Actuel / Contre la pauvreté et la faim: Lula laisse sa marque au G20
Le président brésilien Lula da Silva: "La faim et la pauvreté sont le résultat de décisions politiques" © SRF
Les super-riches doivent donner davantage de leur fortune à leur pays. C'est ce sur quoi le G20 s'est mis d'accord lors de son sommet à Rio de Janeiro. Sous l'impulsion du président brésilien Lula, un impôt de principe pour les milliardaires a notamment été décidé. Il est question de mettre fin à la pauvreté. De belles paroles, à mettre en perspective avec l'extension et l'essor du groupe BRICS.
Romeo Rey, article publié sur Infosperber le 20 novembre 2024, traduit par Bon Pour La Tête
La déclaration finale commune des chefs d'Etat et de gouvernement des 20 principaux pays industrialisés et émergents porte la marque de l'hôte Luiz Inácio «Lula» da Silva: ensemble, les participants ont signé lundi à Rio un document exhaustif dans lequel ils conviennent notamment d'une taxation efficace des super-riches. Les recettes supplémentaires pourraient notamment être utilisées pour la protection du climat.
Le pays hôte, le Brésil, avait proposé un impôt sur les milliardaires: toutes les personnes disposant d'une fortune supérieure à un milliard de dollars américains devraient verser chaque année au moins 2% à leur pays d'origine. Selon les estimations, environ 3'000 personnes dans le monde auraient été concernées, ce qui aurait généré jusqu'à 250 milliards de dollars de recettes fiscales supplémentaires par an.
La proposition d'un impôt sur les milliardaires est toutefois allée trop loin pour certains pays puissants du G20, rapporte la chaîne de télévision allemande WDR. Lors du sommet de Rio, on s'est donc finalement mis d'accord sur un compromis: une taxation efficace des super-riches – mais sans définir précisément qui est super-riche et sans fixer de taux d'imposition. Le montant des recettes fiscales supplémentaires qui en résulteront dépendra essentiellement de la manière dont les différents Etats mettront en œuvre la décision du G20. Selon le rapport de la WDR, l'accord visant à demander aux super-riches de payer plus d'impôts n'est pas contraignant, car la souveraineté fiscale reste aux mains des différents Etats.
Lutte contre la faim et la pauvreté
La lutte contre la pauvreté et la faim est un thème central de l'agenda politique du président brésilien Lula da Silva. Lula est lui-même issu d'une famille nombreuse dans laquelle la pauvreté était une expérience quotidienne. Il a toutefois pu suivre une formation artisanale, a trouvé un emploi dans l'industrie automobile et s'est rapidement révélé être un dirigeant syndical habile. Après deux tentatives infructueuses en tant que prétendant de la gauche sociale-démocrate à la présidence de la République, il a finalement réussi à atteindre cet objectif ambitieux en 2002 et a pu prendre ses fonctions le jour du Nouvel An 2003.
Au cours de son premier mandat de quatre ans, et même après sa réélection, il a dû, compte tenu des rapports de force dominants au Congrès, laisser la politique financière et économique à des experts expérimentés d'origine modérément conservatrice. Lui-même s'est occupé en priorité – avec une bonne dose de pragmatisme – de la politique sociale et du problème urgent des brûlis massifs en Amazonie.
Son flair pour ce qui semble politiquement réalisable s'est sans doute le mieux exprimé avec le «plan contre la faim», qui a aidé des millions de familles à sortir de la pauvreté chronique. Lula s'est également occupé de la promotion discrète d'une économie solidaire et, dans son troisième mandat, de mesures visant à une politique fiscale socialement plus juste. Ce n'est pas seulement au Brésil, mais dans la plupart des pays du continent, que la richesse est répartie unilatéralement de manière effarante – un mal qui touche l'ensemble du Sud mondial à quelques exceptions près. Dans le monde entier, le nombre de milliardaires augmente inexorablement, tandis que des centaines de millions de personnes doivent se contenter de quelques dollars par personne et par jour.
Un nouveau facteur de puissance: la Chine
L'examen de l'actualité récente en Amérique latine donne une image diffuse, voire confuse, en matière de politique de réforme. Dans les campagnes électorales, les candidats vont à la pêche aux voix avec toutes sortes de promesses, mais dans la pratique politique, beaucoup de choses restent sur le papier. Lorsqu'il s'agit de répartir plus équitablement les revenus et la fortune au sein de l'Etat, les mesures concrètes n'avancent généralement qu'à un rythme d'escargot. Ou alors, elles sont bloquées par les forces de droite au Parlement. Dans le camp conservateur du sous-continent, on espère que le retour de Donald Trump donnera un coup de pouce à la politique économique néolibérale ou ultralibérale.
