Actuel / Le Traité de Versailles ou la paix en trompe-l’œil
Signature du traité de Versailles. © Wikipédia
Guillaume Bagard, Université de Lorraine; Inès Ahmed Youssouf Steinmetz, Université de Lorraine et Sophie Le Coz, Université de Lorraine
«Une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur, et trop dure pour ce qu’elle a de doux.»
Jacques Bainville
Il y a un siècle était signé le Traité de Versailles, à l’issue de la Conférence de paix de Paris le 28 juin 1919 (date anniversaire de l’attentat de Sarajevo). Pour parvenir à cet accord, il aura fallu 1646 séances dans 52 commissions pendant près de six mois.
L’Allemagne, exclue des négociations de l’accord, ne put communiquer ses positions que par écrit. La signature du traité eut lieu dans le Château de Versailles, comme une réplique à la proclamation de l’empire allemand de 1871.
Parmi les nombreuses critiques du traité, celles de Keynes et Bainville se détachent par leur justesse et leur clairvoyance, comme l’a noté l’historien Édouard Husson qui a publié une réédition conjointe de leur ouvrage en 2002.
Chacun dans son domaine, économie politique et politique étrangères, Les conséquences économiques de la paix parues en 1919, et Les conséquences politiques de la paix en 1920 constituent deux points de vue éclairant pour comprendre le traité et ses limites.
Un nouvel ordre politique européen
Chroniqueur de la politique étrangère de son époque, Jacques Bainville voit dans le traité une occasion manquée de garantir un l’équilibre européen. Pour Bainville, le péché originel est de ne pas avoir démantelé l’Allemagne:
«Concentrée à l’intérieur, l’Allemagne a été dissociée à sa périphérie. Des millions d’Allemands vivent au voisinage immédiat de ses frontières, six ou sept en Autriche, trois en Tchécoslovaquie.»
L’auteur conclut que les Alliés «ont démembré l’Allemagne tout en l’unifiant». L’Allemagne perd près de 15% de son territoire, 10% de sa population et son empire colonial (comme le prévoit l’article 119).
L’Alsace-Moselle revient à la France (art. 27); les cantons d’Eupen et de Malmedy à la Belgique (art. 34); l’organisation d’un vote des populations locales devra décider en 1920 du sort de certains territoires du nord de l’Allemagne constitués de fortes minorités danoises (art. 109 à 111), et l’Allemagne perd de nombreux territoires prussiens au profit de la Pologne (art. 87 à 93).
Enfin, la Sarre jouit d’un statut spécial à la fois administré par la Société des Nations pour une durée de 15 ans et soumise après cette période à un référendum. Section IV Bassin de la Sarre.
L’unité politique de l’Allemagne sauvegardée
Dans son chapitre III, intitulé, Ce qui a sauvé l’unité allemande, l’auteur y développe le cœur de sa thèse:
«Le traité enlève tout à l’Allemagne, sauf le principal, sauf la puissance politique, génératrice de toutes les autres. Il croit supprimer les moyens de nuire que l’Allemagne possédait en 1914. Il lui accorde le premier de ces moyens, celui qui doit lui permettre de reconstituer les autres: l’État, un État central, qui dispose des ressources et des forces de 60 millions d’êtres humains et qui sera au service de leurs passions.»
Du point de vue allié, l’existence d’un État allemand préservé apparaît nécessaire pour que l’Allemagne «accepte» le traité final, ce qui doit permettre le recouvrement de réparations de guerre comme le déplore Bainville:
«On nous a dit qu’une politique réaliste et pratique le voulait aussi, qu’une grande Allemagne aux rouages simplifiés, formant un tout économique, serait, pour nos réparations, un débiteur plus sûr qu’une Allemagne composée de petits États médiocrement prospères.»
Bainville s’inquiète aussi du déséquilibre démographique entre l’Allemagne et la France. Il doute du paiement futur des réparations et entrevoit déjà le mythe du coup de poignard dans le dos:
«Des enfants qui ne sont pas encore nés, qui n’auront connu la guerre que par ouï-dire, par une légende dont le caractère se laisse déjà deviner ('nous n’avons pas été vaincus')».
La suite des événements devait confirmer ces sinistres conjonctures. Si l’analyse de Bainville semble implacable, les solutions qu’il esquisse paraissent moins convaincantes comme celle de s’appuyer sur les anciennes dynasties, pourtant discréditées par leur participation au régime impérial, il déplore que l’entente n’ait pas réclamé une division de l’Empire comme préalable à la négociation.
À défaut d’avoir su démanteler l’État allemand, les alliés ont mis en place des dispositifs pour prévenir de nouveaux conflits.
Des mécanismes pour empêcher de nouvelles guerres
Les conditions imposées à l’Allemagne pour limiter son armée, la création de nouveaux alliés et la fondation de la Société des Nations sont autant de moyens d’éviter la guerre annoncée.
L’Article 163 impose une réduction des effectifs à 200'000 hommes dans les trois mois, et 100'000 à compter du 31 mars 1920. Et cette faible armée allemande ne peut comporter ni avion, ni marine (article 198), ni char d’assaut (article 171).
La France et ses alliés ont pu tenir une guerre longue contre la puissance d’une armée allemande supérieure, grâce à l’existence d’un double front: l’alliance russe permettant de diviser l’effort de guerre allemand.
L’URSS ne pouvant plus jouer le rôle de ce précieux allié, la France a besoin d’une nouvelle alliance de revers. Pour cela, elle compte sur deux nouvelles républiques: celles de Pologne et de Tchécoslovaquie.
La reconnaissance des nouvelles républiques est évoquée dans un traité séparé signé le même jour, le traité des minorités polonaises «ressuscite» la Pologne; tandis que la Tchécoslovaquie naît du «traité de Saint-Germain-en-Laye» du 10 septembre 1919.
Pour Jacques Bainville, ces nouvelles Républiques ne peuvent compenser l’allié russe perdu:
«Les éléments interchangeables de l’équilibre ancien ont disparu. La Russie, sans doute pour longtemps, est hostile […] Huit ou dix États, dont l’existence est précaire, jalonnent les pourtours de l’Allemagne unie.»
La Société des Nations
Pour le Président des États-Unis, Wilson, la guerre est avant tout la «conséquence d’un certain état des rapports internationaux, des relations entre les peuples et de leurs comportements».
Son idée, dernier paragraphe de ses Quatorze Points est de fonder une organisation internationale pouvant régler pacifiquement les différents entre les États par le biais de l’arbitrage en mettant en place des solutions collectives contre les États réfractaires.
La responsabilité de la guerre
La partie VII du traité prévoit les sanctions contre les «responsables de la guerre» et notamment contre le plus célèbre d’entre eux, l’article 227 déclare:
«Les puissances alliées et associées mettent en accusation publique Guillaume II de Hohenzollern, ex-empereur d’Allemagne, pour offense suprême contre la morale internationale et l’autorité sacrée des traités.»
Il prévoit la constitution d’«un tribunal spécial pour juger l’accusé en lui assurant les garanties essentielles du droit de défense. Il sera composé de cinq juges, nommés par chacune des cinq puissances suivantes, à savoir les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Japon».
Cet embryon de juridiction internationale n’est pas sans contradiction, le traité promet de garantir les droits de la défense, mais il prend aussi le droit de «mettre en accusation» l’empereur déchu. Celui-ci, réfugié aux Pays-Bas, ne sera jamais jugé.
L’article 228 écorne encore un peu plus la souveraineté de la jeune République de Weimar, obligée de reconnaître «aux puissances alliées et associées la liberté de traduire devant leurs tribunaux militaires les personnes accusées d’avoir commis des actes contraires aux lois et coutumes de la guerre» et même de les livrer aux tribunaux alliés.
Une fois de plus, la préservation de l’État allemand apparaît comme nécessaire à l’application du traité, seulement ces clauses pénales auxquelles le nouveau gouvernement allemand se voit associé, fragilise le régime vis-à-vis de sa population.
L’Allemagne ayant déclaré la guerre, dans le camp des vainqueurs il n’y a pas de débat sur sa responsabilité. Ainsi, l’article 231 énonce clairement:
«Les gouvernements alliés et associés déclarent et l’Allemagne reconnaît que l’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les Gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre, qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de ses alliés.»
Le principe de continuité de l’État en droit international rend la jeune république de Weimar responsable des actes du feu l’empire de Guillaume II. Les débats vont davantage se concentrer sur l’évaluation des dégâts matériels et ainsi le coût de la reconstruction de la France.
Le Traité de Versailles voit s’affronter des considérations juridiques et économiques, en matière de réparations.
L’estimation des réparations
J. M. Keynes représente le Trésor britannique lors de la Conférence de paix. Opposé à des réparations trop lourdes pour l’Allemagne, et considérant que les participants de la Conférence trahissent les objectifs d’une paix stable et durable, il démissionne le 7 juin et publie Les conséquences économiques de la paix peu de temps après la promulgation du Traité.
S’appuyant sur des données statistiques, Keynes estime d’abord que les dommages matériels (notamment en France) sont surévalués:
«L’Annuaire statistique de la France de 1917 estime la propriété bâtie de la France tout entière à 59,5 milliards de francs. On était donc bien au-dessus de la réalité en évaluant les dommages qu’elle a subis à 20 milliards de francs.»
Il considère également une dimension territoriale:
«Pas plus de 10% du territoire français n’a été effectivement occupé par l’ennemi, et pas plus de 4% ne se trouvait dans la zone véritablement dévastée.»
En outre, Keynes estime que si les réparations demandées à l’Allemagne sont excessives, elles ne sont pas non plus équitablement réparties entre les Alliés.
En mars 1920, Keynes écrit dans sa préface à propos du traité de Versailles:
«Plus il devient évident que le traité n’est et ne peut pas être exécuté, plus les hommes d’État français se ferment les yeux, se bouchent les oreilles et cherchent à modifier la réalité des faits en la niant.»
