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Média indocile – nouvelle formule

Analyse


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On a pu croire que la Suisse était bien gouvernée. Par un Conseil fédéral, certes sans panache mais les pieds sur terre, raisonnable et surtout, mot-clé, pragmatique. On le croyait attentif au Parlement, aux verdicts du peuple. Le mythe s’effondre. Depuis des mois, le gouvernement mène la barque à sa guise grâce à la loi d’urgence qu’il nous est demandé d’applaudir le 13 juin. Et l’on découvre qu’en matière européenne, il navigue depuis des années sans rien en dire. Or soudain le débat a surgi. Devant sept Sages désemparés, dépassés. Panade historique.



Il y a deux ans encore, l’accord-cadre avec l’UE était à bout touchant, nous disait-on. Puis tout s’est ensablé. Et aujourd’hui, c’est ni oui ni non, plutôt non.

Ô surprise! Un sondage révèle qu’une large majorité populaire souhaite que l’on boucle enfin cet accord. Crédible? Il faut certes se méfier des chiffres, mais une chose est sûre: le Conseil fédéral ne cessait de répéter, pour justifier ses atermoiements, que jamais ce texte ne passerait l’épreuve des urnes. Faux! Il aurait de réelles chances. Que dans ce pays le gouvernement présume à sa guise de l’état de l’opinion, sans même un débat au Parlement, c’est inouï. C’est le contraire même des principes démocratiques dont nous croyions pouvoir être si fiers. En clair, c’est se moquer du monde.

Cette péripétie laisse le pouvoir dans un embarras lamentable. Il ne sait plus comment interrompre l’exercice ni comment le poursuivre. Tous les partis ont leur part de responsabilité. Sauf un peut-être, l’UDC qui a toujours préféré la voie solitaire et s’y tient. C’est au moins conséquent. La droite et le centre, hier plutôt favorable à la solution concoctée, s’embourbent dans un scepticisme hésitant. Quant à la gauche, longtemps pro-européenne, elle se cabre, elle dit tout et son contraire. Le sommet de l’hypocrisie fut, l’autre jour, le discours du co-président du PS, Cedric Wermuth, qui chantait les louanges de l’Union européenne avec des accents doucereux avant de dire, lui aussi, que l’accord-cadre est inacceptable!

Ignorance des dispositions prévues et manipulation

De toutes parts s’élèvent des discours, des propositions qui attestent d’une ignorance des dispositions prévues, ou d’une approche carrément mensongère. Rappels. L’accord ne menace pas les salaires. Le principe de l’égalité entre Suisses et Européens, l’obligation de respecter les conventions collectives sont reconnus et respectés. Pour les travailleurs momentanément détachés aussi. Avec quelques précautions pour éviter les infractions qui doivent encore être affinées et qui dépendent d’abord du zèle des autorités de contrôle. Le problème de la «citoyenneté européenne»? Il s’agit surtout de l’accès au système social. A quel moment les salariés provenant de l’UE doivent-ils y accéder? La pratique actuelle est en fait maintenue pour l’essentiel. La menace d’un «tourisme social» est absurde. A preuve, au sein même de l’Union il est inexistant. On ne voit pas des hordes de chômeurs polonais accourir en France pour profiter de la «Sécu»! Enfin, la question des subventions publiques à certaines entreprises (comme les compagnies d’aviation, les banques cantonales) est quasiment réglée. La Suisse sera exonérée de cette disposition, d’ailleurs peu respectée chez nos partenaires eux-mêmes.

Voir dans ces détails à préciser des «divergences profondes» est une manipulation insensée. Ou une façon déguisée de choisir la voie solitaire.

Que la gauche syndicale ne voie pas les risques de son jeu dangereux est incompréhensible. Des voix libérales se font déjà entendre du côté de Zurich pour annoncer qu’en cas d’échec de l’accord, l’économie devra faire «une cure fitness», à savoir maximiser les profits, donc faire pression sur les salaires. Quand les délocalisations discrètes se multiplieront, Pierre-Yves Maillard fera moins le malin. Et Guy Parmelin? Il vient de pleurnicher sur le danger que représente pour les chercheurs l’éloignement scientifique de l’UE. Osera-t-il se regarder dans le miroir quand la rupture sera consommée?

La Suisse sans gouvernail

Mais le plus préoccupant, c’est de voir la Suisse sans gouvernail, flottant au jour le jour, au gré d’humeurs diverses, oublieuse de son passé. Dans plusieurs moments de son histoire, elle a su se tirer au mieux de difficiles relations avec son voisinage. Lors de la Seconde guerre mondiale et les années qui suivirent. Plus récemment, au lendemain du refus de l’Espace économique européen, avec une décennie pénible de tâtonnements qui débouchèrent finalement sur les accords bilatéraux. Il est donc arrivé plusieurs fois que le Conseil fédéral fasse preuve non seulement d’habileté mais aussi d’une vision réaliste de ce qui se passait autour de nous.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pire, il fait tout pour nous enfoncer dans l’impasse. Toujours dans le secret et le mépris des institutions. On apprend ainsi que l’administration fédérale a établi un rapport sur les conséquences d’un échec de l’accord. Il reste bouclé à double tour. Par crainte sans doute d’apporter des arguments au oui au cas où, enfin, le peuple pourrait s’exprimer dans les urnes. Il s’agit maintenant d’exiger une commission d’enquête parlementaire pour inventorier ces manquements et ces manigances.

