Actuel / Un chien de garde américain dans l'armée suisse
Une enquête de Republik révèle l'étendue de la dépendance technologique de l'armée suisse vis-à-vis des Etats-Unis. Un technicien de maintenance travaille sur un F/A-18. © US Air Force
La Suisse est-elle au moins un État souverain en matière de sécurité? Cette enquête révèle que deux officiers américains sont stationnés à Dübendorf (ZH), où se trouve un aérodrome militaire. Leur mission: s'assurer que les avions de chasse et autres armements américains servent les intérêts de leur pays.
Une enquête d'Eva Novak, parue chez nos confrères alémaniques de Republik le 21 septembre.
Kyle Wilson n'est pas un gros bonnet de l'armée de l'air américaine. Il n'est que Master Sergeant (adjudant-chef) au 56ème escadron aérien de maintenance de l’équipement. Technicien de maintenance aéronautique, il s’assure du bon fonctionnement de la flotte.
Néanmoins, les États-Unis lui ont récemment décerné une médaille, le «2018 Air Force International Affairs Excellence Award», en reconnaissance de ses actions dans le conflit entre l'Inde et le Pakistan, lorsque l'armée de l'air pakistanaise a abattu deux avions de chasse indiens au-dessus de la partie indienne du Cachemire, le 27 février 2019, avec ses chasseurs F-16 de fabrication américaine.
Cette distinction ne récompense pourtant pas ses efforts pour instaurer la paix entre deux Etats ennemis depuis des décennies. Wilson a rendu un service exceptionnel à son pays d'origine en tant qu'officier de coopération en matière de sécurité, pour protéger des regards étrangers la technologie américaine installée dans les F-16. Comment exactement, cela n'a pas été précisé.
On ignore généralement que des «Security Cooperation Officers» (SCO) américains, comme Kyle Wilson, sont également à l'œuvre en Suisse. Au nombre de deux, selon les informations de Republik confirmées par le Département fédéral de la Défense. Cependant, au sein des forces armées suisses, ils ne sont pas appelés SCO comme aux États-Unis, mais «gardiens» (en allemand: Wächter beziehungsweise Hüter). Parce que leurs partenaires suisses ne considèrent pas leur présence comme relevant de la «coopération», mais comme une surveillance. Tout un programme.
Lire aussi: Comment les Américains inspectent l'armée suisse
Un accès complet aux codes sources
En effet, si les pilotes de chasse suisses veulent utiliser leurs F/A-18 pour abattre un Sidewinder, un missile guidé à courte portée à commande infrarouge, «ils doivent d'abord demander la permission», selon une source interne des Forces aériennes suisses.
Lorsque les pilotes de F/A-18 suisses s'exercent au-dessus de la mer du Nord avec des membres des forces aériennes d'autres pays, par exemple, ils doivent indiquer quel missile, avec quel numéro de série, ils ont l'intention de tirer.
Afin de ne pas en révéler plus que nécessaire aux inspecteurs américains, les Suisses font donc preuve d’ingéniosité. Le Tages-Anzeiger a récemment décrit une inspection des missiles de défense sol-air Stinger: les Américains ont été conduits au dépôt dans un bus VW de l'armée suisse, dont «les vitres latérales et arrière (...) étaient recouvertes d'un film noir opaque», afin que les hôtes, qui n’étaient pas vraiment les bienvenus, ne puissent pas suivre le trajet.
Depuis de nombreuses années, on spécule sur la dépendance technique de l'armée suisse vis-à-vis des Etats-Unis. On sait depuis longtemps que seul le fabricant américain Boeing a un accès complet aux codes sources du logiciel pour ses avions de chasse F/A-18. Les mises à jour de ce logiciel sont toujours effectuées par les techniciens du fournisseur; les techniciens suisses ne sont même pas autorisés à regarder. Ce n'est plus non plus un secret que le système de navigation militaire ne fonctionne qu'avec un code fourni par les services secrets américains...
