi il veut quand même continuer. Après tout, Junemann, né en 1995, était encore un adolescent de 16 ans alors que des centaines de milliers de manifestants descendaient à l’hiver 2011-2012, dans les rues de Moscou et de Saint-Pétersbourg, pour réclamer une Russie libre.
«Des aires de jeux dans la cour»
Junemann vit au sud de Moscou, dans le quartier Tchertanovo, fort de 200 000 habitants. C'est là qu’il a appris que la population russe en avait assez des «idéologies, partis et missions». «Ce qui préoccupe vraiment les gens, ce sont les problèmes du quotidien, comme par exemple les aires de jeux dans la cour, ou les écoles publiques avec des enseignants mal payés». Il a été confronté à ces questions alors qu’il faisait du porte à porte durant sa campagne électorale. Pour la majorité des électeurs, la politique se fait dans les offices où les bureaucrates veulent vite se faire de l’argent. C'est aussi une des raisons pour lesquelles si peu de gens votent.
Polyglotte, Junemann travaille pour un grand cabinet de conseil international et gagne, selon les critères russes, plutôt un bon salaire. Ainsi, il a pu se passer de grands sponsors pour financer sa campagne électorale et découvrir à cette occasion ce qui préoccupe vraiment les habitants.
Attendre et regarder ailleurs n’est plus à l’ordre du jour
Ce qui est fascinant chez Roman Junemann, c'est son attitude charismatique, tournée vers le futur. Elle est le point commun de nombreux jeunes gens dans le monde: aux Etats-Unis, au Proche-Orient, au Chili ou à Hongkong. Ils ont perdu toute confiance envers leurs gouvernements respectifs, tiennent les dirigeants pour corrompus et autoritaires, et ils occupent la place publique, pacifiquement pour la plupart. Ils usent des technologies les plus modernes, qui rendent nombre de protestations possibles et les renforcent. Attendre et regarder ailleurs n’est plus à l’ordre du jour.
La politologue russe Tatjana Vorocheïkina est âgée d’environ deux générations de plus que Roman Junemann. Dans un entretien et une analyse1, elle essaie d’expliquer comment la Russie pourrait sortir de sa «dépendance à sa propre histoire». Selon elle, il n’y a «jamais eu en Russie d’État au sens occidental: un État qui sépare les intérêts publics et privés des décideurs».
Au contraire, l’État russe est fait depuis plus de 500 ans de «structures de pouvoir patrimonial» qui servent les intérêts privés, économiques et politiques de ceux qui le détiennent. Le pouvoir et la propriété ont été réduits en Russie. Pour les dirigeants, la politique est la source la plus sûre d'enrichissement personnel. Dès lors, les hommes en place ne voudraient pas céder une miette d’influence économique aux acteurs indépendants.
Les démocrates ont détruit la démocratie et l’économie de marché
Tatjana Vorocheïkina est politiquement proche des démocrates russes. Elle critique cependant ceux qui étaient au pouvoir dans les années 1990 autour du Président Boris Eltsine. Jadis, selon elle, il aurait été possible de créer une Russie démocratique, de briser le monopole de l’État et d’introduire l’économie de marché.
Mais Eltsine et son équipe ont manqué cette chance historique. Voici comment: en 1993, Eltsine donne l’ordre aux chars de tirer sur le bâtiment du Soviet suprême (le Parlement). Un an plus tard, les troupes russes marchent sur la Tchétchénie qui réclamait plus d’indépendance. Ces deux événements violents causent des milliers de morts et de blessés et affaiblissent énormément tant l’État que la société.
Autre événement décisif: en 1996, les oligarques financent la réélection d’Eltsine. Ceci en remerciement de la politique de privatisation organisée par l’État qui a permis à quelques oligarques ultra riches d’acquérir, en dessous de leur valeur, des parts lucratives des anciennes propriétés étatiques (métallurgie et secteur des matières premières). La majorité de la population russe voit cela à présent comme un vol. Ceci explique pourquoi les démocrates n'ont toujours aucune chance de gagner les élections aujourd’hui. En d’autres mots, la démocratie a été sapée dans les années 1990 par les dirigeants démocrates.
Avec l’entrée en fonction de Vladimir Poutine en 2000, les bases d'une contre-réforme étaient posées. Dans les faits, la Russie revenait à un modèle de gouvernement autoritaire où les décisions les plus importantes sont prises par un seul homme. Poutine décide même en personne de sa succession, car il n’existe pas de système de succession institutionnalisé.
