Culture / Roland Jaccard s’est achevé, pour mieux survivre en écrivain
Roland Jaccard à Vienne, en août 2017. © M.C.
«La Cinquième saison», revue littéraire romande au titre chinoisant aussi «improbable» que le fut le (presque) mauvais sujet, réunit les témoignages, à (presque) charge et (presque) décharge, de vingt-cinq plus ou moins proches et amis, pour un portrait éclaté du «gentil garçon» se la jouant «bad boy», presque infréquentable – diront les wokistes – mais survivant par ses écrits.
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Mais la littérature est sans frontières et le jeu du rapprochement, non sans malice, est moins gratuit qu’il n’y paraît.', 'subtitle_edition' => 'Une coïncidence éditoriale rapproche, comme la carpe et le lapin, l’un de nos plus vénérables écrivains et, aux bons soins de Jean-François Duval, un mouvement littéraire américain déjanté à l’enseigne de la Beat Generation. Mais la littérature est sans frontières et le jeu du rapprochement, non sans malice, est moins gratuit qu’il n’y paraît.', 'content' => '<p>En conclusion de la présentation, à la fois très érudite et très vivante, parce que très personnelle, qu’il a consacrée à la Beat Generation dans la collection le plus souvent didactique intitulée «Que sais-je?» et sous la forme d’un abécédaire dynamique, Jean-François Duval, fasciné en son adolescence par la découverte de <i>Sur la route</i> de Jack Kerouac, rend un bel hommage final à celui-ci, souvent tenu pour un auteur mineur par les «purs» lettrés, en introduisant la notion originale de «résonance» pour qualifier son œuvre, comme on parlerait du «rayonnement» de l’œuvre de Proust ou de l’«aura» de celle de Joyce, toutes proportions gardées. </p> <p>Or cette qualification «musicale» d’une œuvre littéraire considérée dans son ensemble, pourrait convenir tout aussi bien à celle de Georges Haldas, me suis-je dit, lisant l’éloge de Kerouac par Duval, après avoir achevé la lecture de cet autre abécédaire, posthume et conçu par le pasteur en retraite Serge Molla, que constitue le recueil de <i>Fulgurances </i>paru aux éditions Labor et Fides, dans leur Petite Bibliothèque de spiritualité, même si les deux auteurs diffèrent absolument par leur vécu, leur génération, leur façon de nouer leur cravate de laine (Haldas) ou leur foulard bohème (Kerouac), leur écriture et leurs références existentielles ou poétiques, philosophiques ou religieuses, encore que l’un et l’autre aient trainé dans les mêmes caves métaphysiques de Dostoïevski, notamment. </p> <p>A maints égards, et malgré sa méfiance envers tous les pouvoirs et le peu de cas qu’il faisait des convenances sociales, on n’imagine pas un Haldas vibrer à la lecture des poètes de la Beat Generation, dont un poème aussi emblématique que le fameux <i>Howl</i> d’Allen Ginsberg lui eût sans doute paru du galimatias barbare, mais nombre de ses réflexions et méditations, dans ses <i>Fulgurances,</i> auraient pu en revanche intéresser et séduire les beatniks en quête de sens et de spiritualité, vivant à leur façon ce qu’il appelait «l’Etat de poésie», et comment ne pas voir que l’expérience baudelairienne des «minutes heureuses» était également au cœur de leurs recherches même diffuses ou confuses?</p> <h3>Minutes heureuses d'un pèlerin de l'Absolu</h3> <p>L’évidence d’un parcours, et plus encore d’un voyage spirituel quotidiennement incarné, s’impose au regard de l’œuvre considérable de Georges Haldas (quelque 80 ouvrages répartis en carnets, essais, poèmes et traductions, notamment, mais sans une once de fiction), et c’est également à un parcours fléché que nous invite Serge Molla dans son choix de <i>Fulgurances </i>tirées des dix-huit carnets regroupés sous le titre de <i>L’Etat de poésie</i>, au fil d’un abécédaire dont les entrées sont souvent assorties de renvois, comme Diable renvoie à Christ, et Christ (l’entrée la plus largement développée) à Moïse, Résurrection et Universalité… </p> <p>Pour couper court à tout malentendu, s’agissant d’un recueil de citations extraites de leur contexte, à savoir de carnets inscrits dans le temps et ses fluctuations souvent contradictoires, gardons-nous, sœurs lectrices et frères lecteurs, de prendre cet Haldas fragmentaire comme un distributeur de vérités ou, pire, un ayatollah de la Pensée unique aux décrets péremptoires. </p> <p>A l’entrée Péremptoire juste avant Permissivité, laquelle «déboussole les êtres au lieu de les enrichir», le scribe le proclame d’ailleurs: «Tout ce qui est péremptoire est le plus souvent faux». Mais c’est bien lui qui affirmera, à l’entrée de Sérénité, que «la notion de sérénité est une des plus sottes inventions de la philosophie», ou, à l’entrée de Convivialité, qu’il ne s’agit là que d’une «stupide invention des sociologues», et d’y aller d’une vraie diatribe: «Une réunion de gens qui se retrouvent avec une soi-disant sympathie, est en fait un aquarium où se meuvent, dans les profondeurs de chacun, le mensonge, la jalousie, les arrière-pensées malveillantes, les sarcasmes secrets, quand ce n’est pas la haine ou le mépris soigneusement tus. Et mille autres petits monstres qui se cachent sous les espèces d’une hypocrite bonne humeur "conviviale", laquelle n’est qu’une comédie pour moutons aveugles». </p> <p>Et pan sur le barbecue! Avec un coup de pied de l’âne évangélique à ceux qui ne trouveraient pas ça très chrétien: «Le Christ n’est pas venu au monde pour langer les bébés, tailler les haies et assurer les fins de mois. Ni pour jacasser avec les bavards»…</p> <p>Lesdits bavards prolifèrent en meutes sur les réseaux dit sociaux, qui ne sont qu’une «dissociété» hagarde, tandis que le poète unifie sans pontifier, et c’est là, dans ce qu’il appelle l’état de poésie (fondamentales entrées de Poème, Poésie et Poète et plus encore de Minutes heureuses) que nous retrouvons Haldas en son noyau de petite graine, pour user d'une de ses métaphores de jardinier céleste. D’un côté: «Les minutes heureuses sont, au temps de la vie courante, ce que les oasis sont au désert». Et de l’autre: «Sans désespoir, pas de minutes heureuses».</p> <p>Dès le début de l’abécédaire, à l’entrée d’Abîme, l’ombre se mêlait illico à la lumière: «Qui ne connaît pas les abîmes ne connaît pas les hauteurs». Et plus loin à l’entrée d’Amour: «Tout véritable amour implique la distance. Intègre, autrement dit, l’abîme. Le reste n’étant qu’attachement possessif. Poison mortel pour la relation». </p> <p>Mot magique, chez le scribe qui vomit la magie et le charme: la Relation. A l’entrée Solitude on lira: «convertir le plus de solitude possible en relation», et dans la foulée. «Contrairement à tout ce qu’on peut penser, c’est la solitude qui nous prépare le plus à la relation». </p> <p>Quoi de commun entre cette relation fondamentale, qui fait sans cesse référence à la Source, mot-clef de l’univers spirituel selon Haldas, et la «sociologie de la relation au monde» que développe le penseur allemand Hartmut Rosa autour du concept de Résonance, où le sentiment religieux se trouve revivifié à l’écart des dogmes et des églises? Jean-François Duval, à partir des dernières étapes du parcours de Jack Kerouac, dans <em>Vanité de Duluoz</em>, esquisse un possible rapprochement, essentiellement fondé sur «la nécessité de faire vibrer le Verbe» par delà toute certitude…</p> <h3>Clochards célestes, anges déchus et rédemption par le Verbe… </h3> <p>Jean-François Duval, né en 1947, n’avait que huit ans lorsque <i>La Fureur de vivre</i> est sorti sur nos écrans, mais il en avait quinze ou seize lorsqu’il a lu en anglais <i>On the Road</i> de Jack Kerouac, et de James Dean à Elvis Presley, la déferlante américaine nous a atteints à la même époque, alors que nos profs fronçaient les sourcils en découvrant nos premiers jeans, sans se douter de la vague de fond que représenterait la première génération donnant le ton par sa jeunesse même, après deux carnages mondiaux – la jeunesse consommatrice – clientèle de premier rang – et productrice de ses propres mythes au temps de la libération sexuelle et du rock’n’roll, de la guerre au Vietnam et de la route vers Katmandou, véritable saga de la deuxième moitié du XXème siècle dont la Beat Generation cristalliserait sa légende autour de figures d’écrivains et de poètes non académiques, de Jack Kerouac et Neal Cassady à William Burroughs et Allen Ginsberg, pour ne citer que les protagonistes.