Lu ailleurs / De la guerre d’hiver finno-soviétique de 1939 à l’«opération spéciale» de 2022
Mitrailleurs finlandais pendant la guerre d'hiver. © DR
Nous publions ici des extraits d’un article de Olivier Chambrin, ancien officier de l'Armée de Terre française ayant servi comme analyste-renseignement en ambassade et dans la police. Paru sur le site (pro-russe) Stratpol, il tire un intéressant parallèle historique au plan des stratégies. Fort critique à l’endroit de l’armée russe en 1939 comme en 2022. Cette réflexion n’engage que son auteur.
(…) Le 30 novembre 1939, l’URSS envahit la Finlande, initiant la guerre d’hiver (talvisota). On peut énumérer les points de convergence suivants:
1- La mythification de la lutte de «David contre Goliath», commune aux deux guerres, qui était bien plus avérée en 1939, une Finlande de 3'698'000 habitants affrontant les 170'500'000 de l’URSS; les 265'000 hommes mobilisés par Helsinki (appuyés par seulement 270 avions et 64 chars dont la moitié d’antiques FT17…) allaient faire face à 27 divisions soviétiques totalisant 450 000 hommes, dotés de 1000 chars et appuyés par 1500 avions. La disproportion entre les forces armées ukrainiennes (Zbroyni syly Ukrayiny, ZSU) et celles de la fédération de Russie (Vooroujionnye sily Rossiïskoï Federatsi), largement médiatisée, était bien moindre en 2022, après huit années de préparation intensive avec l’appui de l’OTAN. L’engagement des Territoriaux et des Réservistes ukrainiens conférait même une nette supériorité numérique face aux forces de Moscou, jusqu’à la mobilisation partielle décrétée par le Kremlin.
2- Les origines du conflit présentent une similitude également : Malgré son pacte Molotov-Ribbentrop d’août 1939 (dont le protocole secret abandonnait les pays baltes et la Finlande à la sphère d’influence de Moscou) et l’invasion conjointe de la Pologne, l’URSS entendait éviter que le IIIéme Reich ne puisse avancer davantage à l’Est et menacer Leningrad, dans le cadre du « complexe d’encerclement » russe. Les Soviétiques proposèrent un échange de territoire, afin de sécuriser leur flanc Nord par la création d’une zone tampon. Le parallèle avec les craintes russes relatives à l’extension de l’OTAN sont évidentes, ce qui illustre la pérennité des principes géopolitiques dans le temps.
3- Comme en 2022, l’efficacité de la résistance militaire contre l’armée soviétique et les pertes consécutives, furent une surprise totale. L’Armée rouge s’attendait à une victoire facile et rapide. Autre point commun, tout comme les Ukrainiens de 2022 ont remis en service un nombre important d’engins russes abandonnés en l’état, les Finlandais ont systématiquement réemployé le matériel soviétique capturé, qui devint une part notable de leur maigre arsenal.
4- La résilience morale du parti le plus faible apparaît aussi comme un point commun. Ce n’était pas une surprise, cette nation ayant mené en 1918 une guerre de libération nationale et de refus idéologique du communisme. Unique victoire contre les forces révolutionnaires, elle avait déjà) été menée par le Maréchal Mannerheim, chef des armées en 1939. A l’inverse, l’Ukraine de 1918, déchirée par des conflits internes n’avait pas trouvé un semblable sentiment national, S. Petlioura et la Rada devant compter sur le IIéme Reich et les 33 divisions allemandes qui ont été jusqu’en Crimée en mai 1918, et sont reparties en décembre de la même année. L’état d’esprit semble avoir changé en 2022, à l’issue d’une décennie de construction idéologique de l’Etat autour d’un nationalisme russophobe, d’une mythologie mémorielle et d’attentes économiques et sociales.
5- Le mauvais comportement initial des troupes soviétiques était imputable à leur commandement (décapité par les purges des deux années précédentes) confié à des personnels surveillés par des commissaires et peu formés, d’où une trop grande dépendance aux règles théoriques validées (donc moins risquées idéologiquement) interdisant toute souplesse tactique. Ces faiblesses structurelles ont été évoquées aussi en 2022. Par ailleurs, paradoxalement, les troupes soviétiques de 1939 étaient mal équipées (capotes brunes sur fond blanc, insuffisance de bottes et de vêtements grand froid…) et non accoutumées au froid, car venant des régions Sud de l’URSS. Or, l’hiver 1939 fut particulièrement rigoureux. Les matériels supportaient mal le froid également et les moteurs devaient tourner en permanence, engendrant une surconsommation de carburant suivie d’une immobilisation, ce qui évoque aussi les débuts difficiles de l’opération spéciale. Les Finlandais n’avaient pas ces problèmes et se déplaçaient à ski.