Mais ce qui suscite de nouveaux espoirs est également teinté de doutes et d'inquiétudes en Amérique latine: l'apparition de nouveaux acteurs puissants dans cette partie du monde. L'émergence résolue de la Chine en tant que puissance économique et commerciale dans la région et, par extension, la croissance presque frénétique du groupe des Brics dirigé par Pékin semblent affaiblir les fronts et les frontières.
Le plan poursuivi depuis l'époque de l'ex-dictateur Alberto Fujimori (1990-2000) pour consolider un appareil étatique extrêmement conservateur au Pérou est mis en œuvre pas à pas par ses successeurs. Il s'agit en premier lieu d'empêcher «pour toujours» les «expériences» de gauche comme celles qui ont eu lieu autrefois sous les coups du mouvement insurrectionnel terroriste Sendero Luminoso ou – dans des circonstances totalement différentes – après la victoire électorale inattendue du réformateur de gauche Pedro Castillo (qui a pris ses fonctions à la mi-2021, mais a été chassé du pouvoir fin 2022 par un coup d'Etat sans effusion de sang). Les institutions qui devaient garantir des conditions minimales pour l'exercice des pratiques démocratiques sont coupées par la droite, les dispositions de la Constitution en vigueur sont réécrites et les ONG nationales et étrangères vigilantes sont harcelées par des mesures administratives.
L'ouverture d'un port en eau profonde à Chancay, non loin de la capitale péruvienne Lima, créé de toutes pièces sous la direction de la Chine, ne s'inscrit toutefois pas parfaitement dans ce tableau. A l'aide d'une technologie ultramoderne, d'importants flux du commerce extérieur d'une grande partie de l'Amérique du Sud doivent y être regroupés en direction de l'Extrême-Orient – ce qui, d'un point de vue local, peut être qualifié de Far West. Les voies de transport partent en ligne droite de la côte péruvienne vers les ports de la Chine et d'autres pays asiatiques en plein essor. Ces routes devraient un jour être alimentées par des voies de communication routières et ferroviaires à travers le continent sud-américain jusqu'à Chancay – l'initiative «Belt and Road» de Pékin, également appelée «Nouvelle route de la soie».
Outre les pays directement riverains de la côte pacifique, c'est le géant industriel et agricole régional qu'est le Brésil qui devrait être le plus intéressé par ce mégaprojet. Le moins enthousiaste, comme le suggère à juste titre la Neue Zürcher Zeitung, ce sont les Etats-Unis.
Le Brésil s'éloigne de l'Occident
Depuis des décennies, le Brésil revendique une certaine position de leader dans le concert des Etats latino-américains en matière de politique étrangère. Il justifie cette position par sa proximité ethnique et culturelle avec l'Afrique équatoriale et australe. Le problème de l'esclavage, que le Brésil n'a pu abolir formellement que vers la fin du XIXème siècle, contrairement au reste du sous-continent, revêt une grande importance. Ce retard a plutôt renforcé qu'affecté les liens diplomatiques entre Brasilia et le Sud global. Plus récemment, sous Lula da Silva, qui exerce actuellement son troisième mandat constitutionnel, la revendication d'un rôle de nation pacificatrice dans les conflits dépassant le cadre régional s'en est également dégagée. Une analyse du Journal IPG retrace ces efforts au milieu d'un monde qui aspire de plus en plus à des structures multipolaires.
Cette ligne d'action de l'Etat de 220 millions d'habitants n'exprime pas seulement le ras-le-bol de décennies de domination des Etats-Unis et de leurs multinationales, qui ont apporté plus d'ennuis que de bénéfices à long terme à l'Amérique latine. Le fait que les négociations avec les Européens dans le cadre de l'accord Mercosur risquent d'échouer après trois décennies de discussions fastidieuses sur des questions centrales suscite, selon le même journal, des hochements de tête et une impatience croissante dans les pays du Sud. Il est d'autant plus remarquable que l'auteur qui parvient à de telles conclusions enseigne l'histoire latino-américaine à l'université de Georgetown à Washington. Un observateur de la Fondation Heinrich Böll parvient lui aussi à une évaluation similaire des projets du gouvernement brésilien.
