Histoire / Môtiers: la dame en rouge, Bovet-de-Chine et Rousseau
Le bateau "Orwell" de la East India Company à bord duquel voyagea Bovet (ici en construction, 1817). © DR
Montres "jumelles" Bovet.
Dos d'une montre de poche Bovet (ca. 1830), décoré d'une jonque, pour le marché chinois.
La compagne chinoise d'Édouard Bovet réinterprétée par Catherine Gfeller dans la grotte de Môtiers.
A 21 ans, un jeune homme engagé par la maison londonienne d'horlogerie Magniac embarque à bord de l'Orwell, alors le navire le plus rapide de la Compagnie des Indes Orientales, destination Canton. Le 16 août 1818, il note dans son journal de bord: «On ne peut pas se faire une idée de la quantité de bateaux qui se trouve dessus cette rivière, tout ce peuple vit dessus l'eau, car il n'y a pas assez de place dessus terre; la rivière est plus large que la Tamise par place. Canton est une vilaine ville (...), tout est puant...»
Qu'est venu chercher Edouard Bovet dans cette «vilaine ville»? Des clients bien sûr, parmi les Mandarins aisés dont il connaît le goût pour les montres finement décorées. D'autres horlogers neuchâtelois et genevois l'ont précédé: les Jaquet-Droz, Leschot, leur associé Henri Maillardet, les Piguet et Meylan. Il y a de la concurrence! Mais Bovet et ses quatre frères vont rapidement s'imposer par la qualité de leurs mouvements dorés dont les palpitations s'observent à travers une cuvette en verre, leurs boîtiers délicatement laqués sur lesquels fleurissent les roses, ou voguent de fières jonques. Charles rejoint bientôt Edouard à Canton tandis que Frédéric et Alphonse reviennent de Londres à Fleurier où, avec Gustave, qui n'a pas quitté le Val-de-Travers, ils mettent en place un réseau d'ateliers pour fabriquer les garde-temps à destination de la Chine. En 1824, ils fondent leur propre société.
Bovet ne le sait pas encore, mais son nom légèrement déformé va passer à la postérité et devenant commun: «po-way» (ou «bo-way» selon une autre transcription phonétique) signifie «montre» en chinois, aujourd'hui encore. Il ne manque pas d'idées commerciales, élargit la gamme de prix, vend ses montres par paires. La notion de gémellité plait aux Chinois, permet de faire un cadeau de prix à l'âme-sœur. Par ailleurs, il est plus prudent d'avoir une montre de réserve si l'une des deux tombe en panne, les délais de réparation étant assez longs…
Les affaires deviennent si prospères qu'Edouard Bovet se fait construire un «palais» à Fleurier (l'actuel Hôtel de Ville). Entre le Pâquier et la rue de l'Hôpital, une rue est rebaptisée «Bovet-de-Chine». «Sur plusieurs maisons, écrit un voyageur en 1859, on voit des emblèmes de la Chine; aux contrevents, aux stores, aux kiosques, on reconnaît les habitations des fabricants de montres chinoises.»
Le destin des Bovet est plus hasardeux en politique, où ils s'affichent comme chefs de file des républicains neuchâtelois. Le coup d’État manqué de 1831 vaut à Edouard un exil de dix-sept ans à Besançon. En 1840, cent septante-cinq chefs d'atelier d'horlogerie (!) signent une requête auprès du Conseil d'Etat de Neuchâtel en faveur des Bovet dont l'exil risque de les priver de travail. C'est dire l'importance qu'a prise leur industrie dans le vallon et le canton.
En 1848, l'histoire bascule, Neuchâtel fait sa révolution républicaine. Edouard Bovet revient à Fleurier, pour y mourir un an plus tard, à l'âge de 52 ans.
Il laisse un fils, Edouard-Georges, né en 1826 à Macao, qu'il a ramené en Europe avec lui quatre ans plus tard.
La mère de ce fils était chinoise. C'est tout ce que l'on sait d'elle – si ce n'est qu'elle n'est jamais venue en Suisse...
...Jusqu'à cet été 2021, deux siècles après sa rencontre avec Edouard Bovet.
La voici qui réapparaît sous la forme d'un fantôme géant, d'un rouge provocant. Surgissant de la grotte de Môtiers où Jean-Jacques Rousseau aimait venir méditer de 1762 à 1765 (trente-cinq ans avant la naissance de Bovet), elle jette un regard mélancolique et vaguement réprobateur vers la cascade voisine qui étale son fin éventail argenté sur les pierres moussues arrondies par les siècles. Au-dessus de la grotte, au milieu d'une raide forêt, s'étale en grand caractères, rouges aussi, l'inscription «Elle est là!»
Laissons la parole à la photographe et plasticienne Catherine Gfeller, qui a mis en scène ce retour:
«La légende nous raconte que cette femme est entourée d’un mystère. Mais aujourd’hui, elle se tient majestueusement devant nous. Dans la grotte, au cœur de la forêt de Môtiers, par un beau matin d’été 2021, elle est apparue dans toute sa splendeur lumineuse, sortie de son
ombre. Son prénom, Linglan, signe son destin car il signifie "Retour avec Bonheur". Telle une déesse, elle a franchi les confins de l’espace et du temps. Avec elle, il n’y a pas de frontière entre Canton et Môtiers. Avec elle, il n’y a pas d’interruption entre 1818 et 2021.
Elle est venue rejoindre la terre de ses amours, celle où est revenu son bien-aimé Edouard et où a grandi leur fils Edouard-Georges. Valise en main, elle répond à son destin et renoue avec la part manquante de sa famille au fil des générations. En refaisant le chemin à l’envers, elle cherche à comprendre comment Edouard, parti de ce village où il a appris son métier d’horloger, a voyagé jusqu’à cette Chine qui l’a accueilli, jusqu’à cette rencontre improbable et fulgurante.
Dès son retour à Fleurier, Edouard revenait régulièrement se recueillir dans cette grotte pour évoquer le doux souvenir de Linglan. Ses incantations ont retenti tellement fort que les pierres,
entendant son appel, ont sculpté le visage d’Edouard, là, en haut à droite, comme une trace gravée de sa passion. Par la puissance de ce sortilège, les implorations amoureuses d’Edouard ont insufflé
à Linglan une nouvelle vie. Regardez, Elle est là!»
Edouard venait-il vraiment se recueillir dans la grotte en pensant à sa bien-aimée? Le privilège de l'interprétation revient à l'artiste en premier lieu… Cela étant, les journaux de voyage d'Edouard et Charles Bovet retrouvés par Alfred Chapuis pour son livre La montre chinoise. Relations de l'horlogerie suisse avec la Chine, publié en 1919, décrivent une réalité moins romantique. Si Charles goûtait les réunions joyeuses et Edouard les réflexions morales puisées chez Rousseau ou Voltaire, tous deux évoquent une existence de reclus – la première guerre de l'opium sera déclarée en 1839 et, en attendant, les relations d'affaires avec les Chinois sont soumises à moult restrictions.
