Actuel / Des haricots, de l'eau, des cookies et le coyote
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Juan, 17 ans, décide d'aller au bout de son idée: quitter sa banlieue de Mexico et rejoindre New York «pour découvrir le monde». Il évoque, dans cette 2e partie, l'interminable traversée du désert de Sonora, les barbelés, la police à son arrivée.
BON POUR LA TÊTE VOUS OFFRE CE GRAND ENTRETIEN EN LIBRE ACCÈS
Chapitre 1: Un aller (pas) simple pour New York En libre accès
Comment s'est passé la traversée du désert de Sonora?
Mon ami s'est occupé de l'organisation de mon arrivée aux États-Unis avec lui. Il a tout planifié. Il m'a juste donné le jour de notre départ. Je suis allé voir ma famille pour leur dire ce que j'allais faire, ils m'ont dit que c'était fou. A cette époque, je n'ai pas réalisé ce qui se passait. J'étais naïf, aventureux... J'ai décidé d'aller au bout de mon idée et de venir ici. En gros, le plan était qu'une fois arrivés à la frontière, on devait attendre quelqu'un chargé de nous amener dans une maison d'une banlieue d'une grande ville américaine. C'était vraiment choquant car il y avait 300 personnes qui dormaient dans une seule et même pièce. Je me souviens du « coyote», le passeur. Je lui ai dit de me trouver un endroit où je pouvais m'allonger pour la nuit. Mais j'ai dû aller dehors car il n'y avait plus de place à l'intérieur. Il y avait un pick-up. Alors, je me suis installée dans la benne arrière du véhicule. Au milieu de la nuit, il s'est mis à pleuvoir et je me suis retrouvé arrosé. Le lendemain, on s'est levé. Mon ami m'a amené à l'épicerie locale et il m'a dit de prendre quelques provisions, des boîtes de conserve. Je me souviens avoir pris des haricots, deux bouteilles d'eau et des cookies, et tout ce que je pouvais trouver qui était dans une boîte ou un emballage. Il m'a demandé de mettre tout ça dans mon sac à dos et il m'a dit qu'on partirait le lendemain.
Comment s'est déroulé le voyage ensuite?
Le coyote me disait sans cesse que nous n'avions que deux jours de marche. Deux jours après, il me disait «deux jours de plus». Bref, il me le redisait à chaque fois qu'on lui demandait combien de temps il restait à marcher dans ce désert. On avait déjà marché beaucoup de temps. En réalité, on a fini par marcher une semaine entière à travers le désert de Sonora, pour moi c'était assez long et plutôt choquant. Une chose importante, je ne savais pas que dans le désert il faisait très chaud en journée et très très froid la nuit. Les deux dernières nuits, il a vraiment fait très très froid. Je n'étais vraiment pas préparé à ça. Je me souviens que j'avais sommeil et que j'étais très fatigué. L'une des dernières nuits, j'ai commencé à m'allonger à côté d'un feu et un gars qui s'était assis à côté de moi, n'arrêtait pas de me réveiller et m'a dit qu'il pensait que j'allais tomber en hypothermie. Je voulais juste m'allonger et m'endormir et il n'a pas arrêté de me réveiller... Il m'a probablement sauvé la vie.
Etiez-vous confiant?
Non, je devenais très sceptique. Je me souviens que le leader du groupe disait tout le temps que ça allait durer deux jours, et ça faisait quatre jours déjà, et je me souviens des montagnes. Il me disait sans arrêt, « quand nous aurons traversé ces montagnes, nous serons de l'autre côté», donc aux États-Unis. Il le répétait sans cesse. A un moment, je n'avais plus beaucoup d'eau... Au cinquième jour, je n'en avais plus du tout. Quand vous avez soif, vous savez, cette sensation d'avoir soif, j'ai du mal à la décrire, votre corps vous supplie, il lui faut de l'eau. Je me souviens d'une nuit, on a dû dormir dans un fossé qu'on a creusé et il a commencé à pleuvoir. Je me suis mis à boire de l'eau à même le sol car j'avais tellement soif. Finalement, le jour suivant, on a réussi à atteindre la frontière. Je me souviens avoir aperçu les barbelés. Le coyote disait, une fois que vous traversez ces barbelés, vous êtes aux États-Unis. J'ai traversé ces barbelés.