La Bolivie et Cuba rejoignent le groupe BRICS
Entre-temps, le groupe des Brics (composé des cinq pays fondateurs, à savoir le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud) a accueilli au début de cette année quatre autres nations (l'Egypte, l'Ethiopie, l'Iran et les Emirats arabes unis) et, en octobre, la Bolivie et Cuba – ainsi que onze autres «nouveaux membres associés» d'Afrique et d'Asie – comme le rapporte amerika21. La plupart des médias occidentaux n'ont fait que peu de cas de cette nouvelle, voire pas du tout. Pour les Latino-américains en revanche, elle est un motif de satisfaction: la Bolivie est toujours considérée, à tort ou à raison, comme l'un des pays les plus pauvres de la région et ne peut que se réjouir de telles nouvelles... si une querelle n'avait pas éclaté il y a quelques années entre deux fractions du mouvement de gauche MAS (Movimiento al Socialismo), au pouvoir depuis 2005. Une solution à cette querelle fratricide semble encore lointaine.
L'invitation à faire partie de l'alliance des Brics devrait être encore mieux accueillie pour le gouvernement et le peuple de Cuba. Depuis plus de 60 ans, les Etats-Unis les punissent par un blocus économique et financier et des sanctions sans fin pour avoir cherché, à moins de cent miles de la Floride, une autre voie, non capitaliste, et pour ne pas s'en être laissé dissuader. Ces mesures prises par la première puissance mondiale ont pour seul but de harceler les onze millions de Cubains jusqu'à ce qu'ils mettent un genou à terre ou se soulèvent contre la domination du Parti communiste sur l'île. Affamer la population et la priver de toute aide en médicaments et autres biens de première nécessité, ne peut être compris que comme un crime contre l'humanité, que l'Assemblée générale de l'ONU condamne chaque année depuis le début de cette guerre non déclarée par environ 180 voix à chaque fois.
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Le montant des recettes fiscales supplémentaires qui en résulteront dépendra essentiellement de la manière dont les différents Etats mettront en œuvre la décision du G20. Selon le rapport de la WDR, l'accord visant à demander aux super-riches de payer plus d'impôts n'est pas contraignant, car la souveraineté fiscale reste aux mains des différents Etats.</p> <h3>Lutte contre la faim et la pauvreté</h3> <p>La lutte contre la pauvreté et la faim est un thème central de l'agenda politique du président brésilien Lula da Silva. Lula est lui-même issu d'une famille nombreuse dans laquelle la pauvreté était une expérience quotidienne. Il a toutefois pu suivre une formation artisanale, a trouvé un emploi dans l'industrie automobile et s'est rapidement révélé être un dirigeant syndical habile. Après deux tentatives infructueuses en tant que prétendant de la gauche sociale-démocrate à la présidence de la République, il a finalement réussi à atteindre cet objectif ambitieux en 2002 et a pu prendre ses fonctions le jour du Nouvel An 2003.</p> <p>Au cours de son premier mandat de quatre ans, et même après sa réélection, il a dû, compte tenu des rapports de force dominants au Congrès, laisser la politique financière et économique à des experts expérimentés d'origine modérément conservatrice. Lui-même s'est occupé en priorité – avec une bonne dose de pragmatisme – de la politique sociale et du problème urgent des brûlis massifs en Amazonie.</p> <p>Son flair pour ce qui semble politiquement réalisable s'est sans doute le mieux exprimé avec le «plan contre la faim», qui a aidé des millions de familles à sortir de la pauvreté chronique. Lula s'est également occupé de la promotion discrète d'une économie solidaire et, dans son troisième mandat, de mesures visant à une politique fiscale socialement plus juste. Ce n'est pas seulement au Brésil, mais dans la plupart des pays du continent, que la richesse est répartie unilatéralement de manière effarante – un mal qui touche l'ensemble du Sud mondial à quelques exceptions près. Dans le monde entier, le nombre de milliardaires augmente inexorablement, tandis que des centaines de millions de personnes doivent se contenter de quelques dollars par personne et par jour.</p> <h3>Un nouveau facteur de puissance: la Chine</h3> <p>L'examen de l'actualité récente en Amérique latine donne une image diffuse, voire confuse, en matière de politique de réforme. Dans les campagnes électorales, les candidats vont à la pêche aux voix avec toutes sortes de promesses, mais dans la pratique politique, beaucoup de choses restent sur le papier. 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L'émergence résolue de la Chine en tant que puissance économique et commerciale dans la région et, par extension, la croissance presque frénétique du groupe des Brics dirigé par Pékin semblent affaiblir les fronts et les frontières.