Actuel / Plus d’argent pour l’armée mais pas de politique de sécurité
L'armée est en cours de modernisation alors que les risques sécuritaires n'ont pas été définis selon nombre de critiques. © SRF
De l'UDC au PS, les critiques contre les dépenses faramineuses investies dans la défense se multiplient. D'autant que selon le «Tages-Anzeiger», Viola Amherd prend le Conseil fédéral par surprise avec un plan secret à 10 milliards de francs pour l’armée, un emprunt remboursable dès 2045. La proposition irrite certains de ses collègues. Des voix s'élèvent pour davantage de cohérence, de vision à long terme... et moins de complaisance pour les lobbies.
Markus Mugglin, article publié sur Infosperber le 24 juin 2024
De tout le spectre politique s'élèvent des critiques et des inquiétudes quant à la politique de défense mise en œuvre par la Suisse. Quelques exemples:
- Selon la NZZ, l'UDC Werner Salzmann, spécialiste en sécurité, «visiblement indigné», s’en est pris au Conseil fédéral. Selon lui, il manque à la Suisse une politique de sécurité pour définir des perspectives globales dans la défense. Le gouvernement ne donne que des «directives floues»; des objectifs et des critères mesurables feraient en revanche défaut.
- L'ancien conseiller fédéral Kaspar Villiger a souligné dans un livre que l'augmentation demandée des dépenses de l'armée avait «un arrière-goût d'arbitraire et non de développement précis des besoins».
- L'ancien ambassadeur Martin Dahinden a exprimé le même étonnement lors d'une récente manifestation de la Société suisse de politique étrangère: les commandes d'armement sont planifiées et effectuées avant que les risques pour la sécurité ne soient analysés.
- L'ancien secrétaire spécialisé en politique de sécurité et militaire du groupe socialiste, Peter Hug, signale, dans un document de travail intitulé «Repenser la politique de sécurité suisse - mais comment?» que l'armée suisse manque moins d'argent «que d'une stratégie qui, à partir de scénarios plausibles, donne une réponse adaptée à la menace et qui inspire confiance».
Beaucoup d'argent frais malgré l'absence de stratégie
Ce sont des voix d'orientations politiques très différentes qui expriment des doutes fondamentaux sur la capacité stratégique du pays. Il est donc étonnant qu'ne augmentation massive des dépenses de l'armée ne soit pas seulement réclamée, mais déjà décidée. En politique, on ne se dispute plus que sur la rapidité et l'ampleur de l'augmentation des dépenses d'armement, à savoir si elles doivent atteindre 9,5 milliards de francs par an dès 2030 ou seulement en 2035.
Que ce soit plus tôt ou un peu plus tard, l'augmentation doit être massive. Par rapport à 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée, les dépenses pour l'armée devraient plus que doubler.
Lorsqu'il s'agit d'argent, les avis sont partagés. Bien qu'il manque une vision stratégique globale, le politicien UDC Salzmann met les bouchées doubles en matière de réarmement. L'ancien conseiller fédéral Villiger se contente d'une variante un peu plus modérée, en raison du frein à l'endettement.
En revanche, l'ancien diplomate Dahinden et l'ancien secrétaire du PS Hug veulent d'abord analyser les risques auxquels la Suisse est exposée. Une stratégie de sécurité et le type de dépenses militaires doivent se baser sur cette analyse.
La politique de sécurité doit précéder la politique de défense
Leur vision va au-delà de l'armée et de la défense du territoire. Dahinden le formule ainsi: «Il serait faux (...) de choisir unilatéralement la défense militaire du territoire comme point de départ pour la formulation de la future politique de sécurité». Il met également en garde contre une stratégie qui s'inspire étroitement du déroulement de la guerre en Ukraine: «Une future politique de sécurité doit être plus que la généralisation de la réaction à la guerre en Ukraine». Hug ajoute qu'il ne s'agit pas d'une «défense en cas d'attaque militaire directe». Car même le Conseil fédéral a qualifié une telle éventualité d'«improbable».
La sécurité est plus que la défense, explique Hug. Elles sont même en tension l'une par rapport à l'autre. La politique de sécurité vise à prévenir la violence organisée, à réduire le risque de catastrophes et de situations d'urgence et à en maîtriser les éventuelles conséquences. La défense, quant à elle, sert à repousser militairement une attaque et n'intervient que lorsque la politique de sécurité est mise en échec.
