Actuel / Un quidam nommé François Varidel
Départ d’un soldat fédéral lors de la mobilisation pour la guerre du Sonderbund en 1847. Illustration de Jakob Ziegler tirée de Jakob Amiet, «Der siegreiche Kampf der Eidgenossen gegen Jesuitismus und Sonderbund: dessen Zusammenhang und Bedeutung in der Entwicklungsgeschichte der schweizerischen Nation und dessen Wirkung auf das politische Leben des Auslandes nebst vollständiger Schilderung des Feldzuges vom November 1847, Soleure, 1848.» © Wikimedia Commons
Une vue de Prahins au début du XXe siècle. Carte postale. © Collection privée.
Né en 1817 et mort en 1880, un habitant de Prahins a laissé un carnet dans lequel il raconte sa vie et notamment sa participation à la guerre du Sonderbund.
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Il a laissé un journal autobiographique. C’est le récit d’un parcours difficile et ordinaire qui ressemble sans doute à des milliers d’autres. François Pierre Varidel naît le 9 mai 1817, d’une famille campagnarde du Nord vaudois. Il est un homme du peuple. A l’âge de douze ans, il perd son père, victime d’un coup de pied de cheval à la tête. Après cet accident, sa mère tombe malade et se fait soigner à Yverdon durant deux ans. <br></p><h3 style="text-align: center;">«C’est triste, très chers parents, d’avoir un enfant pour si peu de temps»<br></h3><p>Avec l’un de ses frères, François est placé sous tutelle. En 1838, à 21 ans, François Varidel suit l’école militaire à Lausanne. Il rejoint sa compagnie à Orbe afin de surveiller la frontière franco-suisse, car il y a un «grand bruit de guerre avec la France». En effet, la justice française réclame Louis-Napoléon Bonaparte, le futur président puis empereur des Français, Napoléon III. 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En janvier 1854, l’état de cette dernière s’est fortement aggravé. Quelques jours plus tard, Nanette tombe à son tour malade et fait chambre à part. Dès le 12 janvier, sa santé se détériore gravement. Alors, Nanette se prépare à son décès et meurt quelques jours plus tard. </p><p>Désormais, la belle-sœur de François ne lui parle plus et l’ignore, alors que François est très peiné par la mort de sa femme.</p><h3 style="text-align: center;">«Brûler le mal jusqu’à me faire [tellement] enfler la bouche que je ne pouvais plus manger»<br></h3><p>Pendant les quatre années qui suivent le décès de son épouse, François est atteint d’une maladie dermatologique. Il s’astreint à différents traitements prescrits par plusieurs médecins. Il recourt aussi à des guérisseurs, mais toutes ces démarches restent sans effet. S’agit-il de séquelles de la variole ou d’une autre maladie de la peau? La durée de ses souffrances fait plutôt pencher pour la seconde hypothèse. «Ordonnance de Monsieur Fazel, docteur à Vuissens. Prendre de l’eau tiède. Vous mettez du vinaigre, un bon verre, sur une bouteille. Se laver une fois par jour, puis se frotter avec de la pommade avant que de se coucher. Prendre des bains avec l’arrosoir une fois par jour pendant deux ans avec l’eau tiède et mettre de la pierre infernale dessus pour brûler le mal jusqu’à me faire [tellement] enfler la bouche que je ne pouvais plus manger. Pour rien.» </p><p>La seconde partie du carnet constitue un manuel d’apiculture de 22 pages, Instructions pour soigner les abeilles. Cependant, on y trouve également la copie d’une procuration de François et de ses autres frères pour rechercher la succession du défunt frère Jean mort en Autriche. D’autres sources nous apprennent que François meurt le 6 novembre 1880 à l’âge de 63 ans. Il a apparemment une descendance, une autre fille, Julie, qu’il a eue avec Nanette. En mars 1867, il a épousé Elise Cuanoud qui a donné naissance à Émile, en 1869. Ce dernier mourra à l’âge de 16 ans. <br></p><br><p><em>Classe 11 VP 1 / Ollon: Nicolas Durussel, maître de la classe; Marion Abbet, Margaux Amateis, Valentine Baumann, Fanny Bühlmann, Lionel Buttet, Julie Chesaux, Victoria de Azevedo, Auriane Défago, Fiona Despont, Jessica Germann, Emilie Heiniger, Gaël Jaggi, Nicolas Morattel, Fiona Müller, Tim Pachoud, Iliana Signer.</em><br></p><p></p><hr><p></p><h4>Cet article est issu du dossier sur la guerre du Sonderbund, paru dans le numéro d'avril 2018 de <em>Passé simple</em>, mensuel romand d’histoire et d’archéologie, <a href="www.passesimple.ch" style="font-size: 1.6rem; background-color: rgb(254, 254, 254);">www.passesimple.ch</a></h4><p></p><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><p></p><h2 style="text-align: center;">Journal inédit?<br></h2><p style="text-align: left;"><strong>Le carnet de François Varidel se trouvait depuis de longues années dans ma famille, explique Nicolas Durussel. Nous ignorons comment il y est arrivé. Son contenu a fait l’objet d’un article du Journal d’Yverdon, le 19 juin 1958, signé M. S. Il est ainsi possible qu’il existe un double de ce carnet. En effet, l’article parle d’un carnet bleu. Celui que nous avons étudié en classe est noir. Les élèves de la classe 11 VP1 (voie pré-gymnasiale) d’Ollon ont travaillé sur ce document pendant plusieurs mois. Ils en ont notamment assuré la transcription et ont rédigé collectivement les textes qui forment le présent dossier. Cette rencontre avec le passé de notre canton les a captivés. Ils ont adapté les extraits du carnet publiés à la syntaxe, à l’orthographe et à la ponctuation actuelles. Au nom de mes élèves, je remercie Marc Varidel, de Sainte-Croix, auteur de l’ouvrage <em>Waridel Varidel Vuaridel. Une famille vaudoise</em>, qui nous a apporté de précieuses informations.<br>Malgré une orthographe et une syntaxe défectueuses, l’auteur du journal a un vocabulaire riche et soigné. <br></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><br></strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1523522807_livre.png"></strong>La première page du carnet de François Varidel. © Collection privée</h4><p style="text-align: left;">Le carnet a pour sources le vécu de son auteur, son expérience personnelle, mais aussi des lettres de son frère ou de ses différents médecins. L’ouvrage rend ainsi compte des nombreuses ordonnances médicales prescrites à François Varidel. Il évoque également des traitements préconisés par des guérisseurs. Dans le contexte de la guerre du Sonderbund, la presse l’a fortement inspiré, notamment le <em>Nouvelliste vaudois</em> ou la <em>Gazette de Lausanne</em>, sans qu’il soit possible de dire lequel des deux plus précisément, les articles étant souvent similaires dans les deux journaux.