Le neveu de Charles, Louis, qui s'établit lui aussi à Canton alors qu'il n'a pas vingt ans, revient dans ses lettres et «Souvenirs de Chine» sur ces conditions difficiles, voire carrément dangereuses. Les étrangers sont parqués, les divertissements sont rares – quelques parties d'équitation à Macao pour Louis – et les querelles entre négociants fréquentes. Les maladies rôdent. Rival en amour d'un Anglais, Louis constate non sans une certaine satisfaction que ce dernier a le visage marqué par la petite vérole. Le père de ce rival meurt noyé quand le bateau l'amenant en Chine fait naufrage.
Les Européens tentant de pénétrer dans la ville de Canton y risquent leur vie. Et pour cause: ce sont après tout eux les envahisseurs. Plusieurs sont promenés à travers les rues dans des cages, en butte à toutes les injures. Aucune femme européenne n'est autorisée à habiter la «factorerie» même, et tous les commerçants mariés ont leur ménage à Macao.
On imagine que dans ces conditions – sans parler du climat politique et religieux qui régnait à Neuchâtel avant 1848 – s'y afficher avec une femme chinoise posait quelques problèmes.
D'autant plus que les médisances allaient bon train entre horlogers dont la réussite légèrement insolente inspirait la jalousie. A ce propos, Louis fait la leçon à ses parents en 1838 quand de nouveaux concurrents (Vaucher et Bugnon) s'établissent à Canton: «J'espère que mes oncles auront soin de ne pas jaser dans le public sur leur compte, et de ne pas faire les fanfarons. (…) Plus vous jaserez sur leur compte et plus vous montrerez de jalousie et plus les gens du village seront contents… Faites plutôt de belles montres, voilà la vraie manière de nous défendre.»
Bugnon et Vaucher finiront assassinés en Chine. En 1840, Louis Bovet et Auguste Jeanneret ont eux-mêmes des sueurs froides quand ils se retrouvent seuls à Canton avec cinq ou six étrangers seulement. Bovet demeure quelque temps sans aucun compagnon dans l'immense «factorerie» hollandaise où il habite et ne s'y promène que le revolver au poing. «C'est comme si l'on marchait dans un caveau, écrit-il, j'aurais beau crier au secours, personne ne m'entendrait.» Bovet et Jeanneret ont la bonne inspiration de transférer leur précieuse marchandise à Macao: peu après, les «factoreries» sont pillées et saccagées. Un peu plus tard, trois maisons de commerce européennes sont incendiées; celle des Bovet y échappe, tout comme ce sera le cas en 1860. D'une certaine manière, cette présence continue a gardé les portes ouvertes à l'industrie suisse en Chine, car selon le traité imposé par les Anglais en 1843, seuls les citoyens de nations qui avaient fait du commerce jusque-là bénéficiaient d'une autorisation de séjour dans les nouveaux ports.
Telle est – fort partiellement – l'histoire des Bovet en Chine, plus terre-à-terre sans doute que ne le laisse supposer l'apparition de la «dame en rouge» dans la grotte chère à Rousseau. Mais la justice et l'air du temps commandent de rendre hommage à celle qui donna vie au fils d'Edouard Bovet et dont le nom même fut effacé – «invisibilisé» selon le néologisme barbare à la mode.
Un dernier clin d'œil de cette histoire concerne Rousseau, dont on sait qu'il quitta précipitamment Môtiers, voisine de Fleurier, en 1765 après que la maison où il avait trouvé asile fut copieusement caillassée par des habitants du lieu (qui ne l'aimaient guère) un soir de fête trop arrosée. La Revue du Musée neuchâtelois de 1918 nous apprend qu'un an avant cet événement, et de façon prémonitoire, une pièce chinoise fut jouée à Fleurier:
«- Eh bien, vous avez vu ce mandarin farouche? s'exclame un personnage.
- Nul péril ne l'émeut, nul respect ne le touche», rétorque un autre.
Il s'agissait d'acteurs locaux jouant L'Orphelin de la Chine, une pièce de… Voltaire, qui se répandait alors en libelles anonymes contre Rousseau!
Décidément, rien n'aura été épargné à ce pauvre Jean-Jacques...
A voir: Art en plein air, Môtiers, jusqu'au 20 septembre (tous les jours sauf les lundis).
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Mais Bovet et ses quatre frères vont rapidement s'imposer par la qualité de leurs mouvements dorés dont les palpitations s'observent à travers une cuvette en verre, leurs boîtiers délicatement laqués sur lesquels fleurissent les roses, ou voguent de fières jonques. Charles rejoint bientôt Edouard à Canton tandis que Frédéric et Alphonse reviennent de Londres à Fleurier où, avec Gustave, qui n'a pas quitté le Val-de-Travers, ils mettent en place un réseau d'ateliers pour fabriquer les garde-temps à destination de la Chine. En 1824, ils fondent leur propre société.</p> <p>Bovet ne le sait pas encore, mais son nom légèrement déformé va passer à la postérité et devenant commun: «po-way» (ou «bo-way» selon une autre transcription phonétique) signifie «montre» en chinois, aujourd'hui encore. Il ne manque pas d'idées commerciales, élargit la gamme de prix, vend ses montres par paires. La notion de gémellité plait aux Chinois, permet de faire un cadeau de prix à l'âme-sœur. Par ailleurs, il est plus prudent d'avoir une montre de réserve si l'une des deux tombe en panne, les délais de réparation étant assez longs…</p> <p>Les affaires deviennent si prospères qu'Edouard Bovet se fait construire un «palais» à Fleurier (l'actuel Hôtel de Ville). Entre le Pâquier et la rue de l'Hôpital, une rue est rebaptisée «Bovet-de-Chine». «Sur plusieurs maisons, écrit un voyageur en 1859, on voit des emblèmes de la Chine; aux contrevents, aux stores, aux kiosques, on reconnaît les habitations des fabricants de montres chinoises.»</p> <p>Le destin des Bovet est plus hasardeux en politique, où ils s'affichent comme chefs de file des républicains neuchâtelois. Le coup d’État manqué de 1831 vaut à Edouard un exil de dix-sept ans à Besançon. En 1840, cent septante-cinq chefs d'atelier d'horlogerie (!) signent une requête auprès du Conseil d'Etat de Neuchâtel en faveur des Bovet dont l'exil risque de les priver de travail. C'est dire l'importance qu'a prise leur industrie dans le vallon et le canton.</p> <p>En 1848, l'histoire bascule, Neuchâtel fait sa révolution républicaine. Edouard Bovet revient à Fleurier, pour y mourir un an plus tard, à l'âge de 52 ans.</p> <p>Il laisse un fils, Edouard-Georges, né en 1826 à Macao, qu'il a ramené en Europe avec lui quatre ans plus tard.</p> <p>La mère de ce fils était chinoise. C'est tout ce que l'on sait d'elle – si ce n'est qu'elle n'est jamais venue en Suisse...</p> <p>...Jusqu'à cet été 2021, deux siècles après sa rencontre avec Edouard Bovet.</p> <p>La voici qui réapparaît sous la forme d'un fantôme géant, d'un rouge provocant. Surgissant de la grotte de Môtiers où Jean-Jacques Rousseau aimait venir méditer de 1762 à 1765 (trente-cinq ans avant la naissance de Bovet), elle jette un regard mélancolique et vaguement réprobateur vers la cascade voisine qui étale son fin éventail argenté sur les pierres moussues arrondies par les siècles. Au-dessus de la grotte, au milieu d'une raide forêt, s'étale en grand caractères, rouges aussi, l'inscription «Elle est là!»