Ce patient n’a pu être aidé que par un antibiotique de dernier recours. © ard
Des germes résistants rendent les antibiotiques inefficaces. Novartis parmi les pires pollueurs.
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Manifestement, il y a déjà plus de Suisses porteurs de ces germes que ce que l’on pensait jusqu’à présent.</p> <p><em>Claudia Bagutti</em>, microbiologiste au laboratoire cantonal de Bâle-Ville, poursuit: «Nous étions très surpris et choqués. Jusqu’à présent nous croyions que les germes très résistants n’étaient que très peu répandus en Suisse.»</p> <p>Ces germes arrivent dans les eaux usées avec les matières fécales. Nos stations d’épuration peuvent réduire la quantité des bactéries, «mais pas supprimer complètement les bactéries résistantes», explique le microbiologiste <em>Helmut Bürgmann</em> de l’Institut fédéral EAWAG. En particulier, la part des germes résistants après le passage par la station d’épuration n’est pas vraiment réduite. «Nous pensons que les eaux usées sont chargées de résidus d'antibiotiques et que les bactéries résistantes survivent mieux que celles qui ne le sont pas.»</p> <blockquote> <h3><strong>Plus de germes résistants dans les eaux usées bâloises de Roche et Novartis</strong></h3> </blockquote> <p>Et qu’en est-il des eaux usées des groupes pharmas suisses? La station d’épuration bâloise <em>ProRheno</em> a deux installations: une pour les eaux usées des ménages et une pour les eaux usées industrielles; Novartis et Roche utilisent cette dernière. Fait intéressant, selon les indications de Bürgmann, on a trouvé dans l’installation d’épuration des eaux usées industrielles nettement plus de germes résistant qu’en moyenne dans les autres stations d’épuration suisses. Les eaux usées des industries bâloises sont manifestement bien plus chargées en antibiotiques qu’ailleurs.</p> <p>Le mécanisme est le même qu’en Inde, bien que la concentration en antibiotiques et donc la quantité de super germes résistants soient bien moindres.</p> <p>Les eaux usées de la ville épurées chargées de germes résistants vont directement dans le Rhin. De même que les eaux usées épurées de l’industrie bâloise, dans lesquels Bürgmann a trouvé 30 à 3000 fois plus de germes résistants que dans les eaux usées de la ville.</p> <p>C'est pourquoi la ville de Bâle veut à présent construire, grâce à une subvention fédérale, une nouvelle station d’épuration à 33 millions de francs; elle devrait pouvoir éliminer plus de 80 pour cent des bactéries en recourant à l’ozone et à du charbon actif pulvérisé. La loi n’exigeait que la transformation des installations d’épuration <em>communales</em>, explique Alain Zaessinger, directeur de la station d’épuration bâloise ProRheno. Pour Helmut Bürgmann, une meilleure épuration des eaux usées industrielles est prioritaire.</p> <p>L’industrie est manifestement traitée avec des gants de velours.</p> <h3><strong>Emballages sans indication d’origine</strong></h3> <p>Les consommateurs n’ont aucune influence sur la surveillance étatique lacunaire et les pratiques des groupes pharmas qui ne veulent pas être responsables de leurs fournisseurs «certifiés» en Inde. Aucun emballage d'antibiotiques n’indique où sont produits les principes actifs et les pilules.</p> <p>Cela reste un vœux pieu de la microbiologiste Katrin Zurfluh: «Si nous faisons fabriquer les antibiotiques dans un autre pays, nous devons aussi être responsables de l’épuration sur place des eaux usées industrielles.»</p> <p>Le professeur Christoph Lübbert constate aussi: «Nous ramenons chez nous le problème que nous avons exporté par les voyages et le trafic aérien. 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Selon les indications de Roche, cette usine couvre 80 pour cent du marché mondial.</p> <h3><strong>Super germes indiens dans les eaux usées bâloises</strong></h3> <p>L’équipe de reporters de l’ARD et le professeur Christoph Lübbert ont également trouvé des super agents extrêmement résistants dans le fleuve <em>Musi</em> qui coule à travers Hyderabad et ressemble à un cloaque. Des millions de personnes peuvent être infectées par ce fleuve. «De tels agents résistants arrivent aussi en Allemagne avec les marchandises et les voyageurs.»</p> <p>De tels germes ont été identifiés pour la première fois il y a plus de deux ans dans <a href="https://www.infosperber.ch/data/attachements/17_Resistenzen.BS.Abwasser.pdf">les eaux usées bâloises</a> épurées. «Il y en avait aussi du type NDM. NDM signifie New Delhi, car des germes avec ce mécanisme de résistance ont été découverts pour la première fois en Inde», explique <em>Katrin Zurfluh,</em> microbiologiste à l’Université de Zurich. Manifestement, il y a déjà plus de Suisses porteurs de ces germes que ce que l’on pensait jusqu’à présent.</p> <p><em>Claudia Bagutti</em>, microbiologiste au laboratoire cantonal de Bâle-Ville, poursuit: «Nous étions très surpris et choqués. Jusqu’à présent nous croyions que les germes très résistants n’étaient que très peu répandus en Suisse.»</p> <p>Ces germes arrivent dans les eaux usées avec les matières fécales. Nos stations d’épuration peuvent réduire la quantité des bactéries, «mais pas supprimer complètement les bactéries résistantes», explique le microbiologiste <em>Helmut Bürgmann</em> de l’Institut fédéral EAWAG. En particulier, la part des germes résistants après le passage par la station d’épuration n’est pas vraiment réduite. «Nous pensons que les eaux usées sont chargées de résidus d'antibiotiques et que les bactéries résistantes survivent mieux que celles qui ne le sont pas.»</p> <blockquote> <h3><strong>Plus de germes résistants dans les eaux usées bâloises de Roche et Novartis</strong></h3> </blockquote> <p>Et qu’en est-il des eaux usées des groupes pharmas suisses? La station d’épuration bâloise <em>ProRheno</em> a deux installations: une pour les eaux usées des ménages et une pour les eaux usées industrielles; Novartis et Roche utilisent cette dernière. Fait intéressant, selon les indications de Bürgmann, on a trouvé dans l’installation d’épuration des eaux usées industrielles nettement plus de germes résistant qu’en moyenne dans les autres stations d’épuration suisses. Les eaux usées des industries bâloises sont manifestement bien plus chargées en antibiotiques qu’ailleurs.