Guillaume Bagard, Doctorant contractuel en Histoire du droit chargé d'enseignement, Université de Lorraine; Inès Ahmed Youssouf Steinmetz, doctorante en droit Public - chargée des TD, Université de Lorraine et Sophie Le Coz, Doctorante contractuelle en Sciences Economiques au Bureau d'Economie Theorique et Appliquée (BETA), Université de Lorraine
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Pour parvenir à cet accord, il aura fallu 1646 séances dans 52 commissions pendant près de six mois.</p> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280829/original/file-20190622-61751-1ne267k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280829/original/file-20190622-61751-1ne267k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span> <span><span>Le Petit Journal. 9 février 1919.</span></span></figcaption> </figure> <p>L’Allemagne, <a href="https://www.cairn.info/le-traite-de-versailles--9782130529668-page-101.htm">exclue des négociations</a> de l’accord, ne put communiquer ses positions que par écrit. La signature du traité eut lieu dans le Château de Versailles, comme une réplique à la proclamation de l’<a href="https://theconversation.com/lalsace-lorraine-dans-lempire-allemand-une-integration-incomplete-107450">empire allemand</a> de 1871.</p> <p>Parmi les nombreuses critiques du traité, celles de Keynes et Bainville se détachent par leur justesse et leur clairvoyance, comme l’a noté l’historien Édouard Husson qui a publié une <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/Les-consequences-politiques-de-la-paix-J.-Bainville-Les-consequences-economiques-de-la-paix-J.-M.-Keynes">réédition conjointe</a> de leur ouvrage en 2002.</p> <p>Chacun dans son domaine, économie politique et politique étrangères, <em>Les conséquences économiques de la paix</em> parues en 1919, et <em>Les conséquences politiques de la paix</em> en 1920 constituent deux points de vue éclairant pour comprendre le traité et ses limites.</p> <h2>Un nouvel ordre politique européen</h2> <p>Chroniqueur de la politique étrangère de son époque, Jacques Bainville voit dans le traité une occasion manquée de garantir un l’équilibre européen. Pour <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f69.item">Bainville</a>, le péché originel est de ne pas avoir démantelé l’Allemagne:</p> <blockquote> <p>«Concentrée à l’intérieur, l’Allemagne a été dissociée à sa périphérie. Des millions d’Allemands vivent au voisinage immédiat de ses frontières, six ou sept en Autriche, trois en Tchécoslovaquie.»</p> </blockquote> <p>L’auteur conclut que les Alliés «ont démembré l’Allemagne tout en l’unifiant». L’Allemagne perd près de 15% de son territoire, 10% de sa population et son empire colonial (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles5.htm#1V">comme le prévoit l’article 119</a>).</p> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280414/original/file-20190620-149839-1tli5eh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280414/original/file-20190620-149839-1tli5eh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Carte de l’Europe en 1923.</span> <small>©</small> <span><span>Wikipédia</span></span></figcaption> </figure> <p>L’Alsace-Moselle revient à la France (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles2.htm">art. 27</a>); les cantons d’Eupen et de Malmedy à la Belgique (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles3.htm">art. 34</a>); l’organisation d’un vote des populations locales devra décider en 1920 du sort de certains territoires du nord de l’Allemagne constitués de fortes minorités danoises (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles3.htm#3">art. 109 à 111</a>), et l’Allemagne perd de nombreux territoires prussiens au profit de la Pologne (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles4.htm">art. 87 à 93</a>).</p> <p>Enfin, la Sarre jouit d’un statut spécial à la fois administré par la Société des Nations pour une durée de 15 ans et soumise après cette période à un référendum. <a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles5.htm">Section IV Bassin de la Sarre</a>.</p> <h2>L’unité politique de l’Allemagne sauvegardée</h2> <p>Dans son <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f49.image">chapitre III</a>, intitulé, <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f49.image"><em>Ce qui a sauvé l’unité allemande</em></a>, l’auteur y développe le cœur de sa thèse:</p> <blockquote> <p>«Le traité enlève tout à l’Allemagne, sauf le principal, sauf la puissance politique, génératrice de toutes les autres. Il croit supprimer les moyens de nuire que l’Allemagne possédait en 1914. Il lui accorde le premier de ces moyens, celui qui doit lui permettre de reconstituer les autres: l’État, un État central, qui dispose des ressources et des forces de 60 millions d’êtres humains et qui sera au service de leurs passions.»</p> </blockquote> <p>Du point de vue allié, l’existence d’un État allemand préservé apparaît nécessaire pour que l’Allemagne «accepte» le traité final, ce qui doit permettre le recouvrement de réparations de guerre comme le déplore <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f67.item">Bainville</a>:</p> <blockquote> <p>«On nous a dit qu’une politique réaliste et pratique le voulait aussi, qu’une grande Allemagne aux rouages simplifiés, formant un tout économique, serait, pour nos réparations, un débiteur plus sûr qu’une Allemagne composée de petits États médiocrement prospères.»</p> </blockquote> <p>Bainville s’inquiète aussi du <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f38.item">déséquilibre démographique</a> entre l’Allemagne et la France. Il doute du <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f38.item">paiement futur des réparations</a> et entrevoit déjà le <a href="https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1994_num_41_1_3265">mythe du coup de poignard dans le dos</a>:</p> <blockquote> <p>«Des enfants qui ne sont pas encore nés, qui n’auront connu la guerre que par ouï-dire, par une légende dont le caractère se laisse déjà deviner ('nous n’avons pas été vaincus')».</p> </blockquote> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280825/original/file-20190622-61775-12snins.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280825/original/file-20190622-61775-12snins.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Page de couverture de la version française du traité (document publié vers le 28 juin 1919.).</span> <span><span><small>©</small> Pearsofwisden/Wikipédia</span></span></figcaption> </figure> <p>La suite des événements devait confirmer ces sinistres conjonctures. Si l’analyse de Bainville semble implacable, les solutions qu’il esquisse paraissent moins convaincantes comme celle de s’appuyer sur les <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f60.item">anciennes dynasties,</a> pourtant discréditées par leur participation au régime impérial, il déplore que l’entente n’ait pas réclamé une division de l’Empire comme préalable à la négociation.</p> <p>À défaut d’avoir su démanteler l’État allemand, les alliés ont mis en place des dispositifs pour prévenir de nouveaux conflits.</p> <h2>Des mécanismes pour empêcher de nouvelles guerres</h2> <p>Les conditions imposées à l’Allemagne pour limiter son armée, la création de nouveaux alliés et la fondation de la Société des Nations sont autant de moyens d’éviter la guerre annoncée.</p> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280826/original/file-20190622-61729-13a67hi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280826/original/file-20190622-61729-13a67hi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Signature du traité, vue par le peintre William Orpen.</span> <small>©</small> <span><span>William Orpen/Institut culturel</span></span></figcaption> </figure> <p>L’<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles6.htm">Article 163</a> impose une réduction des effectifs à 200'000 hommes dans les trois mois, et 100'000 à compter du 31 mars 1920. Et cette faible armée allemande ne peut comporter ni avion, ni marine (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles6.htm">article 198</a>), ni char d’assaut (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles6.htm">article 171</a>).</p> <p>La France et ses alliés ont pu tenir une guerre longue contre la puissance d’une armée allemande supérieure, grâce à l’existence d’un <a href="https://www.cairn.info/la-grande-guerre--9782130792321-page-49.htm">double front</a>: l’alliance russe permettant de diviser l’effort de guerre allemand.</p> <p><a href="https://www.cairn.info/histoire-de-l-urss--9782707156860-page-5.htm">L’URSS</a> ne pouvant plus jouer le rôle de ce précieux allié, la France a besoin d’une nouvelle alliance de revers. Pour cela, elle compte sur deux nouvelles républiques: celles de Pologne et de Tchécoslovaquie.</p> <p>La reconnaissance des nouvelles républiques est évoquée dans un traité séparé signé le même jour, le <a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919pologne.htm">traité des minorités polonaises</a> «ressuscite» la Pologne; tandis que la Tchécoslovaquie naît du <a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919tcheco.htm">«traité de Saint-Germain-en-Laye»</a> du 10 septembre 1919.</p> <p>Pour Jacques Bainville, ces nouvelles Républiques ne peuvent compenser l’<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f117.item">allié russe perdu</a>:</p> <blockquote> <p>«Les éléments interchangeables de l’équilibre ancien ont disparu. La Russie, sans doute pour longtemps, est hostile […] Huit ou dix États, dont l’existence est précaire, jalonnent les pourtours de l’Allemagne unie.»</p> </blockquote> <h2>La Société des Nations</h2> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280823/original/file-20190622-61747-232apt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280823/original/file-20190622-61747-232apt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Carte du monde entre 1920 et 1945 montrant la place de la Société des Nations.</span> <span><span>Allard Postman, The Netherlands traduction par: Sylfide <small>©</small> Wikipédia</span></span></figcaption> </figure> <p>Pour le Président des États-Unis, Wilson, la guerre est avant tout la «conséquence d’un certain état des rapports internationaux, des relations entre les peuples et de leurs comportements».</p> <p>Son idée, dernier paragraphe de ses <a href="https://mjp.univ-perp.fr/textes/wilson08011918.htm">Quatorze Points</a> est de fonder une <a href="https://www.cairn.info/le-traite-de-versailles--9782130815679-page-90.htm">organisation internationale</a> pouvant régler pacifiquement les différents entre les États par le biais de l’arbitrage en mettant en place des solutions collectives contre les États réfractaires.