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<p>La joie, c’est sentir sa propre lumière. C’est percevoir que nous sommes plus qu’une taille de vêtement, un sac de peaux, un objet de consommation ou un corps rentable. C’est trouver mille occasions de se faire du bien en faisant plaisir, en saupoudrant nos échanges d’esprit et de matière. Pour capter cette lumière en pleine crise économique et sociale, quelques en soient les causes, il faut reprendre possession du réel. Entendez, la vraie vie!</p>
<h3><strong>La fin d’un long sommeil?</strong></h3>
<p>Nous sommes depuis si longtemps endormis par un système dont nous consentons toujours plus qu’il réfléchisse à notre place, que nous avons oublié le goût de la saveur d’exister à partir de notre propre autorité. Le système techno-bureaucratique règle nos existences comme le rouage d’une grande horloge bien huilée et les mesures sanitaires autour du Coronavirus n’ont plus rien d’une maintenance salutaire, mais plutôt d’une remise à zéro des compteurs pour nous rendre encore plus dociles et corvéables. On brise le lien social qui rend les humains vivants, on leur casse les os pour en faire des marionnettes, on les rend malades pour les soigner ensuite.</p>
<p>Alors comment rester debout et souverain? Comment garder ou retrouver la fraîcheur de nos journées quand on nous prive de chaque espace, où nous pouvons exprimer notre véritable nature qui est celle d’aimer, de partager, de se donner, de réconforter et de se prendre dans les bras? Comment rester le conquérant de soi-même quand le terrain de notre existence est réduit à néant? Nous sommes peu à peu comme des oiseaux sans branche, des poissons sans océans, des arbres sans terre ou des plantes vertes qui crèvent dans un pot trop petit pour elles… Où trouver de l’air et du vent, des fenêtres ouvertes et des horizons bleus? Réponse: dans la seconde… A chaque seconde où nous accomplissons un geste ou une action par amour. D’abord pour soi et ensuite pour le monde. Ce que nous faisons de nos secondes, personne ne peut nous le voler. L’attention et l’intention que nous mettons dans nos mots, nos gestes et nos actions constituent notre seul espace de liberté inviolable. Et c’est pour cela que certains prisonniers peuvent vivre un état de grâce en détention. Dans cette immense prison totalitaire dans laquelle on tente de nous enfermer, nous pouvons encore garder la clé de la porte. Cette clé, c’est la conscience et la tendresse humaine que l’on dispense ici et là, comme un semeur de grains.</p>
<h3><strong>Ces petits héros ordinaires</strong></h3>
<p>Et mes journées sont faites de rencontres avec des hommes et des femmes ordinaires extraordinaires qui ont fait le choix de rester couronnés ou de se couronner à chaque instant. Entre l’esclavage et la royauté, ils ont choisi. Le coronavirus porte bien son nom. Il est venu nous replacer sur notre trône. Et je suis infiniment touchée par tous ces minuscules actes de rébellion dont je suis témoin aujourd’hui. Sans violence, mais avec discrétion et délicatesse.</p>
<p><strong>Yannick</strong>, qui refuse de porter le masque, a partagé ses valeurs avec un contrôleur de train zélé. Elle l’a fait avec une telle bienveillance que leur discussion a fini sur un éclat de rire, une accolade et une signature de plus pour le referendum contre la prolongation de la loi d’urgence Covid-19 en Suisse. Victoire.</p>
<p><strong>Luca</strong>, un jeune policier italien, refuse d’appliquer l’amende de 400 euros à ceux qui ne portent pas de masques. Pour ne pas tirer sur l’ambulance et mettre à genoux des citoyens toujours plus démunis. Victoire.</p>
<p><strong>Nathalie</strong> a expliqué à un écolier masqué et apeuré qu’un sourire était une plus grande protection que la peur et la distanciation sociale. Depuis, il lui sourit chaque matin en retour. Victoire.</p>
<p><strong>Matthias</strong>, gérant d’une grande ferme agricole, prend le temps de donner de l’écoute et de l’empathie aux livreurs et chauffeurs en perte de repères qui sont de passage chez lui. Il détecte en eux ce qui vibre encore, une braise encore tout juste allumée pour souffler dessus avec douceur et confiance, avec l’appétit de vivre malgré tout. Il ne les laisse jamais repartir sans avoir réussi à réanimer en eux un peu de confiance et de courage. Victoire.</p>