</p> <p>Le mécanisme est le même qu’en Inde, bien que la concentration en antibiotiques et donc la quantité de super germes résistants soient bien moindres.</p> <p>Les eaux usées de la ville épurées chargées de germes résistants vont directement dans le Rhin. De même que les eaux usées épurées de l’industrie bâloise, dans lesquels Bürgmann a trouvé 30 à 3000 fois plus de germes résistants que dans les eaux usées de la ville.</p> <p>C'est pourquoi la ville de Bâle veut à présent construire, grâce à une subvention fédérale, une nouvelle station d’épuration à 33 millions de francs; elle devrait pouvoir éliminer plus de 80 pour cent des bactéries en recourant à l’ozone et à du charbon actif pulvérisé. La loi n’exigeait que la transformation des installations d’épuration <em>communales</em>, explique Alain Zaessinger, directeur de la station d’épuration bâloise ProRheno. Pour Helmut Bürgmann, une meilleure épuration des eaux usées industrielles est prioritaire.</p> <p>L’industrie est manifestement traitée avec des gants de velours.</p> <h3><strong>Emballages sans indication d’origine</strong></h3> <p>Les consommateurs n’ont aucune influence sur la surveillance étatique lacunaire et les pratiques des groupes pharmas qui ne veulent pas être responsables de leurs fournisseurs «certifiés» en Inde. Aucun emballage d'antibiotiques n’indique où sont produits les principes actifs et les pilules.</p> <p>Cela reste un vœux pieu de la microbiologiste Katrin Zurfluh: «Si nous faisons fabriquer les antibiotiques dans un autre pays, nous devons aussi être responsables de l’épuration sur place des eaux usées industrielles.»</p> <p>Le professeur Christoph Lübbert constate aussi: «Nous ramenons chez nous le problème que nous avons exporté par les voyages et le trafic aérien. Les malades hospitalisés sont plus difficiles à traiter que ce a quoi nous avons été habitués au cours des années passées.»</p> <p>Le professeur <em>Fritz Sörgel</em>, directeur de l’Institut de recherche en biomédecine et pharmaceutique à Nuremberg, ajoute: «Si nous laissons la situation nous échapper, nous devrons faire face à une gigantesque bombe à retardement.»</p> <hr /> <h4>Certaines des citations proviennent du film documentaire de Karin Bauer et Christian Baars «Der unsichtbare Feind» diffusé le 8 novembre 2018 sur la SRF.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'dangereux-super-germes-indiens-dans-les-eaux-usees-baloises', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 730, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1766, 'homepage_order' => (int) 2029, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. 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Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. L'UE et les Etats membres de l'UE financent les 20 % restants.</p> <p>Avec un budget annuel de 20 millions d'euros et plus de 150 journalistes sur tous les continents, l'<a href="https://www.occrp.org/en">OCCRP</a> − en partie en collaboration avec le <a href="https://www.icij.org/">Réseau international des journalistes d'investigation</a> ICIJ − a lancé les plus grands projets internationaux de journalisme d'investigation de ces dernières années. Parmi eux, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Panama_Papers"><em>The Panama Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pandora_Papers"><em>Pandora Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Suisse_Secrets"><em>Suisse Secrets</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/narcofiles-the-new-criminal-order"><em>Narco Files</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/the-pegasus-project/about-the-project"><em>Pegasus Project</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cyprus_Confidential"><em>Cyprus Confidential </em></a>et la série <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Die_Geldw%C3%A4scherei"><em>Laundromat</em></a>, qui a révélé les systèmes de blanchiment d'argent des élites dirigeantes en Azerbaïdjan et en Russie.</p> <h3><strong>Non sans conditions</strong></h3> <p>Les agences gouvernementales américaines ne financent pas l'OCCRP sans contrepartie: l'<a href="https://www.usaid.gov/"> U.S. Agency for International Development</a> dispose d'un droit de veto sur la nomination des dirigeants de l'OCCRP. De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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Urs P. Gasche / 20 juin 2019 - Traduit depuis Infosperber par Marta Czarska
En bref: les pharmas suisses font produire leurs antibiotiques en Inde. Des échantillons d’eau montrent que les eaux usées «épurées» d’une grande usine d’Hyderabad sont fortement chargées en antibiotiques. Les eaux usées arrivent dans les eaux polluées de la région. Là, les bactéries résistantes aux antibiotiques se multiplient de manière exponentielle.
Les touristes et les importations de légumes se chargent de disséminer les germes résistants à travers les continents. Même dans les eaux usées épurées de la ville de Bâle, on peut retrouver les germes très résistants provenant d’Inde. «Nous étions surpris et choqués», explique Claudia Bagutti, microbiologiste du laboratoire cantonal de Bâle-Ville.
Le travail de deux équipes de la télévision publique
L’émission SRF-DOK révélait en novembre 2018, par le film de Karin Bauer, que Novartis était un des pollueurs disséminant les germes hautement résistants en provenance d’Inde. Le tournage a été fait en Inde par une équipe de reporters d’ARD sous le titre «Der unsichtbare Feind – Tödliche Supererreger aus Pharmafabriken» (L’ennemi invisible - Le super agent mortel des pharmas). L’émission de la SRF n’est plus en ligne.
