La vape est un substitut efficace pour se sevrer du tabac. © Unsplash
Selon le Baromètre Santé 2017, publié en 2019 par Santé Publique France, la vape est le recours le plus fréquent utilisé par les fumeurs qui désirent arrêter la cigarette. On y apprend notamment que dans notre pays, « les vapoteurs âgés de 18 à 75 ans ont quasiment déjà tous une expérience avec le tabac : parmi les vapoteurs quotidiens, 49,5 % sont d’anciens fumeurs et moins de 1 % n’ont jamais fumé ».
Philippe Arvers, Université Grenoble Alpes (UGA)
En outre, un nombre très conséquent d’entre eux (76,3 %) déclarent que l’e‐cigarette les a aidés à arrêter de fumer. Si 8,6 % de ceux qui y ont eu recours l’ont utilisé en combinaison avec d’autres substituts, 67,8 % ont réussi à se sevrer du tabac sans autre aide.
La cigarette électronique semble donc rencontrer un franc succès auprès des Français. Ce qui n’empêche pas certaines interrogations : la vape, qui séduit également les jeunes, pourrait-elle les inciter à passer au tabac ? Peut-on vapoter quand on est enceinte ? Et plus largement, la vape présente-t-elle des risques ?
Quelle est la position des autorités de santé sur la vape ?
Si les recommandations de la Haute Autorité de Santé en matière de sevrage tabagique, mises en ligne en 2006, n’ont pas été actualisées depuis 2010, les sociétés savantes ont évolué quant à la place de la vape dans le sevrage tabagique.
Ainsi, en 2018, la Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR) a précisé que
« l’usage de la cigarette électronique, alors que la population des fumeurs et ex-fumeurs qui y a recours ne cesse d’augmenter, doit être considéré par les médecins anesthésistes-réanimateurs comme une aide très positive en période préopératoire, cette dernière étant bien identifiée comme très favorable à la décision d’arrêt du tabac».
Dans le cadre du mois sans tabac 2019, la Société francophone de tabacologie (SFT) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF) ont publié un communiqué de presse commun. On pouvait notamment y lire que
« La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Elle doit dans ce cas être utilisée de façon transitoire (en l’absence de donnée précise sur ses effets à long terme) en vue de l’arrêt de la consommation tabagique. Elle doit être proscrite chez les non-fumeurs. […] Fumer et vapoter dans le même temps n’est pas une solution, car cette conduite ne réduit pas les risques liés au tabac. »
L’Institut national du cancer (InCA) ne dit pas autre chose dans sa brochure Agir pour sa santé, précisant que la cigarette électronique « peut être un outil d’aide à l’arrêt du tabac. Utilisée seule et non en association avec la cigarette traditionnelle, elle permet de réduire les risques liés au tabac. »
Mais quelle est l’efficacité réelle de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique ? Pour le savoir, il faut se tourner vers les études scientifiques.
Une aide efficace au sevrage
Peter Hajek et son équipe ont cherché à évaluer cette efficacité. Ils ont pour cela mené une étude impliquant 886 fumeurs ayant recours soit à un traitement de substitution nicotinique, soit à une vapoteuse de seconde génération (avec 18 mg de nicotine). Dans les deux groupes, les participants assistaient chaque semaine à une séance hebdomadaire de soutien comportemental, 4 semaines durant. Les résultats de ces travaux ont été publiés en 2019 dans la prestigieuse revue médicale New England Journal of Medicine
Au bout d’un an de suivi, il est ressorti que la vape avait de meilleurs résultats, cependant son utilisation persistait dans le temps. Les chercheurs ont ainsi constaté près de deux fois plus d’abstinence tabagique parmi les vapoteurs (18 %) que parmi ceux qui utilisaient un traitement de substitution nicotinique (9,9 %). Parmi les abstinents, ceux du groupe « e-cigarette » étaient toutefois plus susceptibles que ceux du groupe « traitement de substitution nicotinique » de continuer à utiliser au-delà d’un an le produit qui leur avait été attribué (80 %, soit 63 des 79 participants, contre 9 %, soit 4 des 44 participants).
Les vapoteurs ont tendance à continuer après avoir arrêté le tabac. Ryan Grice / Unsplash
Plus récemment, en 2021, une revue Cochrane (revue destinée à l’organisation et au partage de l’information dans la recherche médicale) a été consacrée à la vape. Elle incluait 56 études ayant porté sur 12 804 adultes fumeurs de tabac. Les études avaient là encore comparé la vape (avec nicotine) à différents traitements destinés à aider à arrêter de fumer : substitution nicotinique, varénicline (molécule mimant les effets de la nicotine, ndlr), vape sans nicotine, soutien comportemental seul et absence de soutien comportemental.
Une nouvelle fois, les résultats plaident en faveur de la vape. L’abstinence à six mois était ainsi plus fréquente dans les groupes « vapoteuse avec nicotine » (trois études) et « vapoteuse sans nicotine » (quatre études) que dans le groupe « substitution nicotinique », ou « avec soutien comportemental seul » (cinq études). En effet, sur 100 personnes utilisant la vape avec nicotine, 10 ou 11 deviennent abstinentes (sevrage tabagique), contre 6 sur 100 pour celles qui utilisent les substitutions nicotiniques ou la vape sans nicotine, et 4 sur 100 pour les personnes qui ne suivent aucun traitement ou ne bénéficient que d’un soutien comportemental.
Mais à l’inverse, vapoter quand on n’a jamais fumé risque-t-il d’inciter à essayer le tabac ?
Chez les jeunes, vapoter n’est pas synonyme de passage au tabac
Les données récentes de l’étude ESPAD 2019, que je détaillais récemment, indiquent quelles places respectives occupent le tabac et la vape dans les pratiques des jeunes Français et de leurs homologues européens.
La vape, quant à elle, attire davantage les garçons que les filles : 51 % des premiers se sont laissés tenter par l’e-cigarette, contre 41 % des secondes seulement des secondes, et 20 % des garçons ont vapoté au cours du dernier mois, contre 13 % des filles.
En 2017, j’avais également écrit que le vapotage n’est pas une porte d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes. Si certaines études ont montré qu’il pouvait y avoir une association positive entre expérimentation de la vape et passage au tabac dans les pays anglo-saxons, ce lien causal n’est pas absolu.
En France notamment, cela ne semble pas être le cas, comme l’ont démontré plusieurs travaux, dont l’étude publiée fin 2020 par l’équipe de Stéphane Legleye. Effectuée auprès de 24 111 jeunes Français âgés de 17 à 18 ans, elle apporte plusieurs éléments forts et, pour une fois, spécifiques au contexte français :
• Commencer avec la vape ne signifie pas une augmentation du risque de fumer du tabac ultérieurement ; cela diminue même le risque de manière importante (avec un risque relatif, RR, de 0,58 ; on considère qu’un effet est bénéfique quand RR est inférieur à 1) ;
• Plus l’expérimentation de la vape est tardive, plus le risque de passage au tabagisme dans un second temps diminue (le RR passant de 0,88 pour une initiation à l’âge de 11 ans à 0,38 à l’âge de 17 ans).
La vape ne mène pas forcément les jeunes sur le chemin du tabagisme. Maxim Potkin / Unsplash
Dans cette étude (ESPAD2019), basée sur des questionnaires autorapportés, 5 616 jeunes Français ont déclaré avoir expérimenté la vape en premier et 2 410 d’entre eux n’ont pas expérimenté le tabac dans un deuxième temps. Par contre, on ne sait pas s’il y avait de la nicotine et/ou des arômes lors de cette expérimentation.
Si le contexte culturel de chaque pays joue évidemment un rôle, à l’échelle mondiale on n’a pas observé d’augmentation du tabagisme chez les jeunes depuis l’arrivée de la vape sur le marché mondial – ce serait même le contraire. Or, retarder l’initiation au tabagisme est capital. Tout ce qui y contribue est à considérer.
Et si l’attrait des jeunes pour la vape s’accompagne du choix de ces produits sans monoxyde de carbone et chargé de beaucoup moins de substances toxiques, je dirai que c’est un moindre mal, tant le tabac est à l’origine de nombreuses maladies (cardio-vasculaires ou métaboliques, pulmonaires, nombreux cancers, etc.) et augmente le risque de décès. On parle de « réduction des risques pour la santé ». D’autant que bien souvent, il s’agira de vapoter sans nicotine ni substance addictive.
Femme enceinte : la vape est déconseillée
En 2020, le rapport d’experts « Prise en charge du tabagisme en cours de grossesse a été publié. Élaboré par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et la Société francophone de tabacologie (SFT), il déconseille le recours à la vape pendant la grossesse :
« Bien que le fœtus ne soit pas exposé aux toxiques combustibles de la cigarette “classique”, d’autres recherches sont nécessaires sur les autres composants de la cigarette électronique, comme les arômes. En l’état actuel des connaissances, il convient de respecter le principe de précaution. »
On peut toutefois regretter que « vape, tabac chauffé, chicha et snus (tabac oral d’origine suédoise) » soient mis sur le même plan. Une étude menée en 2017 dans une maternité de Dublin (Irlande) permet d’aller plus loin et d’évaluer les effets du vapotage pendant la grossesse par rapport au tabac. Elle a suivi 449 femmes enceintes sur 13 mois, dont 195 vapo-fumeuses et 218 vapoteuses exclusives.
