Culture / Trésors d’Apsley House: le mors et le dentier
Apsley House. © Garry Knight
Portrait équestre du Duc de Wellington par Goya (détail).
Situé au numéro 149 de Picadilly, à l’un des points d’intersection les plus animés de Londres, Apsley House est un bâtiment qui a l’air de se demander ce qu’il fait encore là. Erigé au XVIIIème siècle, il marquait alors à lui seul le commencement de la cité de Londres, quand depuis Hyde Park on pouvait encore distinguer les verdoyantes collines du Kent et du Surrey.
Aujourd’hui, sa façade de pierres flanquée de colonnes et d’arches n’a rien d’engageant, et lorsque l’on franchit ses grilles, on est en droit de se demander si le lieu est vraiment ouvert au public. C’est que la demeure est toujours habitée par les descendants de son plus fameux propriétaire: Sir Arthur Wesley, Duc de Wellington, Général des Armées multi-titré et décoré, Premier ministre du Royaume-Uni en 1828 et accessoirement… vainqueur de Napoléon à Waterloo en 1815.
*
Dans le très austère hall d’entrée, on a à peine le temps de confondre la chaise du portier datant de l’époque du Duc avec une chaise-percée, qu’un agent aux faux airs de majordome s’empresse d’indiquer la direction du «musée», c’est-à-dire la salle où sont exposés les «trésors de guerre» de Wellington. Le seuil franchi, on est submergé par une débauche d’or, d’argent, et des plus fines porcelaines. Au centre de la pièce, pas moins de quatre services de vaisselle comprenant des centaines de pièces délicatement ouvragées à la main sont présentés, dont un «Egyptien» cadeau de Napoléon à Joséphine à la suite de leur divorce (et qu’elle s’empressa de refuser). Tous sont des présents des différents monarques européens pour remercier Wellington de les avoir débarrassés du petit Corse. Depuis le plafond, sept lourds étendards ornés des aigles napoléoniens surplombent les armes saisies, elles aussi, sur le champ de bataille, tandis que deux immenses candélabres recouverts d’argent encadrent le célèbre bouclier de Waterloo: une pure virtuosité d’orfèvre de 103 centimètres de diamètre réalisée à la seule gloire du Duc.
Si l’on veut accéder aux étages, impossible d’ignorer la statue qui se dresse dans le hall de l’escalier central: un marbre immaculé de plus de trois mètres de haut sculpté par Antonio Canova représentant Napoléon nu en dieu Mars pacificateur. Exagérément athlétique, selon le principal intéressé qui ordonna derechef que l’œuvre ne soit pas exposée au public. Vendue au gouvernement britannique après la chute de l’empereur, elle fut offerte à Wellington qui s’empressa de lui trouver cette place de choix. Face à elle, le buste en marbre du maître des lieux ne perd pas une miette de la réaction des visiteurs mis en présence de ce monument de kitsch et de pompe néo-classique. On dit que de son temps, les invités de Apsley House accrochaient ostensiblement leurs parapluies au bras musculeux du dieu tendu vers la rampe.
A mesure que l’on gravit les marches, l’odeur de vieux tapis et de tentures poussiéreuses se fait de plus en plus présente. Au premier étage, dans la «Picadilly Drawing room», les rideaux de l’embrasure s’ouvrent théâtralement sur une représentation de Danaé s’apprêtant à recevoir les hommages de Jupiter transformé en pluie d’or. Apsley House s’est longtemps enorgueilli de posséder l’une des poesie du Titien inspirée des poèmes d’Ovide dont l’empereur d’Espagne Philippe II s’était fait l’acquéreur au XVIème siècle. Or, en 2019, lors de la dernière exposition consacrée au maître vénitien organisée par la National Gallery, de sérieux doutes ont été émis quant à l’authenticité de ce tableau prêté par les descendants du Duc. Une fois dans la salle, on a beau chercher un cartel, ou ne serait-ce qu’une indication, concernant ce vrai/faux Titien qui occupe tout de même la moitié d’un mur… rien. Les gardiens eux-mêmes esquivent prudemment les questions. On en conclut que le sujet de son authenticité n’est toujours pas réglé.
Est-ce un hasard si ce tableau ne figure pas (plus?) dans la «Waterloo Gallery»? C‘est dans cette pièce, conçue comme une imitation (toutes proportions gardées) de la Galerie des Glaces de Versailles, que se déroulait tous les ans le banquet en l’honneur de la défaite de Napoléon, tandis qu’aux murs, les 165 trésors des collections royales espagnoles saisis à Vitoria lors de la fuite d’Espagne de Joseph Bonaparte étaient exposés. La légende veut que le Duc les aurait découverts privés de leurs cadres et roulés comme de vulgaires rideaux, sans doute pour être plus facilement transportés. Il aurait alors décidé de les rapporter avec lui en Angleterre «uniquement» pour les mettre en sécurité. Touchante attention. Pendant la restauration, le roi Ferdinand VII d’Espagne aurait ensuite fait officiellement don de ces œuvres au Duc pour le remercier de son rôle dans la guerre d’Indépendance.
Tant de chefs-d’œuvre accumulés dans une seule et même pièce ont de quoi faire tourner la tête. Faute de place, certains tableaux sont accrochés très haut sur les murs et donc à peine visibles. Pourtant, au milieu de cet amoncellement, le porteur d’eau de Diego Velázquez ainsi que ses portraits du Pape Innocent X et d’un gentilhomme vêtu de noir, tout comme ce vif portrait d’homme aux cheveux grisonnants peint par Rubens, s’imposent avec une évidence désarmante. En quittant la galerie, on a la curieuse impression d’avoir été mis en présence de superbes créatures entassées dans une minuscule cage dorée. D’une salle des trophées, l’autre…
Pour conclure cette visite, on ne saurait passer sous silence la «Portico room» dans laquelle des objets personnels du Duc sont exposés pêle-mêle: ses rosettes et décorations militaires, bien sûr, mais aussi sa canne de vieillard astucieusement pourvue d’un appareil acoustique, son dentier intégralement monté sur or, celui-ci avoisinant un protège-sabot de son cheval Copenhagen, ainsi qu’un petit cadre contenant les crins de la bête amoureusement tressés en couronne… Ce cabinet de curiosités est lui-même dominé par un immense portrait équestre du Duc peint par Goya. Monté sur un coursier ventru et court sur pattes, Wellington est habillé en civil. Il a le teint rougeaud et le regard écarquillé. On dit que le Duc n’appréciait guère ce tableau. Exécuté en trois semaines à peine après la bataille de Salamanque de 1812, il est fort probable que le pragmatique Goya ait peint la tête de Wellington sur le corps d’une composition dont le modèle initial devait être… Joseph Bonaparte. D’ailleurs, le portrait de ce dernier ainsi que ceux des autres membres de la famille impériale peints par le spécialiste français des têtes couronnées de l’époque, Robert Lefèvre, sont accrochés en rang d’oignons sur le mur opposé. Tenus en respect par le mors et le dentier.