</p> <h2>La responsabilité de la guerre</h2> <p>La <a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles7.htm#VII">partie VII</a> du traité prévoit les sanctions contre les «responsables de la guerre» et notamment contre le plus célèbre d’entre eux, l’<a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles7.htm#VII">article 227</a> déclare:</p> <blockquote> <p>«Les puissances alliées et associées mettent en accusation publique Guillaume II de Hohenzollern, ex-empereur d’Allemagne, pour offense suprême contre la morale internationale et l’autorité sacrée des traités.»</p> </blockquote> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280824/original/file-20190622-61771-1kiil4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280824/original/file-20190622-61771-1kiil4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Guillaume II en 1927 avec son fils et son petit-fils.</span> <small>©</small> <span><span>Bundesarchiv</span></span></figcaption> </figure> <p>Il prévoit la constitution d’«un tribunal spécial pour juger l’accusé en lui assurant les garanties essentielles du droit de défense. Il sera composé de cinq juges, nommés par chacune des cinq puissances suivantes, à savoir les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Japon».</p> <p>Cet embryon de juridiction internationale n’est pas sans contradiction, le traité promet de garantir les droits de la défense, mais il prend aussi le droit de «mettre en accusation» l’empereur déchu. Celui-ci, <a href="https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2012-2-page-25.htm">réfugié</a> aux Pays-Bas, ne sera jamais jugé.</p> <p><a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles7.htm#VII">L’article 228</a> écorne encore un peu plus la souveraineté de la jeune République de Weimar, obligée de reconnaître «aux puissances alliées et associées la liberté de traduire devant leurs tribunaux militaires les personnes accusées d’avoir commis des actes contraires aux lois et coutumes de la guerre» et même de les livrer aux tribunaux alliés.</p> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280827/original/file-20190622-61762-ocqcfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280827/original/file-20190622-61762-ocqcfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span> <span><span>Le Matin. 29 juin 1919.</span></span></figcaption> </figure> <p>Une fois de plus, la préservation de l’État allemand apparaît comme nécessaire à l’application du traité, seulement ces clauses pénales auxquelles le nouveau gouvernement allemand se voit associé, fragilise le régime vis-à-vis de sa population.</p> <p>L’Allemagne ayant déclaré la guerre, dans le camp des vainqueurs il n’y a pas de débat sur sa responsabilité. Ainsi, l’<a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles8.htm">article 231</a> énonce clairement:</p> <blockquote> <p>«Les gouvernements alliés et associés déclarent et l’Allemagne reconnaît que l’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les Gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre, qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de ses alliés.»</p> </blockquote> <p>Le <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/academie9/continuit%C3%A9">principe de continuité de l’État</a> en droit international rend la jeune république de Weimar responsable des actes du feu l’empire de Guillaume II. Les débats vont davantage se concentrer sur l’évaluation des dégâts matériels et ainsi le coût de la reconstruction de la France.</p> <p>Le Traité de Versailles voit s’affronter des considérations juridiques et économiques, en matière de réparations.</p> <h2>L’estimation des réparations</h2> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280822/original/file-20190622-61747-1wul64x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280822/original/file-20190622-61747-1wul64x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Trains contenant du matériel versé au titre des réparations après le Traité de Versailles.</span> <small>©</small> <span><span>Bundesarchiv, Bild 183-R02190/CC-BY-SA 3.0</span></span></figcaption> </figure> <p><a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1_preface.html">J. M. Keynes</a> représente le Trésor britannique lors de la Conférence de paix. Opposé à des réparations trop lourdes pour l’Allemagne, et considérant que les participants de la Conférence trahissent les objectifs d’une paix stable et durable, il démissionne le 7 juin et publie <em>Les conséquences économiques de la paix</em> peu de temps après la promulgation du Traité.</p> <p>S’appuyant sur des données statistiques, Keynes estime d’abord que les <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1.html">dommages matériels</a> (notamment en France) sont surévalués:</p> <blockquote> <p>«L’Annuaire statistique de la France de 1917 estime la propriété bâtie de la France tout entière à 59,5 milliards de francs. On était donc bien au-dessus de la réalité en évaluant les dommages qu’elle a subis à 20 milliards de francs.»</p> </blockquote> <p>Il considère également une <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1.html">dimension territoriale</a>:</p> <blockquote> <p>«Pas plus de 10% du territoire français n’a été effectivement occupé par l’ennemi, et pas plus de 4% ne se trouvait dans la zone véritablement dévastée.»</p> </blockquote> <p>En outre, Keynes estime que si les réparations demandées à l’Allemagne sont excessives, elles ne sont pas non plus <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1.html">équitablement réparties</a> entre les Alliés.</p> <p>En mars 1920, Keynes écrit dans sa <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1.html">préface</a> à propos du traité de Versailles:</p> <blockquote> <p>«Plus il devient évident que le traité n’est et ne peut pas être exécuté, plus les hommes d’État français se ferment les yeux, se bouchent les oreilles et cherchent à modifier la réalité des faits en la niant.»</p> <hr /> <p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115653/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> </blockquote> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/guillaume-bagard-340500">Guillaume Bagard</a>, Doctorant contractuel en Histoire du droit chargé d'enseignement, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/ines-ahmed-youssouf-steinmetz-419550">Inès Ahmed Youssouf Steinmetz</a>, doctorante en droit Public - chargée des TD, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/sophie-le-coz-389482">Sophie Le Coz</a>, Doctorante contractuelle en Sciences Economiques au Bureau d'Economie Theorique et Appliquée (BETA), <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="http://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/le-traite-de-versailles-ou-la-paix-en-trompe-loeil-115653">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-traite-de-versailles-ou-la-paix-en-trompe-l-oeil', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 544, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1782, 'homepage_order' => (int) 2044, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'attachments' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ [maximum depth reached] ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, 'relatives' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) {} ], 'embeds' => [], 'images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'audios' => [], 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'author' => 'Bon pour la tête', 'description' => ' Guillaume Bagard, Université de Lorraine; Inès Ahmed Youssouf Steinmetz, Université de Lorraine et Sophie Le Coz,...', 'title' => ' Le Traité de Versailles ou la paix en trompe-l’œil', 'crawler' => true, 'connected' => null, 'menu_blocks' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Block) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Block) {} ], 'menu' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 4 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 5 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 6 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 7 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 8 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 9 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 10 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 11 => object(App\Model\Entity\Category) {}, (int) 12 => object(App\Model\Entity\Category) {} ] ] $bufferLevel = (int) 1 $referer = 'https://dev.bonpourlatete.com/like/1762' $OneSignal = '8a2ea76e-2c65-48ce-92e5-098c4cb86093' $_serialize = [ (int) 0 => 'post' ] $post = object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 1762, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => 'NORMAL', 'readed' => null, 'subhead' => 'HISTOIRE', 'title' => ' Le Traité de Versailles ou la paix en trompe-l’œil', 'subtitle' => '', 'subtitle_edition' => null, 'content' => '<hr /> <p style="text-align: center;"><span><strong><a href="https://theconversation.com/profiles/guillaume-bagard-340500">Guillaume Bagard</a>, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/ines-ahmed-youssouf-steinmetz-419550">Inès Ahmed Youssouf Steinmetz</a>, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/sophie-le-coz-389482">Sophie Le Coz</a>, </strong><em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158"><strong>Université de Lorraine</strong></a></em></span></p> <hr /> <blockquote><span><em></em></span>«Une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur, et trop dure pour ce qu’elle a de doux.»</blockquote> <p>Jacques Bainville<br /><br /></p> <p>Il y a un siècle était signé le <a href="https://www.cairn.info/le-traite-de-versailles--9782130529668-page-101.htm">Traité de Versailles</a>, à l’issue de la Conférence de paix de Paris le 28 juin 1919 (date anniversaire de l’attentat de Sarajevo). Pour parvenir à cet accord, il aura fallu 1646 séances dans 52 commissions pendant près de six mois.</p> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280829/original/file-20190622-61751-1ne267k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280829/original/file-20190622-61751-1ne267k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span> <span><span>Le Petit Journal. 9 février 1919.</span></span></figcaption> </figure> <p>L’Allemagne, <a href="https://www.cairn.info/le-traite-de-versailles--9782130529668-page-101.htm">exclue des négociations</a> de l’accord, ne put communiquer ses positions que par écrit. La signature du traité eut lieu dans le Château de Versailles, comme une réplique à la proclamation de l’<a href="https://theconversation.com/lalsace-lorraine-dans-lempire-allemand-une-integration-incomplete-107450">empire allemand</a> de 1871.