6- Dans les deux cas, un soutien international contre l’envahisseur (exclusion de l’URSS de la SDN le 14 décembre 1939) se traduisit par l’envoi d’armes et d’équipes de soutien technique et de conseillers (par la France, l’Italie, le Royaume-Uni) ; parmi les volontaires on compta un tiers de l’aviation militaire suédoise et 8500 combattants de ce pays. Comme les pays de l’OTAN en 2022, la Suède opta en 1939 pour la non-belligérance et non pour la neutralité. En février 1940, pour forcer la décision finlandaise de négocier, le roi de Suède déclara cependant qu’il n’enverra pas de troupes soutenir son voisin, une attitude qui rappelle un peu celle de l’OTAN actuellement. L’envoi d’armements de toutes provenances (français, italien, allemand, russe, japonais, suédois…) a créé un casse-tête logistique en 1939, comme c’est aussi le cas en 2022. Le gouvernement finlandais en son temps, comme celui de Kiev actuellement, a largement exploité le capital de sympathie pour sa lutte dans la presse (compte-tenu des médias à l’époque) pour obtenir une visibilité internationale et obtenir des aides extérieures, voire forcer une intervention. Notamment en France Daladier était acquis à la cause finlandaise (et le lord de l’amirauté W. Churchill, comme toujours, motivé par une action indirecte).
7- Quoiqu’engageant 700 chasseurs et 800 bombardiers, l’armée de l’air soviétique n’a pas fait montre d’efficacité, ni dans l’appui des troupes, ni dans les bombardements de villes. La nature rurale du pays a limité le nombre de cibles pour le bombardement stratégique et l’épaisseur des forêts n’était pas propice à l’appui au sol. Les pilotes finlandais à l’inverse, se sont montrés extrêmement agressifs et efficaces (270 avions soviétiques abattus pour 62 finlandais), dans le cadre quasi-exclusif de la chasse, mettant au point une formation par deux paires d’ailiers (parvi) très supérieure au vol en V à trois des soviétiques. L’artillerie DCA, également très efficace (bonnes pièces Bofors, Vickers, Breda, excellente organisation au sol, coordination avec les escadrilles…) a abattu 367 appareils soviétiques. Cette bulle anti-aérienne a créé une contrainte pour les pilotes soviétiques obligé de voler plus haut, très comparable avec celle que la menace que l’air-defence system fait peser sur les pilotes russes en Ukraine. Actuellement, selon les sources occidentales, le bilan des forces aériennes russes VVS (Voïenno-vozdouchnye sily Rossiï) en Ukraine semble assez mitigé et leur engagement limité. (mais est-ce par manque de compétence ou tout simplement parce que cet engagement n’est pas jugé nécessaire du fait des possibilités en artillerie, missiles et drones et au regard du coût médiatique et financier d’un appareil moderne ?) A noter tout de même que l’invasion soviétique a commencé en 1939 par des bombardements intensifs censés produire les mêmes effets que les frappes de décapitation russes sur l’Ukraine (avec des résultats médiocres dans les deux cas). L’efficacité de l’aviation a été handicapée par un manque d’entraînement des pilotes et par les relations existant avec l’armée de terre (faible capacité aux actions combinées), coordonnées seulement à partir de janvier ; ce sont aussi deux points noirs relevés en Ukraine en 2022.
8- Malgré le différentiel quantitatif existant aussi pour les unités maritimes, la Finlande s’avéra capable de mener efficacement des opérations d’interdiction maritime grâce à ses batteries côtières, comme l’Ukraine de 2022 ; ainsi, le croiseur Kirov a manqué être coulé par les canons finlandais, comme le croiseur Moskva le fut par des missiles Neptune ukrainiens de défense du littoral. Les trois ports de la Baltique, Hango, Porvoo et Turku, furent protégés comme semble l’être Odessa. Un blocus maritime fut mis en place dans les deux cas, mais en 1939, la glace limita les opérations navales, ce qui ne peut évidemment pas arriver en Mer noire.
9- C’est au plan tactique que les parallélismes sont les plus évidents entre les deux conflits:
La frontière passant par un isthme, seul accès terrestre, et la nature du terrain en Finlande (innombrables lacs, marais, immenses forêts) permirent à Mannerheim, après une action de freinage, de barrer l’axe de progression principal en disposant ses forces en défense linéaire appuyée par l’artillerie. La planification soviétique prévoyait que les 4 armées devaient obtenir l’effondrement finlandais en douze jours. L’attaque était tous azimuts comme elle le fut en 2022. Les 140 kM de la ligne Mannerheim (65 kM de front) défendaient l’isthme de Carélie, protection jugée nécessaire dès 1918, bénéficiant du grand nombre de lacs et de la difficulté de trouver des axes de pénétration pour les véhicules ; des fortifications bétonnées furent bâties pendant plusieurs années en trois vagues, avec le conseil du Génie français (d’où des casemates « le Bourget »). Ces travaux d’organisation du terrain ne sont pas sans évoquer ceux réalisés par Kiev dans le Donbass depuis 8 ans, très difficiles à emporter de vive force, et qui ont imposé aux forces russes un long effort de « grignotage » progressif. En revanche, compte-tenu du tissu urbain peu développé de la Finlande de 1939, il n’y eut aucun combat comparable à ceux de Marioupol ou Artyemovsk/Bakhmut. En 2022 les pointes blindées russes perdirent leur momentum à proportion de l’étirement logistique, butèrent sur des môles urbains et furent usées par du harcèlement, conduisant à des pertes et à une redéfinition de l’effort principal, comme en 1939.