La vape est déconseillée aux femmes enceintes. © sarahjohnson1 / Pixabay
De ses résultats, publiés début 2020, il ressort une absence de conséquences sur le poids des enfants à la naissance chez les vapoteuses exclusives, à la différence de ce qui se mesure chez les vapo-fumeuses. En effet, le poids de naissance des bébés des vapoteuses est identique à celui des non-fumeuses (3470 ± 535 grammes vs 3471 ± 504 grammes), et supérieur à celui des enfants des fumeuses (3470 ± 535 grammes vs 3166 ± 502 grammes). Aucune différence n’est observée en termes de durée de grossesse et score d’Apgar (Apparence, pouls, grimace, activité, respiration) à la naissance et passage en unité de soins intensifs.
Les risques pour la santé
Petit rappel : la communauté scientifique s’accorde pour dire que les émissions des vapoteuses sont moins nocives que la fumée des cigarettes. En effet, l’aérosol de la vape ne contient pas les nombreuses substances chimiques irritantes, toxiques et cancérigènes de la fumée de tabac comme les goudrons ou le monoxyde de carbone (de 9 à 450 fois moins). Une étude publiée en janvier 2021 par l’Institut Pasteur a établi que « les aérosols générés par les cigarettes électroniques contiennent moins de 1 % des toxiques retrouvés dans la fumée de cigarette ».
Et on sait également qu’il n’y a pas, dans la vape, de combustion incomplète et par conséquent pas de monoxyde de carbone (CO). Ce gaz inodore et incolore se fixe sur nos globules rouges à la place de l’oxygène, et cela entraîne une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque.
Au Royaume-Uni, dès 2015, le ministère de la Santé écrivait ainsi que « la vape réduit les risques pour la santé de 95 % », en se référant au rapport du Public Health England, coordonné par les Professeurs Ann McNeill (King’s College London) et Peter Hajek (Queen Mary University of London), dont la dernière mise à jour date de février 2021.
Si la vape n’a pas la nocivité de la cigarette, est-elle pour autant sans risque ? Les données restent pour l’heure compliquées à obtenir.
La plupart des adeptes de la cigarette électronique sont d’anciens fumeurs. Getúlio Moraes / Unsplash
L’une des principales raisons est que la majorité des vapoteurs sont des ex-fumeurs ou vapo-fumeurs : il est difficile, dès lors, de préciser ce qui pourrait être attribuable à la vape, étant donné la toxicité du tabac, à court, moyen et long terme. C’est ce que pointe Neal Benowitz, spécialiste mondial de la nicotine,, tout en rappelant que si la vape est moins nocive que le tabac, elle n’est pas sans risque.
Que penser de certaines publications scientifiques mentionnant un risque accru, chez l’animal, de cancer du poumon et de la vessie, ou évoquant des modifications de certaines cellules immunitaires (macrophages) ? Ou des travaux in vitro (sur des cellules en culture) montrant des modifications d’expression de certains gènes ? En 2015, une étude publiée dans Oral Oncology avait même montré une altération de l’ADN des cellules… Doit-on s’inquiéter de ces résultats ?
Se méfier des conditions expérimentales
Un point important à souligner est que les conditions expérimentales de ces études sont irréalistes. En outre, leur extrapolation à l’être humain est contestable.
Concernant par exemple l’étude de la revue PNAS mentionnant un risque accru de cancer du poumon et de la vessie chez la souris, il s’agissait de travaux menés sur quarante souris, exposées aux fumées de cigarette électronique pendant 54 semaines, soit un peu plus d’un an. Elles les respiraient quatre heures par jour, cinq jours par semaine, des conditions extrêmes qui n’ont rien à voir avec la réalité. De plus, la concentration de nicotine utilisée (36 mg/mL) est presque deux fois plus élevée que le seuil autorisé en France (20 mg/mL), et le nombre de souris dans l’expérience témoin est trop faible : d’où un risque de biais statistiques.
Pour le professeur Bertrand Dautzenberg, tabacologue et président de la commission de normalisation AFNOR sur les cigarettes électroniques, huit points doivent être présents à l’esprit devant de telles études :
1- L’e-cigarette ne produit pas de fumée : c’est une inexactitude scientifique qui permet de classer les articles partisans ;
2- Il faut analyser avec intelligence ces résultats : les rayons du soleil sont classés cancérogènes certains pour l’être humain… mais sont néanmoins bons pour la vie sur Terre ;
3- L’être humain n’est pas une souris : la plupart des études de cancérogénèse positives par inhalation chez la souris ne sont pas confirmées chez l’être humain ;
4- Les auteurs ne disent pas que cela cause le cancer, mais pourrait y contribuer, et invitent à conduire des études complémentaires ;
5- Les conditions d’expositions sont souvent farfelues ;
6- L’e-cigarette ne sera jamais conseillée par un médecin à un non-fumeur et 99 % des vapoteurs ont une histoire avec la cigarette. Ne pas prendre un contrôle négatif sans exposition et un contrôle positif est une erreur méthodologique majeure ;
7- Ces études peu rigoureuses se multiplient, ce qui pose la question de savoir qui a intérêt à publier autant de mauvaise science et pourquoi ;
8- Il ne faut analyser que les études ayant un design correct (comparaison avec la fumée de tabac).
L’e-cigarette n’est pas un gadget récréatif
Rappelons ici que le CDC américain (Centers for disease control - principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique) recommande notamment aux adolescents et aux jeunes adultes d’en éviter l’usage.
Récemment, 15 experts antitabac de renom, anciens directeurs de la Society for Research on Nicotine and Tobacco, ont par ailleurs publié un article sur les risques et les bénéfices de l’e-cigarette. Ils y proposent une série de mesures pour limiter l’accès aux plus jeunes, comme taxer plus fortement les produits du tabac combustibles (et taxer à minima les produits de la vape), n’autoriser la vente d’e-liquides aromatisés qu’en boutiques uniquement accessibles aux majeurs.
Par ailleurs, la survenue, en 2019, de centaines de cas du syndrome EVALI (« E-cigarette or Vaping Use-Associated Lung Injury »), une maladie pulmonaire sévère liée à l’usage de e-cigarettes, souligne l’importance de l’origine et de la composition des e-liquides. Si des interrogations semblent demeurer sur les substances impliquées, ils auraient pu contenir du THC et du CBD (cannabinoïdes issus du cannabis), et avoir été achetés hors des circuits légaux.
Pour s’assurer que les liquides vendus respectent les doses légales de nicotine notamment, il faut acheter en boutique des produits de distributeurs français répondant aux normes AFNOR. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a de son côté établi une liste de référence inédite, référençant près de 1 200 substances identifiées. Elle envisage en outre d’évaluer les risques liés à l’inhalation de certaines substances.
Pour conclure, il est important de garder à l’esprit que la cigarette électronique n’est pas un gadget récréatif destiné aux non-fumeurs ou aux mineurs, mais bien un outil - efficace - visant au sevrage tabagique.
Remerciements au Pr Bertrand Dautzenberg pour ses commentaires pertinents.
Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Et plus largement, la vape présente-t-elle des risques ?</p> <h3>Quelle est la position des autorités de santé sur la vape ?</h3> <p>Si les recommandations de la Haute Autorité de Santé <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_272433/fr/aide-au-sevrage-tabagique">en matière de sevrage tabagique</a>, mises en ligne en 2006, n’ont pas été actualisées depuis 2010, les sociétés savantes ont évolué quant à la place de la vape dans le sevrage tabagique.</p> <p>Ainsi, en 2018, la <a href="https://sfar.org/le-vapotage-peut-il-conduire-a-recuser-un-patient-en-vue-dune-anesthesie/">Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR)</a> a précisé que</p> <blockquote> <p>« l’usage de la cigarette électronique, alors que la population des fumeurs et ex-fumeurs qui y a recours ne cesse d’augmenter, doit être considéré par les médecins anesthésistes-réanimateurs comme une aide très positive en période préopératoire, cette dernière étant bien identifiée comme très favorable à la décision d’arrêt du tabac».</p> </blockquote> <p>Dans le cadre du mois sans tabac 2019, la Société francophone de tabacologie (SFT) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF) ont publié un <a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/Vape-SFT_SPLF-MoissansTabac-20191101.pdf">communiqué de presse commun</a>. On pouvait notamment y lire que</p> <blockquote> <p>« La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Elle doit dans ce cas être utilisée de façon transitoire (en l’absence de donnée précise sur ses effets à long terme) en vue de l’arrêt de la consommation tabagique. Elle doit être proscrite chez les non-fumeurs. […] Fumer et vapoter dans le même temps n’est pas une solution, car cette conduite ne réduit pas les risques liés au tabac. »</p> </blockquote> <p>L’Institut national du cancer (InCA) ne dit pas autre chose dans sa brochure <a href="https://www.e-cancer.fr/ressources/Agir_pour_sa_sante.html">Agir pour sa santé</a>, précisant que la cigarette électronique « peut être un outil d’aide à l’arrêt du tabac. Utilisée seule et non en association avec la cigarette traditionnelle, elle permet de réduire les risques liés au tabac. »</p> <p>Mais quelle est l’efficacité réelle de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique ? Pour le savoir, il faut se tourner vers les études scientifiques.</p> <h3>Une aide efficace au sevrage</h3> <p>Peter Hajek et son équipe ont cherché à évaluer cette efficacité. Ils ont pour cela mené une étude impliquant 886 fumeurs ayant recours soit à un traitement de substitution nicotinique, soit à une vapoteuse de seconde génération (avec 18 mg de nicotine). Dans les deux groupes, les participants assistaient chaque semaine à une séance hebdomadaire de soutien comportemental, 4 semaines durant. Les résultats de ces travaux ont été publiés en 2019 dans la prestigieuse revue médicale <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa1808779">New England Journal of Medicine</a></p> <p>Au bout d’un an de suivi, il est ressorti que la vape avait de meilleurs résultats, cependant son utilisation persistait dans le temps. Les chercheurs ont ainsi constaté près de deux fois plus d’abstinence tabagique parmi les vapoteurs (18 %) que parmi ceux qui utilisaient un traitement de substitution nicotinique (9,9 %). Parmi les abstinents, ceux du groupe « e-cigarette » étaient toutefois plus susceptibles que ceux du groupe « traitement de substitution nicotinique » de continuer à utiliser au-delà d’un an le produit qui leur avait été attribué (80 %, soit 63 des 79 participants, contre 9 %, soit 4 des 44 participants).</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="Homme en train de vapoter, assis sur un banc en ville." /></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>Les vapoteurs ont tendance à continuer après avoir arrêté le tabac.</span> <span><a href="https://unsplash.com/photos/vdiva7py4QM">Ryan Grice / Unsplash</a></span></em></h4> <p>Plus récemment, en 2021, <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD010216.pub5/full">une revue Cochrane</a> (revue destinée à l’organisation et au partage de l’information dans la recherche médicale) a été consacrée à la vape. Elle incluait 56 études ayant porté sur 12 804 adultes fumeurs de tabac. Les études avaient là encore comparé la vape (avec nicotine) à différents traitements destinés à aider à arrêter de fumer : substitution nicotinique, <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2725862/fr/champix-varenicline-tartrate-de-agoniste-partiel-des-recepteurs-nicotiniques-cerebraux">varénicline</a> (<em>molécule mimant les effets de la nicotine, ndlr</em>), vape sans nicotine, soutien comportemental seul et absence de soutien comportemental.</p> <p>Une nouvelle fois, les résultats plaident en faveur de la vape. L’abstinence à six mois était ainsi plus fréquente dans les groupes « vapoteuse avec nicotine » (trois études) et « vapoteuse sans nicotine » (quatre études) que dans le groupe « substitution nicotinique », ou « avec soutien comportemental seul » (cinq études). En effet, sur 100 personnes utilisant la vape avec nicotine, 10 ou 11 deviennent abstinentes (sevrage tabagique), contre 6 sur 100 pour celles qui utilisent les substitutions nicotiniques ou la vape sans nicotine, et 4 sur 100 pour les personnes qui ne suivent aucun traitement ou ne bénéficient que d’un soutien comportemental.</p> <p>Mais à l’inverse, vapoter quand on n’a jamais fumé risque-t-il d’inciter à essayer le tabac ?</p> <h3>Chez les jeunes, vapoter n’est pas synonyme de passage au tabac</h3> <p>Les données récentes de <a href="http://www.espad.org/espad-report-2019">l’étude ESPAD 2019</a>, que <a href="https://theconversation.com/alcool-tabac-cannabis-ou-en-est-la-consommation-des-jeunes-francais-152138">je détaillais récemment</a>, indiquent quelles places respectives occupent le tabac et la vape dans les pratiques des jeunes Français et de leurs homologues européens.</p> <p>La vape, quant à elle, attire davantage les garçons que les filles : 51 % des premiers se sont laissés tenter par l’e-cigarette, contre 41 % des secondes seulement des secondes, et 20 % des garçons ont vapoté au cours du dernier mois, contre 13 % des filles.</p> <p>En 2017, j’avais également écrit que <a href="https://theconversation.com/le-vapotage-nest-pas-une-porte-dentree-dans-le-tabagisme-pour-les-jeunes-87833">le vapotage n’est pas une porte d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes</a>. Si certaines études ont montré qu’il pouvait y avoir une association positive entre expérimentation de la vape et passage au tabac <a href="https://theconversation.com/la-cigarette-electronique-encourage-le-tabagisme-chez-les-ados-89549">dans les pays anglo-saxons</a>, ce lien causal n’est pas absolu.</p> <p>En France notamment, cela ne semble pas être le cas, comme l’ont démontré plusieurs travaux, dont l’étude publiée fin 2020 par l’équipe de Stéphane Legleye. Effectuée auprès de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.15330">24 111 jeunes Français âgés de 17 à 18 ans</a>, elle apporte plusieurs éléments forts et, pour une fois, spécifiques au contexte français :</p> <p>• Commencer avec la vape ne signifie pas une augmentation du risque de fumer du tabac ultérieurement ; cela diminue même le risque de manière importante (avec un risque relatif, RR, de 0,58 ; on considère qu’un effet est bénéfique quand RR est inférieur à 1) ;</p> <p>• Plus l’expérimentation de la vape est tardive, plus le risque de passage au tabagisme dans un second temps diminue (le RR passant de 0,88 pour une initiation à l’âge de 11 ans à 0,38 à l’âge de 17 ans).</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="Jeune femme en train de vapoter." /></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>La vape ne mène pas forcément les jeunes sur le chemin du tabagisme.</span> <span><a href="https://unsplash.com/photos/ISr5E7f7zkM">Maxim Potkin / Unsplash</a></span></em></h4> <p>Dans cette étude (<a href="https://theconversation.com/alcool-tabac-cannabis-ou-en-est-la-consommation-des-jeunes-francais-152138">ESPAD2019</a>), basée sur des questionnaires autorapportés, 5 616 jeunes Français ont déclaré avoir expérimenté la vape en premier et 2 410 d’entre eux n’ont pas expérimenté le tabac dans un deuxième temps. Par contre, on ne sait pas s’il y avait de la nicotine et/ou des arômes lors de cette expérimentation.</p> <p>Si le contexte culturel de chaque pays joue évidemment un rôle, à l’échelle mondiale on n’a pas observé d’augmentation du tabagisme chez les jeunes depuis l’arrivée de la vape sur le marché mondial – ce serait même le contraire. Or, <a href="https://theconversation.com/pourquoi-retarder-linitiation-au-tabagisme-est-capital-86506">retarder l’initiation au tabagisme est capital</a>. Tout ce qui y contribue est à considérer.</p> <p>Et si l’attrait des jeunes pour la vape s’accompagne du choix de ces produits sans monoxyde de carbone et chargé de beaucoup moins de substances toxiques, je dirai que c’est un moindre mal, tant le tabac est à l’origine de nombreuses maladies (cardio-vasculaires ou métaboliques, pulmonaires, nombreux cancers, etc.) et augmente le risque de décès. On parle de « réduction des risques pour la santé ». D’autant que bien souvent, il s’agira de vapoter sans nicotine ni substance addictive.