Notice (8): Trying to access array offset on value of type null [APP/Template/Posts/view.ctp, line 147]Code Context<div class="col-lg-12 order-lg-4 order-md-4">
<? if(!$connected['active']): ?>
<div class="utils__spacer--default"></div>
$viewFile = '/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/src/Template/Posts/view.ctp' $dataForView = [ 'referer' => 'https://dev.bonpourlatete.com/like/3905', 'OneSignal' => '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093', '_serialize' => [ (int) 0 => 'post' ], 'post' => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3905, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Trésors d’Apsley House: le mors et le dentier', 'subtitle' => 'Situé au numéro 149 de Picadilly, à l’un des points d’intersection les plus animés de Londres, Apsley House est un bâtiment qui a l’air de se demander ce qu’il fait encore là. Erigé au XVIIIème siècle, il marquait alors à lui seul le commencement de la cité de Londres, quand depuis Hyde Park on pouvait encore distinguer les verdoyantes collines du Kent et du Surrey.', 'subtitle_edition' => 'Situé au numéro 149 de Picadilly, à l’un des points d’intersection les plus animés de Londres, Apsley House est un bâtiment qui a l’air de se demander ce qu’il fait encore là. Erigé au XVIIIème siècle, il marquait alors à lui seul le commencement de la cité de Londres, quand depuis Hyde Park on pouvait encore distinguer les verdoyantes collines du Kent et du Surrey.', 'content' => '<p>Aujourd’hui, sa façade de pierres flanquée de colonnes et d’arches n’a rien d’engageant, et lorsque l’on franchit ses grilles, on est en droit de se demander si le lieu est vraiment ouvert au public. C’est que la demeure est toujours habitée par les descendants de son plus fameux propriétaire: Sir Arthur Wesley, Duc de Wellington, Général des Armées multi-titré et décoré, Premier ministre du Royaume-Uni en 1828 et accessoirement… vainqueur de Napoléon à Waterloo en 1815.</p> <h3 style="text-align: center;">*</h3> <p>Dans le très austère hall d’entrée, on a à peine le temps de confondre la chaise du portier datant de l’époque du Duc avec une chaise-percée, qu’un agent aux faux airs de majordome s’empresse d’indiquer la direction du «musée», c’est-à-dire la salle où sont exposés les «trésors de guerre» de Wellington. Le seuil franchi, on est submergé par une débauche d’or, d’argent, et des plus fines porcelaines. Au centre de la pièce, pas moins de quatre services de vaisselle comprenant des centaines de pièces délicatement ouvragées à la main sont présentés, dont un «Egyptien» cadeau de Napoléon à Joséphine à la suite de leur divorce (et qu’elle s’empressa de refuser). Tous sont des présents des différents monarques européens pour remercier Wellington de les avoir débarrassés du petit Corse. Depuis le plafond, sept lourds étendards ornés des aigles napoléoniens surplombent les armes saisies, elles aussi, sur le champ de bataille, tandis que deux immenses candélabres recouverts d’argent encadrent le célèbre bouclier de Waterloo: une pure virtuosité d’orfèvre de 103 centimètres de diamètre réalisée à la seule gloire du Duc.</p> <p>Si l’on veut accéder aux étages, impossible d’ignorer la statue qui se dresse dans le hall de l’escalier central: un marbre immaculé de plus de trois mètres de haut sculpté par Antonio Canova représentant Napoléon nu en dieu Mars pacificateur. Exagérément athlétique, selon le principal intéressé qui ordonna derechef que l’œuvre ne soit pas exposée au public. Vendue au gouvernement britannique après la chute de l’empereur, elle fut offerte à Wellington qui s’empressa de lui trouver cette place de choix. Face à elle, le buste en marbre du maître des lieux ne perd pas une miette de la réaction des visiteurs mis en présence de ce monument de kitsch et de pompe néo-classique. On dit que de son temps, les invités de Apsley House accrochaient ostensiblement leurs parapluies au bras musculeux du dieu tendu vers la rampe.</p> <p>A mesure que l’on gravit les marches, l’odeur de vieux tapis et de tentures poussiéreuses se fait de plus en plus présente. Au premier étage, dans la «Picadilly Drawing room», les rideaux de l’embrasure s’ouvrent théâtralement sur une représentation de Danaé s’apprêtant à recevoir les hommages de Jupiter transformé en pluie d’or. Apsley House s’est longtemps enorgueilli de posséder l’une des <i>poesie </i>du Titien inspirée des poèmes d’Ovide dont l’empereur d’Espagne Philippe II s’était fait l’acquéreur au XVIème siècle. Or, en 2019, lors de la dernière exposition consacrée au maître vénitien organisée par la National Gallery, de sérieux doutes ont été émis quant à l’authenticité de ce tableau prêté par les descendants du Duc. Une fois dans la salle, on a beau chercher un cartel, ou ne serait-ce qu’une indication, concernant ce vrai/faux Titien qui occupe tout de même la moitié d’un mur… rien. Les gardiens eux-mêmes esquivent prudemment les questions. On en conclut que le sujet de son authenticité n’est toujours pas réglé.</p> <p>Est-ce un hasard si ce tableau ne figure pas (plus?) dans la «Waterloo Gallery»? C‘est dans cette pièce, conçue comme une imitation (toutes proportions gardées) de la Galerie des Glaces de Versailles, que se déroulait tous les ans le banquet en l’honneur de la défaite de Napoléon, tandis qu’aux murs, les 165 trésors des collections royales espagnoles saisis à Vitoria lors de la fuite d’Espagne de Joseph Bonaparte étaient exposés. La légende veut que le Duc les aurait découverts privés de leurs cadres et roulés comme de vulgaires rideaux, sans doute pour être plus facilement transportés. Il aurait alors décidé de les rapporter avec lui en Angleterre «uniquement» pour les mettre en sécurité. Touchante attention. Pendant la restauration, le roi Ferdinand VII d’Espagne aurait ensuite fait officiellement don de ces œuvres au Duc pour le remercier de son rôle dans la guerre d’Indépendance.</p> <p>Tant de chefs-d’œuvre accumulés dans une seule et même pièce ont de quoi faire tourner la tête. Faute de place, certains tableaux sont accrochés très haut sur les murs et donc à peine visibles. Pourtant, au milieu de cet amoncellement, le porteur d’eau de Diego Velázquez ainsi que ses portraits du Pape Innocent X et d’un gentilhomme vêtu de noir, tout comme ce vif portrait d’homme aux cheveux grisonnants peint par Rubens, s’imposent avec une évidence désarmante. En quittant la galerie, on a la curieuse impression d’avoir été mis en présence de superbes créatures entassées dans une minuscule cage dorée. D’une salle des trophées, l’autre…</p> <p>Pour conclure cette visite, on ne saurait passer sous silence la «Portico room» dans laquelle des objets personnels du Duc sont exposés pêle-mêle: ses rosettes et décorations militaires, bien sûr, mais aussi sa canne de vieillard astucieusement pourvue d’un appareil acoustique, son dentier intégralement monté sur or, celui-ci avoisinant un protège-sabot de son cheval Copenhagen, ainsi qu’un petit cadre contenant les crins de la bête amoureusement tressés en couronne… Ce cabinet de curiosités est lui-même dominé par un immense portrait équestre du Duc peint par Goya. Monté sur un coursier ventru et court sur pattes, Wellington est habillé en civil. Il a le teint rougeaud et le regard écarquillé. On dit que le Duc n’appréciait guère ce tableau. Exécuté en trois semaines à peine après la bataille de Salamanque de 1812, il est fort probable que le pragmatique Goya ait peint la tête de Wellington sur le corps d’une composition dont le modèle initial devait être… Joseph Bonaparte. D’ailleurs, le portrait de ce dernier ainsi que ceux des autres membres de la famille impériale peints par le spécialiste français des têtes couronnées de l’époque, Robert Lefèvre, sont accrochés en rang d’oignons sur le mur opposé. Tenus en respect par le mors et le dentier.