Le terrain finlandais avec un relief peu élevé, mais fortement compartimenté par les lacs et les forêts, n’est pas particulièrement favorable à l’emploi des chars. Les tactiques soviétiques de 1939 trouvent un écho avec celles de 2022, notamment la progression par colonnes, avec une reconnaissance déficiente. Face à un ennemi très mobile hors route, les chars et camions soviétiques se sont donc « empilés », devenant des proies faciles, incapables de déborder lorsque fixés, car canalisés par la forêt et rivés sur un faible nombre de voies carrossables. Faute d’ATGM (Antitank guided missile), les véhicules étaient traités à la bouteille incendiaire, qui acquit à cette occasion le surnom de « Cocktail Molotov », ou avec des charges concentrées qu’il fallait utiliser au contact à cette époque dépourvue de lance-roquette. L’aisance des Jakkari skieurs, sur leur terrain qu’ils maitrisaient parfaitement l’hiver, rappelle la première phase de la guerre en Ukraine, lorsque les colonnes de blindés russes étaient attaquées par des formations légères armés de « blindicides » efficaces, dans un terrain qu’ils connaissaient et qui neutralisait la puissance de feu supérieure de leur adversaire. L’infanterie soviétique souffrit beaucoup de l’environnement glacé des forêts de Finlande (froid atteignant -45°C), où elle était prise à partie par des attaquants furtifs et rapides qui frappaient puis disparaissaient avant qu’une riposte soit mise en oeuvre ; de même, l’infanterie mécanisée russe en 2022 a été peu capable de quitter le couvert de ses véhicules et n’a donc pas protégé les chars comme il est prescrit. Après la première phase, le choix d’une posture défensive sur une ligne retranchée a permis aux fantassins d’être ponctuellement appuyés par les chars agissant comme artillerie mobile, et non l’inverse.
En 1939, les 25 000 hommes de la 44éme division soviétique furent anéantis (23 000 pertes, contre 750 chez les Finlandais) après s’être engagée sur une route forestière près de Suomossalmi. La tactique employée par les Finlandais consistait à bloquer la progression, tronçonner les longs convois, puis réduire les éléments séparément. Le « motti » ( terme forestier finnois, passé dans l’argot militaire) pour réduire successivement l’adversaire par le tronçonnage) a été utilisé avec succès, soit pour une destruction immédiate, soit dans le temps, en épuisant les forces adverses.
Comme en Ukraine, deux styles de commandement se sont opposés, le modèle finlandais (par nécessité) reposant sur la décentralisation et le commandement fluide de type Auftragtaktik, face à un système intellectuel de planification, rigide, imposé par la masse mais aussi l’inexpérience de l’encadrement et la menace des commissaires politiques.
L’artillerie a joué un rôle majeur, dans les deux conflits. Les Finlandais pouvaient compter sur une artillerie alignant des pièces anciennes, inaptes à délivrer des feux massifs d’écrasement, mais bien formée, et ayant l’avantage de la défensive (positions protégées, plans de feu préalables, pas d’allongement des lignes logistiques…) qui a permis notamment de repousser les assauts contre la ligne Mannerheim à Taipale. Inversement, remplaçant les assauts d’infanterie par le pilonnage, l’artillerie lourde soviétique a fini par briser la ligne finlandaise dans la région de Summa, après deux mois à avoir piétiné. En effet, après le fiasco initial de la recherche d’une percée, ils ont d’abord abandonné leur posture offensive pour mettre en place une stratégie de défense appuyée sur des lignes couvertes par l’artillerie. Cela évoque très fortement l’évolution du conflit contre Kiev, dont la troisième phase repose sur des duels d’artillerie massifs. Lorsqu’en janvier 1940, Timochenko devient responsable du front à la place de K. Meretskov, il décide d’orienter ses efforts (Schwerpunkt) uniquement sur la ligne Mannerheim, de préparer son offensive en constituant de fortes réserves, et de coordonner les forces placées sous ses ordres dans une action interarmes. En février, cette stratégie porte ses fruits et les 600 000 hommes des troupes rouges percent la ligne Mannerheim, puis la seconde ligne établie en arrière. Munitions épuisées (qui rappelle également la situation en Ukraine), le Maréchal Mannerheim estime que la défense est à bout le 28 février 1939, et le gouvernement finlandais prend contact avec celui de l’URSS pour entamer des négociations le jour suivant. Le traité de Moscou est signé le 12 mars 1940, mettant un terme à la guerre.
10- Les Soviétiques s’attendaient à l’aide des communistes finlandais ; or, ceux-ci combattirent l’armée rouge. Les tentatives de mettre en place une république démocratique finlandaise sous la direction de Otto Wille Kuusinen à Terijoki n’ont pas fonctionné. De même, Moscou tablait sur l’effondrement d’un régime kiévien miné par la corruption, au leadership sapé par les luttes intestines, manipulé par les Occidentaux et en difficulté économique. La population de l’Ukraine était supposée majoritairement favorable ou a minima neutre, ce qui ne fut pas le cas. Il est vrai que Kiev a disposé de presqu’une décennie pour encadrer et purger et développer un « roman national » fondé sur la russophobie. Il existe de surcroit un décalage générationnel dans l’appréhension du voisinage avec les Russes, entre ceux qui ont connu l’URSS et les plus jeunes. Historiquement, une partie de l’Ukraine actuelle a bel et bien existé comme entité propre, permettant la résurgence d’un esprit de défense collectif.