<p>En réponse à une artiste qui informait son groupe d’élèves de l’annulation d’un cours, de la fermeture de son atelier par ordre fédéral et qui demandait aux élèves s’ils souhaitaient néanmoins y participer, <strong>Jean-Maurice</strong> a répondu: «Booster mon immunité en cultivant les liens du cœur et participer ainsi à l’effort collectif contre la pandémie me paraît prioritaire. C’est donc avec grand plaisir et détermination que je viendrai honorer notre rendez-vous habituel.» Le cours a été maintenu grâce à la solidarité et au bon sens des participants qui ont tenu à soutenir l’activité de cette femme. Victoire.</p>
<p><strong>Amy</strong> et tant d’autres éclaireuses, consacre ses journées à nous sensibiliser à une alimentation vivante et produite en conscience. Quand j’ai goûté ses savoureuses lasagnes végétariennes, sa soupe crue au curry et poivrons, mon palais s’est souvenu de l’abondance de notre Terre-mère. Elle m’a fait prendre conscience combien il était important d’offrir à son corps ce qu’il y a de meilleur et de plus sain. Victoire.</p>
<p><strong>Hubert</strong> lâche sa grosse clé anglaise et sort la tête du capot chaque fois qu’il voit des enfants passer devant son garage. Alors il sort son accordéon et pousse la chansonnette pour éveiller des étoiles dans leurs yeux. Victoire.</p>
<p><strong>Corinne et sa famille</strong> ont transformé leur vieux moulin uniquement avec des objets récupérés. Elle a décoré ses salles de bain, en taillant une à une des milliers de mosaïques de couleurs pour entourer ses enfants de féérie et contrebalancer la peur qui rôde sur la collectivité. Victoire.</p>
<p><strong>Valérie</strong> offre «l’école à la maison» à son fils pour qu’il reste un enfant émerveillé et libre. Afin qu’il ne serve pas de garde-manger à un système prédateur qui l’attend à la sortie de son cursus académique ou son apprentissage. Victoire.</p>
<p><strong>Marianne</strong> a été recherché sa mère de 84 ans, «prisonnière» d’une unité spéciale Covid, après 15 jours de maltraitance, de solitude extrême, privée de visites et sous-alimentée. «C'est bestial! Les prisonniers sont mieux lotis que moi! Je suis dans une morgue», lui avait-elle avoué. Malgré l’objection des médecins, Marianne a ramené sa maman chez elle pour l’entourer d’amour et de tendresse. «Si tu ne m’avais pas sorti de cet hôpital, je serais morte», lui a dit sa mère qui a repris ses forces et vit à nouveau chez elle, heureuse et autonome. Victoire.</p>
<p><strong>Alexandre</strong>, conseiller aux services sociaux, rencontre tous les jours des chômeurs «déshabités» et perdus. Le système cherche à les remettre au travail en les enfilant dans des cases, comme des restes dans un Tupperware. Il faut que ça rentre, c’est tout. C’est l’homme qui doit rentrer dans la machine. Ce n’est pas la machine qui est mise au service de l’homme. Mais Alexandre, presque en cachette, leur demande d’abord: «Qu’est-ce que vous aimez? Qu’est-ce qui vous met en joie?» Alors leurs yeux s’allument avec la surprise d’avoir été vu et traversé par l’amour d’un être humain. Victoire.</p>
<p><strong>Dani</strong> poursuit en justice le curateur et les auxiliaires de santé de son père qui vient de décéder. Pourquoi? Parce que ceux qui auraient dû l’entourer respectueusement de leurs soins, l’ont humilié. Dani a reçu, d’un anonyme, des photos du corps de son père défunt, sur son lit, avec des pinces à linges sur son sexe. Comme ça, juste pour rire. Pour la mémoire de son papa et pour que cela ne se reproduise plus, il a décidé d’agir. Victoire.</p>
<p>C’est ainsi que peut se vivre la joie au quotidien, en semant de petits cailloux de fraternité et de souveraineté. Afin de retrouver son chemin pour soi-même et pour les autres. Être dans sa joie, c’est savourer la vie réelle qui se tapit derrière chaque battement de paupière, dans la visite d’une mésange sur notre balcon, un ciel de nuages, une étreinte furtive, ou même une discussion animée entre amis avec des avis différents.</p>