«MSN Laboratories» produit la moitié des antibiotiques du monde dans la «capitale des antibiotiques» Hyderabad. MSN garantit dans une vidéo informative que «les plus strictes normes de sécurité et environnementales» sont respectées et qu’elle ne déverse dans la région «aucune eau usée sale».
«Énormes quantités de bactéries résistantes»
Les échantillons prélevés sur place montrent le contraire. Les eaux usées de l’usine, prétendument épurées, étaient pleines de résidus d’antibiotiques. Les échantillons n’ont pas été prélevés par les contrôleurs étatiques, mais par l’équipe de recherche de l’ARD. Christophe Lübbert, professeur de médecine tropicale à la clinique universitaire de Leipzig, qui a accompagné l’équipe, se montre surpris: «Nous avons trouvé dans tous les échantillons des énormes quantités de bactéries porteuses de grandes quantités de gènes résistants - et ce de la pire espèce.»
Les conditions environnementales ne sont pas contrôlées
Ce sont surtout les fabricants d'antibiotiques qui polluent avec les germes qui sont résistants à leurs antibiotiques. La filiale de Novartis Sandoz faisait aussi produire ses antibiotiques par «MSN Laboratories» jusqu’à ce que l’équipe d’ARD révèle l’année passée le résultat des échantillons analysés. Les pharmas renvoient toujours aux contrôleurs internationaux qui ont accordé les certifications aux usines en Inde. Mais l’autorité de contrôle Swissmedic explique que les «conditions environnementales [comme l’épuration des eaux usées] mais aussi les conditions de travail ne sont pas contrôlées».
Les groupes pharmas ne sont pourtant qu’en moindre partie responsables de l’apparition des germes multi-résistants en Inde et de leur diffusion à travers tous les continents. Mais il est frappant que les coresponsables de la situation soient justement les fabricants d’antibiotiques. Les résistances qui rendent les antibiotiques inefficaces sont un des problèmes de santé majeurs d’aujourd’hui.
Les documentaires de la SRF-DOC et de l’ARD demeurent sans écho
Malgré cette situation explosive, aucun journal suisse n’a relayé les informations de la SRF-DOK et de l’ARD pour en informer ses lecteurs. Aucun débat n’a non plus eu lieu à la radio ou sur les chaînes TV privées.
C'est pour cela qu’Infosperber résume ci-dessous les faits les plus importants. Le scandale des antibiotiques en Inde est un exemple parfait au regard de la votation sur l’initiative pour des multinationales responsables.
L’Inde, en tant que centre mondial de la production d’antibiotiques, détient aussi le record des cas de décès dus aux bactéries résistantes
Selon les indications de Christoph Lübbert, environ 60’000 nouveau-nés décèdent chaque année en Inde en raison de germes résistants. Les bactéries dangereuses se propagent par l’alimentation, l’environnement et les touristes jusqu’en Allemagne et en Suisse. Pour découvrir si les fabricants d’antibiotiques en Inde sont coresponsables, le professeur de médecine tropicale s’est rendu avec l’équipe de reporters d’ARD dans la capitale des pharmas Hyderabad et y a prélevé des échantillons d’eau.
L’activiste environnemental indien Amil Dayakar a conduit pour eux les prélèvements d’échantillons des eaux usées des usines. Ces eaux usées sont prétendument épurées avant d’être déversées dans l’environnement.
Sur place, l’odeur de pourriture, d’excréments et de chimie est bestiale. «Les paysans irriguent leurs champs avec cette eau», dit Dayakar. Une partie de ces eaux parvient dans un lac dont les poissons sont commercialisés.
Lorsque des germes entrent en contact avec des résidus d’antibiotiques, ils développent des mécanismes de défense. Les plus forts survivent comme super agents qui résistent à un grand nombre d’antibiotiques. Une seule de ces bactéries super résistantes peut se multiplier si vite qu’il suffit d’une demi-journée pour qu’il y en ait des milliards.
Si elles sont absorbées par l’humain dans l’eau ou la nourriture, elles s’installent dans l’intestin. Les personnes saines ne s’en rendent pas compte, mais elles peuvent contaminer d’autres personnes. Les malades ou les blessés peuvent développer de graves infections qui peuvent même conduire à des septicémies mortelles.
Novartis se cachait derrière le «secret industriel»
Les eaux usées décrites ci-dessus proviennent d’un des plus grands fabricants d’antibiotiques d’Hyderabad (liens en rouge).
«MSN Laboratories» exploite six usines. MSN se vante dans une vidéo publicitaire: «Aucune eau sale ne s’écoule de nos usines. Nous respectons les normes de sécurité et environnementales les plus strictes.» Les contrôleurs internationaux, y compris l’Office de la santé d’Hambourg, surveillent et certifient les usines.
Les grands groupes pharmas qui font fabriquer leurs antibiotiques par MSN s’appuient sur de telles certifications. Le service suisse d’homologation des médicaments Swissmedic assurait qu’elle vérifiait «l’ensemble de la chaîne de production» lors de l’homologation. Le porte-parole de Swissmedic, Lukas Jäggi, concédait, en répondant à la question concrète au sujet des eaux usées polluées aux antibiotiques:
«Les aspects environnementaux ne font pas explicitement part du contrôle, nous vérifions surtout la qualité, la sécurité et l’efficacité du médicament. Les conditions environnementales et les conditions de travail ne sont pas examinées,»
L’équipe TV de l’ARD a fait en compagnie du professeur Christoph Lübbert ce que les inspecteurs étatiques devraient faire. Ils ont prélevé des échantillons d’eaux usées et les ont analysés en Allemagne. Le résultat a surpris même Lübbert:
«Nous avons trouvé dans tous les échantillons des énormes quantités de bactéries porteuses de grandes quantités de gènes résistants - et ce de la pire espèce.»