Pour Hug, la priorité est de protéger la population contre les actes de violence perpétrés par des individus isolés ou des groupes terroristes, que ce soit sous forme d'attentats à l'explosif, d'attaques de drones ou de cyberattaques contre des conférences internationales, d'autres objectifs symboliques ou des infrastructures critiques, ainsi que de soutenir les autorités civiles en cas de situation d'urgence ou de catastrophe. Le fait que de tels risques sécuritaires aient fortement augmenté fait également partie du «changement d'époque». La distance géographique n'apporte pas de sécurité supplémentaire.
La Suisse accuse un retard de 10 ans en matière de cybersécurité
Ce qui peut sembler évident ne l'est pourtant pas. Car dans les domaines de protection mentionnés, Hug repère de grandes lacunes: «La Suisse présente un déficit de modernisation d'au moins dix ans par rapport à l'UE en matière de cybersécurité et de protection des infrastructures critiques». Ni la Confédération ni les corps de police ne disposent d'une doctrine ou même de moyens d'intervention pour lutter contre les micro ou mini-drones.
Dahinden demande également que la Suisse oriente davantage ses capacités vers une perspective de conflit hybride avec des formes de cyberguerre, des actes terroristes, l'utilisation de drones et l'utilisation militaire de l'intelligence artificielle.
A cela s'ajoutent de grandes faiblesses institutionnelles en matière de sécurité. La départementalisation, la rivalité entre les départements, le fédéralisme et la milice empêchent une approche stratégique. Il manque «une main qui ordonne stratégiquement», déplore Hug.
Ce dernier demande également que «l'armée soit mise sur pied en fonction de la menace» et qu'elle soit orientée vers des scénarios plausibles. Cela implique la défense aérienne par des systèmes terrestres à courte distance, la capacité de brouiller électroniquement et/ou de lancer des drones de toutes sortes, de combler les lacunes dans le service d'assistance aux autorités civiles, de collaborer au moins avec les Etats voisins pour la détection précoce, l'alerte précoce et la protection de l'espace aérien, mais seulement au niveau de la police aérienne, au lieu de développer des capacités offensives avec le nouvel avion de combat coûteux. Celui-ci affaiblit l'armée dans les domaines qui apporteraient un gain de sécurité – sans compter qu'il est très sensible aux erreurs et qu'il devrait encore nous causer beaucoup de problèmes (voir encadré).
Les malheurs du F-35
«Cet avion de combat multitâche est capable de mener à la fois des missions de combat et de police aérienne... quand il vole», pouvait-on lire récemment dans La Liberté (4 juin 2024). La liste des défauts est apparemment très longue. Ainsi, on pouvait notamment lire dans l'analyse étalée sur deux pages l'état du F-35:
«Il a l'inconvénient de rester trop souvent en panne. L'examinateur en chef des armes du ministère américain de la Défense a indiqué au début de l'année que l'ensemble de la flotte de F-35 avait atteint un taux de capacité opérationnelle de 53,1% en 2023 et une capacité opérationnelle totale de près de 30%. En d'autres termes, sur 20 avions, une dizaine sont en mesure de voler à tout moment et six d'entre eux peuvent effectuer toutes les missions qui leur sont assignées».
Plus adaptée à la menace et moins chère: la défense cyber
Hug en est convaincu: une armée orientée de cette manière coûterait beaucoup moins cher à la Suisse. Il souhaite utiliser les moyens ainsi libérés pour la sécurité en tant que «bien public global». La Suisse devrait s'y sentir obligée, car l'UE et l'OTAN offrent à la Suisse une sécurité que nous n'atteindrions jamais par nos propres moyens, en raison de notre géographie. La Suisse devrait s'engager beaucoup plus pour l'Ukraine et les pays environnants afin de les stabiliser. La Suisse devrait également en faire plus pour les pays du Sud. Bien qu'ils soient géographiquement très éloignés de nous, ils sont néanmoins importants pour notre sécurité en raison du changement climatique, de la migration et des risques de pandémie.
