Actuel / Les non-dits de la politique allemande
Communautarisme, pauvreté, avenir du travail, sécurité: la liste est longue de tous les non-dits. © DR
Le pays-clé entre tous en Europe s'apprête à choisir son gouvernement pour les quatre prochaines années: l'Allemagne. Or la campagne intéresse bien peu ses voisins. Il faut dire qu'elle ennuie aussi les électeurs eux-mêmes. Et pour cause: il est à peu près acquis qu'Angela Merkel restera au pouvoir. Son rival Martin Schulz se montre si gentil à son égard qu'on le soupçonne de chercher plutôt à reconduire l'alliance gauche-droite actuelle. Cette concordance des discours, triste expression de la démocratie, laisse dans l'ombre plusieurs sujets épineux. Rappel des non-dits.
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Mais pas sûr qu'elle réussisse mieux à Munich qu'à Berlin.</p><br><p><strong>La pauvreté.</strong> C'est la grande déception de la gauche: le leader socialiste n'a pas su imposer l'urgence d'une politique sociale. Le chômage régresse mais au prix de l'extension du travail mal payé et précaire. Certes un salaire minimum a été fixé (8,5 euros/heure) mais le plus souvent, il ne suffit pas à une existence digne. D'autant plus qu'il n'est pas toujours appliqué: des sous-traitants est-européens fournissent une main d'œuvre corvéable à merci. L'extrême-gauche («Die Linke») se profile sur ce sujet mais avec des tonalités post-communistes qui passent mal.</p><br><p><strong>L'avenir du travail.</strong> Le sujet a été effleuré par Angela Merkel. La digitalisation bouleverse et bouleversera plus encore les entreprises, aussi bien dans les services que dans l'industrie. Comment s'y préparer? Comment garantir les emplois de demain? Mystère.</p><br><p><strong>Le communautarisme. </strong>Les quatre millions de musulmans qui vivent en Allemagne sont pour la plupart bien intégrés, nullement tentés par le djihadisme. Mais la tendance au repli social et culturel de ces communautés est évidente. Toutes sortes d'initiatives sont prises pour contrecarrer le phénomène, mais elles n'y suffisent pas. Les beaux discours humanistes des partis au pouvoir ne suffisent plus. La nécessité de mesures concrètes s'impose. On ne les voit pas venir.</p><br><p><strong>L'environnement.</strong> Pas un mot dans la campagne électorale sur un fait qui contredit la bonne image écologique du pays. L'Allemagne n'exporte pas seulement des voitures et des machines, elle inonde les marchés européens... de cochon! La production industrielle massive des porcs a explosé grâce aux très bas salaires des travailleurs venus de l'est, au prix de la dispersion dans la nature des déchets chargés d'antibiotiques. 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Certes Schulz y est favorable, mais Merkel avance sur ce terrain avec une extraordinaire prudence.</p><br><p><strong>Les excédents budgétaires.</strong> La dette allemande se réduit, les comptes publics de la République fédérale sont dans le noir. Fort bien, mais cela pose problème : l'écart avec les autres pays de la zone euro se creuse et les tensions politiques montent sur cette question. Ni la gauche ni la droite ne disent clairement comment cette heureuse marge pourrait être utilisée. Par l'investissement? Ce ne serait pas de trop car les infrastructures vieillissent. Par l'éducation? Par la formation continue? Ce serait bienvenu au vu des besoins de demain. L'attachement obsessionnel des Allemands aux bas de laine publics bien remplis prive le pays de visions futuristes ambitieuses.</p><br><p><strong>La dettes de l'histoire. </strong>Deux pays, la Grèce et la Pologne, mettent le sujet sur la table. Ils n'ont jamais été dédommagés pour les ravages et les pillages du Troisième Reich. Comme tant d'autres victimes du nazisme. L'heure est-elle venue de régler les comptes du passé ? L'Allemagne n'entre pas en matière. Mais l'argument pèse plus qu'on ne le dit dans les relations politiques intra-européennes. </p><br><p><strong>La Russie.