</p> <p>Plus encore qu’un «mouvement» littéraire ou culturel, et bien plus qu’une «école», la Beat Generation brasse tous les éléments (perceptions nouvelles et contestation, mœurs privées et publiques, croyances, fusion du vivre et de l’écrire, etc.) que Jean-François Duval détaille avec autant de précision dans ses observations de journaliste «sur le terrain» et d’écrivain se disant lui-même «épigone», que d’intelligence critique dans ses mises en rapport des 100 mots où il se raconte lui-même en racontant le phénomène, avec une honnêteté lucide qui fait pièce à pas mal d’idées reçues et de clichés médiatisés. </p> <p>Sur les Beats «fêtards», l’image idéalisée des «clochards célestes», l’épanouissement sexuel de cette jeunesse présumée sans problèmes, leurs errances en matière de politique ou de religion, Duval apporte énormément de nuances en brossant une fresque bien vivante. </p> <p>Kerouac et Cassady magnifiés par la fiction de <i>Sur la route</i> et se cassant la figure dans les embrouilles de la vie, Ginsberg et Burroughs en visite chez Louis-Ferdinand Céline (en 1958) que l'affreux Bill compare à «un vieux concierge réactionnaire enveloppé en plein mois de juillet dans ses écharpes et ses couches de chaussettes», Ferlinghetti défiant la censure avec la publication du sulfureux <i>Howl</i> de Ginsberg aux mythiques presses de City Lights, la part d’ombre de ces «anges de la désolation» aux étonnantes accointances criminelles, et la part sublimée de leurs écrits échappant au Temps (le grand thème proustien de Kerouac), tout cela vit et vibre, comme le Verbe doit vibrer et vivre, entre l’A d’Adolescence et le Z de Ziggurat et de Zones de résonance…</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1720082380_11m80umnqml._sx210_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="382" /></p> <h4>«Fulgurances. Abécédaire», Georges Haldas, Editions Labor et Fides, Petite Bibliothèque de Spiritualité, 279 pages.</h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1720082404_les100motsdelabeatgeneration.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="306" /></p> <h4>«Les 100 mots de la Beat Generation», Jean-François Duval, Presses universitaires de France, Que sais-je?, 126 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'quand-georges-haldas-et-les-beats-se-declinent-en-abecedaires', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 14, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 675, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5002, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Quentin Mouron nous introduit aux fluides enfers de l’agréable', 'subtitle' => 'En phase avec son époque, dont il capte l’esprit et décrypte les codes et les fantasmes, tout en rompant avec son conformisme de masse, l’écrivain nous revient avec un roman-scanner d’une pénétration psycho-sociologique saisissante, sur fond de comédie sociale branchée, avec un titre aussi insolite et poétiquement pertinent que ceux de ses ouvrage précédents: «La dernière chambre du Grand Hôtel Abîme».', 'subtitle_edition' => 'En phase avec son époque, dont il capte l’esprit et décrypte les codes et les fantasmes, tout en rompant avec son conformisme de masse, l’écrivain nous revient avec un roman-scanner d’une pénétration psycho-sociologique saisissante, sur fond de comédie sociale branchée, avec un titre aussi insolite et poétiquement pertinent que ceux de ses ouvrage précédents: «La dernière chambre du Grand Hôtel Abîme».', 'content' => '<p>Ils et elles ne savent plus trop où «ielles» en sont, mais elles et ils disent que «ça baigne», et l’on ne saurait mieux conclure que par «monstre cool» alors que «ça» nous concerne tous plus ou moins, que nous le voulions ou non.</p> <p>Que le nom du capitaine Nemo, figure majeure de nos enfance de petits lecteurs entraînés vingt mille lieues sous les mers, soit devenu le prénom d’un zombie non binaire en jupon rose en qui les nouveaux techniciens de surface des médias se félicitent de découvrir l’emblème d’un monde à sexualité augmentée, n’est qu’un signe parmi d’autres de la fluidification générale, et d’aucuns paniquent ou réagissent en réacs tandis que d’autres «font avec», comme Sam le premier personnage à surgir dans le miroir aux alouettes du dernier roman de Quentin Mouron, se lançant à lui-même ce défi devant sa glace fissurée: «Sois un chien sombre qui aboie devant les tentes de l’existence», et la caravane de ses <em>followers</em> passe… </p> <p>On ne fait pas plus kitsch dans le genre poético-romantique en vogue sur la Toile, mais c’est exactement «ça» qui arrive à Sam et dont seront informés, tout à l’heure, les 200'000 abonnés de son compte Instagram.