Comparaison n’est pas raison et l’histoire ne « repasse pas les plats ». On est toutefois conduit à admettre un nombre étonnant de convergences, similitudes ou permanences, entre ces deux conflits. Un schéma semble se dessiner dans le temps, relativement aux contre-performances initiales des armées de Moscou. Les chiffres varient quelque peu, mais il est certain que l’attaque de la Finlande a eu un coût considérable pour la Russie soviétique, probablement 126 875 tués et 260 000 blessés, pour 26 662 tués et 43 000 blessés Finlandais. En termes d’image, l’impression laissée par trois mois et demi de guerre a été celle d’une grande incompétence militaire de l’état-major soviétique.
Toutefois, si la guerre est bien l’instrument au service des Etats qui « permet la continuation de la politique par d’autres moyens », comme Clausewitz l’a défini, il faut rappeler l’issue de ce conflit de 105 jours : l’URSS avait « proposé » d’échanger 5 527 km² autour de Repola et Porajärvi en Carélie soviétique, contre 2 750 kM² finlandais, en modifiant le tracé de la frontière dans la région de Petsamo et sur l’isthme de Carélie, en sus de la location du port de Hanko. Finalement, par le traité de Moscou, l’URSS obtient l’isthme de Carélie, la Carélie finlandaise, dont la seconde ville du pays (Viipuri), 10% du territoire et 20% de la capacité industrielle finlandaise, quatre iles du Golfe de Finlande, la location de la péninsule de Hanko pour 30 ans. Soit toutes les revendications d’avant-guerre, plus Viipuri.
De plus, les performances anormalement faibles de l’armée rouge face à la Finlande à l’époque, ont été raillées comme celles de l’armée de la Fédération de Russie face à Kiev en ce moment. Les médias occidentaux font des gorges chaudes des supposées carences ou limites de l’armée russe, oubliant quelque peu les réalités d’une vraie guerre de haute intensité (qui suppose nécessairement une alternance de victoires et de défaites locales, mettant en jeu un adversaire aussi résilient qu’un Etat moderne). Cette condescendance n’est pas sans rappeler le mépris qu’Adolf Hitler professa pour l’Armée rouge, en grande partie par suite de sa sous-prestation en 1939. On sait ce qu’il advint après la décision de lancer l’opération Barbarossa sur ces bases, démontrant la capacité russe à apprendre de ses erreurs…
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Le parallèle avec les craintes russes relatives à l’extension de l’OTAN sont évidentes, ce qui illustre la pérennité des principes géopolitiques dans le temps.</span></p> <p><span><strong>3-</strong> Comme en 2022, l’efficacité de la résistance militaire contre l’armée soviétique et les pertes consécutives, furent une surprise totale. L’Armée rouge s’attendait à une victoire facile et rapide. Autre point commun, tout comme les Ukrainiens de 2022 ont remis en service un nombre important d’engins russes abandonnés en l’état, les Finlandais ont systématiquement réemployé le matériel soviétique capturé, qui devint une part notable de leur maigre arsenal.</span></p> <p><span><strong>4-</strong> La résilience morale du parti le plus faible apparaît aussi comme un point commun. Ce n’était pas une surprise, cette nation ayant mené en 1918 une guerre de libération nationale et de refus idéologique du communisme. Unique victoire contre les forces révolutionnaires, elle avait déjà) été menée par le Maréchal Mannerheim, chef des armées en 1939. A l’inverse, l’Ukraine de 1918, déchirée par des conflits internes n’avait pas trouvé un semblable sentiment national, S. Petlioura et la Rada devant compter sur le IIéme Reich et les 33 divisions allemandes qui ont été jusqu’en Crimée en mai 1918, et sont reparties en décembre de la même année. L’état d’esprit semble avoir changé en 2022, à l’issue d’une décennie de construction idéologique de l’Etat autour d’un nationalisme russophobe, d’une mythologie mémorielle et d’attentes économiques et sociales.</span></p> <p><span><strong>5-</strong> Le mauvais comportement initial des troupes soviétiques était imputable à leur commandement (décapité par les purges des deux années précédentes) confié à des personnels surveillés par des commissaires et peu formés, d’où une trop grande dépendance aux règles théoriques validées (donc moins risquées idéologiquement) interdisant toute souplesse tactique. Ces faiblesses structurelles ont été évoquées aussi en 2022. Par ailleurs, paradoxalement, les troupes soviétiques de 1939 étaient mal équipées (capotes brunes sur fond blanc, insuffisance de bottes et de vêtements grand froid…) et non accoutumées au froid, car venant des régions Sud de l’URSS. Or, l’hiver 1939 fut particulièrement rigoureux. Les matériels supportaient mal le froid également et les moteurs devaient tourner en permanence, engendrant une surconsommation de carburant suivie d’une immobilisation, ce qui évoque aussi les débuts difficiles de l’opération spéciale. Les Finlandais n’avaient pas ces problèmes et se déplaçaient à ski.