La société civile russe devient plus forte
La société civile russe est encore faible, mais, surtout depuis «l’hiver des protestations» 2011/2012, elle se renforce. La société se bat pour des espaces verts, l’élimination des déchets, la protection de l’environnement ou le bien-être des enfants.
A Ekaterinbourg, des milliers de personnes ont protesté en mai 2019 contre la construction d'une nouvelle cathédrale. Non pas parce qu’ils étaient contre la construction d’une église pour la sainte patronne de la ville, mais parce qu’il n’y a pas assez d'espaces verts, surtout dans le centre de la grande ville d’un million et demi d’habitants. Après les protestations, le patriarche de Moscou a renoncé à la construction. L’État en revanche a été désarmé, car ces protestations n'avaient rien de politique.
Les ecclésiastiques orthodoxes protestent aussi
Des manifestations pour la libération de personnalités connues ont aussi eu grand effet. L’acteur de 23 ans Pavel Ustinov a été condamné à plusieurs années de réclusion après avoir été arrêté lors d'un rassemblement. Enseignants, médecins, acteurs et même des ecclésiastiques de la conservatrice Église orthodoxe russe ont exigé à l’automne dernier la libération d’Ustinov, ce qu’un tribunal de Moscou a autorisé en septembre. Il est arrivé la même chose au journaliste Ivan Golunov.
Autre nouveauté, l’apparition d’organisations auxquelles les détenus peuvent s’adresser, ou des réseaux qui diffusent des informations sur les abus des autorités. La solidarité aussi se répand dans la société russe. Dans toute la Russie progressent des fondations comme par exemple «Offre la vie», qui soutient les enfants atteints du cancer et leurs parents. L’époux de Tatjana Vorocheïkina, qui était très malade il y a quelques années, devait se faire opérer en Allemagne. Il n’a fallu que quelques jours pour collecter la grosse somme nécessaire à l’opération.
Une transformation radicale du système est-elle possible?
Il y a depuis des décennies un soi-disant «contrat social» entre l’État et les citoyens. Le gouvernement assure la sécurité financière et sociale et attend en retour que les citoyens renoncent à leurs droits politiques de participation. Aujourd’hui, le Président Poutine n'est plus en mesure de remplir sa part du contrat. Depuis des années, les salaires réels baissent et il n’y a pas d’amélioration en vue. Le «contrat social» commence à disparaitre. En d’autres mots, la Russie n’a pas seulement besoin de croissance économique et de capitaux frais, mais d’une transformation totale du système.
C'est la conclusion d’une étude récemment conduite et publiée par l’institut de sondage indépendant Lewada à Moscou. Elle se fonde sur un sondage représentatif. 59% des sondés disent attendre des changements décisifs et à large échelle en Russie. En comparaison avec un sondage semblable conduit il y a 2 ans, ils sont presqu’une fois et demie plus nombreux à le penser. L’appel à un changement radical n’a cependant, selon l’étude de Lewada, plus rien à voir avec la liberté, la démocratie et le pluralisme. Les sondés parlaient d’exigences sociales comme des salaires plus hauts et des prix plus bas. Et presque 75% d'entre eux sont d'avis que l’État devrait intervenir activement dans l’économie2.
Alexeï Navalny, le politicien de l’opposition bien connu à l’Ouest, est persuadé qu’il faut tout d’abord combattre la corruption présente partout et très profondément ancrée. Mais pour Roman Junemann cela ne suffira pas. «Le combat de l’opposition contre la corruption n’arrive pas encore à remettre en question les causes et les structures qui ont en premier lieu rendu la corruption possible». En d'autres termes, le système pluriséculaire de la gouvernance russe, fondé sur «le pouvoir et la propriété», doit être bouleversé, depuis ses bases, par un fort mouvement démocratique. C’est cette transformation du système, qui prendra probablement des décennies, peut-être des générations, qu’exigent Roman Junemann et Tatjana Vorocheïkina.
1Tatjana Vorocheïkina, Autocratie et perestroïka 2.0. La sortie de la dépendance au sentier de la Russie, Osteuropa, Heft, 2019.