D’ici là, puisse la sagesse populaire ébranler ces dirigeants en errance, les ramener à leurs responsabilités. Ou alors en changer. On veut y croire. 

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

7 Commentaires

@Giangros 14.05.2021 | 09h11

«Merci de nous rappeler
Les principes europeens.»


@JFM 14.05.2021 | 11h54

«Sans accord, personne ne parle des conséquences administratives ou des blocages touchants les retraites, les caisses maladies ou autres des citoyens suisses (non double nationnaux) ayant travaillé ou travaillant une partie de leur vie dans l'union européenne. »


@Bogner Shiva 212 14.05.2021 | 13h37

«Au risque de me répéter nous sommes "gouvernés" par des individues-us sorties 1ères -ers d'un concours de circonstance ! Et le concours est basé sur le principe de la médiocrité !!! En outre au niveau parlementeuses-eurs à part quelques unes-ns de certains partis en tout cas pas de la droite PLR en tête, toutes-us sont directement impliquées-és financièrement dans des intérêts tout sauf publics ! Ce qui fait qu'elles-ils doivent rendre des comptes aux personnes qui les paient ! Non non ce n'est pas de la corruption...on appelle ça du lobbying...un peu de vaseline ? Ce que c'est chiant cette écriture inclusive ! A propos ...à quand une enquête sérieuse sur QUI touche quoi, où et combien ? Quand à vouloir essayer de changer ce système...bonne chance, nous l'avons constaté à de nombreuses reprises que ces Mesdames Messieurs sont au-dessus des lois, même si celles-ci sont inscrites dans la Constitution. Une seule solution à mon avis, voter pour les Verts....ils ne sont pas encore pourris par l'ambiance générale des discrets salons feutrés qui prévalent dans les coulisses du "pouvoir". Et quand la vague verte déjà initiée ressemblera à un tsunami...plus d'excuses de cette droite corrompue pour dégager !!!»


@Capt_Salomo 16.05.2021 | 10h35

«UE le bébé du club Bilderberg, une machine de bureaucratique corrompu NON MERCI ! Ici dans la région de Zurich nous avons beaucoup d'allemands. Ils nous envient.... UE va devenir un état autoritaire, une dictature à la chinoise. Mme Merkel, le cheval de la UE suit son plan par excellence non ?»


@Qovadis 16.05.2021 | 14h00

«Avant de demander un changement de gouvernement, il serait bon de relire la fable de La Fontaine intitulée « Les Grenouilles qui demandent un roi ».»


@Ancetre 17.05.2021 | 17h24

«Mr. Bogner Shiva, dommage que vous soyiez aussi agressif vis à vis de la droite, prétendant qu'elle est corrompue. En effet, notre culture du compromis ne conduit pas à la corruption, ce que confirment les statistiques internationales, mais bien à la compromis..sion, presque impossible à démontrer, sauf lorsque on invente un poste de Président à mi-temps pour un organisme qui emploie 60.000 personnes.
Par contre, notre gouvernance, qui à nos yeux serait la meilleure du monde, a vécu. Comme vous le dites en termes choisis, elle est le résultat de concours de circonstance, d'arrangements souvent occultes et d'intérêts mal circonscrits. La conséquence: une lenteur de fonctionnement qui s'explique par le besoin de s'assurer en toutes circonstances que les décisions savamment issues de compromis subtils ( ou pas!) ne risquent pas d'être combattues. Or la nouvelle société mondiale qui se construit, se base de plus en plus sur la rapidité de la prise de décisions et de leur mise en oeuvre. Et pour cela les responsables doivent pouvoir maîtriser les instruments qui permettent ces façons de faire, ce qui en Suisse est loin d'être le cas! Bien qu'octogénaire, mon fax a été remisé au placard il y a plus de 15 ans alors que jusqu'à récemment, ce n'était pas le cas de l'OFSP. Significatif aussi, la débâcle d'une grande banque.. Le monde financier a évolué à toute vitesse, Madoff est mort en prison, mais les modes de faire, l'entre-soi zurichois et, comme toujours la mise en avant du compromis érigé en religion, ont permis des pertes colossales. Et que dire des finances du pays, gérée comme le bas de laine de nos ancêtres. Trop de dettes n'est pas bon, tout le monde en convient. Mais pas assez aussi. Mais pour le comprendre il faut un minimum de sophistication. A l'exemple d'un grand pays voisin, trop d'intellos au pouvoir peut conduire à la fracture sociale. Il faut apprendre à réaliser que pas assez d'intellos peut aussi être néfaste et conduire à des prises de position que seuls de grand pays peuvent se permettre...ou des gouvernants naïfs qui nous font penser à la fable de La Fontaine: La grenouille et le bœuf
Facit: il est temps de faire l'audit interne de notre gouvernance et tout en gardant les pieds sur terre, mais pas forcément dans la boue, nous doter des gens et des instruments qui sauront maintenir et développer un pays qui a si bien réussi jusqu'à aujourd'hui mais qui s'enfonce aujourd'hui dans l'erreur, par manque de lucidité.»


@stef 24.05.2021 | 21h49

«Il manque des “bêtes” politiques dans cet exécutif, à l'instar par exemple d'un Jean-Pascal Dealmuraz.
Ce gouvernement manque cruellement de vision à long terme; c'est pourtant ce qui est demandé en politique, non ?»


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