L'ancien ambassadeur Dahinden plaide également pour une politique de sécurité suisse qui «agisse sur les risques aussi loin que possible au-delà des frontières nationales – avant même qu'ils ne deviennent des menaces immédiates». En tant que petit Etat, la Suisse ne peut pas faire valoir sa puissance militaire et sa puissance économique est limitée, mais elle dispose d'un «potentiel considérable de puissance douce». Celui-ci devrait être doté de moyens suffisants et être effectivement utilisé – dans la promotion de la paix, via le rôle humanitaire de la Suisse, via l'aide à la reconstruction en Ukraine «avec une motivation explicite de politique de sécurité», mais pas au détriment de l'aide dans les pays du Sud global.
La pauvreté et les conditions de vie précaires sont les causes de dynamiques négatives avec des tensions et des conflits, a-t-il ajouté. La destruction de l'environnement, le changement climatique et les effondrements économiques pourraient également se transformer en risques et en menaces pour la sécurité. Une coopération au développement allant au-delà de la lutte classique contre la pauvreté pourrait apporter des contributions importantes contre de telles dynamiques négatives.
Le rédacteur militaire de la NZZ Georg Häsler estime lui aussi, comme Dahinden et Hug, que la Suisse n'est pas menacée par ce qui arrive à l'Ukraine. Dans la nouvelle publication Sicherheitspolitik Schweiz, Strategie eines globalisierten Kleinstaats (Politique de sécurité de la Suisse, stratégie d'un petit Etat globalisé), il qualifie «une poussée mécanisée de l'armée russe en direction de l'Ouest (d') impossible au vu de la situation actuelle». Le Kremlin n'a même pas «l'intention de prendre le contrôle de tout le continent par des moyens militaires». Mais Häsler voit un grand danger dans le fait que la Russie veuille, sans tirer un coup de feu, «plonger l'Europe dans le chaos».
Même en ce qui concerne les scénarios de menace, le rédacteur de la NZZ Häsler tient parfois un discours similaire à celui de l'ancien ambassadeur Dahinden et de l'ancien secrétaire du PS Hug. Selon Häsler, pour déstabiliser l'Europe, «il suffit de lancer des cyber-attaques contre des hôpitaux, des attentats terroristes ou une attaque avec une arme à distance contre l'étoile de Laufenburg», la plaque tournante européenne de l'électricité. La guerre moderne est invisible et ne connaît pas de fronts clairs. La lutte est en outre menée par le biais de la faim et de la migration.
Disparité dans l'attribution des budgets
Les avis divergent toutefois fortement sur la question de savoir ce qu'il faut faire en priorité. La doctrine de Häsler se limite à la défense territoriale. L'armée doit être en mesure «d'une part de bloquer des axes et de tenir des espaces, d'autre part d'anéantir des forces adverses par des contre-offensives» et doit être orientée vers la préservation de l'intégrité territoriale de la Suisse. Cela devient prioritaire et nécessite beaucoup plus de moyens que ceux mis à disposition jusqu'à présent.
En ce qui concerne une politique de sécurité au-delà des frontières nationales, Häsler estime certes en passant qu'il faudrait compléter «la politique d'armement ou la coopération internationale». Mais il n'explore pas leur potentiel en matière de politique de sécurité.
Le mot d'ordre est de consacrer 1% du produit intérieur brut à l'armement – même sans «développement préalable des besoins» (l'ancien conseiller fédéral Villiger dans son article publié dans la nouvelle édition de Politique de sécurité suisse). Au cours des dix dernières années déjà, les dépenses militaires ont augmenté de manière supérieure à la moyenne. Entre 2014 – lorsque la Crimée a été annexée – et 2023, elles ont augmenté d'un tiers, alors que les dépenses de la Confédération pour la coopération internationale n'ont augmenté que de 15%.
Le lobby militaire au Parlement veut creuser le fossé bien davantage: «augmenter les dépenses pour l'armée de plus de 60% d'ici 2030 et réduire en même temps les moyens, déjà faibles, pour une politique de sécurité au-delà des frontières nationales. Si les militaires et leurs miliciens devaient s'imposer avec leurs exigences maximales, la sécurité du pays ne serait guère servie».
«Repenser la politique de sécurité de la Suisse – mais comment?»
L'ancien ambassadeur Martin Dahinden et l'historien Peter Hug, ancien secrétaire spécialisé du groupe socialiste, ont rédigé, sur mandat de la Société suisse de politique étrangère, des textes de base sur la question «Repenser la politique de sécurité de la Suisse – mais comment?» Après l'attaque militaire directe contre l'Ukraine, cette question s'impose sans aucun doute. Et pourtant – c'est ce qu'ils souhaitent – la discussion devrait être stimulée par de nouvelles impulsions. Car les risques sécuritaires sont plus variés qu'on ne le pense souvent. C'est à dessein que deux auteurs ont été chargés de la même mission. Les articles peuvent être consultés sur le site web de la société. Ici pour Martin Dahinden et ici pour Peter Hug.
