Actuel / Au cœur du revivalisme américain
Le siège de General Motors à Detroit. © G.M.
Peintures murales typiques de Detroit. © G.M.
S’il est une ville qui ne ressemble pas au cliché américain, c’est bien Detroit. Ici, pas de Silicon Valley flamboyante, de géants de la tech courtisés par les caméras, d’universités prestigieuses de la Ivy League, de riches ghettos pour retraités aisés ou de galeries branchées pour papier glacé. Juste un univers de béton et de verre froid, de rues désertes et venteuses, de banlieues interminables, d’usines à demi abandonnées, de hangars à la recherche de locataires et de quartiers déshérités tapissés de maisons en ruines...
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Il faut dire que, depuis la rébellion de Prigogine en juillet dernier et les rumeurs persistantes de détournements de fonds, la position de Shoigu était devenue intenable. Mal aimé par les soldats sur le front et détesté par la population, qui ne croyait plus à ses déclarations amphigouriques alors que les troupes peinaient sur le terrain à cause des lacunes d'approvisionnement, il n'avait plus sa place à la tête d'un ministère qui concentre désormais plus de 6% du PNB dans ses mains et dont le budget va aller croissant dans les prochaines années.</p> <p>Le ménage n'est pas encore achevé, puisque d'autres personnages controversés, tel le vice-ministre ossète Ruslan Tsilakov, restent encore en place. Mais il a commencé et on verra bien jusqu'où il ira. Le fait que Poutine ait désigné un de ses proches à la réputation impeccable, le mathématicien de formation et technocrate avisé de l'économie Andrey Belooussov, manifeste en tout cas une claire volonté de reprise en mains et de réorganisation de la défense sur des bases beaucoup plus efficaces et acceptables pour l'opinion publique et les militaires. On ne pouvait plus continuer à mobiliser autant d'argent pour qu'il disparaisse dans des poches indélicates.</p> <p>L'autre surprise de ce remaniement vient de la nomination de Nikolaï Patrushev, ancien président du Conseil de sécurité, et d'Alexey Dyumin, ex-garde du corps de Poutine et ancien gouverneur de Toula, comme assistants personnels du président. Personne ne sait ce que ces nouvelles fonctions, vagues et peu concrètes, signifient. Il s'agit là probablement de nominations temporaires, ces deux personnalités restant en réserve de la République en attendant d'autres postes, peut-être à la tête du Conseil de la Fédération et de la Douma. Le rôle de Patrushev, dont le fils vient d'être promu vice-Premier ministre et que la rumeur désigne comme l'un des successeurs potentiels de Poutine, reste dans tous les cas déterminant même s'il n'apparait plus au premier plan.</p> <p>Un mot encore sur les différentes déclarations qu'ont faites Poutine et les divers ministres lorsqu'ils se sont adressés à la Douma. Tous ont mis l'accent sur la compétitivité, l'innovation, le développement économique, le besoin de concurrence (Poutine), les uns promouvant la production de drones et d'un réseau de satellites propre à concurrencer Starlink d'Elon Musk, les autres annonçant leur volonté de réformer le système fiscal et de mettre en place un impôt progressif qui viserait les oligarques, qui se sont encore enrichis avec l'opération militaire, en acquérant des entreprises étrangères à prix cassés, et dont l'hyper-richesse est de plus en plus mal vue par le peuple.</p> <p>Témoin de la chute de l'Union soviétique et connaisseur avisé de l'histoire, Poutine sait que l'économie a toujours été le point faible de la Russie. Il veut à tout prix éviter les erreurs du passé et tient à maintenir une économie compétitive, face à l'Occident mais aussi face à l'ami et partenaire chinois. La comparaison va peut-être surprendre. Mais il faut voir Poutine et ses proches, tel Belooussov, comme un mélange de Richelieu et de Colbert. Richelieu, pour qui la raison d'Etat et les intérêts de la France l'emportaient sur toute autre considération, avait su hisser le royaume sur le devant de la scène européenne en évinçant des princes plus puissants, Ferdinand II d'Autriche et le roi d'Espagne. Il avait su assurer la sécurité et la prééminence de la France en ruinant l'Allemagne et ses concurrents pendant la Guerre de Trente Ans. Quant à Colbert, il avait su donner à la France une économie florissante et compétitive en mêlant habilement mercantilisme et étatisme. </p> <p>Henry Kissinger explique très bien le succès de cette formule dans son livre <em>Diplomatie</em> (Fayard, 1996). Si l'on veut comprendre la Russie d'aujourd'hui et ne se tromper ni sur sa volonté ni sur son potentiel, il faut considérer Poutine comme un néo-Richelieu et un néo-Colbert, qui tient à conjuguer à la fois la souplesse et la force innovative du capitalisme libéral et les moyens de la puissance étatique.</p> <p>C'est en réussissant à transformer le pays en s'inspirant de ces modèles que la Russie gagnera la guerre contre l'Occident coalisé. Ce n'est plus une question de choix mais de nécessité bien comprise. Après deux années de guerre pendant lesquelles l'improvisation et la débrouille ont permis de tenir et de marquer quelques points sur le champ de bataille, Poutine a bien compris que la Russie devait désormais se ranger en ordre de bataille et mobiliser dans la longue durée toutes ses ressources (mais pas les hommes, <em>dixit</em> Belooussov, lesquels doivent continuer à travailler et à produire dans une économie qui est déjà à court de main d'œuvre). </p> <p>Car il a aussi compris que l'Occident n'accepterait pas sa défaite. L'union retrouvée des Démocrates et des Républicains au Congrès américain, aussi laborieuse qu'elle ait été, est faite pour durer tandis que la menace d'Emmanuel Macron d'envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine, même rejetée par les autres dirigeants européens, est à prendre au sérieux. 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La Suisse n'en fera jamais assez pour l'Ukraine: ce reproche des Occidentaux à l'égard de notre pays va aller en s'amplifiant et débouchera sur des exigences d'autant plus exorbitantes que la guerre va durer et s'amplifier.</p> <p>Demeure la question existentielle: qui va sortir vainqueur de ce duel à mort? Hier, la réponse à cette question ne faisait pas de doute. La victoire finale revenait fatalement aux puissances maritimes, qui, pendant ces trois derniers siècles, l'ont toujours emporté sur leurs adversaires continentaux. Espagne, puis Hollande, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Japon (jusqu'en 1941) ont dominé grâce à leur puissance maritime. </p> <p>Mais aujourd'hui, cette réponse ne va plus de soi.</p> <p>D'abord, la Russie s'est réveillée. Et on a vu que quand la Russie se réveillait, en 1812 comme en 1919 et 1941, cela se passait assez mal pour ses adversaires. 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Dix jours après l'ouverture des négociations, la débâcle de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954, devait d'ailleurs la convaincre d'abandonner la partie.