Actuel / Une leçon de pragmatisme à 10 millions de dollars
Par une suite de contingences qui ne doivent rien au hasard – je ne crois pas au hasard – je me suis retrouvé embrigadé par une connaissance cypriote dans le congrès du «Conseil international des directeurs du Festival mondial de la Jeunesse (WYF)» dont la première édition a eu lieu en mai dernier à Sochi avec 25'000 participants du monde entier.
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Une guerre n’éclate jamais par hasard ou par caprice. Les raisons en sont toujours multiples, politiques, économiques, culturelles, sociales, émotionnelles. On peut en débattre sans fin. Pour la paix, l’équation est plus simple. On y parvient en remplissant deux conditions: la justice et la vérité. Simple à exprimer mais très difficile à réaliser.</p> <h3><strong>Faisons un peu de philosophie</strong></h3> <p>La justice est la condition de la paix: une paix durable ne peut exister sans justice. Lorsque des injustices subsistent, elles nourrissent la haine, les conflits et les revendications sans fin. De plus, la justice restaure l’équilibre social et répare les dommages, permettant ainsi aux individus et aux communautés de coexister pacifiquement dans la durée.</p> <p>La vérité est la condition de la justice: la justice repose sur la vérité, car elle nécessite des faits établis et vérifiés pour évaluer les torts et prendre des décisions équitables. 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En principe, cette fonction de recherche de la vérité a été déléguée aux médias et aux journalistes dans les sociétés modernes. Pour des raisons diverses, l’immense majorité d’entre eux se sont fait les relais des pouvoirs et des intérêts en place, renonçant à leur mission de recherche de vérité, et cela dans tous les pays, à Gaza et en Russie certes, mais aussi, et peut-être surtout, en Ukraine, en Israël et en Occident.</p> <p>Dans ces conditions on pourra signer autant de cessez-le-feu et d’accords qu’on voudra, ils ne tiendront jamais longtemps. Le plus fort, sûr de son impunité et de sa capacité à imposer sa version mensongère des faits, sera toujours prêt à les violer, et le plus faible attendra son heure pour riposter ou contre-attaquer. 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Pour dresser un état des lieux, j’ai fait une petite recherche sur ChatGPT, Google et autres moteurs de recherche courants pour voir comment l’on se représentait la chose. ', 'subtitle_edition' => 'Lors de la dernière Conférence sur la sécurité en Eurasie à Minsk, j’ai eu le redoutable honneur de modérer le panel sur les sanctions, en présence de représentants des pays les plus vilipendés au monde. Pour dresser un état des lieux, j’ai fait une petite recherche pour voir comment l’on se représentait la chose. ', 'content' => '<p>Le moins qu’on puisse dire est que le résultat est assez édifiant. Voyez plutôt.</p> <p>Le pays le plus sanctionneur de la planète est, sans surprise, les Etats-Unis. En deuxième place sur le podium trône l’Union européenne, suivie du Royaume-Uni puis du Canada, de l’Australie et, en sixième position seulement, la Suisse, par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce qui signifie d’une part que l’immense majorité des sanctions sont prises par une poignée de pays anglo-saxons – servilement accompagnés de leurs caniches européens – et d’autre part que ces sanctions sont unilatérales, c’est-à-dire en dehors du droit international puisqu’en droit international seules les sanctions décidées par le Conseil de sécurité ont force de loi. La Suisse, qui prétend respecter le droit international, devrait s’en alarmer.