</strong> L'Allemagne veut-elle se joindre à la nouvelle guerre froide voulue par les Etats-Unis? Ou promouvoir un nouveau rapport avec la grande voisine? Angela Merkel balance entre les deux options. Mais des intérêts importants sont en jeu. L'Allemagne a besoin de ce grand marché pour ses exportations et ses importations d'énergie. Et par ailleurs elle tient à l'ancrage atlantique bien qu'elle en mesure les limites et les inconvénients. 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Peu audible d’ailleurs chez lui et chez ses partenaires, guère enthousiastes de cette prétention au leadership. En termes exaltés et alarmistes, le président français en appelle au renforcement massif de la défense européenne. Non sans raisons. Mais pour quoi faire? Affronter la menace de la Russie? Voyons son armée. Elle s’escrime autour de quelques villages dans l’est de l’Ukraine, à quelques kilomètres de chez elle, elle peine à prendre la ville voisine de Karkhiv malgré d’horribles destructions. Elle n’est manifestement pas de taille à s’en prendre aux pays de l’OTAN, ni matériellement ni humainement. Les divers pays européens sont loin d’être démunis de moyens militaires. Même si leur base industrielle a des lacunes. On le sait aussi au Kremlin, où, quoi qu’on en dise, on est réaliste, on n’a pas la folie des grandeurs. Point effectivement à soulever: il est vrai que les Européens feraient bien de se préoccuper davantage de la défense anti-drones et anti-missiles. Ces engins, peu coûteux à produire mais ruineux pour s’en défendre, jouent un rôle-clé dans les conflits d’aujourd’hui. Et les Russes ne sont pas seuls à en disposer. Dans la cybersécurité aussi, il y a aussi de sérieux efforts à faire. Comme en Suisse, où le Département de la Défense confie cette tâche à son entreprise boiteuse Ruag qui s’appuie elle-même sur l’entité issue de Crypto AG, célèbre pour le scandale de ses tricheries. La Confédération a misé en plus sur une société bernois brinquebalante, Xplain, et admet aujourd’hui le désastre. Même des informations confidentielles sur les Conseillers fédéraux ont été balancés dans le «darknet». </span></p> <p><span>Mais nos militaires et leur cheffe ne rêvent que d’acquérir toujours plus d’avions, de blindés et de canons… à acheter aux Etats-Unis bien sûr. Viola Amherd se frotte les mains: une curieuse proposition agite le Parlement. Il s’agit de faire sauter la limite aux dépenses fédérales et de consacrer dix milliards supplémentaire pour l’armée et cinq pour l’Ukraine d’ici à 2030. C’est un groupe inhabituel de femmes parlementaires alémaniques qui est à la besogne. Dont une centriste, Marianne Tinder («Je suis en mesure d'évaluer la gravité de la menace même sans jours de service militaire»), sa collègue de parti entrée au Parlement en décembre dernier («Quand j'entends que l'armée n'a même pas assez de gilets de protection, cela me fait réfléchir»), la socialiste Franziska Roth («Nous ne pouvons pas nous cacher constamment derrière des lignes rouges»). A compter aussi dans ce que le <em>Tagesanzeiger</em> appelle les «dealmakers»: une autre centriste, Andrea Gmür, la socialiste Sarah Wyss, la verte libérale Corina Gredig. Etonnant, ce quarteron féminin, inter-partis, prônant l’urgence des armes.</span></p> <p><span>Bien que le président du PS Cedric Wermuth et la Fédération des sociétés militaires – curieux attelage! – applaudissent l’idée, celle-ci passe mal. Le patron du Centre Gerhard Pfister tousse, les radicaux, derrière Karin Keller-Suter, préoccupés par l’endettement, s’y opposent. Et il se trouvera sans doute des socialistes pour refuser cet emballement. Quant au petit peuple à qui on ne demandera pas son avis, il sait que de telles dépenses supplémentaires entraîneront inévitablement des coupes là où cela lui fait mal. </span></p> <p><span>Il vaut la peine de s’interroger sur les ressorts de cette outrance militariste. Que ce soit dans le mode déclamatoire d’un Macron ou dans les chuchotements du Palais fédéral. La politique sort alors du champ rationnel, de l’analyse froide des réalités, elle entre dans l’escalade des émotions morales, détermine dans le mode binaire, gagner ou perdre la guerre. Or l’histoire récente donne tant d’exemples où les conflits ont fini par des pourparlers. Plus ceux-ci ont tardé, plus se sont inutilement prolongées les souffrances.