Les médias font état de ces dépendances chaque fois qu'un nouveau contrat d'armement de plusieurs milliards de dollars est sur le point d'être conclu. Tout comme l'accord de 6 milliards de francs suisses pour l’achat d’avions de chasse, que les deux avionneurs américains Lockheed Martin avec le F-35 et Boeing avec le F/A-18 Super Hornet, essaient d’emporter. Ces rumeurs, bien fondées, sont surtout répandues par les rivaux de Boeing et Lockheed Martin, qui tentent de discréditer la concurrence américaine.
Dans le cas présent, on suppose cependant que les deux concurrents européens, Airbus (pour l’Eurofighter) et Dassault (Rafale), retiennent leurs attaques pour préserver leur image, au cas où. Car seul le principe de l’achat d’avions de combat est soumis au vote des citoyens suisses le 27 septembre, pas le type d’avion qui sera finalement acquis, si le oui l’emporte.
«Si nous sommes menacés, notre neutralité s’effondre»
D'autant plus que les avions européen et français ne sont pas non plus exempts de technologie américaine — et on peut donc se demander s'ils ne sont pas également soumis au contrôle de l'armée américaine. L'Eurofighter et le Rafale utilisent eux aussi le standard de données tactiques Liaison 16, de l’OTAN, le système chiffré d'identification ami-ennemi de l’IFF (Identification Friend or Foe) et le canal GPS militaire. Cela signifie qu'ils sont dépendants des clés de codage américaines. Sans le «code Yankee» pour le système GPS, par exemple, les avions de chasse ne peuvent être utilisés que de façon très limitée et sont aveugles par mauvais temps ou de nuit.
De toutes les façons, dans l’éventualité d’un conflit, il est certain que la Suisse n’agirait pas de manière autonome, mais chercherait à collaborer avec des États dont les intérêts sont similaires. «Si nous sommes menacés, notre neutralité s’effondre», comme l'a récemment déclaré Bernhard Müller, commandant des Forces aériennes. La Suisse a déjà exercé sa capacité de coopération dans le cadre du Partenariat pour la paix, dont elle est membre depuis 1996. Il s'agit d'un instrument de coopération entre l'OTAN et ses pays partenaires.
Depuis deux décennies, une légende préoccupe les politiques suisses. Celle d’un «interrupteur marche/arrêt» qu’il suffirait à «l’Oncle Sam» d’actionner pour rendre inutilisable un avion de chasse ou un missile de l’armée suisse. Lors de la guerre en Irak, en 2003, le Conseiller national UDC de Thurgovie Alexander Baumann a voulu éclaircir ce point, savoir s’il était vrai que, pour des raisons techniques, les Forces aériennes suisses ne pouvaient «prendre aucune mesure contre d'éventuelles violations de l'espace aérien par l’US Air Force».
Plus récemment, c’est la gauche qui s’en est mêlée: «Les États-Unis peuvent faire décoller nos avions à réaction en appuyant sur un bouton. Ou ne pas nous laisser décoller s'ils ne le veulent pas», a affirmé la conseillère nationale PS zurichoise Priska Seiler Graf.
Le DDPS a émis à cela des démentis plus ou moins fermes. «Les forces aériennes peuvent garantir la préservation de notre souveraineté, quelle que soit l'origine des avions qui tentent d'utiliser l'espace aérien suisse sans autorisation», a répondu Samuel Schmid, alors ministre de la défense, en 2003, à la question d'Alexander Baumann.
Sa successeure Viola Amherd a récemment déclaré qu'elle ne disposait d’aucune preuve arguant que la dépendance vis-à-vis des deux avions de chasse américains était plus importante que vis-à-vis des deux fournisseurs européens. Une «commande à distance depuis l'étranger est exclue, elle l’est déjà avec le F/A-18 d'aujourd'hui et le sera aussi avec le nouveau chasseur».
Les Etats-Unis protègent leurs intérêts
Interrogé par Republik sur la présence de «gardiens» américains en Suisse, le chef de la communication du DDPS Renato Kalbermatten a confirmé qu'il y avait bien deux «prestataires de services» de ce type. Ces derniers sont stationnés à Dübendorf, le premier depuis 2006, mais, assure M. Kalbermatten, ils n'ont «aucune influence ni connaissance concernant les opérations des Forces aériennes suisses». Leur tâche, poursuit-il, consiste à «soutenir l'armée suisse dans les domaines techniques et logistiques de la communication vocale et des données sécurisées, ce qui permet la coopération avec d'autres forces armées en accordant une attention particulière à la cybersécurité». Rien d’autre, selon M. Kalbermatten.
Les Etats-Unis sont beaucoup moins avares d'informations. Surtout le lieutenant général Charles Hooper. Cet homme sympathique et corpulent, qui était jusqu'à récemment à la tête de l'Agence américaine de coopération en matière de défense et de sécurité (DSCA), explique en quoi consistait son rôle dans des vidéos Youtube à cœur ouvert. Le programme «Golden Sentry» est particulièrement intéressant. Selon M. Hooper, ce programme est conçu pour protéger la sécurité nationale et est imposé, par la loi américaine, à tous les équipements et services militaires américains, depuis les simples fusils jusqu’aux avions de chasse. Les SCO du monde entier veillent à ce que cette exigence soit respectée; pas seulement pour des raisons de sécurité, comme l’explique Hooper dans une autre vidéo, mais aussi pour protéger les intérêts politiques des Etats-Unis à l’étranger.
Pour certains équipements, les officiers de coopération «gardiens» effectuent des inspections régulières et des inventaires de numéros de série. Ils s’assurent que le matériel est toujours en service et qu’il est réellement utilisé aux fins pour lesquelles il a été vendu par les Etats-Unis. Cette clause, selon Hooper, est contractuelle et formalisée par une «lettre d’offre et d’acceptation» lors de l’achat d’équipement militaire par une puissance étrangère. Sont particulièrement surveillés les missiles sol-air à courte portée Stinger et les missiles air-air guidés par infrarouge AIM-9X Sidewinder et Amraam, armements que possède l’armée suisse.
Et qui paie? Les Suisses
La frénésie de contrôle des Etats-Unis est, dans une certaine mesure, compréhensible. D’autres Etats, dont la Suisse, ont des pratiques similaires: le Secrétariat d’Etat à l’économie est, par exemple, chargé de vérifier si le matériel militaire exporté se trouve toujours chez le destinataire officiellement déclaré.
Pour mémoire, lors de l’offensive américaine en Afghanistan, en 2001, les talibans avaient tiré des missiles Stinger sur des avions américains, missiles fournis à l’origine par la CIA aux moudjahidines afghans pour combattre les Soviétiques en 1979-1989.
L’étendue de ce contrôle, en revanche, est moins bien comprise et acceptée. Dans pas moins de 146 pays où sont présents les officiers de coopération américains, toute violation de contrat est communiquée au Département de la Défense à Washington mais aussi au Département d’Etat (c’est-à-dire au ministère des Affaires étrangères).
Et, le lieutenant général Charles Hooper le sait bien, rien de tout cela n’est gratuit. Sauf pour les contribuables américains: c’est au client qu’il revient de payer tous les frais. Le DDPS le confirme, au moins indirectement. Lorsqu'on lui demande qui paie les salaires des SCO, M. Kalbermatten répond que les deux hommes travaillent pour l'État américain sur une base contractuelle. Et que «les services correspondants sont contractuellement convenus entre la Suisse et les États-Unis».
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Ce n'est plus non plus un secret que le système de navigation militaire ne fonctionne qu'avec un code fourni par les services secrets américains...</p> <p>Les médias font état de ces dépendances chaque fois qu'un nouveau contrat d'armement de plusieurs milliards de dollars est sur le point d'être conclu. Tout comme l'accord de 6 milliards de francs suisses pour l’achat d’avions de chasse, que les deux avionneurs américains Lockheed Martin avec le F-35 et Boeing avec le F/A-18 Super Hornet, essaient d’emporter. Ces rumeurs, bien fondées, sont surtout répandues par les rivaux de Boeing et Lockheed Martin, qui tentent de discréditer la concurrence américaine.</p> <p>Dans le cas présent, on suppose cependant que les deux concurrents européens, Airbus (pour l’Eurofighter) et Dassault (Rafale), retiennent leurs attaques pour préserver leur image, au cas où. Car seul le principe de l’achat d’avions de combat est soumis au vote des citoyens suisses le 27 septembre, pas le type d’avion qui sera finalement acquis, si le oui l’emporte. </p> <h3>«Si nous sommes menacés, notre neutralité s’effondre»</h3> <p>D'autant plus que les avions européen et français ne sont pas non plus exempts de technologie américaine — et on peut donc se demander s'ils ne sont pas également soumis au contrôle de l'armée américaine. L'Eurofighter et le Rafale utilisent eux aussi le standard de données tactiques Liaison 16, de l’OTAN, le système chiffré d'identification ami-ennemi de l’IFF (Identification Friend or Foe) et le canal GPS militaire. Cela signifie qu'ils sont dépendants des clés de codage américaines. Sans le «code Yankee» pour le système GPS, par exemple, les avions de chasse ne peuvent être utilisés que de façon très limitée et sont aveugles par mauvais temps ou de nuit.</p> <p>De toutes les façons, dans l’éventualité d’un conflit, il est certain que la Suisse n’agirait pas de manière autonome, mais chercherait à collaborer avec des États dont les intérêts sont similaires. «Si nous sommes menacés, notre neutralité s’effondre», comme l'a récemment déclaré Bernhard Müller, commandant des Forces aériennes. La Suisse a déjà exercé sa capacité de coopération dans le cadre du Partenariat pour la paix, dont elle est membre depuis 1996. Il s'agit d'un instrument de coopération entre l'OTAN et ses pays partenaires.</p> <p>Depuis deux décennies, une légende préoccupe les politiques suisses. Celle d’un «interrupteur marche/arrêt» qu’il suffirait à «l’Oncle Sam» d’actionner pour rendre inutilisable un avion de chasse ou un missile de l’armée suisse. Lors de la guerre en Irak, en 2003, le Conseiller national UDC de Thurgovie Alexander Baumann a voulu éclaircir ce point, savoir s’il était vrai que, pour des raisons techniques, les Forces aériennes suisses ne pouvaient «prendre aucune mesure contre d'éventuelles violations de l'espace aérien par l’US Air Force». </p> <p>Plus récemment, c’est la gauche qui s’en est mêlée: «Les États-Unis peuvent faire décoller nos avions à réaction en appuyant sur un bouton. Ou ne pas nous laisser décoller s'ils ne le veulent pas», a affirmé la conseillère nationale PS zurichoise Priska Seiler Graf.</p> <p>Le DDPS a émis à cela des démentis plus ou moins fermes. «Les forces aériennes peuvent garantir la préservation de notre souveraineté, quelle que soit l'origine des avions qui tentent d'utiliser l'espace aérien suisse sans autorisation», a répondu Samuel Schmid, alors ministre de la défense, en 2003, à la question d'Alexander Baumann.</p> <p>Sa successeure Viola Amherd a récemment déclaré qu'elle ne disposait d’aucune preuve arguant que la dépendance vis-à-vis des deux avions de chasse américains était plus importante que vis-à-vis des deux fournisseurs européens. Une «commande à distance depuis l'étranger est exclue, elle l’est déjà avec le F/A-18 d'aujourd'hui et le sera aussi avec le nouveau chasseur».</p> <h3>Les Etats-Unis protègent leurs intérêts</h3> <p>Interrogé par <em>Republik</em> sur la présence de «gardiens» américains en Suisse, le chef de la communication du DDPS Renato Kalbermatten a confirmé qu'il y avait bien deux «prestataires de services» de ce type. Ces derniers sont stationnés à Dübendorf, le premier depuis 2006, mais, assure M. Kalbermatten, ils n'ont «aucune influence ni connaissance concernant les opérations des Forces aériennes suisses». Leur tâche, poursuit-il, consiste à «soutenir l'armée suisse dans les domaines techniques et logistiques de la communication vocale et des données sécurisées, ce qui permet la coopération avec d'autres forces armées en accordant une attention particulière à la cybersécurité». Rien d’autre, selon M. Kalbermatten.</p> <p>Les Etats-Unis sont beaucoup moins avares d'informations. Surtout le lieutenant général Charles Hooper. Cet homme sympathique et corpulent, qui était jusqu'à récemment à la tête de l'Agence américaine de coopération en matière de défense et de sécurité (DSCA), explique en quoi consistait son rôle dans des vidéos Youtube à cœur ouvert. Le programme «<em>Golden Sentry</em>» est particulièrement intéressant. Selon M. Hooper, ce programme est conçu pour protéger la sécurité nationale et est imposé, par la loi américaine, à tous les équipements et services militaires américains, depuis les simples fusils jusqu’aux avions de chasse. Les SCO du monde entier veillent à ce que cette exigence soit respectée; pas seulement pour des raisons de sécurité, comme l’explique Hooper dans une autre vidéo, mais aussi pour protéger les intérêts politiques des Etats-Unis à l’étranger. </p> <p>Pour certains équipements, les officiers de coopération «gardiens» effectuent des inspections régulières et des inventaires de numéros de série. Ils s’assurent que le matériel est toujours en service et qu’il est réellement utilisé aux fins pour lesquelles il a été vendu par les Etats-Unis. Cette clause, selon Hooper, est contractuelle et formalisée par une «lettre d’offre et d’acceptation» lors de l’achat d’équipement militaire par une puissance étrangère. Sont particulièrement surveillés les missiles sol-air à courte portée Stinger et les missiles air-air guidés par infrarouge AIM-9X Sidewinder et Amraam, armements que possède l’armée suisse. </p> <h3>Et qui paie? Les Suisses</h3> <p>La frénésie de contrôle des Etats-Unis est, dans une certaine mesure, compréhensible. D’autres Etats, dont la Suisse, ont des pratiques similaires: le Secrétariat d’Etat à l’économie est, par exemple, chargé de vérifier si le matériel militaire exporté se trouve toujours chez le destinataire officiellement déclaré. </p> <p>Pour mémoire, lors de l’offensive américaine en Afghanistan, en 2001, les talibans avaient tiré des missiles Stinger sur des avions américains, missiles fournis à l’origine par la CIA aux moudjahidines afghans pour combattre les Soviétiques en 1979-1989. </p> <p>L’étendue de ce contrôle, en revanche, est moins bien comprise et acceptée. Dans pas moins de 146 pays où sont présents les officiers de coopération américains, toute violation de contrat est communiquée au Département de la Défense à Washington mais aussi au Département d’Etat (c’est-à-dire au ministère des Affaires étrangères). </p> <p>Et, le lieutenant général Charles Hooper le sait bien, rien de tout cela n’est gratuit. Sauf pour les contribuables américains: c’est au client qu’il revient de payer tous les frais. Le DDPS le confirme, au moins indirectement. Lorsqu'on lui demande qui paie les salaires des SCO, M. Kalbermatten répond que les deux hommes travaillent pour l'État américain sur une base contractuelle. Et que «les services correspondants sont contractuellement convenus entre la Suisse et les États-Unis».</p>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'un-chien-de-garde-americain-dans-l-armee-suisse', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 555, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2590, 'homepage_order' => (int) 2830, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => '', 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4937, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Géopolitique du sport: l’affrontement entre la Russie et l’Ukraine', 'subtitle' => 'Impossible apolitisme du sport mondial face à la guerre en Ukraine. 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Cette déclaration est catégorique : « La guerre non provoquée et injustifiable de la Russie contre l’Ukraine, soutenue par le gouvernement biélorusse, est répugnante et constitue une violation flagrante de ses obligations internationales. » Ainsi, du point de vue sportif et diplomatique, la Russie se retrouve isolée.</p> <h3>La création d’un nouvel ordre mondial du sport ?</h3> <p>Dans les paroles et les actions, le pouvoir russe privilégie depuis le début de l’invasion la création d’un pôle sportif alternatif à l’échelle mondiale pour contrer les institutions sportives internationales traditionnelles telles que le CIO ou la Fifa.</p> <p>En pratique, cela impliquerait de se passer du sport mondial, de le remplacer ou de rivaliser avec lui. En Russie, par exemple, l’idée de diviser le mouvement olympique gagne du terrain. Il s’agirait de séparer les Jeux en deux parties : à l’Ouest, les Jeux occidentaux, et à l’Est, les Jeux russes « traditionnels ». Ces Jeux à la russe se dérouleraient en été en Crimée et en hiver à Sotchi. Ils puiseraient leur légitimité dans les liens historiques plus ou moins confirmés de ces régions avec la Grèce antique. En 2007, pour obtenir les Jeux de Sotchi, Vladimir Poutine avait rappelé aux membres du CIO que « les Grecs anciens ont vécu près de Sotchi. J’ai vu le rocher près de Sotchi où, selon la légende, Prométhée était enchaîné. Prométhée qui a donné le feu aux hommes, le feu qui est finalement la flamme olympique ». Depuis, l’argument du mythe est souvent utilisé pour évoquer cette région russe, composée du Caucase et de la péninsule de Crimée. Selon Vladimir Poutine, ces terres sont sacrées et pourraient servir de cadre à un nouvel ordre mondial du sport.</p> <figure><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/o8WjPYcA0lY?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe></figure> <p>Dans le cadre de ce scénario et pour rivaliser politiquement et sportivement avec succès avec le mouvement olympique, le pouvoir russe cherche déjà des alliés […]. L’objectif est de solliciter les pays membres de la CEI, de l’Organisation de coopération de Shanghai et les BRICS pour qu’ils participent à cette ambition. Ces trois organisations regroupent plusieurs acteurs majeurs du sport mondial, parmi lesquels la Chine occupe une place de choix. Si ce projet russe réussissait, il pourrait donner naissance à un nouvel ordre mondial du sport destiné à rivaliser avec les institutions historiques du sport moderne telles que le CIO ou la Fifa. Concomitante à une dynamique plus générale de désoccidentalisation du monde, cette influence dépasse très largement le cadre sportif.</p> <h3>Le sport ukrainien, c’est la guerre avec les balles</h3> <p>Depuis le 24 février 2022, pour Volodymyr Zelensky et l’Ukraine, le sport, c’est la <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/culturesmonde/le-sport-c-est-la-guerre-les-fusils-en-moins-g-orwell-1945-2-4-la-guerre-un-sport-comme-les-autres-7282852">guerre avec les balles</a>. En effet, à l’heure du conflit russo-ukrainien, le domaine sportif en Ukraine a subi une transformation significative.</p> <p>Initialement, au lendemain de l’invasion et sur une période de moins de deux mois, les autorités nationales ont suspendu l’ensemble des activités sportives en Ukraine. L’accent était alors mis sur l’effort de guerre, et les installations sportives ont été utilisées par les militaires ukrainiens comme bases de repli ou de déploiement. Cela explique pourquoi les installations sportives, telles que les stades ou les gymnases, sont souvent la cible des forces russes, car elles pourraient potentiellement abriter des unités ukrainiennes entières.</p> <p>Par la suite, lorsque l’armée russe a commencé à faire du surplace voire à reculer sur le terrain, le secteur sportif ukrainien a pris une nouvelle orientation. Certains clubs de football ont obtenu la permission de jouer des matchs de charité à l’étranger, malgré la loi martiale interdisant aux hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le territoire. Ces matchs visaient à sensibiliser à la cause ukrainienne. De même, les athlètes en préparation pour d’importantes compétitions ont pu s’entraîner à l’étranger.</p> <p>Par exemple, l’équipe nationale de football a été autorisée à s’entraîner en Slovénie pendant un mois en mai 2022 en vue des qualifications pour la Coupe du monde de football 2022 au Qatar. Ainsi, le soft power sportif a contribué symboliquement à l’effort de guerre. Les autorités estimaient qu’un athlète ukrainien était plus utile sur le terrain sportif que sur le front militaire. Selon elles, il offrait un double avantage en donnant à l’Ukraine une visibilité internationale et en pouvant potentiellement rehausser le moral des troupes déployées sur le terrain. Cette dimension ne doit pas être sous-estimée : une victoire sportive pour un athlète ukrainien procurait aux soldats, qui suivaient régulièrement les matchs et les résultats, un certain espoir et un regain de moral.</p> <p>À partir de la mi-juin 2022, le sport à l’échelle nationale a progressivement retrouvé sa place, bien que dans des conditions exceptionnelles. Par exemple, la Première Ligue ukrainienne de football a obtenu l’autorisation de débuter la saison 2022-2023 fin août. Toutefois, les règles ont été adaptées à la situation du moment. Les spectateurs ne sont plus autorisés à assister aux matchs, et ceux-ci nécessitent une autorisation systématique de l’administration militaire pour avoir lieu. Si une alerte de raid aérien potentiel retentit dans un rayon de moins de 500 mètres, le match est interrompu et les joueurs se réfugient dans les vestiaires, ce qui se produit régulièrement. Après un an et demi de guerre, aucun footballeur ukrainien n’a été blessé. Cependant, certains matchs ont duré plus de cinq heures au total.</p> <p>Paradoxalement, l’Ukraine continue de participer activement aux événements sportifs européens et mondiaux. Chaque compétition internationale offre l’opportunité aux autorités de promouvoir les intérêts du pays dans un contexte de guerre. De plus, certains clubs ukrainiens sont accueillis par les alliés géopolitiques les plus proches de l’Ukraine. Par exemple, le Dynamo Kyiv s’entraîne et joue certains de ses matchs à Cracovie, en Pologne. Dnipro, quant à lui, joue et s’entraîne à Košice, en Slovaquie, de manière permanente. En général, de nombreux athlètes et entraîneurs ukrainiens, actifs ou non, ont choisi de rejoindre le front dans l’est de l’Ukraine, mettant leur carrière en suspens. Le cas emblématique est peut-être celui de Yuriy Vernydub, entraîneur ukrainien du Sheriff Tiraspol, qui est parti au front dès le lendemain de l’invasion. Il est important de noter que ces professionnels du sport proviennent souvent de divisions sportives moins importantes. En effet, les athlètes de renom préfèrent généralement contribuer à l’effort de guerre d’un point de vue sportif et symbolique.</p> <p>Le cas des supporters des clubs ukrainiens est également notable. Depuis 2014 et surtout depuis l’invasion russe en Ukraine, de nombreux ultras ont rejoint le front pour combattre ensemble, mettant de côté leur rivalité sportive. En temps de paix rivaux, les supporters du Shakhtar Donetsk et du Dynamo Kyiv combattent ensemble contre leur ennemi commun.</p> <h3>La stratégie politique et sportive de Volodymyr Zelensky après l’invasion russe</h3> <p>Depuis le 24 février 2022, la stratégie internationale de Volodymyr Zelensky s’est intensifiée dans le domaine sportif, trouvant écho dans l’espace médiatique mondial. Les ministères, les organisations privées et le comité olympique ukrainien, tous les organes politiques, économiques et sportifs du pays sont mobilisés pour transmettre un message : l’exclusion de la Russie doit durer tant que l’invasion se poursuit.</p> <figure><iframe frameborder="0" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/YQiSJ3AO5CI?wmode=transparent&start=0" width="440"></iframe></figure> <p>Le hashtag #boycottrussiansport en est devenu le symbole. De manière concrète, les arguments ukrainiens peuvent être résumés en cinq points. La Russie devrait être exclue des événements sportifs mondiaux et des Jeux olympiques de Paris 2024 car elle est un État envahisseur et terroriste ; les athlètes russes sont de quelque manière liés à l’État russe ou à l’armée russe ; le régime de Vladimir Poutine exploite le sport à des fins de propagande ; dans de telles conditions, l’équité des compétitions sportives (Jeux olympiques, Coupe du monde, etc.) ne peut être maintenue ; les athlètes ukrainiens perdent la vie au front ou ne peuvent pas s’entraîner convenablement pour les grandes compétitions internationales, par conséquent la Russie et la Biélorussie ne devraient pas être autorisés à y participer.</p> <p>Pour diffuser ces arguments, le gouvernement ukrainien utilise divers canaux. Tout comme Volodymyr Zelensky utilise son smartphone pour communiquer avec différentes générations, les principaux porte-parole du sport ukrainien exploitent les canaux et les codes contemporains pour diffuser leur message. Les réseaux sociaux tels que TikTok, Facebook ou Instagram sont fréquemment utilisés pour diffuser des propos politiques liés au sport. On peut souvent voir circuler des vidéos de quelques secondes transmettant un message percutant. Par exemple, l’une de ces vidéos virales montre un athlète russe lançant un javelot dans les airs. Le javelot se transforme ensuite en obus, suit la trajectoire de l’athlète et finit par s’écraser sur un bâtiment ukrainien. Un message s’affiche alors à l’écran : « Boycott Russian Sport. »</p> <h4 style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/592021/original/file-20240503-16-h8q7b1.jpeg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/592021/original/file-20240503-16-h8q7b1.jpeg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a></h4> <h4 style="text-align: center;"><em><span>Ces extraits sont issus de « La Guerre du sport. 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Le compte Facebook du ministère suit la même approche, avec une bannière principale affichant à nouveau le hashtag #boycottrussiansport, cette fois-ci en lettres sanglantes.</p> <p>Pour avoir un impact encore plus fort, le Comité des sports d’Ukraine (SKU), chargé de promouvoir le développement des sports non olympiques, a lancé le projet Angels of Sport via un site web recensant les athlètes et entraîneurs ukrainiens professionnels décédés au combat depuis le 24 février 2022.<img src="https://counter.theconversation.com/content/229262/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <p> </p> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/lukas-aubin-910318">Lukas Aubin</a>, Docteur en Études slaves contemporaines : spécialiste de la géopolitique de la Russie et du sport, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-paris-nanterre-universite-paris-lumieres-2294">Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/jean-baptiste-guegan-234426">Jean-Baptiste Guégan</a>, Enseignant en géopolitique du sport, journaliste et consultant, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/geopolitique-du-sport-laffrontement-entre-la-russie-et-lukraine-229262">article original</a>.</h4> <h4><em>Lukas Aubin, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste de la géopolitique de la Russie et du sport et membre associé du Centre de Recherches Pluridisciplinaires Multilingues (CRPM) à l’université Paris-Nanterre, et Jean-Baptiste Guégan, expert en géopolitique du sport et enseignant à Sciences Po Paris, viennent de publier aux éditions Tallandier</em> <a href="https://www.tallandier.com/livre/la-guerre-du-sport/">La Guerre du Sport, une nouvelle géopolitique</a>, <em>un ouvrage complet qui met en lumière l’influence des grands enjeux internationaux sur un un monde du sport à l’apolitisme de plus en plus illusoire. 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En effet, le corps humain n'utiliserait la provitamine A que s'il dispose de suffisamment de graisse, ce qui, selon Greenpeace, n'est souvent pas le cas chez ces personnes. De plus, il y aurait un risque que le riz génétiquement modifié, une fois introduit dans le champ, se reproduise de manière autonome, se propage et contamine ainsi d'autres variétés de riz. En raison de ces doutes, il a fallu attendre 16 ans de plus pour que les autorités philippines en charge de la biosécurité donnent finalement le feu vert à la culture du riz doré en 2021.</p> <h3>Le tribunal révoque l’autorisation</h3> <p>Mais aujourd'hui, une nouvelle décision de justice met déjà un frein à la propagation de la variété de riz transgénique. Ainsi, une Cour d'appel philippine a révoqué l'autorisation le 17 avril dernier en se référant au principe de précaution: «En l'absence de consensus scientifique sur la sécurité du riz doré, il ne devrait plus être cultivé à des fins commerciales». 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@Chuck50 24.09.2020 | 17h23
«il est nul cet article, il n'y a plus de jets à Dübendorf depuis belle lurette et le Sidewinder sont des missile air-air ...... etc etc
je classe ça sous fake news»
@Qovadis 28.09.2020 | 13h51
«Donc il est urgent pour la Suisse qui veut renouvelé sa défense aérienne de ne pas acheter des avions de combat américains. D’autant plus que l’Europe doit développer et renforcer son autonomie stratégique vis-à-vis des EU.»
@Ric 30.09.2020 | 16h00
«@Chuck50 Je ne comprends pas votre commentaire. Il est mentionné que le Sidewinder est un missile air-air et que des officiers américains sont stationnés à la base de Dubendorf, pas des jets. Peut-être que des cours de lecture pourraient vous être utile. A moins que ce fake comment ne soit là pour décourager les lecteurs. Pour ma part, cela ne donne que plus de crédibilité à cet article.»