</p> <p>En face, on trouve les pays les plus sanctionnés. Les classements donnent en général l’Iran en tête, suivi par la Russie, la Corée du Nord, la Syrie, le Venezuela, Cuba, le Myanmar, et enfin la Biélorussie, le Soudan et le Zimbabwe. Ici encore pas de surprise. Les deux tableaux donnent un excellent résumé de la guerre que livre le monde anglo-saxon à ses ennemis supposés, soit la dizaine de pays qui résistent à son suprémacisme et à ses prétentions à la domination mondiale. </p> <p>La Chine ne figure pas dans la liste: par sa taille et l’imbrication étroite de son économie dans la globalisation anglo-saxonne, elle échappe aux sanctions. Ou plutôt celles-ci s’y appliquent de façon détournée, sous forme de guerre des tarifs douaniers imposés à ses produits et de boycott de ses entreprises sous prétexte d’espionnage.</p> <p>Depuis l’intervention militaire de la Russie en Ukraine en 2022, le business des sanctions a littéralement explosé. Le site Castellum.AI en dresse le palmarès. Et là, surprise, la Suisse figure en troisième position des pays les plus sanctionneurs: sur les 19'535 sanctions antirusses prises à ce jour (le site est remis à jour quotidiennement), 2'753 l’ont été par la Suisse (USA 4'869, Canada 3'176), soit 30% plus que l’Union européenne (2'130), la France (2'071) ou même le Royaume-Uni (1'842), pourtant de loin le pays occidental le plus vociférant contre la Russie. L’Australie et le Japon ferment la marche avec moins de 1'400 sanctions chacun.</p> <p>Le championnat des plus sanctionnés est remporté sans conteste par la Russie avec près de 22'000 sanctions à son tableau de chasse, si l’on y ajoute celles prises avant 2022. L’Iran dépasse de peu les 5'000 tandis que la modeste Syrie gagne la médaille de bronze avec 2'867 sanctions. La Corée du Nord rate le podium à 660 sanctions près, la Biélorussie puis le Venezuela et le Myanmar fermant la marche avec plus de mille sanctions à leur passif.</p> <p>Il est amusant – ou plutôt affligeant – de constater que la Suisse, qui ne cesse de répéter qu’elle s’aligne sur l’Europe, fait en réalité bien pire et qu’elle singe plutôt les Etats-Unis, sans doute pour plaire à son vrai maitre et mettre sa place financière à l’abri du harcèlement qui ne manquerait pas de s’abattre sur elle à la moindre incartade. Cet excès de zèle, cette obséquiosité, cette lâcheté honteuse sont révoltants de la part d’un pays qui se prétend indépendant.</p> <p>Et ça l’est d’autant plus que notre pays s’oublie lorsqu’il s’agit d’appliquer des sanctions ou d’infliger des punitions aux autres pays coupables de crimes contre la démocratie et les droits de l’Homme. 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Grimpez les escaliers souvent étroits et raides du Palais Blanc et du Palais Rouge du Potala, brûlez une chandelle de beurre de yack devant l’un des milliers de bouddhas peints du Jokhang. Ils sont à Lhassa ce que Versailles et Notre-Dame sont à Paris. Mais ne négligez pas l’étape du tout nouveau musée d’art, ouvert en décembre 2023 dans l’ancienne cimenterie de Lhassa, magistralement transformée et restaurée par les designers et architectes de l’Université Tongji de Shanghai. Vous y découvrirez une facette radicalement nouvelle de la province autonome du Tibet, ou plutôt du Xizang, comme elle s’appelle officiellement.', 'subtitle_edition' => 'La prochaine fois que vous irez à Lhassa, n’oubliez pas d’y visiter le musée d’Art moderne. Grimpez les escaliers souvent étroits et raides du Palais Blanc et du Palais Rouge du Potala, brûlez une chandelle de beurre de yack devant l’un des milliers de bouddhas peints du Jokhang. Ils sont à Lhassa ce que Versailles et Notre-Dame sont à Paris. 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Montagneuses, semi-désertiques, au climat très rude et peuplées d’une dizaine de millions d’habitants pour un territoire grand comme quatre fois la France, elles forment à elles deux le cœur des hauts plateaux et du bouddhisme tibétains. Contrairement au stéréotype qui en fait un espace soumis au seul dalaï-lama, elles abritent des sectes bouddhiques de différentes obédiences et de nombreuses minorités religieuses et ethniques, Musulmans, Chrétiens, Taoïstes, Han, Hui, Tu, Salar, Mongols. S’étageant entre 2'600 mètres et 8'000 mètres d’altitude, la région forme le château d’eau de l’Asie et sert de source aux grands fleuves qui irriguent les plaines chinoises, Fleuve Jaune et Yangtsé notamment.