Actuel / Jérusalem au regard de l’histoire, loin des slogans
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Jérusalem, capitale d’Israël! La déclaration de Trump a suscité les applaudissements de l’opinion israélienne – qui n’en attend pas grand-chose – et des indignations – plus ou moins convaincues – dans le monde musulman. De part et d’autre, on brandit des arguments historiques. Comme si le passé aidait à résoudre les crises politiques du présent. Si, en Europe, on fixait les frontières en se référant aux siècles et millénaires passés, ce serait un beau capharnaüm… Mot bien ou mal choisi puisqu’il est le nom d’un village, sur le lac de Tibériade, où se mêlent les vestiges de synagogues et d’églises anciennes.
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Pour dépasser l’affrontement des récits mémoriels, un groupe d’une soixantaine de chercheurs internationaux mène un projet académique de pointe, principalement financé par l’Union européenne: Open Jerusalem. Une foule de compétences n’est pas de trop pour explorer les archives dispersées dans le monde, en hébreu, en arabe, en turc, en arménien, en anglais, en français, en russe et d’autres langues. Il en résulte un premier fruit, accessible au grand public, un livre tout récent, signé Vincent Demire, le pilote de l’entreprise: «Jérusalem. Histoire d’une ville-monde des origines à nos jours». Lecture fascinante. Nourrie d’une approche au ras des pierres, tant de fois stratifiées au fil des époques, au ras des documents qui laissent entrevoir la vie quotidienne des divers habitants et leurs rapports entre eux, souvent violents, étonnement pacifiques à certains moments. </p><p>Qu’en retirer? Trois ou quatre constats qui vont parfois à l’encontre des idées reçues. 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Peu audible d’ailleurs chez lui et chez ses partenaires, guère enthousiastes de cette prétention au leadership. En termes exaltés et alarmistes, le président français en appelle au renforcement massif de la défense européenne. Non sans raisons. Mais pour quoi faire? Affronter la menace de la Russie? Voyons son armée. Elle s’escrime autour de quelques villages dans l’est de l’Ukraine, à quelques kilomètres de chez elle, elle peine à prendre la ville voisine de Karkhiv malgré d’horribles destructions. Elle n’est manifestement pas de taille à s’en prendre aux pays de l’OTAN, ni matériellement ni humainement. Les divers pays européens sont loin d’être démunis de moyens militaires. Même si leur base industrielle a des lacunes. On le sait aussi au Kremlin, où, quoi qu’on en dise, on est réaliste, on n’a pas la folie des grandeurs. Point effectivement à soulever: il est vrai que les Européens feraient bien de se préoccuper davantage de la défense anti-drones et anti-missiles. Ces engins, peu coûteux à produire mais ruineux pour s’en défendre, jouent un rôle-clé dans les conflits d’aujourd’hui. Et les Russes ne sont pas seuls à en disposer. Dans la cybersécurité aussi, il y a aussi de sérieux efforts à faire. Comme en Suisse, où le Département de la Défense confie cette tâche à son entreprise boiteuse Ruag qui s’appuie elle-même sur l’entité issue de Crypto AG, célèbre pour le scandale de ses tricheries. La Confédération a misé en plus sur une société bernois brinquebalante, Xplain, et admet aujourd’hui le désastre. Même des informations confidentielles sur les Conseillers fédéraux ont été balancés dans le «darknet». </span></p> <p><span>Mais nos militaires et leur cheffe ne rêvent que d’acquérir toujours plus d’avions, de blindés et de canons… à acheter aux Etats-Unis bien sûr. Viola Amherd se frotte les mains: une curieuse proposition agite le Parlement. Il s’agit de faire sauter la limite aux dépenses fédérales et de consacrer dix milliards supplémentaire pour l’armée et cinq pour l’Ukraine d’ici à 2030. C’est un groupe inhabituel de femmes parlementaires alémaniques qui est à la besogne. Dont une centriste, Marianne Tinder («Je suis en mesure d'évaluer la gravité de la menace même sans jours de service militaire»), sa collègue de parti entrée au Parlement en décembre dernier («Quand j'entends que l'armée n'a même pas assez de gilets de protection, cela me fait réfléchir»), la socialiste Franziska Roth («Nous ne pouvons pas nous cacher constamment derrière des lignes rouges»). A compter aussi dans ce que le <em>Tagesanzeiger</em> appelle les «dealmakers»: une autre centriste, Andrea Gmür, la socialiste Sarah Wyss, la verte libérale Corina Gredig. Etonnant, ce quarteron féminin, inter-partis, prônant l’urgence des armes.