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Actuel / Culture bio: les vérités qui dérangent

Bon pour la tête

27 septembre 2019

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Rien n'est jamais univoque ni monochrome, même en matière de vins, surtout en matière de vins biologiques. La viticulture «bio» nécessite elle aussi des traitements de protection : le «zéro substance» n'existe pas. Mais un débat nuancé et dépassionné autour du bio relève de la gageure en ces temps où le militantisme écologique, souvent mal informé, est à la mode.



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Dr. Jean-Charles Estoppey

Médecin de famille et vigneron

Président de Terres de Lavaux à Lutry


La société de ce début de 21e siècle se caractérise par une polarisation de plus en plus importante. D’abord, bien sûr, sur le plan politique avec l’émergence des extrême-droites et des populismes qui usent et abusent des discours simplistes et clivants, des formules-chocs et des arguments purement émotionnels. Mais aussi sur des plans sociétaux autres, comme les enjeux climatiques et les positionnements concernant l’alimentation et la production agricole. Sur tous ces sujets il devient de plus en plus difficile de faire entendre un discours nuancé, dont l’argumentation prend en compte une réflexion globale et différenciée.

Quand le discours polarisé est simpliste voire plus ou moins volontairement trompeur, et s’adresse à des populations souvent ayant peu de connaissances sur les sujets abordés, il est très difficile de relativiser ou de contrer les arguments utilisés.

L'exemple de la culture dite biologique

Il est effarant de constater qu’énormément de gens de tous milieux sociaux pensent que la culture biologique, notamment viticole ne nécessite aucun traitement de protection et consiste à laisser pousser la vigne et attendre les vendanges. Or, depuis la deuxième partie du 19ème siècle et l’arrivée depuis l’Amérique des maladies de la vigne, les traitements de protection sont indispensables partout dans le monde sous peine de pertes de récoltes qui peuvent aller jusqu’à 100%, en fonction du climat. Jusque dans les années 70 la vigne était protégée surtout par des produits à base de cuivre et de soufre. Depuis les années 80 est apparue la lutte dite intégrée, qui a fait appel, en plus des anciens produits, à des substances synthétisées par l’industrie, dans le but d’augmenter l’efficacité des traitements et la durée de leurs effets. Cette forme de lutte a aussi introduit de nombreux autres paramètres innovants qui concernent les cycles biologiques, l’entretien des sols etc.

Parallèlement à cette avancée sur le plan écologique, a commencé à émerger de façon très minoritaire la viticulture dite «biologique», ou «biodynamique» (qui en est une forme prenant en compte des éléments occultistes irrationnels basés sur l’anthroposophie de R.Steiner, ce que la plupart des gens ignorent). Elle est basée, en ce qui concerne les traitements de protection de la vigne, sur le rejet de tout ce qui est «produits de synthèse», et revient aux anciens produits, considérés comme naturels comme le cuivre et le soufre. C’est là que le concept de discours nuancé intervient: dans la culture biologique certifiée, on autorise des quantités importantes de cuivre (4 kgs de cuivre/ha/année), ce qui pose problème à de nombreux viticulteurs: le cuivre est un métal lourd qu’aux doses autorisées on retrouve accumulé dans les sols, les cours d’eau et le lac. De plus les traitements biologiques sont par nature dits de contact c’est-à-dire qu’ils sont lessivés par les pluies à tel point que dès 20 mm de pluie (un gros orage par exemple), le traitement doit être renouvelé. Ce qui veut dire multiplier les traitements et les passages de tracteurs, de chenillettes ou d’atomiseurs motorisés, avec le bilan écologique qu’on imagine.

Autre argumentation nuancée: la lutte intégrée contre l’oïdium fait appel notamment à des substances de synthèse dérivées de l’éconazole, interdit dans la culture biologique. Or ces substances sont similaires à celles utilisées depuis 40 ans en médecine humaine pour traiter les mycoses (assez semblables à l’oïdium) sans effets secondaires. Dès lors qu’est-ce qui est le plus écologique? Les organes de certifications des nombreux labels «bio» considèrent leurs dogmes comme intangibles alors que comme on le voit des adaptations pourraient être discutées, notamment en tenant compte des particularités géographiques et climatiques des différentes régions viticoles.

De plus en plus de viticulteurs essaient de trouver des solutions pratiques, non dogmatiques, que le sous-signé a qualifié de «viticulture biologique adaptative», qui prônent des approches au moins aussi «bio» que les certifiées, en diminuant drastiquement le recours au cuivre notamment grâce à des substances d’origine végétale adjuvantes.

En conclusion, en viticulture comme dans beaucoup d’autres domaines, ce n’est jamais noir ou blanc, dualité simpliste toujours très facile à communiquer. Mais la nature, humaine et végétale, est complexe et ce n’est que par l’explication et l’éducation qu’une pensée et un raisonnement nuancés peuvent convaincre une majorité de la population.

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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

9 Commentaires

@willoft 28.09.2019 | 12h07

«Toutes mes félicitations pour vos recherches de nouvelles solutions.

La biodynamie se base beaucoup sur les phases de la lune et de savoir que l'on plante ou que l'on coupe les arbres en fonction de la lune et que la qualité du bois n'est pas la même peut paraître ésotérique.
Mais c'est ce qu'on fait depuis la nuit des temps, même si ce "bon sens" disparait!»


@yeppo 28.09.2019 | 18h31

«Effectivement @willoft, la biodynamic a des aspects qui relèvent de l'astrologie, qui n'a aucun caractère scientifique à ma connaissance. J'ai étudié les textes fondateurs de la biodynamic et en tiré un papier accessible dans mon blog de Bilan.ch, ou ici: https://www.bilan.ch/opinions/jean-charles-estoppey/la_biodynamie_une_bien_etrange_theorie_
J.-C.Estoppey»


@Eggi 29.09.2019 | 16h38

«Les vérités ne dérangent pas, quand elle sont vérités. Et les vérités d'ici ne sont pas celles de là-bas, celles de celui-ci ne sont pas celles de celle-là. Le médecin de famille devrait savoir que chaque patient est différent et que certains malades peuvent être soulagés par l'acupuncture ou l'hypnose. Je connais même des vignerons, ici en Occitanie, qui respectent tous les critères de la viticulture bio et qui font d'excellents vins tout en respectant leurs plants et améliorant leurs sols. Le Suisse (j'en suis un) procède "petit-à-petit", d'autres ont la volonté, et le courage peut-être, d'y aller dare-dare… Cette information est exempte de tout virus!»


@muche 29.09.2019 | 18h41

«intéressant
mais quelles sont ces substance d'origine végétales adjuvantes?»


@anneberguerand 30.09.2019 | 10h25

«Une lecture que je conseille vivement: "Le goût des pesticides dans le vin" par Gilles-Eric Séralini et Jérôme Douzelet!»


@patduvallon 01.10.2019 | 17h17

«

Bonjour, Par soucis d'honnêteté il faudrait qu'une personne connaissant très bien la culture de la vigne en bio ou au moins un professionnel des sols, ou de l’environnement puisse donner son point de vue. Cet article manque singulièrement de contenu. Est-ce du journalisme? Certes il y a ce problème du cuivre qui est connu. Mais est-ce qu'on peut comparer les nuisances du conventionnel à celles du bio? Autre bémol: Pourquoi avoir mis un lien sur les "Terres de Lavaux" faisant au passage de la publicité pour les vins de cette région?

»


@yeppo 02.10.2019 | 18h09

«patduvallon
L'objectif de cette contribution n'est pas d'en faire un article de fond sur les diverses approches en viticulture mais d'insister justement sur la difficulté de nuancer les argumentations pour sortir des croyances et des pseudo-vérités toutes faites. Par exemple la croyance que le bio est forcément plus écologique que la production intégrée...Il y a d'autres articles de fond ailleurs , dont ceux que j'ai publiés, sans parti pris et qui tiennent compte de l'ensemble des paramètres à intégrer dans la réflexion. »


@curieux 14.10.2019 | 22h39

«Comme patduvallon, je suis surpris de la place accordée à ce texte dans vos colonnes. Il est peu professionnel du point de vue journalistique, nullement neutre quant aux termes utilisés, manquant de corps... La sensibilité bio n'est-elle pour rien dans l'évolution heureuse de certaines pratiques, notamment en ce qui concerne la végétation adventice, la protection des sols et de leur (micro)organismes? Cela dit, l'utilisation du cuivre, auquel il reste à trouver un substitut est sans conteste problématique. Qui s'y colle?»


@Cordelia 15.10.2019 | 16h54

«Merci à M. Dr Estoppey de nous faire part de sa vision pleine de bon sens sur cette problématique. Les media sont trop souvent envahis d'articles émotionnels qui nous donnent l'impression qu'il existe une minorité d'"adeptes" qui savent et une majorité de béotiens incapables de comprendre la nouvelle "religion" à la mode. Cela dans beaucoup de domaines...»


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