2Neue Zürcher Zeitung, 4. 12.2019
A lire aussi sur la Russie:
«Violences domestiques: la loi qui divise la société russe» - Marie Céhère
«Moyen-Orient: toutes les cartes rebattues» - Jacques Pilet
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Après tout, Junemann, né en 1995, était encore un adolescent de 16 ans alors que des centaines de milliers de manifestants descendaient à l’hiver 2011-2012, dans les rues de Moscou et de Saint-Pétersbourg, pour réclamer une Russie libre.</p> <h3><strong>«Des aires de jeux dans la cour»</strong></h3> <p>Junemann vit au sud de Moscou, dans le quartier Tchertanovo, fort de 200 000 habitants. C'est là qu’il a appris que la population russe en avait assez des «idéologies, partis et missions». «Ce qui préoccupe vraiment les gens, ce sont les problèmes du quotidien, comme par exemple les aires de jeux dans la cour, ou les écoles publiques avec des enseignants mal payés». Il a été confronté à ces questions alors qu’il faisait du porte à porte durant sa campagne électorale. Pour la majorité des électeurs, la politique se fait dans les offices où les bureaucrates veulent vite se faire de l’argent. C'est aussi une des raisons pour lesquelles si peu de gens votent.</p> <p>Polyglotte, Junemann travaille pour un grand cabinet de conseil international et gagne, selon les critères russes, plutôt un bon salaire. Ainsi, il a pu se passer de grands sponsors pour financer sa campagne électorale et découvrir à cette occasion ce qui préoccupe vraiment les habitants.</p> <h3><strong>Attendre et regarder ailleurs n’est plus à l’ordre du jour</strong></h3> <p>Ce qui est fascinant chez Roman Junemann, c'est son attitude charismatique, tournée vers le futur. Elle est le point commun de nombreux jeunes gens dans le monde: aux Etats-Unis, au Proche-Orient, au Chili ou à Hongkong. Ils ont perdu toute confiance envers leurs gouvernements respectifs, tiennent les dirigeants pour corrompus et autoritaires, et ils occupent la place publique, pacifiquement pour la plupart. Ils usent des technologies les plus modernes, qui rendent nombre de protestations possibles et les renforcent. Attendre et regarder ailleurs n’est plus à l’ordre du jour.</p> <p>La politologue russe Tatjana Vorocheïkina est âgée d’environ deux générations de plus que Roman Junemann. Dans un entretien et une analyse<sup>1</sup>, elle essaie d’expliquer comment la Russie pourrait sortir de sa «dépendance à sa propre histoire». Selon elle, il n’y a «jamais eu en Russie d’État au sens occidental: un État qui sépare les intérêts publics et privés des décideurs».</p> <p>Au contraire, l’État russe est fait depuis plus de 500 ans de «structures de pouvoir patrimonial» qui servent les intérêts privés, économiques et politiques de ceux qui le détiennent. Le pouvoir et la propriété ont été réduits en Russie. Pour les dirigeants, la politique est la source la plus sûre d'enrichissement personnel. Dès lors, les hommes en place ne voudraient pas céder une miette d’influence économique aux acteurs indépendants.</p> <h3><strong>Les démocrates ont détruit la démocratie et l’économie de marché</strong></h3> <p>Tatjana Vorocheïkina est politiquement proche des démocrates russes. Elle critique cependant ceux qui étaient au pouvoir dans les années 1990 autour du Président Boris Eltsine. Jadis, selon elle, il aurait été possible de créer une Russie démocratique, de briser le monopole de l’État et d’introduire l’économie de marché.</p> <p>Mais Eltsine et son équipe ont manqué cette chance historique. Voici comment: en <strong>1993</strong>, Eltsine donne l’ordre aux chars de tirer sur le bâtiment du Soviet suprême (le Parlement). Un an plus tard, les troupes russes marchent sur la Tchétchénie qui réclamait plus d’indépendance. Ces deux événements violents causent des milliers de morts et de blessés et affaiblissent énormément tant l’État que la société.</p> <p>Autre événement décisif: en <strong>1996</strong>, les oligarques financent la réélection d’Eltsine. Ceci en remerciement de la politique de privatisation organisée par l’État qui a permis à quelques oligarques ultra riches d’acquérir, en dessous de leur valeur, des parts lucratives des anciennes propriétés étatiques (métallurgie et secteur des matières premières). La majorité de la population russe voit cela à présent comme un vol. Ceci explique pourquoi les démocrates n'ont toujours aucune chance de gagner les élections aujourd’hui. En d’autres mots, la démocratie a été sapée dans les années 1990 par les dirigeants démocrates.