Analyse / La saga Bertil Galland, un moment d’histoire
En 1976, voguant vers l’île de San Giulio, sur le lac italien d'Orta: de gauche à droite, Bertil Galland, Patrick Ayrton, Maurice Chappaz, Betty Galland, Corinna Bille et Georges Borgeaud. © Marcel Imsand
Il n’y a pas un livre, pas un autre film pour dire aussi bien la seconde moitié du 20e siècle en Suisse romande. A travers la littérature et le journalisme. L’illustration d’un destin personnel hors du commun. Mais aussi de ce que peut produire de meilleur ce bout de pays. «La Saga Bertil Galland» de Frédéric Gonseth et Catherine Azad est à voir absolument. Sur RTS 2 à 22h30, le 31 octobre, et en replay.
Retracer ainsi la vie d’un tel homme, avec des archives, des photos, des textes, des témoignages jusqu’aux plus intimes, et faire percevoir aussi tout ce qu’il a apporté aux Romands, c’est le tour de force de Frédéric Gonseth et Catherine Azad. Documentaristes de haut vol, connus de longue date.
Editeur, journaliste, écrivain, Galland a pratiqué tous ses métiers avec une force et un talent incomparables. Avec une différence. Très tôt il ne se contentait pas de bien faire les choses, il cherchait à amener les autres, ses amis, sur le terrain de la créativité, à leur permettre de se faire connaître, à les encourager, à les inviter à se rencontrer. La séquence sur les rendez-vous qu’il donnait sur le lac piémontais d’Orta dit cela avec finesse. Oser la fête, disaient-ils. Maurice Chappaz, Corinna Bille, Grobéty, Anne Cuneo, Alexandre Voisard, et d’autres. Jacques Chessex aussi qui avait peur de monter dans la barque vers la petite île italienne et préféra les rivages de la Seine. C’est en ce lieu poétique que Galland lança sa propre maison d'édition après s’être séparé des Cahiers de la Renaissance vaudoise, ne supportant plus la pudibonderie de son ami et mentor de jeunesse Marcel Regamey. Là aussi qu’il mit fin à l’entreprise, laissant à d’autres le soin de prendre le relais. A chaque fois sous l’œil du photographe Marcel Imsand, captant sourires et bouderies. Mais cette image, une littérature romande qui vibre à travers les talents de tous cantons réunis, cette esquisse de réalité s’est aujourd’hui estompée. Chacun cultive sa chapelle.
Une épopée
On ne peut tout raconter. Cette vie est une épopée. Qu’il soit permis à son confrère de le saluer. Là encore, dans les rédactions, il ne ressemblait pas aux autres. Parce qu’il porta le grand reportage au sommet, dans une approche du monde follement attentive et libre, des Etats-Unis à la Chine, de la Scandinavie au Vietnam, sans parler de ses pérégrinations à travers toute la Suisse. Pas comme les autres non plus parce qu’il cherchait, au-delà de sa propre voie, l’élan du groupe. Au Nouveau Quotidien, l’aîné, la star, devant les jeunets ébahis, démarrait sur les sujets les plus prosaïques comme sur les plus universels. Savourant les vives discussions autour de la table de rédaction. Son regard, son talent contaminaient peu ou prou la bande.
Aujourd’hui, Bertil arpente les collines de la Bourgogne. Avec sa femme Betty ou souvent seul. Mais regardez sa silhouette, un peu voûtée, les pas appliqués, et la tête penchée en avant, comme à l’affût, prête à la surprise, à l’émerveillement. Devant un bout de paysage, un tronc, quelques herbes. Il trimballe un poète avec lui.
Alors, où tant de prêcheurs de tous bords se gargarisent à la soupe de leur ego, on se régale à le voir et à l’entendre, ce voyageur étonné, ce digne ami du grand Nicolas Bouvier.
Ignoré par les ministres
Galland qui a tant fait pour mettre en valeur, aider concrètement les plumes de ce pays n’a pas été honoré comme il aurait dû l’être. Un signe? Aucun des ministres de la culture et leurs sbires n’ont jugé utile d’assister aux nombreuses projections du film en sa présence. Aucun n’a profité de l’occasion pour lui dire simplement merci. Pourquoi? Peut-être parce qu’il a donné encore récemment quelques coups de griffes (à propos de la réduction de moitié du Grand prix vaudois de la culture dont il avait eu l’initiative). Peut-être aussi parce que la politique politicienne barbote plus bas, bêtement divisée entre ses frontières cantonales, aveuglée par l’électoralisme. Peu importe. L’Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud (douze volumes!) reste un monument. Et la collection qu’il a lancée sur le Le Savoir suisse poursuit sa route.