</p> <p>Pour faire simple, on rappellera que le bouddhisme tibétain dérive du tantrisme et se divise en quatre écoles principales: Gelug, l’école la plus récente, dite des Chapeaux Jaunes, dont se réclament à la fois le XIVème Dalaï-lama, réfugié en Inde depuis 1959, et le XIème Panchen-lama, qui vit entre Pékin et Shigatse; Nyingma, la plus ancienne, dite des Chapeaux Rouges, plus proche de la religion tibétaine primitive et regroupée autour de six grands monastères; Kagyu, la secte Blanche à cause des bandes blanches ornant la robe des moines, et la plus petite, l’école Sakya, dite bigarrée (Gris-blanche). Chacune possède ses traditions, sa doctrine, ses pratiques, plus ou moins rigoristes, et qui ne font pas toujours bon ménage entre elles. 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Cette ville de 500'000 habitants est située au cœur de vallées boisées et bordées de lacs et de hauts sommets, à l’image du spectaculaire massif du Namcha Barwa, qui culmine à 7'782 mètres et est considérée comme la montagne la plus sacrée du Tibet avec le Mont Kailash.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1731591485_img_4657.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="667" height="500" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Ferme solaire. © G.M.</em></h4> <p>Quels enseignements tirer de ce voyage? Tout d’abord, une surprenante impression de modernité et de développement économique. Autant la ville et les environs de Lhassa m’avaient paru endormis, poussiéreux, légèrement déprimants lors de ma première visite en 2003, autant ils m’ont semblé actifs, vivants, énergiques aujourd’hui. Autoroutes, voies de chemins de fer à grande vitesse (ligne Pékin-Xian-Lhassa et ligne Chengdu-Nyingchi), aéroports impeccables, mais aussi immeubles d’habitations, bâtiments patrimoniaux et vieille ville entièrement restaurés, routes bitumées et parc automobile électrique, lignes à haute tension, infrastructures touristiques, écoles, lycées, hôpitaux, petites et grandes entreprises. Depuis la décision prise en 2012 de développer les provinces de l’est, des centaines de milliards de dollars ont été investis dans le développement des infrastructures. Cela se voit. Le Tibet est en train de devenir une destination prisée des touristes chinois et asiatiques. </p> <p>La croissance y dépasse 10% par an depuis plusieurs années. Pour parvenir à ce résultat, Pékin a mobilisé le pays à grande échelle avec une mesure assez originale, qui consiste à mobiliser les ressources financières mais aussi entrepreneuriales et sociales des riches provinces de la côte. 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Pendant deux jours et demi, j’ai donc accompagné une bonne centaine de représentants d’autant de pays dans des séminaires de team building et de youth leadership, entrecoupés de visites de sites hi-tech de la capitale russe, tels que le flamboyant pavillon Atom du musée de l’Espace de Vedankhino et le centre Cyberdom qui rassemble ce qui fait de mieux en matière d’intelligence artificielle et de cybersécurité. Un programme qui n’avait rien à envier à la réunion annuelle des curateurs des Youth Leaders du WEF qui se tenait au même moment à Genève, comme me l’a fait remarquer mon jeune voisin indien du Gujarat.
Le lendemain de notre visite, Vladimir Poutine, qui recevait en grande pompe son homologue indien Narendra Modi, faisait visiter ces mêmes lieux à son hôte.
Pourquoi vous parler de ces événements qui n’ont rien d’extraordinaire à première vue?
Parce que j’y ai reçu l’une des plus belles leçons de pragmatisme de ces dernières années tandis qu'on y faisait un joyeux pied de nez à notre façon terriblement idéologique de voir le monde.
Qu’est-ce qui distingue le WYF du WEF, et plus généralement, les BRICS et le Sud global du G7 et de l’OCDE?
En apparence presque rien, mais dans le fond presque tout.