</p> <p>Avec l’entrée en fonction de Vladimir Poutine en 2000, les bases d'une contre-réforme étaient posées. Dans les faits, la Russie revenait à un modèle de gouvernement autoritaire où les décisions les plus importantes sont prises par un seul homme. Poutine décide même en personne de sa succession, car il n’existe pas de système de succession institutionnalisé.</p> <h3><strong>La société civile russe devient plus forte</strong></h3> <p>La société civile russe est encore faible, mais, surtout depuis «l’hiver des protestations» 2011/2012, elle se renforce. La société se bat pour des espaces verts, l’élimination des déchets, la protection de l’environnement ou le bien-être des enfants.</p> <p>A Ekaterinbourg, des milliers de personnes ont protesté en mai 2019 contre la construction d'une nouvelle cathédrale. Non pas parce qu’ils étaient contre la construction d’une église pour la sainte patronne de la ville, mais parce qu’il n’y a pas assez d'espaces verts, surtout dans le centre de la grande ville d’un million et demi d’habitants. Après les protestations, le patriarche de Moscou a renoncé à la construction. L’État en revanche a été désarmé, car ces protestations n'avaient rien de politique.</p> <h3><strong>Les ecclésiastiques orthodoxes protestent aussi</strong></h3> <p>Des manifestations pour la libération de personnalités connues ont aussi eu grand effet. L’acteur de 23 ans Pavel Ustinov a été condamné à plusieurs années de réclusion après avoir été arrêté lors d'un rassemblement. Enseignants, médecins, acteurs et même des ecclésiastiques de la conservatrice Église orthodoxe russe ont exigé à l’automne dernier la libération d’Ustinov, ce qu’un tribunal de Moscou a autorisé en septembre. Il est arrivé la même chose au journaliste Ivan Golunov. </p> <p>Autre nouveauté, l’apparition d’organisations auxquelles les détenus peuvent s’adresser, ou des réseaux qui diffusent des informations sur les abus des autorités. La <strong>solidarité</strong> aussi se répand dans la société russe. Dans toute la Russie progressent des fondations comme par exemple «Offre la vie», qui soutient les enfants atteints du cancer et leurs parents. L’époux de Tatjana Vorocheïkina, qui était très malade il y a quelques années, devait se faire opérer en Allemagne. Il n’a fallu que quelques jours pour collecter la grosse somme nécessaire à l’opération.</p> <h3><strong>Une transformation radicale du système est-elle possible?</strong></h3> <p>Il y a depuis des décennies un soi-disant «contrat social» entre l’État et les citoyens. Le gouvernement assure la sécurité financière et sociale et attend en retour que les citoyens renoncent à leurs droits politiques de participation. Aujourd’hui, le Président Poutine n'est plus en mesure de remplir sa part du contrat. Depuis des années, les salaires réels baissent et il n’y a pas d’amélioration en vue. Le «contrat social» commence à disparaitre. En d’autres mots, la Russie n’a pas seulement besoin de croissance économique et de capitaux frais, mais d’une transformation totale du système.</p> <p>C'est la conclusion d’une étude récemment conduite et publiée par l’institut de sondage indépendant Lewada à Moscou. Elle se fonde sur un sondage représentatif. 59% des sondés disent attendre des changements décisifs et à large échelle en Russie. En comparaison avec un sondage semblable conduit il y a 2 ans, ils sont presqu’une fois et demie plus nombreux à le penser. L’appel à un changement radical n’a cependant, selon l’étude de Lewada, plus rien à voir avec la liberté, la démocratie et le pluralisme. Les sondés parlaient d’exigences sociales comme des salaires plus hauts et des prix plus bas. Et presque 75% d'entre eux sont d'avis que l’État devrait intervenir activement dans l’économie<sup>2</sup>.</p> <p>Alexeï Navalny, le politicien de l’opposition bien connu à l’Ouest, est persuadé qu’il faut tout d’abord combattre la corruption présente partout et très profondément ancrée. Mais pour Roman Junemann cela ne suffira pas. «<em>Le combat de l’opposition contre la corruption n’arrive pas encore à remettre en question les causes et les structures qui ont en premier lieu rendu la corruption possible</em>». En d'autres termes, le système pluriséculaire de la gouvernance russe, fondé sur «le pouvoir et la propriété», doit être bouleversé, depuis ses bases, par un fort mouvement démocratique. C’est cette transformation du système, qui prendra probablement des décennies, peut-être des générations, qu’exigent Roman Junemann et Tatjana Vorocheïkina.