</p> <p>Parmi les nombreuses critiques du traité, celles de Keynes et Bainville se détachent par leur justesse et leur clairvoyance, comme l’a noté l’historien Édouard Husson qui a publié une <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/Les-consequences-politiques-de-la-paix-J.-Bainville-Les-consequences-economiques-de-la-paix-J.-M.-Keynes">réédition conjointe</a> de leur ouvrage en 2002.</p> <p>Chacun dans son domaine, économie politique et politique étrangères, <em>Les conséquences économiques de la paix</em> parues en 1919, et <em>Les conséquences politiques de la paix</em> en 1920 constituent deux points de vue éclairant pour comprendre le traité et ses limites.</p> <h2>Un nouvel ordre politique européen</h2> <p>Chroniqueur de la politique étrangère de son époque, Jacques Bainville voit dans le traité une occasion manquée de garantir un l’équilibre européen. Pour <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f69.item">Bainville</a>, le péché originel est de ne pas avoir démantelé l’Allemagne:</p> <blockquote> <p>«Concentrée à l’intérieur, l’Allemagne a été dissociée à sa périphérie. Des millions d’Allemands vivent au voisinage immédiat de ses frontières, six ou sept en Autriche, trois en Tchécoslovaquie.»</p> </blockquote> <p>L’auteur conclut que les Alliés «ont démembré l’Allemagne tout en l’unifiant». L’Allemagne perd près de 15% de son territoire, 10% de sa population et son empire colonial (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles5.htm#1V">comme le prévoit l’article 119</a>).</p> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280414/original/file-20190620-149839-1tli5eh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280414/original/file-20190620-149839-1tli5eh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Carte de l’Europe en 1923.</span> <small>©</small> <span><span>Wikipédia</span></span></figcaption> </figure> <p>L’Alsace-Moselle revient à la France (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles2.htm">art. 27</a>); les cantons d’Eupen et de Malmedy à la Belgique (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles3.htm">art. 34</a>); l’organisation d’un vote des populations locales devra décider en 1920 du sort de certains territoires du nord de l’Allemagne constitués de fortes minorités danoises (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles3.htm#3">art. 109 à 111</a>), et l’Allemagne perd de nombreux territoires prussiens au profit de la Pologne (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles4.htm">art. 87 à 93</a>).</p> <p>Enfin, la Sarre jouit d’un statut spécial à la fois administré par la Société des Nations pour une durée de 15 ans et soumise après cette période à un référendum. <a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles5.htm">Section IV Bassin de la Sarre</a>.</p> <h2>L’unité politique de l’Allemagne sauvegardée</h2> <p>Dans son <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f49.image">chapitre III</a>, intitulé, <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f49.image"><em>Ce qui a sauvé l’unité allemande</em></a>, l’auteur y développe le cœur de sa thèse:</p> <blockquote> <p>«Le traité enlève tout à l’Allemagne, sauf le principal, sauf la puissance politique, génératrice de toutes les autres. Il croit supprimer les moyens de nuire que l’Allemagne possédait en 1914. Il lui accorde le premier de ces moyens, celui qui doit lui permettre de reconstituer les autres: l’État, un État central, qui dispose des ressources et des forces de 60 millions d’êtres humains et qui sera au service de leurs passions.»</p> </blockquote> <p>Du point de vue allié, l’existence d’un État allemand préservé apparaît nécessaire pour que l’Allemagne «accepte» le traité final, ce qui doit permettre le recouvrement de réparations de guerre comme le déplore <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f67.item">Bainville</a>:</p> <blockquote> <p>«On nous a dit qu’une politique réaliste et pratique le voulait aussi, qu’une grande Allemagne aux rouages simplifiés, formant un tout économique, serait, pour nos réparations, un débiteur plus sûr qu’une Allemagne composée de petits États médiocrement prospères.»</p> </blockquote> <p>Bainville s’inquiète aussi du <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f38.item">déséquilibre démographique</a> entre l’Allemagne et la France. Il doute du <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f38.item">paiement futur des réparations</a> et entrevoit déjà le <a href="https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1994_num_41_1_3265">mythe du coup de poignard dans le dos</a>:</p> <blockquote> <p>«Des enfants qui ne sont pas encore nés, qui n’auront connu la guerre que par ouï-dire, par une légende dont le caractère se laisse déjà deviner ('nous n’avons pas été vaincus')».</p> </blockquote> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280825/original/file-20190622-61775-12snins.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280825/original/file-20190622-61775-12snins.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Page de couverture de la version française du traité (document publié vers le 28 juin 1919.).</span> <span><span><small>©</small> Pearsofwisden/Wikipédia</span></span></figcaption> </figure> <p>La suite des événements devait confirmer ces sinistres conjonctures. Si l’analyse de Bainville semble implacable, les solutions qu’il esquisse paraissent moins convaincantes comme celle de s’appuyer sur les <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f60.item">anciennes dynasties,</a> pourtant discréditées par leur participation au régime impérial, il déplore que l’entente n’ait pas réclamé une division de l’Empire comme préalable à la négociation.</p> <p>À défaut d’avoir su démanteler l’État allemand, les alliés ont mis en place des dispositifs pour prévenir de nouveaux conflits.</p> <h2>Des mécanismes pour empêcher de nouvelles guerres</h2> <p>Les conditions imposées à l’Allemagne pour limiter son armée, la création de nouveaux alliés et la fondation de la Société des Nations sont autant de moyens d’éviter la guerre annoncée.</p> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280826/original/file-20190622-61729-13a67hi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280826/original/file-20190622-61729-13a67hi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Signature du traité, vue par le peintre William Orpen.</span> <small>©</small> <span><span>William Orpen/Institut culturel</span></span></figcaption> </figure> <p>L’<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles6.htm">Article 163</a> impose une réduction des effectifs à 200'000 hommes dans les trois mois, et 100'000 à compter du 31 mars 1920. Et cette faible armée allemande ne peut comporter ni avion, ni marine (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles6.htm">article 198</a>), ni char d’assaut (<a href="http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles6.htm">article 171</a>).</p> <p>La France et ses alliés ont pu tenir une guerre longue contre la puissance d’une armée allemande supérieure, grâce à l’existence d’un <a href="https://www.cairn.info/la-grande-guerre--9782130792321-page-49.htm">double front</a>: l’alliance russe permettant de diviser l’effort de guerre allemand.</p> <p><a href="https://www.cairn.info/histoire-de-l-urss--9782707156860-page-5.htm">L’URSS</a> ne pouvant plus jouer le rôle de ce précieux allié, la France a besoin d’une nouvelle alliance de revers. Pour cela, elle compte sur deux nouvelles républiques: celles de Pologne et de Tchécoslovaquie.</p> <p>La reconnaissance des nouvelles républiques est évoquée dans un traité séparé signé le même jour, le <a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919pologne.htm">traité des minorités polonaises</a> «ressuscite» la Pologne; tandis que la Tchécoslovaquie naît du <a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919tcheco.htm">«traité de Saint-Germain-en-Laye»</a> du 10 septembre 1919.</p> <p>Pour Jacques Bainville, ces nouvelles Républiques ne peuvent compenser l’<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k836825/f117.item">allié russe perdu</a>:</p> <blockquote> <p>«Les éléments interchangeables de l’équilibre ancien ont disparu. La Russie, sans doute pour longtemps, est hostile […] Huit ou dix États, dont l’existence est précaire, jalonnent les pourtours de l’Allemagne unie.»</p> </blockquote> <h2>La Société des Nations</h2> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280823/original/file-20190622-61747-232apt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280823/original/file-20190622-61747-232apt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Carte du monde entre 1920 et 1945 montrant la place de la Société des Nations.</span> <span><span>Allard Postman, The Netherlands traduction par: Sylfide <small>©</small> Wikipédia</span></span></figcaption> </figure> <p>Pour le Président des États-Unis, Wilson, la guerre est avant tout la «conséquence d’un certain état des rapports internationaux, des relations entre les peuples et de leurs comportements».</p> <p>Son idée, dernier paragraphe de ses <a href="https://mjp.univ-perp.fr/textes/wilson08011918.htm">Quatorze Points</a> est de fonder une <a href="https://www.cairn.info/le-traite-de-versailles--9782130815679-page-90.htm">organisation internationale</a> pouvant régler pacifiquement les différents entre les États par le biais de l’arbitrage en mettant en place des solutions collectives contre les États réfractaires.</p> <h2>La responsabilité de la guerre</h2> <p>La <a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles7.htm#VII">partie VII</a> du traité prévoit les sanctions contre les «responsables de la guerre» et notamment contre le plus célèbre d’entre eux, l’<a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles7.htm#VII">article 227</a> déclare:</p> <blockquote> <p>«Les puissances alliées et associées mettent en accusation publique Guillaume II de Hohenzollern, ex-empereur d’Allemagne, pour offense suprême contre la morale internationale et l’autorité sacrée des traités.»</p> </blockquote> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280824/original/file-20190622-61771-1kiil4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280824/original/file-20190622-61771-1kiil4m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Guillaume II en 1927 avec son fils et son petit-fils.</span> <small>©</small> <span><span>Bundesarchiv</span></span></figcaption> </figure> <p>Il prévoit la constitution d’«un tribunal spécial pour juger l’accusé en lui assurant les garanties essentielles du droit de défense. Il sera composé de cinq juges, nommés par chacune des cinq puissances suivantes, à savoir les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Japon».