Avec un à-propos et un sens de la continuité historique typiquement russe, le centre Cyberdom a été aménagé dans une ancienne usine de cire et de sceaux postaux qui servaient à cacheter les lettres au temps des tsars. Les murs de brique rouge sont tapissés d'anthologies de la littérature soviétique et d'écrans vidéo qui projettent des visions futuristes des menaces cyber en passe de déferler sur la planète. L'ensemble ressemble à un campus de la hi-tech californienne inspiré par Marx et Dostoïevski. Un jeune geek chevelu et barbu nous explique que sa boite produit des solutions de sécurité. Toutes sortes de solutions. Offensives et défensives puisqu'un bon bouclier ne saurait se concevoir sans une bonne maîtrise de l'épée, comme aurait dit Sun Tzu. Moyennant 500'000 dollars, il peut hacker n'importe quel téléphone portable de n'importe quel personnage dans le monde en moins de quinze minutes, assure-t-il. Mais sa spécialité porte sur la défense contre les intrusions cyber. Tout est susceptible d'être hacké: usines, hôpitaux, stations de ski, satellites, avions, sous-marins, écoles, voitures autopilotées.
Suivant les besoins, il fournit des services garantis testés à un million de dollars, et pour les plus sensibles, à dix millions de dollars. C’est-à-dire qu'avant d'être livrée, la solution est soumise à la communauté des pirates du darknet à qui l'on offre un million, ou dix millions s'ils arrivent à la hacker. Si la solution passe le test avec succès, elle est alors vendue au client confirme le directeur, qui a fait ses gammes aux Pays-Bas et aux Etats-Unis avant de revenir s'établir en Russie.
J'en conclus que cette génération d'entrepreneurs connectés avec le monde et qui se rient des obstacles mis sur leur route mettent leur intérêt personnel au-dessus de tout le reste. Pas par égoïsme, mais parce qu'ils ont appris à se méfier de la morale et que, derrière les appels au vivre-ensemble et au bien commun si répandus dans le narratif dominant, se dissimulaient des intérêts qui n'avaient rien d'altruiste.
En d'autres termes, dans leur vision du monde, un individu, une nation, un Etat, doivent d'abord agir pour soi, et non pour satisfaire les ambitions d'un tiers, que celui-ci soit une personne, une multinationale, une idéologie ou un gouvernement.
L'absence d'idéologie est d'ailleurs ce qui m'a le plus frappé dans cette rencontre. Certes, les organisateurs russes essayaient de se présenter sous les couleurs les plus favorables, conscients d'avoir à mettre en valeur leur soft power. Mais à aucun moment, ils n'ont essayé de vendre une idéologie ou une vision du monde particulière. Au contraire. Chacun a été invité à présenter ce qui se faisait de mieux dans son pays ou sa région d'origine.
Je n'ai pas pu discuter avec chacun des cent participants mais j'ai pu échanger, notamment, avec un serial entrepreneur philippin, un Centrafricain inquiet pour l'avenir de son continent, une Seychelloise au visage de stèle égyptienne, une pimpante psychologue botswanaise, une Azérie discrète mais au regard acéré, un activiste mexicain enthousiaste, et mon nouvel ami gujarati.
Aucun d'eux n'envisage de changer le monde. De le transformer. De le soumettre à ses caprices ou aux convictions de ses mandants. Tout le contraire des jeunes leaders du Forum de Davos, qui, dans leur jargon, s'appellent des Global Shapers, c’est-à-dire des formateurs, des façonneurs, des transformeurs d'un monde qu'ils rêvent de régenter selon leurs règles.
Ce refus de toute idéologie transformatrice est tout à fait inhabituel dans notre imaginaire occidental. Nous n'arrivons pas à concevoir notre action sur cette terre autrement que comme une transformation de l'existant en quelque chose d'autre, qui lui serait préférable ou supérieur. C'est pourquoi tout ce que nous entreprenons baigne dans une atmosphère permanente de conversion, d'adhésion à une religion, celle du libéralisme, du progressisme, de la démocratie, du mondialisme, qui serait par essence supérieure et que l'on peut donc imposer aux autres sans restriction, par la contrainte morale et par la force des bombes s'il le faut.