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'tresors-d-apsley-house-le-mors-et-le-dentier', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 362, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 13394, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [], 'author' => 'Olivia Resenterra ', 'description' => 'Situé au numéro 149 de Picadilly, à l’un des points d’intersection les plus animés de Londres, Apsley House est un bâtiment qui a l’air de se demander ce qu’il fait encore là. Erigé au XVIIIème siècle, il marquait alors à lui seul le commencement de la cité de Londres, quand depuis Hyde Park on pouvait encore distinguer les verdoyantes collines du Kent et du Surrey.', 'title' => 'Trésors d’Apsley House: le mors et le dentier', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = 'https://dev.bonpourlatete.com/like/3905' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3905, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Trésors d’Apsley House: le mors et le dentier', 'subtitle' => 'Situé au numéro 149 de Picadilly, à l’un des points d’intersection les plus animés de Londres, Apsley House est un bâtiment qui a l’air de se demander ce qu’il fait encore là. Erigé au XVIIIème siècle, il marquait alors à lui seul le commencement de la cité de Londres, quand depuis Hyde Park on pouvait encore distinguer les verdoyantes collines du Kent et du Surrey.', 'subtitle_edition' => 'Situé au numéro 149 de Picadilly, à l’un des points d’intersection les plus animés de Londres, Apsley House est un bâtiment qui a l’air de se demander ce qu’il fait encore là. Erigé au XVIIIème siècle, il marquait alors à lui seul le commencement de la cité de Londres, quand depuis Hyde Park on pouvait encore distinguer les verdoyantes collines du Kent et du Surrey.', 'content' => '<p>Aujourd’hui, sa façade de pierres flanquée de colonnes et d’arches n’a rien d’engageant, et lorsque l’on franchit ses grilles, on est en droit de se demander si le lieu est vraiment ouvert au public. C’est que la demeure est toujours habitée par les descendants de son plus fameux propriétaire: Sir Arthur Wesley, Duc de Wellington, Général des Armées multi-titré et décoré, Premier ministre du Royaume-Uni en 1828 et accessoirement… vainqueur de Napoléon à Waterloo en 1815.</p> <h3 style="text-align: center;">*</h3> <p>Dans le très austère hall d’entrée, on a à peine le temps de confondre la chaise du portier datant de l’époque du Duc avec une chaise-percée, qu’un agent aux faux airs de majordome s’empresse d’indiquer la direction du «musée», c’est-à-dire la salle où sont exposés les «trésors de guerre» de Wellington. Le seuil franchi, on est submergé par une débauche d’or, d’argent, et des plus fines porcelaines. Au centre de la pièce, pas moins de quatre services de vaisselle comprenant des centaines de pièces délicatement ouvragées à la main sont présentés, dont un «Egyptien» cadeau de Napoléon à Joséphine à la suite de leur divorce (et qu’elle s’empressa de refuser). Tous sont des présents des différents monarques européens pour remercier Wellington de les avoir débarrassés du petit Corse. Depuis le plafond, sept lourds étendards ornés des aigles napoléoniens surplombent les armes saisies, elles aussi, sur le champ de bataille, tandis que deux immenses candélabres recouverts d’argent encadrent le célèbre bouclier de Waterloo: une pure virtuosité d’orfèvre de 103 centimètres de diamètre réalisée à la seule gloire du Duc.</p> <p>Si l’on veut accéder aux étages, impossible d’ignorer la statue qui se dresse dans le hall de l’escalier central: un marbre immaculé de plus de trois mètres de haut sculpté par Antonio Canova représentant Napoléon nu en dieu Mars pacificateur. Exagérément athlétique, selon le principal intéressé qui ordonna derechef que l’œuvre ne soit pas exposée au public. Vendue au gouvernement britannique après la chute de l’empereur, elle fut offerte à Wellington qui s’empressa de lui trouver cette place de choix. Face à elle, le buste en marbre du maître des lieux ne perd pas une miette de la réaction des visiteurs mis en présence de ce monument de kitsch et de pompe néo-classique. On dit que de son temps, les invités de Apsley House accrochaient ostensiblement leurs parapluies au bras musculeux du dieu tendu vers la rampe.</p> <p>A mesure que l’on gravit les marches, l’odeur de vieux tapis et de tentures poussiéreuses se fait de plus en plus présente. Au premier étage, dans la «Picadilly Drawing room», les rideaux de l’embrasure s’ouvrent théâtralement sur une représentation de Danaé s’apprêtant à recevoir les hommages de Jupiter transformé en pluie d’or. Apsley House s’est longtemps enorgueilli de posséder l’une des <i>poesie </i>du Titien inspirée des poèmes d’Ovide dont l’empereur d’Espagne Philippe II s’était fait l’acquéreur au XVIème siècle. Or, en 2019, lors de la dernière exposition consacrée au maître vénitien organisée par la National Gallery, de sérieux doutes ont été émis quant à l’authenticité de ce tableau prêté par les descendants du Duc. Une fois dans la salle, on a beau chercher un cartel, ou ne serait-ce qu’une indication, concernant ce vrai/faux Titien qui occupe tout de même la moitié d’un mur… rien. Les gardiens eux-mêmes esquivent prudemment les questions. On en conclut que le sujet de son authenticité n’est toujours pas réglé.</p> <p>Est-ce un hasard si ce tableau ne figure pas (plus?) dans la «Waterloo Gallery»? C‘est dans cette pièce, conçue comme une imitation (toutes proportions gardées) de la Galerie des Glaces de Versailles, que se déroulait tous les ans le banquet en l’honneur de la défaite de Napoléon, tandis qu’aux murs, les 165 trésors des collections royales espagnoles saisis à Vitoria lors de la fuite d’Espagne de Joseph Bonaparte étaient exposés. La légende veut que le Duc les aurait découverts privés de leurs cadres et roulés comme de vulgaires rideaux, sans doute pour être plus facilement transportés. Il aurait alors décidé de les rapporter avec lui en Angleterre «uniquement» pour les mettre en sécurité. Touchante attention. Pendant la restauration, le roi Ferdinand VII d’Espagne aurait ensuite fait officiellement don de ces œuvres au Duc pour le remercier de son rôle dans la guerre d’Indépendance.</p> <p>Tant de chefs-d’œuvre accumulés dans une seule et même pièce ont de quoi faire tourner la tête. Faute de place, certains tableaux sont accrochés très haut sur les murs et donc à peine visibles. Pourtant, au milieu de cet amoncellement, le porteur d’eau de Diego Velázquez ainsi que ses portraits du Pape Innocent X et d’un gentilhomme vêtu de noir, tout comme ce vif portrait d’homme aux cheveux grisonnants peint par Rubens, s’imposent avec une évidence désarmante. En quittant la galerie, on a la curieuse impression d’avoir été mis en présence de superbes créatures entassées dans une minuscule cage dorée. D’une salle des trophées, l’autre…</p> <p>Pour conclure cette visite, on ne saurait passer sous silence la «Portico room» dans laquelle des objets personnels du Duc sont exposés pêle-mêle: ses rosettes et décorations militaires, bien sûr, mais aussi sa canne de vieillard astucieusement pourvue d’un appareil acoustique, son dentier intégralement monté sur or, celui-ci avoisinant un protège-sabot de son cheval Copenhagen, ainsi qu’un petit cadre contenant les crins de la bête amoureusement tressés en couronne… Ce cabinet de curiosités est lui-même dominé par un immense portrait équestre du Duc peint par Goya. Monté sur un coursier ventru et court sur pattes, Wellington est habillé en civil. Il a le teint rougeaud et le regard écarquillé. On dit que le Duc n’appréciait guère ce tableau. Exécuté en trois semaines à peine après la bataille de Salamanque de 1812, il est fort probable que le pragmatique Goya ait peint la tête de Wellington sur le corps d’une composition dont le modèle initial devait être… Joseph Bonaparte. D’ailleurs, le portrait de ce dernier ainsi que ceux des autres membres de la famille impériale peints par le spécialiste français des têtes couronnées de l’époque, Robert Lefèvre, sont accrochés en rang d’oignons sur le mur opposé. Tenus en respect par le mors et le dentier.