S’il y a quelqu’un qui ne se morfond pas dans la nostalgie, c’est bien lui, pas plus en sa 90e année qu’hier; s’il y a un vieux monsieur qui ne parle guère de sa santé, c’est lui. Que celle-ci lui permette cependant de regarder longtemps encore les couleurs changeantes des arbres, devant son village ou sur le quai de Vevey, toujours en marche, avec ou sans bâton. On le devine frémissant d’envies nouvelles, d’indignations et d’enthousiasmes. Quiconque a eu la chance de le connaître, ou de le lire, ou de voir ce film, ne peut que lui dire à bientôt. On a besoin de toi, Bertil.
«La Saga Bertil Galland», un film de Frédéric Gonseth et Catherine Azad.
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Il va jusqu’à promettre une ambassade à Jérusalem… où l’on n’est guère convaincu par ce nouvel allié proclamé. Ses seuls ennemis, dit-il, ce sont l’Iran et le Hezbollah. Et n’a pas un mot quant aux bombes israéliennes qui pleuvent sur son territoire ni sur la présence de Tsahal aux portes de Damas. Silence aussi devant les exactions et les assassinats commis par ses partisans, rapportés sur le net, image à l’appui. En outre, il est prévu de mijoter une nouvelle constitution. La «République arabe syrienne» devrait s’appeler «Etat islamique de Syrie».</p> <p>On peut comprendre la satisfaction des Américains et des Européens voyant que la Russie et l’Iran sont bannis des lieux. Mais comment peuvent-ils peindre ainsi en rose la nouvelle situation? Sans penser aux désastreux précédents de l’Irak, de la Libye?</p> <p>En fait, ce n’est pas totalement surprenant. Lorsque la guerre civile fut déclenchée en 2011, ce sont les mêmes forces islamistes qui prirent très tôt le relais des manifestants qui réclamaient la démocratie, brutalisés par la police d’Assad. Elles furent soutenues aveuglément, des années durant, par plusieurs pays arabes et européens. Ce fut atroce. Un demi-million de morts, dit-on. Sous le double feu du dictateur criminel, certes, et celui des insurgés barbus. Des dizaines de millions d’exilés fuyant la fureur des uns et des autres.</p> <p>N’entrons pas ici dans les spéculations sur l’avenir, sur les desseins des puissances qui, de fait, s’emparent du pays, qui s’agitent au fil de leurs ambitions géopolitiques et économiques. Sans parler du pétrole, exploité par les Américains sur la partie kurde… Qu’il nous soit permis d’évoquer plutôt un souvenir. Cinq ans avant la guerre, un voyage inoubliable en Syrie. Un prêtre nous faisait visiter Alep, tous les quartiers, animés et relativement prospères. Nous parlions avec tous. 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Des contingents étrangers sont sur place, notamment avec environ 1000 soldats français. </p> <p>Alors évidemment Georgescu est un gêneur. Il ne veut pas quitter l’OTAN, mais considère que l’intérêt de la Roumanie, c’est l’arrêt au plus vite de la guerre. Ce qui lui vaut aussitôt chez nous l’étiquette de pro-russe. Il s’oppose aussi à une dépense prévue de 6,5 milliards de dollars pour l’achat d’une flotte de FA-35 dans un pays où le quart de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. On voit dès lors qui veut sa peau, au-delà des appareils politiques locaux accrochés à leurs pouvoirs et leurs privilèges. </p> <p>L’impertinent aggrave encore son cas avec sa revendication d’un meilleur contrôle et d’une plus forte imposition des sociétés internationales (notamment américaines, françaises, autrichiennes, kazakhs, émiratis... et russes) qui exploitent les considérables ressources minières de la Roumanie, pétrole et gaz en tête. 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Et aussi des manies, il est vrai, une fixation sur l’affreux Davos, le redoutable Soros. Un penchant religieux aussi et même mystique. Grand défenseur de la famille traditionnelle, mais pas opposé à l’avortement et aux couples homosexuels. Attentif, et c’est rare, aux minorités, tels les Hongrois sur sol roumain ou les Roms. Ses refrains préférés tournent autour de la défense du peuple roumain, du rassemblement de tous, du redressement d’un pays resté pauvre malgré de réels progrès économiques aux bénéfices trop inégalement répartis. On apprécie ou pas le bonhomme, mais pas de quoi le maudire… ou l’enfermer, ou l’exiler comme en rêvent les plus exaltés de ses adversaires. Certains sont allés jusqu’à couper l’eau et l’électricité de son domicile. A quoi Georgescu réagit avec le sourire et rassure, il restera sur internet et le débat, le combat continueront. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Eggi 29.10.2021 | 23h03
«C'est en lisant son ouvrage "Destins d'ici", il y a quelques mois, que je me suis rappelé ce journaliste doué de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien, que j'avais un peu perdu de vue, comme beaucoup de Suisses romands certainement. Cette lecture a été une telle révélation que j'ai retrouvé dans ma bibliothèque un autre de ses bouquins dans la série des livres rouges de la Fondation Jean Monnet, consacré au nord de l'Europe, pour le dévorer avec passion lui aussi. Je me réjouis donc comme un fou de déguster le film tourné en son honneur, avant de reprendre la lecture d'autres de ses œuvres.»