Nous n'acceptons pas la différence en tant que telle mais à la condition qu'elle nous soit soumise. L'autre n'est donc jamais notre égal, et ne peut pas l'être. Sur le plan géopolitique, c'est le fameux «Si vous n'êtes pas avec nous, vous êtes contre nous» de George Bush, qui autorise toutes les violences, toutes les discriminations et tous les procès en inquisition. Vous devez non seulement agir, mais encore démontrer que votre intention est pure et votre foi absolue.
Suivant que vous serez admis dans le camp du bien ou que vous ne le serez pas, vous serez loué ou lapidé. Une bombe qui, le même jour, tue deux personnes dans un hôpital à Kiev sera jugée intolérable alors qu'une autre qui en tue 27 en Palestine passera inaperçue (9 juillet 2024).
On ne trouve rien de cet esprit hors d'Occident. On ne vous demandera pas de témoigner en permanence votre foi dans la démocratie, les droits de l'homme, le multiculti, la fausse inclusion. Chacun est libre de penser ce qu'il veut comme il veut. C'est pourquoi les Occidentaux arrivent si mal à comprendre pourquoi les pays du sud peuvent travailler ensemble alors que tout les sépare et qu'un Viktor Orban peut à la fois révérer le conservatisme chez lui et cultiver ses relations avec le communiste Xi Jinping. Pourquoi un Narendra Modi peut à la fois apprécier Vladimir Poutine et Joe Biden. Pourquoi un Lula se sent à l'aise avec la Chine autoritaire mais boycotte la démocratie israélienne qu'il juge complice d'un nouvel apartheid en Palestine.
A Moscou, aussi bizarre que cela puisse vous paraitre, je ne me suis pas senti dans le ou-ou mais dans le et-et. Je me garde de présenter le reste du monde comme un modèle. Mais de temps en temps, ce sentiment fait du bien.
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Une guerre n’éclate jamais par hasard ou par caprice. Les raisons en sont toujours multiples, politiques, économiques, culturelles, sociales, émotionnelles. On peut en débattre sans fin. Pour la paix, l’équation est plus simple. On y parvient en remplissant deux conditions: la justice et la vérité. Simple à exprimer mais très difficile à réaliser.</p> <h3><strong>Faisons un peu de philosophie</strong></h3> <p>La justice est la condition de la paix: une paix durable ne peut exister sans justice. Lorsque des injustices subsistent, elles nourrissent la haine, les conflits et les revendications sans fin. De plus, la justice restaure l’équilibre social et répare les dommages, permettant ainsi aux individus et aux communautés de coexister pacifiquement dans la durée.</p> <p>La vérité est la condition de la justice: la justice repose sur la vérité, car elle nécessite des faits établis et vérifiés pour évaluer les torts et prendre des décisions équitables. 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En principe, cette fonction de recherche de la vérité a été déléguée aux médias et aux journalistes dans les sociétés modernes. Pour des raisons diverses, l’immense majorité d’entre eux se sont fait les relais des pouvoirs et des intérêts en place, renonçant à leur mission de recherche de vérité, et cela dans tous les pays, à Gaza et en Russie certes, mais aussi, et peut-être surtout, en Ukraine, en Israël et en Occident.</p> <p>Dans ces conditions on pourra signer autant de cessez-le-feu et d’accords qu’on voudra, ils ne tiendront jamais longtemps. Le plus fort, sûr de son impunité et de sa capacité à imposer sa version mensongère des faits, sera toujours prêt à les violer, et le plus faible attendra son heure pour riposter ou contre-attaquer. 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Pour dresser un état des lieux, j’ai fait une petite recherche sur ChatGPT, Google et autres moteurs de recherche courants pour voir comment l’on se représentait la chose. ', 'subtitle_edition' => 'Lors de la dernière Conférence sur la sécurité en Eurasie à Minsk, j’ai eu le redoutable honneur de modérer le panel sur les sanctions, en présence de représentants des pays les plus vilipendés au monde. Pour dresser un état des lieux, j’ai fait une petite recherche pour voir comment l’on se représentait la chose. ', 'content' => '<p>Le moins qu’on puisse dire est que le résultat est assez édifiant. Voyez plutôt.