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A vif

A vif / Non, le PLR n’est pas «conservateur» parce que pro-nucléaire…


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Lors de son congrès du 12 février dernier, le Parti libéral-radical (PLR) a décidé de soutenir le recours à des centrales nucléaires de nouvelle génération. Au 19h30 du même jour, la correspondante de la RTS, qui était présente au Congrès, a conclu son reportage en affirmant que les délégués du PLR confirmaient ainsi la ligne «conservatrice» prise par le nouveau président Thierry Burkart. Ne pas se fermer aux évolutions technologiques de l’énergie nucléaire, ce serait donc conservateur! Mais encore…



On le sait, la question d’une pénurie d’électricité en Suisse à moyen terme se pose. Le conseiller fédéral Guy Parmelin avait surpris plus d’un, en octobre dernier, en communiquant sur le fait que l’approvisionnement énergétique du pays pourrait manquer dès 2025. Certaines personnalités du PLR s’étaient illustrées ces derniers mois dans le débat public en se disant ouvertes au nucléaire de nouvelle génération, ayant l’avantage d’être une énergie indigène neutre en C02. Réuni en assemblée à Montreux le samedi 12 février, le parti bourgeois a adopté, à un score quasi soviétique (247 «oui» contre 9 «non» et 4 abstentions), une résolution visant à ne pas fermer la construction de nouvelles centrales. Celle-ci, selon le papier de position ayant résulté d’une riche discussion parmi les membres, ne doit cependant être envisagée qu’en dernier recours.

Un jugement de valeur plus qu’une analyse politique

Cela, le président du PLR Thierry Burkhart l’a résumé au micro de la RTS: «Le PLR n’a jamais demandé de construire immédiatement une nouvelle centrale. Par contre, nous avons toujours dit que nous voulions rester ouverts aux nouvelles technologies, aux évolutions et innovations du futur. Et s’il y a un jour un besoin, alors on doit pouvoir reparler du nucléaire.» Mais quel n’a pas été le qualificatif utilisé par l’audiovisuel public pour résumer cette position: «Pour le nouveau président du parti Thierry Burkhart, le test est réussi: la décision du jour montre que la base est prête à le suivre sur sa ligne plus conservatrice.» Si «conservateur» est bien, comme on l’entend habituellement, un adjectif qui s’oppose à «libéral» ou «progressiste», en quoi le fait de se montrer favorable au progrès technologique, qui plus est en spécifiant des garde-fous, serait-il conservateur? Ne serait-ce pas au contraire tout ce qu’il y a de plus progressiste, de plus libéral?

Même à supposer que la journaliste ait voulu dire par-là que le parti souhaite revenir sur la volonté du peuple suisse de stopper la construction de nouvelles centrales, ce «changement de ligne» (dans l’hypothèse où c’en est un) n’a justement rien de conservateur, puisque, précisément, c’est une rupture, due aux mutations du réel. On a comme l’impression que ce mot a été brandi non par souci de précision dans la description de l’actualité politique, mais par réflexe. Le nucléaire, en somme, ce serait le vieux monde, alors inutile de s’embarrasser de nuances. Quand on ne pense pas, on prend les premiers qualificatifs qui viennent.

Et l’affaire est sans doute encore plus simple que ça. Qualifier une prise de position, quelle qu’elle soit, de conservatrice, c’est devenu une manière, consciente ou inconsciente, de dénigrer la prise de position en question. Le raisonnement sous-jacent étant: soutenir l’innovation de la technologie nucléaire, c’est «con», or être «con», en politique, c’est être «conservateur», donc le soutien à l’innovation de la technologie nucléaire est une position conservatrice. De la même façon, selon certaines personnes de gauche, ne pas penser comme elles, c’est être «d’extrême droite». Ou ne pas penser comme la majorité des universitaires d’un domaine en particulier, c’est être «controversé». Bonjour la réflexion!

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

5 Commentaires

@Latombe 18.02.2022 | 10h20

«Bien sûr qu'on peut toujours penser que les journalistes ont tendance à sur interpréter des événements comme le congrès du parti radical, c'est d'ailleurs un peu leur métier puisqu'il faut vendre un journal. Mais dans le cas présent il est difficile de contester le fait que le virage vert du parti radical porté par Petra Gössi n'a pas produit d'effet visible hors son éjection du poste de présidente...
Le PLR reste donc fondamentalement conservateur dans la mesure où il croit encore que la filière nucléaire peut être une solution d'avenir. Si on considère le soleil comme une gigantesque centrale nucléaire je suis aussi pro-nucléaire, pour le reste je constate qu’il n’y a eu aucun saut qualitatif en technologie depuis 1954: utiliser la chaleur de barres de combustible pour faire bouillir un liquide dont la vapeur fait tourner une turbine qui génère du courant électrique et les EPR de Macron ne changeront rien à l’usage de la fission nucléaire génératrice de déchets toujours actuellement ingérables.
On pourrait chipoter sur des projets frôlant la science-fiction utilisant la fusion nucléaire comme la centrale expérimentale ITER qui ne produira aucun Kwh commercialisable et dont les résultats ne sont pas attendus avant 2035.
En attendant comptons plutôt sur le solaire (merci la fusion nucléaire) qui ne produit que des déchets gérables à l’échelle d’une génération et qui offre le très gros avantage d’ ne production à la fois locale et intéressante à mettre en réseaux.
Bref si ceux qui sont attachés à la famille libérale veulent un virage vert, il existe un parti : les verts libéraux !
»