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'tresors-d-apsley-house-le-mors-et-le-dentier', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 362, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 13394, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4923, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Face aux Pharisiens', 'subtitle' => '«Récit véridique de ma vie», Uriel da Costa, Editions Louise Bottu, 58 pages.', 'subtitle_edition' => '«Récit véridique de ma vie», Uriel da Costa, Editions Louise Bottu, 58 pages.', 'content' => '<p>Depuis 2013, en plus d’ouvrages contemporains, les éditions Louise Bottu publient dans leur collection <i>Inactuels/Intempestifs, </i>des textes anciens qui défient le temps. A cet égard, le <i>Récit véridique de ma vie </i>par Uriel da Costa, philosophe du XVIIème siècle, (accompagné d’une préface sobre et éclairante de Frédéric Schiffter) est un morceau de choix dans leur catalogue.</p> <p>Uriel da Costa est né en 1585, au Portugal, dans une famille de marranes aisés. Le jeune homme qui se nomme alors encore Gabriel, très sensible à la piété et à l’honneur, connait rapidement des doutes au sujet des dogmes de la religion catholique. Ce qui le conduit à se tourner vers le judaïsme de ses ancêtres, la religion de la Loi. Las, il estime qu’en prenant cette décision, il s’est laissé trompé «comme un enfant». La pratique du judaïsme étant interdite et traquée dans son pays, da Costa émigre avec toute sa famille à Amsterdam et se convertit officiellement à son arrivée afin d’intégrer la communauté juive de la ville.</p> <p>Pour lui dont la liberté et le courage d’user de sa raison selon la loi naturelle «commune et innée à tous les hommes simplement parce qu’ils sont hommes» sont vitaux, les rabbins d’Amsterdam vont se révéler sans pitié. Exclu (y compris par sa propre famille), vivant dans un grand dénuement, Gabriel, devenu Uriel, décide d’écrire un livre pour prouver «en quoi les institutions et les traditions entrent en contradiction avec l’enseignement de Moïse». Immédiatement le voici censuré, frappé du sceau de l’hérésie et de l’apostasie. Dès lors, sa vie ne cesse d’être rythmée par les menaces, les délations et les humiliations, jusqu’à l’excommunication et l’épreuve du tribunal rabbinique s’il veut pouvoir réintégrer la communauté. Lors d’une cérémonie aussi hypocrite que terrifiante, Uriel se voit condamné à la prononciation d’une confession dont il n’est pas l’auteur, puis à être dénudé pour être fouetté et, enfin, foulé aux pieds par les fidèles réunis.</p> <p><i>Récit véridique de ma vie </i>est non seulement le récit douloureux d’une confrontation personnelle avec les fabricants de chimères, mais c’est en outre un testament-manifeste qui affirme sans relâche la fidélité de son auteur à la loi naturelle contre la loi des religieux de tous poils. «Il faut que je parle librement», écrit-il pour s’encourager à ne pas céder à la peur. Car le philosophe, dans son immense isolement, se sait condamné à mort. Uriel da Costa se tue en 1640, après avoir achevé son autobiographie. </p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'face-aux-pharisiens', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 116, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 13394, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [[maximum depth reached]], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4883, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Portrait de l’écrivain en déserteur', 'subtitle' => 'Au début de «Le Feu, journal d’une escouade» Henri Barbusse, observant ses compagnons d’armes entassés dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, se demandait qui s’apercevrait encore des détails qui faisaient de ces hommes des individus et non une masse informe destinée à mourir pour la patrie. Le nouveau roman de Velibor Čolić, «Guerre et Pluie», fait partie de ces livres qui s’attaquent à la guerre par le détail. Lecteur, tu n'y trouveras ni grands discours humanistes, ni prêches sur le sacrifice de soi au service d’une grande cause, mais la description précise et impitoyable de ce que la guerre, cette aberration, fait aux corps et aux âmes – et comment elle décide incidemment de la naissance d’un écrivain.', 'subtitle_edition' => 'Le nouveau roman de Velibor Čolić, «Guerre et Pluie», fait partie de ces livres qui s’attaquent à la guerre par le détail. Lecteur, tu n'y trouveras ni grands discours humanistes, ni prêches sur le sacrifice de soi au service d’une grande cause, mais la description précise et impitoyable de ce que la guerre, cette aberration, fait aux corps et aux âmes – et comment elle décide incidemment de la naissance d’un écrivain.', 'content' => '<p>L’écrivain narrateur de <em>Guerre et Pluie</em> n’a pas de chance: en pleine pandémie (toute ressemblance avec celle du Covid serait bien entendu purement fortuite…), le voici atteint d’une maladie auto-immune rare, le <i>pemphigus vulgaris</i>, qui affecte l’épiderme et la langue. Lui qui, trente ans plus tôt, a fui la Bosnie en guerre pour la France et adopté le français comme langue d’écriture, se retrouve isolé dans cet isolement généralisé.</p> <p>Que faire? Ce qu’il fait le mieux: observer, prendre des notes sur le mal. Une discipline, plus qu’une habitude pour cet homme dont l’expérience de soldat a précipité l’absolue nécessité d’écrire. Visites aux médecins, errances dans les hôpitaux, rencontres avec d’autres patients – ceux-ci sont souvent émouvants, dans leur déni comme dans leur résignation… Nous suivons l’écrivain exilé dans son parcours vers une possible guérison. Mais bientôt la description de ce que la maladie fait au corps se creuse d’un autre mal. C’est par la langue que notre homme avait cru pouvoir extirper la guerre de son corps? Délicieuse ironie: c’est par la maladie de ce même organe ulcéré que la guerre se rappelle à lui. Le narrateur l’admet, il s’est illusionné: «Nous n’avons pas le droit d’exiger de la littérature qu’elle nous aide à oublier. Elle est toujours, qu’on le veuille ou pas, essentiellement la mémoire. Et un combat qui n’en finit pas».</p> <p>Ce combat, il va le livrer une nouvelle fois, en affrontant les fantômes qu’il tenait enfouis au fond de cette boîte de Pandore refermée à la fin de l’année 1992, au moment de sa désertion. Mais pour ce faire, il doit renouer avec l’alcool, cet éternel allié de la violence décomplexée et de la survie dont il a tenté de se tenir éloigné durant toutes ces années. L’alcool, qui, bien souvent, divertit les soldats du suicide… à moins qu’il n’en soit une autre forme.