</span></p> <p><span>Rester fidèles à nos principes? Bien sûr. Mais alors pourquoi ne pas s’activer plutôt au chapitre de la paix? Pourquoi ne pas tirer toutes les ficelles en vue de véritables négociations dans le conflit Ukraine-Russie? Dans son emportement Emmanuel Macron n’a même pas prononcé ces mots. Et en l’occurence helvétique, les chantres féminins du pactole aux armes n’en ont eu aucun dans ce sens. Et le grand raout prévu au Bürgenstock, direz-vous? L’intention est certes louable mais le cadrage est défini par un seul des camps en présence et par les Etats-Unis. Cela en fait un simulacre de négociations. Qui pourrait bien en rajouter une couche à la frénésie belliqueuse. Alors même que le moment approche où les belligérants, plus ou moins épuisés, devront bien se résoudre à cesser le feu et à engager des pourparlers. Plus ils attendront, plus la malheureuse Ukraine sera mal prise. Regrettant que l’accord à bout touchant du tout début de la guerre ait été sabordé.</span></p> <p><span>Quant à l’autre guerre qui nous bouleverse, au Moyen Orient, elle est promise à durer longtemps, très longtemps, sous une forme ou une autre. Totalement dépassée et discréditée, la Suisse ne songe même pas à proposer une négociation, ni sur l’immédiat, ni sur le fond. Peu dit: un autre pays tente discrètement cet effort, non sans expérience. La Norvège.</span></p> <p><span>Mais le Conseil fédéral paraît tenir à réaffirmer son alignement sur la ligne d’Israël. Après avoir concédé une aide réduite, la commission parlementaire des Affaires étrangères propose de supprimer à terme tout soutien à l’UNRWA. 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Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! ', 'content' => '<p><span>Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! Ces trente dernières années, son entreprise, sise à Lausanne, CAB-Productions, a permis à de nombreux cinéastes, locaux et internationaux, de s’exprimer librement. Tournant en Suisse, avec des comédiens, des techniciens d’ici et d’ailleurs. De Francis Reusser à Dominique de Rivaz, d’Alain Tanner à Jean-François Amiguet, de Marcel Schüpbach à Pierre-Yves Borgeaud, de Greg Zlingski à Olivier Assayas, de Benoît Mariage à Claude Chabrol, et tant d’autres. Dernier en date, Roman Polanski. Avec le tournage à Gstaad de <em>The Palace</em>, en coproduction avec l’Italie et la Pologne. </span></p> <p><span>Lié d’amitié avec cette grande figure du cinéma européen, Porchet a tout fait, trois ans durant, pour que ce film se fasse. Contre vents et tempêtes. Face aux campagnes des ultra-féministes qui rabâchent et déforment une histoire vieille de quarante ans, aux Etats-Unis, impliquant une jeune fille qui aujourd’hui est dans les meilleurs termes avec le prétendu coupable. L’offensive «wokiste» a mis Polanski au ban. En Suisse comme en France, aucun soutien public n’a été apporté au film. Une fois terminé, au début de cette année, il a pu être présenté à Venise mais n’a été diffusé que dans quelques rares salles, les distributeurs et les exploitants craignant des manifestations féministes. Il est même totalement proscrit en France. </span></p> <p><span>Pour Jean-Louis Porchet les difficultés du début ont tourné à la descente aux enfers. Faute de rentabiliser les droits d’exploitation, sous le poids des dettes contractées pour boucler le financement du tournage, son