</span></p> <p><span><strong>6-</strong> Dans les deux cas, un soutien international contre l’envahisseur (exclusion de l’URSS de la SDN le 14 décembre 1939) se traduisit par l’envoi d’armes et d’équipes de soutien technique et de conseillers (par la France, l’Italie, le Royaume-Uni) ; parmi les volontaires on compta un tiers de l’aviation militaire suédoise et 8500 combattants de ce pays. Comme les pays de l’OTAN en 2022, la Suède opta en 1939 pour la non-belligérance et non pour la neutralité. En février 1940, pour forcer la décision finlandaise de négocier, le roi de Suède déclara cependant qu’il n’enverra pas de troupes soutenir son voisin, une attitude qui rappelle un peu celle de l’OTAN actuellement. L’envoi d’armements de toutes provenances (français, italien, allemand, russe, japonais, suédois…) a créé un casse-tête logistique en 1939, comme c’est aussi le cas en 2022. Le gouvernement finlandais en son temps, comme celui de Kiev actuellement, a largement exploité le capital de sympathie pour sa lutte dans la presse (compte-tenu des médias à l’époque) pour obtenir une visibilité internationale et obtenir des aides extérieures, voire forcer une intervention. Notamment en France Daladier était acquis à la cause finlandaise (et le lord de l’amirauté W. 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L’efficacité de l’aviation a été handicapée par un manque d’entraînement des pilotes et par les relations existant avec l’armée de terre (faible capacité aux actions combinées), coordonnées seulement à partir de janvier ; ce sont aussi deux points noirs relevés en Ukraine en 2022.</span></p> <p><span><strong>8-</strong> Malgré le différentiel quantitatif existant aussi pour les unités maritimes, la Finlande s’avéra capable de mener efficacement des opérations d’interdiction maritime grâce à ses batteries côtières, comme l’Ukraine de 2022 ; ainsi, le croiseur Kirov a manqué être coulé par les canons finlandais, comme le croiseur Moskva le fut par des missiles Neptune ukrainiens de défense du littoral. Les trois ports de la Baltique, Hango, Porvoo et Turku, furent protégés comme semble l’être Odessa. Un blocus maritime fut mis en place dans les deux cas, mais en 1939, la glace limita les opérations navales, ce qui ne peut évidemment pas arriver en Mer noire.</span></p> <p><span><strong>9-</strong> C’est au plan tactique que les parallélismes sont les plus évidents entre les deux conflits:</span></p> <p><span>La frontière passant par un isthme, seul accès terrestre, et la nature du terrain en Finlande (innombrables lacs, marais, immenses forêts) permirent à Mannerheim, après une action de freinage, de barrer l’axe de progression principal en disposant ses forces en défense linéaire appuyée par l’artillerie. La planification soviétique prévoyait que les 4 armées devaient obtenir l’effondrement finlandais en douze jours. L’attaque était tous azimuts comme elle le fut en 2022. Les 140 kM de la ligne Mannerheim (65 kM de front) défendaient l’isthme de Carélie, protection jugée nécessaire dès 1918, bénéficiant du grand nombre de lacs et de la difficulté de trouver des axes de pénétration pour les véhicules ; des fortifications bétonnées furent bâties pendant plusieurs années en trois vagues, avec le conseil du Génie français (d’où des casemates « le Bourget »). Ces travaux d’organisation du terrain ne sont pas sans évoquer ceux réalisés par Kiev dans le Donbass depuis 8 ans, très difficiles à emporter de vive force, et qui ont imposé aux forces russes un long effort de « grignotage » progressif. En revanche, compte-tenu du tissu urbain peu développé de la Finlande de 1939, il n’y eut aucun combat comparable à ceux de Marioupol ou Artyemovsk/Bakhmut. En 2022 les pointes blindées russes perdirent leur momentum à proportion de l’étirement logistique, butèrent sur des môles urbains et furent usées par du harcèlement, conduisant à des pertes et à une redéfinition de l’effort principal, comme en 1939.</span></p> <p><span>Le terrain finlandais avec un relief peu élevé, mais fortement compartimenté par les lacs et les forêts, n’est pas particulièrement favorable à l’emploi des chars. Les tactiques soviétiques de 1939 trouvent un écho avec celles de 2022, notamment la progression par colonnes, avec une reconnaissance déficiente. Face à un ennemi très mobile hors route, les chars et camions soviétiques se sont donc « empilés », devenant des proies faciles, incapables de déborder lorsque fixés, car canalisés par la forêt et rivés sur un faible nombre de voies carrossables. Faute d’ATGM (Antitank guided missile), les véhicules étaient traités à la bouteille incendiaire, qui acquit à cette occasion le surnom de « Cocktail Molotov », ou avec des charges concentrées qu’il fallait utiliser au contact à cette époque dépourvue de lance-roquette. L’aisance des Jakkari skieurs, sur leur terrain qu’ils maitrisaient parfaitement l’hiver, rappelle la première phase de la guerre en Ukraine, lorsque les colonnes de blindés russes étaient attaquées par des formations légères armés de « blindicides » efficaces, dans un terrain qu’ils connaissaient et qui neutralisait la puissance de feu supérieure de leur adversaire. 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L’engagement des Territoriaux et des Réservistes ukrainiens conférait même une nette supériorité numérique face aux forces de Moscou, jusqu’à la mobilisation partielle décrétée par le Kremlin.