</p> <p>Pour le dire vite (avant de se dire non moins gravement «à vite!»), Sam est devenu influenceur sans le vouloir vraiment, à vrai dire comme tout le monde, vu que c’est effectivement à tous que «ça» arrive depuis que tout un chacun/chacune est connecté(e), d’abord sur Internet et ensuite sur les réseaux et «applis» multiples, surtout les jeunes. 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Et de fait nous aimerons Sam, non parce qu’il est né coiffé et se montre plus intelligent que la moyenne, qu’il a touché à tout, un peu couché avec Hugo, passionnément aimé Sixtine qui l’a largué malgré leur succès géant auprès de leur communauté virtuelle qui «leur envoyait des cœurs et des flammes en permanence», mais parce qu’il est Sam, enfant du siècle comme l’est aussi Lola à sa façon toute différente, lucide et aimante – aimant les arts et la permanence, déçue plus souvent qu’à son tour, et avec Hugo elle sera servie une fois de plus – Hugo le journaliste plutôt raté qui se remet difficilement d’avoir un peu couché avec Sam et qu’on retrouvera à Venise comme on retrouvera Sixtine et son nouveau mec du moment, ce Rocco roulant ses mécaniques et rêvant de dormir dans des yourtes et de rencontrer un vrai sourcier ou un vrai énergiologue et/ou de lire du Sylvain Tesson au coin d’un vrai feu – mais assez de <em>spoiling</em>, lecteurices respecté(e)s: à vous le job!</p> <h3>De la fluidité d’une écriture qui danse</h3> <p>De fait, on n’évoquera pas Sixtine en deux mots: on la «vivra» par les mots de Quentin Mouron, comme on vivra cette espèce de poème-missive envoyé aux humains de tous les sexes, dont la forme même mime, par sa fluidité, toutes les «inclusions» actuelles du discours plus ou moins vidé de sens et des idéologies plus ou moins vidées de contenu, l’Agora du moment se trouvant un squat vénitien où Shakespeare en découd avec les «acteurices» de tout bord et de toute dérive, sur fond beaucoup plus stable et solide qu’on ne croirait, qui est aussi le «fonds» d’un certain Milan Kundera aux anges flapis, ou d’un certain Stanislaw Ignacy Wikiewicz annonçant dans les années 20-30 du XXème siècle ce que quelques auteurs lucides, philosophes ou poètes, constatent aujourd’hui même: le triomphe de tous les nivellements et l’urgence de les combattre, fût-ce en dansant sur le volcan…</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1718882920_couvladernierechambredugrandhotelabimehd1rescaled523x99999.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="312" /></p> <h4>«La dernière chambre du Grand Hôtel Abîme», Quentin Mouron, Editions Favre, 176 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'quentin-mouron-nous-introduit-aux-fluides-enfers-de-l-agreable', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 40, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 675, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4974, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Si vous rêvez de Tombouctou, c’est en vous que gît le trésor', 'subtitle' => 'Ravivant la fraîcheur de nos lectures de jeunesse, avec le supplément d’âme de la maturité, le nouveau roman «africain» de René Zahnd, «Le Trésor des Mandingues», nous entraîne dans un périple à double valeur d’hymne à l’amitié, ponctué de belles rencontres humaines, et d’exploration sur le terrain et par l’écrit d’une Afrique méconnue dont le parcours relève de la quête initiatique, sous le patronage occulte de Blaise Cendrars.', 'subtitle_edition' => 'Ravivant la fraîcheur de nos lectures de jeunesse, avec le supplément d’âme de la maturité, le nouveau roman «africain» de René Zahnd, «Le Trésor des Mandingues», nous entraîne dans un périple à double valeur d’hymne à l’amitié, ponctué de belles rencontres humaines, et d’exploration sur le terrain et par l’écrit d’une Afrique méconnue dont le parcours relève de la quête initiatique, sous le patronage occulte de Blaise Cendrars.', 'content' => '<p>Les ruptures ont parfois du bon. Tu te fais larguer et c’est peut-être bien fait, ça te pendait au nez te dit ton compère François qui a toujours le mot pour encourager: tu avais le fil à ta Pat, croit-il malin d’ajouter avant de t’allonger d’autres calembredaines débiles, et patati et patatras – mais tourne donc la page mon poteau, te serine-t-il sévère et facétieux, et c’est parti pour une autre vie n’importe où mais loin de cette «affaire» de Patricia, et pourquoi pas Venise? </p> <p>Cinq pages plus loin, puisque c’est le début d’un roman dont le titre du premier chapitre