entreprise est menacée de faillite. L’accumulation des tracas finit par accabler le solide cueilleur de champignons. </span></p> <p><span>Le dimanche 24 mars, en route vers un ami à Rennaz, il s’arrête près de Cully, fume un cigare, son péché parcimonieux, et laisse flotter ses pensées sur le lac. Il repart et là, sans pouvoir l’expliquer encore, dans un blanc soudain, traverse la chaussée et écrase sa voiture du haut mur de Lavaux. Fracassé, il la voit prendre feu, reste prisonnier. Et attend les secours dans d’horribles douleurs. Les deux jambes et des côtes cassées, de graves brûlures.</span></p> <p><span>Le voilà, cinq semaines plus tard, dans une chambre du CHUV. Avec le sens de l’humour. «Les jours d’avant, je me disais sans cesse que j’allais dans le mur. J’y suis allé pour de bon!» Et toujours pratique: «Je ne sais pas quand et comment je pourrai rentrer chez moi, mes clés ont fondu dans l’incendie…» Puis un sourire malicieux. «Alors que tout le monde dit des horreurs sur le Jeux olympiques de cet été, une infirmière française me disait sa joie que cette fête mondiale ait lieu à Paris!». De quelles doses d’optimisme et de pessimisme avons-nous besoin? «Difficile à dire, lâche l’alité, quand j’ai des douleurs les médecins me demandent de les chiffrer de 1 à 10 et j’hésite. Comme le jour où une copine m’a demandé de chiffrer mon bonheur sur la même échelle!»</span></p> <p><span>Du haut de ses 75 ans et de sa sagesse rieuse retrouvée après le fracas, Porchet ne produira plus de films. «Mais je vais m’intéresser davantage à l’Histoire. Quand on voit ce qu’ont souffert les gens dans le passé, on se dit que le présent n’est pas aussi accablant qu’il y paraît dans le flot des nouvelles anxiogènes. 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Le demi-siècle passé depuis lors y a été remarquablement apaisé et démocratique. Rejetant les extrêmes de droite et de gauche, l’électorat a alterné ses préférences entre le centre-droit et le centre-gauche, applaudi aussi l’entrée dans l’Union européenne dont les soutiens ont permis au pays de se moderniser. Trains, routes, équipements publics… le Portugal a basculé dans une ère nouvelle, heureuse. Il est vrai qu’en mars dernier, le jeune parti dit d’extrême droite, en tout cas libéral et conservateur, a obtenu 18% des voix. Il ne se nourrit pas de quelque nostalgie salazariste mais d’une addition de mécontentements. Comme ailleurs autour de l’immigration – les Brésiliens affluent! –, autour des lourdeurs bureaucratiques, autour des frustrations sociales. Il faut dire que les dernières années ont été dures. En 2020, l’Etat outrepassait toutes les limites de l’endettement. 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La sécurité. Les Allemands s'alarment de la criminalité qui progresse dans les grandes villes. Or le système policier paraît dépassé. La division des pouvoirs entre les communes, les Etats et le pouvoir fédéral conduit à des incohérences dont profitent les bandes criminelles. Les policiers formés à la vieille école sont éloignés du terrain, perdent prise sur les quartiers où règnent les voyous. Face à cette inquiétude, Merkel et Schulz ont quelques rengaines convenues mais aucun plan. Seule la CSU, l'alliée bavaroise de la CDU, tape sur ce clou. Mais pas sûr qu'elle réussisse mieux à Munich qu'à Berlin.
La pauvreté. C'est la grande déception de la gauche: le leader socialiste n'a pas su imposer l'urgence d'une politique sociale. Le chômage régresse mais au prix de l'extension du travail mal payé et précaire. Certes un salaire minimum a été fixé (8,5 euros/heure) mais le plus souvent, il ne suffit pas à une existence digne. D'autant plus qu'il n'est pas toujours appliqué: des sous-traitants est-européens fournissent une main d'œuvre corvéable à merci. L'extrême-gauche («Die Linke») se profile sur ce sujet mais avec des tonalités post-communistes qui passent mal.