</span></p> <p><span><strong>2-</strong> Les origines du conflit présentent une similitude également : Malgré son pacte Molotov-Ribbentrop d’août 1939 (dont le protocole secret abandonnait les pays baltes et la Finlande à la sphère d’influence de Moscou) et l’invasion conjointe de la Pologne, l’URSS entendait éviter que le IIIéme Reich ne puisse avancer davantage à l’Est et menacer Leningrad, dans le cadre du « complexe d’encerclement » russe. Les Soviétiques proposèrent un échange de territoire, afin de sécuriser leur flanc Nord par la création d’une zone tampon. Le parallèle avec les craintes russes relatives à l’extension de l’OTAN sont évidentes, ce qui illustre la pérennité des principes géopolitiques dans le temps.</span></p> <p><span><strong>3-</strong> Comme en 2022, l’efficacité de la résistance militaire contre l’armée soviétique et les pertes consécutives, furent une surprise totale. L’Armée rouge s’attendait à une victoire facile et rapide. Autre point commun, tout comme les Ukrainiens de 2022 ont remis en service un nombre important d’engins russes abandonnés en l’état, les Finlandais ont systématiquement réemployé le matériel soviétique capturé, qui devint une part notable de leur maigre arsenal.</span></p> <p><span><strong>4-</strong> La résilience morale du parti le plus faible apparaît aussi comme un point commun. Ce n’était pas une surprise, cette nation ayant mené en 1918 une guerre de libération nationale et de refus idéologique du communisme. Unique victoire contre les forces révolutionnaires, elle avait déjà) été menée par le Maréchal Mannerheim, chef des armées en 1939. A l’inverse, l’Ukraine de 1918, déchirée par des conflits internes n’avait pas trouvé un semblable sentiment national, S. Petlioura et la Rada devant compter sur le IIéme Reich et les 33 divisions allemandes qui ont été jusqu’en Crimée en mai 1918, et sont reparties en décembre de la même année. 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Les matériels supportaient mal le froid également et les moteurs devaient tourner en permanence, engendrant une surconsommation de carburant suivie d’une immobilisation, ce qui évoque aussi les débuts difficiles de l’opération spéciale. Les Finlandais n’avaient pas ces problèmes et se déplaçaient à ski.</span></p> <p><span><strong>6-</strong> Dans les deux cas, un soutien international contre l’envahisseur (exclusion de l’URSS de la SDN le 14 décembre 1939) se traduisit par l’envoi d’armes et d’équipes de soutien technique et de conseillers (par la France, l’Italie, le Royaume-Uni) ; parmi les volontaires on compta un tiers de l’aviation militaire suédoise et 8500 combattants de ce pays. Comme les pays de l’OTAN en 2022, la Suède opta en 1939 pour la non-belligérance et non pour la neutralité. En février 1940, pour forcer la décision finlandaise de négocier, le roi de Suède déclara cependant qu’il n’enverra pas de troupes soutenir son voisin, une attitude qui rappelle un peu celle de l’OTAN actuellement. L’envoi d’armements de toutes provenances (français, italien, allemand, russe, japonais, suédois…) a créé un casse-tête logistique en 1939, comme c’est aussi le cas en 2022. Le gouvernement finlandais en son temps, comme celui de Kiev actuellement, a largement exploité le capital de sympathie pour sa lutte dans la presse (compte-tenu des médias à l’époque) pour obtenir une visibilité internationale et obtenir des aides extérieures, voire forcer une intervention. Notamment en France Daladier était acquis à la cause finlandaise (et le lord de l’amirauté W. Churchill, comme toujours, motivé par une action indirecte).</span></p> <p><span><strong>7-</strong> Quoiqu’engageant 700 chasseurs et 800 bombardiers, l’armée de l’air soviétique n’a pas fait montre d’efficacité, ni dans l’appui des troupes, ni dans les bombardements de villes. La nature rurale du pays a limité le nombre de cibles pour le bombardement stratégique et l’épaisseur des forêts n’était pas propice à l’appui au sol. Les pilotes finlandais à l’inverse, se sont montrés extrêmement agressifs et efficaces (270 avions soviétiques abattus pour 62 finlandais), dans le cadre quasi-exclusif de la chasse, mettant au point une formation par deux paires d’ailiers (parvi) très supérieure au vol en V à trois des soviétiques. L’artillerie DCA, également très efficace (bonnes pièces Bofors, Vickers, Breda, excellente organisation au sol, coordination avec les escadrilles…) a abattu 367 appareils soviétiques. Cette bulle anti-aérienne a créé une contrainte pour les pilotes soviétiques obligé de voler plus haut, très comparable avec celle que la menace </span><span>que l’air-defence system fait peser sur les pilotes russes en Ukraine. Actuellement, selon les sources occidentales, le bilan des forces aériennes russes VVS (Voïenno-vozdouchnye sily Rossiï) en Ukraine semble assez mitigé et leur engagement limité. (mais est-ce par manque de compétence ou tout simplement parce que cet engagement n’est pas jugé nécessaire du fait des possibilités en artillerie, missiles et drones et au regard du coût médiatique et financier d’un appareil moderne ?) A noter tout de même que l’invasion soviétique a commencé en 1939 par des bombardements intensifs censés produire les mêmes effets que les frappes de décapitation russes sur l’Ukraine (avec des résultats médiocres dans les deux cas). L’efficacité de l’aviation a été handicapée par un manque d’entraînement des pilotes et par les relations existant avec l’armée de terre (faible capacité aux actions combinées), coordonnées seulement à partir de janvier ; ce sont aussi deux points noirs relevés en Ukraine en 2022.