</span></p> <p><span>Bien que le président du PS Cedric Wermuth et la Fédération des sociétés militaires – curieux attelage! – applaudissent l’idée, celle-ci passe mal. Le patron du Centre Gerhard Pfister tousse, les radicaux, derrière Karin Keller-Suter, préoccupés par l’endettement, s’y opposent. Et il se trouvera sans doute des socialistes pour refuser cet emballement. Quant au petit peuple à qui on ne demandera pas son avis, il sait que de telles dépenses supplémentaires entraîneront inévitablement des coupes là où cela lui fait mal. </span></p> <p><span>Il vaut la peine de s’interroger sur les ressorts de cette outrance militariste. Que ce soit dans le mode déclamatoire d’un Macron ou dans les chuchotements du Palais fédéral. La politique sort alors du champ rationnel, de l’analyse froide des réalités, elle entre dans l’escalade des émotions morales, détermine dans le mode binaire, gagner ou perdre la guerre. Or l’histoire récente donne tant d’exemples où les conflits ont fini par des pourparlers. Plus ceux-ci ont tardé, plus se sont inutilement prolongées les souffrances.</span></p> <p><span>Rester fidèles à nos principes? Bien sûr. Mais alors pourquoi ne pas s’activer plutôt au chapitre de la paix? Pourquoi ne pas tirer toutes les ficelles en vue de véritables négociations dans le conflit Ukraine-Russie? Dans son emportement Emmanuel Macron n’a même pas prononcé ces mots. Et en l’occurence helvétique, les chantres féminins du pactole aux armes n’en ont eu aucun dans ce sens. Et le grand raout prévu au Bürgenstock, direz-vous? L’intention est certes louable mais le cadrage est défini par un seul des camps en présence et par les Etats-Unis. Cela en fait un simulacre de négociations. Qui pourrait bien en rajouter une couche à la frénésie belliqueuse. Alors même que le moment approche où les belligérants, plus ou moins épuisés, devront bien se résoudre à cesser le feu et à engager des pourparlers. Plus ils attendront, plus la malheureuse Ukraine sera mal prise. Regrettant que l’accord à bout touchant du tout début de la guerre ait été sabordé.</span></p> <p><span>Quant à l’autre guerre qui nous bouleverse, au Moyen Orient, elle est promise à durer longtemps, très longtemps, sous une forme ou une autre. Totalement dépassée et discréditée, la Suisse ne songe même pas à proposer une négociation, ni sur l’immédiat, ni sur le fond. Peu dit: un autre pays tente discrètement cet effort, non sans expérience. La Norvège.</span></p> <p><span>Mais le Conseil fédéral paraît tenir à réaffirmer son alignement sur la ligne d’Israël. Après avoir concédé une aide réduite, la commission parlementaire des Affaires étrangères propose de supprimer à terme tout soutien à l’UNRWA. 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Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! ', 'content' => '<p><span>Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! Ces trente dernières années, son entreprise, sise à Lausanne, CAB-Productions, a permis à de nombreux cinéastes, locaux et internationaux, de s’exprimer librement. Tournant en Suisse, avec des comédiens, des techniciens d’ici et d’ailleurs. De Francis Reusser à Dominique de Rivaz, d’Alain Tanner à Jean-François Amiguet, de Marcel Schüpbach à Pierre-Yves Borgeaud, de Greg Zlingski à Olivier Assayas, de Benoît Mariage à Claude Chabrol, et tant d’autres. Dernier en date, Roman Polanski. Avec le tournage à Gstaad de <em>The Palace</em>, en coproduction avec l’Italie et la Pologne. </span></p> <p><span>Lié d’amitié avec cette grande figure du cinéma européen, Porchet a tout fait, trois ans durant, pour que ce film se fasse. Contre vents et tempêtes. Face aux campagnes des ultra-féministes qui rabâchent et déforment une histoire vieille de quarante ans, aux Etats-Unis, impliquant une jeune fille qui aujourd’hui est dans les meilleurs termes avec le prétendu coupable. L’offensive «wokiste» a mis Polanski au ban. En Suisse comme en France, aucun soutien public n’a été apporté au film. Une fois terminé, au début de cette année, il a pu être présenté à Venise mais n’a été diffusé que dans quelques rares salles, les distributeurs et les exploitants craignant des manifestations féministes. Il est même totalement proscrit en France. </span></p> <p><span>Pour Jean-Louis Porchet les difficultés du début ont tourné à la descente aux enfers. Faute de rentabiliser les droits d’exploitation, sous le poids des dettes contractées pour boucler le financement du tournage, son entreprise est menacée de faillite. 