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Tatjana Vorocheïkina, <em>Autocratie et perestroïka 2.0. La sortie de la dépendance au sentier de la Russie</em>, Osteuropa, Heft, 2019.</h4> <h4><sup>2</sup><em>Neue Zürcher Zeitung</em>, 4. 12.2019</h4> <hr /> <h3>A lire aussi sur la Russie:</h3> <p>«<a href="/actuel/violences-domestiques-la-loi-qui-divise-la-societe-russe" target="_blank" rel="noopener"><em>Violences domestiques: la loi qui divise la société russe</em></a>» - Marie Céhère</p> <p>«<a href="/actuel/toutes-les-cartes-rebattues" target="_blank" rel="noopener"><em>Moyen-Orient: toutes les cartes rebattues</em></a>» - Jacques Pilet</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'il-y-a-de-l-espoir-en-russie-malgre-tout', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 572, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2077, 'homepage_order' => (int) 2328, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Dans les médias occidentaux, les gros titres sur la Russie sont pour la plupart négatifs. 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Attendre et regarder ailleurs n’est plus à l’ordre du jour.</p> <p>La politologue russe Tatjana Vorocheïkina est âgée d’environ deux générations de plus que Roman Junemann. Dans un entretien et une analyse<sup>1</sup>, elle essaie d’expliquer comment la Russie pourrait sortir de sa «dépendance à sa propre histoire». Selon elle, il n’y a «jamais eu en Russie d’État au sens occidental: un État qui sépare les intérêts publics et privés des décideurs».</p> <p>Au contraire, l’État russe est fait depuis plus de 500 ans de «structures de pouvoir patrimonial» qui servent les intérêts privés, économiques et politiques de ceux qui le détiennent. Le pouvoir et la propriété ont été réduits en Russie. Pour les dirigeants, la politique est la source la plus sûre d'enrichissement personnel. Dès lors, les hommes en place ne voudraient pas céder une miette d’influence économique aux acteurs indépendants.</p> <h3><strong>Les démocrates ont détruit la démocratie et l’économie de marché</strong></h3> <p>Tatjana Vorocheïkina est politiquement proche des démocrates russes. Elle critique cependant ceux qui étaient au pouvoir dans les années 1990 autour du Président Boris Eltsine. Jadis, selon elle, il aurait été possible de créer une Russie démocratique, de briser le monopole de l’État et d’introduire l’économie de marché.</p> <p>Mais Eltsine et son équipe ont manqué cette chance historique. Voici comment: en <strong>1993</strong>, Eltsine donne l’ordre aux chars de tirer sur le bâtiment du Soviet suprême (le Parlement). Un an plus tard, les troupes russes marchent sur la Tchétchénie qui réclamait plus d’indépendance. 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Dans les faits, la Russie revenait à un modèle de gouvernement autoritaire où les décisions les plus importantes sont prises par un seul homme. Poutine décide même en personne de sa succession, car il n’existe pas de système de succession institutionnalisé.</p> <h3><strong>La société civile russe devient plus forte</strong></h3> <p>La société civile russe est encore faible, mais, surtout depuis «l’hiver des protestations» 2011/2012, elle se renforce. La société se bat pour des espaces verts, l’élimination des déchets, la protection de l’environnement ou le bien-être des enfants.</p> <p>A Ekaterinbourg, des milliers de personnes ont protesté en mai 2019 contre la construction d'une nouvelle cathédrale. Non pas parce qu’ils étaient contre la construction d’une église pour la sainte patronne de la ville, mais parce qu’il n’y a pas assez d'espaces verts, surtout dans le centre de la grande ville d’un million et demi d’habitants. Après les protestations, le patriarche de Moscou a renoncé à la construction. L’État en revanche a été désarmé, car ces protestations n'avaient rien de politique.</p> <h3><strong>Les ecclésiastiques orthodoxes protestent aussi</strong></h3> <p>Des manifestations pour la libération de personnalités connues ont aussi eu grand effet. L’acteur de 23 ans Pavel Ustinov a été condamné à plusieurs années de réclusion après avoir été arrêté lors d'un rassemblement. Enseignants, médecins, acteurs et même des ecclésiastiques de la conservatrice Église orthodoxe russe ont exigé à l’automne dernier la libération d’Ustinov, ce qu’un tribunal de Moscou a autorisé en septembre. Il est arrivé la même chose au journaliste Ivan Golunov. </p> <p>Autre nouveauté, l’apparition d’organisations auxquelles les détenus peuvent s’adresser, ou des réseaux qui diffusent des informations sur les abus des autorités. La <strong>solidarité</strong> aussi se répand dans la société russe. Dans toute la Russie progressent des fondations comme par exemple «Offre la vie», qui soutient les enfants atteints du cancer et leurs parents. L’époux de Tatjana Vorocheïkina, qui était très malade il y a quelques années, devait se faire opérer en Allemagne. Il n’a fallu que quelques jours pour collecter la grosse somme nécessaire à l’opération.