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Actuel / Plutôt que de faire diminuer les hospitalisations, le certificat Covid les fait augmenter


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Dans de nombreux restaurants, dans des cinémas et lors de grands événements, la distanciation sanitaire et le port des masques ne sont plus de mise. C’est ainsi que désormais les personnes vaccinées y infectent davantage de personnes non vaccinées. Un article d'«Infosperber».



Par Urs P. Gasche


L’obligation de présenter un certificat Covid a un sens si cela entraîne une diminution significative des hospitalisations et surtout si cela permet d'éviter la surcharge des unités de soins intensifs. Mais pour atteindre cet objectif, le Conseil fédéral aurait dû soit maintenir l’obligation du port du masque et de la distance sanitaire dans les salles fermées, soit en interdire l'accès aux personnes non vaccinées.

Cependant, de nombreux éléments indiquent que le Conseil fédéral n'a pas introduit l'obligation du certificat principalement pour soulager les hôpitaux, mais plutôt pour inciter les jeunes et les adultes qui ne l'ont pas encore été à se faire vacciner. Car son objectif déclaré est d'augmenter la couverture vaccinale (voir Infosperber du 19 septembre).

La réglementation sur les certificats, qui a été prolongée il y a une semaine, et l'allègement simultané pour les personnes vaccinées peuvent même avoir un effet contre-productif pour les hôpitaux. Pour accéder aux restaurants, aux cinémas, aux discothèques, aux piscines couvertes ou aux grands événements, il n'y a plus d'obligation de porter le masque ni de distance sanitaire à respecter. Les personnes non vaccinées risquent donc d'y être infectées par des personnes vaccinées plus souvent que par le passé (1). Les infections supplémentaires entraînent davantage d'hospitalisations chez les personnes non vaccinées à risque.

Les faits suivants doivent être pris en compte:

1 Les personnes vaccinées peuvent être infectées par le Covid-19, mais leur risque de tomber gravement malade à cause de cette maladie est actuellement plus faible que celui d'avoir un accident de la route, à vélo ou en voiture. Les personnes vaccinées ne peuvent donc pas surcharger les hôpitaux. Dans les unités de soins intensifs, il n’y a même pas un patient sur vingt qui est vacciné.

2 Les personnes vaccinées peuvent infecter d'autres personnes, à savoir les personnes non vaccinées. Le 3 août, Virginie Masserey, responsable du contrôle des infections à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), a déclaré que «les personnes vaccinées semblent pouvoir infecter d'autres personnes avec la variante delta du virus Corona de la même manière que les personnes non vaccinées». La question de savoir si les personnes vaccinées peuvent être aussi ou moins infectieuses que les personnes non vaccinées est sujette à débat. Mais il y a clairement un risque. C'est pourquoi la plus haute autorité américaine en matière d'infection et de prévention (CDC) recommande le port d'un masque à l'intérieur même pour les personnes vaccinées lorsqu'il y a beaucoup de monde.

3 Depuis l'introduction de la certification obligatoire, les restaurants, les cinémas, les discothèques, les piscines couvertes ou les organisateurs de grands événements peuvent se passer des mesures préventives telles que les masques, les cloisons de séparation, etc. Il n'y a plus non plus de suivi des personnes de contact si quelqu'un est infecté dans ces lieux.

En plus, de nombreuses personnes vaccinées sont persuadées que grâce à la vaccination elles ne peuvent infecter personne et abandonnent donc toute prudence dans les restaurants, les cinémas, les discothèques, les piscines couvertes ou lors de grands événements. Cependant, si ces personnes sont infectées, elles sont tout aussi contagieuses qu'elles l'étaient avant l'obligation du certificat Covid. Et n'oublions pas qu'elles ne savent pas si leurs voisins immédiats ont été vaccinés ou non.

Pour ces raisons, les personnes non vaccinées qui peuvent se rendre dans ces lieux grâce à un test négatif risquent d'être infectées par les personnes vaccinées plus souvent qu'auparavant. Une fois infectées, ce sont surtout les personnes vulnérables parmi les non-vaccinés qui risquent de tomber gravement malades et d'être hospitalisées.

Ne pas surcharger les hôpitaux?

Si l'obligation de certification élargie a réellement et principalement pour but de soulager les hôpitaux, le Conseil fédéral aurait dû opter de manière cohérente pour l'une des trois mesures suivantes:

1 Continuer à prescrire toutes les mesures de prévention, telles que le respect des distances sanitaires, l'obligation de porter des masques, la limitation du nombre de participants et le traçage dans les restaurants, cinémas, discothèques, piscines couvertes ou lors de grandes manifestations, ceci malgré l'obligation de présenter un certificat Covid.