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Décidément Donald Trump ne sait plus quoi inventer pour déclencher une guerre. Malgré le fait qu’il ait un comparse plus que complaisant en la matière (le dirigeant nord-coréen) il n’y est pas arrivé (heureusement pour nous ouf). Alors il change et reconnait Jérusalem comme capitale d’Israël, provoquant l’ire des musulmans. Entre nous on voit l’hypocrisie du personnage, quelques semaines plutôt il effectue une tournée dans les pays arabes, les caressant dans le sens du poil, pour mieux les poignarder dans le dos après. Là ce n’est peut-être pas une guerre atomique qu’il va déclencher, mais une vague d’attentats !!! Quel inconscient ! Que cette ville soit une capitale, pourquoi pas, mais pas celle d’un seul état (juif ou palestinien) car c’est un lieu chargé d’histoire, multiculturelle et qui n’appartient pas plus à l’une ou l’autre communauté. Mais alors capitale de quoi, de quel peuple ? 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Qu’en retirer? Trois ou quatre constats qui vont parfois à l’encontre des idées reçues. D’abord, la confirmation incontestable de l’enracinement millénaire du peuple juif à Jérusalem. Qui ne fut cependant jamais une véritable capitale jusqu’en 1947. Car elle l’est dans les faits aujourd’hui, ergoter sur ce fait est hypocrite. Comme elle pourrait l’être aussi d’un éventuel Etat palestinien. Son nom, Rushalimum («ville de paix!»), apparaît au 19e siècle avant notre ère sur une figurine égyptienne. Les rois David et Salomon règnent au 10e siècle avant J.-C. Se succèdent ensuite plusieurs conquêtes, babylonienne et perse notamment. Puis romaine. Avec le passage notable de Hérode le Grand, tyran et bâtisseur qui jette les bases architecturales de la ville d’aujourd’hui. L’empire de Rome s’entendit assez bien avec les Juifs, beaucoup avec les Chrétiens, toujours plus nombreux dans ce que l’on n’appelait pas encore la Palestine. Lorsqu’il s’effondra, ces derniers tinrent le haut du pavé et ce fut une période noire pour les Juifs. Plus noire encore, plus tard, lorsque les Croisés s’installèrent dans la ville.
Jusque dans les années 30, la municipalité de Jérusalem était mixte
Au fil des siècles, et jusqu’au début de notre 20e siècle, les Chrétiens, dans des tonalités et des situations différentes, à divers carrefours de l’histoire, furent les pourfendeurs les plus acharnés de la tradition juive. Certes celle-ci s’entremêlait étroitement avec le christianisme, ainsi qu’avec l’islam des débuts – les convergences textuelles des trois religions sont souvent ignorées mais indubitables – mais sur le terrain, les rivalités furent cruelles dans des rapports de force variables. Juifs et Musulmans avaient et ont encore beaucoup de traits communs qui les différencient des chrétiens : la circoncision, l’interdiction de reproduire l’image humaine, le rejet du porc et d’autres interdits alimentaires, la barbe chez les plus religieux, l’obsession de la pureté des lieux sacrés (jusqu’à prohiber leur fréquentation par les femmes ayant leurs règles).
La Jérusalem des califes qui succéda à l’époque romaine vit la construction d’édifices musulmans et de synagogues aussi. Plus tard, après l’épisode des Croisés, chassés par les Turcs, Jérusalem traversa un long temps sous l’autorité ottomane, avec une parenthèse égyptienne, jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale. Un temps peu connu, peu décrit, avec des moments de prospérité et de déclin. Ce qui frappe, c’est le soin qu’eut ce pouvoir turc à ménager la diversité religieuse de la ville. Juifs et Chrétiens y avaient un statut reconnu. Certes, la construction et la rénovation de leurs lieux sacrés étaient limitées, mais ils purent pratiquer leur religion sans grandes encombres. Les uns et les autres vivant dans une proximité globalement paisible, avec de nombreux échanges et voisinages.