</p> <p>Le plan poursuivi depuis l'époque de l'ex-dictateur Alberto Fujimori (1990-2000) pour consolider un appareil étatique extrêmement conservateur au Pérou est <a href="https://www.infostelle-peru.de/politik-und-demokratie/die-koalition-der-macht-und-spuren-von-hoffnung/">mis en œuvre pas à pas</a> par ses successeurs. Il s'agit en premier lieu d'empêcher «pour toujours» les «expériences» de gauche comme celles qui ont eu lieu autrefois sous les coups du mouvement insurrectionnel terroriste Sendero Luminoso ou – dans des circonstances totalement différentes – après la victoire électorale inattendue du réformateur de gauche Pedro Castillo (qui a pris ses fonctions à la mi-2021, mais a été chassé du pouvoir fin 2022 par un coup d'Etat sans effusion de sang). 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Un observateur de la <a href="https://www.boell.de/de/2024/10/04/brasilien-rueckt-naeher-an-chinas-belt-and-road-initiative-warum-jetzt">Fondation Heinrich Böll</a> parvient lui aussi à une évaluation similaire des projets du gouvernement brésilien.</p> <h3>La Bolivie et Cuba rejoignent le groupe BRICS</h3> <p>Entre-temps, le groupe des Brics (composé des cinq pays fondateurs, à savoir le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud) a accueilli au début de cette année quatre autres nations (l'Egypte, l'Ethiopie, l'Iran et les Emirats arabes unis) et, en octobre, la Bolivie et Cuba – ainsi que onze autres «nouveaux membres associés» d'Afrique et d'Asie – comme le rapporte <a href="https://amerika21.de/2024/10/272104/brics-erweiterung-lateinamerika">amerika21</a>. La plupart des médias occidentaux n'ont fait que peu de cas de cette nouvelle, voire pas du tout. 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Après deux tentatives infructueuses en tant que prétendant de la gauche sociale-démocrate à la présidence de la République, il a finalement réussi à atteindre cet objectif ambitieux en 2002 et a pu prendre ses fonctions le jour du Nouvel An 2003.</p> <p>Au cours de son premier mandat de quatre ans, et même après sa réélection, il a dû, compte tenu des rapports de force dominants au Congrès, laisser la politique financière et économique à des experts expérimentés d'origine modérément conservatrice. Lui-même s'est occupé en priorité – avec une bonne dose de pragmatisme – de la politique sociale et du problème urgent des brûlis massifs en Amazonie.</p> <p>Son flair pour ce qui semble politiquement réalisable s'est sans doute le mieux exprimé avec le «plan contre la faim», qui a aidé des millions de familles à sortir de la pauvreté chronique. Lula s'est également occupé de la promotion discrète d'une économie solidaire et, dans son troisième mandat, de mesures visant à une politique fiscale socialement plus juste. Ce n'est pas seulement au Brésil, mais dans la plupart des pays du continent, que la richesse est répartie unilatéralement de manière effarante – un mal qui touche l'ensemble du Sud mondial à quelques exceptions près. Dans le monde entier, le nombre de milliardaires augmente inexorablement, tandis que des centaines de millions de personnes doivent se contenter de quelques dollars par personne et par jour.</p> <h3>Un nouveau facteur de puissance: la Chine</h3> <p>L'examen de l'actualité récente en Amérique latine donne une image diffuse, voire confuse, en matière de politique de réforme. Dans les campagnes électorales, les candidats vont à la pêche aux voix avec toutes sortes de promesses, mais dans la pratique politique, beaucoup de choses restent sur le papier. Lorsqu'il s'agit de répartir plus équitablement les revenus et la fortune au sein de l'Etat, les mesures concrètes n'avancent généralement qu'à un rythme d'escargot. Ou alors, elles sont bloquées par les forces de droite au Parlement. Dans le camp conservateur du sous-continent, on espère que le retour de Donald Trump donnera un coup de pouce à la politique économique néolibérale ou ultralibérale.</p> <p>Mais ce qui suscite de nouveaux espoirs est également teinté de doutes et d'inquiétudes en Amérique latine: l'apparition de nouveaux acteurs puissants dans cette partie du monde. L'émergence résolue de la Chine en tant que puissance économique et commerciale dans la région et, par extension, la croissance presque frénétique du groupe des Brics dirigé par Pékin semblent affaiblir les fronts et les frontières.