<p>Chaque petite oasis de conscience et de dignité, chaque pas amoureux que nous accomplissons au quotidien, constitue un trou de plus dans le filet planétaire déshumanisé que l’on jette au-dessus de nous comme sur de fragiles papillons.</p>
<p>Or, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a jamais de mailles assez serrées pour enfermer la grandeur de l’Homme qui s’est reconnu dans sa Beauté.</p>
<p>Victoire.</p>',
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<h3><strong>La fin d’un long sommeil?</strong></h3>
<p>Nous sommes depuis si longtemps endormis par un système dont nous consentons toujours plus qu’il réfléchisse à notre place, que nous avons oublié le goût de la saveur d’exister à partir de notre propre autorité. Le système techno-bureaucratique règle nos existences comme le rouage d’une grande horloge bien huilée et les mesures sanitaires autour du Coronavirus n’ont plus rien d’une maintenance salutaire, mais plutôt d’une remise à zéro des compteurs pour nous rendre encore plus dociles et corvéables. On brise le lien social qui rend les humains vivants, on leur casse les os pour en faire des marionnettes, on les rend malades pour les soigner ensuite.</p>
<p>Alors comment rester debout et souverain? Comment garder ou retrouver la fraîcheur de nos journées quand on nous prive de chaque espace, où nous pouvons exprimer notre véritable nature qui est celle d’aimer, de partager, de se donner, de réconforter et de se prendre dans les bras? Comment rester le conquérant de soi-même quand le terrain de notre existence est réduit à néant? Nous sommes peu à peu comme des oiseaux sans branche, des poissons sans océans, des arbres sans terre ou des plantes vertes qui crèvent dans un pot trop petit pour elles… Où trouver de l’air et du vent, des fenêtres ouvertes et des horizons bleus? Réponse: dans la seconde… A chaque seconde où nous accomplissons un geste ou une action par amour. D’abord pour soi et ensuite pour le monde. Ce que nous faisons de nos secondes, personne ne peut nous le voler. L’attention et l’intention que nous mettons dans nos mots, nos gestes et nos actions constituent notre seul espace de liberté inviolable. Et c’est pour cela que certains prisonniers peuvent vivre un état de grâce en détention. Dans cette immense prison totalitaire dans laquelle on tente de nous enfermer, nous pouvons encore garder la clé de la porte. Cette clé, c’est la conscience et la tendresse humaine que l’on dispense ici et là, comme un semeur de grains.</p>
<h3><strong>Ces petits héros ordinaires</strong></h3>
<p>Et mes journées sont faites de rencontres avec des hommes et des femmes ordinaires extraordinaires qui ont fait le choix de rester couronnés ou de se couronner à chaque instant. Entre l’esclavage et la royauté, ils ont choisi. Le coronavirus porte bien son nom. Il est venu nous replacer sur notre trône. Et je suis infiniment touchée par tous ces minuscules actes de rébellion dont je suis témoin aujourd’hui. Sans violence, mais avec discrétion et délicatesse.</p>
<p><strong>Yannick</strong>, qui refuse de porter le masque, a partagé ses valeurs avec un contrôleur de train zélé. Elle l’a fait avec une telle bienveillance que leur discussion a fini sur un éclat de rire, une accolade et une signature de plus pour le referendum contre la prolongation de la loi d’urgence Covid-19 en Suisse. Victoire.</p>
<p><strong>Luca</strong>, un jeune policier italien, refuse d’appliquer l’amende de 400 euros à ceux qui ne portent pas de masques. Pour ne pas tirer sur l’ambulance et mettre à genoux des citoyens toujours plus démunis. Victoire.</p>
<p><strong>Nathalie</strong> a expliqué à un écolier masqué et apeuré qu’un sourire était une plus grande protection que la peur et la distanciation sociale. Depuis, il lui sourit chaque matin en retour. Victoire.</p>