</p><p style="text-align: left;">François Varidel a repris in extenso de nombreux paragraphes pour décrire des opérations militaires. Il le fait par exemple pour la reddition de Romont. L’auteur n’attache pas une grande importance à l’orthographe, surtout lorsqu’il rend compte de son vécu ou qu’il retranscrit des passages de périodiques de l’époque. François Varidel écrit par exemple son nom de famille de deux manières. C’est que l’orthographe ne jouait pas encore un très grand rôle à l’époque de sa scolarité. A cela, il convient d’ajouter le caractère rudimentaire de l’école vaudoise qu’a suivie François Varidel. <br></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w800/1523708978_capturedecran20180414a14.19.15.png">Liste des médicaments que cite François Varidel dans son carnet. © Collection privée</h4><br><p>L’Ecole normale n’est créée qu’en 1830. Par contraste, son vocabulaire est d’une qualité étonnante. La richesse lexicale s’explique en partie par les emprunts de François Varidel aux journaux. Il est notable que celui-ci n’emploie jamais de mots vulgaires, ni même familiers. Il convient également de relever que François Varidel n’utilise aucun terme de patois vaudois, mis à part celui de «levure», pour la fête du bouquet de chantier. La syntaxe est très approximative, surtout lorsqu’il parle de son vécu. quant à la ponctuation, elle est presque inexistante, y compris dans les passages tirés de la presse. </p><p>François Varidel n’a pas écrit son carnet au jour le jour. Il a relaté les événements après avoir pris du recul. En racontant la fête de la «levure», il précise que «c’était la dernière fois que l’on fraternisait une fête ensemble». Cette observation démontre que François Varidel pouvait écrire bien après les faits. Notons enfin que l’écriture calligraphiée et soignée de François Varidel rend la lecture du carnet agréable. </p><p><font face="PT Serif Italic"><em>Classe 11 VP 1 / Ollon</em></font></p><p></p><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><p></p><h2 style="text-align: center;">La variole et «L'autre monde»</h2><br><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1523706910_variole.jpg">Caricature de James Gillray de 1802 montrant le docteur anglais Edward Jenner vaccinant contre la variole. <br>La vaccination peine à s'imposer parce que l’on attribue au vaccin d’affreux effets secondaires. © Wikimedia Commons<br></h4><p>A partir de mars 1852, la variole prend un caractère inquiétant dans le canton de Soleure. Beaucoup de personnes en sont atteintes et l’on déplore la mort de gens robustes, âgés de vingt à 40 ans. En avril de la même année, le canton du Valais est touché par la maladie, plus précisément dans les districts de Monthey et de Martigny. Le Conseil d’Etat valaisan ordonne une vaccination dans toutes les communes. Bien que la belle-famille de François Varidel soit touchée durant le mois de novembre 1853, la presse vaudoise ne fait alors pas état d’épidémie dans le canton. <br></p><p>François emploie le mot de «vérole» pour désigner la variole. La sœur de Nanette est la plus affectée de sa famille. Nanette s’était jugée suffisamment forte pour rendre visite à sa sœur sans risquer d’être contaminée. Mais, le 3 janvier 1854, elle finit par tomber malade à son tour. Le 12 janvier, elle se prépare à mourir et demande à François d’aller chercher quelqu’un pour l’aider à ranger ses affaires. Son frère estime inutile de venir, considérant qu’elle se remettra, comme d’autres. Nous apprenons, en même temps, que Janette, la sœur de Nanette, va beaucoup mieux. Elle semble être tirée d’affaire. François part à Vuissens, chercher le docteur. Il le trouve absent, mais sa femme indique à François qu’elle l’enverra. Le médecin ne vient que le lendemain. <br></p><p>Voici le récit de cette visite dans le carnet de François Varidel: «Du 13 au matin. (Le docteur) arrive, lui dit: "Bonjour madame Varidel, comment ça va-t-il?" "Oh, ça va bien, j’ai été à l’autre monde et me voici revenue et tant que je vivrai, je reparlerai toujours de l’autre monde". Réponse de monsieur le docteur: "Eh bien, quand vous serez rétablie, vous vous pourrez raconter quelque chose de l’autre monde". On lui donne des remèdes pour la tranquilliser pendant la journée. Entre 9 et 10 heures du soir, on croyait qu’elle n’était plus. Après un long moment de souffrance, elle revint un peu en elle-même, que pour deux jours. Elle expira le 15 courant, à 2 heures ½ du soir. Après cela mes très chers parents, vous pouvez en juger: ayant dès notre enfance fréquenté les écoles et les catéchismes ensemble sans aucun mépris les uns envers les autres, douze années se passèrent ensemble comme des époux doivent vivre.»</p><p></p><hr><p></p><h4>Pour en savoir davantage: <em>Waridel Varidel Vuaridel. Une famille vaudoise</em>, Marc Varidel. Bière, 2017.</h4><p></p><hr><p></p><p><em></em><strong></strong></p><p><strong></strong></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'un-quidam-nomme-francois-varidel', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 714, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 963, 'homepage_order' => (int) 1141, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => 'Né en 1817 et mort en 1880, un habitant de Prahins a laissé un carnet dans lequel il raconte sa vie et notamment sa participation à la guerre du Sonderbund.', 'title' => 'Un quidam nommé François Varidel', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = 'https://dev.bonpourlatete.com/like/947' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 947, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'ACTUEL / Une vie à l'époque du Sonderbund (1)', 'title' => 'Un quidam nommé François Varidel', 'subtitle' => 'Né en 1817 et mort en 1880, un habitant de Prahins a laissé un carnet dans lequel il raconte sa vie et notamment sa participation à la guerre du Sonderbund.', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<p></p><hr><p></p><h3 style="text-align: center; "><span style="font-size: 19.5px;">Classe 11 VP 1 / Ollon</span></h3><h4 style="text-align: center;"><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"></h4><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://bonpourlatete.comhttps://media.bonpourlatete.com/default/w800/1523702717_capturedecran20180414a12.40.46.png">Un soldat de l’armée fédérale pendant la guerre du Sonderbund sur un daguerréotype de 1847. <br>Musée national suisse, Zurich</h4><h4></h4><p style="text-align: left;">François Varidel, habitant du village vaudois de Prahins, a traversé le XIX<sup>e</sup> siècle. 