</p> <p>Quand la guerre éclate au printemps 1992 dans l’ex-fédération de Yougoslavie, le jeune homme est admirateur de littérature américaine (Hemingway, bien entendu est au sommet de son Olympe des lettres) et animateur pour la radio locale. En voyant les premiers cadavres apparaître sur les écrans de télévision, il est d’abord sidéré. «Enfin, c’est stupide. Cette peur de la guerre. Je ne peux pas accepter que les Serbes sachent quelque chose que nous autres ne sachions pas», tente-t-il de se convaincre. Après la télévision, c’est la rivière Bosna qui se met elle aussi à charrier des morts. Viennent ensuite les premiers obus, et le corps de l’apprenti écrivain comprend enfin, avant même que sa conscience ne l’accepte, ce qui se passe: «douleur, diarrhée, solitude, peur». Autrement dit: la guerre a violemment pris possession de lui. Et ne va plus le lâcher.</p> <p>L’alcool – encore lui! – aidant, le jeune homme décide de s’enrôler. Entre la peur qui ne le quitte plus, ses entrailles qui le trahissent à la moindre alerte, son accoutrement ridicule, le rire ou la méfiance qu’il inspire aux autres soldats et l’absence d’organisation d’une armée bosniaque plus proche d’une version sanglante et psychotique des pieds nickelés que d’une troupe d’élite, comment le narrateur pourrait-il prendre le soldat qu’il est devenu au sérieux? <i>Tragi-comique</i> … L'adjectif revient souvent sous la plume de Velibor Čolić. Tout comme le nom de Chveik, ce soldat dépenaillé et parfaitement inutile inventé par l’écrivain tchèque Jaroslav Hašek. Cette figure grotesque, antipatriotique et anti-héroïque des tranchées, évoluant dans un monde en fureur, est le seul vrai compagnon d’armes que le narrateur se reconnait. C’est l’une des grandes réussites de ce roman, de pouvoir se tenir entre les deux gouffres du dérisoire et de l’insoutenable, dans la lignée des grandes œuvres satiriques qui ont osé ridiculiser la guerre. Au plus fort de la terreur et de scènes atroces, Čolić et son narrateur sont, en effet, capables de nous gratifier de formules ou observations aussi désespérées que drôles.</p> <p>Mais qu’on ne s’y trompe pas: ce regard, cet art d’équilibriste, sont une question de vie ou de mort. La guerre n’est pas une expérience qui laisse un quelconque répit au soldat. Elle est constamment là: autour de lui, en lui, à chaque instant. «La guerre est un énorme estomac qui avale tout», écrit Čolić. Ainsi, l’apprenti écrivain se retrouve-t-il dans la peau d’un Jonas englouti par la baleine qui se mettrait pour survivre à écrire son histoire sur les parois du ventre monstrueux. Son histoire est faite de détails atroces et d’insignifiances vertigineuses qui disent les corps des soldats pas encore blessés, pas encore morts, les maisons éventrées, le sort des animaux domestiques égarés, suppliciés, la nourriture infâme, les vêtements récupérés sur les morts, la crasse, l’ennui, le besoin de toucher un corps de femme, la solitude, toujours – immense, à rendre fou.</p> <p>Mais ce livre est aussi une entreprise généalogique, au sens où l’on découvre comment, pour devenir écrivain, le narrateur devient plus qu’un mauvais soldat: un véritable traitre. Il est celui qui, lorsqu’il ne joue pas le rôle de bouffon, se tient constamment en retrait du groupe, autant par son besoin d’observation que de solitude. De traitre, il devient déserteur – un non patriote, puis un exilé – un apatride… Dans tous les cas, et où qu’il soit, il est inadmissible, un objet de rejet et de méfiance. Car l’écrivain-déserteur ne sert aucune cause, il veut simplement sauver sa propre peau, son propre regard. Et c’est souvent celui du vaincu: «Tandis que les vainqueurs écrivent l’Histoire, les vaincus écrivent la littérature», considère le narrateur – et sans nul doute Čolić avec lui.</p> <p>Cependant, sa lucidité amusée et fataliste ne l’abandonne jamais. Ainsi, au sujet de ses notes regroupées dans ses carnets du front, il avance: «Je suis convaincu qu’un jour les gens les trouveront et qu’il les considèreront non pas comme un document historique, mais comme de la littérature.» Puis, quelques lignes plus loin: «Ces espoirs sont d’une folie touchante. Il n’y a rien de plus futile que de s’attendre à ce que les autres vous comprennent. L’humanité a toujours été une collection de petits, de grands et de plus grands ego». Une collection d’ego, oui. Et d’histoires de garçons morts.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713428283_41wing1bbcl._ac_uf10001000_ql80_.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="202" height="295" /></p> <h4>«Guerre et Pluie», Velibor Čolić, Editions Gallimard, 288 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'portrait-de-l-ecrivain-en-deserteur', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 144, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 13394, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4577, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Peindre le chaos: entretien avec la peintre Iris Terdjiman', 'subtitle' => 'Peintre à l'outrance assumée et imprégnée de littérature et de musique, Iris Terdjiman, née en 1984 à Montpellier, a présenté cet automne l’exposition «Ghost Track» à la galerie KBK de Bruxelles, puis, en mai 2024, la galerie Moto de Hall-in-Tirol en Autriche accueillera son exposition «Tzu Gezunt». Début 2024, une monographie de son travail «Chaos Canzone» paraîtra aux éditions Joie Panique. Entretien pour mieux approcher l'artiste et son œuvre.', 'subtitle_edition' => 'Peintre à l'outrance assumée et imprégnée de littérature et de musique, Iris Terdjiman, née en 1984 à Montpellier, a présenté cet automne l’exposition «Ghost Track» à la galerie KBK de Bruxelles, puis, en mai 2024, la galerie Moto de Hall-in-Tirol en Autriche accueillera son exposition «Tzu Gezunt». Début 2024, une monographie de son travail «Chaos Canzone» paraîtra aux éditions Joie Panique. Entretien pour mieux approcher l'artiste et son œuvre.', 'content' => '<p> «Les -ismes apparaissent, disparaissent, l’art seul demeure», écrivait Vladimir Nabokov. On ne peut que lui donner raison concernant la peinture d’Iris Terdjiman. Toute tentative d’affiliation à un mouvement tendrait à vouloir étriquer ce monde de profusion toujours au bord de l’éclatement, dont elle a, mi Virgile, mi Charon, ouvert les portes. Rien ne valant le regard d’un artiste sur son art, nous lui avons posé quelques questions sur les figures récurrentes de son travail, sa conception de la peinture, ses inspirations.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1699116674_img_4694.jpg" class="img-responsive img-fluid center " width="663" height="636" /></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Iris Terdjiman, «L'Evénement». © DR</em></h4> <p><strong>Olivia Resenterra</strong>: <strong>Lorsqu’on est en présence de vos toiles, la première fois, on est frappé par une impression de profusion anarchique. Je pense aux notamment aux coulures, aux liquéfactions omniprésentes, mais également aux corps écorchés qui rappellent les belles heures des planches anatomiques, ces squelettes enjoués tout droit échappés des danses macabres, cette surabondance de signes et symboles…</strong></p> <p><strong>Iris Terdjiman</strong>: Ces coulures sont là parce qu’elles sont inévitables. Une manière de dire l'impermanence et l'interpénétration des choses. La gravité aussi. Et la verticalité. Enfin le rapport au mur je veux dire. C'est une condition pour qu'il y ait peinture, cette verticalité. Pollock qui travaille pourtant à plat, ou Spoerri avec ses tableaux-pièges conçus horizontalement, redressent ensuite leur travail pour que celui-ci accède au statut de tableau. Ainsi, dans ma peinture, le feu ou une tête ou un mot peuvent «couler», et ce faisant, ce qui est sur le passage de la coulure va se désagréger, s'altérer. La coulure n'étant qu'à moitié maîtrisée, il y a le risque qu'elle traverse un visage ou autre… Ce hasard me plaît. C’est même assez jouissif. Ces coulures me permettent d'éviter à tout prix une trop grande <i>netteté globale</i> qui serait selon moi mensongère, angoissante, trop propre pour être honnête. Et puis, je pense aussi que ce sont des résurgences de ma culture <i>grunge</i>, <i>hardcore</i>, mais aussi d'un côté «brouillon» <i></i>qui m'a toujours caractérisée. </p> <p><strong>Le chaos aurait-il donc une vertu?