Actuel / Elections municipales serrées dans la capitale
Les élections municipales hongroises de 2019 auront lieu le 13 octobre prochain. © Bernard Lebrun
Ce dimanche, les Hongrois sont appelés à renouveler leurs conseils municipaux pour cinq ans. L’enjeu véritable de ce vote est de plus grande ampleur. Questions: Budapest, la capitale, tombera-t-elle aux mains de l’opposition? Le Premier ministre Viktor Orbán et son parti, le Fidesz, recevront-ils ce dimanche un tout premier avertissement?
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Ceux-ci poussent comme des champignons, dans la capitale et ailleurs dans le pays. Viktor Orbán est connu pour sa passion du football, mais ses opposants aimeraient voir utilisé autrement l’argent public – pour renouveler les infrastructures routières, améliorer les hôpitaux, initier des mesures écologiques, par exemple...</p> <p>En fait, et l’équipe de Karácsony l’admet elle-même en affichant cette caricature place Deák, la campagne pour la mairie de Budapest est d’abord un combat entre les pro et les anti Orbán. Le Premier ministre demeure la figure centrale et cardinale de la vie politique hongroise. Depuis les manifestations massives contre la réforme de la loi sur les heures supplémentaires en décembre dernier, l’ensemble des forces politiques sont associées dans leur opposition au Fidesz. Les écologistes et les socialistes défilent aux côtés des crypto fascistes du Jobbik. 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Même avec un salaire décent comme celui de Carlos, il est devenu quasi-impossible de louer un appartement en centre-ville, à moins de décrocher une place dans une colocation de 3 ou 4 personnes. Les loyers ont augmenté de 68% en dix ans et l’accession à la propriété est devenue une chimère inatteignable pour les jeunes actifs.</p> <p>Comme ailleurs dans le sud de l’Europe, la population double durant les vacances d’été, une situation invivable pour les résidents. «Il y a de plus en plus de monde» déplore Carlos. En plus de porter des t-shirts qu’on ne risque pas de manquer en déambulant sur les <em>R</em><i>amblas</i>, les habitants des régions concernées redoublent d’imagination pour faire entendre leur voix. Aux îles Canaries, c’est une grève de la faim qui a été décidée dès le mois d’avril. A Barcelone toujours, des locaux excédés s’amusent à viser les touristes au pistolet à eau. Les températures avoisinent les 40 degrés, rien de bien méchant. 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Voire contre-productive pour les associations de résidents qui craignent que leur ville ne se transforme en «Venise-land», le droit de péage constituant le ticket d'entrée pour ce parc d'attraction. «Nous avons atteint un point de non-retour» déplorent les Vénitiens. «Notre ville se meurt pour le profit de quelques uns». Des services de santé ont en effet dû fermer leurs portes, les boutiques de souvenirs kitsch remplacent les enseignes locales: la vie quotidienne devient impossible.</p> <p>De fait, le pari de Carlos Ramirez et de ses voisins a réussi: plusieurs agences de voyages et compagnies aériennes avertissent désormais leurs clients. Il règne en Catalogne un «climat hostile» à leur venue. «Barcelone a à présent mauvaise réputation. De plus en plus de visiteurs ont peur de s’y rendre», explique Antje Martins, spécialiste du tourisme à l’université du Queensland. D’autres professionnels craignent même que la ville ne se retrouve «isolée» et que l’attitude des résidents n’entache la réputation de toute l’Espagne.</p> <p>Car cette révolte s'inscrit dans un paradoxe économique. Barcelone vit largement du tourisme, comme de nombreuses autres régions européennes. Comment concilier prospérité et tranquillité? L’exaspération des habitants ne se dirige d’ailleurs pas vers les touristes eux-mêmes, mais plutôt vers les autorités qui n’ont pas engagé de réflexion profonde – et politique – sur un modèle touristique durable à adopter pour atteindre une forme de consensus entre visiteurs et habitants, un équilibre vivable à long terme. Il s’agit d’un problème structurel. </p> <p>En sus des logements confisqués et de la dévitalisation des centres-villes, la question du respect de l’environnement et des habitants par les visiteurs commence à être abordée et regardée en face. La manne financière du tourisme ne justifie plus tous les excès et toutes les indulgences. A Florence, une touriste mimant une scène sexuelle avec une statue représentant Bacchus a fait scandale. La dégradation d’une fontaine du XVIème siècle par un autre visiteur l’été dernier a soulevé l'indignation des Florentins.</p> <p>Carlos a lui aussi constaté que les touristes se «lâchaient» une fois sur leur lieu de villégiature, s’autorisaient «ici ce qu’ils ne se permettent pas chez eux». «Nous nous sentons véritablement insultés». </p> <p>Amsterdam, la ville du «quartier rouge» et des coffee-shops, a décidé de répliquer: une campagne de «non promotion» lancée en 2023 visait spécialement les jeunes hommes, principaux responsables des nuisances selon les habitants. Les enterrements de vie de garçon ont quelque peu cessé d’empoisonner le quotidien et les nuits des riverains des bars et boîtes de nuit.