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La durée de ses souffrances fait plutôt pencher pour la seconde hypothèse. «Ordonnance de Monsieur Fazel, docteur à Vuissens. Prendre de l’eau tiède. Vous mettez du vinaigre, un bon verre, sur une bouteille. Se laver une fois par jour, puis se frotter avec de la pommade avant que de se coucher. Prendre des bains avec l’arrosoir une fois par jour pendant deux ans avec l’eau tiède et mettre de la pierre infernale dessus pour brûler le mal jusqu’à me faire [tellement] enfler la bouche que je ne pouvais plus manger. Pour rien.» </p><p>La seconde partie du carnet constitue un manuel d’apiculture de 22 pages, Instructions pour soigner les abeilles. Cependant, on y trouve également la copie d’une procuration de François et de ses autres frères pour rechercher la succession du défunt frère Jean mort en Autriche. D’autres sources nous apprennent que François meurt le 6 novembre 1880 à l’âge de 63 ans. Il a apparemment une descendance, une autre fille, Julie, qu’il a eue avec Nanette. En mars 1867, il a épousé Elise Cuanoud qui a donné naissance à Émile, en 1869. Ce dernier mourra à l’âge de 16 ans. <br></p><br><p><em>Classe 11 VP 1 / Ollon: Nicolas Durussel, maître de la classe; Marion Abbet, Margaux Amateis, Valentine Baumann, Fanny Bühlmann, Lionel Buttet, Julie Chesaux, Victoria de Azevedo, Auriane Défago, Fiona Despont, Jessica Germann, Emilie Heiniger, Gaël Jaggi, Nicolas Morattel, Fiona Müller, Tim Pachoud, Iliana Signer.</em><br></p><p></p><hr><p></p><h4>Cet article est issu du dossier sur la guerre du Sonderbund, paru dans le numéro d'avril 2018 de <em>Passé simple</em>, mensuel romand d’histoire et d’archéologie, <a href="www.passesimple.ch" style="font-size: 1.6rem; background-color: rgb(254, 254, 254);">www.passesimple.ch</a></h4><p></p><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><p></p><h2 style="text-align: center;">Journal inédit?<br></h2><p style="text-align: left;"><strong>Le carnet de François Varidel se trouvait depuis de longues années dans ma famille, explique Nicolas Durussel. Nous ignorons comment il y est arrivé. Son contenu a fait l’objet d’un article du Journal d’Yverdon, le 19 juin 1958, signé M. S. Il est ainsi possible qu’il existe un double de ce carnet. En effet, l’article parle d’un carnet bleu. Celui que nous avons étudié en classe est noir. Les élèves de la classe 11 VP1 (voie pré-gymnasiale) d’Ollon ont travaillé sur ce document pendant plusieurs mois. Ils en ont notamment assuré la transcription et ont rédigé collectivement les textes qui forment le présent dossier. Cette rencontre avec le passé de notre canton les a captivés. Ils ont adapté les extraits du carnet publiés à la syntaxe, à l’orthographe et à la ponctuation actuelles. Au nom de mes élèves, je remercie Marc Varidel, de Sainte-Croix, auteur de l’ouvrage <em>Waridel Varidel Vuaridel. Une famille vaudoise</em>, qui nous a apporté de précieuses informations.<br>Malgré une orthographe et une syntaxe défectueuses, l’auteur du journal a un vocabulaire riche et soigné. <br></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><br></strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1523522807_livre.png"></strong>La première page du carnet de François Varidel. © Collection privée</h4><p style="text-align: left;">Le carnet a pour sources le vécu de son auteur, son expérience personnelle, mais aussi des lettres de son frère ou de ses différents médecins. L’ouvrage rend ainsi compte des nombreuses ordonnances médicales prescrites à François Varidel. Il évoque également des traitements préconisés par des guérisseurs. Dans le contexte de la guerre du Sonderbund, la presse l’a fortement inspiré, notamment le <em>Nouvelliste vaudois</em> ou la <em>Gazette de Lausanne</em>, sans qu’il soit possible de dire lequel des deux plus précisément, les articles étant souvent similaires dans les deux journaux.</p><p style="text-align: left;">François Varidel a repris in extenso de nombreux paragraphes pour décrire des opérations militaires. Il le fait par exemple pour la reddition de Romont. L’auteur n’attache pas une grande importance à l’orthographe, surtout lorsqu’il rend compte de son vécu ou qu’il retranscrit des passages de périodiques de l’époque. François Varidel écrit par exemple son nom de famille de deux manières. C’est que l’orthographe ne jouait pas encore un très grand rôle à l’époque de sa scolarité. A cela, il convient d’ajouter le caractère rudimentaire de l’école vaudoise qu’a suivie François Varidel. <br></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w800/1523708978_capturedecran20180414a14.19.15.png">Liste des médicaments que cite François Varidel dans son carnet. © Collection privée</h4><br><p>L’Ecole normale n’est créée qu’en 1830. Par contraste, son vocabulaire est d’une qualité étonnante. La richesse lexicale s’explique en partie par les emprunts de François Varidel aux journaux. Il est notable que celui-ci n’emploie jamais de mots vulgaires, ni même familiers. Il convient également de relever que François Varidel n’utilise aucun terme de patois vaudois, mis à part celui de «levure», pour la fête du bouquet de chantier. La syntaxe est très approximative, surtout lorsqu’il parle de son vécu. quant à la ponctuation, elle est presque inexistante, y compris dans les passages tirés de la presse. </p><p>François Varidel n’a pas écrit son carnet au jour le jour. Il a relaté les événements après avoir pris du recul. En racontant la fête de la «levure», il précise que «c’était la dernière fois que l’on fraternisait une fête ensemble». Cette observation démontre que François Varidel pouvait écrire bien après les faits. Notons enfin que l’écriture calligraphiée et soignée de François Varidel rend la lecture du carnet agréable. </p><p><font face="PT Serif Italic"><em>Classe 11 VP 1 / Ollon</em></font></p><p></p><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><p></p><h2 style="text-align: center;">La variole et «L'autre monde»</h2><br><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1523706910_variole.jpg">Caricature de James Gillray de 1802 montrant le docteur anglais Edward Jenner vaccinant contre la variole. <br>La vaccination peine à s'imposer parce que l’on attribue au vaccin d’affreux effets secondaires. © Wikimedia Commons<br></h4><p>A partir de mars 1852, la variole prend un caractère inquiétant dans le canton de Soleure. Beaucoup de personnes en sont atteintes et l’on déplore la mort de gens robustes, âgés de vingt à 40 ans. En avril de la même année, le canton du Valais est touché par la maladie, plus précisément dans les districts de Monthey et de Martigny. Le Conseil d’Etat valaisan ordonne une vaccination dans toutes les communes. Bien que la belle-famille de François Varidel soit touchée durant le mois de novembre 1853, la presse vaudoise ne fait alors pas état d’épidémie dans le canton. <br></p><p>François emploie le mot de «vérole» pour désigner la variole. La sœur de Nanette est la plus affectée de sa famille. Nanette s’était jugée suffisamment forte pour rendre visite à sa sœur