En tant que médecin, il aurait du mal à soigner des patients porteurs de tels germes résistants car les antibiotiques ne sont plus efficaces.
Comme en Inde presque tous les habitants ont des germes résistants aux antibiotiques dans leurs intestins, la responsabilité de l’énorme diffusion des germes résistants incombe surtout aux excréments humains. «Mais nous ne nous attendions pas à ce que la situation des eaux usées des usines soit si dramatique.»
La quantité des germes multi-résistants dans les eaux usées des usines dépend directement de la quantité des antibiotiques. «La croissance des agents est boostée [par les antibiotiques] de manière explosive. C'est un effet boule de neige.»
Le groupe pharma suisse Novartis ne voulait pas dire à la télévision l’année passée s’il faisait fabriquer ses antibiotiques en Inde par MSN. «Les informations sur notre chaîne logistique sont confidentielles, pas seulement pour notre protection mais aussi pour la protection de nos fournisseurs.»
MSN fait de la pub pour ses clients
Dommage que MSN elle-même se vante d'avoir parmi ses clients la filiale de Novartis Sandoz (voir publication MSN ci-dessus). Un porte-parole de Novartis confirme à présent à Infosperber que les antibiotiques de Sandoz proviennent de MSN Laboratories.
Roche: «Nous n’avions pas accès à la décharge»
L’antibiotique Sulfamethoxazol, que le groupe pharma Roche commercialise en combinaison avec le Trimethoprim sous le nom de Bactrim provient aussi d’Inde. Le Bactrim est prescrit surtout lors d’infections des voies urinaires et des poumons.
Le groupe expliquait que l’usine qu’elle mandate à Hyderabad, «Virchow Laboratories», «distille» les eaux usées avant de les déverser dans une décharge appartenant à l’État indien. Mais Roche concédait dans le documentaire de la SRF: «Il nous a été à plusieurs reprises refusé d'auditer cette décharge. Dès lors, nous ne pouvons pas garantir que cette décharge ne pollue pas l’environnement.» Depuis juin 2017, Roche «n’a plus rien entrepris pour pouvoir examiner la décharge», nous explique un porte-parole.
Roche n’est qu’une des nombreuses entreprises pharmas qui fait faire le Sulfamethoxazol par «Virchow Laboratories». Selon les indications de Roche, cette usine couvre 80 pour cent du marché mondial.
Super germes indiens dans les eaux usées bâloises
L’équipe de reporters de l’ARD et le professeur Christoph Lübbert ont également trouvé des super agents extrêmement résistants dans le fleuve Musi qui coule à travers Hyderabad et ressemble à un cloaque. Des millions de personnes peuvent être infectées par ce fleuve. «De tels agents résistants arrivent aussi en Allemagne avec les marchandises et les voyageurs.»
De tels germes ont été identifiés pour la première fois il y a plus de deux ans dans les eaux usées bâloises épurées. «Il y en avait aussi du type NDM. NDM signifie New Delhi, car des germes avec ce mécanisme de résistance ont été découverts pour la première fois en Inde», explique Katrin Zurfluh, microbiologiste à l’Université de Zurich. Manifestement, il y a déjà plus de Suisses porteurs de ces germes que ce que l’on pensait jusqu’à présent.
Claudia Bagutti, microbiologiste au laboratoire cantonal de Bâle-Ville, poursuit: «Nous étions très surpris et choqués. Jusqu’à présent nous croyions que les germes très résistants n’étaient que très peu répandus en Suisse.»
Ces germes arrivent dans les eaux usées avec les matières fécales. Nos stations d’épuration peuvent réduire la quantité des bactéries, «mais pas supprimer complètement les bactéries résistantes», explique le microbiologiste Helmut Bürgmann de l’Institut fédéral EAWAG. En particulier, la part des germes résistants après le passage par la station d’épuration n’est pas vraiment réduite. «Nous pensons que les eaux usées sont chargées de résidus d'antibiotiques et que les bactéries résistantes survivent mieux que celles qui ne le sont pas.»
Plus de germes résistants dans les eaux usées bâloises de Roche et Novartis
Et qu’en est-il des eaux usées des groupes pharmas suisses? La station d’épuration bâloise ProRheno a deux installations: une pour les eaux usées des ménages et une pour les eaux usées industrielles; Novartis et Roche utilisent cette dernière. Fait intéressant, selon les indications de Bürgmann, on a trouvé dans l’installation d’épuration des eaux usées industrielles nettement plus de germes résistant qu’en moyenne dans les autres stations d’épuration suisses. Les eaux usées des industries bâloises sont manifestement bien plus chargées en antibiotiques qu’ailleurs.
Le mécanisme est le même qu’en Inde, bien que la concentration en antibiotiques et donc la quantité de super germes résistants soient bien moindres.
Les eaux usées de la ville épurées chargées de germes résistants vont directement dans le Rhin. De même que les eaux usées épurées de l’industrie bâloise, dans lesquels Bürgmann a trouvé 30 à 3000 fois plus de germes résistants que dans les eaux usées de la ville.
C'est pourquoi la ville de Bâle veut à présent construire, grâce à une subvention fédérale, une nouvelle station d’épuration à 33 millions de francs; elle devrait pouvoir éliminer plus de 80 pour cent des bactéries en recourant à l’ozone et à du charbon actif pulvérisé. La loi n’exigeait que la transformation des installations d’épuration communales, explique Alain Zaessinger, directeur de la station d’épuration bâloise ProRheno. Pour Helmut Bürgmann, une meilleure épuration des eaux usées industrielles est prioritaire.
L’industrie est manifestement traitée avec des gants de velours.
Emballages sans indication d’origine
Les consommateurs n’ont aucune influence sur la surveillance étatique lacunaire et les pratiques des groupes pharmas qui ne veulent pas être responsables de leurs fournisseurs «certifiés» en Inde. Aucun emballage d'antibiotiques n’indique où sont produits les principes actifs et les pilules.