</p> <h3>Femme enceinte : la vape est déconseillée</h3> <p>En 2020, le rapport d’experts <a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/Rapport_Recos-Tabagisme_Grossesse-CNGOF_SFT-2020.pdf">« Prise en charge du tabagisme en cours de grossesse</a> a été publié. Élaboré par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (<a href="http://www.cngof.fr/">CNGOF</a>) et la Société francophone de tabacologie (<a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/">SFT</a>), il déconseille le recours à la vape pendant la grossesse :</p> <blockquote> <p>« Bien que le fœtus ne soit pas exposé aux toxiques combustibles de la cigarette “classique”, d’autres recherches sont nécessaires sur les autres composants de la cigarette électronique, comme les arômes. En l’état actuel des connaissances, il convient de respecter le principe de précaution. »</p> </blockquote> <p>On peut toutefois regretter que « vape, tabac chauffé, chicha et snus (tabac oral d’origine suédoise) » soient mis sur le même plan. Une étude menée en 2017 dans une maternité de Dublin (Irlande) permet d’aller plus loin et d’évaluer les effets du vapotage pendant la grossesse par rapport au tabac. <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1471-0528.16110">Elle a suivi 449 femmes enceintes sur 13 mois</a>, dont 195 vapo-fumeuses et 218 vapoteuses exclusives.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Femme en train de vapoter." /><em><span><br /></span></em></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>La vape est déconseillée aux femmes enceintes.</span> © <span><a href="https://pixabay.com/fr/photos/vapoter-e-cig-vaporisateur-3677946/">sarahjohnson1 / Pixabay</a></span></em></h4> <p>De ses résultats, publiés début 2020, il ressort une absence de conséquences sur le poids des enfants à la naissance chez les vapoteuses exclusives, à la différence de ce qui se mesure chez les vapo-fumeuses. En effet, le poids de naissance des bébés des vapoteuses est identique à celui des non-fumeuses (3470 ± 535 grammes vs 3471 ± 504 grammes), et supérieur à celui des enfants des fumeuses (3470 ± 535 grammes vs 3166 ± 502 grammes). Aucune différence n’est observée en termes de durée de grossesse et <a href="http://campus.cerimes.fr/maieutique/UE-puericulture/vie_extrauterine/site/html/7.html#:%7E:text=C%E2%80%99est%20un%20score%2C%20propos%C3%A9,pour%20juger%20d%E2%80%99une%20%C3%A9volution.">score d’Apgar </a>(Apparence, pouls, grimace, activité, respiration) à la naissance et passage en unité de soins intensifs.</p> <h3>Les risques pour la santé</h3> <p>Petit rappel : la communauté scientifique s’accorde pour dire que les émissions des vapoteuses sont moins nocives que la fumée des cigarettes. En effet, l’aérosol de la vape ne contient pas les nombreuses substances chimiques irritantes, toxiques et cancérigènes de la fumée de tabac comme les goudrons ou le monoxyde de carbone (de 9 à 450 fois moins). Une étude publiée en janvier 2021 par <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304389420314060">l’Institut Pasteur</a> a établi que « les aérosols générés par les cigarettes électroniques contiennent moins de 1 % des toxiques retrouvés dans la fumée de cigarette ».</p> <p>Et on sait également qu’il n’y a pas, dans la vape, <a href="https://www.cancer-environnement.fr/392-Cigarette-electronique.ce.aspx">de combustion incomplète</a> et par conséquent pas de monoxyde de carbone (CO). Ce gaz inodore et incolore se fixe sur nos globules rouges à la place de l’oxygène, et cela entraîne une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque.</p> <p>Au Royaume-Uni, dès 2015, le ministère de la Santé écrivait ainsi que « <a href="https://www.gov.uk/government/news/e-cigarettes-around-95-less-harmful-than-tobacco-estimates-landmark-review">la vape réduit les risques pour la santé de 95 %</a> », en se référant au rapport du Public Health England, coordonné par les Professeurs Ann McNeill (King’s College London) et Peter Hajek (Queen Mary University of London), dont la dernière mise à jour date de <a href="https://www.gov.uk/government/publications/vaping-in-england-evidence-update-february-2021">février 2021</a>.</p> <p>Si la vape n’a pas la nocivité de la cigarette, est-elle pour autant sans risque ? Les données restent pour l’heure compliquées à obtenir.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Homme en train de vapoter en marchant dans la rue." /></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>La plupart des adeptes de la cigarette électronique sont d’anciens fumeurs.</span> <span><a href="https://unsplash.com/photos/BPDSvauOc9k">Getúlio Moraes / Unsplash</a></span></em></h4> <p>L’une des principales raisons est que la majorité des vapoteurs sont des ex-fumeurs ou vapo-fumeurs : il est difficile, dès lors, de préciser ce qui pourrait être attribuable à la vape, étant donné la toxicité du tabac, à court, moyen et long terme. <a href="https://www.addictaide.fr/larret-du-tabac-grace-a-la-vape-permet-de-reduire-les-risques-pour-la-sante-selon-le-specialiste-mondial-de-la-nicotine-le-professeur-benowitz/">C’est ce que pointe Neal Benowitz, spécialiste mondial de la nicotine,</a>, tout en rappelant que si la vape est moins nocive que le tabac, elle n’est pas sans risque.</p> <p>Que penser de certaines publications scientifiques mentionnant un risque accru, chez l’animal, de <a href="https://www.pnas.org/content/116/43/21727">cancer du poumon et de la vessie</a>, ou évoquant des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6763255/">modifications de certaines cellules immunitaires (macrophages)</a> ? Ou des travaux <em>in vitro</em> (sur des cellules en culture) montrant des <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-97013-z">modifications d’expression de certains gènes</a> ? En 2015, une étude publiée dans <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1368837515003620">Oral Oncology</a> avait même montré une altération de l’ADN des cellules… Doit-on s’inquiéter de ces résultats ?</p> <h3>Se méfier des conditions expérimentales</h3> <p>Un point important à souligner est que les conditions expérimentales de ces études sont irréalistes. En outre, leur extrapolation à l’être humain est contestable.</p> <p>Concernant par exemple <a href="https://www.pnas.org/content/116/43/21727">l’étude de la revue PNAS</a> mentionnant un risque accru de cancer du poumon et de la vessie chez la souris, il s’agissait de travaux menés sur quarante souris, exposées aux fumées de cigarette électronique pendant 54 semaines, soit un peu plus d’un an. Elles les respiraient quatre heures par jour, cinq jours par semaine, <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/que-penser-de-l-etude-americaine-qui-fait-le-lien-entre-cigarette-electronique-et-cancer-chez-les-souris_3653345.html">des conditions extrêmes qui n’ont rien à voir avec la réalité</a>. De plus, la concentration de nicotine utilisée (36 mg/mL) est presque deux fois plus élevée que le seuil autorisé en France (20 mg/mL), et le nombre de souris dans l’expérience témoin est trop faible : d’où un risque de biais statistiques.</p> <p>Pour le professeur Bertrand Dautzenberg, tabacologue et président de la commission de normalisation AFNOR sur les cigarettes électroniques, huit points doivent être présents à l’esprit devant de telles études :</p> <p>1- L’e-cigarette ne produit pas de fumée : c’est une inexactitude scientifique qui permet de classer les articles partisans ;</p> <p>2- Il faut analyser avec intelligence ces résultats : les rayons du soleil sont classés cancérogènes certains pour l’être humain… mais sont néanmoins bons pour la vie sur Terre ;</p> <p>3- L’être humain n’est pas une souris : la plupart des études de cancérogénèse positives par inhalation chez la souris ne sont pas confirmées chez l’être humain ;</p> <p>4- Les auteurs ne disent pas que cela cause le cancer, mais pourrait y contribuer, et invitent à conduire des études complémentaires ;</p> <p>5- Les conditions d’expositions sont souvent farfelues ;</p> <p>6- L’e-cigarette ne sera jamais conseillée par un médecin à un non-fumeur et 99 % des vapoteurs ont une histoire avec la cigarette. Ne pas prendre un contrôle négatif sans exposition et un contrôle positif est une erreur méthodologique majeure ;</p> <p>7- Ces études peu rigoureuses se multiplient, ce qui pose la question de savoir qui a intérêt à publier autant de mauvaise science et pourquoi ;</p> <p>8- Il ne faut analyser que les études ayant un design correct (comparaison avec la fumée de tabac).</p> <h3>L’e-cigarette n’est pas un gadget récréatif</h3> <p>Rappelons ici que le CDC américain (Centers for disease control - principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique) recommande notamment aux adolescents et aux jeunes adultes <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/Quick-Facts-on-the-Risks-of-E-cigarettes-for-Kids-Teens-and-Young-Adults.html ?s_cid=OSH_misc_M294">d’en éviter l’usage</a>.</p> <p>Récemment, 15 experts antitabac de renom, anciens directeurs de la Society for Research on Nicotine and Tobacco, ont par ailleurs publié un article <a href="https://ajph.aphapublications.org/doi/pdf/10.2105/AJPH.2021.306416">sur les risques et les bénéfices de l’e-cigarette</a>. Ils y proposent une série de mesures pour limiter l’accès aux plus jeunes, comme taxer plus fortement les produits du tabac combustibles (et taxer à minima les produits de la vape), n’autoriser la vente d’e-liquides aromatisés qu’en boutiques uniquement accessibles aux majeurs.</p> <p>Par ailleurs, la survenue, en 2019, de centaines de cas du syndrome <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/severe-lung-disease.html#overview">EVALI</a> (« E-cigarette or Vaping Use-Associated Lung Injury »), une maladie pulmonaire sévère liée à l’usage de e-cigarettes, souligne l’importance de l’origine et de la composition des e-liquides. Si des <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1911614">interrogations semblent demeurer</a> sur les substances impliquées, ils auraient pu contenir du THC et du CBD (cannabinoïdes issus du cannabis), et avoir été <a href="https://theconversation.com/la-vape-un-marche-en-pleine-mutation-164126">achetés hors des circuits légaux</a>.