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<p>En réponse à une artiste qui informait son groupe d’élèves de l’annulation d’un cours, de la fermeture de son atelier par ordre fédéral et qui demandait aux élèves s’ils souhaitaient néanmoins y participer, <strong>Jean-Maurice</strong> a répondu: «Booster mon immunité en cultivant les liens du cœur et participer ainsi à l’effort collectif contre la pandémie me paraît prioritaire. C’est donc avec grand plaisir et détermination que je viendrai honorer notre rendez-vous habituel.» Le cours a été maintenu grâce à la solidarité et au bon sens des participants qui ont tenu à soutenir l’activité de cette femme. Victoire.</p>
<p><strong>Amy</strong> et tant d’autres éclaireuses, consacre ses journées à nous sensibiliser à une alimentation vivante et produite en conscience. Quand j’ai goûté ses savoureuses lasagnes végétariennes, sa soupe crue au curry et poivrons, mon palais s’est souvenu de l’abondance de notre Terre-mère. Elle m’a fait prendre conscience combien il était important d’offrir à son corps ce qu’il y a de meilleur et de plus sain. Victoire.</p>
<p><strong>Hubert</strong> lâche sa grosse clé anglaise et sort la tête du capot chaque fois qu’il voit des enfants passer devant son garage. Alors il sort son accordéon et pousse la chansonnette pour éveiller des étoiles dans leurs yeux. Victoire.</p>
<p><strong>Corinne et sa famille</strong> ont transformé leur vieux moulin uniquement avec des objets récupérés. Elle a décoré ses salles de bain, en taillant une à une des milliers de mosaïques de couleurs pour entourer ses enfants de féérie et contrebalancer la peur qui rôde sur la collectivité. Victoire.</p>
<p><strong>Valérie</strong> offre «l’école à la maison» à son fils pour qu’il reste un enfant émerveillé et libre. Afin qu’il ne serve pas de garde-manger à un système prédateur qui l’attend à la sortie de son cursus académique ou son apprentissage. Victoire.</p>
<p><strong>Marianne</strong> a été recherché sa mère de 84 ans, «prisonnière» d’une unité spéciale Covid, après 15 jours de maltraitance, de solitude extrême, privée de visites et sous-alimentée. «C'est bestial! Les prisonniers sont mieux lotis que moi! Je suis dans une morgue», lui avait-elle avoué. Malgré l’objection des médecins, Marianne a ramené sa maman chez elle pour l’entourer d’amour et de tendresse. «Si tu ne m’avais pas sorti de cet hôpital, je serais morte», lui a dit sa mère qui a repris ses forces et vit à nouveau chez elle, heureuse et autonome. Victoire.</p>
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<p><strong>Dani</strong> poursuit en justice le curateur et les auxiliaires de santé de son père qui vient de décéder. Pourquoi? Parce que ceux qui auraient dû l’entourer respectueusement de leurs soins, l’ont humilié. Dani a reçu, d’un anonyme, des photos du corps de son père défunt, sur son lit, avec des pinces à linges sur son sexe. Comme ça, juste pour rire. Pour la mémoire de son papa et pour que cela ne se reproduise plus, il a décidé d’agir. Victoire.</p>
<p>C’est ainsi que peut se vivre la joie au quotidien, en semant de petits cailloux de fraternité et de souveraineté. Afin de retrouver son chemin pour soi-même et pour les autres. Être dans sa joie, c’est savourer la vie réelle qui se tapit derrière chaque battement de paupière, dans la visite d’une mésange sur notre balcon, un ciel de nuages, une étreinte furtive, ou même une discussion animée entre amis avec des avis différents.</p>
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<p>Or, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a jamais de mailles assez serrées pour enfermer la grandeur de l’Homme qui s’est reconnu dans sa Beauté.</p>
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'subtitle' => 'Suite à la récente dissémination en Floride d’œufs de moustiques Aedes aegypti génétiquement modifiés, faisant suite à une même expérience effectuée en 2019 au Burkina Faso, notre environnement semble devenir un laboratoire grandeur nature. Au Burkina Faso, l’expérience est gérée par l’entreprise Target Malaria, société financée par la Fondation Bill and Melinda Gates. Attendrons-nous passivement que le temps nous révèle la véritable nature du forçage génétique?',