2 Ou exiger un test négatif aux personnes vaccinées comme condition préalable à l'admission. Dans ce cas, il faudrait accepter le fait que les tests donnent une petite proportion de faux résultats.

3 Ou − afin de rendre la pleine liberté aux personnes vaccinées − accorder l'accès exclusivement aux personnes vaccinées et rétablies. Le Conseil fédéral suivrait ainsi la proposition du conseiller national PRD Kurt Fluri, à savoir «interdire de manière générale les restaurants et les manifestations aux personnes non vaccinées».

Le Conseil fédéral n'a pris aucune de ces trois mesures. La première ou la troisième aurait augmenté la pression sur les personnes non vaccinées pour qu'elles se fassent vacciner. Néanmoins, le Conseil fédéral admet que, dans un avenir proche, un plus grand nombre de personnes non vaccinées seront infectées par des personnes vaccinées, tomberont gravement malades et se retrouveront dans des unités de soins intensifs.

Le raisonnement est évident: mieux vaut des hospitalisations supplémentaires et évitables que de la considération pour une minorité de personnes non vaccinées, que d'aucuns considèrent comme résistantes, paresseuses, défiantes ou nuisibles au peuple. Laissez-les s'infecter davantage, même si certains d'entre eux encombrent ensuite les hôpitaux.

Experts en faveur du maintien des obligations du masque, des distances sanitaires et du traçage

Les experts ne contestent pas le fait que les personnes vaccinées peuvent être contagieuses. «Si les mesures d'hygiène sont abandonnées et que les vaccinés se comportent comme s'ils ne représentaient aucun risque, alors un scénario comparable à celui de l'Islande ou d'Israël se produira, la circulation du virus augmentant», explique Monique Lehky Hagen, présidente de l'Association médicale valaisanne.

Selon le professeur Marcel Tanner, épidémiologiste et membre de la Taskforce jusqu'à fin janvier 2021, les personnes vaccinées qui attrapent le virus sont contagieuses pendant trois à quatre jours, tandis que les personnes non vaccinées le sont pendant dix à douze jours. Selon Paul R. Vogt, directeur du service de chirurgie cardiaque de l'hôpital universitaire de Zurich, les personnes vaccinées peuvent être contagieuses même si elles ne ressentent aucun symptôme, ce qui est le cas de quatre personnes infectées sur dix. Le nombre de personnes infectées est très faible, mais «personne n'en est sûr».

Dans une interview accordée à CNN le 11 août, Rochelle Walensky, directrice du CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), a confirmé que les personnes vaccinées peuvent être contagieuses même si elles ne ressentent aucun symptôme.

Pour ces raisons, il est clair pour Paul R. Vogt que «l'assouplissement des mesures de protection conduira à un plus grand nombre de personnes infectées et, ensuite, de manière différée, à un plus grand nombre de patients dans les unités de soins intensifs».

Paul R. Vogt et Marcel Tanner se réjouiraient tous deux que le Conseil fédéral prescrive à nouveau les mesures préventives abolies telles que le respect des distances, l'obligation de porter un masque, la traçabilité malgré les certificats, comme auparavant et ceci tant que les hôpitaux sont menacés de surcharge. 

Toutefois, le professeur Tanner part du principe que la plupart des restaurants respecteront les règles de distance et de ventilation même sans cette obligation.

Paul R. Vogt, quant à lui, préconiserait même «à titre de mesure clairement temporaire» − tant que les hôpitaux sont menacés de congestion − que les personnes non vaccinées ne soient pas autorisées à se rendre dans les restaurants, les cinémas, les discothèques, les piscines couvertes et les grandes manifestations.

La Taskforce et l'Office fédéral de la santé publique se dégonflent

Infosperber a posé trois questions à l'OFSP et à la Taskforce. L'espoir d'obtenir des réponses claires n'a pas été exaucé.

Quel est votre commentaire sur l'affirmation selon laquelle les personnes non vaccinées ont un risque accru d'infection depuis l'obligation de certification étendue?

La réponse de la Taskforce est restée imprécise et ne cite pas de source. Le professeur et immunologiste Christian Münz: «Plus les participants ont été vaccinés ou infectés depuis longtemps, plus le risque que les personnes testées négativement (non vaccinées) soient infectées lors des événements sans mesures d'hygiène supplémentaires est élevé.»

