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Avec quelle désinvolture vivons-nous, pour la plupart, ces jours menaçants. On s’est «habitué» aux conflits sanglants. Mais là, ils n’en finissent pas d’enfler, de s’étendre. Quels sont les ressorts profonds de cette escalade infernale? Les décideurs ont leurs visées. Et les opinions publiques, même fort loin des fronts, pourquoi et comment entrent-elles dans les logiques belliqueuses? Les appels à la paix restent si rares…



Des missiles sophistiqués, à longue portée, fournis à l’Ukraine et partiellement guidés par les USA et la Grande-Bretagne, pourraient frapper la Russie en profondeur. Le Kremlin gronde et renforce massivement ses troupes à grand prix. Il menace de riposter en s’en prenant aux pays occidentaux, pas forcément par l’arme nucléaire. Mais sous-marins et avions sont prêts et patrouillent partout. Peut-on vraiment prendre une telle montée des tensions à la légère?

En Israël, le gouvernement, remanié et durci, évoque sur un ton qui monte l'invasion terrestre du Liban. Il est maintenant assuré de garder la main sur Gaza et la Cisjordanie et veut élargir la guerre, comme il a commencé à le faire en direction de la Syrie notamment. Les Iraniens et leurs «proxys» libanais ou yéménites réagissent mais pour l’instant avec une certaine modération. Toute la région peut s’embraser d’un jour à l’autre. Même sans l’assentiment formel des Etats-Unis en campagne électorale. Après les attaques technologiques inouïes au Liban, avec des milliers de mutilés, le pire est en vue. «Nous sommes sur un volcan», nous confie un ami de Beyrouth.

Il n’est pas question ici de dire qui, sur ces terrains d'affrontements, a raison ou tort. A chacun son avis. Mais tentons, sur un autre plan, de percevoir jusque chez nous les ressorts des humeurs belliqueuses. L’homo pas si sapiens a témoigné de tous temps un goût certain de la castagne, individuelle ou collective, artisanale ou massive. Le XXème siècle l’a assez démontré. En juin 1914, les Européens ne croyaient pas à l’imminence de la guerre. Elle éclata pourtant en août et fit 9 millions de morts. Les récits nationaux exaltés ont mis le feu dans les têtes, puis dans les vies. Plus récemment la principale puissance du monde a convaincu les opinions publiques occidentales – pas toutes il est vrai – de la nécessité d’apporter militairement la démocratie en Afghanistan en Irak, en Libye, en Syrie. Au prix de centaines de milliers de morts. Avec le résultat que l’on sait. Cela en prétendant lutter contre le terrorisme alors que ces menées contribuaient à le nourrir.

Comment avons-nous pu nous embarquer, si nombreux, si gavés d’informations manipulées ou pas, dans ces récits offensifs? Et croire aujourd’hui sans ciller les discours de Washington et de ses alliés, de Moscou, de Tel Aviv ou de Téhéran?

Bien que fort controversé, l’historien suisse Daniele Ganser mérite l’attention. Auteur de plusieurs livres sur la guerre et la paix, il multiplie les interventions, davantage sur les réseaux sociaux que dans les médias effarouchés. Il voit trois ressorts aux pulsions belliqueuses de l’opinion. L’émotionnalité, le moralisme et le manichéisme.

Légitime réaction, on s’indigne de ceci et de cela, on s’échauffe, les colères partagées montent comme les orages. Et toute approche rationnelle est balayée. On s’ancre dans le camp du Bien face à celui du Mal.

N’y aurait-il pas, dans cette attitude, une façon de «muscler» sa personnalité? Un accès de «virilité»? Bien des femmes ne sont pas en reste. A en juger par la ministre allemande Baerbock, va-t-en guerre en contradiction avec son chancelier; ou le quarteron de dames qui entourent Viola Amherd et la poussent à une adhésion de facto à l’OTAN. Dans l’opinion publique? La vie quotidienne n’est pas drôle, la scène politicienne du coin souvent décevante et casse-pieds, la vie intime pas forcément palpitante, alors pourquoi ne pas taper fort sur la table devant le spectacle international?

En face de ces certitudes fiévreuses, le doute devient suspect. Et même l’interrogation. Signes de faiblesse ou de complicité avec quelque méchant. S’interroger sur l’origine des conflits, sur les responsabilités partagées, débusquer les intérêts cachés? Surtout pas! Allez, fonçons… Aux armes citoyens! Cri d’autant plus aisé lorsqu’on le pousse sans risquer sa peau. Pas sûr qu’il retentisse fort en Ukraine et en Russie chez les hommes envoyés au front et leurs familles angoissées.

Disant cela, objecterez-vous, que faites-vous de nos convictions? Permettez, sans trop de pédanterie, d’en venir à la distinction entre morale et éthique. A la lumière des philosophes stoïciens. Du grec antique Zénon à Spinoza en passant par le Romain Marc-Aurèle. La morale, c’est un ensemble de codes défini par la société, le pouvoir ou la religion. Il s’agit de l’endosser sans trop de se poser de questions. L’éthique, au contraire, consiste à ce que chacun applique ses propres principes fondamentaux, dans son comportement personnel et social. Sans se référer à un système qui a réponse à tout. Au jour le jour, de cas en cas, en pratiquant le doute et la curiosité.

Alors en attendant que les fureurs guerrières s’étendent, ou pas, on se calme. On lit, on se renseigne, la tête froide. De préférence loin du fracas des propagandes sur les réseaux. Et on garde un œil vigilant et critique devant les envolées de nos dirigeants – en Suisse aussi! – qui martèlent leurs formules simplistes à la tribune, en cachant bien les intérêts qu’ils peuvent trouver à tel ou tel choix. Netanyahou et Zelensky ne cherchent-ils pas d’abord à se maintenir au pouvoir, menacés en cas de compromis? Osons dire, encore et encore, que la fuite en avant des conflits, la course aux armements, la poursuite des guerres au nom de principes à géométrie variable, c’est préparer le pire des avenirs.

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