</p> <p>Une autre stratégie consiste à augmenter drastiquement les prix pour se débarrasser des foules. Mais la gentrification qui s’en suit est encore un fléau pour les locaux. Ainsi à Majorque, tout est désormais «hors de prix» afin de dissuader les «touristes alcoolisés» d’envahir l'île et ses plages. Seulement cette inflation ne bénéficie pas aux habitants.</p> <p>Quelles que soient les méthodes employées, une intervention politique semble indispensable aux habitants de ces zones exposées à la surfréquentation. D’Amsterdam à Venise en passant par Palma de Majorque, tous sont décidés à poursuivre leur combat, «jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli». Un équilibre d’avant EasyJet et AirBnB.</p> <hr /> <h4><a href="https://edition.cnn.com/2024/07/27/travel/why-europe-has-become-an-epicenter-for-anti-tourism-protests-this-summer/index.html" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'surtourisme-un-point-de-non-retour-pour-l-europe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 153, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 4670, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5065, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les amères retombées des Jeux de Tokyo 2020', 'subtitle' => '«Les Echos» s’est interrogé dans une récente série d’été sur les retombées de l’organisation des Jeux olympiques sur les villes hôtes. 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En direct de Budapest
Place Deák Ferenc, dans le centre-ville de Budapest, jeudi dernier, un homme tient un stand de promotion électorale: des t-shirts jaunes et verts, des badges, des tracts, des affiches à l’effigie d’un homme à l’air avenant, Gergely Karácsony. À 44 ans, l’ancien maire du district de Zugló (le 14e arrondissement, peuplé par des familles de classe moyenne, au nord de Pest) est le candidat d’opposition de gauche à la mairie de Budapest lors des élections municipales qui se tiendront en Hongrie ce dimanche. À côté du stand, cette équipe du Párbeszéd Magyarországért Párt (Parti du Dialogue pour la Hongrie, qui réunit l’opposition) a osé une caricature: sur les genoux du Premier ministre Viktor Orbán se tient, comme une marionnette, le candidat favori à sa propre succession, István Tarlós, 71 ans, sans étiquette mais soutenu par le Fidesz, le parti de droite conservatrice au pouvoir (et l’actrice Scarlett Johansonn, de passage à Budapest, nous y reviendrons).
© Bernard Lebrun
Les touristes regardent l’ensemble d’un air vaguement intrigué. Personne ne s’arrête, mais l’homme, derrière son stand, garde le sourire. D’après les derniers sondages, Karácsony, désigné par une primaire des principaux partis de gauche, talonne le maire sortant. La capitale est un bastion à prendre, le Fidesz n’y réalise pas ses meilleurs scores (41% aux Européennes de mai 2019). Unique mégapole de près de 2 millions d’habitants, Budapest représente un cinquième de la population hongroise.
Les autres candidats font plutôt de la figuration. Le polémiste habitué des plateaux de télévision et des débats houleux, Róbert Puzsér, se présente comme indépendant, sans vraiment de succès. Gyula Thürmer représente le parti communiste, que l’on préfèrerait ici aux oubliettes. Quant à Krisztián Berki, ancien footballeur et personnalité de télé-réalité, condamnée pour fraude fiscale, il est absent de l’espace public mais a tout de même recueilli un accueil populaire massif: deux fois le nombre de soutiens nécessaires à sa candidature.
Le principal fait d’armes de Karácsony est une pétition populaire pour faire stopper la construction de stades et d’installations sportives. Ceux-ci poussent comme des champignons, dans la capitale et ailleurs dans le pays. Viktor Orbán est connu pour sa passion du football, mais ses opposants aimeraient voir utilisé autrement l’argent public – pour renouveler les infrastructures routières, améliorer les hôpitaux, initier des mesures écologiques, par exemple...
En fait, et l’équipe de Karácsony l’admet elle-même en affichant cette caricature place Deák, la campagne pour la mairie de Budapest est d’abord un combat entre les pro et les anti Orbán. Le Premier ministre demeure la figure centrale et cardinale de la vie politique hongroise. Depuis les manifestations massives contre la réforme de la loi sur les heures supplémentaires en décembre dernier, l’ensemble des forces politiques sont associées dans leur opposition au Fidesz. Les écologistes et les socialistes défilent aux côtés des crypto fascistes du Jobbik. Les communicants Fidesz, s’en frottent les mains, voyant dans cette surprenante union un complot du financier et philanthrope George Soros, leur bête noire.