sans risquer d’être contaminée. Mais, le 3 janvier 1854, elle finit par tomber malade à son tour. Le 12 janvier, elle se prépare à mourir et demande à François d’aller chercher quelqu’un pour l’aider à ranger ses affaires. Son frère estime inutile de venir, considérant qu’elle se remettra, comme d’autres. Nous apprenons, en même temps, que Janette, la sœur de Nanette, va beaucoup mieux. Elle semble être tirée d’affaire. François part à Vuissens, chercher le docteur. Il le trouve absent, mais sa femme indique à François qu’elle l’enverra. Le médecin ne vient que le lendemain. <br></p><p>Voici le récit de cette visite dans le carnet de François Varidel: «Du 13 au matin. (Le docteur) arrive, lui dit: "Bonjour madame Varidel, comment ça va-t-il?" "Oh, ça va bien, j’ai été à l’autre monde et me voici revenue et tant que je vivrai, je reparlerai toujours de l’autre monde". Réponse de monsieur le docteur: "Eh bien, quand vous serez rétablie, vous vous pourrez raconter quelque chose de l’autre monde". On lui donne des remèdes pour la tranquilliser pendant la journée. Entre 9 et 10 heures du soir, on croyait qu’elle n’était plus. Après un long moment de souffrance, elle revint un peu en elle-même, que pour deux jours. Elle expira le 15 courant, à 2 heures ½ du soir. Après cela mes très chers parents, vous pouvez en juger: ayant dès notre enfance fréquenté les écoles et les catéchismes ensemble sans aucun mépris les uns envers les autres, douze années se passèrent ensemble comme des époux doivent vivre.»</p><p></p><hr><p></p><h4>Pour en savoir davantage: <em>Waridel Varidel Vuaridel. Une famille vaudoise</em>, Marc Varidel. Bière, 2017.</h4><p></p><hr><p></p><p><em></em><strong></strong></p><p><strong></strong></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'un-quidam-nomme-francois-varidel', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 714, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 963, 'homepage_order' => (int) 1141, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) aurait-elle engagé une guerre contre le monde des réalités?', 'subtitle' => 'Avec le jugement favorable à la plainte de l’association KlimaSeniorinnen Schweiz, la CEDH ouvre la voie à la sanction des Etats en se fondant sur des arguments façonnés dans un monde imaginaire. 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Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p> <p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 21, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. Bien que plusieurs semaines se soient écoulées entre-temps, les partis bourgeois n'arrivent pas à se résigner à leur défaite, restent en mode combat, se moquent de la décision populaire et la torpillent avec des propositions de financement abracadabrantes. </span></p> <p style="text-align: justify;"><span>Cela a culminé récemment avec la NZZ, qui a suggéré avec malice d'introduire une réglementation permettant de renoncer volontairement au supplément de rente. On pourrait considérer cette rhétorique comme une manière de surmonter la douleur des perdants de la votation. Mais ce serait sous-estimer le phénomène. Car le discrédit jeté par la majorité bourgeoise sur les plébiscites indésirables fait désormais partie du système. 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Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. 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Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p> <p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p> <hr /> <p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-democratie-oui-si-elle-convient', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 40, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 4, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4856, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'L'OTAN a 75 ans et des défis devant elle', 'subtitle' => 'Le 4 avril 1949 naissait à Washington l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, alors composée de 12 membres. 20 autres pays sont venus l’élargir depuis. 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Classe 11 VP 1 / Ollon
Un soldat de l’armée fédérale pendant la guerre du Sonderbund sur un daguerréotype de 1847.
Musée national suisse, Zurich
François Varidel, habitant du village vaudois de Prahins, a traversé le XIXe siècle. Il a laissé un journal autobiographique. C’est
le récit d’un parcours difficile et ordinaire qui ressemble sans doute à des milliers d’autres. François Pierre Varidel naît le 9 mai 1817, d’une famille campagnarde du Nord vaudois. Il est un homme du peuple. A l’âge de douze ans, il perd son père, victime d’un coup de pied de cheval à la tête. Après cet accident, sa mère tombe malade et se fait soigner à Yverdon durant deux ans.
«C’est triste, très chers parents, d’avoir un enfant pour si peu de temps»
Avec l’un de ses frères, François est placé sous tutelle. En 1838, à 21 ans, François Varidel suit l’école militaire à Lausanne. Il rejoint sa compagnie à Orbe afin de surveiller la frontière franco-suisse, car il y a un «grand bruit de guerre avec la France». En effet, la justice française réclame Louis-Napoléon Bonaparte, le futur président puis empereur des Français, Napoléon III. Mais la Suisse ne peut pas l’extrader, car Louis- Napoléon est aussi citoyen suisse et officier de l’armée fédérale. Il se rend finalement en Angleterre. Son départ met un terme à la crise entre la Suisse et la France.
De retour à la vie civile, François Varidel travaille comme charron dès 1839, fabriquant et réparant les chars de sa région.
Avant de reprendre le domaine familial, François Varidel exerce le métier de charron. Encyclopédie
ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines. Mis en ordre par M. De Felice (Encyclopédie d’Yverdon), Planches, tome X, Yverdon, 1780.
Comme son frère émigre à Londres, puis en Australie, François Varidel doit reprendre la culture du domaine familial. Il interrompt son activité agricole à l’occasion, par exemple lorsqu’il est appelé à Payerne pour participer à une revue fédérale, l’inspection militaire de l’époque. Le 25 septembre 1842, il épouse Nanette (Anne-Françoise) Jaquier déjà enceinte. La conception prénuptiale n’est alors pas rare dans les campagnes. En février 1843, elle met au monde une petite fille. Mais le bonheur du jeune couple est de courte durée: «En mille huit cent quarante-quatre, notre petite fille prend un mauvais rhume. Dans le mois de mars, elle se rétablit pour une quinzaine de jours. Sa maladie recommence de nouveau. Elle expira le 2 avril. C’est triste, très chers parents, d’avoir un enfant pour si peu de temps.»
Une carte de Prahins de 1853. © Archives cantonales vaudoises, Gc 1376/1.