</p> <p>Cet embryon de juridiction internationale n’est pas sans contradiction, le traité promet de garantir les droits de la défense, mais il prend aussi le droit de «mettre en accusation» l’empereur déchu. Celui-ci, <a href="https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2012-2-page-25.htm">réfugié</a> aux Pays-Bas, ne sera jamais jugé.</p> <p><a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles7.htm#VII">L’article 228</a> écorne encore un peu plus la souveraineté de la jeune République de Weimar, obligée de reconnaître «aux puissances alliées et associées la liberté de traduire devant leurs tribunaux militaires les personnes accusées d’avoir commis des actes contraires aux lois et coutumes de la guerre» et même de les livrer aux tribunaux alliés.</p> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280827/original/file-20190622-61762-ocqcfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280827/original/file-20190622-61762-ocqcfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span></span> <span><span>Le Matin. 29 juin 1919.</span></span></figcaption> </figure> <p>Une fois de plus, la préservation de l’État allemand apparaît comme nécessaire à l’application du traité, seulement ces clauses pénales auxquelles le nouveau gouvernement allemand se voit associé, fragilise le régime vis-à-vis de sa population.</p> <p>L’Allemagne ayant déclaré la guerre, dans le camp des vainqueurs il n’y a pas de débat sur sa responsabilité. Ainsi, l’<a href="https://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles8.htm">article 231</a> énonce clairement:</p> <blockquote> <p>«Les gouvernements alliés et associés déclarent et l’Allemagne reconnaît que l’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les Gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre, qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de ses alliés.»</p> </blockquote> <p>Le <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/academie9/continuit%C3%A9">principe de continuité de l’État</a> en droit international rend la jeune république de Weimar responsable des actes du feu l’empire de Guillaume II. Les débats vont davantage se concentrer sur l’évaluation des dégâts matériels et ainsi le coût de la reconstruction de la France.</p> <p>Le Traité de Versailles voit s’affronter des considérations juridiques et économiques, en matière de réparations.</p> <h2>L’estimation des réparations</h2> <figure style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/280822/original/file-20190622-61747-1wul64x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/280822/original/file-20190622-61747-1wul64x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" alt="" /></a> <figcaption><span>Trains contenant du matériel versé au titre des réparations après le Traité de Versailles.</span> <small>©</small> <span><span>Bundesarchiv, Bild 183-R02190/CC-BY-SA 3.0</span></span></figcaption> </figure> <p><a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1_preface.html">J. M. Keynes</a> représente le Trésor britannique lors de la Conférence de paix. Opposé à des réparations trop lourdes pour l’Allemagne, et considérant que les participants de la Conférence trahissent les objectifs d’une paix stable et durable, il démissionne le 7 juin et publie <em>Les conséquences économiques de la paix</em> peu de temps après la promulgation du Traité.</p> <p>S’appuyant sur des données statistiques, Keynes estime d’abord que les <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1.html">dommages matériels</a> (notamment en France) sont surévalués:</p> <blockquote> <p>«L’Annuaire statistique de la France de 1917 estime la propriété bâtie de la France tout entière à 59,5 milliards de francs. On était donc bien au-dessus de la réalité en évaluant les dommages qu’elle a subis à 20 milliards de francs.»</p> </blockquote> <p>Il considère également une <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1.html">dimension territoriale</a>:</p> <blockquote> <p>«Pas plus de 10% du territoire français n’a été effectivement occupé par l’ennemi, et pas plus de 4% ne se trouvait dans la zone véritablement dévastée.»</p> </blockquote> <p>En outre, Keynes estime que si les réparations demandées à l’Allemagne sont excessives, elles ne sont pas non plus <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1.html">équitablement réparties</a> entre les Alliés.</p> <p>En mars 1920, Keynes écrit dans sa <a href="http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/consequences_paix_1/paix_1.html">préface</a> à propos du traité de Versailles:</p> <blockquote> <p>«Plus il devient évident que le traité n’est et ne peut pas être exécuté, plus les hommes d’État français se ferment les yeux, se bouchent les oreilles et cherchent à modifier la réalité des faits en la niant.»</p> <hr /> <p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115653/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> </blockquote> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/guillaume-bagard-340500">Guillaume Bagard</a>, Doctorant contractuel en Histoire du droit chargé d'enseignement, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em>; <a href="https://theconversation.com/profiles/ines-ahmed-youssouf-steinmetz-419550">Inès Ahmed Youssouf Steinmetz</a>, doctorante en droit Public - chargée des TD, <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/sophie-le-coz-389482">Sophie Le Coz</a>, Doctorante contractuelle en Sciences Economiques au Bureau d'Economie Theorique et Appliquée (BETA), <em><a href="http://theconversation.com/institutions/universite-de-lorraine-2158">Université de Lorraine</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="http://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/le-traite-de-versailles-ou-la-paix-en-trompe-loeil-115653">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'le-traite-de-versailles-ou-la-paix-en-trompe-l-oeil', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-6', 'like' => (int) 544, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1782, 'homepage_order' => (int) 2044, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4829, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Célébrer les fleurs de cerisier, ou la poésie de l'impermanence', 'subtitle' => 'Le hanami (« regarder les fleurs »), désigne la coutume traditionnelle japonaise qui consiste à apprécier la beauté des fleurs, principalement les fleurs de cerisier, qui fleurissent entre fin mars et début avril, marquant officiellement l’arrivée du printemps.', 'subtitle_edition' => 'Le hanami (« regarder les fleurs »), désigne la coutume traditionnelle japonaise qui consiste à apprécier la beauté des fleurs, principalement les fleurs de cerisier, qui fleurissent entre fin mars et début avril, marquant officiellement l’arrivée du printemps.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><span><a href="https://theconversation.com/profiles/malgorzata-gosia-k-citko-duplantis-1515126"><strong>Małgorzata (Gosia) K. Citko-DuPlantis</strong></a>, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/university-of-tennessee-688">University of Tennessee</a></em></span></p> <hr /> <p>Chaque année, de nombreuses personnes dans tout le Japon se rassemblent sous les cerisiers dans les parcs et les jardins pour un pique-nique de printemps afin de regarder les fleurs tomber tout en discutant avec leurs compagnons autour de boissons et d’en-cas de saison.</p> <p>Les fleurs sont toutefois éphémères et tombent généralement au bout d’une semaine. En effet, le <em>sakura</em>, nom donné au cerisier en japonais, est un <a href="https://www.google.com/books/edition/Mizue_Sawano_The_Art_of_the_Cherry_Tree/nHf8lxLOYsUC?hl=en">symbole de l’impermanence</a> reconnu au Japon et ailleurs.</p> <p>Divers festivals sont régulièrement organisés partout dans le monde pour célébrer cette floraison.</p> <p>En tant que <a href="https://wlc.utk.edu/?people=malgorzata-k-citko-duplantis">spécialiste de la littérature et de la culture japonaises prémodernes</a>, j’ai été initiée très tôt à la coutume d’admirer les cerisiers en fleurs. Il s’agit d’un rituel ancien qui a été célébré et décrit au Japon pendant des siècles et qui continue d’être un élément indispensable pour accueillir le printemps. Aux États-Unis, la tradition du <em>hanami</em> a commencé avec la plantation des premiers cerisiers à Washington DC en 1912 en tant que <a href="https://www.nps.gov/subjects/cherryblossom/history-of-the-cherry-trees.htm">cadeau d’amitié du Japon</a>.</p> <h3>Poésie sur la nature</h3> <p>La coutume d’observer les arbres en fleurs au printemps est arrivée au Japon en provenance du continent asiatique. L’observation des pruniers en fleurs, souvent au clair de lune, comme symbole de <a href="https://www.archwaypublishing.com/en/bookstore/bookdetails/799255-The-Plum-Blossom-of-Luojia-Mountain">force, vitalité et fin de l’hiver</a> était pratiquée en Chine depuis l’antiquité. 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Les anthologies impériales de <em>waka</em> compilées au Japon entre 905 et 1439 de l’ère chrétienne contiennent généralement plus de poèmes printaniers composés sur les cerisiers en fleurs que sur les pruniers en fleurs.</p> <h3>Au cœur de la composition des <em>waka</em></h3> <p><a href="https://www.penguinrandomhouse.com/books/558474/the-sakura-obsession-by-naoko-abe/">La première exposition de cerisiers en fleurs</a> a été organisée par l’empereur Saga en 812 de l’ère chrétienne et est rapidement devenue un événement régulier à la cour impériale, souvent accompagné de musique, de nourriture et d’écriture de poèmes.</p> <p>Les cerisiers en fleurs sont devenus l’un des sujets habituels de composition des <em>waka</em>. En fait, j’ai commencé à étudier la poésie japonaise grâce à un poème sur le thème du <em>sakura</em> écrit par une poétesse classique, Izumi Shikibu, dont on pense qu’elle a activement composé des <em>waka</em> vers l’an 1000 de notre ère. Le poème est préfacé par la <a href="http://www.misawa-ac.jp/drama/daihon/genji/bunken/zoku.html">mémoire de son auteur</a>. Ce poème parle de son ancien amant qui souhaite revoir les cerisiers en fleurs avant qu’ils ne tombent.</p> <blockquote> <p>tō o koyo<br />saku to miru ma ni<br />chirinu beshi<br />tsuyu to hana to no<br />naka zo yo no naka</p> <p>Viens vite !<br />À peine commencent-elles à s’ouvrir<br />qu’elles doivent tomber.<br />Notre monde réside<br />dans la rosée au sommet des fleurs de cerisier.</p> </blockquote> <p>Ce poème n’est pas l’exemple le plus célèbre de <em>waka</em> sur les cerisiers en fleurs dans la poésie japonaise prémoderne, mais il contient des couches d’imagerie traditionnelle symbolisant l’impermanence. Il souligne qu’une fois écloses, les fleurs de cerisier sont destinées à tomber. Assister à leur chute est l’objectif même du <em>hanami</em>.