</p> <p>Le plan poursuivi depuis l'époque de l'ex-dictateur Alberto Fujimori (1990-2000) pour consolider un appareil étatique extrêmement conservateur au Pérou est <a href="https://www.infostelle-peru.de/politik-und-demokratie/die-koalition-der-macht-und-spuren-von-hoffnung/">mis en œuvre pas à pas</a> par ses successeurs. Il s'agit en premier lieu d'empêcher «pour toujours» les «expériences» de gauche comme celles qui ont eu lieu autrefois sous les coups du mouvement insurrectionnel terroriste Sendero Luminoso ou – dans des circonstances totalement différentes – après la victoire électorale inattendue du réformateur de gauche Pedro Castillo (qui a pris ses fonctions à la mi-2021, mais a été chassé du pouvoir fin 2022 par un coup d'Etat sans effusion de sang). Les institutions qui devaient garantir des conditions minimales pour l'exercice des pratiques démocratiques sont coupées par la droite, les dispositions de la Constitution en vigueur sont réécrites et les ONG nationales et étrangères vigilantes sont harcelées par des mesures administratives.</p> <p>L'ouverture d'un <a href="https://www.srf.ch/news/international/chancay-hafen-in-peru-wie-china-mit-einem-mega-hafen-in-suedamerika-einfluss-nehmen-will">port en eau profonde à Chancay</a>, non loin de la capitale péruvienne Lima, créé de toutes pièces sous la direction de la Chine, ne s'inscrit toutefois pas parfaitement dans ce tableau. A l'aide d'une technologie ultramoderne, d'importants flux du commerce extérieur d'une grande partie de l'Amérique du Sud doivent y être regroupés en direction de l'Extrême-Orient – ce qui, d'un point de vue local, peut être qualifié de Far West. Les voies de transport partent en ligne droite de la côte péruvienne vers les ports de la Chine et d'autres pays asiatiques en plein essor. Ces routes devraient un jour être alimentées par des voies de communication routières et ferroviaires à travers le continent sud-américain jusqu'à Chancay – l'initiative «<em>Belt and Road</em>» de Pékin, également appelée «Nouvelle route de la soie».</p> <p>Outre les pays directement riverains de la côte pacifique, c'est le géant industriel et agricole régional qu'est le Brésil qui devrait être le plus intéressé par ce mégaprojet. Le moins enthousiaste, comme le suggère à juste titre la <em><a href="https://www.nzz.ch/international/die-eroeffnung-eines-chinesischen-mega-hafens-in-peru-laesst-in-den-usa-die-alarmglocken-laeuten-ld.1857190">Neue Zürcher Zeitung</a></em>, ce sont les Etats-Unis.</p> <h3>Le Brésil s'éloigne de l'Occident</h3> <p>Depuis des décennies, le Brésil revendique une certaine position de leader dans le concert des Etats latino-américains en matière de politique étrangère. Il justifie cette position par sa proximité ethnique et culturelle avec l'Afrique équatoriale et australe. Le problème de l'esclavage, que le Brésil n'a pu abolir formellement que vers la fin du XIXème siècle, contrairement au reste du sous-continent, revêt une grande importance. Ce retard a plutôt renforcé qu'affecté les liens diplomatiques entre Brasilia et le Sud global. Plus récemment, sous Lula da Silva, qui exerce actuellement son troisième mandat constitutionnel, la revendication d'un rôle de nation pacificatrice dans les conflits dépassant le cadre régional s'en est également dégagée. Une analyse du <em><a href="https://www.ipg-journal.de/regionen/global/artikel/ein-friedensstifter-aus-dem-globalen-sueden-7840/">Journal IPG</a></em> retrace ces efforts au milieu d'un monde qui aspire de plus en plus à des structures multipolaires.</p> <p>Cette ligne d'action de l'Etat de 220 millions d'habitants n'exprime pas seulement le ras-le-bol de décennies de domination des Etats-Unis et de leurs multinationales, qui ont apporté plus d'ennuis que de bénéfices à long terme à l'Amérique latine. Le fait que les négociations avec les Européens dans le cadre de l'accord Mercosur risquent d'échouer après trois décennies de discussions fastidieuses sur des questions centrales suscite, selon le même <a href="https://www.ipg-journal.de/rubriken/wirtschaft-und-oekologie/artikel/schulterschluss-gegen-den-westen-7838/">journal</a>, des hochements de tête et une impatience croissante dans les pays du Sud. Il est d'autant plus remarquable que l'auteur qui parvient à de telles conclusions enseigne l'histoire latino-américaine à l'université de Georgetown à Washington. Un observateur de la <a href="https://www.boell.de/de/2024/10/04/brasilien-rueckt-naeher-an-chinas-belt-and-road-initiative-warum-jetzt">Fondation Heinrich Böll</a> parvient lui aussi à une évaluation similaire des projets du gouvernement brésilien.