</p> <p>C'est ainsi que, pendant trois mois, le Conseiller fédéral Max Petitpierre et le Conseil fédéral purent recevoir sans discontinuer le gratin des ministres et Premiers ministres des nations parmi les plus puissantes du monde: John Foster Dulles puis Walter Bedell Smith, Anthony Eden, Georges Bidault, Pierre Mendès France, Viatcheslav Molotov – qui se rendra même à Berne à la plus grande satisfaction des autorités et des médias suisses de l'époque – Chou en Lai, dont c'était la première visite en Europe, le délégué indien Krishna Menon, lui aussi encore inconnu, et enfin le premier ministre nord-vietnamien Pham Van Dong et l'empereur d'Annam Bao Dai, pour ne citer que les plus connus. </p> <p>On s'aperçut dès les deux premières semaines que les négociations sur la Corée n'aboutiraient pas. 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Le Vietnam se trouvait <em>de facto</em> partagé en deux, de part et d'autre du 17ème parallèle.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1714592058_img_4169.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <p>La paix ne devait guère durer, les Américains se hâtant de déclarer qu'ils n'étaient pas liés par ces accords et redoublant d'activisme dans leur politique de <i>containment</i> du bloc communiste. Le Vietnam allait dès lors devenir la principale guerre chaude de la guerre froide. </p> <p>Mais sur le moment, et dans les années qui suivirent, tout le monde fut satisfait. Les Vietnamiens du Nord et Sud avaient obtenu leur Etat, les Français s'étaient débarrassés de l'Indochine alors que l'Algérie était prête à s'enflammer, les Soviétiques avaient réussi à calmer le jeu et à se donner une aura pacifiste, les Chinois et les Indiens étaient ravis d'avoir été reconnus sur la scène internationale, de même que le tiers monde, à qui la défaite d'une grande puissance coloniale convenait fort bien, tandis que les Suisses étaient enchantés d'avoir enfin pu faire reconnaitre les mérites de la neutralité (contestée par l'Union soviétique après 1945) et leurs talents pour les bons offices. De plus, en quelques semaines, la Suisse avait pu se constituer un réseau diplomatique de premier ordre dans tous les camps, aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, et avait réussi à réinstaller Genève comme capitale multilatérale.</p> <p>Contrairement à ce qu'on peut penser, ce succès n'a pas été de soi et a exigé beaucoup d'opiniâtreté et de doigté. Il tient pour une bonne part à l'esprit du temps – la conviction que la neutralité était un instrument utile – et à l'adresse et à la fermeté de conviction d'un homme, Max Petitpierre, qui ne se laissa pas démonter lorsqu'on l'accusa de pactiser avec l'ennemi communiste. D'abord, la Suisse avait su rester neutre pendant la guerre de Corée, ce qui fut bien reçu par l'URSS et la Chine. Elle n'avait pas non plus adhéré à l'OTAN. Elle avait rapidement reconnu le gouvernement de Mao à Pékin. Et elle avait su démontrer que sa neutralité était utile aux Occidentaux qui avaient besoin d'un Etat neutre pour surveiller la ligne de démarcation en Corée. Petitpierre, en rusé diplomate, avait alors réussi à hisser la neutralité suisse au-dessus des autres en faisant accepter le mandat de surveillance suisse aussi bien par les Américains que par les Russes. </p> <p>Ce succès devait d'ailleurs se confirmer l'année suivante, lorsque Genève, en plein milieu de la guerre froide, réussit à accueillir le premier Sommet des Quatre Grands. Beaucoup d'autres devaient suivre, dont la rencontre Reagan-Gorbatchev en 1985 et le sommet Biden-Poutine en 2021.</p> <p>En somme, Petitpierre avait réussi le pari de prouver aux Suisses et au monde qu'il y avait un grand rôle pour les petits pays neutres, et cela même quand les rivalités entre superpuissances étaient à leur comble. Je doute qu'on parvienne à de tels résultats avec la très mal nommée «Conférence de paix sur l'Ukraine».</p>', 'content_edition' => 'Un an plus tôt, en juillet 1953, la guerre de Corée s'était achevée par un armistice sans paix. 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On fait semblant d'oublier que le camp de la mort de Treblinka était dirigé par une vingtaine de SS allemands et que l'extermination y était assurée par une centaine de gardiens ukrainiens et lituaniens.</p> <p>La célébration de l'Holodomor, du nom que les Ukrainiens donnent à la famine déclenchée par Staline contre la paysannerie en 1932, est un exemple typique de ces omissions volontaires. Elle attribue ce massacre par la disette aux seuls Russes et fait des Ukrainiens ses uniques victimes alors qu'il a aussi touché le sud de la Russie et le Kazakhstan et qu'il a été orchestré par un Géorgien, Staline, et exécuté par un Polonais, Kossior, qui dirigeait l'Ukraine à cette époque.</p> <p>Tous les jours des monuments sont abattus et d'autres édifiés à leur place, en catimini, dans le silence des médias occidentaux. Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. 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Le premier monument commémore les 67 enfants tués par les miliciens ukrainiens des bataillons néonazis Kraken et Aïdar qui ont tenté de prendre la ville en 2014 et l'ont bombardée jusqu'en 2022. Il a été construit au milieu d'un parc qui sert de jardin d'enfants. Plusieurs gosses y ont été tués par un bombardement ciblé des Ukrainiens, les bâtiments avoisinants n'ayant pas été touchés. </p> <p>Les enfants sont en effet l'objet d'une guerre de l'information sans merci dans les deux camps. Les Ukrainiens ont déposé plainte pour crime de guerre contre les Russes et la Cour pénale internationale a inculpé Vladimir Poutine et la responsable russe de l'enfance pour kidnapping d'enfants ukrainiens. La propagande occidentale reprend en boucle ces accusations, au cinéma – le documentaire <em>ad hoc</em> vient de recevoir un Oscar – et dans les médias. Lesquels oublient naturellement de répercuter le point de vue des habitants du Donbass, pour lesquels ce sont les Ukrainiens qui prennent les enfants en otage. Il existe en effet en Ukraine une organisation de volontaires, appelés les Anges Blancs, calquée sur le modèle des fameux Casques Blancs syriens qui, on s'en souvient, étaient loin d'être des secouristes neutres et agissaient en fait pour le compte des groupes djihadistes. </p> <p>Ces détachements d'Anges Blancs (White Angels) ont été formés dès février 2022 par un certain Rustam Lukomsky. La presse anglo-saxonne les a mentionnés à quelques reprises. Pour ceux du Donbass, leur but consiste à forcer les parents des zones du front à se séparer de leurs enfants sous prétexte de les protéger. Les enfants sont donc isolés de leurs parents et «mis en sécurité» à l'arrière, où ils sont dès lors utilisés comme moyens de chantage contre leurs familles. 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Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. 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Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. 