</span></p> <p><span><strong>8-</strong> Malgré le différentiel quantitatif existant aussi pour les unités maritimes, la Finlande s’avéra capable de mener efficacement des opérations d’interdiction maritime grâce à ses batteries côtières, comme l’Ukraine de 2022 ; ainsi, le croiseur Kirov a manqué être coulé par les canons finlandais, comme le croiseur Moskva le fut par des missiles Neptune ukrainiens de défense du littoral. Les trois ports de la Baltique, Hango, Porvoo et Turku, furent protégés comme semble l’être Odessa. Un blocus maritime fut mis en place dans les deux cas, mais en 1939, la glace limita les opérations navales, ce qui ne peut évidemment pas arriver en Mer noire.</span></p> <p><span><strong>9-</strong> C’est au plan tactique que les parallélismes sont les plus évidents entre les deux conflits:</span></p> <p><span>La frontière passant par un isthme, seul accès terrestre, et la nature du terrain en Finlande (innombrables lacs, marais, immenses forêts) permirent à Mannerheim, après une action de freinage, de barrer l’axe de progression principal en disposant ses forces en défense linéaire appuyée par l’artillerie. La planification soviétique prévoyait que les 4 armées devaient obtenir l’effondrement finlandais en douze jours. L’attaque était tous azimuts comme elle le fut en 2022. Les 140 kM de la ligne Mannerheim (65 kM de front) défendaient l’isthme de Carélie, protection jugée nécessaire dès 1918, bénéficiant du grand nombre de lacs et de la difficulté de trouver des axes de pénétration pour les véhicules ; des fortifications bétonnées furent bâties pendant plusieurs années en trois vagues, avec le conseil du Génie français (d’où des casemates « le Bourget »). Ces travaux d’organisation du terrain ne sont pas sans évoquer ceux réalisés par Kiev dans le Donbass depuis 8 ans, très difficiles à emporter de vive force, et qui ont imposé aux forces russes un long effort de « grignotage » progressif. En revanche, compte-tenu du tissu urbain peu développé de la Finlande de 1939, il n’y eut aucun combat comparable à ceux de Marioupol ou Artyemovsk/Bakhmut. En 2022 les pointes blindées russes perdirent leur momentum à proportion de l’étirement logistique, butèrent sur des môles urbains et furent usées par du harcèlement, conduisant à des pertes et à une redéfinition de l’effort principal, comme en 1939.</span></p> <p><span>Le terrain finlandais avec un relief peu élevé, mais fortement compartimenté par les lacs et les forêts, n’est pas particulièrement favorable à l’emploi des chars. Les tactiques soviétiques de 1939 trouvent un écho avec celles de 2022, notamment la progression par colonnes, avec une reconnaissance déficiente. Face à un ennemi très mobile hors route, les chars et camions soviétiques se sont donc « empilés », devenant des proies faciles, incapables de déborder lorsque fixés, car canalisés par la forêt et rivés sur un faible nombre de voies carrossables. Faute d’ATGM (Antitank guided missile), les véhicules étaient traités à la bouteille incendiaire, qui acquit à cette occasion le surnom de « Cocktail Molotov », ou avec des charges concentrées qu’il fallait utiliser au contact à cette époque dépourvue de lance-roquette. L’aisance des Jakkari skieurs, sur leur terrain qu’ils maitrisaient parfaitement l’hiver, rappelle la première phase de la guerre en Ukraine, lorsque les colonnes de blindés russes étaient attaquées par des formations légères armés de « blindicides » efficaces, dans un terrain qu’ils connaissaient et qui neutralisait la puissance de feu supérieure de leur adversaire. L’infanterie soviétique souffrit beaucoup de l’environnement glacé des forêts de Finlande (froid atteignant -45°C), où elle était prise à partie par des attaquants furtifs et rapides qui frappaient puis disparaissaient avant qu’une riposte soit mise en oeuvre ; de même, l’infanterie mécanisée russe en 2022 a été peu capable de quitter le couvert de ses véhicules et n’a donc pas protégé les chars comme il est prescrit. Après la première phase, le choix d’une posture défensive sur une ligne retranchée a permis aux fantassins d’être ponctuellement appuyés par les chars agissant comme artillerie mobile, et non l’inverse.</span></p> <p><span>En 1939, les 25 000 hommes de la 44éme division soviétique furent anéantis (23 000 pertes, contre 750 chez les Finlandais) après s’être engagée sur une route forestière près de Suomossalmi. La tactique employée par les Finlandais consistait à bloquer la progression, tronçonner les longs convois, puis réduire les éléments séparément. Le « motti » ( terme forestier finnois, passé dans l’argot militaire) pour réduire successivement l’adversaire par le tronçonnage) a été utilisé avec succès, soit pour une destruction immédiate, soit dans le temps, en épuisant les forces adverses.</span></p> <p><span>Comme en Ukraine, deux styles de commandement se sont opposés, le modèle finlandais (par nécessité) reposant sur la décentralisation et le commandement fluide de type Auftragtaktik, face à un système intellectuel de planification, rigide, imposé par la masse mais aussi l’inexpérience de l’encadrement et la menace des commissaires politiques.