Cela reste un vœux pieu de la microbiologiste Katrin Zurfluh: «Si nous faisons fabriquer les antibiotiques dans un autre pays, nous devons aussi être responsables de l’épuration sur place des eaux usées industrielles.»
Le professeur Christoph Lübbert constate aussi: «Nous ramenons chez nous le problème que nous avons exporté par les voyages et le trafic aérien. Les malades hospitalisés sont plus difficiles à traiter que ce a quoi nous avons été habitués au cours des années passées.»
Le professeur Fritz Sörgel, directeur de l’Institut de recherche en biomédecine et pharmaceutique à Nuremberg, ajoute: «Si nous laissons la situation nous échapper, nous devrons faire face à une gigantesque bombe à retardement.»
Certaines des citations proviennent du film documentaire de Karin Bauer et Christian Baars «Der unsichtbare Feind» diffusé le 8 novembre 2018 sur la SRF.
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Manifestement, il y a déjà plus de Suisses porteurs de ces germes que ce que l’on pensait jusqu’à présent.</p> <p><em>Claudia Bagutti</em>, microbiologiste au laboratoire cantonal de Bâle-Ville, poursuit: «Nous étions très surpris et choqués. Jusqu’à présent nous croyions que les germes très résistants n’étaient que très peu répandus en Suisse.»</p> <p>Ces germes arrivent dans les eaux usées avec les matières fécales. Nos stations d’épuration peuvent réduire la quantité des bactéries, «mais pas supprimer complètement les bactéries résistantes», explique le microbiologiste <em>Helmut Bürgmann</em> de l’Institut fédéral EAWAG. En particulier, la part des germes résistants après le passage par la station d’épuration n’est pas vraiment réduite. «Nous pensons que les eaux usées sont chargées de résidus d'antibiotiques et que les bactéries résistantes survivent mieux que celles qui ne le sont pas.»</p> <blockquote> <h3><strong>Plus de germes résistants dans les eaux usées bâloises de Roche et Novartis</strong></h3> </blockquote> <p>Et qu’en est-il des eaux usées des groupes pharmas suisses? La station d’épuration bâloise <em>ProRheno</em> a deux installations: une pour les eaux usées des ménages et une pour les eaux usées industrielles; Novartis et Roche utilisent cette dernière. Fait intéressant, selon les indications de Bürgmann, on a trouvé dans l’installation d’épuration des eaux usées industrielles nettement plus de germes résistant qu’en moyenne dans les autres stations d’épuration suisses. Les eaux usées des industries bâloises sont manifestement bien plus chargées en antibiotiques qu’ailleurs.</p> <p>Le mécanisme est le même qu’en Inde, bien que la concentration en antibiotiques et donc la quantité de super germes résistants soient bien moindres.</p> <p>Les eaux usées de la ville épurées chargées de germes résistants vont directement dans le Rhin. De même que les eaux usées épurées de l’industrie bâloise, dans lesquels Bürgmann a trouvé 30 à 3000 fois plus de germes résistants que dans les eaux usées de la ville.</p> <p>C'est pourquoi la ville de Bâle veut à présent construire, grâce à une subvention fédérale, une nouvelle station d’épuration à 33 millions de francs; elle devrait pouvoir éliminer plus de 80 pour cent des bactéries en recourant à l’ozone et à du charbon actif pulvérisé. La loi n’exigeait que la transformation des installations d’épuration <em>communales</em>, explique Alain Zaessinger, directeur de la station d’épuration bâloise ProRheno. Pour Helmut Bürgmann, une meilleure épuration des eaux usées industrielles est prioritaire.</p> <p>L’industrie est manifestement traitée avec des gants de velours.</p> <h3><strong>Emballages sans indication d’origine</strong></h3> <p>Les consommateurs n’ont aucune influence sur la surveillance étatique lacunaire et les pratiques des groupes pharmas qui ne veulent pas être responsables de leurs fournisseurs «certifiés» en Inde. Aucun emballage d'antibiotiques n’indique où sont produits les principes actifs et les pilules.</p> <p>Cela reste un vœux pieu de la microbiologiste Katrin Zurfluh: «Si nous faisons fabriquer les antibiotiques dans un autre pays, nous devons aussi être responsables de l’épuration sur place des eaux usées industrielles.»</p> <p>Le professeur Christoph Lübbert constate aussi: «Nous ramenons chez nous le problème que nous avons exporté par les voyages et le trafic aérien. 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Selon les indications de Roche, cette usine couvre 80 pour cent du marché mondial.</p> <h3><strong>Super germes indiens dans les eaux usées bâloises</strong></h3> <p>L’équipe de reporters de l’ARD et le professeur Christoph Lübbert ont également trouvé des super agents extrêmement résistants dans le fleuve <em>Musi</em> qui coule à travers Hyderabad et ressemble à un cloaque. Des millions de personnes peuvent être infectées par ce fleuve. «De tels agents résistants arrivent aussi en Allemagne avec les marchandises et les voyageurs.»</p> <p>De tels germes ont été identifiés pour la première fois il y a plus de deux ans dans <a href="https://www.infosperber.ch/data/attachements/17_Resistenzen.BS.Abwasser.pdf">les eaux usées bâloises</a> épurées. «Il y en avait aussi du type NDM. NDM signifie New Delhi, car des germes avec ce mécanisme de résistance ont été découverts pour la première fois en Inde», explique <em>Katrin Zurfluh,</em> microbiologiste à l’Université de Zurich. Manifestement, il y a déjà plus de Suisses porteurs de ces germes que ce que l’on pensait jusqu’à présent.</p> <p><em>Claudia Bagutti</em>, microbiologiste au laboratoire cantonal de Bâle-Ville, poursuit: «Nous étions très surpris et choqués. Jusqu’à présent nous croyions que les germes très résistants n’étaient que très peu répandus en Suisse.»</p> <p>Ces germes arrivent dans les eaux usées avec les matières fécales. Nos stations d’épuration peuvent réduire la quantité des bactéries, «mais pas supprimer complètement les bactéries résistantes», explique le microbiologiste <em>Helmut Bürgmann</em> de l’Institut fédéral EAWAG. En particulier, la part des germes résistants après le passage par la station d’épuration n’est pas vraiment réduite. «Nous pensons que les eaux usées sont chargées de résidus d'antibiotiques et que les bactéries résistantes survivent mieux que celles qui ne le sont pas.»