Réponse du service de presse de l'OFSP: «Lorsque le certificat Covid est mis en œuvre et testé comme spécifié, le risque de transmission et donc le risque d'infection est fortement réduit. Un risque résiduel limité subsiste.»

Pour les hôpitaux, seul le risque pour les personnes non vaccinées est actuellement pertinent. L'OFSP ne fait pas cette distinction.

Préconiseriez-vous − tant que les hôpitaux sont menacés de surcharge − de rendre à nouveau obligatoires, malgré les certificats, les mesures de prévention supprimées telles que le respect des distances sanitaires, l’obligation du port du masque les masques, le traçage et la limitation du nombre de participants aux grandes manifestations?

Réponse de Christian Münz, de la Taskforce: «Je préfère ne pas commenter ces décisions politiques.» Toutefois, selon lui, il appartiendrait à la Taskforce de proposer des «stratégies de vaccination et de traitement efficaces». Sa réticence à répondre à notre question est surprenante, car plusieurs membres du groupe de travail n'ont pas hésité à commenter publiquement les décisions politiques prises depuis le début 2020.

«Réponse» de l'OFSP: «Toutes les mesures applicables nouvellement introduites doivent faire l'objet d'un examen continu pour vérifier leur actualité et leur efficacité et, si nécessaire, être adaptées ou étendues.»

Seriez-vous favorable − tant que les hôpitaux sont menacés de surcharge − à ce que les personnes non vaccinées n'aient plus accès aux restaurants, cinémas, discothèques, piscines couvertes et grandes manifestations?

Réponse de Christian Münz, de la Taskforce: «Je préfère ne pas commenter ces décisions politiques.» Toutefois, selon lui, il appartiendrait au groupe de travail de proposer des «stratégies de vaccination et de traitement efficaces».

«Réponse» de l'OFSP: «Avec la prolongation de l'obligation de certificat, le Conseil fédéral veut surtout éviter de surcharger les hôpitaux.»


1 Les personnes infectées non vaccinées peuvent également infecter plus fréquemment d'autres personnes non vaccinées si les mesures de protection sont omises. Cependant, les personnes non vaccinées dans les restaurants, les cinémas, etc. − contrairement aux personnes vaccinées − ont toutes été testées négativement. Par conséquent, seules les très rares personnes non vaccinées chez qui le test a donné un faux résultat peuvent être infectieuses.

Lire l’article original 

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@Christode 24.09.2021 | 07h54

«Ah, eh bien mince, je n'aurais pas pensé lire un tel article dans Bon pour la tête!
Quand donc voudra-t-on reconnaître que notre pays, comme ceux d'alentour (la France en est la caricature) manque cruellement de lits d’hôpitaux depuis des années et chaque hiver?
Et puis, va-t-on une fois baisser la pression sur la population et cesser de discriminer les gens sur des question de "santé"? Initialement, selon les dire du M. Berset lui-même, il n'était pas question de vacciner de force toute la population (ç'aurait été un comble!). Eh bien nous y sommes. Mais qu'arrive-t-il donc à notre pays pour que nous ayons à ce point perdu tout bon sens?
Ch. Demierre»


@Maryvon 26.09.2021 | 11h02

«Un grand merci pour cet excellent article. Si j'ose ajouter ceci concernant le passe sanitaire. Nous revenons de Bergame, ville italienne hautement touchée par le Covid et bien personne ne nous a demandé de présenter le précieux sésame, ni à l'hôtel, ni dans les restaurants où nous avons mangé. Par contre les gens portaient scrupuleusement le masque. Deuxième chose, la RTS nous informe en début de semaine qu'environ 1 million de personnes en Suisse recevraient volontiers une injection d'un vaccin conventionnel type AstraZeneca. Autrement dit, ce million de personnes stigmatisées d'ailleurs par certains journalistes qui n'ont pas hésité à utiliser ce terme oh combien idiot "d'anti-vacc" ne sont pas des citoyens irresponsables mais bien des citoyens qui doutent. Et quand bien même certains ne voudraient pas se vacciner, c'est encore leur droit.»


@CJS 17.06.2022 | 09h05

«"Dans les unités de soins intensifs, il n’y a même pas un patient sur vingt qui est vacciné." De quel chapeau sortez-vous cette affirmation ? Je serais curieux de connaître vos sources. Par contre, il ressort des statistiques officielles et vérifiables du gouvernement français qu'en décembre 2021, 63.3% des personnes décédés du Covid étaient vaccinées (Source : https://data.drees.solidarites-sante.gouv.fr). La propagande, ce n'est pas de l'information !»