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'content' => '<p>Le 1er juillet 2019 à Bana au Burkina Faso, la première étape du projet de Target Malaria fut menée à terme par un lâchage de 6400 moustiques stériles sans impulsion génétique de l’espèce <em>Anopheles gambiæ</em>, principal vecteur du paludisme en Afrique et première cause du nombre de décès et de consultations au Burkina Faso. «Lorsque ces moustiques mâles sans impulsion génétique s’accouplent avec des femelles, les œufs pondus par les femelles n’éclosent pas. La stérilité est causée par une modification génétique qui n’affecte qu’une seule génération de moustiques modifiés et ne peut pas être transmise à la génération suivante parce que les insectes modifiés sont stériles», peut-on lire sur le site de Target Malaria.</p>
<p>Une deuxième étape consiste à engendrer une descendance du sexe masculin, puis une troisième pour relâcher des mâles modifiés par la technique de forçage génétique (CRISPR-Cas9), conduisant à leur stérilité puis à l’extinction de l’espèce en moins de deux ans, selon Delphine Thizy, responsable de l’engagement des parties prenantes de Target Malaria. Dans la foulée, l’extermination de deux autres espèces vectrices <em>Anopheles coluzzi </em>et <em>Anopheles arabiensis</em> est également programmée. Cette technique pourrait alors étendre son spectre d’utilisation dans la lutte contre des maladies telles que la dengue ou la fièvre Zika.</p>
<p>Target Malaria? C’est un consortium de recherche à but non lucratif dont les principales sources de financement proviennent de la Fondation Bill et Melinda Gates et de l’Open Philanthropy Project Fund. Son objectif est de développer des technologies génétiques afin de combattre le paludisme en Afrique.</p>
<p>Examinons donc les risques qui sous-tendent ces promesses. Tout d’abord l’efficacité de la technique de forçage génétique n’est pas certaine: il est tout à fait probable que des résistants à cette technique puissent émerger, la rendant inefficace. De surcroît, tous les tests de moustiques modifiés par forçage génétique n’ont été réalisés qu’en laboratoire et ne reflètent pas nécessairement les résultats potentiellement obtenus dans la nature.</p>
<h3><strong>De l’utilité du moustique</strong></h3>
<p>L'éradication d'une espèce dans un environnement dynamique n’est pas sans conséquences et pourrait directement impacter la biodiversité locale puisque les moustiques sont à la fois proies, prédateurs et contribuent entre autres, au recyclage de nutriments et à la pollinisation. Le déclin d’une telle espèce aurait donc des effets écologiques complexes sur les écosystèmes et les chaînes alimentaires, pouvant par exemple entraîner la perte d’une espèce pollinisatrice ou prédatrice. D’autre part, l’écologie des populations de moustiques locales pourrait s’en trouver modifiée et ainsi permettre à d’autres espèces vectrices de se multiplier, augmentant potentiellement la virulence du paludisme ou d’autres maladies.</p>
<p>Selon Ali Tabsoba, représentant du collectif citoyen de l’agro-écologie au Burkina Faso (CCAE), la propagation incontrôlable d’organismes génétiquement modifiés pourrait entraîner divers mécanismes génétiques, tel que l’engendrement de résistances aux traitements antipaludiques préexistants ou encore le transfert de cette modification artificielle au sein d’espèces sauvages et domestiques, et compromettre ainsi la biosécurité (transfert horizontal de gènes).</p>
<p>L’institut de Recherche en Sciences de la Santé du Burkina Faso (IRSS) ainsi que l’Agence Nationale de Biosécurité au Burkina Faso (ANB) avaient donné leur soutien pour la phase 1 du projet Target Malaria, la déclarant conforme aux exigences éthiques, réglementaires et approuvée par les communautés locales concernées.</p>
<p>Léa Paré Toré, chercheuse de l’IRSS faisant également partie du projet <em>Target Malaria</em>, affirme que les populations concernées ont été informées par des ateliers de sensibilisation afin d’obtenir leur consentement éclairé. Target Malaria prône la transparence et assure une réelle envie d’établir un dialogue avec les locaux en assurant avoir régulièrement envoyé des équipes sur le terrain afin d’entretenir le contact et de communiquer l’avancée de leurs recherches.</p>