</strong></p> <p>Oui, à la fois comme état originel, comme soupe primordiale, espace indifférencié, et aussi comme état plastique. Le mot origine se dit en allemand <i>Ursprung</i>, ça dit bien l'idée de jaillissement, de saut, d'un état tourbillonnant. Peut-être que peindre, c'est <i>sauter.</i></p> <p><strong>Comment savez-vous quand vous avez atteint le niveau de chaos souhaitable, de jaillissement supportable dans une toile?</strong></p> <p>Comme tout chaos, il est constitué d'affects très différents les uns des autres, réunis par une sorte de mouvement perpétuel. Cette confusion, ce désordre fait de calme et de tempêtes, ça se circonscrit dans le cadre du drap tendu. C'est assez jungien je m’en rends compte, là, cette obsession de la<i> complétude</i>, essayer de peindre un équilibre de joie et de souffrance. Un peintre (Mais qui? J'ai oublié son nom et le cherche depuis des années) disait: «on ne finit pas un tableau, simplement on l’abandonne». Il y a de ça… Il y a un moment où le mur ne veut plus rien. Et où on a fait tout ce qu'on pouvait à ce moment-là. On peut appeler ça un épuisement. D'un commun accord, la peinture et moi on décide que c'est plié, zou, au séchage.</p> <p><strong>Les mots, les écritures sont très présents dans vos toiles et certains écrivains sont d’ailleurs des figures centrales de votre série «Idols Asylum».</strong></p> <p>Oui c'est vrai... Des musiciens, des peintres, des cinéastes, et des écrivains. Kafka, Rimbaud, Nietzsche...</p> <p><strong>Pourquoi ne pas évoquer votre rapport à la littérature avec l’un de ces écrivains en particulier dont vous avez fait le portrait: l’américaine Flannery O’Connor? Quelle affinité ressentez-vous vis-à-vis d’elle, qui a tant insisté et plaidé en faveur de l’exagération, de l’outrance?</strong></p> <p>Ce qui m'a éblouie, avec l'œuvre de Flannery, c'est cette compossibilité de la cruauté, l'ultra-violence, et de ce qu'on peut appeler la grâce, une humanité absolue. Outrance, oui... Elle sature aussi pas mal, c'est vrai… Mais il faut cette exagération, je crois, si l'on veut se rapprocher vaguement du réel, qui reste d'une intensité, d'une puissance inégalable. On pourrait y voir une sorte de <i>nihilisme chrétien,</i> avec cette ambivalence violence/grâce, mais c'est plus riche que cela. Et puis j'adore son ironie, son absence de moraline...</p> <p><strong>Est-ce que ces propos d’O’Connor au sujet de la littérature pourraient correspondre à votre peinture: «l'histoire doit parler pour elle-même: j’entends par là qu’il faut se contenter de la présenter et la laisser vivre ensuite. Il s’agit de laisser son contenu s’exprimer lui-même»?</strong></p> <p>Ah ça,<b><i> </i></b><i>l'histoire qui parle pour elle-même</i>, la laisser vivre, ça me parle sacrément, oui! Je suis embêtée lorsqu'on me demande <i>pourquoi</i> je peins tel ou tel truc, ou ce que <i>ça veut dire… </i>Il n'y a pas d<i>'histoire </i>dans mes peintures, au sens où il n'y a rien à élucider, malgré l'apparence bavarde, ou encyclopédique de l'ensemble. S'il y a narration, alors elle est mobile, fluide, traversée des récits que le regardeur se fait face à la peinture.</p> <p><strong>Ce qui nous amène, il me semble, tout naturellement à la musique. Pour reprendre cette notion de mobilité dans votre peinture, est-ce qu’on pourrait la rapprocher du mouvement en musique, d'une forme de tempo?</strong></p> <p>Oui, à plusieurs niveaux je crois. J'ai grandi dans et avec la musique, car élevée par une mère chanteuse… Et mes peintures d'adolescence étaient très marquées par l'influence de Klee, Rothko, Malevitch, ce rythme, justement. La vibration, les variations, le temps déplié/replié… Et il y a le fait de travailler en musique, la danse face au mur… Une de mes dernières expositions à Bruxelles s'intitulait «Hardcore Psalmoï», manière de dire comme il y a aussi une dimension disons sacrée ou mystique dans l'élan de ces musiques, qui aident à faire le <i>saut de peindre,</i> en tous cas pour moi. Je partage ma vie avec Christophe Guiraud, qui écrit de la musique contemporaine mais qui vient de la <i>noise</i> extrême, et du punk. Alors, évidemment, on retrouve des partitions spectrales dans mes peintures, où j'imite son écriture… Une amoureuse des glyphes comme moi ne peut qu'être exaltée par ce travail de scribe! Il y a dans sa musique une forme d'indécidabilité, d'indiscernable, un déploiement de strates, de transitions, et aussi une recherche de l’éclat. En cela nos pratiques, nos préoccupations disons, sont très similaires.</p> <hr /> <p><a href="https://www.iristerdjiman.eu" target="_blank" rel="noopener">Iris Terdjiman</a> commence à exposer ses premiers travaux de peinture dès l’âge de dix-sept ans. Par la suite, elle se forme en philosophie de l’art à l’université et enseigne les arts plastiques pendant sept ans en Zone Education Prioritaire dans la région parisienne. Parallèlement, durant cette période, elle mène une activité de plasticienne vidéaste. En 2015, elle revient à la peinture et décide de s’y consacrer entièrement. Depuis, expositions personnelles et collectives se succèdent en France, Italie et Belgique. Elle est la fondatrice, avec le compositeur Christophe Guiraud, de UNEARTH, un laboratoire de création pluri-disciplinaire. Poésie et philosophie accompagneront son prochain livre.</p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'peindre-le-chaos-entretien-avec-la-peintre-iris-terdjiman', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 210, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 13394, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4554, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Wokisme, les territoires perdus de la pensée', 'subtitle' => 'Dans son ouvrage «En finir avec le wokisme», la journaliste et écrivain Sylvie Perez retrace de manière rigoureusement documentée l’origine et les étapes de la propagation du mouvement woke au sein du monde anglo-saxon. Elle y livre également une chronique passionnante de la courageuse contre-offensive intellectuelle qui s’est organisée depuis quelques années face à cette nouvelle forme d’obscurantisme afin de reconquérir les territoires perdus de la pensée.', 'subtitle_edition' => 'Dans son ouvrage «En finir avec le wokisme», la journaliste et écrivain Sylvie Perez retrace de manière documentée l’origine et les étapes de la propagation du mouvement woke au sein du monde anglo-saxon. Elle y livre également une chronique passionnante de la courageuse contre-offensive intellectuelle qui s’est organisée depuis quelques années face à cette nouvelle forme d’obscurantisme afin de reconquérir les territoires perdus de la pensée.', 'content' => '<p>En 2020, le musée archéologique de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, fit l’objet d’une plainte signée par 200 étudiants et professeurs au motif que ses plâtres étaient trop blancs. L’honorable université se voyait ainsi accusée de participer au racisme systémique de l’Occident moderne. Que croyez-vous qu’il advint? La réponse du département incriminé ne se fit point attendre: il s’engagea, après avoir reçu la pétition des offensés, à mener un plan d’action en 13 points contre l’absence honteuse de diversité dans la sculpture gréco-romaine. Les Monty Pythons n’auraient pas pu imaginer histoire plus grotesque, et pourtant, cette anecdote est bien réelle – une parmi tant d’autres, judicieusement choisie par Sylvie Perez.