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Il met également en garde contre une stratégie qui s'inspire étroitement du déroulement de la guerre en Ukraine: «Une future politique de sécurité doit être plus que la généralisation de la réaction à la guerre en Ukraine». Hug ajoute qu'il ne s'agit pas d'une «défense en cas d'attaque militaire directe». Car même le Conseil fédéral a qualifié une telle éventualité d'«improbable».</p> <p>La sécurité est plus que la défense, explique Hug. Elles sont même en tension l'une par rapport à l'autre. La politique de sécurité vise à prévenir la violence organisée, à réduire le risque de catastrophes et de situations d'urgence et à en maîtriser les éventuelles conséquences. 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Bien qu'ils soient géographiquement très éloignés de nous, ils sont néanmoins importants pour notre sécurité en raison du changement climatique, de la migration et des risques de pandémie.</p> <p>L'ancien ambassadeur Dahinden plaide également pour une politique de sécurité suisse qui «agisse sur les risques aussi loin que possible au-delà des frontières nationales – avant même qu'ils ne deviennent des menaces immédiates». En tant que petit Etat, la Suisse ne peut pas faire valoir sa puissance militaire et sa puissance économique est limitée, mais elle dispose d'un «potentiel considérable de puissance douce». 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Selon Häsler, pour déstabiliser l'Europe, «il suffit de lancer des cyber-attaques contre des hôpitaux, des attentats terroristes ou une attaque avec une arme à distance contre l'étoile de Laufenburg», la plaque tournante européenne de l'électricité. La guerre moderne est invisible et ne connaît pas de fronts clairs. La lutte est en outre menée par le biais de la faim et de la migration.</p> <h3>Disparité dans l'attribution des budgets</h3> <p>Les avis divergent toutefois fortement sur la question de savoir ce qu'il faut faire en priorité. La doctrine de Häsler se limite à la défense territoriale. L'armée doit être en mesure «d'une part de bloquer des axes et de tenir des espaces, d'autre part d'anéantir des forces adverses par des contre-offensives» et doit être orientée vers la préservation de l'intégrité territoriale de la Suisse. Cela devient prioritaire et nécessite beaucoup plus de moyens que ceux mis à disposition jusqu'à présent.</p> <p>En ce qui concerne une politique de sécurité au-delà des frontières nationales, Häsler estime certes en passant qu'il faudrait compléter «la politique d'armement ou la coopération internationale». Mais il n'explore pas leur potentiel en matière de politique de sécurité.</p> <p>Le mot d'ordre est de consacrer 1% du produit intérieur brut à l'armement – même sans «développement préalable des besoins» (l'ancien conseiller fédéral Villiger dans son article publié dans la nouvelle édition de <em>Politique de sécurité suisse</em>). Au cours des dix dernières années déjà, les dépenses militaires ont augmenté de manière supérieure à la moyenne. Entre 2014 – lorsque la Crimée a été annexée – et 2023, elles ont augmenté d'un tiers, alors que les dépenses de la Confédération pour la coopération internationale n'ont augmenté que de 15%.</p> <p>Le lobby militaire au Parlement veut creuser le fossé bien davantage: «augmenter les dépenses pour l'armée de plus de 60% d'ici 2030 et réduire en même temps les moyens, déjà faibles, pour une politique de sécurité au-delà des frontières nationales. 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Il est donc étonnant qu'ne augmentation massive des dépenses de l'armée ne soit pas seulement réclamée, mais déjà décidée. En politique, on ne se dispute plus que sur la rapidité et l'ampleur de l'augmentation des dépenses d'armement, à savoir si elles doivent atteindre 9,5 milliards de francs par an dès 2030 ou seulement en 2035.</p> <p>Que ce soit plus tôt ou un peu plus tard, l'augmentation doit être massive. Par rapport à 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée, les dépenses pour l'armée devraient plus que doubler.</p> <p>Lorsqu'il s'agit d'argent, les avis sont partagés. Bien qu'il manque une vision stratégique globale, le politicien UDC Salzmann met les bouchées doubles en matière de réarmement. 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Il met également en garde contre une stratégie qui s'inspire étroitement du déroulement de la guerre en Ukraine: «Une future politique de sécurité doit être plus que la généralisation de la réaction à la guerre en Ukraine». Hug ajoute qu'il ne s'agit pas d'une «défense en cas d'attaque militaire directe». Car même le Conseil fédéral a qualifié une telle éventualité d'«improbable».