En avril 1845, François se voit contraint de laisser son épouse «dans la désolation» pour aller se battre contre les corps francs, près de Lucerne, combat qui prélude à la guerre du Sonderbund. A son retour, il reçoit un coup de pied d’un cheval qui lui fend la bouche. En 1847, il prend part à la guerre du Sonderbund en tant que caporal de grenadiers. Cette campagne occupe une place importante dans le carnet. Il tombe malade
en 1848. A peine rétabli, il est envoyé avec sa compagnie à Romont, puis à Fribourg.
«1854, du 24 mai. Jour de la levure, on était tous gais et joyeux»
François Varidel rentre une année plus tard. Il souffre de terribles éruptions de boutons sur le visage, accompagnées de maux de tête. Il consulte alors le médecin qui avait soigné sa mère. Le docteur Jaquier lui prescrit quatre jours de bains. En 1854, il construit une maison et, à l’en croire, il passe son dernier jour de bonheur lors de la fête du bouquet de chantier. «1854, du 24 mai. Jour de la levure, on était tous gais et joyeux. Hélas, c’était pour la dernière fois que l’on fraternisait une fête ensemble et l’année se passa comme un éclair des occupations qu’on avait.»
En novembre 1853, des membres de la famille de sa femme attrapent la variole (lire «La variole et "L'autre monde"» ci-dessous). L’épouse de François, Nanette, rend souvent visite à sa sœur malade. En janvier 1854, l’état de cette dernière s’est fortement aggravé. Quelques jours plus tard, Nanette tombe à son tour malade et fait chambre à part. Dès le 12 janvier, sa santé se détériore gravement. Alors, Nanette se prépare à son décès et meurt quelques jours plus tard.
Désormais, la belle-sœur de François ne lui parle plus et l’ignore, alors que François est très peiné par la mort de sa femme.
«Brûler le mal jusqu’à me faire [tellement] enfler la bouche que je ne pouvais plus manger»
Pendant les quatre années qui suivent le décès de son épouse, François est atteint d’une maladie dermatologique. Il s’astreint à différents traitements prescrits par plusieurs médecins. Il recourt aussi à des guérisseurs, mais toutes ces démarches restent sans effet. S’agit-il de séquelles de la variole ou d’une autre maladie de la peau? La durée de ses souffrances fait plutôt pencher pour la seconde hypothèse. «Ordonnance de Monsieur Fazel, docteur à Vuissens. Prendre de l’eau tiède. Vous mettez du vinaigre, un bon verre, sur une bouteille. Se laver une fois par jour, puis se frotter avec de la pommade avant que de se coucher. Prendre des bains avec l’arrosoir une fois par jour pendant deux ans avec l’eau tiède et mettre de la pierre infernale dessus pour brûler le mal jusqu’à me faire [tellement] enfler la bouche que je ne pouvais plus manger. Pour rien.»
La seconde partie du carnet constitue un manuel d’apiculture de 22 pages, Instructions pour soigner les abeilles. Cependant, on y trouve également la copie d’une procuration de François et de ses autres frères pour rechercher la succession du défunt frère Jean mort en Autriche. D’autres sources nous apprennent que François meurt le 6 novembre 1880 à l’âge de 63 ans. Il a apparemment une descendance, une autre fille, Julie, qu’il a eue avec Nanette. En mars 1867, il a épousé Elise Cuanoud qui a donné naissance à Émile, en 1869. Ce dernier mourra à l’âge de 16 ans.
Classe 11 VP 1 / Ollon: Nicolas Durussel, maître de la classe; Marion Abbet, Margaux Amateis, Valentine Baumann, Fanny Bühlmann, Lionel Buttet, Julie Chesaux, Victoria de Azevedo, Auriane Défago, Fiona Despont, Jessica Germann, Emilie Heiniger, Gaël Jaggi, Nicolas Morattel, Fiona Müller, Tim Pachoud, Iliana Signer.
Cet article est issu du dossier sur la guerre du Sonderbund, paru dans le numéro d'avril 2018 de Passé simple, mensuel romand d’histoire et d’archéologie, www.passesimple.ch
Journal inédit?
Le carnet de François Varidel se trouvait depuis de longues années dans ma famille, explique Nicolas Durussel. Nous ignorons comment il y est arrivé. Son contenu a fait l’objet d’un article du Journal d’Yverdon, le 19 juin 1958, signé M. S. Il est ainsi possible qu’il existe un double de ce carnet. En effet, l’article parle d’un carnet bleu. Celui que nous avons étudié en classe est noir. Les élèves de la classe 11 VP1 (voie pré-gymnasiale) d’Ollon ont travaillé sur ce document pendant plusieurs mois. Ils en ont notamment assuré la transcription et ont rédigé collectivement les textes qui forment le présent dossier. Cette rencontre avec le passé de notre canton les a captivés. Ils ont adapté les extraits du carnet publiés à la syntaxe, à l’orthographe et à la ponctuation actuelles. Au nom de mes élèves, je remercie Marc Varidel, de Sainte-Croix, auteur de l’ouvrage Waridel Varidel Vuaridel. Une famille vaudoise, qui nous a apporté de précieuses informations.
Malgré une orthographe et une syntaxe défectueuses, l’auteur du journal a un vocabulaire riche et soigné.
La première page du carnet de François Varidel. © Collection privée
Le carnet a pour sources le vécu de son auteur, son expérience personnelle, mais aussi des lettres de son frère ou de ses différents médecins. L’ouvrage rend ainsi compte des nombreuses ordonnances médicales prescrites à François Varidel. Il évoque également des traitements préconisés par des guérisseurs. Dans le contexte de la guerre du Sonderbund, la presse l’a fortement inspiré, notamment le Nouvelliste vaudois ou la Gazette de Lausanne, sans qu’il soit possible de dire lequel des deux plus précisément, les articles étant souvent similaires dans les deux journaux.
François Varidel a repris in extenso de nombreux
paragraphes pour décrire des opérations militaires. Il le fait par exemple pour la reddition de Romont.
L’auteur n’attache pas une grande importance à l’orthographe, surtout lorsqu’il rend compte de son vécu ou qu’il retranscrit des passages de périodiques de l’époque. François Varidel écrit par exemple son nom de famille de deux manières. C’est que l’orthographe ne jouait pas encore un très grand rôle à l’époque de sa scolarité. A cela, il convient d’ajouter le caractère rudimentaire de l’école vaudoise qu’a suivie François Varidel.
Liste des médicaments que cite François Varidel dans son carnet. © Collection privée
L’Ecole normale n’est créée qu’en 1830. Par contraste, son vocabulaire est d’une qualité étonnante. La richesse lexicale s’explique en partie par les emprunts de François Varidel aux journaux. Il est notable que celui-ci n’emploie jamais de mots vulgaires, ni même familiers. Il convient également de relever que François Varidel n’utilise aucun terme de patois vaudois, mis à part celui de «levure», pour la fête du bouquet de chantier. La syntaxe est très approximative, surtout lorsqu’il parle de son vécu. quant à la ponctuation, elle est presque inexistante, y compris dans les passages tirés de la presse.