</p> <p>La grande «chance» du wokisme, souligne l’essayiste, est «qu’on le prend à la légère; on en sous-estime le sérieux, faute d’en mesurer les implications et le potentiel révolutionnaire». Ce ridicule sidérant s’accompagne, par ailleurs, d’un caractère protéiforme qui le rend difficile à circonscrire. «Régulièrement, s’ouvrent de nouveaux fronts assortis de revendications auxquelles ont ne s’attendait pas tant elles heurtent le bon sens», précise encore Sylvie Perez. Lecteur, te voici prévenu: passé l’incrédulité, tu pénètres bel et bien sur un champ de bataille.</p> <p>Le mot «woke» est né les années 30 aux Etat-Unis, dans le milieu des chanteurs de blues noirs. «To be awoken», devenu «woke», signifiait «être éveillé», rester vigilants face à la ségrégation raciale bien réelle de l’époque. A la fin du XXème et début du XXIème siècles, le mot est devenu un mode de pensée qui s’est non seulement propagé à une allure folle dans les universités américaines, mais a également traversé l’Atlantique pour gagner le Royaume-Uni et l’Europe.</p> <p>Le «wokisme» (terme que ses partisans récusent) s’immisce dans toutes les sphères de la pensée et de la société pour devenir une nouvelle forme de terrorisme intellectuel. Ancré dans le politiquement correct le plus intransigeant, il veut dominer au nom de minorités qu’il prétend défendre (les femmes, les homosexuels, les trans, les groupes ethniques, etc.). En toute logique totalitaire, son but est de restreindre la liberté d’expression de ceux qui croient encore aux vertus du débat rationnel plutôt qu’au règne des affects infantilisants. On l’aura compris, le wokisme ne tolère pas d’opposant: tout contestataire est un ennemi à abattre dont on va sonder la conscience au motif que l’on ne se sent pas respecté. Ou quand le respect, devenu un succédané de la course à la victimisation, exécute le principe même de tolérance…</p> <p>Sans jamais se départir d’un humour délicieusement <i>deadpan</i> typiquement britannique, Sylvie Perez répertorie de manière édifiante les procédés et les instruments utilisés par les militants wokes aux Etats-Unis, Royaune-Uni et en France pour prendre le pouvoir au sein des universités et des écoles, mais aussi la fonction publique, la santé, la politique, le sport, etc. La liste est longue, éloquente. Le climat est celui d’une terreur généralisée où des conférences sont frappées d’interdiction (<i>cancelled</i>), des intervenants menacés physiquement, des professeurs tenus de démissionner, des scientifiques harcelés, des lois instrumentalisées au profit de <i>zones grises</i> de restriction de la liberté d’expression et d’un encouragement à la délation. La langue elle-même est purgée par des rituels politico-linguistiques. Le «wokish», ce nouveau sabir, remise sans hésiter la biologie aux oubliettes en renommant l’anus «vagin universel» par souci d’inclusion des transgenres, bien entendu. Sans oublier les offres de <i>consulting </i>spécialisé dans la rééducation à la diversité, qui confond allègrement égalité et égalitarisme. Car le wokisme est un business florissant, avec ses experts autoproclamés, champions de la culpabilité pour tous et de la notion de «préjugés inconscients» pour chacun, qui savent habilement monnayer leurs interventions auprès des entreprises et des institutions de l’Etat, toutes fort soucieuses de montrer pattes blanches en termes de politiquement correct.</p> <p>Pour autant, la démarche de Sylvie Perez ne se résume pas à dresser un état des lieux, certes désolant, de la lâcheté et du cynisme ordinaires face à ce totalitarisme des temps modernes. Son livre va plus loin en retraçant les initiatives les plus éclairantes de la résistance anglo-saxonne désormais à l’avant-garde d’une lutte qui devrait être celle de tous les défenseurs de la liberté d’expression. Certains de ces combattants prêts à monter sur le ring pour débattre là où les wokes ne pensent qu’à faire taire leurs opposants, sont devenus des <i>super stars</i> médiatiques à l’instar du docteur en psychologie Jordan Peterson, de l’explosive féministe Camille Paglia, ou bien de l’intellectuel polémiste Douglas Murray. Mais <em>En finir avec le wokisme</em> rend également justice aux initiatives d’individus moins flamboyants. Ceux-ci ont dû trouver des alliés, constituer eux-mêmes des coalitions de défense et de ripostes, élaborer des outils efficaces pour contre-carrer une machinerie de condamnation morale et sociale woke bien huilée. Sylvie Perez est allée à leur rencontre, les a interrogés. En prenant connaissance de leurs histoires, on mesure la solitude et le courage de ces résistants qui ont souvent risqué leur réputation, leur carrière, leur sécurité comme celle de leur famille – voire tout à la fois, en se jetant dans cette bataille sans pitié.</p> <p>On referme <em>En finir avec le wokisme</em> avec à la fois un sentiment de frayeur face à l’ampleur des dégâts (intellectuels, sanitaires, politiques…) et d’admiration à l’égard de ceux qui ont refusé de se plier aux menaces de cette nouvelle forme d’inquisition. «L’ère post-woke est devant nous», annonce Sylvie Perez à la lumière de ce qui se passe outre-Atlantique et au Royaume-Uni, curieuse de ce que la France sera capable elle-aussi de répliquer pour défendre les fondements même de notre liberté de penser. Serons-nous à la hauteur de ce qu’enseigne l’histoire de la lutte contre l’obscurantisme? Cette histoire qui représente «un trésor pour toujours plutôt qu’une production d’apparat pour un auditoire du moment», écrivait Thucydide dans son <i>Histoire de la guerre du Péloponnèse. </i>C’était au Vème siècle avant notre ère.</p> <hr /> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1698220063_9782204133838.png" class="img-responsive img-fluid left " width="200" height="311" /></p> <h4>«En finir avec le wokisme», Sylvie Perez, Editions du Cerf, 366 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'wokisme-les-territoires-perdus-de-la-pensee', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 333, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 13394, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 9687, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Apsley_House_(12459900864).jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 247180, 'md5' => '13794f1eefb3452d6ca8e15afbed73bb', 'width' => (int) 1024, 'height' => (int) 768, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Apsley House.', 'author' => '', 'copyright' => '© Garry Knight', 'path' => '1667666501_apsley_house_12459900864.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' }, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 9688, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Goya_Equestrian_Portrait_of_the_1st_Duke_of_Wellington.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 29310, 'md5' => '3fe32b92e120e46f01f5438e416701bd', 'width' => (int) 465, 'height' => (int) 352, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Portrait équestre du Duc de Wellington par Goya (détail).', 'author' => '', 'copyright' => '', 'path' => '1667666523_goya_equestrian_portrait_of_the_1st_duke_of_wellington.