</p> <p>La sécurité est plus que la défense, explique Hug. Elles sont même en tension l'une par rapport à l'autre. La politique de sécurité vise à prévenir la violence organisée, à réduire le risque de catastrophes et de situations d'urgence et à en maîtriser les éventuelles conséquences. La défense, quant à elle, sert à repousser militairement une attaque et n'intervient que lorsque la politique de sécurité est mise en échec.</p> <p>Pour Hug, la priorité est de protéger la population contre les actes de violence perpétrés par des individus isolés ou des groupes terroristes, que ce soit sous forme d'attentats à l'explosif, d'attaques de drones ou de cyberattaques contre des conférences internationales, d'autres objectifs symboliques ou des infrastructures critiques, ainsi que de soutenir les autorités civiles en cas de situation d'urgence ou de catastrophe. Le fait que de tels risques sécuritaires aient fortement augmenté fait également partie du «changement d'époque». La distance géographique n'apporte pas de sécurité supplémentaire.</p> <h3>La Suisse accuse un retard de 10 ans en matière de cybersécurité</h3> <p>Ce qui peut sembler évident ne l'est pourtant pas. Car dans les domaines de protection mentionnés, Hug repère de grandes lacunes: «La Suisse présente un déficit de modernisation d'au moins dix ans par rapport à l'UE en matière de cybersécurité et de protection des infrastructures critiques». Ni la Confédération ni les corps de police ne disposent d'une doctrine ou même de moyens d'intervention pour lutter contre les micro ou mini-drones.</p> <p>Dahinden demande également que la Suisse oriente davantage ses capacités vers une perspective de conflit hybride avec des formes de cyberguerre, des actes terroristes, l'utilisation de drones et l'utilisation militaire de l'intelligence artificielle.</p> <p>A cela s'ajoutent de grandes faiblesses institutionnelles en matière de sécurité. La départementalisation, la rivalité entre les départements, le fédéralisme et la milice empêchent une approche stratégique. Il manque «une main qui ordonne stratégiquement», déplore Hug.</p> <p>Ce dernier demande également que «l'armée soit mise sur pied en fonction de la menace» et qu'elle soit orientée vers des scénarios plausibles. Cela implique la défense aérienne par des systèmes terrestres à courte distance, la capacité de brouiller électroniquement et/ou de lancer des drones de toutes sortes, de combler les lacunes dans le service d'assistance aux autorités civiles, de collaborer au moins avec les Etats voisins pour la détection précoce, l'alerte précoce et la protection de l'espace aérien, mais seulement au niveau de la police aérienne, au lieu de développer des capacités offensives avec le nouvel avion de combat coûteux. Celui-ci affaiblit l'armée dans les domaines qui apporteraient un gain de sécurité – sans compter qu'il est très sensible aux erreurs et qu'il devrait encore nous causer beaucoup de problèmes (voir encadré).</p> <hr /> <h3>Les malheurs du F-35</h3> <p>«Cet avion de combat multitâche est capable de mener à la fois des missions de combat et de police aérienne... quand il vole», pouvait-on lire récemment dans <em>La Liberté</em> (4 juin 2024). La liste des défauts est apparemment très longue. Ainsi, on pouvait notamment lire dans l'analyse étalée sur deux pages l'état du F-35:</p> <p>«Il a l'inconvénient de rester trop souvent en panne. L'examinateur en chef des armes du ministère américain de la Défense a indiqué au début de l'année que l'ensemble de la flotte de F-35 avait atteint un taux de capacité opérationnelle de 53,1% en 2023 et une capacité opérationnelle totale de près de 30%. 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Bien qu'ils soient géographiquement très éloignés de nous, ils sont néanmoins importants pour notre sécurité en raison du changement climatique, de la migration et des risques de pandémie.</p> <p>L'ancien ambassadeur Dahinden plaide également pour une politique de sécurité suisse qui «agisse sur les risques aussi loin que possible au-delà des frontières nationales – avant même qu'ils ne deviennent des menaces immédiates». En tant que petit Etat, la Suisse ne peut pas faire valoir sa puissance militaire et sa puissance économique est limitée, mais elle dispose d'un «potentiel considérable de puissance douce». 