François Varidel n’a pas écrit son carnet au jour le jour. Il a relaté les événements après avoir pris du recul. En racontant la fête de la «levure», il précise que «c’était la dernière fois que l’on fraternisait une fête ensemble». Cette observation démontre que François Varidel pouvait écrire bien après les faits. Notons enfin que l’écriture calligraphiée et soignée de François Varidel rend la lecture du carnet agréable.
Classe 11 VP 1 / Ollon
La variole et «L'autre monde»
Caricature de James Gillray de 1802 montrant le docteur anglais Edward Jenner vaccinant contre la variole.
La vaccination peine à s'imposer parce que l’on attribue au vaccin d’affreux effets secondaires. © Wikimedia Commons
A partir de mars 1852, la variole prend un caractère inquiétant dans le canton de Soleure. Beaucoup de personnes en sont atteintes et l’on déplore la mort de gens robustes, âgés de vingt à 40 ans. En avril de la même année, le canton du Valais est touché par la maladie, plus précisément dans les districts de Monthey et de Martigny. Le Conseil d’Etat valaisan ordonne une vaccination dans toutes les communes. Bien que la belle-famille de François Varidel soit touchée durant le mois de novembre 1853, la presse vaudoise ne fait alors pas état d’épidémie dans le canton.
François emploie le mot de «vérole» pour désigner la variole. La sœur de Nanette est la plus affectée de sa famille. Nanette s’était jugée suffisamment forte pour rendre visite à sa sœur sans risquer d’être contaminée. Mais, le 3 janvier 1854, elle finit par tomber malade à son tour. Le 12 janvier, elle se prépare à mourir et demande à François d’aller chercher quelqu’un pour l’aider à ranger ses affaires. Son frère estime inutile de venir, considérant qu’elle se remettra, comme d’autres. Nous apprenons, en même temps, que Janette, la sœur de Nanette, va beaucoup mieux. Elle semble être tirée d’affaire. François part à Vuissens, chercher le docteur. Il le trouve absent, mais sa femme indique à François qu’elle l’enverra. Le médecin ne vient que le lendemain.
Voici le récit de cette visite dans le carnet de François Varidel: «Du 13 au matin. (Le docteur) arrive, lui dit: "Bonjour madame Varidel, comment ça va-t-il?" "Oh, ça va bien, j’ai été à l’autre monde et me voici revenue et tant que je vivrai, je reparlerai toujours de l’autre monde". Réponse de monsieur le docteur: "Eh bien, quand vous serez rétablie, vous vous pourrez raconter quelque chose de l’autre monde". On lui donne des remèdes pour la tranquilliser pendant la journée. Entre 9 et 10 heures du soir, on croyait qu’elle n’était plus. Après un long moment de souffrance, elle revint un peu en elle-même, que pour deux jours. Elle expira le 15 courant, à 2 heures ½ du soir. Après cela mes très chers parents, vous pouvez en juger: ayant dès notre enfance fréquenté les écoles et les catéchismes ensemble sans aucun mépris les uns envers les autres, douze années se passèrent ensemble comme des époux doivent vivre.»
Pour en savoir davantage: Waridel Varidel Vuaridel. Une famille vaudoise, Marc Varidel. Bière, 2017.
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Il a laissé un journal autobiographique. C’est le récit d’un parcours difficile et ordinaire qui ressemble sans doute à des milliers d’autres. François Pierre Varidel naît le 9 mai 1817, d’une famille campagnarde du Nord vaudois. Il est un homme du peuple. A l’âge de douze ans, il perd son père, victime d’un coup de pied de cheval à la tête. Après cet accident, sa mère tombe malade et se fait soigner à Yverdon durant deux ans. <br></p><h3 style="text-align: center;">«C’est triste, très chers parents, d’avoir un enfant pour si peu de temps»<br></h3><p>Avec l’un de ses frères, François est placé sous tutelle. En 1838, à 21 ans, François Varidel suit l’école militaire à Lausanne. Il rejoint sa compagnie à Orbe afin de surveiller la frontière franco-suisse, car il y a un «grand bruit de guerre avec la France». En effet, la justice française réclame Louis-Napoléon Bonaparte, le futur président puis empereur des Français, Napoléon III. 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La durée de ses souffrances fait plutôt pencher pour la seconde hypothèse. «Ordonnance de Monsieur Fazel, docteur à Vuissens. Prendre de l’eau tiède. Vous mettez du vinaigre, un bon verre, sur une bouteille. Se laver une fois par jour, puis se frotter avec de la pommade avant que de se coucher. Prendre des bains avec l’arrosoir une fois par jour pendant deux ans avec l’eau tiède et mettre de la pierre infernale dessus pour brûler le mal jusqu’à me faire [tellement] enfler la bouche que je ne pouvais plus manger. Pour rien.» </p><p>La seconde partie du carnet constitue un manuel d’apiculture de 22 pages, Instructions pour soigner les abeilles. Cependant, on y trouve également la copie d’une procuration de François et de ses autres frères pour rechercher la succession du défunt frère Jean mort en Autriche. D’autres sources nous apprennent que François meurt le 6 novembre 1880 à l’âge de 63 ans. Il a apparemment une descendance, une autre fille, Julie, qu’il a eue avec Nanette. 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Son contenu a fait l’objet d’un article du Journal d’Yverdon, le 19 juin 1958, signé M. S. Il est ainsi possible qu’il existe un double de ce carnet. En effet, l’article parle d’un carnet bleu. Celui que nous avons étudié en classe est noir. Les élèves de la classe 11 VP1 (voie pré-gymnasiale) d’Ollon ont travaillé sur ce document pendant plusieurs mois. Ils en ont notamment assuré la transcription et ont rédigé collectivement les textes qui forment le présent dossier. Cette rencontre avec le passé de notre canton les a captivés. Ils ont adapté les extraits du carnet publiés à la syntaxe, à l’orthographe et à la ponctuation actuelles. Au nom de mes élèves, je remercie Marc Varidel, de Sainte-Croix, auteur de l’ouvrage <em>Waridel Varidel Vuaridel. 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Il a laissé un journal autobiographique. C’est le récit d’un parcours difficile et ordinaire qui ressemble sans doute à des milliers d’autres. François Pierre Varidel naît le 9 mai 1817, d’une famille campagnarde du Nord vaudois. Il est un homme du peuple. A l’âge de douze ans, il perd son père, victime d’un coup de pied de cheval à la tête. Après cet accident, sa mère tombe malade et se fait soigner à Yverdon durant deux ans. <br></p><h3 style="text-align: center;">«C’est triste, très chers parents, d’avoir un enfant pour si peu de temps»<br></h3><p>Avec l’un de ses frères, François est placé sous tutelle. En 1838, à 21 ans, François Varidel suit l’école militaire à Lausanne. Il rejoint sa compagnie à Orbe afin de surveiller la frontière franco-suisse, car il y a un «grand bruit de guerre avec la France». En effet, la justice française réclame Louis-Napoléon Bonaparte, le futur président puis empereur des Français, Napoléon III. Mais la Suisse ne peut pas l’extrader, car Louis- Napoléon est aussi citoyen suisse et officier de l’armée fédérale. Il se rend finalement en Angleterre. Son départ met un terme à la crise entre la Suisse et la France. </p><p style="text-align: left;">De retour à la vie civile, François Varidel travaille comme charron dès 1839, fabriquant et réparant les chars de sa région. <br></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w608/1523706435_capturedecran20180414a13.22.03.png">Avant de reprendre le domaine familial, François Varidel exerce le métier de charron. Encyclopédie <br>ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines. Mis en ordre par M. De Felice (Encyclopédie d’Yverdon), Planches, tome X, Yverdon, 1780.