</p> <p>Pour s’assurer que les liquides vendus respectent les doses légales de nicotine notamment, il faut acheter en boutique des produits de distributeurs français répondant aux <a href="https://normalisation.afnor.org/thematiques/cigarettes-electroniques/">normes AFNOR</a>. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a de son côté établi une liste de référence inédite, référençant près de 1 200 substances identifiées. Elle envisage en outre d’évaluer <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/PRES2020DPA01.pdf">les risques liés à l’inhalation de certaines substances</a>.</p> <p>Pour conclure, il est important de garder à l’esprit que la cigarette électronique n’est pas un gadget récréatif destiné aux non-fumeurs ou aux mineurs, mais bien un outil - efficace - visant au sevrage tabagique.</p> <hr /> <h4>Remerciements au Pr Bertrand Dautzenberg pour ses commentaires pertinents.<img src="https://counter.theconversation.com/content/166851/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></h4> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/philippe-arvers-336166">Philippe Arvers</a>, Médecin addictologue et tabacologue, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279">Université Grenoble Alpes (UGA)</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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Et plus largement, la vape présente-t-elle des risques ?</p> <h3>Quelle est la position des autorités de santé sur la vape ?</h3> <p>Si les recommandations de la Haute Autorité de Santé <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_272433/fr/aide-au-sevrage-tabagique">en matière de sevrage tabagique</a>, mises en ligne en 2006, n’ont pas été actualisées depuis 2010, les sociétés savantes ont évolué quant à la place de la vape dans le sevrage tabagique.</p> <p>Ainsi, en 2018, la <a href="https://sfar.org/le-vapotage-peut-il-conduire-a-recuser-un-patient-en-vue-dune-anesthesie/">Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR)</a> a précisé que</p> <blockquote> <p>« l’usage de la cigarette électronique, alors que la population des fumeurs et ex-fumeurs qui y a recours ne cesse d’augmenter, doit être considéré par les médecins anesthésistes-réanimateurs comme une aide très positive en période préopératoire, cette dernière étant bien identifiée comme très favorable à la décision d’arrêt du tabac».</p> </blockquote> <p>Dans le cadre du mois sans tabac 2019, la Société francophone de tabacologie (SFT) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF) ont publié un <a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/Vape-SFT_SPLF-MoissansTabac-20191101.pdf">communiqué de presse commun</a>. On pouvait notamment y lire que</p> <blockquote> <p>« La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Elle doit dans ce cas être utilisée de façon transitoire (en l’absence de donnée précise sur ses effets à long terme) en vue de l’arrêt de la consommation tabagique. Elle doit être proscrite chez les non-fumeurs. […] Fumer et vapoter dans le même temps n’est pas une solution, car cette conduite ne réduit pas les risques liés au tabac. »</p> </blockquote> <p>L’Institut national du cancer (InCA) ne dit pas autre chose dans sa brochure <a href="https://www.e-cancer.fr/ressources/Agir_pour_sa_sante.html">Agir pour sa santé</a>, précisant que la cigarette électronique « peut être un outil d’aide à l’arrêt du tabac. Utilisée seule et non en association avec la cigarette traditionnelle, elle permet de réduire les risques liés au tabac. »</p> <p>Mais quelle est l’efficacité réelle de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique ? Pour le savoir, il faut se tourner vers les études scientifiques.</p> <h3>Une aide efficace au sevrage</h3> <p>Peter Hajek et son équipe ont cherché à évaluer cette efficacité. Ils ont pour cela mené une étude impliquant 886 fumeurs ayant recours soit à un traitement de substitution nicotinique, soit à une vapoteuse de seconde génération (avec 18 mg de nicotine). Dans les deux groupes, les participants assistaient chaque semaine à une séance hebdomadaire de soutien comportemental, 4 semaines durant. Les résultats de ces travaux ont été publiés en 2019 dans la prestigieuse revue médicale <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa1808779">New England Journal of Medicine</a></p> <p>Au bout d’un an de suivi, il est ressorti que la vape avait de meilleurs résultats, cependant son utilisation persistait dans le temps. Les chercheurs ont ainsi constaté près de deux fois plus d’abstinence tabagique parmi les vapoteurs (18 %) que parmi ceux qui utilisaient un traitement de substitution nicotinique (9,9 %). Parmi les abstinents, ceux du groupe « e-cigarette » étaient toutefois plus susceptibles que ceux du groupe « traitement de substitution nicotinique » de continuer à utiliser au-delà d’un an le produit qui leur avait été attribué (80 %, soit 63 des 79 participants, contre 9 %, soit 4 des 44 participants).</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/422759/original/file-20210922-21-1g2pv9r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="Homme en train de vapoter, assis sur un banc en ville." /></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>Les vapoteurs ont tendance à continuer après avoir arrêté le tabac.</span> <span><a href="https://unsplash.com/photos/vdiva7py4QM">Ryan Grice / Unsplash</a></span></em></h4> <p>Plus récemment, en 2021, <a href="https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD010216.pub5/full">une revue Cochrane</a> (revue destinée à l’organisation et au partage de l’information dans la recherche médicale) a été consacrée à la vape. Elle incluait 56 études ayant porté sur 12 804 adultes fumeurs de tabac. Les études avaient là encore comparé la vape (avec nicotine) à différents traitements destinés à aider à arrêter de fumer : substitution nicotinique, <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/c_2725862/fr/champix-varenicline-tartrate-de-agoniste-partiel-des-recepteurs-nicotiniques-cerebraux">varénicline</a> (<em>molécule mimant les effets de la nicotine, ndlr</em>), vape sans nicotine, soutien comportemental seul et absence de soutien comportemental.</p> <p>Une nouvelle fois, les résultats plaident en faveur de la vape. L’abstinence à six mois était ainsi plus fréquente dans les groupes « vapoteuse avec nicotine » (trois études) et « vapoteuse sans nicotine » (quatre études) que dans le groupe « substitution nicotinique », ou « avec soutien comportemental seul » (cinq études). En effet, sur 100 personnes utilisant la vape avec nicotine, 10 ou 11 deviennent abstinentes (sevrage tabagique), contre 6 sur 100 pour celles qui utilisent les substitutions nicotiniques ou la vape sans nicotine, et 4 sur 100 pour les personnes qui ne suivent aucun traitement ou ne bénéficient que d’un soutien comportemental.</p> <p>Mais à l’inverse, vapoter quand on n’a jamais fumé risque-t-il d’inciter à essayer le tabac ?</p> <h3>Chez les jeunes, vapoter n’est pas synonyme de passage au tabac</h3> <p>Les données récentes de <a href="http://www.espad.org/espad-report-2019">l’étude ESPAD 2019</a>, que <a href="https://theconversation.com/alcool-tabac-cannabis-ou-en-est-la-consommation-des-jeunes-francais-152138">je détaillais récemment</a>, indiquent quelles places respectives occupent le tabac et la vape dans les pratiques des jeunes Français et de leurs homologues européens.</p> <p>La vape, quant à elle, attire davantage les garçons que les filles : 51 % des premiers se sont laissés tenter par l’e-cigarette, contre 41 % des secondes seulement des secondes, et 20 % des garçons ont vapoté au cours du dernier mois, contre 13 % des filles.</p> <p>En 2017, j’avais également écrit que <a href="https://theconversation.com/le-vapotage-nest-pas-une-porte-dentree-dans-le-tabagisme-pour-les-jeunes-87833">le vapotage n’est pas une porte d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes</a>. Si certaines études ont montré qu’il pouvait y avoir une association positive entre expérimentation de la vape et passage au tabac <a href="https://theconversation.com/la-cigarette-electronique-encourage-le-tabagisme-chez-les-ados-89549">dans les pays anglo-saxons</a>, ce lien causal n’est pas absolu.</p> <p>En France notamment, cela ne semble pas être le cas, comme l’ont démontré plusieurs travaux, dont l’étude publiée fin 2020 par l’équipe de Stéphane Legleye. Effectuée auprès de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.15330">24 111 jeunes Français âgés de 17 à 18 ans</a>, elle apporte plusieurs éléments forts et, pour une fois, spécifiques au contexte français :</p> <p>• Commencer avec la vape ne signifie pas une augmentation du risque de fumer du tabac ultérieurement ; cela diminue même le risque de manière importante (avec un risque relatif, RR, de 0,58 ; on considère qu’un effet est bénéfique quand RR est inférieur à 1) ;</p> <p>• Plus l’expérimentation de la vape est tardive, plus le risque de passage au tabagisme dans un second temps diminue (le RR passant de 0,88 pour une initiation à l’âge de 11 ans à 0,38 à l’âge de 17 ans).</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/422752/original/file-20210922-23-p6z4j3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="Jeune femme en train de vapoter." /></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>La vape ne mène pas forcément les jeunes sur le chemin du tabagisme.