L'avenir du travail. Le sujet a été effleuré par Angela Merkel. La digitalisation bouleverse et bouleversera plus encore les entreprises, aussi bien dans les services que dans l'industrie. Comment s'y préparer? Comment garantir les emplois de demain? Mystère.
Le communautarisme. Les quatre millions de musulmans qui vivent en Allemagne sont pour la plupart bien intégrés, nullement tentés par le djihadisme. Mais la tendance au repli social et culturel de ces communautés est évidente. Toutes sortes d'initiatives sont prises pour contrecarrer le phénomène, mais elles n'y suffisent pas. Les beaux discours humanistes des partis au pouvoir ne suffisent plus. La nécessité de mesures concrètes s'impose. On ne les voit pas venir.
L'environnement. Pas un mot dans la campagne électorale sur un fait qui contredit la bonne image écologique du pays. L'Allemagne n'exporte pas seulement des voitures et des machines, elle inonde les marchés européens... de cochon! La production industrielle massive des porcs a explosé grâce aux très bas salaires des travailleurs venus de l'est, au prix de la dispersion dans la nature des déchets chargés d'antibiotiques. L'Union européenne a ouvert une procédure pour infraction aux normes environnementales.
Le pouvoir des lobbies. Les tricheries à grande échelle sur la pollution du diesel a ébranlé l'opinion allemande si attachée à ses constructeurs automobiles. Elle a découvert que ces lobbies ont, depuis longtemps, tout obtenu des pouvoirs politiques asservis à leurs intérêts. Le problème est aujourd'hui reconnu à droite comme à gauche mais rien n'est proposé pour casser les liens complices entre ce pan énorme de l'économie et les autorités.
L'avenir de l'euro. Pour plusieurs pays, dont la France, il passe par une gouvernance renforcée et un budget commun. Une plus grande solidarité, une rigueur plus équitablement partagée, une prise en compte imaginative des réalités du sud de l'Europe. Certes Schulz y est favorable, mais Merkel avance sur ce terrain avec une extraordinaire prudence.
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La dettes de l'histoire. Deux pays, la Grèce et la Pologne, mettent le sujet sur la table. Ils n'ont jamais été dédommagés pour les ravages et les pillages du Troisième Reich. Comme tant d'autres victimes du nazisme. L'heure est-elle venue de régler les comptes du passé ? L'Allemagne n'entre pas en matière. Mais l'argument pèse plus qu'on ne le dit dans les relations politiques intra-européennes.
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La France. L'Allemagne est hantée par la crainte d'apparaître comme le leader politique de l'Europe. Elle cherche donc à s'appuyer sur la France. Une priorité historique. Dès lors l'activisme européen du président Macron ne lui déplaît pas. Mais l'inquiète aussi car la revendication d'une plus grande solidarité continentale, d'un plus grand engagement militaire extérieur, en Afrique et au Moyen-Orient notamment, n'est guère populaire. Les partis préfèrent donc rester dans le flou sur le degré de convergence avec Paris.