annonce la situation «au 36<sup>e</sup> dessous» et démarre avec une exclamation amicalement indignée dudit François, «Ce n’est plus du chagrin, c’est de la misère», le Narrateur, qu’on pourrait prénommer René tant il évoque l’auteur par divers traits psychologiques, à part sa passion avérée pour l’Afrique et ses connaissances de naturaliste – mais on évitera de l’associer trop précisément à la cata sentimentale du moment – se retrouve donc bel et bien à traîner son spleen dans la lagune, quand, en quête d’un cadeau à ramener à son compère François, le hasard lui fait pousser la porte d’une bouquinerie francophone tenue par un vieil Africain qui, à l’évocation du nom de Cendrars, lui propose, fin lettré, l’acquisition du <i>Latin mystique</i> de Rémy de Gourmont, dont chacune et chacun se rappelle l’intérêt que le cher Blaise portait à son œuvre de grand érudit, avant de lui offrir, en bonus, la première édition de l’<i>Anthologie nègre </i>du même bourlingueur assortie d’une dédicace manuscrite à un certain M. 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Et l’on sourira, dans la foulée, en se rappelant que le même Blaise, auteur d’une non moins fameuse <i>Anthologie nègre</i>, n’a jamais mis les pieds en Afrique, si l’on excepte une brève escale à Dakar, alors que René Zahnd y a bel et bien crapahuté moult fois, y recueillant autant de sensations et d’observations de toutes espèces (régurgitées à foison dans son roman) que d’anecdotes et autres tournures de langage «tout bien» captées à l’oral quotidien. </p> <p>Cela précisé pour indiquer la double voie du récit déployé par <em>Le</em> <i>Trésor des Mandingues</i>, sur le terrain, entre Bamako et le pays Dogon, via Tombouctou la mystérieuse, où le jeu de piste tiendra souvent de la course d’obstacles carabinée, et l’exploration «livresque», à laquelle participe l’ami resté devant son ordi, lestée d’innombrables et précieux détails enrichissant notre connaissance de l’Afrique sans pesanteur académique ni pédantisme.</p> <p>Sur une de ces voies, nous ferons la rencontre «incarnée» de deux jeunes filles – une Africaine au prénom de Rokia et Cathy la sémillante ethnologue française – toutes deux ferrées en matière d’anthropologie – jusqu’aux aspects très politisés de la «question noire» – alors que la bibliographie en fin de volume cite une trentaine d’ouvrages qui ont accompagné l’auteur dans la composition de son roman. 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Et telle Mobylette garée sur la rue portera cette maxime avec sa gouaille populaire: «Le crayon de Dieu n’a pas de gomme»…</p> <p>Enfin la lumière éblouissante du jour, et combien de sonores éclats de rire, iront de pair avec un jeu d’ombres plus inquiétantes liées à la part maléfique de la nature humaine, où l’on verra que les pillards blancs d’hier ressortissent à la même crapule que les tueurs d’aujourd’hui se réclamant du Djihad.</p> <h3>Le trésor de l’humaine bonté</h3> <p>Pour beaucoup d’enfants de tous les âges et d’un peu partout, <i>L’Ile au trésor </i>reste l’un des plus beaux livres qui soient, et le lecteur du <i>Trésor des Mandingues </i>ne cesse évidemment d’espérer en savoir plus à propos des «montagnes d’or» évoquées par Cendrars, cher menteur et mentor du non moins cher François, lequel est peut-être le véritable auteur du roman – tels étant les deux lascars férus de farces et attrapes narratives. </p> <p>Dans la foulée du roman, ainsi, l’on apprend que les initiales du fameux M. 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Mais comment donc peut-on être Jaccard?
Les animateurs de la Cinquième saison ont estimé qu’une femme adulte responsable, ni bimbo ni nymphette, serait la meilleure introductrice à la livraison consacrée à l’affreux Jaccard, misogyne et supposé limite pédophile, pour aborder illico le côté «problématique» du personnage et ses positions «clivantes», et c’est à la prof de littérature, et fine nouvelliste Valérie Gilliard qu'a incombé cette tâche délicate, dont elle s’est acquittée avec brio, justesse critique et souci d’équilibre, se demandant illico «comment on peut être Jaccard»…