</span> <span><a href="https://unsplash.com/photos/ISr5E7f7zkM">Maxim Potkin / Unsplash</a></span></em></h4> <p>Dans cette étude (<a href="https://theconversation.com/alcool-tabac-cannabis-ou-en-est-la-consommation-des-jeunes-francais-152138">ESPAD2019</a>), basée sur des questionnaires autorapportés, 5 616 jeunes Français ont déclaré avoir expérimenté la vape en premier et 2 410 d’entre eux n’ont pas expérimenté le tabac dans un deuxième temps. Par contre, on ne sait pas s’il y avait de la nicotine et/ou des arômes lors de cette expérimentation.</p> <p>Si le contexte culturel de chaque pays joue évidemment un rôle, à l’échelle mondiale on n’a pas observé d’augmentation du tabagisme chez les jeunes depuis l’arrivée de la vape sur le marché mondial – ce serait même le contraire. Or, <a href="https://theconversation.com/pourquoi-retarder-linitiation-au-tabagisme-est-capital-86506">retarder l’initiation au tabagisme est capital</a>. Tout ce qui y contribue est à considérer.</p> <p>Et si l’attrait des jeunes pour la vape s’accompagne du choix de ces produits sans monoxyde de carbone et chargé de beaucoup moins de substances toxiques, je dirai que c’est un moindre mal, tant le tabac est à l’origine de nombreuses maladies (cardio-vasculaires ou métaboliques, pulmonaires, nombreux cancers, etc.) et augmente le risque de décès. On parle de « réduction des risques pour la santé ». D’autant que bien souvent, il s’agira de vapoter sans nicotine ni substance addictive.</p> <h3>Femme enceinte : la vape est déconseillée</h3> <p>En 2020, le rapport d’experts <a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/dl/Rapport_Recos-Tabagisme_Grossesse-CNGOF_SFT-2020.pdf">« Prise en charge du tabagisme en cours de grossesse</a> a été publié. Élaboré par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (<a href="http://www.cngof.fr/">CNGOF</a>) et la Société francophone de tabacologie (<a href="http://societe-francophone-de-tabacologie.org/">SFT</a>), il déconseille le recours à la vape pendant la grossesse :</p> <blockquote> <p>« Bien que le fœtus ne soit pas exposé aux toxiques combustibles de la cigarette “classique”, d’autres recherches sont nécessaires sur les autres composants de la cigarette électronique, comme les arômes. En l’état actuel des connaissances, il convient de respecter le principe de précaution. »</p> </blockquote> <p>On peut toutefois regretter que « vape, tabac chauffé, chicha et snus (tabac oral d’origine suédoise) » soient mis sur le même plan. Une étude menée en 2017 dans une maternité de Dublin (Irlande) permet d’aller plus loin et d’évaluer les effets du vapotage pendant la grossesse par rapport au tabac. <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1471-0528.16110">Elle a suivi 449 femmes enceintes sur 13 mois</a>, dont 195 vapo-fumeuses et 218 vapoteuses exclusives.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/422757/original/file-20210922-23-1l0k5pj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Femme en train de vapoter." /><em><span><br /></span></em></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>La vape est déconseillée aux femmes enceintes.</span> © <span><a href="https://pixabay.com/fr/photos/vapoter-e-cig-vaporisateur-3677946/">sarahjohnson1 / Pixabay</a></span></em></h4> <p>De ses résultats, publiés début 2020, il ressort une absence de conséquences sur le poids des enfants à la naissance chez les vapoteuses exclusives, à la différence de ce qui se mesure chez les vapo-fumeuses. En effet, le poids de naissance des bébés des vapoteuses est identique à celui des non-fumeuses (3470 ± 535 grammes vs 3471 ± 504 grammes), et supérieur à celui des enfants des fumeuses (3470 ± 535 grammes vs 3166 ± 502 grammes). Aucune différence n’est observée en termes de durée de grossesse et <a href="http://campus.cerimes.fr/maieutique/UE-puericulture/vie_extrauterine/site/html/7.html#:%7E:text=C%E2%80%99est%20un%20score%2C%20propos%C3%A9,pour%20juger%20d%E2%80%99une%20%C3%A9volution.">score d’Apgar </a>(Apparence, pouls, grimace, activité, respiration) à la naissance et passage en unité de soins intensifs.</p> <h3>Les risques pour la santé</h3> <p>Petit rappel : la communauté scientifique s’accorde pour dire que les émissions des vapoteuses sont moins nocives que la fumée des cigarettes. En effet, l’aérosol de la vape ne contient pas les nombreuses substances chimiques irritantes, toxiques et cancérigènes de la fumée de tabac comme les goudrons ou le monoxyde de carbone (de 9 à 450 fois moins). Une étude publiée en janvier 2021 par <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304389420314060">l’Institut Pasteur</a> a établi que « les aérosols générés par les cigarettes électroniques contiennent moins de 1 % des toxiques retrouvés dans la fumée de cigarette ».</p> <p>Et on sait également qu’il n’y a pas, dans la vape, <a href="https://www.cancer-environnement.fr/392-Cigarette-electronique.ce.aspx">de combustion incomplète</a> et par conséquent pas de monoxyde de carbone (CO). Ce gaz inodore et incolore se fixe sur nos globules rouges à la place de l’oxygène, et cela entraîne une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque.</p> <p>Au Royaume-Uni, dès 2015, le ministère de la Santé écrivait ainsi que « <a href="https://www.gov.uk/government/news/e-cigarettes-around-95-less-harmful-than-tobacco-estimates-landmark-review">la vape réduit les risques pour la santé de 95 %</a> », en se référant au rapport du Public Health England, coordonné par les Professeurs Ann McNeill (King’s College London) et Peter Hajek (Queen Mary University of London), dont la dernière mise à jour date de <a href="https://www.gov.uk/government/publications/vaping-in-england-evidence-update-february-2021">février 2021</a>.</p> <p>Si la vape n’a pas la nocivité de la cigarette, est-elle pour autant sans risque ? Les données restent pour l’heure compliquées à obtenir.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/422762/original/file-20210922-13-1jnza0x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Homme en train de vapoter en marchant dans la rue." /></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>La plupart des adeptes de la cigarette électronique sont d’anciens fumeurs.</span> <span><a href="https://unsplash.com/photos/BPDSvauOc9k">Getúlio Moraes / Unsplash</a></span></em></h4> <p>L’une des principales raisons est que la majorité des vapoteurs sont des ex-fumeurs ou vapo-fumeurs : il est difficile, dès lors, de préciser ce qui pourrait être attribuable à la vape, étant donné la toxicité du tabac, à court, moyen et long terme. <a href="https://www.addictaide.fr/larret-du-tabac-grace-a-la-vape-permet-de-reduire-les-risques-pour-la-sante-selon-le-specialiste-mondial-de-la-nicotine-le-professeur-benowitz/">C’est ce que pointe Neal Benowitz, spécialiste mondial de la nicotine,</a>, tout en rappelant que si la vape est moins nocive que le tabac, elle n’est pas sans risque.</p> <p>Que penser de certaines publications scientifiques mentionnant un risque accru, chez l’animal, de <a href="https://www.pnas.org/content/116/43/21727">cancer du poumon et de la vessie</a>, ou évoquant des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6763255/">modifications de certaines cellules immunitaires (macrophages)</a> ? Ou des travaux <em>in vitro</em> (sur des cellules en culture) montrant des <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-97013-z">modifications d’expression de certains gènes</a> ? En 2015, une étude publiée dans <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1368837515003620">Oral Oncology</a> avait même montré une altération de l’ADN des cellules… Doit-on s’inquiéter de ces résultats ?</p> <h3>Se méfier des conditions expérimentales</h3> <p>Un point important à souligner est que les conditions expérimentales de ces études sont irréalistes. En outre, leur extrapolation à l’être humain est contestable.</p> <p>Concernant par exemple <a href="https://www.pnas.org/content/116/43/21727">l’étude de la revue PNAS</a> mentionnant un risque accru de cancer du poumon et de la vessie chez la souris, il s’agissait de travaux menés sur quarante souris, exposées aux fumées de cigarette électronique pendant 54 semaines, soit un peu plus d’un an. Elles les respiraient quatre heures par jour, cinq jours par semaine, <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/que-penser-de-l-etude-americaine-qui-fait-le-lien-entre-cigarette-electronique-et-cancer-chez-les-souris_3653345.html">des conditions extrêmes qui n’ont rien à voir avec la réalité</a>. De plus, la concentration de nicotine utilisée (36 mg/mL) est presque deux fois plus élevée que le seuil autorisé en France (20 mg/mL), et le nombre de souris dans l’expérience témoin est trop faible : d’où un risque de biais statistiques.</p> <p>Pour le professeur Bertrand Dautzenberg, tabacologue et président de la commission de normalisation AFNOR sur les cigarettes électroniques, huit points doivent être présents à l’esprit devant de telles études :</p> <p>1- L’e-cigarette ne produit pas de fumée : c’est une inexactitude scientifique qui permet de classer les articles partisans ;</p> <p>2- Il faut analyser avec intelligence ces résultats : les rayons du soleil sont classés cancérogènes certains pour l’être humain… mais sont néanmoins bons pour la vie sur Terre ;</p> <p>3- L’être humain n’est pas une souris : la plupart des études de cancérogénèse positives par inhalation chez la souris ne sont pas confirmées chez l’être humain ;</p> <p>4- Les auteurs ne disent pas que cela cause le cancer, mais pourrait y contribuer, et invitent à conduire des études complémentaires ;</p> <p>5- Les conditions d’expositions sont souvent farfelues ;</p> <p>6- L’e-cigarette ne sera jamais conseillée par un médecin à un non-fumeur et 99 % des vapoteurs ont une histoire avec la cigarette. Ne pas prendre un contrôle négatif sans exposition et un contrôle positif est une erreur méthodologique majeure ;</p> <p>7- Ces études peu rigoureuses se multiplient, ce qui pose la question de savoir qui a intérêt à publier autant de mauvaise science et pourquoi ;</p> <p>8- Il ne faut analyser que les études ayant un design correct (comparaison avec la fumée de tabac).