</p> <p>La rosée est généralement interprétée comme un <a href="https://www.jstor.org/stable/2385169">symbole de larmes</a> dans le waka, mais elle peut également être lue de manière plus érotique comme une référence à d’autres <a href="https://uhpress.hawaii.edu/title/mapping-courtship-and-kinship-in-classical-japan-the-tale-of-genji-and-its-predecessors/">fluides corporels</a>. Une telle interprétation révèle que le poème est une allusion à une relation amoureuse, qui est aussi fragile que la rosée qui s’évapore sur les fleurs de cerisier qui tombent bientôt ; elle ne dure pas longtemps, il faut donc l’apprécier tant qu’elle existe.</p> <h4 style="text-align: center;"><img src="https://images.theconversation.com/files/579998/original/file-20240305-18-vujctw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Un arbre japonais en fleurs chargé de grappes de fleurs roses dans un jardin" /><em><span>Au Japon, les cerisiers en fleurs symbolisent l’impermanence ». zoomable=</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/25228175@N08/4549363374">Elvin/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></em></h4> <p>Le poème peut également être interprété de manière plus générale : La rosée est un symbole de la vie humaine, et la chute des cerisiers en fleurs une métaphore de la mort.</p> <h3>Militarisé par l’Empire du Japon</h3> <p>La notion de chute des fleurs de cerisier a été utilisée par <a href="https://www.bloomsbury.com/us/imperial-japan-and-defeat-in-the-second-world-war-9781350246799/">l’Empire du Japon</a>, un État historique qui a existé de la restauration meiji en 1868 jusqu’à la promulgation de la Constitution du Japon en 1947. L’empire est connu pour la <a href="https://www.bloomsbury.com/uk/japanese-taiwan-9781472576743/">colonisation de Taïwan</a> et l’<a href="https://www.peterlang.com/document/1049131">annexion de la Corée</a> afin d’étendre ses territoires.</p> <p><a href="https://kokubunken.repo.nii.ac.jp/records/4747">Sasaki Nobutsuna</a>, un érudit des classiques japonais ayant des liens étroits avec la cour impériale, était un partisan de l’idéologie nationaliste de l’empire. En 1894, il a composé un long poème, <a href="https://dl.ndl.go.jp/pid/873478/1/10">« Shina seibatsu no uta »</a>, ou « Le chant de la conquête des Chinois », pour coïncider avec la première guerre sino-japonaise, qui a duré de 1894 à 1895. Le poème compare la chute des fleurs de cerisier au sacrifice des soldats japonais qui <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/K/bo3656741.html">tombent au combat pour leur pays et leur empereur</a>.</p> <h3>La marchandisation de la saison</h3> <p>Dans le Japon contemporain, les cerisiers en fleurs sont célébrés par de nombreux membres de la société, et pas seulement par la cour impériale. Fleurissant autour du <a href="https://www.nbcbayarea.com/news/national-international/lunar-new-year-2024-how-to-celebrated/3447961/">Nouvel An lunaire</a> célébré dans le Japon prémoderne depuis des siècles, elles symbolisent les nouveaux départs dans tous les domaines de la vie.</p> <p>À l’époque contemporaine, les vendeurs ont transformé les cerisiers en fleurs en vendant du <a href="https://stories.starbucks.com/asia/stories/2024/sakura-season-starts-at-starbucks-japan-on-thursday-february-15/">thé, café</a>, de la <a href="https://japantoday.com/category/features/food/haagen-dazs-releases-two-new-seasonal-flavors">crème glacée</a>, des <a href="https://www.oenon.jp/news/2020/0205-1.html">boissons</a> ou des <a href="https://www.fujingaho.jp/gourmet/sweets/g43015580/fujingahonootoriyose-sakura-sweets20240215/">biscuits</a> aromatisés au <em>sakura</em>, transformant ainsi l’image de l’arbre en fleurs en une marque saisonnière. Les <a href="https://sakura.weathermap.jp/en.php">prévisions météorologiques</a> suivent la floraison des cerisiers pour s’assurer que tout le monde a une chance de participer à l’ancien rituel de l’observation.</p> <p>L’obsession des cerisiers en fleurs peut sembler triviale, mais le <em>hanami</em> rassemble les gens à une époque où la plupart des communications se font virtuellement et à distance, réunissant des membres de la famille, des amis, des collègues de travail et parfois même des étrangers, comme cela m’est arrivé lorsque je vivais au Japon.</p> <p>L’observation des <em>sakura</em> témoigne également de la relation unique que le Japon moderne entretient avec sa propre histoire. En même temps, cela nous rappelle que l’impermanence est peut-être la seule constante de la vie.</p> <h4 style="text-align: center;"><a href="https://images.theconversation.com/files/580005/original/file-20240305-23810-vdbysn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img src="https://images.theconversation.com/files/580005/original/file-20240305-23810-vdbysn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" alt="Deux rangées de grands arbres avec des grappes de fleurs roses de part et d’autre d’une allée" /></a><em><span>Les cerisiers, avec leurs jolies fleurs, sont arrivés à Washington D.C. comme un cadeau du Japon.</span> <span><a href="https://www.flickr.com/photos/dannyfowler/4469426717">Danny Navarro/Flickr</a>, <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></em></h4> <p>Aujourd’hui, les cerisiers en fleurs sont célébrés au printemps <a href="https://localadventurer.com/places-to-see-cherry-blossoms-in-the-world/">partout dans le monde</a>, encourageant l’appréciation de l’impermanence par l’observation de la nature.<img src="https://counter.theconversation.com/content/225513/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/malgorzata-gosia-k-citko-duplantis-1515126">Małgorzata (Gosia) K. Citko-DuPlantis</a>, Assistant Professor in Japanese Literature and Culture, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/university-of-tennessee-688">University of Tennessee</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. 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Notre lectrice Myriam Demierre s'interroge: où s'arrête donc la liberté d'expression? Et que nous dit cet incident médiatique de la mission de service public dévolue à la RTS? ', 'subtitle_edition' => 'Après l'émission «Les Beaux Parleurs» du 17 mars dernier, la RTS a exprimé des «regrets» pour les propos «outranciers» du chroniqueur Slobodan Despot, tenus à propos des pays baltes. Notre lectrice Myriam Demierre s'interroge: où s'arrête donc la liberté d'expression? Et que nous dit cet incident médiatique de la mission de service public dévolue à la RTS? ', 'content' => '<p>L'émission «Les Beaux Parleurs» est, selon la RTS, «un talk show, spectacle de paroles: trois chroniqueurs et un humoriste revisitent l'actualité de la semaine écoulée sur le ton d'une dispute intelligente et spirituelle.» Bien…</p> <p>La RTS connaît très précisément le positionnement de Slobodan Despot sur la plupart des sujets qui peuvent être abordés dans cette émission et c’est précisément la raison pour laquelle elle a choisi d’en faire l’un de ses chroniqueurs. Pour respecter la «pluralité d’opinion» que lui impose sa charte.</p> <p>D'ailleurs, puisque la RTS semble avoir oublié pour quel poste elle a engagé Slobodan Despot, peut-être est-il bon de rappeler ce qu'est un chroniqueur (selon Wikipedia): «<em>A la différence du critique, le chroniqueur jouit d'une grande liberté. Il peut exprimer son opinion personnelle au cours de son travail et parler à la première personne</em>.»</p> <p>En l'occurrence, Slobodan Despot a énuméré des faits avérés, qui sont facilement vérifiables par toute personne faisant preuve d’un soupçon d’honnêteté intellectuelle. Ces faits étant exposés, il en a tiré des conclusions personnelles, avec lesquelles on peut être d’accord ou pas. C’est bien là l’essence d’un «talk-show» (puisque la RTS préfère présenter ses émissions en utilisant des termes anglophones plutôt que le terme, sans doute ringard, de débat). Slobodan Despot semble donc bel et bien avoir accompli comme il se doit le travail pour lequel le paie la RTS. Mais puisque la RTS estime nécessaire d’exprimer des «regrets» pour les «propos outranciers» tenus par Slobodan Despot, quelques questions s’imposent:</p> <p><strong>1.</strong> Pourquoi, si les propos n’y sont pas si libres que ça, l'émission «Les Beaux Parleurs» est-elle toujours présentée comme un «talk show» sur le site de la RTS?</p> <p><strong>2.</strong> Si la RTS juge bon d’exprimer ses «regrets» pour des «propos outranciers», il est à supposer que sa charte a été enfreinte par Slobodan Despot. Dans ce cas, il serait bon de spécifier aux <a href="https://www.24heures.ch/la-rts-regrette-les-propos-outranciers-de-slobodan-despot-739244121528" target="_blank" rel="noopener">lecteurs de <em>24 Heures</em></a> quels passages plus précisément. La charte de la RTS dit notamment ceci: «une responsabilité particulière dans la recherche de la vérité, l’impartialité, la pluralité et le respect de la personne.» En décrivant des éléments factuels, Slobodan Depot a fait preuve de recherche de la vérité. Il représente l’un des éléments nécessaires à la pluralité d’opinion censément chère à la RTS et n’a manqué de respect envers personne au travers de ses propos. Où est donc le problème? De quelle liberté d’expression et de quelle pluralité d’opinion la RTS se targue-t-elle exactement, si elle «regrette» des propos tenus par l’un de ses chroniqueurs?</p> <p><strong>3.</strong> De par sa «responsabilité particulière dans la recherche de la vérité», pourquoi la RTS n’a-t-elle pas spécifié aux journalistes de <em>24 Heures</em> que Slobodan Despot a décrit des événements factuels et avérés en donnant les sources y relatives?</p> <p><strong>4.</strong> S la RTS «regrette» les propos «outranciers» de Slobodan Despot, pourquoi n’a-t-elle pas fait de même lorsque Coline de Senarclens a déclaré dans cette même émission, le 25 février dernier, que «la binarité homme femme, c’est une idéologie (…) et anti-scientifique.» Cette déclaration pourrait être considérée comme un manque de respect envers l’immense majorité des Suisses romands qui ont encore le culot de penser qu’ils sont des hommes ou des femmes parce qu’ils sont nés hommes ou femmes. Certaines des personnes visées (notamment les 23'000 parents ayant signé la pétition du Collectif Parents) ont potentiellement pu se sentir agressées par ces propos. Elles n’en ont pas fait toute une histoire car elles savent que «Les Beaux Parleurs» est une émission de débat et que la liberté d’expression est (pardon, devrait être) l’un des piliers de toute démocratie qui se respecte.</p> <p><strong>5.</strong> Comment la RTS peut-elle justifier qu’elle remplit toujours son mandat de service public si elle décide de manière aléatoire (ou partiale?) de s’excuser pour certains propos, prétendument d’extrême droite, alors qu’elle ne s’excuse pas pour certains propos semblant relever de l’extrême gauche? Qui, au sein de la RTS, décide du moment auquel il faut ou non exprimer des «regrets»? Sur la base de quels critères?