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Dans la nouvelle publication <a href="https://www.nzz-libro.ch/sicherheitspolitik-schweiz-978-3-907396-69-8"><em>Sicherheitspolitik Schweiz, Strategie eines globalisierten Kleinstaats</em> (Politique de sécurité de la Suisse, stratégie d'un petit Etat globalisé)</a>, il qualifie «une poussée mécanisée de l'armée russe en direction de l'Ouest (d') impossible au vu de la situation actuelle». Le Kremlin n'a même pas «l'intention de prendre le contrôle de tout le continent par des moyens militaires». Mais Häsler voit un grand danger dans le fait que la Russie veuille, sans tirer un coup de feu, «plonger l'Europe dans le chaos».</p> <p>Même en ce qui concerne les scénarios de menace, le rédacteur de la <em>NZZ</em> Häsler tient parfois un discours similaire à celui de l'ancien ambassadeur Dahinden et de l'ancien secrétaire du PS Hug. Selon Häsler, pour déstabiliser l'Europe, «il suffit de lancer des cyber-attaques contre des hôpitaux, des attentats terroristes ou une attaque avec une arme à distance contre l'étoile de Laufenburg», la plaque tournante européenne de l'électricité. La guerre moderne est invisible et ne connaît pas de fronts clairs. La lutte est en outre menée par le biais de la faim et de la migration.</p> <h3>Disparité dans l'attribution des budgets</h3> <p>Les avis divergent toutefois fortement sur la question de savoir ce qu'il faut faire en priorité. La doctrine de Häsler se limite à la défense territoriale. L'armée doit être en mesure «d'une part de bloquer des axes et de tenir des espaces, d'autre part d'anéantir des forces adverses par des contre-offensives» et doit être orientée vers la préservation de l'intégrité territoriale de la Suisse. 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Les articles peuvent être consultés sur le site web de la société. <a href="https://www.sga-aspe.ch/wp-content/uploads/2024/04/Dahinden_Sicherheitspolitik-der-Schweiz-neu-denken.pdf,"><i>Ici</i></a><i> pour Martin Dahinden et </i><a href="https://www.sga-aspe.ch/wp-content/uploads/2024/04/Hug_Sicherheitspolitik-der-Schweiz-neu-denken-1.pdf"><i>ici</i></a><i> pour Peter Hug.</i></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'plus-d-argent-l-armee-mais-pas-de-politique-de-securite', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 94, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://www.infosperber.ch/politik/schweiz/mehr-geld-fuer-die-armee-ohne-sicherheitspolitische-strategie/', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. Pierre a rétorqué que pour rester vivantes les langues devaient changer, que les normes les étouffaient, que les règles orthographiques avaient été inventées pour empêcher les pauvres d’accéder aux études. «Etes-vous allés récemment au cinéma?» ai-je incidemment demandé à Mireille?</p> <p>Le lendemain, elle m’a appelée. «Avec Serge, on se demande si Pierre n’est pas en train devenir woke…» Mon sang s’est figé dans mes veines, une sourde angoisse est montée de mon estomac jusque dans ma gorge. «Non, non… Vous vous trompez… Vous avez bien vu, il continue de manger de la viande», ai-je rassuré Mireille. Mais le doute s’était instillé en moi, je me suis mise à mieux observer Pierre et, pour la première fois, j’ai fouillé dans ses poches et ses agendas, même dans son ordinateur. Ce que j’ai découvert est effrayant…</p> <p style="text-align: right;"><em>Suite la semaine prochaine</em></p> <hr /> <h4>Pierre Ronpipal est l’auteur de<br /><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002707_damned01.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="149" height="206" /><br />«A moi de choisir ceux qui vont mourir»<br /><span>et de<br /></span><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1734002742_cover20242.jpg" class="img-responsive img-fluid normal " width="154" height="207" /><br />«Le vert était rouge à l’intérieur»<br />aux <a href="https://nouvelleseditionshumus.ch/" target="_blank" rel="noopener">Nouvelles Editions Humus</a></h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'un-bien-cruel-conte-de-noel-1', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 39, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5284, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique', 'subtitle' => 'A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. 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En jeu, rien de moins que les causes de la crise de la pollution plastique et les solutions appropriées pour y remédier.