<h3><strong>Zone d’ombre sur le terrain</strong></h3>
<p>Cependant, Ali Tabsoba dénonce l’opacité de l’opération qu’il qualifie de «terrorisme scientifique» en soutenant qu’il est aberrant d’affirmer avoir obtenu un « consentement libre et éclairé » alors que les populations locales se caractérisent par plus de soixante dialectes, sont souvent analphabètes et que les journalistes, tenus à l’écart par les représentants du projet, ne parviennent pas à interroger les habitants, hormis les rares individus reconnaissant leur mécompréhension de la situation voir même leur hostilité envers le projet.</p>
<p>Cette dernière constatation remet en doute l’acquisition réelle du consentement éclairé des communautés locales, décrétée par l’ONU lors de la convention de la diversité biologique (COP14) comme indispensable à la poursuite du projet sur le forçage génétique, puisque ce dernier avait consenti à «appliquer une approche de précaution» concernant l’expérience, suite au suite au refus d’un moratoire international demandé par une centaine d’ONGs.</p>
<p>Des interrogations se soulèvent également concernant la légitimité ainsi que les intérêts personnels et économiques de cette entreprise. Ainsi Bart Knols, expert en moustiques de l’Université Radboud aux Pays-Bas, dénonce l’onérosité de la technique génétique et soutient que l’achat de moustiquaires à distribuer est financièrement beaucoup plus simple et abordable! De plus, un vaccin existe bel et bien, mais ce dernier ne procure pas une immunisation protectrice suffisante et les bénéfices associés sont estimés comme trois fois plus coûteux que l’aménagement de moustiquaires pour obtenir des résultats similaires. Appuyant ce dernier argument, Ali Tabsoba affirme qu’il serait bien plus bénéfique d’initier les populations aux bonnes pratiques d’hygiène.</p>
<p>Dans ce contexte tendu, l’IUCN (Union internationale pour la Conservation de la Nature, dont le siège est en Suisse) a d’ailleurs pris une position pour le moins étonnante dans son évaluation de la biologie de synthèse et de la conservation de la biodiversité, avançant que certains aspects du forçage génétique pourraient servir à la sauvegarde d’espèces menacées. Ce à quoi, Jim Thomas du groupe ETC (Action Group on Erosion, Technology and Concentration) réagit: «Avec 40% d’espèces en déclin, il est incompréhensible que l’un des plus grands et des plus anciens organismes de conservation au monde ouvre la porte au soutien actif apporté à une technologie d’extinction aussi délibérée.»</p>
<h3><strong>Inévitables conflits d’intérêts</strong></h3>
<p>En outre, la participation des peuples autochtones des pays du Sud semble avoir été reléguée au rang du symbolisme puisque seul un représentant de ces régions a participé́ à la rédaction de l’étude et ce, malgré l’exigence de l’IUCN d’une inclusion significative de ces populations. Finalement, il faut souligner qu’en cas de dommages liés aux transgènes, la responsabilité financière est entièrement déléguée aux Etats africains. Et enfin, plus de la moitié des auteurs du rapport de l'IUCN, y compris le président, soutiennent les biotechnologies ou sont au sein d’un conflit d’intérêt personnel, comme le démontre leur appartenance ou association à des groupes de conservation de biologie synthétique ou à des projets de forçage génétique, tels que Target Malaria.</p>
<p>Jusqu’à quand les conflits d’intérêts personnels et le manque de transparence vont entraver l’élaboration d’un consensus qui pourrait maximiser les bénéfices de tous?</p>
<p><em>Cet article est la synthèse d’un rapport universitaire de la faculté de biologie de l’Université de Lausanne.</em></p>',
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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Christode 03.02.2021 | 09h19
«Tout n'est donc pas perdu !
Merci pour votre joyeuse contribution.»
@Manu61 06.02.2021 | 16h19
«Merci ça fait du bien! je vais commencer à compter les petites victoires aussi...»