Précédemment dans Bon pour la tête
Le morne débat Merkel/Schulz et ses non-dits, par Jacques Pilet
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Peu audible d’ailleurs chez lui et chez ses partenaires, guère enthousiastes de cette prétention au leadership. En termes exaltés et alarmistes, le président français en appelle au renforcement massif de la défense européenne. Non sans raisons. Mais pour quoi faire? Affronter la menace de la Russie? Voyons son armée. Elle s’escrime autour de quelques villages dans l’est de l’Ukraine, à quelques kilomètres de chez elle, elle peine à prendre la ville voisine de Karkhiv malgré d’horribles destructions. Elle n’est manifestement pas de taille à s’en prendre aux pays de l’OTAN, ni matériellement ni humainement. Les divers pays européens sont loin d’être démunis de moyens militaires. Même si leur base industrielle a des lacunes. On le sait aussi au Kremlin, où, quoi qu’on en dise, on est réaliste, on n’a pas la folie des grandeurs. Point effectivement à soulever: il est vrai que les Européens feraient bien de se préoccuper davantage de la défense anti-drones et anti-missiles. 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Il s’agit de faire sauter la limite aux dépenses fédérales et de consacrer dix milliards supplémentaire pour l’armée et cinq pour l’Ukraine d’ici à 2030. C’est un groupe inhabituel de femmes parlementaires alémaniques qui est à la besogne. Dont une centriste, Marianne Tinder («Je suis en mesure d'évaluer la gravité de la menace même sans jours de service militaire»), sa collègue de parti entrée au Parlement en décembre dernier («Quand j'entends que l'armée n'a même pas assez de gilets de protection, cela me fait réfléchir»), la socialiste Franziska Roth («Nous ne pouvons pas nous cacher constamment derrière des lignes rouges»). A compter aussi dans ce que le <em>Tagesanzeiger</em> appelle les «dealmakers»: une autre centriste, Andrea Gmür, la socialiste Sarah Wyss, la verte libérale Corina Gredig. Etonnant, ce quarteron féminin, inter-partis, prônant l’urgence des armes.</span></p> <p><span>Bien que le président du PS Cedric Wermuth et la Fédération des sociétés militaires – curieux attelage! – applaudissent l’idée, celle-ci passe mal. Le patron du Centre Gerhard Pfister tousse, les radicaux, derrière Karin Keller-Suter, préoccupés par l’endettement, s’y opposent. Et il se trouvera sans doute des socialistes pour refuser cet emballement. Quant au petit peuple à qui on ne demandera pas son avis, il sait que de telles dépenses supplémentaires entraîneront inévitablement des coupes là où cela lui fait mal. </span></p> <p><span>Il vaut la peine de s’interroger sur les ressorts de cette outrance militariste. Que ce soit dans le mode déclamatoire d’un Macron ou dans les chuchotements du Palais fédéral. La politique sort alors du champ rationnel, de l’analyse froide des réalités, elle entre dans l’escalade des émotions morales, détermine dans le mode binaire, gagner ou perdre la guerre. Or l’histoire récente donne tant d’exemples où les conflits ont fini par des pourparlers. Plus ceux-ci ont tardé, plus se sont inutilement prolongées les souffrances.</span></p> <p><span>Rester fidèles à nos principes? Bien sûr. Mais alors pourquoi ne pas s’activer plutôt au chapitre de la paix? Pourquoi ne pas tirer toutes les ficelles en vue de véritables négociations dans le conflit Ukraine-Russie? Dans son emportement Emmanuel Macron n’a même pas prononcé ces mots. Et en l’occurence helvétique, les chantres féminins du pactole aux armes n’en ont eu aucun dans ce sens. Et le grand raout prévu au Bürgenstock, direz-vous? L’intention est certes louable mais le cadrage est défini par un seul des camps en présence et par les Etats-Unis. Cela en fait un simulacre de négociations. Qui pourrait bien en rajouter une couche à la frénésie belliqueuse. Alors même que le moment approche où les belligérants, plus ou moins épuisés, devront bien se résoudre à cesser le feu et à engager des pourparlers. Plus ils attendront, plus la malheureuse Ukraine sera mal prise. Regrettant que l’accord à bout touchant du tout début de la guerre ait été sabordé.