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Les salles de classe sont équipées avec les dernières technologies, ordinateurs, robots, cyber et nanotechnologies, intelligence artificielle. Plus classiques, les salles de dessins, de couture, de cuisine, de peinture, de langues, de ballet, de théâtre, de chimie, physique, de biologie, d'anatomie et mathématiques. Il existe même une salle équipée de cabines pour apprendre à conduire et à piloter.</p> <p>Commencée fin 2022, terminée en septembre 2023, elle a accueilli sa première volée de 500 élèves l'an dernier et en attend 500 de plus à la rentrée de septembre. La pédagogie est à l'avenant, sans minauderies pédagogistes: les cours durent douze heures par jour. Ils commencent à 8h et se terminent à 20h à raison de six heures de matières «dures» le matin, et de six heures de matières plus récréatives ou complémentaires l'après-midi. La cantine assure trois repas par jour. Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. Mon guide m'explique qu'ils tirent toujours les HIMARS par groupe de trois: une première roquette pour percer le toit et les structures, une deuxième pour liquider les occupants et, vingt à vingt-cinq minutes plus tard, une troisième frappe pour tuer le maximum de pompiers, secouristes, parents, policiers, amis, voisins venus secourir les victimes. Ce récit me sera répété plusieurs fois.</p> <p>Donetsk est une grande ville d'un million d'habitants, très étendue, très animée, avec une circulation dense. On n'y voit que peu d'immeubles ou de façades détruites. En revanche, la ville vit au son du canon. Je n'y avais pas prêté attention à mon arrivée, à cause de la fatigue et des émotions de la journée. Mais en me réveillant à trois heures du matin, j'ai soudain été frappé par le son du canon. Toutes les deux à trois minutes, un coup part, faisant trembler les vitres et illuminant le ciel d'une lueur orangée: ce sont les artilleurs russes qui tirent sur les positions ukrainiennes, à quelques de kilomètres du centre-ville. Les Ukrainiens ripostent avec des missiles, des drones ou des roquettes HIMARS, ce qui enclenche les tirs de contre-batterie russes, à raison d'un ou deux par heure me semble-t-il.</p> <p>Le lendemain matin, on m'apprendra à distinguer les uns des autres. Les HIMARS sont silencieux jusqu'à l'explosion finale, les missiles SCALP français et Storm Shadow britanniques font un bourdonnement d'avion, de même que les missiles anti-missiles russes, tandis que les obus ordinaires tombent en sifflant. De toute façon, je n'ai aucun souci à me faire, m'assurent mes nouveaux amis. Ils m'ont logé dans le seul hôtel de la ville encore en mains américaines et jamais les Ukrainiens n'oseraient tirer sur une cible américaine. Il n'en reste pas moins que les tirs ukrainiens continuent à faire des blessés et un mort par semaine en moyenne. Tous des civils, car il n'y a absolument aucun soldat, véhicule ou installation militaire en ville. En quatre jours, je n'y ai pas croisé un seul uniforme.</p> <p>Nous commençons la journée par une visite à l'Allée des Anges, qui se trouve au milieu d'un beau parc urbain. C'est le nom qu'on a donné au monument funéraire érigé en mémoire des enfants tués par les bombardements ukrainiens depuis 2014. 160 noms ont déjà été inscrits sur le marbre. Mais la liste en comprend plus de 200 à ce jour. Des dizaines de bouquets de fleurs, de jouets, de photos d'enfants s'amoncellent sous l'arche de fer forgé. C'est bouleversant.</p> <p>Au retour, nous rendons visite aux confrères de la télévision et de la radio OPLOT, en bordure de la place centrale. Leur immeuble est régulièrement visé par des HIMARS. 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Leurs chaines, qui diffusaient largement dans la partie russophone de l'Ukraine, ont été coupées et ne sont plus visibles que sur internet ou sur le réseau local.</p> <p>L'après-midi, nous nous rendons dans le village de Yassinouvata, proche d'Avdeevka, et donc tout près du front. Le village, très exposé aux tirs d'obus ukrainiens, abrite une école transformée en centre d'accueil pour les réfugiés des villages récemment libérés. Aussitôt sortis de Donetsk, la proximité du front se fait sentir. La route est défoncée par les tirs d'obus et jonchée de débris de ponts écroulés. Sur notre gauche deux hélicoptères Ka-50 Alligators et un MI-8 reviennent du front en rase-mottes. A notre droite des tranchées et trois rangées de dents de dragons, équivalents de nos Toblerone suisses, forment une des lignes de la défense russe. Des engins militaires la longent régulièrement. </p> <p>Notre véhicule est parfaitement anonyme. 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Elle a vécu dans sa cave pendant deux ans en faisant du feu à même la rue. «Les soldats ukrainiens ne nous ont pas aidés du tout», assure-t-elle, tandis que l'armée russe a réparé son toit et les vitres de sa maison, si bien qu'elle peut y retourner, encadrée par deux soldats de la police militaire qui lui portent son barda. «Ce n'est pas une guerre, mais un massacre de civils. Ils veulent nous détruire.»</p> <p>Dans les couloirs, des bénévoles de l'Eglise orthodoxe déballent des cartons de vêtements, des bouteilles d'eau et de la nourriture. Dans les autres salles, des couples avec un beau chat aux yeux bleus, des vieillards. Une famille avec un jeune garçon de quatre ans. Elle s'est fait souffler son appartement par une roquette alors qu'elle essayait de trouver de la nourriture à l'extérieur. Le père était ouvrier et la mère comptable à la cokerie d'Avdeevka. Ils ont échappé à la mort par miracle et n'en reviennent pas encore d'avoir survécu... </p> <p>Sur le chemin du retour à Donetsk, la discussion porte sur la vie pendant la guerre et Evgueni m'apprend qu'à Marioupol le bataillon néonazi Azov avait ouvert dès 2014 une prison secrète dans un bâtiment de l'aéroport, appelée la «Bibliotheka», la Bibliothèque, parce que les victimes y étaient désignées comme des «livres», à l'image des nazis qui appelaient leurs victimes des «Stück». Selon les témoignages, des dizaines de personnes y ont été torturées et tuées pendant les huit années durant lesquelles les nationalistes tatoués de symboles nazis du bataillon ont fait la loi à Marioupol tandis que la police locale regardait ailleurs. Des investigations sont en cours pour identifier les victimes et la visite des locaux est suspendue. 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Et pourtant, une fois passée la première impression, cette ville n’est pas sans charme ni sans potentiel. C’est en tout cas l’avis des trois entrepreneurs que nous avons rencontrés, Ron Sloane, manager de la filiale du groupe bernois Güdel (une centaine d’employés, 60 millions de chiffres d’affaires, spécialisée dans le laminage de précision et la gestion de chaînes de production industrielle), Frank Muller, consul honoraire de Suisse et patron d’Exlterra, une start-up spécialisée dans la gestion hydrique et la réhabilitation des sols à l’aide de tubes et de foreuses, et John Turrettini, avocat chez General Motors.