</p> <h3>L’e-cigarette n’est pas un gadget récréatif</h3> <p>Rappelons ici que le CDC américain (Centers for disease control - principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique) recommande notamment aux adolescents et aux jeunes adultes <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/Quick-Facts-on-the-Risks-of-E-cigarettes-for-Kids-Teens-and-Young-Adults.html ?s_cid=OSH_misc_M294">d’en éviter l’usage</a>.</p> <p>Récemment, 15 experts antitabac de renom, anciens directeurs de la Society for Research on Nicotine and Tobacco, ont par ailleurs publié un article <a href="https://ajph.aphapublications.org/doi/pdf/10.2105/AJPH.2021.306416">sur les risques et les bénéfices de l’e-cigarette</a>. Ils y proposent une série de mesures pour limiter l’accès aux plus jeunes, comme taxer plus fortement les produits du tabac combustibles (et taxer à minima les produits de la vape), n’autoriser la vente d’e-liquides aromatisés qu’en boutiques uniquement accessibles aux majeurs.</p> <p>Par ailleurs, la survenue, en 2019, de centaines de cas du syndrome <a href="https://www.cdc.gov/tobacco/basic_information/e-cigarettes/severe-lung-disease.html#overview">EVALI</a> (« E-cigarette or Vaping Use-Associated Lung Injury »), une maladie pulmonaire sévère liée à l’usage de e-cigarettes, souligne l’importance de l’origine et de la composition des e-liquides. Si des <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1911614">interrogations semblent demeurer</a> sur les substances impliquées, ils auraient pu contenir du THC et du CBD (cannabinoïdes issus du cannabis), et avoir été <a href="https://theconversation.com/la-vape-un-marche-en-pleine-mutation-164126">achetés hors des circuits légaux</a>.</p> <p>Pour s’assurer que les liquides vendus respectent les doses légales de nicotine notamment, il faut acheter en boutique des produits de distributeurs français répondant aux <a href="https://normalisation.afnor.org/thematiques/cigarettes-electroniques/">normes AFNOR</a>. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a de son côté établi une liste de référence inédite, référençant près de 1 200 substances identifiées. Elle envisage en outre d’évaluer <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/PRES2020DPA01.pdf">les risques liés à l’inhalation de certaines substances</a>.</p> <p>Pour conclure, il est important de garder à l’esprit que la cigarette électronique n’est pas un gadget récréatif destiné aux non-fumeurs ou aux mineurs, mais bien un outil - efficace - visant au sevrage tabagique.</p> <hr /> <h4>Remerciements au Pr Bertrand Dautzenberg pour ses commentaires pertinents.<img src="https://counter.theconversation.com/content/166851/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></h4> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/philippe-arvers-336166">Philippe Arvers</a>, Médecin addictologue et tabacologue, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-grenoble-alpes-uga-2279">Université Grenoble Alpes (UGA)</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/se-sevrer-du-tabac-grace-a-la-vape-ce-quil-faut-savoir-166851">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'se-sevrer-du-tabac-grace-a-la-vape-ce-qu-il-faut-savoir', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 498, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/se-sevrer-du-tabac-grace-a-la-vape-ce-quil-faut-savoir-166851', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 10, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4937, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Géopolitique du sport: l’affrontement entre la Russie et l’Ukraine', 'subtitle' => 'Impossible apolitisme du sport mondial face à la guerre en Ukraine. 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Cette déclaration est catégorique : « La guerre non provoquée et injustifiable de la Russie contre l’Ukraine, soutenue par le gouvernement biélorusse, est répugnante et constitue une violation flagrante de ses obligations internationales. » Ainsi, du point de vue sportif et diplomatique, la Russie se retrouve isolée.</p> <h3>La création d’un nouvel ordre mondial du sport ?</h3> <p>Dans les paroles et les actions, le pouvoir russe privilégie depuis le début de l’invasion la création d’un pôle sportif alternatif à l’échelle mondiale pour contrer les institutions sportives internationales traditionnelles telles que le CIO ou la Fifa.</p> <p>En pratique, cela impliquerait de se passer du sport mondial, de le remplacer ou de rivaliser avec lui. En Russie, par exemple, l’idée de diviser le mouvement olympique gagne du terrain. Il s’agirait de séparer les Jeux en deux parties : à l’Ouest, les Jeux occidentaux, et à l’Est, les Jeux russes « traditionnels ». Ces Jeux à la russe se dérouleraient en été en Crimée et en hiver à Sotchi. Ils puiseraient leur légitimité dans les liens historiques plus ou moins confirmés de ces régions avec la Grèce antique. En 2007, pour obtenir les Jeux de Sotchi, Vladimir Poutine avait rappelé aux membres du CIO que « les Grecs anciens ont vécu près de Sotchi. J’ai vu le rocher près de Sotchi où, selon la légende, Prométhée était enchaîné. Prométhée qui a donné le feu aux hommes, le feu qui est finalement la flamme olympique ». Depuis, l’argument du mythe est souvent utilisé pour évoquer cette région russe, composée du Caucase et de la péninsule de Crimée. Selon Vladimir Poutine, ces terres sont sacrées et pourraient servir de cadre à un nouvel ordre mondial du sport.</p> <figure><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/o8WjPYcA0lY?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe></figure> <p>Dans le cadre de ce scénario et pour rivaliser politiquement et sportivement avec succès avec le mouvement olympique, le pouvoir russe cherche déjà des alliés […]. L’objectif est de solliciter les pays membres de la CEI, de l’Organisation de coopération de Shanghai et les BRICS pour qu’ils participent à cette ambition. Ces trois organisations regroupent plusieurs acteurs majeurs du sport mondial, parmi lesquels la Chine occupe une place de choix. Si ce projet russe réussissait, il pourrait donner naissance à un nouvel ordre mondial du sport destiné à rivaliser avec les institutions historiques du sport moderne telles que le CIO ou la Fifa. Concomitante à une dynamique plus générale de désoccidentalisation du monde, cette influence dépasse très largement le cadre sportif.</p> <h3>Le sport ukrainien, c’est la guerre avec les balles</h3> <p>Depuis le 24 février 2022, pour Volodymyr Zelensky et l’Ukraine, le sport, c’est la <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/culturesmonde/le-sport-c-est-la-guerre-les-fusils-en-moins-g-orwell-1945-2-4-la-guerre-un-sport-comme-les-autres-7282852">guerre avec les balles</a>. En effet, à l’heure du conflit russo-ukrainien, le domaine sportif en Ukraine a subi une transformation significative.</p> <p>Initialement, au lendemain de l’invasion et sur une période de moins de deux mois, les autorités nationales ont suspendu l’ensemble des activités sportives en Ukraine. L’accent était alors mis sur l’effort de guerre, et les installations sportives ont été utilisées par les militaires ukrainiens comme bases de repli ou de déploiement. Cela explique pourquoi les installations sportives, telles que les stades ou les gymnases, sont souvent la cible des forces russes, car elles pourraient potentiellement abriter des unités ukrainiennes entières.</p> <p>Par la suite, lorsque l’armée russe a commencé à faire du surplace voire à reculer sur le terrain, le secteur sportif ukrainien a pris une nouvelle orientation. Certains clubs de football ont obtenu la permission de jouer des matchs de charité à l’étranger, malgré la loi martiale interdisant aux hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le territoire. Ces matchs visaient à sensibiliser à la cause ukrainienne. De même, les athlètes en préparation pour d’importantes compétitions ont pu s’entraîner à l’étranger.</p> <p>Par exemple, l’équipe nationale de football a été autorisée à s’entraîner en Slovénie pendant un mois en mai 2022 en vue des qualifications pour la Coupe du monde de football 2022 au Qatar. Ainsi, le soft power sportif a contribué symboliquement à l’effort de guerre. Les autorités estimaient qu’un athlète ukrainien était plus utile sur le terrain sportif que sur le front militaire. Selon elles, il offrait un double avantage en donnant à l’Ukraine une visibilité internationale et en pouvant potentiellement rehausser le moral des troupes déployées sur le terrain. Cette dimension ne doit pas être sous-estimée : une victoire sportive pour un athlète ukrainien procurait aux soldats, qui suivaient régulièrement les matchs et les résultats, un certain espoir et un regain de moral.</p> <p>À partir de la mi-juin 2022, le sport à l’échelle nationale a progressivement retrouvé sa place, bien que dans des conditions exceptionnelles. Par exemple, la Première Ligue ukrainienne de football a obtenu l’autorisation de débuter la saison 2022-2023 fin août. Toutefois, les règles ont été adaptées à la situation du moment. Les spectateurs ne sont plus autorisés à assister aux matchs, et ceux-ci nécessitent une autorisation systématique de l’administration militaire pour avoir lieu. Si une alerte de raid aérien potentiel retentit dans un rayon de moins de 500 mètres, le match est interrompu et les joueurs se réfugient dans les vestiaires, ce qui se produit régulièrement. Après un an et demi de guerre, aucun footballeur ukrainien n’a été blessé. Cependant, certains matchs ont duré plus de cinq heures au total.