</span></p> <p><span>Quant à l’autre guerre qui nous bouleverse, au Moyen Orient, elle est promise à durer longtemps, très longtemps, sous une forme ou une autre. Totalement dépassée et discréditée, la Suisse ne songe même pas à proposer une négociation, ni sur l’immédiat, ni sur le fond. Peu dit: un autre pays tente discrètement cet effort, non sans expérience. La Norvège.</span></p> <p><span>Mais le Conseil fédéral paraît tenir à réaffirmer son alignement sur la ligne d’Israël. Après avoir concédé une aide réduite, la commission parlementaire des Affaires étrangères propose de supprimer à terme tout soutien à l’UNRWA. 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Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! ', 'content' => '<p><span>Quel parcours pour cet autodidacte fou de cinéma, travailleur acharné, si bellement doté d’empathie créatrice! Ces trente dernières années, son entreprise, sise à Lausanne, CAB-Productions, a permis à de nombreux cinéastes, locaux et internationaux, de s’exprimer librement. Tournant en Suisse, avec des comédiens, des techniciens d’ici et d’ailleurs. De Francis Reusser à Dominique de Rivaz, d’Alain Tanner à Jean-François Amiguet, de Marcel Schüpbach à Pierre-Yves Borgeaud, de Greg Zlingski à Olivier Assayas, de Benoît Mariage à Claude Chabrol, et tant d’autres. Dernier en date, Roman Polanski. Avec le tournage à Gstaad de <em>The Palace</em>, en coproduction avec l’Italie et la Pologne. </span></p> <p><span>Lié d’amitié avec cette grande figure du cinéma européen, Porchet a tout fait, trois ans durant, pour que ce film se fasse. Contre vents et tempêtes. Face aux campagnes des ultra-féministes qui rabâchent et déforment une histoire vieille de quarante ans, aux Etats-Unis, impliquant une jeune fille qui aujourd’hui est dans les meilleurs termes avec le prétendu coupable. L’offensive «wokiste» a mis Polanski au ban. En Suisse comme en France, aucun soutien public n’a été apporté au film. Une fois terminé, au début de cette année, il a pu être présenté à Venise mais n’a été diffusé que dans quelques rares salles, les distributeurs et les exploitants craignant des manifestations féministes. Il est même totalement proscrit en France. </span></p> <p><span>Pour Jean-Louis Porchet les difficultés du début ont tourné à la descente aux enfers. Faute de rentabiliser les droits d’exploitation, sous le poids des dettes contractées pour boucler le financement du tournage, son entreprise est menacée de faillite. 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La cheffe du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, ainsi que la septième de la liste du même parti aux élections européennes, Rima Hassan, ont été convoquées devant un juge pour «apologie du terrorisme» en raison de leurs déclarations sur la guerre à Gaza. La gauche socialiste en désaccord politique profond avec cette formation proteste contre cette atteinte à la liberté d’expression. </span></li> <li><span>Franc enfin. Le directeur des rédactions du groupe breton <em>Le Télégramme</em>, Samuel Petit, s’indigne: plusieurs de ses journalistes ont été harcelés par des convocations judiciaires pour «violation du secret de fonction», autrement dit pour excès de curiosité quant au fonctionnement des administrations. Et même pour avoir osé photographié un incendie à l’aide d’un drone. Tendance aussi constatée dans d’autres journaux régionaux. 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Mais aucun média ne s’en est fait l’écho ici.</span></li> <li><span>Le professeur aux universités de Neuchâtel et Lausanne, depuis peu à la retraite, Eric Verrechia, spécialiste en géologie et biologie, révélait l’autre soir lors d’une conférence publique à Lausanne son expérience fâcheuse avec la RTS. Sans nullement nier le réchauffement climatique, il a étudié de façon approfondie le phénomène dans le temps et l’espace terrestre, brassé tous les chiffres disponibles et vérifiés. Ses constatations apportent des nuances importantes aux titres-chocs, aux affirmations simplistes habituellement lancées. Ainsi il a dénoncé des erreurs dans des documents publiés sur le site de la RTS. Il les a fait connaître, souhaité un débat ouvert, mais il n’a reçu aucune réponse. Le sujet est tabou. </span></li> </ul> <p>Ce florilège vous paraît paranoïaque? Dites-le nous. Il s’agit de bien se garder des généralisations. 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