@simone 19.02.2022 | 11h21

«Merci de cet excellent article et en particulier merci des deux dernières phrases
Suzette Sandoz»


@vladm 22.02.2022 | 14h59

«Autant il est juste de poser la question du maintien du nucléaire comme énergie de transition et pour limiter les émissions de carbone, qui font peser un poids très lourd sur l'avenir de plusieurs régions du globe (chaleur insupportable plusieurs mois par année, hausse du niveau des mers et donc disparition de régions, pays et villes), on est bien obligé de constater que le PLR est fondamentalement con-servateur !
L'énergie la moins chère est celle que l'on ne consomme pas, puis vient ensuite celle que l'on produit mieux.
Le moins que l'on peut dire est que l'on entend pas beaucoup le PLR se profiler sur cet aspect là de la transition énergétique, des voitures moins grosses, des maisons mieux isolées, limiter le transport aérien, une meilleure prise en compte des énergies grises qui nous sont nécessaires (env. le triple des émissions des suisses se font à l'étranger avec ce cous importons et consommons) etc.
Dans ce sens, le nucléaire n'est qu'un emplâtre sur une jambe de bois, si on ne le met pas en parallèle avec un effort très ciblé pour réduire la consommation d'énergie, en priorité celle qui émet du CO2. Il faut d'ailleurs rappeler que le nucléaire est loin d'être zéro carbone, parce que l'ensemble du cycle de vie nécessite des quantités importantes d'énergie fossile, que ce soit pour extraire et purifier l'Uranium, pour construire et démanteler une centrale, puis pour traiter toutes ces cochonneries qui en sortent !
Le PLR reste dans la ligne mainstream économique, qui prône la croissance, sans réaliser - ou vouloir (pouvoir ?) comprendre - que nous sommes au début d'un changement de paradigme, qui sera décidé avec des contraintes fortes, ou imposé par des drames économiques et humains, par les contraintes de finitude de notre planète, plusieurs pics de production sont dépassés ou sur le point de l'être (pétrole conventionnel, fer, etc.)
Donc oui, con-servateur n'est pas un com-pliment...»


@ctolusso 23.02.2022 | 13h15

«Une centrale nucléaire émet du CO2 lors des essais normaux et périodiques des groupes électrogènes de secours.
L’extraction, le transport et une partie du traitement de l’uranium pour en faire du combustible nucléaire se font avec des engins et des installations qui émettent du CO2.
La «guerre mondiale africaine» pour l’accaparement des ressources minières de l’Afrique sahélienne et centrale émet aussi du CO2.
Le transport du combustible nucléaire de son lieu de production jusqu’à la centrale qui l’utilisera se fait avec des véhicules qui émettent du CO2.
Le transport du combustible nucléaire une fois irradié vers son lieu de retraitement et/ou son lieu de stockage se fait aussi avec des véhicules émettant du CO2.
Le retraitement du combustible nucléaire irradié pour en extraire le plutonium génère d’énormes déversements d’effluents radioactifs liquides dans La Manche et en Mer d’Irlande.
Le plutonium extrait du combustible nucléaire irradié sert avant tout à produire des bombes atomiques financées par les consommateurs d’électricité.
Il n'est pas impossible d'arriver à construire une nouvelle centrale nucléaire en Europe, mais son coût serait tel que l’électricité qu’elle produirait ne serait pas concurrentielle par rapport à l’électricité photovoltaïque.
Il est par contre parfaitement possible d’investir dans le photovoltaïque et l’optimisation de la consommation pour éviter la pénurie que d’aucuns nous prédisent.
Je suis convaincu que les producteurs d’électricité dont nos villes et nos cantons sont les propriétaires peuvent faire preuve d’esprit de décision et de détermination pour s’orienter vers un avenir renouvelable.»


@rogeroge 15.03.2022 | 12h22

«E
Comme Suzette Sandoz, je trouve excellente cette analyse qui conteste les apriori, de tous bords d'ailleurs. Bravo.
Roger Bornand»


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