Nous devions ensuite attendre dans les buissons, avant que quelqu'un surnommé l'«aventon» vienne nous prendre en voiture et nous amener à l'hôtel. Il m'a alors dit que nous étions en Arizona. Nous ne savions pas si nous étions aux États-Unis ou pas car tout se ressemblait. Il n'y avait que des cactus et du sable. Ce jour-là, nous avons attendu environ trois heures avant qu'un pick-up se présente quelques mètres seulement de là où nous nous cachions. Le coyote nous avait dit que quand le pick-up allait débarquer depuis la route, il fallait courir dans sa direction.
«Tout le monde courait. J'étais le dernier, j'étais très faible»
Je me souviens d'avoir vu ce camion arriver de nulle part et tout le monde a commencé à courir. J'étais le dernier, j'étais très faible. Quand j'ai couru vers le camion, tout le monde a sauté à l'arrière du pick-up, je pensais que je n'allais pas pouvoir atteindre l'arrière du camion. Mais finalement, j'ai fait le tour jusqu'au siège passager à côté du conducteur. C'est une scène dont je me souviendrais toute ma vie. Je me souviens aussi de cet homme qui ressemblait à un indien, un «native». Il avait de longues tresses, et sa peau était très foncée. Pour moi, si ça n'avait pas été une personne venant pour nous, il aurait très bien pu être un modèle tout droit sorti d'un magazine. C'était un Cherokee, un amérindien qui travaillait à l'époque avec les coyotes dans le pays. Il m'a juste dit d'être silencieux et de regarder tout droit.
On s'est mis en route et une voiture de la police de l'immigration s'est rapprochée de nous. Il m'a alors dit de continuer à regarder tout droit, de ne pas chercher à les attirer du regard. J'ai compris ce qu'il voulait dire même si je ne parlais pas anglais à l'époque. J'ai réussi malgré tout à bien le comprendre. En se rapprochant de notre véhicule, ils ont jeté un coup d’œil et ont quitté les lieux. C'était un moment décisif car ça aurait pu changer mon voyage, et ma vie.
«Je me demande souvent ce que je serais devenu si je n'avais pas quitté la maison»
Quand je suis arrivé au motel de Phoenix, en marchant vers la chambre, j'ai réalisé qu'il y avait environ 300 personnes, allongés un peu partout, il y avait un frigo et un poste de télévision. La plupart des gens venaient d'Amérique centrale. L'«aventon» (le passeur-conducteur, ndlr) qui nous a déposés là nous a ensuite enfermés avec une clé puis il a disparu. De cette façon, nous ne pouvions pas nous échapper, sans doute parce que des gens avaient pris la fuite par le passé. Il m'a dit qu'il reviendrait quand le cousin de mon ami aura versé l'argent. Quand ce sera fait, il nous amènera à l'aéroport pour nous indiquer l'endroit où partir vers notre destination finale.
Le prix du voyage était de 1500 dollars à cette époque. Maintenant, je pense que ce serait autour des 7000 dollars. Je n'avais pas du tout d'argent. Le cousin de mon frère a dit qu'il paierait pour moi. Quand j'aurai un travail, mon ami et moi allions le rembourser. Il essayait juste de nous aider. Et j'ai remboursé quand nous nous sommes installés. Je pense que c'était mon destin. Je me demande souvent ce que je serais devenu si je n'avais pas quitté la maison.
Je ne suis pas venu aux États-Unis, en espérant avoir une meilleure vie. Je ne suis pas venu pour vivre l'«American dream». Je suis venu car j'étais ce jeune homme aventureux qui voulait découvrir le monde. Les événements qui me sont arrivés aux États-Unis ont un impact différent sur qui je suis aujourd'hui. Cela définit ma façon de ressentir les choses, la façon d'interagir avec les autres, ainsi que la raison pour laquelle je suis resté.
Prochainement dans Bon pour la tête
Chapitre 3, des boulots à la pelle: «Si vous êtes Mexicain, pire, illégal, vous êtes traité comme un déchet»
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En gros, le plan était qu'une fois arrivés à la frontière, on devait attendre quelqu'un chargé de nous amener dans une maison d'une banlieue d'une grande ville américaine. C'était vraiment choquant car il y avait 300 personnes qui dormaient dans une seule et même pièce. Je me souviens du « coyote», le passeur. Je lui ai dit de me trouver un endroit où je pouvais m'allonger pour la nuit. Mais j'ai dû aller dehors car il n'y avait plus de place à l'intérieur. Il y avait un pick-up. Alors, je me suis installée dans la benne arrière du véhicule. Au milieu de la nuit, il s'est mis à pleuvoir et je me suis retrouvé arrosé. Le lendemain, on s'est levé. Mon ami m'a amené à l'épicerie locale et il m'a dit de prendre quelques provisions, des boîtes de conserve. Je me souviens avoir pris des haricots, deux bouteilles d'eau et des cookies, et tout ce que je pouvais trouver qui était dans une boîte ou un emballage. 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Cela définit ma façon de ressentir les choses, la façon d'interagir avec les autres, ainsi que la raison pour laquelle je suis resté.</p><p><hr></p><h2>Prochainement dans Bon pour la tête</h2><p><strong>Chapitre 3, des boulots à la pelle: <a href="https://bonpourlatete.com/actuel/si-tu-es-mexicain-illegal-de-surcroit-tu-es-traite-comme-un-dechet">«Si vous êtes Mexicain, pire, illégal, vous êtes traité comme un déchet»</a></strong></p><br>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'des-haricots-de-l-eau-et-des-cookies', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 902, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 421, 'homepage_order' => (int) 422, 'original_url' => null, 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 2616, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1765, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'A VIF / Musique', 'title' => 'Balade dans le jardin du «Montreux Jazz»', 'subtitle' => 'La programmation du festival est composée comme on agencerait une boutique de fleuriste. 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Ce qui m’intéresse et m’interpelle est de comprendre les systèmes de privilèges et de stigmatisation, comment ils s’influencent et se croisent. De fait la lutte féministe n’a pour moi de sens que si elle considère et intègre les autres groupes sociaux stigmatisés. Aussi, je n’ai pas du tout de pensée politique. Je ne sais pas comment agir, sinon en donnant du sens à ce que je fais. C’est pourquoi dans le domaine du travail du sexe, j’essaie surtout de créer un discours qui permette à la fois de montrer un autre regard et en même temps de nous réapproprier notre voix qui est systématiquement mise sous silence. <br /><strong>Vous avez une activité militante ici?</strong><br />Si l’on veut. Je veux dire, je ne me trouve pas très active ni engagée. Je participe à des tables rondes sur le travail du sexe, et avec mon amie Zoé Blanc-Scuderi, une sexothérapeuthe qui a fondé Sexopraxis, nous mettons en place une formation sur le travail du sexe, d’une part pour montrer qu’il s’agit bien d’un métier qui demande des compétences; d’autre part parce que les personnes arrivant dans ce domaine doivent tout apprendre par empirisme, ce qui les isole davantage (on ne peut pas vraiment demander des conseils à une amie sur comment bien faire sa communication sur internet quand on est escort) et les met potentiellement en danger physique, sanitaire et surtout psychologique.<br /><strong>Etes-vous enragée par ce qui se passe en France?</strong><br />En France, depuis la loi sur la pénalisation des clients votée en 2016, les conditions de travail se sont largement dégradées. Il y a moins de clients, donc les travailleurs du sexe acceptent des pratiques ou des clients qui les mettent en danger. Il y a des descentes de police pour arrêter les sans-papiers, inutile de vous dire qu’étrangère plus pute est une combinaison propice aux abus policiers.<br />Bien sûr, et en même temps je dois bien admettre que je suis une «putain» privilégiée qui a eu la possibilité de partir travailler en Suisse et a préféré son confort personnel plutôt que la lutte aux côtés de ses consœurs précarisées. Cette loi de pénalisation des clients est terrible pour mes consœurs. Elle renforce encore plus la précarité alors que le travail du sexe était pour beaucoup un moyen d’en sortir, de s’en sortir. Je trouve cela affligeant de se prétendre féministe et de tout faire pour empêcher des individus en majorité femme de s’émanciper de leur situation à elles comme elles le veulent sous prétexte que la prostitution serait «en elle même» une violence. Il serait bon de prendre conscience qu’il y a une plus grande violence que la prostitution (quoi qu’on en pense) que manifestement ces «feministes» bourgeoises ne connaissent pas: la pauvreté. <br /><strong>Comment expliquer cette position de ces féministes et femmes politiques?</strong><br />Je pense que dans le fond, il y a un enjeu politique qui est de plaire à la population. Dans l’imaginaire collectif, la prostitution est considérée comme avilissante. Faire des lois contre le travail du sexe va dans le sens de l’inconscient collectif.<br />Mais c’est faire le jeu du patriarcat que de dire aux autres ce qui les aliène ou ce qui les rend dignes. Ce qui est le plus avilissant, c’est que soient prises des décisions qui auront un impact sur la vie des personnes concernées (comme voter une loi par exemple) sans leur demander leur avis! Y a-t-il plus paternaliste que ça?! Et quand nous nous organisons nous-mêmes pour faire entendre notre voix, nous sommes systématiquement mises sous silence, si ce n’est insultées.<br />Concernant l’argument du «non-choix» dans la prostitution, c’est surtout un non-sens absolu. Aucun choix, quel qu’il soit, n’est jamais pris et défini uniquement par ma volonté. Le choix humain est toujours déterminé par un tas de choses, le contexte culturel, le besoin de se sentir reconnu par mes pairs, la représentation inconsciente que j’ai de moi, des autres… Du choix des vacances à celui de mon partenaire; du choix de ma tenue à celui de mon travail, tout est agencement comme dirait Deleuze.<br /><strong>Le problème viendrait-il surtout de notre besoin de s'insérer dans une société capitaliste?<br /></strong><strong></strong>Dans un système capitaliste déterminé par la nécessité de gagner de l’argent pour survivre, nous avons toutes et tous la contrainte de nous trouver un travail. 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On a 48 concerts. Comme on n’est pas dans la configuration open-air, tout est lié à la programmation. Avec Elton John, on a plus de billets à vendre qu’auparavant. On a deux affiches majeures comme Elton John et Sting qui ont été sold-out en deux jours.15'000 billets écoulés pour Elton dans un stade, c’est l’équivalent de 15 soirées au Stravinsky. On note par ailleurs que les artistes sont moins nombreux sur la route, que le modèle économique est en train de changer.</p> <p><strong>Quels sont vos objectifs pour un concert à Montreux?</strong></p> <p>On vise environ 60 ou 70% de la capacité de la salle. Mais je prends chaque concert individuellement. Il y a un changement ces dix dernières années avec la publicité sur les différents relais médiatiques. On a une concurrence forte en Suisse et en Europe en général. On doit relancer le public sur l’ensemble du programme constamment dans les médias du print. Le travail de communication se fait plus finement et est plus diversifié sur le digital. Avec les applications comme Spotify, on ne peut plus mettre le focus sur des artistes moins connus, ce qui est quelque chose d’intéressant.</p> <p><strong>Y a-t-il un effet Montreux avec des concerts conceptualisés, avec des artistes fidélisés?</strong></p> <p>Oui. Pour Thom Yorke dont le nouvel album a le parfait profil pour nous avec un spectacle visuel qui nous correspond bien, plus que pour un open air. L’ambiance de son album se transposera bien au Stravinski. Pour Janet Jackson aussi. Grâce à l’appui de Quincy Jones, elle fera deux dates en Europe, Montreux et Glastonbury. Avec une matériel scénique énorme là-bas. Pas chez nous, le rapport humain a permis de marquer notre différence. </p> <p><strong>Malgré la marque Montreux, il semblerait que rien ne soit acquis… </strong></p> <p>On fait des choix de programmation, certes, mais on est sur le fil du rasoir. On l’a toujours été. 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Je ne me prends pas trop au sérieux pour justement être pris au sérieux par les autres acteurs. A Kilbi, j'essaye toujours de trouver des artistes qui ont quelque chose d'original, qui ne font pas de compromis et qui sont surprenants. J'essaye aussi d'ajouter des éléments très expérimentaux au contenu du festival. Et avoir du plaisir, être connecté et discuter. Une chose très importante pour moi, c'est la fidélité à qui nous sommes, surtout. Garder la taille du festival, ne pas seulement le dire. Et mettre le côté humain en avant. La déco et le style ne sont pas les plus importants.</p> <p><strong>Comment ça se passe en termes économiques, la concurrence s'exprime-t-elle sur le terrain des cachets?</strong></p> <p>Oui. Mais on programme les artistes que l'on peut se payer. Cela arrive que l'on doive payer de gros cachets pour de petits groupes parce qu'ils sont en tête d'affiche. Mais le terrain de jeu dans lequel nous évoluons est plutôt sympathique. Les gens nous font confiance et nous rejoignent. J'espère que nous pourrons agir de cette façon pour quelque temps encore.</p> <p><strong>Comment décrire Kilbi par rapport aux autres festivals?</strong></p> <p>C'est un festival au naturel, multilingue et ouvert d'esprit, tout simple. Très varié. Je me fais toujours la réflexion quand je programme des groupes: est-ce que ces artistes seraient tous heureux de dîner à la même table?</p> <h3><strong>PALEO, l'OPEN AIR GRAND FORMAT (23-28 JUILLET)</strong></h3> <p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499333_jacques_monnier_credit_aniessa_jotterand.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="281" height="422" /></strong></p> <h4 style="text-align: center;"><strong>Jacques Monnier. </strong>© <strong>Aniessa Jotterand</strong></h4> <p><strong>Comment analysez-vous la baisse de passion pour plusieurs festivals majeurs cette année dont Paléo?</strong></p> <p><strong>Jacques Monnier </strong>(chef de la programmation)<strong>: </strong>On a vu l’an dernier que le marché suisse était en limite de saturation. Il y a beaucoup de festivals, Caribana, Rock Oz’ Arènes, Festi’Neuch… Les gens n’ont ni le temps ni l’argent d’aller partout. Il y a un tassement. C’est la première année depuis 2003 que l’on ne vend pas tout. Il nous reste des billets pour samedi et dimanche. Mais à l’arrivée, ça fera quand même 96% de remplissage. Cette année, il y a le facteur Fêtes des Vignerons, même si ce ne sont pas tous des spectateurs de Paléo, sans compter les concerts programmés à l’année.</p> <p><strong>Le facteur hip-hop a-t-il écarté certains spectateurs de Paléo cette année? </strong></p> <p>Non, car on programme du hip-hop depuis MC Solaar. Avant, les organisateurs ne voulaient pas trop de hip hop car le public était réputé difficile. Mais aujourd’hui, c’est la soirée avec Damso et Soprano qui est partie la plus vite. On doit renouveler le public avec ce qu’il veut écouter, du rap et de l’électro surtout, moins de rock. Mais on a un menu qui s’adresse à des générations différentes, le rap c’est 12% des artistes, Bruel sera là pour un public familial, The Cure et 21 Pilots pour les amateurs de rock… Il y a les musiques du monde. Paléo est vaste.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559498684_thecure2nyoncolovrayen1985crditpalo.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Nyon Colovray en 1985. © Paléo</h4> <p><strong>Puisque vous les citez, The Cure et son leader Robert Smith incarnent très bien la relation spéciale que Paléo peut entretenir avec des artistes, non?</strong></p> <p>Oui et c’est émouvant. The Cure est venu en 1985 à Paléo. On s’ouvrait au rock à ce moment-là. En fait, Robert Smith a choisi Paléo comme lieu important pour célébrer les 40 ans de son groupe. Mais on a aussi une relation très soutenue avec des artistes placés en «découverte» ces dernières années comme Big Flo & Oli, Jain et Angèle. Cette dernière fait partie des artistes dont la carrière a explosé en une année. On est heureux de lui proposer la Grande scène cet été pour passer de 3000 à 30'000 spectateurs. Ce suivi des artistes dans leur éclosion, c’est ce qui nous plaît.</p> <h3><strong>LES EUROCKÉENNES – OPEN AIR MAJEUR DU PAYS VOISIN (4-7 JUILLET)</strong></h3> <p><strong><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499033_leseurockennesphotoeurockennes.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></strong></p> <p><strong>Avez-vous senti une désaffection en 2018 aux Eurockéennes et sur le marché des festivals français en général?</strong></p> <p><strong>Jean-Paul Roland </strong>(directeur)<strong>:</strong> Il y a toujours plus de festivals et de public en France. Pour 2018, c’est moins une désaffection ressentie qu’une crainte partagée par le secteur d’un équilibre financier désormais élevé, proche du complet, et donc beaucoup plus difficile à atteindre. Avec le constat des hausses cumulées des coûts de sûreté et d’accueil du public, des frais d’indemnisation des forces de l’ordre et également des cachets d’artistes face à une décrue des subventions locales, le secteur très concurrentiel est inquiet pour son avenir.</p> <p><strong>Quel est le secret pour que les Eurockéennes perdurent avec ce récent format de quatre jours? </strong></p> <p>Ni secret, ni recette. La fragilité reste intrinsèquement liée à ce type d’événement plein air. Ce format dépend essentiellement des opportunités artistiques pour réussir à programmer un jour supplémentaire. Le format sur trois jours reste le mètre étalon. Si notre équipe défend l’idée d’un festival généraliste mais clair dans ses choix artistiques et qui explore avec passion et assiduité les marges musicales, la promesse d'une expérience globale sur la belle presqu’île du Malsaucy <em>(ndlr : à dix minutes du centre de Belfort et une heure de Delémont),</em> d’une parenthèse sociale avec son légendaire camping va bien au-delà de la programmation musicale.</p> <p><strong>Vous n’êtes pas dépendant des subventions publiques, est-ce le secret en France pour tenir financièrement sur du long terme?</strong></p> <p>Croisons les doigts et scrutons les cieux! Il s’agit au départ d’un festival inventé par une collectivité départementale publique, donc majoritairement subventionné à ses débuts en 1989. Le virage économique intervient à l’aube des années 2000 avec un budget dont les recettes proviennent désormais à 93% de ses recettes propres (mécénat, sponsoring et billetterie). La baisse des subventions peut à terme limiter le nombre et l’ampleur de nos actions culturelles et sociales proposées à l’année sur notre territoire élargi qui comprennent des accompagnements artistiques, notamment Iceberg en France et en Suisse, la programmation locale au club de la Poudrière à Belfort, des actions solidaires avec les associations locales… etc.). Nos statuts indiquent clairement ce type d’actions qui légitiment et ancrent le festival dans son espace.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1559499079_smashingpumpkins30eanniversaireen2018aupncbankartscenternewjersey.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p>', 'content_edition' => null, 'slug' => '50-ans-apres-woodstock-le-festival-rock-made-in-ch-est-il-en-train-de-flancher', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 983, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1726, 'homepage_order' => (int) 1988, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 2616, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 1155, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Capture d’écran 2017-09-23 à 19.43.14.png', 'type' => 'image', 'subtype' => 'png', 'size' => (int) 4834155, 'md5' => '98c627bda6ed133d9808e0e13e9ae4a5', 'width' => (int) 1876, 'height' => (int) 1117, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => null, 'description' => null, 'author' => null, 'copyright' => '© Google maps / DR', 'path' => '1506189174_capturedecran20170923a19.43.14.png', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [] $author = 'David Glaser' $description = 'Juan, 17 ans, décide d'aller au bout de son idée: quitter sa banlieue de Mexico et rejoindre New York «pour découvrir le monde». 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