</p> <h3><strong>Une transformation radicale du système est-elle possible?</strong></h3> <p>Il y a depuis des décennies un soi-disant «contrat social» entre l’État et les citoyens. Le gouvernement assure la sécurité financière et sociale et attend en retour que les citoyens renoncent à leurs droits politiques de participation. Aujourd’hui, le Président Poutine n'est plus en mesure de remplir sa part du contrat. Depuis des années, les salaires réels baissent et il n’y a pas d’amélioration en vue. Le «contrat social» commence à disparaitre. En d’autres mots, la Russie n’a pas seulement besoin de croissance économique et de capitaux frais, mais d’une transformation totale du système.</p> <p>C'est la conclusion d’une étude récemment conduite et publiée par l’institut de sondage indépendant Lewada à Moscou. Elle se fonde sur un sondage représentatif. 59% des sondés disent attendre des changements décisifs et à large échelle en Russie. En comparaison avec un sondage semblable conduit il y a 2 ans, ils sont presqu’une fois et demie plus nombreux à le penser. L’appel à un changement radical n’a cependant, selon l’étude de Lewada, plus rien à voir avec la liberté, la démocratie et le pluralisme. Les sondés parlaient d’exigences sociales comme des salaires plus hauts et des prix plus bas. Et presque 75% d'entre eux sont d'avis que l’État devrait intervenir activement dans l’économie<sup>2</sup>.</p> <p>Alexeï Navalny, le politicien de l’opposition bien connu à l’Ouest, est persuadé qu’il faut tout d’abord combattre la corruption présente partout et très profondément ancrée. Mais pour Roman Junemann cela ne suffira pas. «<em>Le combat de l’opposition contre la corruption n’arrive pas encore à remettre en question les causes et les structures qui ont en premier lieu rendu la corruption possible</em>». En d'autres termes, le système pluriséculaire de la gouvernance russe, fondé sur «le pouvoir et la propriété», doit être bouleversé, depuis ses bases, par un fort mouvement démocratique. C’est cette transformation du système, qui prendra probablement des décennies, peut-être des générations, qu’exigent Roman Junemann et Tatjana Vorocheïkina.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Tatjana Vorocheïkina, <em>Autocratie et perestroïka 2.0. La sortie de la dépendance au sentier de la Russie</em>, Osteuropa, Heft, 2019.</h4> <h4><sup>2</sup><em>Neue Zürcher Zeitung</em>, 4. 12.2019</h4> <hr /> <h3>A lire aussi sur la Russie:</h3> <p>«<a href="/actuel/violences-domestiques-la-loi-qui-divise-la-societe-russe" target="_blank" rel="noopener"><em>Violences domestiques: la loi qui divise la société russe</em></a>» - Marie Céhère</p> <p>«<a href="/actuel/toutes-les-cartes-rebattues" target="_blank" rel="noopener"><em>Moyen-Orient: toutes les cartes rebattues</em></a>» - Jacques Pilet</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'il-y-a-de-l-espoir-en-russie-malgre-tout', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 572, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2077, 'homepage_order' => (int) 2328, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5302, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (2)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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Depuis plusieurs semaines, Pierre correspondait avec une dizaine de personnes et toutes leurs conversations avaient pour sujet la critique du virilisme, la chasse au masculinisme, la volonté d’abattre le patriarcat «d’abord en nous». Rien que d’y penser, ça me donne envie de vomir. Je sais bien qu’une épidémie wokiste s’est abattue sur l’Occident mais je me pensais à l’abri. Eh bien, non! Cette épidémie a envahi mon salon, elle couche même dans mon lit! J’ai également découvert que Pierre me mentait. Alors qu’il prétendait aller jouer au badminton avec des copains, il participait à des <em>workshops</em> de déconstruction de virilité. «Je ne suis plus sûr de rien, écrivait-il sur le forum To-be-is-not-to-be-a-man. Suis-je un homme, une femme, un être mixte, double? Suis-je? 