Tous trois confirment la renaissance de la ville depuis une dizaine d’années. Il faut dire que celle-ci revient de loin. Aucune ville au monde n’a atteint un tel sommet et connu une telle chute aussi rapidement. Pendant quatre décennies, grâce aux usines Ford et General Motors, Detroit a vécu l’ivresse du succès industriel avant de sombrer. Entre 1950 et 2000, elle perd les deux tiers de sa population, soit un million d’habitants; en 1967, elle est frappée par les émeutes raciales les plus sanglantes du pays tandis que la corruption, la drogue et le chômage prolifèrent; les fermetures d’usines et de commerces s’enchaînent tandis que les immeubles du centre-ville et des quartiers entiers sont abandonnés; enfin le fond du trou est atteint en 2013 avec la mise en faillite de la ville. De capitale industrielle du pays, la ville est devenue la capitale des villes naufragées.
Frank Muller dans l'atelier de la société Exlterra. © G.M.
Mais depuis dix ans, elle remonte peu à peu la pente. De plus en plus d’immeubles sont réhabilités, les lumières reviennent au centre-ville, les usines Ford, GM et Chrysler se remettent à tourner – nous avons visité les chaînes d’assemblage des pick-ups Ford à Dearborn – les artistes réinvestissent la ville et multiplient les fresques, les ateliers, les expositions, un nouveau métro aérien est inauguré. Des start-ups renaissent sur les décombres de ce qui reste de la haute tradition de design industriel et de marketing publicitaire. Le Detroit Institute of Arts, l’un des plus grands musées d’art américain, a pu être sauvé du démantèlement grâce à des sponsors privés tandis que l’aéroport métropolitain a pu conserver sa vocation internationale. Et avec près de 75% de Noirs, 20% de Blancs et 5% d’Hispaniques, la ville semble avoir retrouvé une démographie apaisée.
Cette atmosphère de reconstruction lente est particulièrement sensible au centre-ville, certains quartiers restant encore naufragés. Mais cette reprise, sur fond de naufrage, lui donne un caractère particulier et en fin de compte plutôt attractif. Les prix de l’immobilier sont bas, les ouvriers qualifiés disponibles, bien que les Etats-Unis souffrent de l’absence du système de formation d’apprentis qui fait la force de la Suisse.
En conclusion, Detroit montre qu’il y a une vie après la mort (économique) et qu’il existe une Amérique discrète, inventive, résiliente et qui se soigne d’abord elle-même avant de songer à dominer le monde à coups de bombes, de changements de régimes et de leçons de morale. C’est une bonne nouvelle.
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Il faut dire que, depuis la rébellion de Prigogine en juillet dernier et les rumeurs persistantes de détournements de fonds, la position de Shoigu était devenue intenable. Mal aimé par les soldats sur le front et détesté par la population, qui ne croyait plus à ses déclarations amphigouriques alors que les troupes peinaient sur le terrain à cause des lacunes d'approvisionnement, il n'avait plus sa place à la tête d'un ministère qui concentre désormais plus de 6% du PNB dans ses mains et dont le budget va aller croissant dans les prochaines années.</p> <p>Le ménage n'est pas encore achevé, puisque d'autres personnages controversés, tel le vice-ministre ossète Ruslan Tsilakov, restent encore en place. Mais il a commencé et on verra bien jusqu'où il ira. Le fait que Poutine ait désigné un de ses proches à la réputation impeccable, le mathématicien de formation et technocrate avisé de l'économie Andrey Belooussov, manifeste en tout cas une claire volonté de reprise en mains et de réorganisation de la défense sur des bases beaucoup plus efficaces et acceptables pour l'opinion publique et les militaires. On ne pouvait plus continuer à mobiliser autant d'argent pour qu'il disparaisse dans des poches indélicates.</p> <p>L'autre surprise de ce remaniement vient de la nomination de Nikolaï Patrushev, ancien président du Conseil de sécurité, et d'Alexey Dyumin, ex-garde du corps de Poutine et ancien gouverneur de Toula, comme assistants personnels du président. Personne ne sait ce que ces nouvelles fonctions, vagues et peu concrètes, signifient. Il s'agit là probablement de nominations temporaires, ces deux personnalités restant en réserve de la République en attendant d'autres postes, peut-être à la tête du Conseil de la Fédération et de la Douma. Le rôle de Patrushev, dont le fils vient d'être promu vice-Premier ministre et que la rumeur désigne comme l'un des successeurs potentiels de Poutine, reste dans tous les cas déterminant même s'il n'apparait plus au premier plan.</p> <p>Un mot encore sur les différentes déclarations qu'ont faites Poutine et les divers ministres lorsqu'ils se sont adressés à la Douma. Tous ont mis l'accent sur la compétitivité, l'innovation, le développement économique, le besoin de concurrence (Poutine), les uns promouvant la production de drones et d'un réseau de satellites propre à concurrencer Starlink d'Elon Musk, les autres annonçant leur volonté de réformer le système fiscal et de mettre en place un impôt progressif qui viserait les oligarques, qui se sont encore enrichis avec l'opération militaire, en acquérant des entreprises étrangères à prix cassés, et dont l'hyper-richesse est de plus en plus mal vue par le peuple.</p> <p>Témoin de la chute de l'Union soviétique et connaisseur avisé de l'histoire, Poutine sait que l'économie a toujours été le point faible de la Russie. Il veut à tout prix éviter les erreurs du passé et tient à maintenir une économie compétitive, face à l'Occident mais aussi face à l'ami et partenaire chinois. La comparaison va peut-être surprendre. Mais il faut voir Poutine et ses proches, tel Belooussov, comme un mélange de Richelieu et de Colbert. Richelieu, pour qui la raison d'Etat et les intérêts de la France l'emportaient sur toute autre considération, avait su hisser le royaume sur le devant de la scène européenne en évinçant des princes plus puissants, Ferdinand II d'Autriche et le roi d'Espagne. Il avait su assurer la sécurité et la prééminence de la France en ruinant l'Allemagne et ses concurrents pendant la Guerre de Trente Ans. Quant à Colbert, il avait su donner à la France une économie florissante et compétitive en mêlant habilement mercantilisme et étatisme. </p> <p>Henry Kissinger explique très bien le succès de cette formule dans son livre <em>Diplomatie</em> (Fayard, 1996). Si l'on veut comprendre la Russie d'aujourd'hui et ne se tromper ni sur sa volonté ni sur son potentiel, il faut considérer Poutine comme un néo-Richelieu et un néo-Colbert, qui tient à conjuguer à la fois la souplesse et la force innovative du capitalisme libéral et les moyens de la puissance étatique.</p> <p>C'est en réussissant à transformer le pays en s'inspirant de ces modèles que la Russie gagnera la guerre contre l'Occident coalisé. Ce n'est plus une question de choix mais de nécessité bien comprise. Après deux années de guerre pendant lesquelles l'improvisation et la débrouille ont permis de tenir et de marquer quelques points sur le champ de bataille, Poutine a bien compris que la Russie devait désormais se ranger en ordre de bataille et mobiliser dans la longue durée toutes ses ressources (mais pas les hommes, <em>dixit</em> Belooussov, lesquels doivent continuer à travailler et à produire dans une économie qui est déjà à court de main d'œuvre). </p> <p>Car il a aussi compris que l'Occident n'accepterait pas sa défaite. L'union retrouvée des Démocrates et des Républicains au Congrès américain, aussi laborieuse qu'elle ait été, est faite pour durer tandis que la menace d'Emmanuel Macron d'envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine, même rejetée par les autres dirigeants européens, est à prendre au sérieux. Elles l'ont convaincu que les Occidentaux ne voudront pas négocier tant qu'ils trouveront assez de soldats ukrainiens et de volontaires de l'OTAN pour mourir sur le champ de bataille. </p> <p>De ce point de vue, la pseudo-conférence de paix du Bürgenstock que la Suisse a accepté d'organiser pour se faire bien voir de ses partenaires occidentaux est en train de tourner à la farce. Comme vient de l'avouer le Chancelier Scholz, il ne s'agit plus du tout d'une conférence de paix mais d'une conférence unilatérale de soutien au régime de Zelensky, auquel les participants seront appelés à faire allégeance s'il tient jusque-là.</p> <p>La Suisse est en train d'apprendre à ses dépens qu'après avoir donné une main à ses prétendus amis de l'OTAN, ceux-ci lui prendraient les bras et les jambes. Quand on cède une fois, on cède mille fois. La Suisse n'en fera jamais assez pour l'Ukraine: ce reproche des Occidentaux à l'égard de notre pays va aller en s'amplifiant et débouchera sur des exigences d'autant plus exorbitantes que la guerre va durer et s'amplifier.</p> <p>Demeure la question existentielle: qui va sortir vainqueur de ce duel à mort? Hier, la réponse à cette question ne faisait pas de doute. La victoire finale revenait fatalement aux puissances maritimes, qui, pendant ces trois derniers siècles, l'ont toujours emporté sur leurs adversaires continentaux. Espagne, puis Hollande, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Japon (jusqu'en 1941) ont dominé grâce à leur puissance maritime. </p> <p>Mais aujourd'hui, cette réponse ne va plus de soi.</p> <p>D'abord, la Russie s'est réveillée. Et on a vu que quand la Russie se réveillait, en 1812 comme en 1919 et 1941, cela se passait assez mal pour ses adversaires. Ensuite elle est adossée à la Chine, devenue de loin la première puissance industrielle et économique mondiale en termes de parité de pouvoir d'achat, et aux BRICS, qui, même s'ils se méfient d'une Russie qui serait trop agressive, sont désormais devenus <i>too big to fail</i>, trop lourds pour se laisser à nouveau vassaliser par l'Europe et les Etats-Unis. </p> <p>Cette alliance des ressources minérales et énergétiques bon marché et de la capacité industrielle et d'innovation entre deux pays majeurs et contigus d'Eurasie est absolument nouvelle dans l'histoire. D'autre part, l'Inde, l'Indonésie, le Brésil et beaucoup d'autres ne sont plus prêts à courber l'échine devant un Occident qui n'est plus en mesure de les subjuguer économiquement et qui a perdu toute autorité morale à leurs yeux.</p> <p>Car la force de l'Occident reposait jusqu'ici sur son économie, mais aussi sur son pouvoir d'attraction inégalé. Il l'emportait par la force de ses valeurs et de ses réalisations. Démocratie, bonheur individuel, flexibilité, innovation, progrès scientifiques, épanouissement des arts et de la culture étaient de son côté. Or cela n'est plus que très partiellement vrai. La démocratie s'est corrompue en oligarchie et s'est muée en un régime où l'état d'exception, la surveillance de masse et la répression des idées iconoclastes, de la liberté de pensée et d'expression se sont fortement accrus sous le prétexte de lutter contre le terrorisme et les «ingérences extérieures». </p> <p>Le respect de la morale et des droits de l'Homme s'est terriblement affaibli depuis qu'on peut voir une puissance occidentale, Israël, massacrer sans scrupule des milliers de femmes et d'enfants innocents sans provoquer le moindre blâme dans la presse et chez les dirigeants politiques. Enfin, la mutation anthropologique qui consiste à dire qu'un homme n'est plus un homme et qu'une femme n'est plus une femme et à reconnaitre l'existence d'un troisième sexe inexistant dans la nature est totalement incomprise et passe pour une aberration mentale hors d'Occident.</p> <p>Bref, l'Occident n'est plus un modèle, et c'est peut-être ce qui le perdra. 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Les délégations coréennes ne cessaient de s'invectiver tandis que les Occidentaux menés par les Américains aussi bien que le camp communiste sous le leadership soviétique et chinois se montraient inflexibles. Les choses se présentaient beaucoup mieux pour l'Indochine, grâce à la défaire militaire française et à l'arrivée au pouvoir de Mendès France, fermement décidé à sortir du bourbier indochinois. Après deux mois d'âpres négociations, le 21 juillet, on parvint finalement à signer un accord de paix, qui est resté dans l'histoire sous le nom d'Accords de Genève. 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Les Vietnamiens du Nord et Sud avaient obtenu leur Etat, les Français s'étaient débarrassés de l'Indochine alors que l'Algérie était prête à s'enflammer, les Soviétiques avaient réussi à calmer le jeu et à se donner une aura pacifiste, les Chinois et les Indiens étaient ravis d'avoir été reconnus sur la scène internationale, de même que le tiers monde, à qui la défaite d'une grande puissance coloniale convenait fort bien, tandis que les Suisses étaient enchantés d'avoir enfin pu faire reconnaitre les mérites de la neutralité (contestée par l'Union soviétique après 1945) et leurs talents pour les bons offices. De plus, en quelques semaines, la Suisse avait pu se constituer un réseau diplomatique de premier ordre dans tous les camps, aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, et avait réussi à réinstaller Genève comme capitale multilatérale.</p> <p>Contrairement à ce qu'on peut penser, ce succès n'a pas été de soi et a exigé beaucoup d'opiniâtreté et de doigté. Il tient pour une bonne part à l'esprit du temps – la conviction que la neutralité était un instrument utile – et à l'adresse et à la fermeté de conviction d'un homme, Max Petitpierre, qui ne se laissa pas démonter lorsqu'on l'accusa de pactiser avec l'ennemi communiste. D'abord, la Suisse avait su rester neutre pendant la guerre de Corée, ce qui fut bien reçu par l'URSS et la Chine. Elle n'avait pas non plus adhéré à l'OTAN. Elle avait rapidement reconnu le gouvernement de Mao à Pékin. Et elle avait su démontrer que sa neutralité était utile aux Occidentaux qui avaient besoin d'un Etat neutre pour surveiller la ligne de démarcation en Corée. 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Cette réécriture de l'histoire et cette guerre mémorielle n'ont pas échappé aux gens du Donbass, qui, fidèles à leur devise «Ne jamais oublier, ne jamais pardonner», réagissent en redoublant de foi commémorative et de monuments aux héros tombés sur le champ d'honneur.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713950996_capturedcran2024042411.28.54.png" class="img-responsive img-fluid center " width="529" height="716" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>«Ne jamais oublier, ne jamais pardonner». Monument commémorant le massacre de la communauté juive de Lugansk. © G.M.</em></h4> <p>Le mémorial le plus troublant est sans doute celui du Puits de Mine 4/4 Bis à Donetsk. Je n'en avais jamais entendu parler et vous non plus je présume. Il ne figure dans aucun de nos livres d'histoire et il est introuvable sur Wikipedia. Or on estime que 75'000 à 102'000 personnes y ont été massacrées entre fin 1941 et 1943, soit deux fois à trois fois plus qu'à Babi Yar. L'ensemble de la communauté juive de la ville (appelée Stalino à l'époque) a été jetée dans cette fosse, ainsi que des dizaines de milliers de civils. Ce mémorial, ignoré par le gouvernement de Kiev après 1991 parce qu'il dérangeait le récit officiel et ne concernait que les russophones de l'est du pays, est en voie de réhabilitation depuis l'an dernier. Il suffit de se rendre sur ce site pour comprendre pourquoi les habitants du Donbass se sont soulevés en avril 2014 lorsque le régime issu de Maidan a voulu bannir leur langue et a envoyé les héritiers de leurs bourreaux pour les réprimer. </p> <p>On peut détruire les monuments mais pas le souvenir.</p> <p>A 70 kilomètres de Donetsk, dans la province de Horlivka, le monumental cénotaphe de Savur-Mohila est un autre témoignage des batailles du dernier siècle, érigé au sommet de la colline la plus haute du Donbass, sur l'emplacement de l'un des grands chocs de la Seconde guerre mondiale, qui eut lieu en juillet-août 1943, en même temps que la fameuse bataille de chars de Koursk qui devait briser la Wehrmacht. 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Celles-ci se trouvent déchirées entre deux choix aussi insupportables l'un que l'autre: soit elles abandonnent leurs foyers pour rejoindre leurs enfants, soit elles y restent en se voyant forcées de collaborer avec l'armée ukrainienne qui les invite à dénoncer ou à saboter les mouvements de l'armée russe. On imagine la détresse des parents confrontés à un tel chantage. Des témoignages, comme ceux d'Olga V. Zubtsova de Bakhmut et d'Igor Litvinov d'Avdievka, confirment cette version des choses. Enfin, d'innombrables rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, qui accusent ces prétendus Anges Blancs d'alimenter les réseaux de pédo-criminalité et le trafic d'enfants. Mais cela reste à prouver.</p> <p>Le deuxième monument se trouve dans un bois à la sortie de Lugansk. Comme le Puits de mine No 4 de Donetsk, il commémore le lieu du massacre de la communauté juive de Lugansk (environ 3'000 femmes et enfants essentiellement juifs) et de 8'000 adultes de diverses confessions pendant l'occupation nazie. «On ne peut pas comprendre pourquoi, aujourd'hui, Kiev honore les descendants de ceux qui ont tué tant des nôtres pendant la Deuxième Guerre mondiale», dit Anna Soroka. Abandonné aux ronces depuis 1991, le site a fait l'objet d'une restauration récente. 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Il ne parlait pas un mot d'anglais et, sans faire de cas de mon russe misérable, il avait invité toute notre délégation à la noce. J'avais fait un petit discours de circonstance en l'honneur de la mariée et de ses parents. Depuis lors, Umar Ikromovitch est devenu un ami pour la vie, que ni la distance ni la fracture linguistique ne sauraient séparer. Une ou deux fois par an, aux fêtes importantes, il m'envoie des messages Telegram. En février, surprise, il me propose de me joindre à lui pour visiter ses réalisations dans le Donbass, dans lequel il n'était encore jamais allé. Umar emploie en effet quelques centaines d'ouvriers dans la région de Moscou et quelques dizaines dans la reconstruction du Donbass.</p> <p>Le 3 avril à trois heures du matin, il m'attendait donc avec Nikita, un de ses amis du ministère de la Défense, à la sortie de l'aéroport de Vnukovo, à Moscou, pour m'embarquer dans le Donbass. Nikita avait préparé le programme et fourni les autorisations nécessaires ainsi qu'un chauffeur aguerri, Volodia. Pendant dix heures d'affilée, avec une courte pause-café dans une station-service qui venait d'ouvrir, nous avons descendu à tombeau ouvert les 1'060 kilomètres de l'autoroute Prigogine qui relie Moscou à Rostov-sur-le-Don, celle-là même que le chef défunt de Wagner avait voulu remonter avec ses chars en juillet dernier.</p> <p>Rien n'est plus simple qu'une autoroute russe. C'est toujours tout droit, il n'y a pas un virage jusqu'à Rostov. Et comme celle-ci est impeccable, à part cinquante kilomètres de travaux peu avant Rostov, le trajet fut rapide et indolore, nous permettant de passer en quelques heures des dernières neiges moscovites aux douceurs du printemps de la mer d'Azov. En chemin, des norias de camions, quelques convois militaires, mais assez peu en fin de compte.</p> <p>A Rostov, port animé et capitale embouteillée du sud russe, nous avons à peine pu poser nos bagages et faire trois pas que nous voilà partis pour notre première visite: une énorme station de pompage-turbinage des eaux du Don située à l'embouchure du fleuve, à une vingtaine de kilomètres de la ville. Des ouvriers s'activent encore à terminer les aménagements extérieurs. Deux gigantesques tuyaux, des dizaines de citernes de 20'000m<sup>3</sup> et huit stations de pompage de onze turbines chacune acheminent désormais l'eau douce de Rostov à Donetsk, située à deux cents kilomètres de là et privée d'eau potable à cause de l'embargo ukrainien. Tout est automatisé. 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Après Taganrog, la route longe la mer d'Azov et est encombrée par les convois de camions qui vont et viennent du Donbass. Elle est en plein travaux d'élargissement. Les véhicules militaires arborent un V ou un Z bien visibles. Checkpoints et contrôles divers se succèdent avant et après la frontière de la République de Donetsk. Sur les bas-côtés, de longues colonnes attendent la fouille. Grâce à nos laissez-passer, nous voici bientôt en territoire ex-ukrainien. Evgueni, un Russe de Vladivostok engagé volontaire auprès de la République de Donetsk, prend le relais. Il nous servira de guide et d'interprète tout au long de notre séjour. </p> <p>Peu avant midi, nous atteignons les faubourgs de Marioupol et entrons sur le territoire d'Azovstal, totalement dévasté. L'usine n'est plus que cheminées rouillées, entrelacs de tuyaux éventrés et de ferrailles tordues. Une vision d'apocalypse qui évoque immédiatement Stalingrad, l'usine de tracteurs, Vassili Grossmann et le <em>Voyage en Russie</em> de Steinbeck et Capa. Aucune des maisons et des immeubles d'habitation alentour n'a survécu. </p> <p>Le centre-ville a en revanche beaucoup mieux résisté, avec un taux de destruction qu'on peut estimer à cinquante pourcents à première vue. Il est en pleine rénovation. Sur la place centrale, la reconstruction du fameux théâtre – bombardé ou dynamité on ne sait trop – doit être achevée à la fin de l'année. Umar est content: les enfants et les jeunes mères se sont déjà emparés du parc et du terrain de jeux que son entreprise vient d'achever. Les lignes de bus, offerts par la ville de Saint-Pétersbourg, ont été rétablies. Les terrasses de café ont rouvert.</p> <p>Puis nous repartons pour l'ouest de la ville, qui offre un paysage très différent. Tout y est neuf. Les quartiers anciens ont déjà été rénovés et de nouveaux quartiers, des bouquets d'immeubles, une école, une crèche, un hôpital, y ont jailli de terre en moins d'une année. Une dame qui promène son chien nous explique qu'elle vient d'emménager dans son appartement tout neuf il y a quinze jours, après avoir vécu pendant des mois dans un taudis sans eau courante. </p> <p>Supervisés par une société publique du ministère de la Défense avec l'aide des villes et des provinces russes, les chantiers s'activent jour et nuit. Dix mille habitants ont déjà été relogés et la ville a retrouvé les deux tiers de sa population d'avant-guerre, soit 300'000 habitants. Durant l'après-midi, nous visiterons un second hôpital de 60 lits, entièrement neuf et démontable, très bien équipé et dirigé par des médecins volontaires provenant des différentes régions de Russie.</p> <p>Les constructions les plus spectaculaires concernent toutefois les écoles. En bordure de mer, une nouvelle académie de la marine accueillera sa première volée de cadets à la rentrée de septembre. Salles de cours, internat, salles de sports, salles d'entrainement, quatre immeubles de verre et d'acier rutilants sont sortis de terre en dix mois. Prévus pour 560 élèves en uniforme de 11 à 17 ans, ils accueilleront principalement des orphelins des deux guerres du Donbass, celle de 2014-2022 et celle de 2022-2024, me dit-on. Six jours d'enseignement par semaine à raison de huit à dix heures par jour, on n'aura guère le temps de s'y ennuyer. A la fin du cursus, les élèves pourront soit parfaire leur formation dans la marine soit entrer dans une université civile.</p> <p>La seconde école est plus classique mais encore plus spectaculaire. C'est un collège expérimental comme on n'en encore jamais vu en Russie (ni en Suisse à ma connaissance). Le design, remarquable, est très étudié. Les salles de classe sont équipées avec les dernières technologies, ordinateurs, robots, cyber et nanotechnologies, intelligence artificielle. Plus classiques, les salles de dessins, de couture, de cuisine, de peinture, de langues, de ballet, de théâtre, de chimie, physique, de biologie, d'anatomie et mathématiques. Il existe même une salle équipée de cabines pour apprendre à conduire et à piloter.</p> <p>Commencée fin 2022, terminée en septembre 2023, elle a accueilli sa première volée de 500 élèves l'an dernier et en attend 500 de plus à la rentrée de septembre. La pédagogie est à l'avenant, sans minauderies pédagogistes: les cours durent douze heures par jour. Ils commencent à 8h et se terminent à 20h à raison de six heures de matières «dures» le matin, et de six heures de matières plus récréatives ou complémentaires l'après-midi. La cantine assure trois repas par jour. Seule difficulté, assure la directrice, celle de trouver des enseignants qui veuillent bien accepter de s'installer à Marioupol. Mais elle n'a pas l'air d'être du genre à s'effrayer devant la tâche.</p> <p>En fin d'après-midi, nous nous engageons sur l'autoroute toute neuve qui relie Marioupol à Donetsk, à 120 kilomètres, en faisant un petit arrêt dans la petite ville de Volnovakha, dont le palais de la culture a subi une frappe de HIMARS en novembre dernier. Le toit s'est écroulé et des échafaudages encombrent ce qui reste de la scène et de la salle. Par chance, la salve n'a fait ni mort ni blessé, le spectacle programmé ce jour-là ayant été déplacé à la dernière minute. Pour les habitants, pas de doute, les Ukrainiens cherchaient à tuer le plus de civils possibles. Mon guide m'explique qu'ils tirent toujours les HIMARS par groupe de trois: une première roquette pour percer le toit et les structures, une deuxième pour liquider les occupants et, vingt à vingt-cinq minutes plus tard, une troisième frappe pour tuer le maximum de pompiers, secouristes, parents, policiers, amis, voisins venus secourir les victimes. Ce récit me sera répété plusieurs fois.</p> <p>Donetsk est une grande ville d'un million d'habitants, très étendue, très animée, avec une circulation dense. On n'y voit que peu d'immeubles ou de façades détruites. En revanche, la ville vit au son du canon. Je n'y avais pas prêté attention à mon arrivée, à cause de la fatigue et des émotions de la journée. Mais en me réveillant à trois heures du matin, j'ai soudain été frappé par le son du canon. Toutes les deux à trois minutes, un coup part, faisant trembler les vitres et illuminant le ciel d'une lueur orangée: ce sont les artilleurs russes qui tirent sur les positions ukrainiennes, à quelques de kilomètres du centre-ville. Les Ukrainiens ripostent avec des missiles, des drones ou des roquettes HIMARS, ce qui enclenche les tirs de contre-batterie russes, à raison d'un ou deux par heure me semble-t-il.</p> <p>Le lendemain matin, on m'apprendra à distinguer les uns des autres. Les HIMARS sont silencieux jusqu'à l'explosion finale, les missiles SCALP français et Storm Shadow britanniques font un bourdonnement d'avion, de même que les missiles anti-missiles russes, tandis que les obus ordinaires tombent en sifflant. De toute façon, je n'ai aucun souci à me faire, m'assurent mes nouveaux amis. Ils m'ont logé dans le seul hôtel de la ville encore en mains américaines et jamais les Ukrainiens n'oseraient tirer sur une cible américaine. Il n'en reste pas moins que les tirs ukrainiens continuent à faire des blessés et un mort par semaine en moyenne. Tous des civils, car il n'y a absolument aucun soldat, véhicule ou installation militaire en ville. En quatre jours, je n'y ai pas croisé un seul uniforme.</p> <p>Nous commençons la journée par une visite à l'Allée des Anges, qui se trouve au milieu d'un beau parc urbain. C'est le nom qu'on a donné au monument funéraire érigé en mémoire des enfants tués par les bombardements ukrainiens depuis 2014. 160 noms ont déjà été inscrits sur le marbre. Mais la liste en comprend plus de 200 à ce jour. Des dizaines de bouquets de fleurs, de jouets, de photos d'enfants s'amoncellent sous l'arche de fer forgé. C'est bouleversant.</p> <p>Au retour, nous rendons visite aux confrères de la télévision et de la radio OPLOT, en bordure de la place centrale. Leur immeuble est régulièrement visé par des HIMARS. On n'a pas encore pu réparer les derniers studios frappés mais on les retape à la fortune du pot et les cinq chaines TV et radio diffusent leurs programmes sans interruption. La direction et l'équipe sont à 90% féminines, les quelques hommes étant chargés de la couverture du front, à dix kilomètres de là. Un petit jardin d'enfant - une grande crèche attirerait l'attention des HIMARS ukrainiens - accueille les enfants des employés. Il en va ainsi dans toute la ville, les crèches publiques ayant dû fermer pour éviter les frappes. Au début, en 2014, il avait été difficile de recruter des journalistes à cause des risques d'attentat mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, assure la rédactrice en chef Nina Anatoleva. L'intervention russe de 2022 a beaucoup renforcé la sécurité. Mais ils ont perdu en audience. Leurs chaines, qui diffusaient largement dans la partie russophone de l'Ukraine, ont été coupées et ne sont plus visibles que sur internet ou sur le réseau local.</p> <p>L'après-midi, nous nous rendons dans le village de Yassinouvata, proche d'Avdeevka, et donc tout près du front. Le village, très exposé aux tirs d'obus ukrainiens, abrite une école transformée en centre d'accueil pour les réfugiés des villages récemment libérés. Aussitôt sortis de Donetsk, la proximité du front se fait sentir. La route est défoncée par les tirs d'obus et jonchée de débris de ponts écroulés. Sur notre gauche deux hélicoptères Ka-50 Alligators et un MI-8 reviennent du front en rase-mottes. A notre droite des tranchées et trois rangées de dents de dragons, équivalents de nos Toblerone suisses, forment une des lignes de la défense russe. Des engins militaires la longent régulièrement. </p> <p>Notre véhicule est parfaitement anonyme. 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Ils ont échappé à la mort par miracle et n'en reviennent pas encore d'avoir survécu... </p> <p>Sur le chemin du retour à Donetsk, la discussion porte sur la vie pendant la guerre et Evgueni m'apprend qu'à Marioupol le bataillon néonazi Azov avait ouvert dès 2014 une prison secrète dans un bâtiment de l'aéroport, appelée la «Bibliotheka», la Bibliothèque, parce que les victimes y étaient désignées comme des «livres», à l'image des nazis qui appelaient leurs victimes des «Stück». Selon les témoignages, des dizaines de personnes y ont été torturées et tuées pendant les huit années durant lesquelles les nationalistes tatoués de symboles nazis du bataillon ont fait la loi à Marioupol tandis que la police locale regardait ailleurs. Des investigations sont en cours pour identifier les victimes et la visite des locaux est suspendue. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@asd 24.03.2023 | 10h27
«Belle touche d'espoir pour terminer cette semaine, merci!»
@Christophe Mottiez 24.03.2023 | 11h26
«comme à son habitude, guy mettan nous balance une critique unilatérale des états-unis, mais "dominer le monde à coups de bombes, de changements de régimes et de leçons de morale" est une critique que l'on peut également faire à la russie (en tchétchénie et en ukraine par exemple) ou à la chine (au tibet et au turkestan oriental par exemple).»
@stef 19.05.2023 | 16h51
«Réponse à Christophe Mottiez:
Oui, mais la Chine et la Russie, contrairement aux USA, ne se proclament pas "Gendarmes du monde", avec des centaines de bases militaires dans d'innombrables pays !»