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Actuel / «Quand on aime on ne compte pas»


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Et quand on aime la guerre encore moins! Fêtant ses 75 ans d’existence, l’OTAN a multiplié les déclarations que l’on jugera fermes ou belliqueuses à l’endroit de la Russie et de la Chine, réaffirmé son soutien total à l’Ukraine en attendant son adhésion. Et une injonction forte à tous les Etats occidentaux: dépenser au minimum 2% du PIB pour la défense. Que les non-membres mais proches, comme la Suisse, en prennent de la graine. On est encore loin de cet objectif atlantiste avec 0,7%. Notre ministre Viola Amherd n’aime pas la guerre mais l’OTAN, c’est son grand flirt. Et la valse des milliards est donc promise à s’accélérer. D’autant plus qu’une grosse tuile, dont on a peu parlé, vient de tomber sur nos avions.



Le Département de la Défense a signé un contrat pour l’achat de 36 chasseurs-bombardiers américains F-35. Coût: 6 milliards. Depuis des années, ce type d’appareil ultra-sophistiqué accumule les déboires. Le conseiller national jurassien (PS) Pierre-Alain Fridez dénonce ces faiblesses et l’inadéquation à nos besoins depuis deux ans, notamment dans son livre Le choix du F-35, entre l’erreur et le scandale d’Etat (éd. Favre). Le magazine Géo parle de «l’avion aux mille défauts et pépins»: la plupart des appareils passent beaucoup plus de temps à l’atelier qu’en état de vol. Citation du magazine Popular Mechanics: «Le lieutenant-général Eric Fick, chef du bureau du programme F-35 de l'armée de l'air, a déclaré que 46 F-35 dans le monde sont en état de "Mission Impaired Capability Awaiting Parts" (MICAP), ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas effectuer de missions tant qu'ils n'ont pas été réparés. Selon Military.com, cette répartition comprend 41 F-35A de l'armée de l'air américaine, un F-35C de la marine et un F-35 du corps des Marines.» En fait, selon plusieurs sources il s’agit tout simplement de changer le moteur.

Les turbines du constructeur Pratt & Whitney ont la réputation d'être sujettes aux pannes. Le ministère américain de la Défense a décidé de poursuivre le développement de certaines parties du moteur et du système d'air de refroidissement correspondant jusqu'en 2029 au plus tôt. Comme les jets destinés à la Suisse seront produits avant cette date, ils seront encore livrés avec le moteur obsolète – et devront déjà être mis à niveau peu de temps après.

Ce rééquipement des jets doit être payé par le commanditaire, c'est-à-dire le Département de la Défense (DDPS). Ce qu’a confirmé l'Office fédéral de l'armement Armasuisse. Pourtant, lors de la signature du contrat d'acquisition, on savait que le ministère US de la Défense examinait un développement du moteur. A noter que du côté de Washington, on patauge aussi. Le département américain de la Défense a échoué à tous les audits réalisés par le contrôle fédéral des finances, le Government Accounting Office, depuis que la procédure a été mise en place dans les années nonante...

L’achat de cet avion sera donc un puits sans fond. Dans la quasi indifférence du Parlement et du Conseil fédéral. On a connu dans l’histoire un cas semblable. En 1961 le Parlement décidait l’achat d’une centaine de Mirage III de Dassault, construits en grande partie en Suisse et complétés par divers équipements électroniques spécifiques. Pour un prix au départ de 860 millions. Survinrent de gros dépassements du budget qui portèrent finalement la facture à 1,1 milliard. Ces dérapages ont été plus ou moins camouflés jusqu’en 1964, puis révélés par le rédacteur en chef de la Weltwoche d’alors. Il en est résulté une grave crise politique allant jusqu’à la création d’une commission d’enquête, où siégeaient notamment Kurt Furgler, Pierre Graber et Rudolf Gnägi. La conclusion fut cruelle: «La commande de 1961 a été rédigée de manière faussée, négligeant certaines parties et mentant sur certains aspects.» Chef du département militaire, le conseiller fédéral Paul Chaudet fut contraint à la démission. Finalement seuls 57 appareils avaient été livrés.

Malgré la gravité ruineuse de la situation d’aujourd’hui on est loin de tels développements. Viola Amherd a eu parfois peine à faire passer auprès de ses collègues les crédits astronomiques qu’elle réclamait, mais en l’occurence, pour l’heure elle paraît intouchable. Quand on aime, mais aussi quand on s’affole, on ne compte pas.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@hum 12.07.2024 | 03h31

«La raison principale du dépassement des coûts des Mirage a sauf erreur été le remplacement du système de guidage de tir français par un américain. On ne saura jamais si on en aurait eu pour notre argent !»


@RAS 12.07.2024 | 13h04

«Une majorité d'élus entretenus en partie par les lobbys, un conseiller fédéral qui ne sait pas ce que c'est la neutralité et la démocratie, et qui en plus veut utiliser les fonds de l'aide au développement pour l'Ukraine, une conseillère fédérale larbine des USA et de ce fait complice de l'OTAN, et le reste du Conseil fédéral qui ne bouge pas , ce sont les éléments qui nous manquaient pour que l'on devienne une république bananière.

»


@AlbertD576 13.07.2024 | 19h23

«Merci de ces informations sur les F-35 que d'autres médias ont confirmé mais en relativisant la gravité de la situation.

Pas certain que le gouvernement s'en tire indemne cette fois-ci. D'une part, l'achat d'avions a été approuvé par le peuple du bout des lèvres. C'était un avertissement notamment sur le prix.

Le gouvernement a choisi l'option la plus chère. Un référendum avait alors été lancé pour éviter ce modèle d'appareil coûteux et contraire à la stratégie avec l'UE.

Le référendum a abouti en un temps record mais Viola a choisi de passer outre et de signer le contrat sans consulter le peuple. C'était un abus de pouvoir.

Certains partis sont très remontés avec ces annonces de F-35 encore bien plus coûteux et peu fiables et d'un mauvais contrat signé à la hâte.

Il y aura des conséquences politique.

Peut-être est-il temps de lancer une initiative pour encadrer la signature de certains contrats (avions, vaccins, gestion AVS, etc) qui nous engagent au delà du mandat donné par le peuple ?»


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