</p> <h3>La Bolivie et Cuba rejoignent le groupe BRICS</h3> <p>Entre-temps, le groupe des Brics (composé des cinq pays fondateurs, à savoir le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud) a accueilli au début de cette année quatre autres nations (l'Egypte, l'Ethiopie, l'Iran et les Emirats arabes unis) et, en octobre, la Bolivie et Cuba – ainsi que onze autres «nouveaux membres associés» d'Afrique et d'Asie – comme le rapporte <a href="https://amerika21.de/2024/10/272104/brics-erweiterung-lateinamerika">amerika21</a>. La plupart des médias occidentaux n'ont fait que peu de cas de cette nouvelle, voire pas du tout. Pour les Latino-américains en revanche, elle est un motif de satisfaction: la Bolivie est toujours considérée, à tort ou à raison, comme l'un des pays les plus pauvres de la région et ne peut que se réjouir de telles nouvelles... si <a href="https://www.dw.com/es/crisis-en-bolivia-morales-est%C3%A1-dando-manotazos-de-ahogado/a-70688534">une querelle</a> n'avait pas éclaté il y a quelques années entre deux fractions du mouvement de gauche MAS (<em>Movimiento al Socialismo</em>), au pouvoir depuis 2005. Une solution à cette querelle fratricide semble encore lointaine.</p> <p>L'invitation à faire partie de l'alliance des Brics devrait être encore mieux accueillie pour le gouvernement et le peuple de Cuba. Depuis plus de 60 ans, les Etats-Unis les punissent par un <a href="https://www.infosperber.ch/politik/kuba-internationales-tribunal-fordert-ende-der-us-blockade/">blocus économique et financier</a> et des sanctions sans fin pour avoir cherché, à moins de cent miles de la Floride, une autre voie, non capitaliste, et pour ne pas s'en être laissé dissuader. Ces mesures prises par la première puissance mondiale ont pour seul but de harceler les onze millions de Cubains jusqu'à ce qu'ils mettent un genou à terre ou se soulèvent contre la domination du Parti communiste sur l'île. 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La fidélité absolue est un concept éculé et hypocrite qui a pour but principal que les hommes soient certains que les enfants qui sortent des ventres de leur épouse soient bien le produit de leurs spermatozoïdes à eux. Transmettre ses gènes est un réflexe très animal, si Sapiens est vraiment un être supérieur, il devrait se détendre sur cette question. En plus, Pierre et moi n’avons pas fait d’enfants, trop concentrés sur nous-mêmes et nos vies à réussir. Marie, ma sœur, prétend que pour les femmes, l’importance de la fidélité n’a pas pour but la perpétuation de l’espèce mais plutôt la conservation à leur côté du mâle qui assure leur protection. Elle se trompe. Si Pierre et moi sommes toujours ensemble après trente-cinq ans de mariage, c’est justement parce que nous nous laissons la liberté d’aller de temps en temps voir ailleurs. Marie, elle, ne souhaitait plus de rapports sexuels tout en menaçant son mari de le quitter s’il la trompait. 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De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ce que j’ai découvert est effrayant…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="149" height="206" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /><span>et de<br /></span><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="154" height="207" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-1', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 39, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5284, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique', 'subtitle' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. 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En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p> <ul> <li> <p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p> </li> <li> <p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. 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Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. 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Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. 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Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. Ils restent toujours relégués aux mêmes tâches manuelles et difficiles, même si leurs conditions de travail en ressortent légèrement améliorées.</p> <h3>L’industrie du plastique maintient le <em>statu quo</em></h3> <p>Malgré les bonnes intentions de départ, des termes tels que «économie circulaire inclusive» sont donc trop souvent utilisés à des fins de <em>green washing</em> et même de <em>justice washing</em>, tandis que les travailleurs continuent à endurer des conditions difficiles. Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 41, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». 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[...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. 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Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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