<br></h4><p style="text-align: left;">Comme son frère émigre à Londres, puis en Australie, François Varidel doit reprendre la culture du domaine familial. Il interrompt son activité agricole à l’occasion, par exemple lorsqu’il est appelé à Payerne pour participer à une revue fédérale, l’inspection militaire de l’époque. Le 25 septembre 1842, il épouse Nanette (Anne-Françoise) Jaquier déjà enceinte. La conception prénuptiale n’est alors pas rare dans les campagnes. En février 1843, elle met au monde une petite fille. Mais le bonheur du jeune couple est de courte durée: «En mille huit cent quarante-quatre, notre petite fille prend un mauvais rhume. Dans le mois de mars, elle se rétablit pour une quinzaine de jours. Sa maladie recommence de nouveau. Elle expira le 2 avril. 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En janvier 1854, l’état de cette dernière s’est fortement aggravé. Quelques jours plus tard, Nanette tombe à son tour malade et fait chambre à part. Dès le 12 janvier, sa santé se détériore gravement. Alors, Nanette se prépare à son décès et meurt quelques jours plus tard. </p><p>Désormais, la belle-sœur de François ne lui parle plus et l’ignore, alors que François est très peiné par la mort de sa femme.</p><h3 style="text-align: center;">«Brûler le mal jusqu’à me faire [tellement] enfler la bouche que je ne pouvais plus manger»<br></h3><p>Pendant les quatre années qui suivent le décès de son épouse, François est atteint d’une maladie dermatologique. Il s’astreint à différents traitements prescrits par plusieurs médecins. Il recourt aussi à des guérisseurs, mais toutes ces démarches restent sans effet. S’agit-il de séquelles de la variole ou d’une autre maladie de la peau? La durée de ses souffrances fait plutôt pencher pour la seconde hypothèse. «Ordonnance de Monsieur Fazel, docteur à Vuissens. Prendre de l’eau tiède. Vous mettez du vinaigre, un bon verre, sur une bouteille. Se laver une fois par jour, puis se frotter avec de la pommade avant que de se coucher. Prendre des bains avec l’arrosoir une fois par jour pendant deux ans avec l’eau tiède et mettre de la pierre infernale dessus pour brûler le mal jusqu’à me faire [tellement] enfler la bouche que je ne pouvais plus manger. Pour rien.» </p><p>La seconde partie du carnet constitue un manuel d’apiculture de 22 pages, Instructions pour soigner les abeilles. Cependant, on y trouve également la copie d’une procuration de François et de ses autres frères pour rechercher la succession du défunt frère Jean mort en Autriche. D’autres sources nous apprennent que François meurt le 6 novembre 1880 à l’âge de 63 ans. Il a apparemment une descendance, une autre fille, Julie, qu’il a eue avec Nanette. En mars 1867, il a épousé Elise Cuanoud qui a donné naissance à Émile, en 1869. 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Son contenu a fait l’objet d’un article du Journal d’Yverdon, le 19 juin 1958, signé M. S. Il est ainsi possible qu’il existe un double de ce carnet. En effet, l’article parle d’un carnet bleu. Celui que nous avons étudié en classe est noir. Les élèves de la classe 11 VP1 (voie pré-gymnasiale) d’Ollon ont travaillé sur ce document pendant plusieurs mois. Ils en ont notamment assuré la transcription et ont rédigé collectivement les textes qui forment le présent dossier. Cette rencontre avec le passé de notre canton les a captivés. Ils ont adapté les extraits du carnet publiés à la syntaxe, à l’orthographe et à la ponctuation actuelles. Au nom de mes élèves, je remercie Marc Varidel, de Sainte-Croix, auteur de l’ouvrage <em>Waridel Varidel Vuaridel. Une famille vaudoise</em>, qui nous a apporté de précieuses informations.<br>Malgré une orthographe et une syntaxe défectueuses, l’auteur du journal a un vocabulaire riche et soigné. <br></strong></p><p style="text-align: left;"><strong><br></strong></p><h4 style="text-align: center;"><strong><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1523522807_livre.png"></strong>La première page du carnet de François Varidel. © Collection privée</h4><p style="text-align: left;">Le carnet a pour sources le vécu de son auteur, son expérience personnelle, mais aussi des lettres de son frère ou de ses différents médecins. L’ouvrage rend ainsi compte des nombreuses ordonnances médicales prescrites à François Varidel. Il évoque également des traitements préconisés par des guérisseurs. Dans le contexte de la guerre du Sonderbund, la presse l’a fortement inspiré, notamment le <em>Nouvelliste vaudois</em> ou la <em>Gazette de Lausanne</em>, sans qu’il soit possible de dire lequel des deux plus précisément, les articles étant souvent similaires dans les deux journaux.</p><p style="text-align: left;">François Varidel a repris in extenso de nombreux paragraphes pour décrire des opérations militaires. Il le fait par exemple pour la reddition de Romont. L’auteur n’attache pas une grande importance à l’orthographe, surtout lorsqu’il rend compte de son vécu ou qu’il retranscrit des passages de périodiques de l’époque. François Varidel écrit par exemple son nom de famille de deux manières. C’est que l’orthographe ne jouait pas encore un très grand rôle à l’époque de sa scolarité. A cela, il convient d’ajouter le caractère rudimentaire de l’école vaudoise qu’a suivie François Varidel. <br></p><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w800/1523708978_capturedecran20180414a14.19.15.png">Liste des médicaments que cite François Varidel dans son carnet. © Collection privée</h4><br><p>L’Ecole normale n’est créée qu’en 1830. Par contraste, son vocabulaire est d’une qualité étonnante. La richesse lexicale s’explique en partie par les emprunts de François Varidel aux journaux. Il est notable que celui-ci n’emploie jamais de mots vulgaires, ni même familiers. Il convient également de relever que François Varidel n’utilise aucun terme de patois vaudois, mis à part celui de «levure», pour la fête du bouquet de chantier. La syntaxe est très approximative, surtout lorsqu’il parle de son vécu. quant à la ponctuation, elle est presque inexistante, y compris dans les passages tirés de la presse. </p><p>François Varidel n’a pas écrit son carnet au jour le jour. Il a relaté les événements après