</p> <p><strong>6.</strong> Pourquoi exprimer des «regrets» pour des propos pouvant très éventuellement et en cherchant vraiment très très loin, heurter des citoyens des pays baltes uniquement? La RTS serait-elle donc un service public des pays baltes? Dans ce cas, pourquoi Serafe n’envoie-t-elle pas sa facture aux citoyens des pays baltes?</p> <p>Le peuple suisse va voter prochainement sur la question d’une baisse de la redevance. Nombre de citoyens ne se sentent plus représentés par le «service public». La RTS ferait bien d’y penser avant de se lancer précipitamment dans des «regrets» hors de propos, qui ne peuvent qu’attiser un manque de confiance grandissant au sein de la population.</p> <p>De plus, s'il est besoin de le rappeler, la liberté d'opinion est un droit fondamental garanti par l'article 16 de la Constitution. Une opinion ne devrait donc en aucun cas constituer un quelconque «dérapage» dans une démocratie digne de ce nom. Le battage médiatique fait autour des propos d'un chroniqueur interroge donc sur l'état de cette démocratie.</p> <p>Toute cette histoire est une non-affaire, qui me rappelle tristement deux autres non-affaires arrivées il y a pile trois ans et ressemblant en de nombreux points à celle-ci: quelqu’un a été payé pour effectuer un travail précis. Il accomplit ce travail selon les termes du contrat. Qu’on le laisse faire ce travail. 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Toutefois, si, selon les dernières informations sur le sujet, chaque événement devrait avoir sa cérémonie d’ouverture et de clôture, le paralympisme et l’olympisme semblent plus étroitement associés que jamais.</p> <p>Pourtant cela était loin d’être évident. L’histoire des Jeux paralympiques est complexe, posant la question de la définition du handicap. À partir de Jeux sportifs uniquement organisés pour des personnes blessées de la colonne vertébrale en fauteuil roulant (créés en 1948), ils concernent peu à peu, à partir des années 1970, des personnes ayant d’autres types de déficiences.</p> <p>La forme retenue pour les épreuves parisiennes de cet été avec 22 parasports (les sports au programme des Jeux paralympiques) résulte d’un long processus <a href="https://theconversation.com/les-jeux-paralympiques-comment-tout-commenca-il-y-a-70-ans-99390#:%7E:text=Les%20premiers%20Jeux%20de%20Stoke,un%20bus%20de%20transport%20adapt%C3%A9">qui commence le 29 juillet 1948</a>, quand est donné à Londres le coup d’envoi de la XIV<sup>e</sup> olympiade. À cette date, le <a href="https://www.dicolympique.fr/guttmann-ludwig-1899-1980-allemagne-grande-bretagne/">neurochirurgien Ludwig Guttmann</a> organise à l’hôpital de Stoke Mandeville tout proche une compétition de tir à l’arc entre 16 blessés de la colonne vertébrale en fauteuil roulant, vétérans de la Seconde Guerre mondiale.</p> <p>D’origine allemande, Guttmann est l’inventeur de pratiques rééducatives à partir de jeux sportifs. Au fil des années 1950, ses Jeux de Stoke rassemblent de plus en plus de participants et commencent à s’internationaliser. Réservés aux paralysés en fauteuil roulant, ils se tiennent chaque été au sein de l’enceinte hospitalière. En 1952, ils accueillent une délégation néerlandaise, avec 5 compétitions au programme : tir à l’arc, netball, javelot, tennis de table et billard ; la natation fait l’objet de démonstrations. En 1953, des <a href="https://hal.science/hal-01681465">Français, Australiens, Canadiens, Finlandais, Israéliens et Sud-Africains rejoignent l’événement</a>.</p> <p>Ces Jeux de Stoke continuent de s’inscrire dans une logique rééducative et Guttmann organise à cette occasion un congrès médical annuel <a href="https://theconversation.com/les-jeux-paralympiques-comment-tout-commenca-il-y-a-70-ans-99390">sur les avancées dans le traitement des blessés de la colonne vertébrale</a>.</p> <h3>Logique médicale persistante</h3> <p>C’est leur délocalisation à Rome en 1960, dans la foulée des JO, qui va partiellement changer la donne. Si la dimension sportive s’affirme davantage, ils restent inscrits dans l’univers de la rééducation des blessés de la colonne vertébrale. Cette délocalisation est rendue possible grâce aux liens entre Ludwig Guttmann et Antonio Maglio, un confrère italien qui a fondé un centre de rééducation pour paraplégiques proche de la capitale italienne. 400 sportifs, tous en fauteuil, originaires de 23 pays, concourent dans huit disciplines. Bénéficiant des infrastructures olympiques, ils quittent l’univers hospitalier, mais restent encadrés par une logique médicale. En témoignent les ministres venus soutenir les sportifs. Ces « Jeux para-olympiques » s’ouvrent en présence du ministre de la santé italien mais sans le ministre des sports. Ce sera la même chose quatre ans plus tard à Tokyo. Reste qu’une dynamique est alors enclenchée : elle aboutira en 1989 à la création du Comité international paralympique (CIP).</p> <p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p> <p>Les Jeux paralympiques désignent alors un événement reconnu par le CIO impliquant des athlètes ayant divers types d’incapacités (en réalité « capable autrement »). Le para ne signifie plus « pour les paralysés », <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1466424007077348">mais « parallèles » aux Jeux olympiques</a>.</p> <p>Mais avant d’en arriver là, bien des querelles devront être dépassées.</p> <h3>Dynamique compétitive</h3> <p>En effet, dans les années 60, des voix s’élèvent en faveur de l’ouverture aux amputés et aux aveugles, ce que désapprouve la fédération de Stoke qui reste centrée sur le sport en fauteuil roulant des personnes blessées de la colonne vertébrale. En 1964 à Tokyo, une rencontre sportive « tous handicaps » a lieu, en marge des Jeux para-olympiques, pour les non paralysés. En 1968, les Jeux para-olympiques ont lieu à Tel-Aviv et restent encore réservés aux seuls paralysés en fauteuil. Cependant, peu à peu l’objectif initial de rééducation cède la place au désir de se rapprocher du schéma compétitif olympique et de l’image du champion.</p> <p>Bien que Guttmann soit opposé à cette perspective compétitive pour tous les types de déficience, l’objectif des athlètes et de certaines fédérations nationales – dont la France – s’oriente inexorablement vers la mise à distance de la tutelle médicale afin de se rapprocher de l’univers sportif et de ses instances nationales et internationales.</p> <h3>Rapprochements progressifs</h3> <p>Les années 1970 confirment ce basculement, les compétitions accueillant progressivement de nouveaux types de déficiences en catégorisant les athlètes selon leurs capacités.</p> <p>Il s’agit de permettre leur participation, tout en assurant l’égalité des chances et la logique compétitive du sport. Ainsi, l’intégration de nouveaux sportifs dotés de caractéristiques spécifiques implique une réflexion sur la mise en place de classifications fonctionnelles au regard de leurs capacités et de l’incidence qu’elles ont sur leurs performances.</p> <p>En 1972, lors des Jeux paralympiques de Heidelberg (les JO se déroulent à Munich), les déficients visuels sont autorisés à participer <a href="https://www.handisport.org/les-29-sports/goalball/">à des épreuves d’exhibition en goalball</a> et au 100 mètres sprint. Parallèlement, des amputés entrent sur le stade pour manifester leur mécontentement, comme le rappelle feu <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09523367.2014.931842">l’entraîneur d’athlétisme Christian Paillard</a> de la fédération française : « Qu’est-ce que je vois arriver ? Des amputés avec de grandes banderoles ! Ils ont fait un sit-in sur la piste en disant : « Nous aussi, on veut participer aux Jeux ! »</p> <p>Il faudra attendre quatre années supplémentaires et les Jeux de Toronto en 1976 pour qu’amputés et déficients visuels soient officiellement autorisés à concourir. Soucieuse de visibilité, chaque catégorie de handicap fonde sa propre fédération internationale et en 1982, un comité (ICC) est créé pour les coordonner et opérer un rapprochement avec le Comité international olympique (CIO).</p> <p>Aux JO de Los Angeles en 1984, des épreuves en fauteuil hors compétition figurent au programme, dans le but de promouvoir le sport pour handicapés. Cette première représentation des pratiques paralympiques lors des Jeux olympiques provoque la colère des amputés qui se sentent exclus. Elle fait planer un risque de scission sur le mouvement.</p> <p>Malgré une situation de crise, les Jeux paralympiques sont maintenus en 1984, mais ils scindés en deux : les sportifs en fauteuils concourent à New York, et tous les autres à Stoke. En 1986, deux fédérations internationales s’agrègent au mouvement : celle des sportifs sourds et celles pour les sportifs ayant des déficiences intellectuelles.</p> <p>Plus de deux décennies après Tokyo (1964), les Jeux de Séoul (1988) sont l’occasion de réunir de nouveau les JO et les Jeux paralympiques sur un même site. Du jamais vu depuis 1964.</p> <p>En 1989, la création du Comité international paralympique (CIP) achève l’alignement sur l’olympisme et la projection vers un événement unique organisé en partenariat avec le CIO : les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) se tiendront désormais obligatoirement sur le même site. Cette obligation ne sera finalement appliquée qu’à partir de 1996 à Atlanta, les Jeux paralympiques de 1992 se déroulant à la fois à Barcelone (pour les déficients physiques) et à Madrid (pour les déficients intellectuels), alors que les JO se tenaient à Barcelone.</p> <h3>Un désir de pratiquer comme les autres</h3> <p>Le mouvement d’intégration n’est pourtant pas achevé et reste un motif de tensions. En 1995, la fédération des sportifs sourds fait le choix de se retirer pour préférer une pratique entre personnes sourdes affirmant leur culture singulière, ou, pour les plus performantes, au sein des JO. Les sourds n’ont finalement jamais participé aux Jeux paralympiques.</p> <p>Parallèlement, si des déficients intellectuels intègrent pour la première fois les épreuves paralympiques en 1992, leur participation n’est pas sans poser problème. Lors du tournoi de basket-ball de Sydney (2000), il s’avère que plusieurs joueurs de l’équipe espagnole ayant remporté le tournoi <a href="https://www.liberation.fr/sports/2000/11/25/de-faux-handicapes-pour-de-vraies-medailles_345658/">n’ont en réalité pas de déficience cognitive</a>. La médaille d’or est restituée et, ne sachant pas comment assurer une sélection fiable de ce type de sportifs, le CIP suspend leur participation. Il faudra attendre Londres (2012) pour qu’ils soient réintégrés.