C’est dans la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e, avec l’émergence du sionisme, que les religions juive et musulmane furent peu à peu considérées comme des nations rivales, israéliennes et palestinienne. L’une et l’autre profitant des ambiguïtés britanniques chargées d’un protectorat temporaire. Jusque dans les années 30, la municipalité de Jérusalem était mixte, intercommunautaire. L’arrivée des immigrés sionistes inquiéta fort les notables juifs qui participaient à la gestion de la ville. L’un d’eux proposa même de créer un Etat juif «ailleurs»: «Ne touchez pas à la Palestine!» osa-t-il lancer.
L’écart entre la Jérusalem juive et la Jérusalem musulmane s’accroît
La création de l’Etat d’Israël en 1947 consacra la division de la ville, l’est étant sous autorité jordanienne et interdite aux Israéliens. Lorsque vingt ans plus tard, Tsahal s’empara de la totalité de la ville, ce fut sanglant. Des deux côtés. Les Juifs chassés de la partie est, leurs synagogues détruites, des milliers de Palestiniens musulmans et chrétiens expulsés de la partie ouest. On connaît la suite. Les Intifada, les attentats terroristes, la montée de la répression, puis au fil des années jusqu’à aujourd’hui les expropriations et les implantations israéliennes dans la périphérie et au-delà dans les territoires occupés.
L’écart entre la Jérusalem juive et la Jérusalem musulmane s’accroît, l’une riche, l’autre pauvre, l’une bien équipée (avec 87% du budget municipal), l’autre bien moins lotie (13%). Une autre donnée sera déterminante dans l’avenir. La démographie. Le livre l’analyse précisément. En 1914, la ville comptait 40'000 Juifs et 30'000 Arabes, musulmans et chrétiens. Aujourd’hui 500'000 Juifs (63%) et 300’000 Arabes dans la municipalité israélienne actuelle. Depuis 1967, la population juive a été multipliée par 2,5, la population arabe par 4. Malgré la forte natalité chez les orthodoxes juifs, la résistance démographique palestinienne au sein-même de la ville est puissante. Celle-ci reste donc «moins juive» que Tel Aviv et Haifa.
Les auteurs de cette recherche se gardent bien de donner des bons et des mauvais points aux uns ou aux autres. Ils esquissent une proposition. Sans attendre la solution politique miraculeuse, ils suggèrent des mesures concrètes, urbanistiques, pour assurer un avenir partagé et viable aux deux communautés. Vision défendue par l’association israélienne «Ir Amim» (la ville des peuples) et le «Peace and democracy Forum» palestinien. Inutile de dire que ces sages sont ignorés et combattus par le gouvernement israélien actuel. Mais l’histoire de Jérusalem est si longue, si exceptionnelle, si inattendue… Elle ne s’arrêtera pas au tableau que dessine le pouvoir dominateur d’aujourd’hui à coups de formules fracassantes. Cependant tant que les Palestiniens n’auront pas leur Etat, tant que se poursuivra la colonisation des territoires occupés, tant que l’abcès de Gaza ne sera pas débridé, les secousses ébranleront la région. Jusqu’à son cœur, Jérusalem.
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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@FLEUR191 21.12.2017 | 20h40
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ceci est un post déjà publié dans un autre forum mais qui peut donner quelques pistes..
Décidément Donald Trump ne sait plus quoi inventer pour déclencher une guerre. Malgré le fait qu’il ait un comparse plus que complaisant en la matière (le dirigeant nord-coréen) il n’y est pas arrivé (heureusement pour nous ouf). Alors il change et reconnait Jérusalem comme capitale d’Israël, provoquant l’ire des musulmans. Entre nous on voit l’hypocrisie du personnage, quelques semaines plutôt il effectue une tournée dans les pays arabes, les caressant dans le sens du poil, pour mieux les poignarder dans le dos après. Là ce n’est peut-être pas une guerre atomique qu’il va déclencher, mais une vague d’attentats !!! Quel inconscient !
Que cette ville soit une capitale, pourquoi pas, mais pas celle d’un seul état (juif ou palestinien) car c’est un lieu chargé d’histoire, multiculturelle et qui n’appartient pas plus à l’une ou l’autre communauté. Mais alors capitale de quoi, de quel peuple ?
Pourquoi ne pas déclarer cette ville capitale de l’humanité, et chacun des 2 états ayant leur propre capitale comme tout autre pays dans le monde. Chaque lieu saint de chaque religion devrait être respecté comme il se doit par toutes les autres religions sans exception. Bon comme je l’ai plusieurs fois mentionné dans de précédents posts, le fait de supprimer toutes les religions simplifierait tout mais bon on peut rêver…
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