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [] $author = 'Olivia Resenterra ' $description = 'Situé au numéro 149 de Picadilly, à l’un des points d’intersection les plus animés de Londres, Apsley House est un bâtiment qui a l’air de se demander ce qu’il fait encore là. Erigé au XVIIIème siècle, il marquait alors à lui seul le commencement de la cité de Londres, quand depuis Hyde Park on pouvait encore distinguer les verdoyantes collines du Kent et du Surrey.' $title = 'Trésors d’Apsley House: le mors et le dentier' $crawler = true $connected = null $menu_blocks = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 56, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => '#Trends', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_tags', 'extern_url' => null, 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'posts' => [[maximum depth reached]], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) { 'id' => (int) 55, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'active' => true, 'name' => 'Les plus lus cette semaine', 'subtitle' => null, 'description' => null, 'color' => null, 'order' => null, 'position' => null, 'type' => 'menu', 'slug' => 'menu_highlight', 'extern_url' => null, 'tags' => [[maximum depth reached]], 'posts' => [ [maximum depth reached] ], '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Blocks' } ] $menu = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 2, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'A vif', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 4, 'description' => 'Lorsque nos auteurs ont envie de réagir sur le vif à un événement, des concerts aux disparitions célèbres, ils confient leurs écrits à la rubrique "A vif", afin que ceux-ci soient publiés dans l’instant.', 'slug' => 'a-vif', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 3, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Chronique', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => '<p>La réputation des chroniqueurs de Bon pour la tête n’est plus à faire: Tout va bien, Le billet du Vaurien, la chronique de JLK, ou encore Migraine et In#actuel, il y en a pour tous les goûts!</p>', 'slug' => 'chroniques', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 4, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Lu ailleurs', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 5, 'description' => 'Pourquoi ne pas mettre en avant nos collègues lorsque l'on est sensibles à leur travail? Dans la rubrique « Lu ailleurs » vous trouverez des reprises choisies par la rédaction et remaniées façon BPLT.', 'slug' => 'ailleurs', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 5, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Actuel', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 1, 'description' => 'Bon pour la tête n’a pas vocation à être un site d’actualité à proprement parler, car son équipe prend le temps et le recul nécessaire pour réagir à l’information.', 'slug' => 'actuel', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 6, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Culture', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'culture', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 7, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Vos lettres', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 6, 'description' => 'Bon pour la tête donne la parole à ses lecteurs, qu’ils aient envie de partager leur avis, pousser un coup de gueule ou contribuer à la palette diversifiée d’articles publiés. A vous de jouer!', 'slug' => 'vos-lettres-a-bon-pour-la-tete', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 8, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Analyse', 'menu' => true, 'menu_order' => (int) 3, 'description' => '', 'slug' => 'analyse', 'attachment_id' => '0', 'lft' => null, 'rght' => null, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 10, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Science', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'sciences', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 1, 'rght' => (int) 2, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 11, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Histoire', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'histoire', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 3, 'rght' => (int) 4, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 12, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Humour', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'humour', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 5, 'rght' => (int) 6, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 13, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Débat', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'debat', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 7, 'rght' => (int) 8, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 14, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Opinion', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'opinion', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 9, 'rght' => (int) 10, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' }, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) { 'id' => (int) 15, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Reportage', 'menu' => true, 'menu_order' => null, 'description' => '', 'slug' => 'reportage', 'attachment_id' => '0', 'lft' => (int) 11, 'rght' => (int) 12, 'parent_id' => null, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Categories' } ] $tag = object(App\Model\Entity\Tag) { 'id' => (int) 502, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'Royaume-Uni', 'slug' => 'royaume-uni', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Tags' } $edition = object(App\Model\Entity\Edition) { 'id' => (int) 88, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'num' => (int) 87, 'active' => true, 'title' => 'Edition 87', 'header' => null, '_joinData' => object(App\Model\Entity\EditionsPost) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Editions' }include - APP/Template/Posts/view.ctp, line 147 Cake\View\View::_evaluate() - CORE/src/View/View.php, line 1435 Cake\View\View::_render() - CORE/src/View/View.php, line 1393 Cake\View\View::render() - CORE/src/View/View.php, line 892 Cake\Controller\Controller::render() - CORE/src/Controller/Controller.php, line 791 Cake\Http\ActionDispatcher::_invoke() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 126 Cake\Http\ActionDispatcher::dispatch() - CORE/src/Http/ActionDispatcher.php, line 94 Cake\Http\BaseApplication::__invoke() - CORE/src/Http/BaseApplication.php, line 256 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 App\Middleware\IpMatchMiddleware::__invoke() - APP/Middleware/IpMatchMiddleware.php, line 28 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\RoutingMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/RoutingMiddleware.php, line 164 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cors\Routing\Middleware\CorsMiddleware::__invoke() - ROOT/vendor/ozee31/cakephp-cors/src/Routing/Middleware/CorsMiddleware.php, line 32 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65 Cake\Routing\Middleware\AssetMiddleware::__invoke() - CORE/src/Routing/Middleware/AssetMiddleware.php, line 88 Cake\Http\Runner::__invoke() - CORE/src/Http/Runner.php, line 65
Warning: file_put_contents(/data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/logs/debug.log) [function.file-put-contents]: failed to open stream: Permission denied in /data01/sites/bonpourlatete.com/dev/bonpourlatete.com/vendor/cakephp/cakephp/src/Log/Engine/FileLog.php on line 133
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire