La Joconde, star du Louvre. © Pixabay / FAL
La démocratisation de la culture a-t-elle atteint ses limites? C'est ce que l'on est tenté de penser en voyant la foule de touristes qui se pressent chaque jour devant la Joconde. Ou plus exactement, dos à Mona Lisa, pour un selfie. C'est agaçant, ça oui, mais cet article, paru dans The Conversation, affirme qu'il pourrait s'agir en fait d'une nouvelle forme d'expérience esthétique, une mutation qui n'aurait pas que des défauts.
Fabrice Raffin
Maître de Conférence à l'Université de Picardie Jules Verne et chercheur au laboratoire Habiter le Monde.
C’est un long cortège qui se déploie en un piétinement rituel, celui du public venu en masse au Musée du Louvre ce jeudi 14 novembre 2019 pour admirer les œuvres de Leonardo Da Vinci. Les visiteurs doivent patienter bien plus d’une demi-heure avant d’accéder, non pas aux salles d’exposition, mais à un labyrinthe de poteaux à sangles installés là pour guider la foule, la ramasser sur elle-même, la contenir. Le serpentin du public est ici retenu par un ouvreur qui gère le flux continu. Enfin, il nous laisse accéder au Saint des Saints, en fonction du nombre de sortants. Et la procession de reprendre sur le parquet usé et sonore des salles bondées, dans les crissements de pas. C’est à la queue leu leu que le public se presse devant les œuvres. Je compte: un, deux, trois, quatre secondes et au suivant.
Autant traverser le musée au pas de course, comme Anna Karina, Claude Brasseur et Sami Frey en leur temps..?
En 2018, 10 millions de visiteurs se sont rendus au Louvre, 6 millions à la National Gallery de Londres et 4 millions à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. Le tourisme de masse alimente une culture de masse et réciproquement, dans la mesure où le flot de touristes s’appuie bien souvent sur des expositions temporaires mises en scènes sous forme événementielle. «Produit d’appel» pour les institutions culturelles, ces expositions sont également un enjeu pour des villes ou des collectivités dans une concurrence féroce entre elles, selon une dynamique communicationnelle propre au musée du XXIe siècle comme le pointait Daniel Jacobi il y a déjà 20 ans.
Le musée est-il une expérience esthétique?
Si, à la suite de nos précédents articles, nous définissons la culture par l’expérience esthétique qu’elle procure (et non par les œuvres auxquelles le public accède), à bien observer ces expositions de masse, les conditions et l’attitude du public devant les œuvres, on pourra se demander ce qui leur reste de culturel. À lire les statistiques, en 2018, 98 % des visiteurs sont satisfaits d’être venus au Louvre!
Cependant, quand on est dans les salles d’expositions on éprouve des doutes. Comment parler d’expérience esthétique lorsque les études très nombreuses chronomètrent le temps passé devant les œuvres oscille entre 4 et 20 secondes maximum?
Encore faut-il ajouter à cette rapidité la pression imposée à celui qui regarde dans la densité extrême du piétinement le long des cimaises. Comment pourrait se jouer en si peu de temps ce que J.C. Passeron nommait le pacte de réception iconique, lorsque celui qu’il appelait le visionneur ne fait que zapper dans la mobilité, d’un tableau à l’autre, d’une sculpture à une installation? À bien observer les visiteurs, rares sont ceux qui s’arrêtent devant les cartels, encore moins nombreux ceux qui les lisent entièrement, quant aux visites guidées elles sont le fait d’une minorité. «C’est vrai, me dit un visiteur, qu’en dehors des tableaux connus, dans les salles, on ne sait pas trop quoi regarder, ils se ressemblent tous.»
Dos au tableau
Peut-on encore parler d’expérience esthétique pour ces visiteurs à l’attitude apparemment désinvolte, téléphone en main, qui regardent à peine le tableau, qui souvent se tournent immédiatement pour se prendre en photo en selfie? Peut-on apprécier quoi que ce soit en tournant le dos aux œuvres? Que signifie dès lors pour cette partie des publics l’enjeu de leur présence au musée? Pour échapper au jugement conventionnel des amateurs d’art, peut-être pourra-t-on suivre la réflexion d’André Gunthert, se référant à Michel de Certeau, pour qui cette attitude est le contraire de ce qu’elle paraît.
Pour lui, par le selfie, une part du public se réapproprie son expérience du musée, s’inclut dans le cadre. Plus qu’une marque de défiance, le selfie serait une marque de respect envers les œuvres. L’auteur devient alors, via les réseaux sociaux, diffuseur d’une culture dans laquelle il s’inclut, à même d’entretenir le mythe d’un artiste ou d’une œuvre. En une même référence à Michel de Certeau, on pourra analyser que les contrevenants aux règles de la bonne réception des œuvres défient l’ordre institué du monde de l’art. Une fois de plus, ceux que l’on considère comme dominés ne sont-ils pas là engagés dans des tactiques de résistance à l’imposition d’une bonne manière d’apprécier les œuvres? L’enjeu symbolique est fort tant la culture est l’outil par excellence de domination sociale. Comme le notait déjà Olivier Donnat dans les années 1990:
«les usages les plus fréquents du musée sont éloignés du modèle du rapport cultivé aux œuvres.»
Avant tout, une expérience urbaine
Pour une partie du public, la venue au musée n’a pas grand-chose à voir avec les œuvres elles-mêmes. Une part majeure de l’expérience du musée réside dans ce que ces expositions et leurs lieux représentent d’événementiel et de symbolique.
Ce qui s’exprime alors, c’est la dimension collective d’une expérience esthétique, mais en dehors du musée et de l’exposition. Elle se joue dans le rapport à l’architecture et à une mise en scène d’urbanité, dans le sens où vivre la ville nous disait Antoine Picon, c’est accéder à son caractère événementiel comme dimension urbaine caractéristique. Aller au Louvre, c’est se confronter à une architecture, à une scénographie urbaine spectaculaires. Dans l’accès au musée se construit un rapport au cadre bâti de la ville et plus largement à son histoire. Accéder aux grands musées est pour le touriste vivre l’essence représentée des villes, d’un pays, de Paris. Le musée est intégré à un parcours urbain, et l’exposition vient renforcer l’expérience de la ville, point d’orgue d’un séjour parfois.
Pour certains touristes, faire l'expérience de la ville est un événement en soi. © Pixabay
Le Louvre, la Joconde, Da Vinci créent l’événement continu en eux-mêmes, par leur renommée autant que par la dimension artistique – d’autant plus lorsqu’un scandale comme le différend avec l’Italie au sujet du prêt des œuvres décuple la médiatisation d’une exposition. Se promener dans l’événement urbain que représente l’exposition revient pour beaucoup de touristes à vivre pleinement la ville quitte a éclipser l’enjeu artistique, qui apparaît alors bien secondaire.
«Pourquoi voir la Joconde? Elle est normale, c’est juste un portrait. Je crois que c’est parce que tout le monde en parle», me dit cette autre jeune visiteuse, «je trouve qu’elle est banale, on s’habitue, pas magnifique quoi.»
L’expérience esthétique se joue pour une partie des publics hors musée, dans la ville donc, sur les réseaux sociaux aussi, par selfie interposé. Une autre partie du public accorde une attention diffuse aux œuvres. Ce n’est pas le moindre des paradoxes: parmi les plus virulents critiques des grandes expositions, on retrouve les apôtres de la démocratisation artistique qui revendiquent la mission de rendre accessible au plus grand nombre les œuvres majeures de l’humanité selon les termes d’André Malraux. Néanmoins, ces mêmes porteurs de la démocratisation sont parfois prompts à déplorer le caractère dégradé de la relation à l’œuvre dans le cadre des expositions-événements. Ainsi, note Daniel Jacobi, «les amateurs d’art et de patrimoine les plus experts n’ont pas de mots assez durs et sévères pour se moquer de ces visites dites «à l’américaine», superficielles et peu à même d’apprécier ou de goûter ce qui est visité ou exposé.»
Le débat n’est pas nouveau et il fut porté en son temps par M. Horkheimer, W. Benjamin et T. Adorno, ce dernier dénonçant «les œuvres perverties» dès lors qu’elles sont exposées à la masse «des yeux des oreilles aliénées.»
L’idéal démocratique achoppe ici sur une fonction majeure de toute pratique culturelle, la distinction sociale, qui rend la démocratisation culturelle si ardue malgré les efforts de médiation culturelle, les amateurs d’art étant certainement les premiers à ne pas vouloir être confondus avec les masses. D’autant plus que les «masses» en question, loin d’être homogènes, restent rétives à toute imposition de ce qui est désigné par les professionnels de la culture comme digne d’intérêt. Les publics sont ainsi toujours enclins, soit, pour le plus grand nombre, à éviter les formes culturelles légitimes, soit à les détourner, serait-ce avec selfie, soit tout simplement à inventer leurs propres pratiques.
Cet article est republié à partir de The Conversation, sous licence Creative Commons.
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À bien observer les visiteurs, rares sont ceux qui s’arrêtent devant les cartels, encore moins nombreux ceux qui les lisent entièrement, quant aux visites guidées elles sont le fait d’une minorité. «C’est vrai, me dit un visiteur, qu’en dehors des tableaux connus, dans les salles, on ne sait pas trop quoi regarder, ils se ressemblent tous.»</p> <h3>Dos au tableau</h3> <p>Peut-on encore parler d’expérience esthétique pour ces visiteurs à l’attitude apparemment désinvolte, téléphone en main, qui regardent à peine le tableau, qui souvent se tournent immédiatement pour se prendre en photo en selfie? Peut-on apprécier quoi que ce soit en tournant le dos aux œuvres? Que signifie dès lors pour cette partie des publics l’enjeu de leur présence au musée? Pour échapper au jugement conventionnel des amateurs d’art, peut-être pourra-t-on suivre la réflexion d’André Gunthert, se référant à Michel de Certeau, pour qui cette attitude est le contraire de ce qu’elle paraît.</p> <p>Pour lui, par le selfie, une part du public se réapproprie son expérience du musée, s’inclut dans le cadre. Plus qu’une marque de défiance, le selfie serait une marque de respect envers les œuvres. L’auteur devient alors, via les réseaux sociaux, diffuseur d’une culture dans laquelle il s’inclut, à même d’entretenir le mythe d’un artiste ou d’une œuvre. En une même référence à Michel de Certeau, on pourra analyser que les contrevenants aux règles de la bonne réception des œuvres défient l’ordre institué du monde de l’art. Une fois de plus, ceux que l’on considère comme dominés ne sont-ils pas là engagés dans des tactiques de résistance à l’imposition d’une bonne manière d’apprécier les œuvres? L’enjeu symbolique est fort tant la culture est l’outil par excellence de domination sociale. Comme le <a href="http://doc.ocim.fr/LO/LO035/LO.35%284%29-pp.16-23.pdf">notait déjà Olivier Donnat</a> dans les années 1990:</p> <blockquote> <p><em>«les usages les plus fréquents du musée sont éloignés du modèle du rapport cultivé aux œuvres.»</em></p> </blockquote> <h3>Avant tout, une expérience urbaine</h3> <blockquote> <p>Pour une partie du public, la venue au musée n’a pas grand-chose à voir avec les œuvres elles-mêmes. Une part majeure de l’expérience du musée réside dans ce que ces expositions et leurs lieux représentent d’événementiel et de symbolique.</p> <p>Ce qui s’exprime alors, c’est la dimension collective d’une expérience esthétique, mais en dehors du musée et de l’exposition. Elle se joue dans le rapport à l’architecture et à une mise en scène d’urbanité, dans le sens où vivre la ville <a href="https://www.cairn.info/revue-flux1-2009-4-page-17.htm">nous disait Antoine Picon</a>, c’est accéder à son caractère événementiel comme dimension urbaine caractéristique. Aller au Louvre, c’est se confronter à une architecture, à une scénographie urbaine spectaculaires. Dans l’accès au musée se construit un rapport au cadre bâti de la ville et plus largement à son histoire. Accéder aux grands musées est pour le touriste vivre l’essence représentée des villes, d’un pays, de Paris. Le musée est intégré à un parcours urbain, et l’exposition vient renforcer l’expérience de la ville, point d’orgue d’un séjour parfois.</p> <p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1575205066_file20191120554louejx.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p> <h4 style="text-align: center;">Pour certains touristes, faire l'expérience de la ville est un événement en soi. © Pixabay</h4> <p>Le Louvre, la Joconde, Da Vinci créent l’événement continu en eux-mêmes, par leur renommée autant que par la dimension artistique – d’autant plus lorsqu’un scandale comme le différend avec l’Italie au sujet du prêt des œuvres décuple la médiatisation d’une exposition. Se promener dans l’événement urbain que représente l’exposition revient pour beaucoup de touristes à vivre pleinement la ville quitte a éclipser l’enjeu artistique, qui apparaît alors bien secondaire.</p> <p>«Pourquoi voir la Joconde? Elle est normale, c’est juste un portrait. Je crois que c’est parce que tout le monde en parle», me dit cette autre jeune visiteuse, «je trouve qu’elle est banale, on s’habitue, pas magnifique quoi.»</p> <p>L’expérience esthétique se joue pour une partie des publics hors musée, dans la ville donc, sur les réseaux sociaux aussi, par selfie interposé. Une autre partie du public accorde une attention diffuse aux œuvres. Ce n’est pas le moindre des paradoxes: parmi les plus virulents critiques des grandes expositions, on retrouve les apôtres de la démocratisation artistique qui revendiquent la mission de rendre accessible au plus grand nombre les œuvres majeures de l’humanité selon les termes d’André Malraux. Néanmoins, ces mêmes porteurs de la démocratisation sont parfois prompts à déplorer le caractère dégradé de la relation à l’œuvre dans le cadre des expositions-événements. Ainsi, <a href="https://www.cairn.info/revue-communication-et-langages1-2017-1-page-15.htm?contenu=resume">note Daniel Jacobi</a>, «les amateurs d’art et de patrimoine les plus experts n’ont pas de mots assez durs et sévères pour se moquer de ces visites dites «à l’américaine», superficielles et peu à même d’apprécier ou de goûter ce qui est visité ou exposé.»</p> <p>Le débat n’est pas nouveau et il fut porté en son temps par M. Horkheimer, W. Benjamin et <a href="https://www.franceculture.fr/oeuvre/prismes-critique-de-la-culture-et-societe">T. Adorno</a>, ce dernier dénonçant «les œuvres perverties» dès lors qu’elles sont exposées à la masse «des yeux des oreilles aliénées.»</p> <p>L’idéal démocratique achoppe ici sur une fonction majeure de toute pratique culturelle, la distinction sociale, qui rend la démocratisation culturelle si ardue malgré les efforts de <a href="https://www-cairn-info.merlin.u-picardie.fr/revue-l-observatoire-2018-1-page-40.htm">médiation culturelle</a>, les amateurs d’art étant certainement les premiers à ne pas vouloir être confondus avec les masses. D’autant plus que les «masses» en question, loin d’être homogènes, restent rétives à toute imposition de ce qui est désigné par les professionnels de la culture comme digne d’intérêt. Les publics sont ainsi toujours enclins, soit, pour le plus grand nombre, à éviter les formes culturelles légitimes, soit à les détourner, serait-ce avec selfie, <a href="https://editions-attribut.com/product/nectart-8/">soit tout simplement à inventer leurs propres pratiques</a>.</p> <hr /> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com/un-selfie-avec-la-joconde-pas-si-superficiel-126378" target="_blank" rel="noopener">The Conversation</a>, sous licence Creative Commons. </h4> </blockquote>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'un-selfie-avec-la-joconde-pas-si-superficiel', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 529, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 2035, 'homepage_order' => (int) 2286, 'original_url' => 'https://theconversation.com/un-selfie-avec-la-joconde-pas-si-superficiel-126378', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 8, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. Les réglementations environnementales peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ac6b49">aggraver ces menaces</a> en accélérant la privatisation du traitement des déchets.</p> <p>Alors que les efforts de lutte contre la pollution plastique gagnent du terrain, les ramasseurs informels sont soumis à une double pression:</p> <ul> <li> <p>Ils doivent protéger leur accès aux déchets, car c’est l’un des rares moyens de subsistance dont ils disposent.</p> </li> <li> <p>En même temps, ils cherchent à améliorer leurs conditions de vie et de travail.</p> </li> </ul> <p>Un groupe de ramasseurs de déchets a donc profité de l’ouverture des négociations pour <a href="https://globalrec.org/document/just-transition-waste-pickers-un-plastics-treaty/">plaider en faveur de la reconnaissance de leur travail</a>. Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. Et c’est là que les choses se compliquent.</p> <h3>« Gagnant-gagnant », mais la victoire de qui ?</h3> <p>Dans mon livre <a href="https://mitpress.mit.edu/9780262546973/recycling-class/"><em>Recycling Class</em></a>, j’examine comment les efforts de recyclage inclusif ont été mis en œuvre à Bengaluru, l’une des plus grandes villes de l’Inde.</p> <figure><a href="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/635250/original/file-20241129-15-cdpt12.jpg?ixlib=rb-4.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span></figcaption> </figure> <p>Dans cet ouvrage, je défends que l’intégration dans des programmes d’économie circulaire basés sur le marché n’est pas une solution miracle aux injustices ancrées dans les systèmes de production, de consommation et de production des déchets.</p> <p>La plupart des politiques d’économie circulaire et de recyclage inclusif reposent sur des mécanismes de marché, partant du principe que la création de marchés pour les déchets incitera les acteurs du marché à récupérer efficacement les déchets et à les convertir en ressources.</p> <p>Pour remplir leurs obligations en matière de <a href="https://theconversation.com/faire-payer-plus-les-entreprises-pour-quelles-reduisent-les-emballages-130073">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP), les marques peuvent alors s’engager à acheter des plastiques recyclés et à financer la collecte des déchets en achetant des <a href="https://www.worldbank.org/en/programs/problue/publication/unlocking-financing-to-combat-the-plastics-crisis">crédits plastique</a>.</p> <p>Cette approche vise à améliorer le prix des déchets, à augmenter les salaires et à encourager les efforts de collecte, tout en attirant des investissements pour financer l’amélioration des infrastructures et des technologies.</p> <p>Cependant, les mécanismes fondés sur le marché aggravent les inégalités existantes en matière d’accès au marché. Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. Ils restent toujours relégués aux mêmes tâches manuelles et difficiles, même si leurs conditions de travail en ressortent légèrement améliorées.</p> <h3>L’industrie du plastique maintient le <em>statu quo</em></h3> <p>Malgré les bonnes intentions de départ, des termes tels que «économie circulaire inclusive» sont donc trop souvent utilisés à des fins de <em>green washing</em> et même de <em>justice washing</em>, tandis que les travailleurs continuent à endurer des conditions difficiles. Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. 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De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». 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Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@gugus 09.12.2019 | 16h13
«excellent article exhaustif. Le phénomène "mode" est exécrable; on le voit aussi par les prix hallucinants qu'obtiennent certaines œuvres dans les ventes aux enchères: Basquiat, par exemple, avait du génie mais sa cote est délirante!
Quant à l'œuvre d'art elle-même, on ne l'apprécie vraiment que dans la solitude...»