</p> <blockquote> <h3><strong>Plus de germes résistants dans les eaux usées bâloises de Roche et Novartis</strong></h3> </blockquote> <p>Et qu’en est-il des eaux usées des groupes pharmas suisses? La station d’épuration bâloise <em>ProRheno</em> a deux installations: une pour les eaux usées des ménages et une pour les eaux usées industrielles; Novartis et Roche utilisent cette dernière. Fait intéressant, selon les indications de Bürgmann, on a trouvé dans l’installation d’épuration des eaux usées industrielles nettement plus de germes résistant qu’en moyenne dans les autres stations d’épuration suisses. Les eaux usées des industries bâloises sont manifestement bien plus chargées en antibiotiques qu’ailleurs.</p> <p>Le mécanisme est le même qu’en Inde, bien que la concentration en antibiotiques et donc la quantité de super germes résistants soient bien moindres.</p> <p>Les eaux usées de la ville épurées chargées de germes résistants vont directement dans le Rhin. De même que les eaux usées épurées de l’industrie bâloise, dans lesquels Bürgmann a trouvé 30 à 3000 fois plus de germes résistants que dans les eaux usées de la ville.</p> <p>C'est pourquoi la ville de Bâle veut à présent construire, grâce à une subvention fédérale, une nouvelle station d’épuration à 33 millions de francs; elle devrait pouvoir éliminer plus de 80 pour cent des bactéries en recourant à l’ozone et à du charbon actif pulvérisé. La loi n’exigeait que la transformation des installations d’épuration <em>communales</em>, explique Alain Zaessinger, directeur de la station d’épuration bâloise ProRheno. Pour Helmut Bürgmann, une meilleure épuration des eaux usées industrielles est prioritaire.</p> <p>L’industrie est manifestement traitée avec des gants de velours.</p> <h3><strong>Emballages sans indication d’origine</strong></h3> <p>Les consommateurs n’ont aucune influence sur la surveillance étatique lacunaire et les pratiques des groupes pharmas qui ne veulent pas être responsables de leurs fournisseurs «certifiés» en Inde. Aucun emballage d'antibiotiques n’indique où sont produits les principes actifs et les pilules.</p> <p>Cela reste un vœux pieu de la microbiologiste Katrin Zurfluh: «Si nous faisons fabriquer les antibiotiques dans un autre pays, nous devons aussi être responsables de l’épuration sur place des eaux usées industrielles.»</p> <p>Le professeur Christoph Lübbert constate aussi: «Nous ramenons chez nous le problème que nous avons exporté par les voyages et le trafic aérien. Les malades hospitalisés sont plus difficiles à traiter que ce a quoi nous avons été habitués au cours des années passées.»</p> <p>Le professeur <em>Fritz Sörgel</em>, directeur de l’Institut de recherche en biomédecine et pharmaceutique à Nuremberg, ajoute: «Si nous laissons la situation nous échapper, nous devrons faire face à une gigantesque bombe à retardement.»</p> <hr /> <h4>Certaines des citations proviennent du film documentaire de Karin Bauer et Christian Baars «Der unsichtbare Feind» diffusé le 8 novembre 2018 sur la SRF.</h4>', 'content_edition' => null, 'slug' => 'dangereux-super-germes-indiens-dans-les-eaux-usees-baloises', 'headline' => false, 'homepage' => 'col-md-12', 'like' => (int) 730, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1766, 'homepage_order' => (int) 2029, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'poster_attachment' => null, 'editions' => [], 'tags' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Tag) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Tag) {} ], 'locations' => [], 'attachment_images' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'attachments' => [ (int) 0 => object(Cake\ORM\Entity) {} ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'comments' => [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 1 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Comment) {}, (int) 3 => object(App\Model\Entity\Comment) {} ], 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ '*' => true, 'id' => false ], '[dirty]' => [], '[original]' => [], '[virtual]' => [], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [], '[invalid]' => [], '[repository]' => 'Posts' } $relatives = [ (int) 0 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5295, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => false, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Un bien cruel conte de Noël (1)', 'subtitle' => 'Catherine et Pierre forment un couple épanoui. 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De retour en Suisse, j’ai soigné ma salpingite et terminé mes études de lettres. Entre deux amants de passage, je traversais de longues périodes d’abstinence sexuelle sans que cela me coûte. A la manif, j’ai trouvé Pierre très beau avec sa moustache et sa barbe de cinq jours. Et je l’ai trouvé irrésistible lorsqu’il a jeté une bouteille vide en direction des forces de l’ordre qui voulaient nous empêcher d’accéder à la salle où se déroulait une assemblée de l’UDC, ce parti d’extrême droite honni par nous. Pierre s’est fait réprimander par les camarades communistes qui assuraient le service d’ordre et il a fini par en venir aux mains avec eux. J’ai spontanément pris sa défense, nous nous sommes faits bousculer et avons quitté la manifestation, lui avec une arcade sourcilière fendue, moi avec un fort désir pour lui. Je l’ai emmené chez moi pour soigner sa blessure et nous avons fait l’amour toute la nuit. 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Pierre est devenu agressif avec Mireille lorsque celle-ci a déclaré que les néo-féministes exagéraient et que #MeToo décourageait toute tentative de séduction de la part des hommes. «Je n’ai pas peur de le dire, j’aime bien que l’on me tienne la porte et que les hommes me fassent sentir qu’ils me désirent…» Pierre lui a rétorqué que le patriarcat était une forme de fascisme et qu’en tant que progressiste nous devions tout faire pour l’abattre. J’ai essayé de dévier la conversation sur la nourriture bio mais très vite c’est l’écriture inclusive qui a fait s’échauffer les esprits. Serge, qui se pique d’aimer la littérature, a déclaré que le français était en danger, qu’il fallait le sauver des points médians et des réformes de l’orthographe. 