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Ainsi, me déclarant un soir qu’un écrivain digne de ce nom devait conclure un pacte avec le Démon (et il me regardait) lui ai-je répondu qu’il n’avait aucune idée (ou presque) de ce que représentait ce qu’il venait de me balancer, et lui de me donner absolument raison, ou presque. </p> <p>Cela noté, et sans réserve cette fois, c’est à André Comte-Sponville, parfait introducteur à la pensée de Montaigne dans le <i>Dictionnaire amoureux </i>consacré à celui-ci, que nous devons les vues les plus pertinentes de cette suite d’hommages, notamment à propos de la «profondeur superficielle» de Jaccard, de son «snobisme du mal», mais aussi de sa droiture et de sa générosité, à quoi j’ajouterai deux «presque»… </p> <p>«Voilà deux ans qu’il est mort: je l’aime plus que jamais et ce m’est une raison supplémentaire de ne pas être d’accord avec lui», écrit-ainsi Comte-Sponville. Et l’excellent écrivain qu’est aussi Mark Greene, que j’ai eu le plaisir de rencontrer à la table de Jaccard chez Yushi, abonde dans le même sens en apportant une nuance personnelle à la réserve du «presque», liée au fait qu’il y avait toujours, selon lui, une limite, dans les relations avec le cher disparu: comme une impossibilité, un inaccomplissement dans l’amitié «chaleureuse», ou presque, que vous demandait ou vous accordait Jaccard.</p> <h3>Mais comment donc peut-on être Jaccard?</h3> <p>Les animateurs de la <i>Cinquième saison</i> ont estimé qu’une femme adulte responsable, ni bimbo ni nymphette, serait la meilleure introductrice à la livraison consacrée à l’affreux Jaccard, misogyne et supposé limite pédophile, pour aborder illico le côté «problématique» du personnage et ses positions «clivantes», et c’est à la prof de littérature, et fine nouvelliste Valérie Gilliard qu'a incombé cette tâche délicate, dont elle s’est acquittée avec brio, justesse critique et souci d’équilibre, se demandant illico «comment on peut être Jaccard»…</p> <p>Situant d’emblée Roland Jaccard dans la mouvance «libertaire», ce qui se discute, l’éditorialiste rappelle plus précisément le climat intellectuel ou mental des années 60-70 en citant une tribune de Gabriel Matzneff datant du 26 janvier 1977, dans <i>Libération,</i> qui prônait la dépénalisation de la sexualité avec les mineurs. Né en 1941, notre Roland, presque «boomer» et conforté par l’esprit du temps où il était de bon ton d’ânonner qu’il est «interdit d’interdire», préfigure cependant la contre-offensive visant le «politiquement correct» des soixante-huitards. Et Valérie Gilliard d’observer avec raison: «Notre époque a tendance à condamner l’amoralisme, notamment celui qui s’exprime dans les productions culturelles, c’est là tout le jeu de la succession des mondes, avec leurs couleurs respectives, leurs croyances, leurs errances. Jaccard n’aura de cesse de regretter son Paris disparu, celui des libertés. Et avec lui, la possibilité de ne pas s’offusquer; d’exprimer sans arrière-pensée le primat du désir masculin; de rêver à être un pygmalion tout en effeuillant doucement sa misogynie au soleil de la piscine Deligny». </p> <p>Cependant à peine lâchées les piques de la critique, la commentatrice se reprend en nuances en invoquant le docteur Freud, la question de la pulsion de mort, le problème papa-maman et tout le fonds de commerce du futur chroniqueur psychanalysant du <i>Monde</i>, athée déclaré mais affilié à la secte freudienne avec tous les «presque» qui iront s’accentuant, dont témoignent une vingtaine de livres que leur auteur évoque en ces lignes (presque) significatives. «Nous avons écrit des livres, sans nous soucier des critiques et des ventes. Mais taraudés par une seule question: avions-nous atteint le niveau que nous nous étions assignés? En ce qui me concerne, j’en doute. Echec sur toute la ligne (ou presque )»…</p> <p>Si Jaccard s’accorde cet «ou presque», comme un Georges Haldas le fait à sa façon (peu frivole!) après s’être taxé de nullité, c’est en estimant, à juste titre, que ses livres plaideront pour lui, avec tous les réserves qu’on voudra y trouver, mais en toute liberté accordée à la lectrice et au lecteur. </p> <p>Le nom d’oiseau de Jaccardo figurait sur son siège réservé (genre metteur en scène de cinéma, son rêve) de chez Yushi, rue des Ciseaux , à un coup d’aile de l’Hôtel La Perle jadis offert par Marcel Proust à ses amis Albaret – voisinage qui fait de ce drôle de volatile graphomane un cousin lointain des personnages de <i>La Recherche</i>, entre snobisme germanopratin et goûts bizarres sinon extrêmes, cynisme de façade et (presque) gentillesse.</p> <p>Après la mort de l’écrivain Bergotte, supposé voué au néant de l’oubli, Proust évoque les livres de celui-ci en vitrine, battant des ailes comme des anges, et l’on filera la métaphore au bénéfice du monstre de second rang que figure le Jaccardo, personnage représentatif d’une époque d’eaux basses, son style tant loué par certains n’atteignant pas les cimes d’un Saint-Simon – lequel n’aurait jamais usé du mot poufiasse pour qualifier une femme –, d’un Joubert, d’un Chamfort, d’un Benjamin Constant, d’un Amiel ou d’un Cioran, et pourtant! </p> <p>Pourtant il y a, bel et bien, un écrivain de style chez Roland Jaccard, ou de ton, ou de voix ou de «papatte», comme on voudra. Autant le vain piapia du poseur à la coq, dans sa basse-cour, pouvait insupporter, autant l’écrivain du <i>Monde d’avant</i> nous intéresse en même temps qu’il nous agace, nous charme autant qu’il nous rebute, nous révulse et nous scotche – ou presque…</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1715245354_no2223couverture1.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="317" /></p> <h4>«La Cinquième Saison. 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Mais c’est bien lui qui affirmera, à l’entrée de Sérénité, que «la notion de sérénité est une des plus sottes inventions de la philosophie», ou, à l’entrée de Convivialité, qu’il ne s’agit là que d’une «stupide invention des sociologues», et d’y aller d’une vraie diatribe: «Une réunion de gens qui se retrouvent avec une soi-disant sympathie, est en fait un aquarium où se meuvent, dans les profondeurs de chacun, le mensonge, la jalousie, les arrière-pensées malveillantes, les sarcasmes secrets, quand ce n’est pas la haine ou le mépris soigneusement tus. Et mille autres petits monstres qui se cachent sous les espèces d’une hypocrite bonne humeur "conviviale", laquelle n’est qu’une comédie pour moutons aveugles». </p> <p>Et pan sur le barbecue! Avec un coup de pied de l’âne évangélique à ceux qui ne trouveraient pas ça très chrétien: «Le Christ n’est pas venu au monde pour langer les bébés, tailler les haies et assurer les fins de mois. Ni pour jacasser avec les bavards»…</p> <p>Lesdits bavards prolifèrent en meutes sur les réseaux dit sociaux, qui ne sont qu’une «dissociété» hagarde, tandis que le poète unifie sans pontifier, et c’est là, dans ce qu’il appelle l’état de poésie (fondamentales entrées de Poème, Poésie et Poète et plus encore de Minutes heureuses) que nous retrouvons Haldas en son noyau de petite graine, pour user d'une de ses métaphores de jardinier céleste. D’un côté: «Les minutes heureuses sont, au temps de la vie courante, ce que les oasis sont au désert». Et de l’autre: «Sans désespoir, pas de minutes heureuses».</p> <p>Dès le début de l’abécédaire, à l’entrée d’Abîme, l’ombre se mêlait illico à la lumière: «Qui ne connaît pas les abîmes ne connaît pas les hauteurs». Et plus loin à l’entrée d’Amour: «Tout véritable amour implique la distance. Intègre, autrement dit, l’abîme. Le reste n’étant qu’attachement possessif. Poison mortel pour la relation». </p> <p>Mot magique, chez le scribe qui vomit la magie et le charme: la Relation. A l’entrée Solitude on lira: «convertir le plus de solitude possible en relation», et dans la foulée. «Contrairement à tout ce qu’on peut penser, c’est la solitude qui nous prépare le plus à la relation». </p> <p>Quoi de commun entre cette relation fondamentale, qui fait sans cesse référence à la Source, mot-clef de l’univers spirituel selon Haldas, et la «sociologie de la relation au monde» que développe le penseur allemand Hartmut Rosa autour du concept de Résonance, où le sentiment religieux se trouve revivifié à l’écart des dogmes et des églises? Jean-François Duval, à partir des dernières étapes du parcours de Jack Kerouac, dans <em>Vanité de Duluoz</em>, esquisse un possible rapprochement, essentiellement fondé sur «la nécessité de faire vibrer le Verbe» par delà toute certitude…</p> <h3>Clochards célestes, anges déchus et rédemption par le Verbe… </h3> <p>Jean-François Duval, né en 1947, n’avait que huit ans lorsque <i>La Fureur de vivre</i> est sorti sur nos écrans, mais il en avait quinze ou seize lorsqu’il a lu en anglais <i>On the Road</i> de Jack Kerouac, et de James Dean à Elvis Presley, la déferlante américaine nous a atteints à la même époque, alors que nos profs fronçaient les sourcils en découvrant nos premiers jeans, sans se douter de la vague de fond que représenterait la première génération donnant le ton par sa jeunesse même, après deux carnages mondiaux – la jeunesse consommatrice – clientèle de premier rang – et productrice de ses propres mythes au temps de la libération sexuelle et du rock’n’roll, de la guerre au Vietnam et de la route vers Katmandou, véritable saga de la deuxième moitié du XXème siècle dont la Beat Generation cristalliserait sa légende autour de figures d’écrivains et de poètes non académiques, de Jack Kerouac et Neal Cassady à William Burroughs et Allen Ginsberg, pour ne citer que les protagonistes.</p> <p>Plus encore qu’un «mouvement» littéraire ou culturel, et bien plus qu’une «école», la Beat Generation brasse tous les éléments (perceptions nouvelles et contestation, mœurs privées et publiques, croyances, fusion du vivre et de l’écrire, etc.) que Jean-François Duval détaille avec autant de précision dans ses observations de journaliste «sur le terrain» et d’écrivain se disant lui-même «épigone», que d’intelligence critique dans ses mises en rapport des 100 mots où il se raconte lui-même en racontant le phénomène, avec une honnêteté lucide qui fait pièce à pas mal d’idées reçues et de clichés médiatisés. </p> <p>Sur les Beats «fêtards», l’image idéalisée des «clochards célestes», l’épanouissement sexuel de cette jeunesse présumée sans problèmes, leurs errances en matière de politique ou de religion, Duval apporte énormément de nuances en brossant une fresque bien vivante. </p> <p>Kerouac et Cassady magnifiés par la fiction de <i>Sur la route</i> et se cassant la figure dans les embrouilles de la vie, Ginsberg et Burroughs en visite chez Louis-Ferdinand Céline (en 1958) que l'affreux Bill compare à «un vieux concierge réactionnaire enveloppé en plein mois de juillet dans ses écharpes et ses couches de chaussettes», Ferlinghetti défiant la censure avec la publication du sulfureux <i>Howl</i> de Ginsberg aux mythiques presses de City Lights, la part d’ombre de ces «anges de la désolation» aux étonnantes accointances criminelles, et la part sublimée de leurs écrits échappant au Temps (le grand thème proustien de Kerouac), tout cela vit et vibre, comme le Verbe doit vibrer et vivre, entre l’A d’Adolescence et le Z de Ziggurat et de Zones de résonance…</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1720082380_11m80umnqml._sx210_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="382" /></p> <h4>«Fulgurances. 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Tenez la preuve, la semaine passée: ma petite voisine de sept ans, au prénom d’Océane, devant sa webcam, dansait en pagne arc-en ciel en faisant de la pub pour une marque de blush, à l’insu de sa mère écoresponsable.</p> <p>Tous influenceurs? 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Tu te fais larguer et c’est peut-être bien fait, ça te pendait au nez te dit ton compère François qui a toujours le mot pour encourager: tu avais le fil à ta Pat, croit-il malin d’ajouter avant de t’allonger d’autres calembredaines débiles, et patati et patatras – mais tourne donc la page mon poteau, te serine-t-il sévère et facétieux, et c’est parti pour une autre vie n’importe où mais loin de cette «affaire» de Patricia, et pourquoi pas Venise? </p> <p>Cinq pages plus loin, puisque c’est le début d’un roman dont le titre du premier chapitre annonce la situation «au 36<sup>e</sup> dessous» et démarre avec une exclamation amicalement indignée dudit François, «Ce n’est plus du chagrin, c’est de la misère», le Narrateur, qu’on pourrait prénommer René tant il évoque l’auteur par divers traits psychologiques, à part sa passion avérée pour l’Afrique et ses connaissances de naturaliste – mais on évitera de l’associer trop précisément à la cata sentimentale du moment – se retrouve donc bel et bien à traîner son spleen dans la lagune, quand, en quête d’un cadeau à ramener à son compère François, le hasard lui fait pousser la porte d’une bouquinerie francophone tenue par un vieil Africain qui, à l’évocation du nom de Cendrars, lui propose, fin lettré, l’acquisition du <i>Latin mystique</i> de Rémy de Gourmont, dont chacune et chacun se rappelle l’intérêt que le cher Blaise portait à son œuvre de grand érudit, avant de lui offrir, en bonus, la première édition de l’<i>Anthologie nègre </i>du même bourlingueur assortie d’une dédicace manuscrite à un certain M. 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