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Je l’ai tout de suite trouvé à mon goût mais je n’étais pas là pour ça. Nous nous étions donnés rendez-vous dans un tea-room du centre-ville, j’avais pris avec moi l’ordinateur portable de Pierre. Pierre qui prétendait être parti en séminaire professionnel à Zurich mais, je l’avais découvert sans peine, se trouvait en fait à Tolochenaz où avait lieu une rencontre avec un guru de la déconstruction masculine: «De viril à viriel».</p> <p>- Vous avez donc des doutes concernant votre mari? Expliquez-moi ce qui vous inquiète...</p> <p>Ce vouvoiement a sonné très agréablement à mes oreilles. Avec son col roulé, son blaser et sa coupe de cheveux tout à la fois stricte et décontractée, Emmanuel me fit me rendre compte qu’autour de moi, les hommes avaient depuis longtemps renoncé à leur élégance, privilégiant des tenues décontractées ne mettant plus du tout leurs atouts masculins en valeur.</p> <p>Oui, je dois l’avouer, à moi aussi les jeunes réactionnaires faisaient de l’effet. Lorsque je songeais aux gauchistes à l’hygiène douteuse auxquels j’avais offert mon jeune corps dans les années 1980, des sanglots de regret me serraient la gorge. Sans compter tous ces festivals où nous fumions du cannabis, filles et garçons portant les mêmes vêtements et arborant les mêmes coupes des cheveux… </p> <p>- Vous voyez, Catherine, le wokisme se répand depuis fort longtemps dans la société occidentale. Personne n’a voulu le voir et c’est pourquoi aujourd’hui ses effets sont si pervers. Votre génération l’a laissé s’installer comme une plante invasive et il a pratiquement détruit tous les fondements de notre civilisation. C’est le dernier moment pour agir, ce sursaut est indispensable. C’est pourquoi je salue votre démarche. Vous êtes très courageuse, Catherine, je vais vous aider à libérer votre mari de cette infection, s’il en est encore temps, bien sûr…</p> <p>- Vous pensez qu’il pourrait être trop tard ?</p> <p>- Tout ce que vous me dites m’inquiète beaucoup. Pierre est déjà très perverti. Vous l’avez remarqué, dans ses messages il emploie l’écriture inclusive avec aisance. C’est la preuve que le mal a déjà atteint des couches profondes de sa conscience. De plus, il remet systématiquement en question les bienfaits de la civilisation occidentale dans le monde. Il milite pour la restitution des antiquités découvertes chez les peuples non-civilisés, il a participé au souillage de la statue de David de Pury à Neuchâtel, sous prétexte que celui-ci a participé à la traite d’esclaves…</p> <p>- Oui, je sais, c’est horrible. Tout ça alors que je le croyais occupé avec des clients. Les comptes de notre agence de communication sont dans le rouge. Cela fait des mois que Pierre ne prospecte plus de nouveaux clients et qu'il refuse les commandes au prétexte que la publicité est une aliénation capitalisto-patriarcale.</p> <p>- Et ça, Catherine, c’est très grave! S’attaquer à l’économie, c’est s’attaquer à nos valeurs premières. </p> <p>- Que faire? 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. C’est lui qui est parti avec la première maîtresse qu’il s’est autorisée.</p> <p>Mais Pierre a changé.</p> <p>Nous nous sommes connus dans une manifestation contre le racisme alors que nous avions vingt-sept ans. Il était graphiste tandis que moi j’enseignais le français à des réfugiés dans un centre géré par l’Eglise protestante. Je l’avais déjà remarqué à d’autres occasions au fil des ans – Lausanne est une petite ville – notamment lors d’une soirée chez Jean-Luc, lequel a été mon amant lorsque j’avais vingt ans et que j’hésitais entre le trotskisme et l’écologie politique. Lorsque Jean-Luc, figure de proue des trotskistes locaux, m’avait quittée pour une camarade d’origine kurde plus valorisante pour lui, j’avais renoncé aux principes de la Quatrième Internationale et milité pour la sauvegarde de la planète, jusqu’à ma rencontre avec un zapatiste belge avec qui je suis partie au Mexique où j’ai attrapé une infection sexuellement transmissible. De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. Deux semaines plus tard nous emménagions ensemble; nous ne nous sommes plus quittés.