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Vos lettres / La discrimination institutionnelle de nos enfants


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Le système de notation du DIP est un catalyseur de tourner en rond de nombreux jeunes et un empêcheur de poursuivre leurs études dans leurs domaines respectifs d’excellence. La libre circulation expose nos enfants à une concurrence déloyale sur leur territoire, face à plusieurs millions de jeunes européens, désireux de venir travailler chez nous et ravir nos places de travail. 



Claude et Dominique habitent à Thônex des deux côtés de la frontière. Leurs immeubles sont séparés par une bordure de thuyas qui sert aussi de frontière entre la Suisse et la France. Grâce à un passage secret aménagé manuellement entre les arbres, les deux jeunes ont grandi ensemble, passant d’un pays à l’autre sans cesse, et prenaient un malin plaisir à le faire. L’informatique était leur dada et leurs ambitions débordantes.

Claude avait 4,4 sur 6 de moyenne à la fin du cycle, et Dominique 14,50 sur 20 au brevet. Autant dire les mêmes notes.

Mais Claude, un peu faible en français, tout comme Dominique d’ailleurs, n’a pas pu continuer ses études au Collège public à Genève, car sa note de 3,4/6 en français était éliminatoire, puisqu’il s’agit d’une matière principale. La note de 5/6 en maths ne fut d’aucun secours.

Dominique a continué et réussi son baccalauréat avec «mention»; 13,3/20 l’équivalent de 4/6. En français sa note était de 9/20 mais le 15/20 en maths a sauvé son avenir. C’est la moyenne générale qui compte en France pour réussir, presque pareil pour la Maturité fédérale suisse.

Après quelques années d’études, Claude a obtenu un CFC pour devenir agent de saisie informatique à l’Administration fiscale genevoise, alors que Dominique a obtenu un Master en informatique de l’Université de Genève, et a rejoint quelques années plus tard le même employeur en tant que responsable de la sécurité informatique.

Le passage entre les thuyas s’était refermé depuis longtemps et l’Etat de Genève est devenu la source de séparation des deux amies.

Heureusement que cette histoire est le fruit de mon imagination, mais elle a tout pour être réelle. 

Le système de notation à la tronçonneuse du DIP est assassin et injuste. Seuls les propos de l’ancien conseiller fédéral Shneider-Ammann à ce sujet le sont encore davantage. Lui, voulait durcir les conditions pour obtenir la Maturité fédérale. Or, comme chacun sait, le parcours d’études en Suisse et la matu suisse sont les plus difficiles sur la planète Terre.

Si Claude descendait d’une famille aisée, avec 4,4/6 de moyenne et malgré la note éliminatoire, elle aurait pu poursuivre au collège, car les écoles privées qui préparent à obtenir la Maturité fédérale accueillent à bras ouverts tous ceux qui obtiennent la moyenne de 4/6 à la fin du cycle, pour autant que leurs parents aient les moyens financiers nécessaires.  

Le système de notation du DIP est un catalyseur de tourner en rond de nombreux jeunes et un empêcheur de poursuivre leurs études dans leurs domaines respectifs d’excellence. La libre circulation expose nos enfants à une concurrence déloyale sur leur territoire, face à plusieurs millions de jeunes européens, désireux de venir travailler chez nous et ravir nos places de travail. 

Nous avons besoin de diplômer et de diplômés.

Il ne s’agit pas d’une quête de charité, mais d’un appel aux nouveaux élus de l’exécutif et du législatif genevois, à s’inspirer du système fédéral, pour stopper net la discrimination actuelle de nos enfants. Permettez-leur au moins de se battre sur notre marché du travail interne à armes égales avec les jeunes de nos voisins.

Elie Hanna

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

6 Commentaires

@Highordie 09.07.2023 | 13h44

«Niveler par le bas. Belle mentalité »


@Maryvon 11.07.2023 | 16h10

«La problématique que vous soulevez était la même en 1982. Alors que j'effectuais un voyage en Israël, je m'étais entretenue avec des jeunes étudiants américains dont le domaine était l'ingénierie. Je leur faisais part alors de mon incompréhension face à un système scolaire suisse romand qui pénalisait à vie des étudiants doués dans les branches scientifiques mais qui avaient des lacunes en français ou en langues étrangères. Ils m'avaient alors assuré que si ils maîtrisaient bien sûr leur propre langue, ils avaient tout de même bien des lacunes en anglais et ils ne maîtrisaient aucune seconde langue. Toutefois, cela ne les avait pas empêché de suivre un cursus scientifique avec succès. Nous devrions nous inspirer davantage de ce modèle car nous nous privons de cerveaux très compétents.»


@Spark 15.07.2023 | 08h27

«En Suisse Romande je pense que Fribourg est la canton champion dans le domaine de l'instruction publique et qui envoie le plus d'élèves à l'EPFL par exemple. Genève devrait copier sur Fribourg, tout simplement, au lieu de poursuivre dans sa politique de bourreau des études de nos enfants. »


@Spark 19.07.2023 | 07h37

«@Highordie: les enfants nés dans des familles où aucun des deux parents ne parlent le français en tant que langue maternelle ne peuvent pas forcément obtenir 4/6 malgré tous les efforts. Pire, est la situation des enfants de couples qui parlent en langues maternelles deux langues différentes du français. "Niveler par le bas?", je ne crois pas.»


@stef 30.07.2023 | 23h47

«Parfaitement d'accord avec vous, Elie !»


@Le rêveur 22.03.2024 | 12h14

«Certains ont pour vocation de nuire,
D’autres ont pour vocation d’accompagner

Et si nos caisses de retraite sont directement indexées sur l’accompagnement et la réussite de tous ?

Je sais,… je rêve»


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