</p> <ul> <li> <p>D’un côté, la <a href="https://hactoendplasticpollution.org/fr/">Coalition de haute ambition</a> (HAC), les activistes du «zéro déchet» et de <a href="https://theconversation.com/traite-mondial-contre-la-pollution-plastique-en-coulisses-le-regard-des-scientifiques-francais-presents-234046">nombreux scientifiques</a> insistent sur la nécessité d’une <a href="https://hactoendplasticpollution.org/hac-member-states-ministerial-joint-statement-for-inc-5/">approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques</a>, y compris leur production.</p> </li> <li> <p>De l’autre côté, une <a href="https://medium.com/points-of-order/spoiler-alert-f737a24292e6">petite minorité d’Etats</a> ainsi que l’industrie pétrochimique ont à de nombreuses reprises détourné l’attention de cette question de la production des plastiques. Au lieu de cela, ils accusent des <a href="https://psmag.com/environment/the-epa-blames-six-asian-nations-that-the-u-s-exports-plastic-waste-to-for-ocean-pollution/">systèmes de recyclage inadéquats et une mauvaise gestion des déchets</a>.</p> </li> </ul> <p>L’attention portée au recyclage des plastiques et à la gestion des déchets touche en réalité des millions de personnes en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. Il s’agit des travailleurs qui récupèrent, réutilisent ou revendent les plastiques, les textiles, l’aluminium et d’autres matériaux précieux issus des déchets.</p> <p>Dans le cadre du traité sur les plastiques, pour que ces travailleurs informels soient reconnus, que leurs conditions de travail puissent être améliorées et qu’ils puissent bénéficient d’une transition écologique plus équitable, les solutions politiques doivent aller au-delà des mécanismes économiques basés sur le seul marché et des stratégies axées sur le profit.</p> <p>Si ce n’est pas le cas, les efforts en faveur d’un recyclage plus inclusif et du développement de l’économie circulaire risquent de renforcer les injustices mêmes qu’ils prétendent combattre.</p> <h3>Qui sont les ramasseurs informels de déchets?</h3> <p>Les collecteurs de déchets – et les autres personnes travaillant avec eux dans un cadre informel et coopératif – effectuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344924001824#sec0021">grande partie du travail de recyclage à l’échelle mondiale</a>. Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. Ils restent toujours relégués aux mêmes tâches manuelles et difficiles, même si leurs conditions de travail en ressortent légèrement améliorées.</p> <h3>L’industrie du plastique maintient le <em>statu quo</em></h3> <p>Malgré les bonnes intentions de départ, des termes tels que «économie circulaire inclusive» sont donc trop souvent utilisés à des fins de <em>green washing</em> et même de <em>justice washing</em>, tandis que les travailleurs continuent à endurer des conditions difficiles. Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. L'UE et les Etats membres de l'UE financent les 20 % restants.</p> <p>Avec un budget annuel de 20 millions d'euros et plus de 150 journalistes sur tous les continents, l'<a href="https://www.occrp.org/en">OCCRP</a> − en partie en collaboration avec le <a href="https://www.icij.org/">Réseau international des journalistes d'investigation</a> ICIJ − a lancé les plus grands projets internationaux de journalisme d'investigation de ces dernières années. Parmi eux, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Panama_Papers"><em>The Panama Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pandora_Papers"><em>Pandora Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Suisse_Secrets"><em>Suisse Secrets</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/narcofiles-the-new-criminal-order"><em>Narco Files</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/the-pegasus-project/about-the-project"><em>Pegasus Project</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cyprus_Confidential"><em>Cyprus Confidential </em></a>et la série <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Die_Geldw%C3%A4scherei"><em>Laundromat</em></a>, qui a révélé les systèmes de blanchiment d'argent des élites dirigeantes en Azerbaïdjan et en Russie.</p> <h3><strong>Non sans conditions</strong></h3> <p>Les agences gouvernementales américaines ne financent pas l'OCCRP sans contrepartie: l'<a href="https://www.usaid.gov/"> U.S. Agency for International Development</a> dispose d'un droit de veto sur la nomination des dirigeants de l'OCCRP. De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. 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1 Commentaire
@stef 01.08.2024 | 22h53
«Nous n'avons pas besoin de F-35.
Nous avons besoin d'informaticiens ‼️»