</p> <p>Le pays le plus sanctionneur de la planète est, sans surprise, les Etats-Unis. En deuxième place sur le podium trône l’Union européenne, suivie du Royaume-Uni puis du Canada, de l’Australie et, en sixième position seulement, la Suisse, par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce qui signifie d’une part que l’immense majorité des sanctions sont prises par une poignée de pays anglo-saxons – servilement accompagnés de leurs caniches européens – et d’autre part que ces sanctions sont unilatérales, c’est-à-dire en dehors du droit international puisqu’en droit international seules les sanctions décidées par le Conseil de sécurité ont force de loi. La Suisse, qui prétend respecter le droit international, devrait s’en alarmer.</p> <p>En face, on trouve les pays les plus sanctionnés. Les classements donnent en général l’Iran en tête, suivi par la Russie, la Corée du Nord, la Syrie, le Venezuela, Cuba, le Myanmar, et enfin la Biélorussie, le Soudan et le Zimbabwe. Ici encore pas de surprise. Les deux tableaux donnent un excellent résumé de la guerre que livre le monde anglo-saxon à ses ennemis supposés, soit la dizaine de pays qui résistent à son suprémacisme et à ses prétentions à la domination mondiale. </p> <p>La Chine ne figure pas dans la liste: par sa taille et l’imbrication étroite de son économie dans la globalisation anglo-saxonne, elle échappe aux sanctions. Ou plutôt celles-ci s’y appliquent de façon détournée, sous forme de guerre des tarifs douaniers imposés à ses produits et de boycott de ses entreprises sous prétexte d’espionnage.</p> <p>Depuis l’intervention militaire de la Russie en Ukraine en 2022, le business des sanctions a littéralement explosé. Le site Castellum.AI en dresse le palmarès. Et là, surprise, la Suisse figure en troisième position des pays les plus sanctionneurs: sur les 19'535 sanctions antirusses prises à ce jour (le site est remis à jour quotidiennement), 2'753 l’ont été par la Suisse (USA 4'869, Canada 3'176), soit 30% plus que l’Union européenne (2'130), la France (2'071) ou même le Royaume-Uni (1'842), pourtant de loin le pays occidental le plus vociférant contre la Russie. L’Australie et le Japon ferment la marche avec moins de 1'400 sanctions chacun.</p> <p>Le championnat des plus sanctionnés est remporté sans conteste par la Russie avec près de 22'000 sanctions à son tableau de chasse, si l’on y ajoute celles prises avant 2022. L’Iran dépasse de peu les 5'000 tandis que la modeste Syrie gagne la médaille de bronze avec 2'867 sanctions. La Corée du Nord rate le podium à 660 sanctions près, la Biélorussie puis le Venezuela et le Myanmar fermant la marche avec plus de mille sanctions à leur passif.</p> <p>Il est amusant – ou plutôt affligeant – de constater que la Suisse, qui ne cesse de répéter qu’elle s’aligne sur l’Europe, fait en réalité bien pire et qu’elle singe plutôt les Etats-Unis, sans doute pour plaire à son vrai maitre et mettre sa place financière à l’abri du harcèlement qui ne manquerait pas de s’abattre sur elle à la moindre incartade. Cet excès de zèle, cette obséquiosité, cette lâcheté honteuse sont révoltants de la part d’un pays qui se prétend indépendant.</p> <p>Et ça l’est d’autant plus que notre pays s’oublie lorsqu’il s’agit d’appliquer des sanctions ou d’infliger des punitions aux autres pays coupables de crimes contre la démocratie et les droits de l’Homme. 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Grimpez les escaliers souvent étroits et raides du Palais Blanc et du Palais Rouge du Potala, brûlez une chandelle de beurre de yack devant l’un des milliers de bouddhas peints du Jokhang. Ils sont à Lhassa ce que Versailles et Notre-Dame sont à Paris. Mais ne négligez pas l’étape du tout nouveau musée d’art, ouvert en décembre 2023 dans l’ancienne cimenterie de Lhassa, magistralement transformée et restaurée par les designers et architectes de l’Université Tongji de Shanghai. Vous y découvrirez une facette radicalement nouvelle de la province autonome du Tibet, ou plutôt du Xizang, comme elle s’appelle officiellement.', 'subtitle_edition' => 'La prochaine fois que vous irez à Lhassa, n’oubliez pas d’y visiter le musée d’Art moderne. Grimpez les escaliers souvent étroits et raides du Palais Blanc et du Palais Rouge du Potala, brûlez une chandelle de beurre de yack devant l’un des milliers de bouddhas peints du Jokhang. Ils sont à Lhassa ce que Versailles et Notre-Dame sont à Paris. 