avoir pris du recul. En racontant la fête de la «levure», il précise que «c’était la dernière fois que l’on fraternisait une fête ensemble». Cette observation démontre que François Varidel pouvait écrire bien après les faits. Notons enfin que l’écriture calligraphiée et soignée de François Varidel rend la lecture du carnet agréable. </p><p><font face="PT Serif Italic"><em>Classe 11 VP 1 / Ollon</em></font></p><p></p><hr style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><p></p><h2 style="text-align: center;">La variole et «L'autre monde»</h2><br><h4 style="text-align: center;"><img class="img-responsive img-center " src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1523706910_variole.jpg">Caricature de James Gillray de 1802 montrant le docteur anglais Edward Jenner vaccinant contre la variole. <br>La vaccination peine à s'imposer parce que l’on attribue au vaccin d’affreux effets secondaires. © Wikimedia Commons<br></h4><p>A partir de mars 1852, la variole prend un caractère inquiétant dans le canton de Soleure. Beaucoup de personnes en sont atteintes et l’on déplore la mort de gens robustes, âgés de vingt à 40 ans. En avril de la même année, le canton du Valais est touché par la maladie, plus précisément dans les districts de Monthey et de Martigny. Le Conseil d’Etat valaisan ordonne une vaccination dans toutes les communes. Bien que la belle-famille de François Varidel soit touchée durant le mois de novembre 1853, la presse vaudoise ne fait alors pas état d’épidémie dans le canton. <br></p><p>François emploie le mot de «vérole» pour désigner la variole. La sœur de Nanette est la plus affectée de sa famille. Nanette s’était jugée suffisamment forte pour rendre visite à sa sœur sans risquer d’être contaminée. Mais, le 3 janvier 1854, elle finit par tomber malade à son tour. Le 12 janvier, elle se prépare à mourir et demande à François d’aller chercher quelqu’un pour l’aider à ranger ses affaires. Son frère estime inutile de venir, considérant qu’elle se remettra, comme d’autres. Nous apprenons, en même temps, que Janette, la sœur de Nanette, va beaucoup mieux. Elle semble être tirée d’affaire. 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Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p> <p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p> <p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p> <p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p> <p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p> <p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p> <p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p> <p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p> <p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p> <p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p> <p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p> <hr /> <h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4> <h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-cedh-aurait-elle-engage-une-guerre-contre-le-monde-des-realites', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 21, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4878, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Cuba entre famine et abondance', 'subtitle' => 'La situation économique à Cuba est catastrophique. 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Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p> <p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p> <p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». La menace qui plane sur l’avenir de l’organisation n’est pas seulement la perspective d’une réélection de Donald Trump et de la ligne isolationniste, c’est celle du mécontentement général des Etats-Unis qui «contribuent bien plus à la défense de l’Europe que le continent ne le fait lui-même... On aurait tort de penser que l’aide américaine coule de source.»</p> <p>Les dissensions internes sont toujours un péril sous-estimé, comme le confirme <a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">le mensuel lituanien </a><em><a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">IQ</a>. </em>Au cœur de la discorde, le droit de veto. Ce dernier a rendu «complètement inefficace» l’ONU, constate <em>IQ</em>, car le risque est constant de s’en servir pour exercer pressions ou intrigues diplomatiques. «Démocratie, droit international et Etat de droit forment le socle de l'alliance la plus puissante au monde. Mais un certain nombre d'Etats oublieux de ces valeurs tentent depuis longtemps de placer leur intérêts mercantilistes au-dessus des décisions cruciales de l’OTAN.»</p> <p>Cela revient à poser une question essentielle, dans toute organisation: qu’est-ce qui lie entre eux les Etats membres? Au-delà de la coopération militaire, ce sont des «valeurs», celles mêmes que les pays occidentaux s’emploient à défendre en ce moment en Ukraine. La députée Renaissance Anne Genetet plaide même pour la création d’un centre de l’OTAN chargé de défendre de concert les valeurs occidentales et la «résilience démocratique». Dans <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/l-otan-a-75-ans-l-age-de-la-resilience-democratique-994366.html" target="_blank" rel="noopener">les colonnes de <em>La Tribune</em></a>, l’élue souligne que l’organisation «doit plus que jamais être notre bouclier face aux ennemis de la liberté».</p> <p>Un avenir mitigé donc, porté par de beaux discours et une volonté de cohésion, entaché par des divergences internes, car tous les Etats membres ne voient pas toujours leurs intérêts converger. De manière plus pragmatique, le quotidien croate <em>Večernji list</em> remet l’église au centre du village: comment faire face à l’avenir lorsque manque la ressource principale, les soldats? </p> <p>Le nombre de militaires actifs dans les différentes armées des pays membres est en effet en recul, jusqu’à atteindre un seuil inquiétant. Les solutions habituelles sont évoquées: augmenter les rémunérations, encourager les femmes à s’engager, améliorer les conditions de vie des soldats en proposant un meilleur équilibre entre l’armée et la vie de famille... et enfin, rétablir le service militaire obligatoire. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Aliki 16.04.2018 | 08h40
«Bravo pour cette initiative collective scolaire, j’aime que j’ai appris un pan de notre histoire par nos jeunes, je me permets de recommander les livres de Janine Massard (par ex. Terre noire d’usine) qui sont de magnifiques récits tirés d’entretiens avec des personnes ayant vécu le tournant du siècle dernier dans le canton de Vaud. »
@Gio 21.04.2018 | 09h39
«Beau travail collectif, bravo ! J’ai lu et découvert avec plaisir cette part de notre histoire, celle d’un homme qui aurait pu être quelqu’un de notre famille. Cette publication devrait aller plus loin que BPL, pourquoi pas dans le journal des Suisses de l’étranger ? Je suis une expatriée et ce retour aux sources fait du bien.»