</p> <p>Laissons la parole à la photographe et plasticienne Catherine Gfeller, qui a mis en scène ce retour:</p> <p>«La légende nous raconte que cette femme est entourée d’un mystère. Mais aujourd’hui, elle se tient majestueusement devant nous. Dans la grotte, au cœur de la forêt de Môtiers, par un beau matin d’été 2021, elle est apparue dans toute sa splendeur lumineuse, sortie de son <br />ombre. Son prénom, Linglan, signe son destin car il signifie "Retour avec Bonheur". Telle une déesse, elle a franchi les confins de l’espace et du temps. Avec elle, il n’y a pas de frontière entre Canton et Môtiers. Avec elle, il n’y a pas d’interruption entre 1818 et 2021.</p> <p>Elle est venue rejoindre la terre de ses amours, celle où est revenu son bien-aimé Edouard et où a grandi leur fils Edouard-Georges. Valise en main, elle répond à son destin et renoue avec la part manquante de sa famille au fil des générations. En refaisant le chemin à l’envers, elle cherche à comprendre comment Edouard, parti de ce village où il a appris son métier d’horloger, a voyagé jusqu’à cette Chine qui l’a accueilli, jusqu’à cette rencontre improbable et fulgurante.<br /> <br />Dès son retour à Fleurier, Edouard revenait régulièrement se recueillir dans cette grotte pour évoquer le doux souvenir de Linglan. Ses incantations ont retenti tellement fort que les pierres, <br />entendant son appel, ont sculpté le visage d’Edouard, là, en haut à droite, comme une trace gravée de sa passion. Par la puissance de ce sortilège, les implorations amoureuses d’Edouard ont insufflé <br />à Linglan une nouvelle vie. Regardez, Elle est là!»</p> <p>Edouard venait-il vraiment se recueillir dans la grotte en pensant à sa bien-aimée? Le privilège de l'interprétation revient à l'artiste en premier lieu… Cela étant, les journaux de voyage d'Edouard et Charles Bovet retrouvés par Alfred Chapuis pour son livre <em>La montre chinoise. Relations de l'horlogerie suisse avec la Chine</em>, publié en 1919, décrivent une réalité moins romantique. Si Charles goûtait les réunions joyeuses et Edouard les réflexions morales puisées chez Rousseau ou Voltaire, tous deux évoquent une existence de reclus – la première guerre de l'opium sera déclarée en 1839 et, en attendant, les relations d'affaires avec les Chinois sont soumises à moult restrictions. </p> <p>Le neveu de Charles, Louis, qui s'établit lui aussi à Canton alors qu'il n'a pas vingt ans, revient dans ses lettres et «Souvenirs de Chine» sur ces conditions difficiles, voire carrément dangereuses. Les étrangers sont parqués, les divertissements sont rares – quelques parties d'équitation à Macao pour Louis – et les querelles entre négociants fréquentes. Les maladies rôdent. Rival en amour d'un Anglais, Louis constate non sans une certaine satisfaction que ce dernier a le visage marqué par la petite vérole. Le père de ce rival meurt noyé quand le bateau l'amenant en Chine fait naufrage. </p> <p>Les Européens tentant de pénétrer dans la ville de Canton y risquent leur vie. Et pour cause: ce sont après tout eux les envahisseurs. Plusieurs sont promenés à travers les rues dans des cages, en butte à toutes les injures. Aucune femme européenne n'est autorisée à habiter la «factorerie» même, et tous les commerçants mariés ont leur ménage à Macao.</p> <p>On imagine que dans ces conditions – sans parler du climat politique et religieux qui régnait à Neuchâtel avant 1848 – s'y afficher avec une femme chinoise posait quelques problèmes.</p> <p>D'autant plus que les médisances allaient bon train entre horlogers dont la réussite légèrement insolente inspirait la jalousie. A ce propos, Louis fait la leçon à ses parents en 1838 quand de nouveaux concurrents (Vaucher et Bugnon) s'établissent à Canton: «J'espère que mes oncles auront soin de ne pas jaser dans le public sur leur compte, et de ne pas faire les fanfarons. (…) Plus vous jaserez sur leur compte et plus vous montrerez de jalousie et plus les gens du village seront contents… Faites plutôt de belles montres, voilà la vraie manière de nous défendre.»</p> <p>Bugnon et Vaucher finiront assassinés en Chine. En 1840, Louis Bovet et Auguste Jeanneret ont eux-mêmes des sueurs froides quand ils se retrouvent seuls à Canton avec cinq ou six étrangers seulement. Bovet demeure quelque temps sans aucun compagnon dans l'immense «factorerie» hollandaise où il habite et ne s'y promène que le revolver au poing. «C'est comme si l'on marchait dans un caveau, écrit-il, j'aurais beau crier au secours, personne ne m'entendrait.» Bovet et Jeanneret ont la bonne inspiration de transférer leur précieuse marchandise à Macao: peu après, les «factoreries» sont pillées et saccagées. Un peu plus tard, trois maisons de commerce européennes sont incendiées; celle des Bovet y échappe, tout comme ce sera le cas en 1860. D'une certaine manière, cette présence continue a gardé les portes ouvertes à l'industrie suisse en Chine, car selon le traité imposé par les Anglais en 1843, seuls les citoyens de nations qui avaient fait du commerce jusque-là bénéficiaient d'une autorisation de séjour dans les nouveaux ports.</p> <p>Telle est – fort partiellement – l'histoire des Bovet en Chine, plus terre-à-terre sans doute que ne le laisse supposer l'apparition de la «dame en rouge» dans la grotte chère à Rousseau. Mais la justice et l'air du temps commandent de rendre hommage à celle qui donna vie au fils d'Edouard Bovet et dont le nom même fut effacé – «invisibilisé» selon le néologisme barbare à la mode.</p> <p>Un dernier clin d'œil de cette histoire concerne Rousseau, dont on sait qu'il quitta précipitamment Môtiers, voisine de Fleurier, en 1765 après que la maison où il avait trouvé asile fut copieusement caillassée par des habitants du lieu (qui ne l'aimaient guère) un soir de fête trop arrosée. La <em>Revue du Musée neuchâtelois</em> de 1918 nous apprend qu'un an avant cet événement, et de façon prémonitoire, une pièce chinoise fut jouée à Fleurier:</p> <p>«- Eh bien, vous avez vu ce mandarin farouche? s'exclame un personnage.</p> <p>- Nul péril ne l'émeut, nul respect ne le touche», rétorque un autre.</p> <p>Il s'agissait d'acteurs locaux jouant <em>L'Orphelin de la Chine</em>, une pièce de… Voltaire, qui se répandait alors en libelles anonymes contre Rousseau!</p> <p>Décidément, rien n'aura été épargné à ce pauvre Jean-Jacques...</p> <hr /> <h4>A voir: <a href="https://artmotiers.ch/fr" target="_blank" rel="noopener">Art en plein air</a>, Môtiers, jusqu'au 20 septembre (tous les jours sauf les lundis).</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'motiers-la-dame-en-rouge-bovet-de-chine-et-rousseau', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 647, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 11, 'person_id' => (int) 1497, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Edition) {} ], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 1 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 2 => object(Cake\ORM\Entity) {}, (int) 3 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5153, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Vevey Images, images de Vevey', 'subtitle' => 'Au café «Le Bout-du-Monde», il ne reste plus qu'un croque-monsieur à la carte. 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Certes, en variant quelque peu les approches, en améliorant ma technique au fil des ans mais, en un mot comme en cent: papi-photographe.</p> <p>Ce qui est une des raisons pour lesquelles j'aime venir à Vevey Images. On y est bousculé dans ses habitudes, le foisonnement d'idées me fait sentir bien peu de chose – et même un peu couillon avec mon propre appareil photographique en bandoulière qui pèse soudain toue le poids d'un accessoire démodé. Mais néanmoins agréablement stimulé – que ce soit via l'agacement suscité par certaines démarches trop conceptuelles, ou l'enthousiasme généré par des expositions originales.</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_81cfa70d985c43c7ac98c452d5a63bb5~mv2.jpg/v1/fill/w_769,h_500,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey11.jpg" alt="Vevey11.jpg" width="500" height="325" /></wow-image></p> <h4 style="text-align: center;"><em>L'avion gonflable d'Aleksandra Mir dans la salle del Castillo</em></h4> <p>D'une manière générale, je n'ai pas besoin de nombreux stimuli pour sortir mon appareil et cadrer une scène, un paysage, un effet de lumière. La Fontaine le notait il y a longtemps: «j'étais là, telle chose m'advint». Et pour autant que je n'aie pas trop mal travaillé, «vous y croirez vous-même».</p> <p>Vevey Images déclenche néanmoins une excitation supplémentaire, paradoxale. D'un côté, ce qu'on y voit de meilleur nous renvoie à notre condition d'amateur plan-plan qui se demande «à quoi bon?»; de l'autre, la manifestation engage à écarquiller les yeux, un peu plus que d'habitude, et à garder une trace de cet état, là tout de suite, sur les quais qu'arrosent les premières averses automnales. Et vive le ciel menaçant car oui, il y a urgence à goûter l'instant, quelle que soit l'apocalypse qui nous attend!</p> <p>En plus, Vevey Images est gratuit, habilement mis en scène dans les musées, en plein air ou d'improbables endroits comme une ancienne serrurerie ou un sous-sol aménagé comme un abri anti-atomique (des années 50, il serait non-réglementaire aujourd'hui…).</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_cc63a606c28c40eb8d330edaf87afa71~mv2.jpg/v1/fill/w_600,h_480,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey6.jpg" alt="Vevey6.jpg" width="500" height="400" /></wow-image></p> <p>Sur ce, parlons de l'édition 2024 (jusqu'au 29 septembre). De ce qui précède, le lecteur aura déjà deviné que ma nature me porte plutôt vers les séries dont l'aspect humain est documenté de manière qui parle à mon cœur. Pour ne pas charger le bateau, je recommande quatre expositions, par ordre de préférence décroissant:</p> <p><strong>1.</strong> <a href="https://debsuddha.com/portfolio.html" target="_blank" rel="noopener">Debsuddha</a> (No 10 sur le plan officiel) au musée Jenish, prix du Livre Images Vevey 2023-24. Ce photographe de 35 ans basé à Kolkota (Calcutta) a deux tantes, Gayatri and Swati Goswami, qui depuis leur enfance ont subi l'ostracisme réservé aux personnes albinos. Aujourd'hui âgées, elles se sont réfugiées dans la musique et un maison vieille de presque deux siècles dont elles ne sortent guère que la nuit. Leur neveu, complice de leur solitude, restitue leur univers dans des tonalités crépusculaires, à travers des portraits magnifiques.</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_d40103b570604af897c9e852447bb273~mv2.jpg/v1/fill/w_600,h_359,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey9.jpg" alt="Vevey9.jpg" width="500" height="299" /></wow-image></p> <p><strong>2.</strong> <a href="https://www.images.ch/artistes/alessandra-sanguinetti/" target="_blank" rel="noopener">Alessandra Sanguinetti </a>(No 43, dépendance du Château de l'Aile, Grand-Place). Photographe reconnue (elle est chez Magnum), elle suit depuis 1999 la vie de deux cousines, Guillermina Aranciaga et Belinda Stutz, dans une ferme en Argentine, partageant leurs jeux, drôles ou morbides, leurs moments de joie et de tristesse, leurs mises en scène. Images magnifiques là aussi, parfaitement cadrées, pleines de pudeur et troublantes en même temps.</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_13d9a9f0af0a476f9591afe81c8ad351~mv2.jpg/v1/fill/w_415,h_561,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey8.jpg" alt="Vevey8.jpg" width="400" height="541" /></wow-image></p> <p><strong>3.</strong> <a href="https://www.images.ch/artistes/gauri-gill/" target="_blank" rel="noopener">Gauri Gill</a> (No 16, quai Perdonnet). Dans le Maharashtra, la photographe a rencontré les artistes d’un village connu pour sa fabrication de masques créés pour des festivals indigènes rejouant des récits mythologiques. En 2015, elle a commandé la confection de nouvelles pièces montrant des êtres humains, animaux ou objets usuels. Gill photographie les villageois improvisant des scénarios ancrés dans la réalité contemporaine de l’Inde.</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_533c30d3d6ec4ee9b16bb5a152f6757c~mv2.jpg/v1/fill/w_443,h_568,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Perdonnet.jpg" alt="Perdonnet.jpg" width="400" height="513" /></wow-image><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_fa6433d18f874a08ae3b829857952525~mv2.jpg/v1/fill/w_421,h_568,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey3.jpg" alt="Vevey3.jpg" width="400" height="540" /></wow-image></p> <h4><em>Le profil sévère de Vincent Perdonnet et une enseigne "Guillaume Tell" au Musée historique de Veve</em>y</h4> <p><strong>4.</strong> <a href="https://sashakurmaz.com/" target="_blank" rel="noopener">Sasha Kurmaz</a> (No 26, musée Jenisch), grand prix Images Vevey 2023-24. Aux antipodes des reportages élaborés décrits ci-dessus, l'artiste ukrainien tient, dans l'urgence et la précarité, une chronique de la guerre que subit son pays depuis plus de deux ans. Collage de photos d'amateurs, de dessins, bouts de papier, textes rédigés pendant les alertes, «ce projet extrêmement personnel documente l’expérience vécue par l’artiste depuis février 2022 et contribue à l’enrichissement des archives collectives sur le conflit en cours», a estimé – avec raison – le jury. Quelques phrases griffonnées, que j'ai relevées au passage: «Qui n'a pas vécu la peur au ventre ne peut savoir ce que cela représente»; «le pacifisme est la mauvaise réponse à la guerre en Ukraine»; «en Occident, le mot nationalisme est mal vu; c'est le contraire à l'Est, car il signifie la résistance à la Russie»; «dans la société ukrainienne, le mot "héros" devient de plus en plus courant. Pourtant, il faut garder à l'esprit la vérité pénible que très souvent, l'héroïsme est la conséquence des erreurs d'autres personnes».</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_68b5352c71c9415a86ffd7a9af3d7aa0~mv2.jpg/v1/fill/w_894,h_528,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey12.jpg" alt="Vevey12.jpg" width="799" height="472" /></wow-image></p> <p>A voir également, au Musée historique de Vevey, le film fascinant de Kaya et Blank (No 24) suivant le lent et lourd ballet des derricks pompant le pétrole jusqu'au cœur de la ville de Los Angeles (peut-être la dame du Bout-du-Monde a-t-elle raison après tout, <em>the end is near</em>!). Un autre film, grinçant, mérite le détour: celui de l'ex-mannequin Marianna Rothen recréant (avec de vrais mannequins en celluloïd et une malheureuse débutante en chair et en os) l'envers de l'univers de la mode et de la publicité.</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_c93724048b214a4f82a62f4e59c8c299~mv2.jpg/v1/fill/w_600,h_398,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey7.jpg" alt="Vevey7.jpg" width="499" height="331" /></wow-image></p> <p>J'ai été moins convaincu par les projets grand format largement médiatisés. Accrocher sur la façade du centre administratif Nestlé la reproduction (2'000 mètres carrés!) d'un vapeur du Léman naviguant sur un lac et sous un ciel qui se confondent dans un gris laiteux est peut-être un exploit technique, cela ne lui confère pas plus de sens, d'autant plus que la lumière, très souvent défavorable, n'arrange pas les affaires. Il en va de même pour l'image géante du glacier d'Aletsch réalisée par le célèbre Andreas Gurski (l'homme-qui-a-vendu-la-photo-la-plus-chère-du-monde), symbolisant le réchauffement climatique sur la façade BCV face à la gare. Je me souviens de l'ancien caissier-projectionniste du Bellevaux à Lausanne, écologiste avant que cela devienne à la mode, qui affichait à l'entrée du cinéma, dans les années 1980, des images «avant-après» montrant la fonte des glaciers. 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Peut-être était-ce le but, mais alors pourquoi les avoir faites d'abord</p> <p>Inévitablement, plusieurs expositions jouent avec l'intelligence artificielle, que ce soit pour créer de fausses photos-souvenir de famille ou trafiquer des portraits. Ces démarches «interpellantes» m'ont toujours paru relever de l'escroquerie intellectuelle. Au-delà d'un haussement de sourcils entendu, d'un soupçon d'interrogation vite effacé, en quoi font-elles avancer le réflexion sur l'image et son utilisation? Baudelaire, Benjamin, Bataille, Baudrillard, Günter Anders et bien d'autres ont écrit des textes – oui, des textes – agitant plus efficacement nos neurones sur ces sujets, et cela il y a des décennies, voire bientôt deux siècles.</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_74f65819a9b74007abc3088221fa8d39~mv2.jpg/v1/fill/w_884,h_469,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey14.jpg" alt="Vevey14.jpg" width="601" height="319" /></wow-image></p> <h4 style="text-align: center;"><em>Vincent Jendly détient le record de la plus grande photographie sur la façade du centre administratif Nestlé</em></h4> <p>Pour la bonne bouche, j'ai conservé ce petit morceau d'anthologie à propos de Sarah Carp (No 5): «Durant le confinement de 2020, elle photographie quotidiennement ses deux filles. Après le succès de cette série, elle décide d’en publier un livre. Mais leur père s’y oppose, invoquant la protection du droit à l’image des enfants. Carp revisite alors ses clichés en masquant les visages. Face à un nouveau refus de son ex-mari, elle fait rejouer les scènes quotidiennes à deux enfants modèles, du même âge que ses filles. La photographe intègre numériquement une trame d’impression sur les visages, troublant l’identité des sujets. A travers un jeu de distance et de regard, les points colorés apparaissent petit à petit, glissant l’individu·e dans l’anonymat. Exposée à proximité d’une place de jeux, Sans Visage soulève le débat autour de la représentation de l’enfance à l’heure des réseaux sociaux.»</p> <p>Dans le genre «pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué» en emmerdant son ex…</p> <p>Je vous avais prévenu: je suis un esprit simple.</p> <p><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_54e1e1d61f314543bb550838070f4353~mv2.jpg/v1/fill/w_511,h_278,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey17.jpg" alt="Vevey17.jpg" width="500" height="272" /></wow-image><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_9978bc3469184258b2f0cd16e4e4afba~mv2.jpg/v1/fill/w_490,h_304,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey18.jpg" alt="Vevey18.jpg" width="500" height="310" /></wow-image><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_97fb5dbc4f514fa9afe78e12b855db29~mv2.jpg/v1/fill/w_480,h_304,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey16.jpg" alt="Vevey16.jpg" width="499" height="316" /></wow-image><wow-image><img src="https://static.wixstatic.com/media/94c3e2_d68775deb457489ea818deea17bc02c5~mv2.jpg/v1/fill/w_884,h_539,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/Vevey13.jpg" alt="Vevey13.jpg" width="602" height="367" /></wow-image></p>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'vevey-images-images-de-vevey', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 96, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://www.pecletphoto.com/vevey-images-2024?fbclid=IwY2xjawFWS0NleHRuA2FlbQIxMAABHbzNG7SL5b1Yu9pCsPsVpS5rCpTJ1JtLgqg3GO-Ig4nLMnpa0PSF477W1w_aem_HP11_LcudmKmcFYFelvZ1g', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 1497, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4043, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Fin du monde, un mode d'emploi valaisan', 'subtitle' => '«Quand notre sire Dieu eut ainsi fait et ordonné le ciel, la terre et toutes les autres choses qui y sont, Dieu créa les anges pour le servir et il leur donna une vie éternelle. 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Discrètement conservé jusqu'ici aux archives valaisannes, il fait l'objet d'une exposition et d'un excellent livre de Stève Bobillier, qui en révèlent la foisonnante richesse.</p> <p>L'extrait cité plus haut remonte le ressort du drame: l'orgueil, péché originel. Le ressort va se détendre dans une succession de batailles, d'actes cruels ou héroïques, de catastrophes et de miracles. Cette véritable BD rédigée en vieux français, illustrée de trente-six dessins, mêle l'histoire biblique et l'Histoire tout court, nous entraîne exemples à l'appui dans l'éternelle lutte du Bien contre le Mal.</p> <p>Eternelle? Pas tant que ça, en fait. Si la question «d'où venons-nous, où allons-nous?» est aussi ancienne que l'humanité, la division du temps écoulé et futur en différents «âges» varie selon les civilisations. En Orient, ils sont généralement cycliques. Les chrétiens leur ont donné un caractère plus linéaire: il y a un «début» et une «fin» des temps. Dans son <i>Traité du catéchisme</i>, Augustin d'Hippone (354-430) établit une équivalence entre les six âges de l'homme (naissance/enfance/adolescence/jeunesse/maturité/vieillesse) à ceux du monde (de la Création au Déluge/jusqu'à Abraham/jusqu'à David/jusqu'à la captivité à Babylone/jusqu'à la Nativité/jusqu'à la fin du monde).</p> <p>Mais attendez… Si la naissance du Christ nous a fait entrer dans le sixième et dernier âge, chacun durant entre mille et deux mille ans, le Jugement dernier se rapproche à grands pas! L'ultime combat entre les forces du Bien et celles du Mal, entre Dieu et Lucifer... L'Apocalypse.</p> <p>Certes, l'Apocalypse chrétienne n'a rien à voir avec les terreurs pyrotechniques des séries B hollywoodiennes. Le Prophète revient, c'est plutôt une bonne nouvelle. Meilleure, évidemment, pour ceux qui ont suivi les bons exemples du Manuscrit que pour les autres, dans la perspective du Jugement dernier. Alors comment s'y préparer? En faisant le bien, sans doute, mais cela ne suffit peut-être pas. Au Moyen Age s'y ajoute l'idée qu'il faut anticiper collectivement l'ultime affrontement entre Dieu et et le Diable.</p> <p>C'est ainsi que commencent à circuler des rouleaux tels que celui conservé en Valais. Son auteur anonyme – plusieurs personnes ont probablement contribué à son élaboration – s'est largement inspiré du <em>Compendium historiae in genealogia Christi</em> de Pierre de Poitiers, enseignant aux écoles attachées à la cathédrale de Notre-Dame de Paris à la fin du XIIème siècle. Le manuscrit de Sion, exécuté à la fin du XIVème siècle ou au tout début du XVème, n'est donc pas unique, mais c'est un des plus anciens, qui plus est remarquable par ses dimensions, la qualité de son exécution et son état de préservation.</p> <p>«Comment un document aussi précieux a-t-il abouti dans ce coin reculé qu'était le Valais?», demande une visiteuse de l'exposition à Stève Bobillier, que la question amuse. Au XVème siècle, Sion n'avait rien d'un trou perdu! Son prince-évêque Walter Supersaxo (1402-1482) puis son fils Georges étaient des personnages très puissants et respectés. Le second est aussi connu pour le conflit impitoyable qui l'opposa au cardinal Mathieu Schiner (1465-1522), ce dernier, diplomate et chef de guerre, entraînant les Suisses à Marignan avant de manquer d'un cheveu l'élection à la papauté. Ces trois figures ont marqué non seulement l'histoire valaisanne mais celle de l'Europe et viennent de la même commune du Haut-Valais: Ernen.</p> <p>Rien d'étonnant donc, à ce que le Manuscrit des Six Ages se retrouve dans la riche bibliothèque des Supersaxo, même si on ignore quand et en quelles circonstances il a été acquis. Sur l'utilité qu'il pouvait avoir pour le prince-évêque, Stève Bobillier émet quelques hypothèses. Avant de les développer, examinons le document de plus près. Ecrit en picard, donc en langue «vulgaire», il n'apprend rien aux exégètes lettrés des écritures saintes. D'Adam et Eve au Christ, le rouleau se présente comme un grand arbre généalogique jalonné d'exemples illustrés et édifiants – en bien ou en mal. On dirait aujourd'hui: il est plutôt destiné au grand public.</p> <p>Ce «grand public» est composé notamment des notables, subordonnés, propriétaires rivaux et petits seigneurs auprès desquels Walter puis Georges Supersaxo veulent affirmer leur autorité. Souvenons-nous maintenant des interrogations qui agitent l'époque autour d'un prochain Jugement dernier et des préparatifs que cela implique. Lucifer s'y est déjà mis, il veut «régner et attirer à lui une grande partie des anges», lit-on dans le Manuscrit. Ou prendre possession des faibles humains.</p> <p>Le canton du Valais se signale alors par une première dont il se serait passé: c'est sur son territoire qu'ont eu lieu les premières chasses aux sorcières, dès les années 1428-1430 (Chantal Ammann-Doubliez leur a consacré un livre, <i>Procès de sorcellerie dans la vallée de Conches</i>). Détenteur à la fois du pouvoir spirituel comme évêque et temporel (il possède des terres importantes, bat monnaie), Walter Supersaxo y joue un rôle important. Comme croyant, il anticipe ce Jugement dernier face auquel il ne saurait rester bras croisés. Comme possédant, il est intéressé à l'issue des procès qui se multiplient: un tiers des biens de «sorcières» et «sorciers» condamnés reviennent à l'église qu'il dirige… C'est aussi un moyen d'écarter tel nobliau qui lui fait de l'ombre. En outre, les Supersaxo font office de notaires. Bref, ils interviennent à tous les étages! On les voit ainsi disputer aux autorités civiles locales la haute main judiciaire sur ces procès.</p> <p>Nul ne peut dire aujourd'hui quelle part ont joué ces motifs contradictoires dans l'âme et conscience des Supersaxo. Ce qui est sûr, c'est que le Manuscrit, par sa symbolique et son déroulement chronologique, fournit un socle religieux et moral à leurs actions. Cela est si vrai que les éléments principaux des Six Ages se retrouvent dans le plafond de bois – chef d'œuvre européen d'ébénisterie – sculpté par Jacobinus Malacrida de Côme pour la somptueuse demeure sédunoise de Georges Supersaxo. La maison existe toujours et se visite.</p> <p>Supersaxo, un cynique exploitant les exégèses religieuses pour accroître ses richesses et son pouvoir? Les choses sont un peu plus compliquées que cela, prévient Stève Bobillier. Si le prince-évêque a condamné, il a souvent gracié. Probablement était-il imprégné, comme ses contemporains, de la pensée que des temps décisifs se profilaient.</p> <p>Pourquoi le Manuscrit est-il resté des siècles à l'abri des regards? Première explication, la bibliothèque Supersaxo, longtemps privée, n'a été inventoriée que dans les années 1970 par l'ancien archiviste cantonal et bibliothécaire André Donnet. Celui-ci nous apprend qu'elle «a été acquise en 1930 par l'Etat du Valais, pour le prix de 32'000 francs, grâce aux bons offices du Dr Rudolf Riggenback, de Bâle; elle a été transférée aux Archives au mois de décembre de la même année. Le magnifique rouleau de parchemin, <em>Les six âges du monde</em>, qui faisait partie de la bibliothèque, a été, quant à lui, acquis alors pour le prix de 8'000 francs par la Fondation Gottfried Keller (qui y a apporté une restauration légère, <em>ndlr</em>.), et déposé par elle aux Archives.»</p> <p>Huit mille francs (d'époque, bien sûr)... On n'ose imaginer le prix qu'atteindrait aujourd'hui cette pièce rarissime.</p> <p>La pratique des anciens archivistes explique aussi la discrétion qui a entouré le Manuscrit, explique Stève Bobillier. Leur priorité était la conservation des documents: moins on les montrait, mieux cela valait! Les techniques de reproduction modernes leur étaient inconnues, et la pratique voulait que l'on manipule le moins possible le précieux rouleau. Aujourd'hui, l'approche est un peu différente: on préfère dérouler délicatement le manuscrit de temps à autre pour permettre à la peau sur laquelle il est rédigé de respirer. Bien sûr, il n'est pas accessible au public, l'exposition des archives cantonales du Valais a créé pour l'occasion un fac-similé. L'original sera exposé à la fondation Bodmer à Genève du 3 mars au 9 juillet 2023.</p> <p>En refermant l'ouvrage très documenté de Stève Bobillier, une réflexion plus large se dessine. A partir du «siècle des Lumières», nos sociétés occidentales ont pris leurs distances avec la pratique religieuse comme avec le Moyen Age. Un Jules Michelet contribua à le discréditer en noircissant ses «superstitions» – parmi ces dernières, la fameuse «terreur de l'an mil», fable d'autant plus absurde que les habitants en majorité analphabètes vivant autour de l'époque avaient une autre notion du temps, d'autres calendriers et sans doute pas conscience de franchir un cap décisif.</p> <p>Si la conviction d'un prochain Jugement dernier s'est répandue, c'est plutôt au moment où circulaient des rouleaux tels que le Manuscrit, juste avant la diffusion de l'imprimerie. Celui de la bibliothèque Supersaxo étant un des plus anciens connus, il constitue donc un témoignage irremplaçable de l'histoire de la pensée en Europe.</p> <p>Mais sommes-nous vraiment sortis du schéma psychologique qui s'y déroule? A voir s'accumuler les sombres pronostics des «collapsologues» et autres théoriciens de «l'effondrement», les essais sur le «choc des civilisations» (Samuel Huntington), «la fin de l'Histoire» (Francis Fukuyama) ou la disparition annoncée de l'homo sapiens tel que nous le connaissons (Yuval Harari), on se dit que les craintes et questions revêtent aujourd'hui des formes moins religieuses que celles de nos ancêtres; mais, sur certains aspects, elles n'ont guère changé: le Jour J se profile à l'horizon, à la fois menace et promesse…</p> <p>Le Manuscrit des Six Ages se terminant avec la vie du Christ, certains auteurs ont été tentés d'en écrire la suite. Maurice Chappaz – qui était en contact avec l'archiviste André Donnet – avait-il conscience de le faire quand il publia en 1968 <em>Le match Valais-Judée</em> aux Cahiers de la Renaissance vaudoise? Cette fable hallucinée et truculente raconte la célébration fort agitée du second millénaire valaisan. Revenu sur terre pour l'occasion – incognito, bien sûr – le Bon Dieu est atterré par ce qu'il découvre en marge d'un banquet pantagruélique: égoïsme, mesquinerie et irrespect total de Sa création! Ça braille, rouscaille, ripaille, bataille, pinaille et emmouscaille à tous les étages. Fâché et dépité, le Bon Dieu songe à tout liquider. Allez ouste, fin du monde! On le supplie: «donnez-nous encore une chance!» Dieu se laisse fléchir, mais à une condition: lâchez Satan dans la nature, vous avez huit jours pour le rattraper, sinon…</p> <p>Je ne vous révélerai pas la fin, lisez le livre.</p> <hr /> <h4> Exposition «Toute l'histoire du monde dans un manuscrit», au Centre culturel Les Arsenaux, rue de Lausanne 45, Sion, entrée libre du lundi au samedi inclus. Une copie 1:1 du manuscrit est présentée. L'original devrait être exposé à la fondation Bodmer du 3 mars au 9 juillet 2023 dans le cadre de l’exposition «Trésors enluminés de Suisse».</h4> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1674070649_9782940718207475x5001.jpg" class="img-responsive img-fluid left " width="202" height="287" /></p> <h4>«Le Manuscrit des Six Ages du Monde, généalogie d'une lutte contre le Diable de la Création à l'Apocalypse», Stève Bobillier, Presses Inverses, 270 pages.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'fin-du-monde-un-mode-d-emploi-valaisan', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 371, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 6, 'person_id' => (int) 1497, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 3857, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Lausanne, personne ne descend', 'subtitle' => 'Encore un petit effort, messieurs-dames, et vous allez battre le record de Berlin. 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A qui demander des explications, des comptes pour les inévitables surcoûts qu'il engendrera? Les CFF et l'Office fédéral des transports se renvoient la balle depuis plus d'un an. Il y a, dit-on, un souci de statique et de sécurité dans le projet présenté (les responsables ont eu plus de dix ans pour le peaufiner). Veut-on en savoir plus? Les CFF dévient vers les bureaux d'ingénieurs mandatés… qui renvoient aux CFF. Motus et bouche cousue, on paie assez de communicants pour ne rien dire! Le bon peuple se satisfera d'une lapalissade vaseuse: le chantier lausannois est «très complexe».</p> <p>Sans blague? Parce que celui de la gare de Zurich – plusieurs étages en souterrain à proximité immédiate de deux cours d'eau – ne l'était pas, peut-être? Il a été mené à bien il y a belle lurette, en même temps que le projet Rail 2000, qui a accéléré la vitesse commerciale des trains entre Zurich et Berne à 170 km/h. Celle du trajet Berne-Lausanne reste limitée à 90 km/h. Les CFF promettaient de l'améliorer grâce aux nouveaux trains pendulaires plus rapides dans les courbes. Mais non: après moult pannes et retards, là aussi, les CFF ont piteusement admis que ces trains ne pourront pas circuler plus vite. Quant à l'axe Lausanne-Genève, paralysé au printemps dernier par une simple excavation sous les voies, les voyageurs entassés savent-ils que le trajet prend un peu plus de temps en 2022 qu'il y a un siècle?</p> <p>Incompétence à tous les étages, sous-investissement. Notez qu'il serait faux d'en déduire que les CFF dédaignent la Suisse romande: ils s’y intéressent beaucoup… quand il s'agit d'immobilier. Entre Morges et Lausanne, les grues s'agitent en tous sens sur les chantiers de terrains appartenant à la régie fédérale. Là encore, les citoyens-contribuables savent-ils que ces vastes zones longtemps gardées en réserve pour d'éventuelles voies de garage (les CFF étant très gourmands et peu partageux en la matière) leur ont été offertes par la Confédération, notamment pour contribuer au renflouage de leur caisse de pension? Les retraités du privé n'ont pas eu cette chance.</p> <p>Lente à réaliser le potentiel de ses hectares inoccupés, la régie s'y est mise hardiment ces vingt-cinq dernières années. Cela coïncidait avec le nouveau mantra des urbanistes: densifions le bâti le long des axes de transports publics, près des gares. Jackpot pour les CFF, en particulier dans l'ouest lausannois. Leur coup de maître fut d'échanger un méchant cul-de-sac en triangle coincé entre l'avenue Ruchonnet et les voies ferrées de la gare lausannoise avec une belle bande constructible à Malley où surgiront deux tours, un profitable ensemble bureaux-commerces-logements.</p> <p>Malley, où d'anciens conseillers d’Etat racontent comment ils durent batailler pour arracher aux CFF une halte minimaliste qu'il a d'ailleurs fallu compléter récemment. Quant à Lausanne, le coûteux «pôle muséal» récemment terminé restera enchâssé pendant plus de dix ans dans les cabines de chantier, animé par un bal de camions et bulldozers. Tu parles d'une carte de visite.</p> <p>C'est dans ce contexte qu'il faut situer la gestion calamiteuse de la mise à niveau de la gare de Lausanne. On pourrait hausser les épaules en se disant que les visiteurs de la «capitale olympique» pesteront contre cette ville-chantier qu'ils s'empresseront d'oublier, et que les Lausannois survivront. L'affaire dépasse pourtant l'irritation locale en ceci qu'elle signale une décadence, lente mais perceptible dans ce secteur comme dans d'autres – la crise énergétique par exemple. Il fut un temps où les Suisses étaient fiers de leurs chemins de fer, comme de leurs ingénieurs. Ponctualité des premiers, vision et qualité des seconds. 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Trois siècles après la mort du bon et naïf Davel, nous voici revenus au temps où les notables-sujets vaudois se rendent à Berne faire des ronds-de-jambe… Simonetta Sommaruga, tout en acceptant le principe d'une rencontre, a déjà fait savoir que pour elle, les questions de sécurité priment sur le reste. En clair: je ne peux pas grand-chose pour vous. 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Quelle révolution copernicienne avait frappé l'esprit des sept Sages?</p> <p>On connaît la suite de l'histoire: l'EEE échoue de peu en votation populaire le 6 décembre 1992 (50,3% de non, une participation de 78%, et une forte majorité de oui en Suisse romande); la Suisse et la CE (devenue depuis Union européenne) négocient des traités bilatéraux pour combler le vide; la Suisse retire sa demande d'adhésion en 2016, puis interrompt unilatéralement des négociations sur un accord-cadre en mai 2021. Les faits parlent d'eux-mêmes. La question, elle, demeure:</p> <h3>Qu'est-ce qui avait amené le Conseil fédéral au virage pro-européen de 1991?</h3> <p>Les documents s'y rapportant – dont les fameux feuillets verts «vertraulich-confidentiel» résumant les séances du Conseil fédéral, des courriers diplomatiques et notes internes – viennent d'être rendus publics. Ce qu'on y lit stupéfie. En fait, la majorité du gouvernement n'avait pas changé d'avis et n'était favorable ni au traité EEE, ni à l'adhésion. Lors d'une séance à Gerzensee les 18 et 19 octobre 1991, soit trois jours seulement avant la fin des négociations, il n'en décide pas moins, «<em>par consensus et sans vote </em>(c'est l'auteur de ces lignes qui souligne) de dire oui au traité EEE et d'autoriser MM. Delamuraz et Felber à annoncer officiellement que le Conseil fédéral s'est fixé comme objectif une adhésion de la Suisse à la CE». La phrase suivante vaut son pesant de läckerli: «Cette décision présuppose que la dernière phase de la négociation donne des résultats acceptables dans les domaines qui sont encore ouverts. 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(…) C'est avec les représentants de la CE et des pays membres que les expériences les plus pénibles ont été reçues». «La situation actuelle est misérable», surenchérit Arnold Koller, inquiet de voir la Suisse «se laisser dépecer». Kaspar Villiger: «La CE a mis la Suisse dos au mur et présente sans cesse de nouvelles exigences. Nous sommes sur le chemin d'un Etat colonisé avec statut d'autonomie. L'Alleingang (voie solitaire) serait supportable et préférable à cet EEE». «Dans ce climat, nous n'avons aucune chance devant le peuple», estime Adolf Ogi.</p> <p>Alors, on arrête tout? Non, répond Delamuraz, appuyé par René Felber, car la seule possibilité qui resterait ouverte serait que la Suisse fasse cavalier seul, un scénario «où elle aurait tout à perdre».</p> <p>Dans un courrier personnel adressé à son collègue vaudois le 28 mars, le président de la Confédération Flavio Cotti résume son double scepticisme: «L'EEE ne peut plus être matériellement considéré comme un accord favorable pour notre pays. De plus, il contient toute une série de "bombes", menues mais effectives; l'espoir de le voir approuver par le peuple suisse semble très mince. 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Le voici donc qui s'embarque dans une stratégie d'une audace peu banale: vendre un traité mal fichu en le présentant comme une étape vers une adhésion... dont il répété pendant des lustres qu'elle était hors de question. Ce qui équivaut à ajouter un morceau de bœuf dans une soupe insipide pour convaincre des végétariens de l'avaler.</p> <p>«Nous avons imaginé une tactique qui n'a pas marché», reconnaîtra sobrement René Felber le 4 décembre 2012 dans une des rares interviews qu'il a données après sa retraite.</p> <p>Avant de juger la stratégie du gouvernement, rappelons ce qu'était cette peu banale année 1991. L'URSS implose, la guerre civile éclate en Yougoslavie, les Américains et leurs alliés déclarent la guerre à Saddam Hussein, l'Allemagne achève sa réunification en choisissant Bonn pour capitale. Les événements s'accélèrent, pour la Communauté européenne aussi. Si, à aucun moment, le Conseil fédéral ne montre le moindre enthousiasme pour en devenir membre, un argument revient en boucle dans ses discussions: si la Suisse attend trop pour négocier une adhésion, elle risque d'être traitée «comme la Pologne, la Tchécoslovaquie ou la Hongrie» (Arnold Koller). Humiliante perspective pour le conseiller fédéral qui présente en 1991 le modèle migratoire dit des «trois cercles», les ressortissants de l'Est gravitant quelque part entre le deuxième et le troisième.</p> <p>Otto Stich n'a pas besoin de se référer à la Pologne pour dire tout le mal qu'il pense de la solution qui se met en place: «On a d'abord vu dans l'EEE une possibilité de ne pas adhérer. Maintenant, on le présente comme un pas vers l'adhésion. Un mauvais contrat n'est jamais un pas dans la bonne direction. 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Adolf Ogi et Kaspar Villiger soufflent le chaud et le froid, Otto Stich campe sur son refus, Flavio Cotti n'est pas convaincu: l'élément institutionnel «amplement insuffisant suffit à refuser le traité», dit-il.</p> <p>C'est dans cette configuration pour le moins fragile, sans connaître le résultat final de la négociation, sans avoir fait connaître ses lignes rouges et majoritairement rétif à une future adhésion, que le Conseil fédéral accepte, «par consensus et sans vote», le traité EEE comme solution transitoire vers une adhésion à l'UE qui devient l'objectif officiel du gouvernement. Charge aux deux Romands du collège d'annoncer la bonne nouvelle au peuple...</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1641289003_capturedcran2022010119.54.40.png" class="img-responsive img-fluid center " width="495" height="659" /></p> <h3>Rétrospectivement</h3> <p>Trente ans plus tard, l'Histoire a rattrapé le gouvernement suisse. Répétons-le, il n'est pas question de juger les décisions prises dans une période très particulière. Tout au plus l'ex-journaliste auteur de ces lignes peut-il se livrer à une autocritique: je travaillais alors à <em>L'Hebdo</em>, favorable à l'intégration de la Suisse dans l'Europe; agréablement surpris par un revirement allant dans le sens de mes idées, je n'ai pas suffisamment questionné un acte étonnant, courageux à première vue mais qui exprimait en fait le désarroi d'un collège divisé - comme l'était et l'est restée la Suisse sur le sujet.</p> <p>Les documents diplomatiques publiés ces jours renferment aussi quelques perles. Le 7 juin 1991, Flavio Cotti et Jean-Pascal Delamuraz reçoivent le président de la République François Mitterrand, et parlent d'intégration, celle de la Suisse bien sûr mais aussi celle des pays de l'Est. Et le finaud Mitterrand de lâcher: «Pour les pays de l'Est, il s'agit d'une situation difficile, parce qu'ils se présentent en pays quémandeurs. 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