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Montagneuses, semi-désertiques, au climat très rude et peuplées d’une dizaine de millions d’habitants pour un territoire grand comme quatre fois la France, elles forment à elles deux le cœur des hauts plateaux et du bouddhisme tibétains. Contrairement au stéréotype qui en fait un espace soumis au seul dalaï-lama, elles abritent des sectes bouddhiques de différentes obédiences et de nombreuses minorités religieuses et ethniques, Musulmans, Chrétiens, Taoïstes, Han, Hui, Tu, Salar, Mongols. S’étageant entre 2'600 mètres et 8'000 mètres d’altitude, la région forme le château d’eau de l’Asie et sert de source aux grands fleuves qui irriguent les plaines chinoises, Fleuve Jaune et Yangtsé notamment.</p> <p>Pour faire simple, on rappellera que le bouddhisme tibétain dérive du tantrisme et se divise en quatre écoles principales: Gelug, l’école la plus récente, dite des Chapeaux Jaunes, dont se réclament à la fois le XIVème Dalaï-lama, réfugié en Inde depuis 1959, et le XIème Panchen-lama, qui vit entre Pékin et Shigatse; Nyingma, la plus ancienne, dite des Chapeaux Rouges, plus proche de la religion tibétaine primitive et regroupée autour de six grands monastères; Kagyu, la secte Blanche à cause des bandes blanches ornant la robe des moines, et la plus petite, l’école Sakya, dite bigarrée (Gris-blanche). Chacune possède ses traditions, sa doctrine, ses pratiques, plus ou moins rigoristes, et qui ne font pas toujours bon ménage entre elles. 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Cette ville de 500'000 habitants est située au cœur de vallées boisées et bordées de lacs et de hauts sommets, à l’image du spectaculaire massif du Namcha Barwa, qui culmine à 7'782 mètres et est considérée comme la montagne la plus sacrée du Tibet avec le Mont Kailash.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1731591485_img_4657.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="667" height="500" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Ferme solaire. © G.M.</em></h4> <p>Quels enseignements tirer de ce voyage? Tout d’abord, une surprenante impression de modernité et de développement économique. Autant la ville et les environs de Lhassa m’avaient paru endormis, poussiéreux, légèrement déprimants lors de ma première visite en 2003, autant ils m’ont semblé actifs, vivants, énergiques aujourd’hui. Autoroutes, voies de chemins de fer à grande vitesse (ligne Pékin-Xian-Lhassa et ligne Chengdu-Nyingchi), aéroports impeccables, mais aussi immeubles d’habitations, bâtiments patrimoniaux et vieille ville entièrement restaurés, routes bitumées et parc automobile électrique, lignes à haute tension, infrastructures touristiques, écoles, lycées, hôpitaux, petites et grandes entreprises. Depuis la décision prise en 2012 de développer les provinces de l’est, des centaines de milliards de dollars ont été investis dans le développement des infrastructures. Cela se voit. Le Tibet est en train de devenir une destination prisée des touristes chinois et asiatiques. </p> <p>La croissance y dépasse 10% par an depuis plusieurs années. Pour parvenir à ce résultat, Pékin a mobilisé le pays à grande échelle avec une mesure assez originale, qui consiste à mobiliser les ressources financières mais aussi entrepreneuriales et sociales des riches provinces de la côte. 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1 Commentaire
@simone 12.07.2024 | 15h56
«Description passionnante, mais effrayante de ce monde à deux faces dont aucune n'est attirante. La religiosité prétentieuse de l'Occident et l'amoralité totale de l'Est ne sont ni l'une ni l'autre une promesse d'avenir. Que faire?»