</p> <p>Le désir de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=tuAPPeRg3Nw">pratiquer « comme les autres »</a> produit une force agrégative qui conduit peu à peu à rompre le lien avec le monde médical. L’aspiration à la norme oblige, paradoxalement, à inventer des épreuves adaptées dans lesquelles chacun peut mettre en valeur ses capacités.<img src="https://counter.theconversation.com/content/222714/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <p> </p> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/sylvain-ferez-492612">Sylvain Ferez</a>, Maître de conférences (HDR), sociologie, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-de-montpellier-2403">Université de Montpellier</a></em> et <a href="https://theconversation.com/profiles/sebastien-ruffie-1508656">Sébastien Ruffie</a>, Professeur des Universités en sciences sociales, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/universite-des-antilles-3481">Université des Antilles</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/jeux-paralympiques-de-la-reeducation-des-blesses-de-guerre-a-la-celebration-de-la-diversite-222714">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'jeux-paralympiques-de-la-reeducation-des-blesses-de-guerre-a-la-celebration-de-la-diversite', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 20, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/jeux-paralympiques-de-la-reeducation-des-blesses-de-guerre-a-la-celebration-de-la-diversite-222714', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 11, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 4804, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Des tardigrades sont-ils en train de coloniser la Lune?', 'subtitle' => 'Le 22 février 2019, une sonde spatiale, c’est-à-dire sans équipage, était mise en orbite autour de la Lune avec comme objectif d’alunir. 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La vitesse était trop grande pour être suffisamment ralentie de sorte qu’elle s’écrasa à plus de 3 000 km/h sur notre satellite.</p> <p>Le choc fut terrible et la sonde se dispersa sur une centaine de mètres. On le sait car l’impact a été photographié par le satellite LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter) de la NASA.</p> <p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File :Beresheet_Crash_Site_Spotted_LRO_02.gif"><img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6b/Beresheet_Crash_Site_Spotted_LRO_02.gif/512px-Beresheet_Crash_Site_Spotted_LRO_02.gif" alt="Beresheet Crash Site Spotted LRO 02" width="512" /></a></p> <p>Que sont devenus les tardigrades ? Ont-ils survécus et si oui peuvent-ils coloniser la Lune ? La Lune est-elle contaminée ?</p> <h3>Des animaux à l'épreuve de (presque) tout</h3> <p>Les tardigrades sont des animaux microscopiques. Ils mesurent moins d’un millimètre de long. La plupart possèdent deux yeux, mais tous ont des neurones, un orifice buccal au bout d’une trompe rétractile, un intestin contenant un microbiote et quatre paires de pattes non articulées et terminées par des griffes. Ces animaux partagent un ancêtre commun avec les arthropodes comme les insectes ou les arachnides.</p> <p>La majorité se rencontre dans des environnements aquatiques, mais ils occupent tous les milieux, même urbains. <a href="https://biophysique.mnhn.fr/fr/annuaire/emmanuelle-delagoutte-9017">Emmanuelle Delagoutte</a>, chargée de recherche au CNRS, les récolte dans les mousses et les lichens du Jardin des plantes au Muséum à Paris. Les tardigrades ont besoin d’être entourés d’un film d’eau pour rester actifs, se nourrir de microalgues comme des chlorelles, grandir, se mouvoir et se reproduire. Ils se reproduisent de manière sexuée ou asexuée via la parthénogenèse, c’est-à-dire à partir d’un ovule non fécondé, ou l’hermaphrodisme lorsqu’un individu, qui possède à la fois des gamètes mâles et femelles, s’autoféconde. Après l’éclosion de l’œuf, la vie d’un tardigrade sous forme active dure de 3 à 30 mois. Au total, <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-319-95702-9">1265 espèces ont été décrites</a>, dont deux fossiles.</p> <p>Les tardigrades sont célèbres du fait de leur résistance à des conditions n’existant ni sur la Terre ni sur la Lune. Ils peuvent en effet mettre leur métabolisme à l’arrêt, notamment en perdant jusqu’à 95 % de leur eau corporelle. Certaines espèces synthétisent un sucre, le tréhalose, qui fait office d’antigel, d’autres des protéines dont on pense qu’elles incorporent les constituants cellulaires dans un réseau amorphe « vitreux », offrant ainsi résistance et protection à chaque cellule.</p> <p>La déshydratation déforme le corps dont la taille peut diminuer de moitié. Les pattes disparaissent, seules les griffes sont encore visibles. Cet état appelé cryptobiose persiste jusqu’à ce que les conditions redeviennent favorables.</p> <p>Cependant, selon les espèces, les individus ont besoin de plus ou moins de temps pour se déshydrater et tous les spécimens d’une même espèce ne parviennent pas à revenir à la vie active.</p> <p>Les adultes déshydratés survivent quelques minutes à des températures de – 272 °C ou 150 °C, et sur le long terme à des doses élevées de rayons gamma de 1 000 ou 4 400 Gray (Gy) selon l’espèce. À titre de comparaison, une dose de 10 Gy est mortelle pour un humain et 40 à 50 000 Gy stérilisent tout type de matériel. Cependant, quelle que soit la dose, l’irradiation tue les œufs. De plus, la protection conférée par la cryptobiose n’est pas toujours claire, comme chez l’espèce <em>Milnesium tardigradum</em> où l’irradiation affecte curieusement de la même manière les animaux aussi bien actifs que déshydratés.</p> <h3>Retour sur la Lune</h3> <p>Que sont devenus les tardigrades après le crash ? Certains sont-ils toujours viables, ensevelis sous le régolithe, la poussière lunaire dont la profondeur varie de quelques mètres à quelques dizaines de mètres ?</p> <p>Tout d’abord, il faut qu’ils aient survécu à l’impact. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33978458/">Des tests au laboratoire</a> ont montré que des spécimens congelés de l’espèce <em>Hypsibius dujardini</em> étaient intacts après un choc à 2600 km/h sous vide sur du sable mais étaient mutilés au-delà de 3000 km/h.</p> <p>Ils doivent ensuite résister à l’absence d’eau et supporter un froid de – 170 à -190 °C durant la nuit lunaire et une chaleur de 100 à 120 °C durant le jour. Un jour ou une nuit lunaire dure longtemps, soit un peu moins de 15 jours terrestres. Même la sonde n’était pas prévue pour résister à de telles amplitudes et devait cesser toute activité après seulement quelques jours terrestres.</p> <p>Enfin, la surface de la Lune n’est pas protégée vis-à-vis des particules solaires et des rayons cosmiques, notamment gamma. Mais là les tardigrades seraient capables de résister. En effet, Robert Wimmer-Schweingruber, Professeur à l’Université de Kiel en Allemagne, et son équipe ont montré que les <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.aaz1334">doses de rayons gamma frappant la surface lunaire étaient permanentes mais faibles</a> par rapport aux doses citées précédemment. Selon lui, 10 années d’exposition aux rayons gamma correspondraient à une dose totale d’environ 1 Gy.</p> <p>Quoi qu’il en soit, sans eau ni oxygène ni microalgues, les tardigrades ne pourront jamais se réactiver. Ainsi la colonisation de la Lune par ces animaux est impossible. Mais des spécimens sont sur le sol lunaire et leur présence pose des questions éthiques comme le souligne <a href="https://www.prindleinstitute.org/2019/09/the-ethics-of-sending-life-to-the-moon-and-beyond/">Matthew Silk</a> écologue à l’université d’Édimbourg. Parmi ces questions, il en est une sur le plan scientifique. A l’heure où l’exploration spatiale repart tous azimuts, contaminer d’autres planètes nous fera-t-il perdre la possibilité de chercher la vie extraterrestre ?</p> <hr /> <h4><em>L’auteur remercie chaleureusement Emmanuelle Delagoutte et Cédric Hubas du Muséum de Paris, ainsi que Robert Wimmer-Schweingruber de l’Université de Kiel, pour leur lecture critique du texte et leurs conseils.</em><img src="https://counter.theconversation.com/content/220910/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></h4> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/laurent-palka-1305597">Laurent Palka</a>, Maître de conférences, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/museum-national-dhistoire-naturelle-mnhn-2191">Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)</a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/des-tardigrades-sont-ils-en-train-de-coloniser-la-lune-220910">article original</a>.</h4>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'des-tardigrades-sont-ils-en-train-de-coloniser-la-lune', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => 'https://theconversation.com/des-tardigrades-sont-ils-en-train-de-coloniser-la-lune-220910', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 10, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' } ] $embeds = [] $images = [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) { 'id' => (int) 5750, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'name' => 'file-20190620-149835-fumsld.jpg', 'type' => 'image', 'subtype' => 'jpeg', 'size' => (int) 166654, 'md5' => '19cd408ed36b6cd54eac320c0f0075c9', 'width' => (int) 917, 'height' => (int) 624, 'date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'title' => '', 'description' => 'Signature du traité de Versailles.', 'author' => '', 'copyright' => '© Wikipédia', 'path' => '1562075874_file20190620149835fumsld.jpg', 'embed' => null, 'profile' => 'default', '_joinData' => object(Cake\ORM\Entity) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Attachments' } ] $audios = [] $comments = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 1856, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => 'En résumé le Traité de Versailles était trop humiliant pour l’Allemagne, ce qui a été le ferment de la deuxième guerre mondiale , du déclin de l’Europe et de l’avènement de la suprématie des Etats-Unis d’Amerique.', 'post_id' => (int) 1762, 'user_id' => (int) 4069, 'user' => object(App\Model\Entity\User) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Comments' }, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) { 'id' => (int) 1881, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'status' => 'ACCEPTED', 'comment' => '@Qovadis: c’est peut-être ce qui a été voulu d’emblée par les USA ! 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2 Commentaires
@Qovadis 06.07.2019 | 20h54
«En résumé le Traité de Versailles était trop humiliant pour l’Allemagne, ce qui a été le ferment de la deuxième guerre mondiale , du déclin de l’Europe et de l’avènement de la suprématie des Etats-Unis d’Amerique.»
@stef 21.07.2019 | 16h55
«@Qovadis: c’est peut-être ce qui a été voulu d’emblée par les USA ! »