</span></p> <p><span>L’artillerie a joué un rôle majeur, dans les deux conflits. Les Finlandais pouvaient compter sur une artillerie alignant des pièces anciennes, inaptes à délivrer des feux massifs d’écrasement, mais bien formée, et ayant l’avantage de la défensive (positions protégées, plans de feu préalables, pas d’allongement des lignes logistiques…) qui a permis notamment de repousser les assauts contre la ligne Mannerheim à Taipale. Inversement, remplaçant les assauts d’infanterie par le pilonnage, l’artillerie lourde soviétique a fini par briser la ligne finlandaise dans la région de Summa, après deux mois à avoir piétiné. En effet, après le fiasco initial de la recherche d’une percée, ils ont d’abord abandonné leur posture offensive pour mettre en place une stratégie de défense appuyée sur des lignes couvertes par l’artillerie. Cela évoque très fortement l’évolution du conflit contre Kiev, dont la troisième phase repose sur des duels d’artillerie massifs. Lorsqu’en janvier 1940, Timochenko devient responsable du front à la place de K. Meretskov, il décide d’orienter ses efforts (Schwerpunkt) uniquement sur la ligne Mannerheim, de préparer son offensive en constituant de fortes réserves, et de coordonner les forces placées sous ses ordres dans une action interarmes. En février, cette stratégie porte ses fruits et les 600 000 hommes des troupes rouges percent la ligne Mannerheim, puis la seconde ligne établie en arrière. Munitions épuisées (qui rappelle également la situation en Ukraine), le Maréchal Mannerheim estime que la défense est à bout le 28 février 1939, et le gouvernement finlandais prend contact avec celui de l’URSS pour entamer des négociations le jour suivant. Le traité de Moscou est signé le 12 mars 1940, mettant un terme à la guerre.</span></p> <p><span><strong>10-</strong> Les Soviétiques s’attendaient à l’aide des communistes finlandais ; or, ceux-ci combattirent l’armée rouge. Les tentatives de mettre en place une république démocratique finlandaise sous la direction de Otto Wille Kuusinen à Terijoki n’ont pas fonctionné. De même, Moscou tablait sur l’effondrement d’un régime kiévien miné par la corruption, au leadership sapé par les luttes intestines, manipulé par les Occidentaux et en difficulté économique. La population de l’Ukraine était supposée majoritairement favorable ou a minima neutre, ce qui ne fut pas le cas. Il est vrai que Kiev a disposé de presqu’une décennie pour encadrer et purger et développer un « roman national » fondé sur la russophobie. Il existe de surcroit un décalage générationnel dans l’appréhension du voisinage avec les Russes, entre ceux qui ont connu l’URSS et les plus jeunes. Historiquement, une partie de l’Ukraine actuelle a bel et bien existé comme entité propre, permettant la résurgence d’un esprit de défense collectif.</span></p> <p><span>Comparaison n’est pas raison et l’histoire ne « repasse pas les plats ». On est toutefois conduit à admettre un nombre étonnant de convergences, similitudes ou permanences, entre ces deux conflits. Un schéma semble se dessiner dans le temps, relativement aux contre-performances initiales des armées de Moscou. Les chiffres varient quelque peu, mais il est certain que l’attaque de la Finlande a eu un coût considérable pour la Russie soviétique, probablement 126 875 tués et 260 000 blessés, pour 26 662 tués et 43 000 blessés Finlandais. En termes d’image, l’impression laissée par trois mois et demi de guerre a été celle d’une grande incompétence militaire de l’état-major soviétique.</span></p> <p><span>Toutefois, si la guerre est bien l’instrument au service des Etats qui « permet la continuation de la politique par d’autres moyens », comme Clausewitz l’a défini, il faut rappeler l’issue de ce conflit de 105 jours : l’URSS avait « proposé » d’échanger 5 527 km² autour de Repola et Porajärvi en Carélie soviétique, contre 2 750 kM² finlandais, en modifiant le tracé de la frontière dans la région de Petsamo et sur l’isthme de Carélie, en sus de la location du port de Hanko. Finalement, par le traité de Moscou, l’URSS obtient l’isthme de Carélie, la Carélie finlandaise, dont la seconde ville du pays (Viipuri), 10% du territoire et 20% de la capacité industrielle finlandaise, quatre iles du Golfe de Finlande, la location de la péninsule de Hanko pour 30 ans. Soit toutes les revendications d’avant-guerre, plus Viipuri.</span></p> <p><span>De plus, les performances anormalement faibles de l’armée rouge face à la Finlande à l’époque, ont été raillées comme celles de l’armée de la Fédération de Russie face à Kiev en ce moment. Les médias occidentaux font des gorges chaudes des supposées carences ou limites de l’armée russe, oubliant quelque peu les réalités d’une vraie guerre de haute intensité (qui suppose nécessairement une alternance de victoires et de défaites locales, mettant en jeu un adversaire aussi résilient qu’un Etat moderne). Cette condescendance n’est pas sans rappeler le mépris qu’Adolf Hitler professa pour l’Armée rouge, en grande partie par suite de sa sous-prestation en 1939. 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De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». 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Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. 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1 Commentaire
@stef 30.07.2023 | 16h03
«Excellent, merci !»