© Bernard Lebrun
Dans ce contexte, perdre la mairie de Budapest serait une humiliation pour le parti au pouvoir. Conformément à ses habitudes, le Fidesz s’est donc lancé dans une campagne ordurière contre ses opposants. Des affiches les montrent déguisés en clowns et proclament «Nem Budapest circusz!» (Budapest n’est pas un cirque!). Des vidéos parodiques circulent sur les réseaux sociaux et prétendent faire la démonstration de l’incapacité de Karácsony à s’exprimer en public. Les meetings et les prises de parole du Párbeszéd Magyarországért Párt ne sont plus annoncés, par crainte des groupes perturbateurs qui débarquent avec camions et hauts parleurs. Moins folklorique, le Fidesz instille le doute sur l’honnêteté du camp Karácsony à coups de descentes de police et de rumeurs sur de prétendues fuites dans la préparation d’une fraude électorale, rumeurs relayées par la télévision d’État.
© Bernard Lebrun
Le calme, habituel, qui règne dans les rues de Budapest ces jours-ci est-il de ceux qui précèdent les batailles? Rien n’est moins sûr. Toute cette agitation politique ne provoque que peu de remous chez les Budapestois. Les diverses affiches électorales dont la ville est couverte (colonnes Morris comprises) sont toutes intactes. Ici, personne n’a pris la peine de dessiner une moustache à István Tarlós. Les chiffres de la participation aux scrutins locaux livrent un début de réponse à cette forme d’indifférence: 43% seulement en 2014, quand les élections législatives de 2018 ont vu 67% des électeurs se déplacer aux urnes.
Marionnette ou pas de Viktor Orbán, la municipalité Fidesz de Budapest joue son mandat le 13 octobre, sous le regard attentif de la presse européenne.
A lire également, en direct de Hongrie:
Imre Nagy: disparition à la hongroise - Marie Céhère
Place des Héros et héros ordinaires - Marie Céhère
Voyage à l'ouest - Marie Céhère
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Même avec un salaire décent comme celui de Carlos, il est devenu quasi-impossible de louer un appartement en centre-ville, à moins de décrocher une place dans une colocation de 3 ou 4 personnes. Les loyers ont augmenté de 68% en dix ans et l’accession à la propriété est devenue une chimère inatteignable pour les jeunes actifs.</p> <p>Comme ailleurs dans le sud de l’Europe, la population double durant les vacances d’été, une situation invivable pour les résidents. «Il y a de plus en plus de monde» déplore Carlos. En plus de porter des t-shirts qu’on ne risque pas de manquer en déambulant sur les <em>R</em><i>amblas</i>, les habitants des régions concernées redoublent d’imagination pour faire entendre leur voix. Aux îles Canaries, c’est une grève de la faim qui a été décidée dès le mois d’avril. A Barcelone toujours, des locaux excédés s’amusent à viser les touristes au pistolet à eau. Les températures avoisinent les 40 degrés, rien de bien méchant. 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Un équilibre d’avant EasyJet et AirBnB.</p> <hr /> <h4><a href="https://edition.cnn.com/2024/07/27/travel/why-europe-has-become-an-epicenter-for-anti-tourism-protests-this-summer/index.html" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'surtourisme-un-point-de-non-retour-pour-l-europe', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 153, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 4670, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5065, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les amères retombées des Jeux de Tokyo 2020', 'subtitle' => '«Les Echos» s’est interrogé dans une récente série d’été sur les retombées de l’organisation des Jeux olympiques sur les villes hôtes. 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En pleine pandémie, les organisateurs avaient pris des précautions maximales: masques obligatoires, bulles sanitaires pour protéger les athlètes, public contraint de regarder la majeure partie des festivités à la télévision... Sur certains tronçons du parcours de la flamme, rappelle l’article des <em>Echos</em>, il était même défendu au public de pousser des cris d’enthousiasme, afin d’éviter les contaminations. </p> <p>Un cas d’école, en somme: pour l’historien du sport Robert Withing, cité par le quotidien, «l’opinion publique n’aura pas pu vivre les émotions qui permettent normalement d’effacer toutes les polémiques qui précèdent traditionnellement les JO.» C’est ainsi que les Japonais ont pu découvrir la facture finale de 1’700 milliards de yens (environ 13 milliards de dollars), c’est-à-dire le double des dépenses prévues. 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