</p> <p>L’autre soir, alors que nous avions des invités à la maison, il m’a semblé reconnaître chez Pierre les signes d’une tension extrême. Depuis le temps, je le connais bien. Serge et Mireille, nos invités, l’ont eux aussi sentie, cette tension. Ce sont tout à la fois des amis et des clients. Des amis parce que comme nous ils sont de centre gauche, des clients car ils font appel à notre agence de communication pour promouvoir leur commerce. Après avoir été de grands voyageurs, Serge et Mireille vendent aujourd’hui des produits venus d’Asie, principalement d’Inde mais aussi de Birmanie et du Cambodge. Ils sélectionnent avec soins les artisans, privilégiant les structures coopératives respectueuses de l’environnement et du bien-être des populations locales. Nous gérons leur site internet et leur publicité, et tournons même pour eux des clips promotionnels. Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. Pierre a rétorqué que pour rester vivantes les langues devaient changer, que les normes les étouffaient, que les règles orthographiques avaient été inventées pour empêcher les pauvres d’accéder aux études. «Etes-vous allés récemment au cinéma?» ai-je incidemment demandé à Mireille?</p> <p>Le lendemain, elle m’a appelée. «Avec Serge, on se demande si Pierre n’est pas en train devenir woke…» Mon sang s’est figé dans mes veines, une sourde angoisse est montée de mon estomac jusque dans ma gorge. «Non, non… Vous vous trompez… Vous avez bien vu, il continue de manger de la viande», ai-je rassuré Mireille. Mais le doute s’était instillé en moi, je me suis mise à mieux observer Pierre et, pour la première fois, j’ai fouillé dans ses poches et ses agendas, même dans son ordinateur. Ce que j’ai découvert est effrayant…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="149" height="206" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /><span>et de<br /></span><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="154" height="207" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-1', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 41, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5284, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique', 'subtitle' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. 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En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p> <ul> <li> <p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p> </li> <li> <p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. Au lieu de cela, ils accusent des <a href="https://psmag.com/environment/the-epa-blames-six-asian-nations-that-the-u-s-exports-plastic-waste-to-for-ocean-pollution/">systèmes de recyclage inadéquats et une mauvaise gestion des déchets</a>.</p> </li> </ul> <p>L’attention portée au recyclage des plastiques et à la gestion des déchets touche en réalité des millions de personnes en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. Il s’agit des travailleurs qui récupèrent, réutilisent ou revendent les plastiques, les textiles, l’aluminium et d’autres matériaux précieux issus des déchets.</p> <p>Dans le cadre du traité sur les plastiques, pour que ces travailleurs informels soient reconnus, que leurs conditions de travail puissent être améliorées et qu’ils puissent bénéficient d’une transition écologique plus équitable, les solutions politiques doivent aller au-delà des mécanismes économiques basés sur le seul marché et des stratégies axées sur le profit.</p> <p>Si ce n’est pas le cas, les efforts en faveur d’un recyclage plus inclusif et du développement de l’économie circulaire risquent de renforcer les injustices mêmes qu’ils prétendent combattre.</p> <h3>Qui sont les ramasseurs informels de déchets?</h3> <p>Les collecteurs de déchets – et les autres personnes travaillant avec eux dans un cadre informel et coopératif – effectuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344924001824#sec0021">grande partie du travail de recyclage à l’échelle mondiale</a>. Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. Ils restent toujours relégués aux mêmes tâches manuelles et difficiles, même si leurs conditions de travail en ressortent légèrement améliorées.</p> <h3>L’industrie du plastique maintient le <em>statu quo</em></h3> <p>Malgré les bonnes intentions de départ, des termes tels que «économie circulaire inclusive» sont donc trop souvent utilisés à des fins de <em>green washing</em> et même de <em>justice washing</em>, tandis que les travailleurs continuent à endurer des conditions difficiles. Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 45, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». 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Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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