</p> <p>Paradoxalement, l’Ukraine continue de participer activement aux événements sportifs européens et mondiaux. Chaque compétition internationale offre l’opportunité aux autorités de promouvoir les intérêts du pays dans un contexte de guerre. De plus, certains clubs ukrainiens sont accueillis par les alliés géopolitiques les plus proches de l’Ukraine. Par exemple, le Dynamo Kyiv s’entraîne et joue certains de ses matchs à Cracovie, en Pologne. Dnipro, quant à lui, joue et s’entraîne à Košice, en Slovaquie, de manière permanente. En général, de nombreux athlètes et entraîneurs ukrainiens, actifs ou non, ont choisi de rejoindre le front dans l’est de l’Ukraine, mettant leur carrière en suspens. Le cas emblématique est peut-être celui de Yuriy Vernydub, entraîneur ukrainien du Sheriff Tiraspol, qui est parti au front dès le lendemain de l’invasion. Il est important de noter que ces professionnels du sport proviennent souvent de divisions sportives moins importantes. En effet, les athlètes de renom préfèrent généralement contribuer à l’effort de guerre d’un point de vue sportif et symbolique.</p> <p>Le cas des supporters des clubs ukrainiens est également notable. Depuis 2014 et surtout depuis l’invasion russe en Ukraine, de nombreux ultras ont rejoint le front pour combattre ensemble, mettant de côté leur rivalité sportive. En temps de paix rivaux, les supporters du Shakhtar Donetsk et du Dynamo Kyiv combattent ensemble contre leur ennemi commun.</p> <h3>La stratégie politique et sportive de Volodymyr Zelensky après l’invasion russe</h3> <p>Depuis le 24 février 2022, la stratégie internationale de Volodymyr Zelensky s’est intensifiée dans le domaine sportif, trouvant écho dans l’espace médiatique mondial. Les ministères, les organisations privées et le comité olympique ukrainien, tous les organes politiques, économiques et sportifs du pays sont mobilisés pour transmettre un message : l’exclusion de la Russie doit durer tant que l’invasion se poursuit.</p> <figure><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/YQiSJ3AO5CI?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe></figure> <p>Le hashtag #boycottrussiansport en est devenu le symbole. De manière concrète, les arguments ukrainiens peuvent être résumés en cinq points. La Russie devrait être exclue des événements sportifs mondiaux et des Jeux olympiques de Paris 2024 car elle est un État envahisseur et terroriste ; les athlètes russes sont de quelque manière liés à l’État russe ou à l’armée russe ; le régime de Vladimir Poutine exploite le sport à des fins de propagande ; dans de telles conditions, l’équité des compétitions sportives (Jeux olympiques, Coupe du monde, etc.) ne peut être maintenue ; les athlètes ukrainiens perdent la vie au front ou ne peuvent pas s’entraîner convenablement pour les grandes compétitions internationales, par conséquent la Russie et la Biélorussie ne devraient pas être autorisés à y participer.</p> <p>Pour diffuser ces arguments, le gouvernement ukrainien utilise divers canaux. Tout comme Volodymyr Zelensky utilise son smartphone pour communiquer avec différentes générations, les principaux porte-parole du sport ukrainien exploitent les canaux et les codes contemporains pour diffuser leur message. Les réseaux sociaux tels que TikTok, Facebook ou Instagram sont fréquemment utilisés pour diffuser des propos politiques liés au sport. On peut souvent voir circuler des vidéos de quelques secondes transmettant un message percutant. Par exemple, l’une de ces vidéos virales montre un athlète russe lançant un javelot dans les airs. Le javelot se transforme ensuite en obus, suit la trajectoire de l’athlète et finit par s’écraser sur un bâtiment ukrainien. Un message s’affiche alors à l’écran : « Boycott Russian Sport. »</p> <h4 style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/592021/original/file-20240503-16-h8q7b1.jpeg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/592021/original/file-20240503-16-h8q7b1.jpeg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>Ces extraits sont issus de « La Guerre du sport. Une nouvelle géopolitique » de Lukas Aubin et Jean-Baptiste Guégan, qui vient de paraître aux éditions Tallandier.</span></em></h4> <p>En général, tous les médias sont utilisés par l’Ukraine pour défendre ses intérêts. Par exemple, le site web du ministère ukrainien de la Jeunesse et des Sports est en ukrainien, mais une bannière en gras et en anglais apparaît en haut de la page, indiquant : <a href="https://mms.gov.ua/russian-and-belarusian-athletes-who-support-the-war-in-ukraine">« Russian and Belarusian athletes who support the war in Ukraine. »</a> la bannière, les internautes ont accès à une liste d’athlètes russes et biélorusses soutenant officiellement l’invasion russe en Ukraine. Le compte Facebook du ministère suit la même approche, avec une bannière principale affichant à nouveau le hashtag #boycottrussiansport, cette fois-ci en lettres sanglantes.</p> <p>Pour avoir un impact encore plus fort, le Comité des sports d’Ukraine (SKU), chargé de promouvoir le développement des sports non olympiques, a lancé le projet Angels of Sport via un site web recensant les athlètes et entraîneurs ukrainiens professionnels décédés au combat depuis le 24 février 2022.<img src="https://counter.theconversation.com/content/229262/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <p> </p> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/lukas-aubin-910318">Lukas Aubin</a>, Docteur en Études slaves contemporaines : spécialiste de la géopolitique de la Russie et du sport, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-paris-nanterre-universite-paris-lumieres-2294">Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/jean-baptiste-guegan-234426">Jean-Baptiste Guégan</a>, Enseignant en géopolitique du sport, journaliste et consultant, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/geopolitique-du-sport-laffrontement-entre-la-russie-et-lukraine-229262">article original</a>.</h4> <h4><em>Lukas Aubin, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste de la géopolitique de la Russie et du sport et membre associé du Centre de Recherches Pluridisciplinaires Multilingues (CRPM) à l’université Paris-Nanterre, et Jean-Baptiste Guégan, expert en géopolitique du sport et enseignant à Sciences Po Paris, viennent de publier aux éditions Tallandier</em> <a href="https://www.tallandier.com/livre/la-guerre-du-sport/">La Guerre du Sport, une nouvelle géopolitique</a>, <em>un ouvrage complet qui met en lumière l’influence des grands enjeux internationaux sur un un monde du sport à l’apolitisme de plus en plus illusoire. 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Il y voyait un moyen efficace de lutter contre les maladies dues à une carence en vitamine A, très répandues en Asie du Sud-Est et qui peuvent entraîner la cécité, voire la mort. Potrykus était alors loin de se douter qu'un tribunal philippin retoquerait son invention un an et demi après son autorisation.</p> <h3>Syngenta acquiert des droits de brevet</h3> <p>La route a été longue jusqu'à la première récolte du riz doré: en 1999 déjà, Potrykus et son collègue Peter Beyer avaient présenté un prototype. Celui-ci contenait des gènes de jonquille qui produisaient de la provitamine A dans le grain de riz et le faisaient ainsi briller d'un jaune doré. En 2005, les chercheurs avaient développé une deuxième variante en collaboration avec le géant de l'agroalimentaire Syngenta. 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En effet, le corps humain n'utiliserait la provitamine A que s'il dispose de suffisamment de graisse, ce qui, selon Greenpeace, n'est souvent pas le cas chez ces personnes. De plus, il y aurait un risque que le riz génétiquement modifié, une fois introduit dans le champ, se reproduise de manière autonome, se propage et contamine ainsi d'autres variétés de riz. En raison de ces doutes, il a fallu attendre 16 ans de plus pour que les autorités philippines en charge de la biosécurité donnent finalement le feu vert à la culture du riz doré en 2021.</p> <h3>Le tribunal révoque l’autorisation</h3> <p>Mais aujourd'hui, une nouvelle décision de justice met déjà un frein à la propagation de la variété de riz transgénique. Ainsi, une Cour d'appel philippine a révoqué l'autorisation le 17 avril dernier en se référant au principe de précaution: «En l'absence de consensus scientifique sur la sécurité du riz doré, il ne devrait plus être cultivé à des fins commerciales». L'interdiction s'étend en outre à la culture d'une aubergine génétiquement modifiée. La culture commerciale de ces variétés n'est pas autorisée «jusqu'à ce que les autorités gouvernementales concernées apportent la preuve de la sécurité et du respect de toutes les exigences légales», précise le tribunal.</p> <p>Le tribunal a aussi relevé que le gouvernement n'avait pas mis en place de mécanismes de surveillance pour assurer la sécurité de la culture et de la consommation du riz doré. Le jugement met donc pour l'instant à l’arrêt de nouveaux essais menés en plein champ, dans des serres ou des champs ouverts.</p> <p>Ce jugement intervient après que l'association d'agriculteurs philippins MASIPAG a porté plainte, avec d'autres organisations, contre l'autorisation de cultiver du riz doré. La plainte, déposée en 2022, se base sur un instrument juridique philippin appelé Writ of Kalikasan. 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