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Ils réduisent de manière significative la quantité de plastique qui se retrouve dans les océans.</p> <p>Malgré cela, et parce qu’ils font un travail salissant et vivent dans des endroits sales, ils sont souvent tenus pour responsables du problème de la pollution plastique. Dans les discours politiques des villes et des Etats, leur travail a longtemps été <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0956247816657302">tourné en dérision, considéré comme non qualifié et inefficace</a>. <a href="https://www.undp.org/blog/unsung-heroes-four-things-policymakers-can-do-empower-informal-waste-workers">L’absence de reconnaissance officielle</a> de leur travail rend leurs revenus particulièrement instables et précaires. 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Il a été demandé que leurs contributions historiques à la réduction de la pollution plastique soient explicitement reconnues, et qu’un objectif explicite de transition juste soit intégré au traité sur les plastiques.</p> <h3>Avec l’économie circulaire, tout le monde est gagnant?</h3> <p>La <a href="https://theconversation.com/quatre-idees-recues-sur-la-transition-juste-227569">transition juste</a> est un principe défendu par les groupes de travailleurs et les défenseurs de la justice sociale afin de garantir que les politiques de transition écologique protègent, améliorent et compensent équitablement les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés affectés par l’environnement.</p> <p>Les ramasseurs de déchets ont utilisé ce terme pour réclamer que le traité comprenne des dispositions pour améliorer leurs conditions de travail et de sécurité. Mais également pour que le traité intègre davantage les travailleurs informels aux systèmes de gestion des déchets, et pour exiger que les systèmes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-elargie-du-producteur-67766">responsabilité élargie des producteurs</a> (REP) soutiennent aussi les travailleurs du secteur des déchets, en particulier les <a href="https://www.wiego.org/gender-waste-project">femmes et d’autres groupes vulnérables</a>.</p> <p>Etonnamment, ces demandes ont obtenu le soutien d’un large éventail de parties prenantes puissantes. Par exemple la <a href="https://www.businessforplasticstreaty.org/vision-statement#Key-elements">Business Coalition for a Plastics Treaty</a>, les <a href="https://news.un.org/en/story/2024/10/1156301">dirigeants des Nations unies</a> et même <a href="https://resolutions.unep.org/resolutions/uploads/american_chemistry_council.pdf">l’industrie pétrochimique</a>.</p> <p>Certaines de ces demandes ont été intégrées aux projets de traité sur les plastiques discutés au cours des négociations, ce qui représente une victoire majeure pour les travailleurs du secteur informel des déchets.</p> <p>Un consensus se dégage sur le fait qu’une économie circulaire inclusive peut être bénéfique à la fois pour l’environnement, l’économie et les travailleurs en améliorant la gestion de la pollution, les moyens de subsistance et les opportunités de croissance économique pour les entreprises.</p> <p>Ces promesses demandent toutefois à être vérifiées sur le terrain. 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Les efforts visant à donner la priorité à la traçabilité et à la transparence – dans le but d’améliorer l’efficacité du marché et le respect de la réglementation – désavantagent souvent les travailleurs informels.</p> <p>Ces derniers ne disposent pas des ressources et des capacités techniques nécessaires pour adopter des systèmes de suivi complexes basés sur les SIG ou la blockchain, et se retrouvent exclus des processus formalisés. Les start-up financées par le capital-risque et les grandes entreprises s’emparent alors du secteur du recyclage.</p> <p>Les multinationales préfèrent d’ailleurs les partenariats avec des start-up technologiques qui offrent des services à «valeur ajoutée» tels que des indicateurs et des tableaux de bord environnementaux, permettant aux entreprises de mettre en scène leur propre récit sur le développement durable. Souvent issus de milieux éduqués et privilégiés, les employés de ces firmes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001671852300057X">concurrencent les travailleurs informels existants, les subordonnant au passage</a>.</p> <p>A l’inverse, les femmes et les membres des minorités ethno-raciales et religieuses, qui constituent la majorité des travailleurs des économies informelles des déchets, sont confrontés à des obstacles supplémentaires. Notamment des <a href="https://mouvements.info/recuperateurs-de-dechets/">stigmates sociaux bien ancrés</a> qui limitent leur capacité à participer sur un pied d’égalité à ces marchés émergents. 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Une étude de <a href="https://www.circle-economy.com/resources/decent-work-in-the-circular-economy">Circle Economy</a> souligne que la plupart des emplois du secteur de l’économie circulaire restent ad-hoc et informels et ne bénéficient pas des garanties d’un emploi décent.</p> <p>En fin de compte, les travailleurs informels sont confrontés à un choix difficile: soit ils acceptent d’être exploités au sein des circuits de traitements des déchets en tant que simples ressources, soit ils risquent de perdre complètement leurs moyens de subsistance.</p> <p>Les systèmes actuels de production et de consommation du plastique déplacent donc la charge des déchets sur des communautés autochtones ou ethniques marginalisées, créant ainsi des <a href="https://www.dukeupress.edu/pollution-is-colonialism">zones sacrifiées</a>. Ce déplacement permet de maintenir la rentabilité, tout en perpétuant les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales.</p> <p>En promouvant des technologies de <a href="https://www.bbc.com/afrique/monde-57087908">recyclage chimique</a> non éprouvées et en étendant les marchés du plastique, les entreprises <a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">pétrochimiques</a> et de matières plastiques <a href="https://direct.mit.edu/glep/article/21/2/121/97367/Future-Proofing-Capitalism-The-Paradox-of-the">s’approprient le langage de l’économie circulaire</a>. Cela leur permet de donner un vernis écologique à leurs propositions, tout en maintenant le <em>statu quo</em> sur les inégalités.</p> <p>Pendant ce temps, la HAC, plusieurs ONG et même certains ramasseurs de déchets invoquent également l’économie circulaire comme solution à la crise du plastique, en mettant l’accent sur le réemploi et le recyclage inclusif.</p> <h3>Demander des comptes aux pollueurs plutôt que compter sur l’efficacité du marché</h3> <p>Pour que l’économie circulaire aille au-delà de la simple protection du capitalisme fossile, elle doit prendre en compte les collecteurs de déchets et recycleurs informels dans le Sud et reconnaître les limites des mécanismes basés sur le marché. C’est vrai aussi bien pour le traité international sur la pollution plastique que pour d’autres démarches régionales comme le <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2021/679066/EPRS_ATA(2021)679066_FR.pdf">plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire</a>.</p> <p>En effet, toute stratégie de lutte contre la pollution plastique basée sur le marché et axée sur le profit est susceptible de reproduire ces schémas d’inégalité. Et par la même occasion, de pérenniser les injustices systémiques qui soutiennent le statu quo. Pour une transition vraiment juste, la lutte contre la pollution plastique ne doit donc pas devenir une opportunité de croissance économique ou de profit.</p> <p>Au contraire, nous avons besoin d’une approche centrée sur la réparation. Il faut d’abord, pour cela, reconnaître les contributions historiques des collecteurs informels du plastique ainsi que les préjudices qu’ils subissent. Puis redistribuer les ressources aux personnes les plus touchées et créer des systèmes qui donnent la priorité à la restauration de l’environnement et à la justice sociale plutôt qu’au profit des entreprises.</p> <p>Une économie circulaire bien financée devrait d’abord renforcer le pouvoir des travailleurs, puis améliorer les capacités des infrastructures et réduire la concentration de ces déchets en produits chimiques toxiques, plutôt que de s’appuyer sur des solutions basées sur le marché qui aggravent les inégalités.</p> <p>Les vraies solutions consistent à demander des comptes aux pollueurs et à adopter des approches circulaires fondées sur la sobriété et la réparation, et non sur l’efficacité du marché.<img src="https://counter.theconversation.com/content/244065/count.gif?distributor=republish-lightbox-basic" alt="The Conversation" width="1" height="1" /></p> <hr /> <h4><span><a href="https://theconversation.com/profiles/manisha-anantharaman-1526162">Manisha Anantharaman</a>, Assistant Professor, Center for the Sociology of Organisations, CNRS/Sciences Po, <em><a href="https://theconversation.com/institutions/sciences-po-2196">Sciences Po </a></em></span></h4> <h4>Cet article est republié à partir de <a href="https://theconversation.com">The Conversation</a> sous licence Creative Commons. Lire l’<a href="https://theconversation.com/les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique-244065">article original</a>.</h4> </div>', 'content_edition' => '', 'slug' => 'les-ramasseurs-de-dechets-grands-perdants-du-recit-dominant-sur-la-pollution-plastique', 'headline' => null, 'homepage' => null, 'like' => (int) 42, 'editor' => null, 'index_order' => (int) 1, 'homepage_order' => (int) 1, 'original_url' => '', 'podcast' => false, 'tagline' => null, 'poster' => null, 'category_id' => (int) 5, 'person_id' => (int) 85, 'post_type_id' => (int) 1, 'post_type' => object(App\Model\Entity\PostType) {}, 'comments' => [[maximum depth reached]], 'tags' => [ [maximum depth reached] ], 'locations' => [[maximum depth reached]], 'attachment_images' => [ [maximum depth reached] ], 'person' => object(App\Model\Entity\Person) {}, 'category' => object(App\Model\Entity\Category) {}, '[new]' => false, '[accessible]' => [ [maximum depth reached] ], '[dirty]' => [[maximum depth reached]], '[original]' => [[maximum depth reached]], '[virtual]' => [[maximum depth reached]], '[hasErrors]' => false, '[errors]' => [[maximum depth reached]], '[invalid]' => [[maximum depth reached]], '[repository]' => 'Posts' }, (int) 2 => object(App\Model\Entity\Post) { 'id' => (int) 5283, 'created' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'modified' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'publish_date' => object(Cake\I18n\FrozenTime) {}, 'notified' => null, 'free' => true, 'status' => 'PUBLISHED', 'priority' => null, 'readed' => null, 'subhead' => null, 'title' => 'Les Etats-Unis financent un collectif international de journalistes', 'subtitle' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'subtitle_edition' => 'Si le réseau Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a révélé des avoirs russes cachés ou la corruption au Venezuela, le Delaware, paradis de l'évasion fiscale, reste pour lui un tabou. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Drew Sullivan, son cofondateur.', 'content' => '<p style="text-align: center;"><strong>Urs P. Gasche</strong>, article publié sur <a href="https://www.infosperber.ch/medien/medienkritik/die-usa-finanzieren-internationales-journalisten-kollektiv/" target="_blank" rel="noopener"><em>Infosperber</em></a> le 5 décembre 2024, traduit par <em>Bon Pour La Tête</em></p> <hr /> <p>Parmi de nombreux autres médias, la <em>NZZ</em> et le <em>Tages-Anzeiger</em> ont diffusé à plusieurs reprises des révélations du réseau international de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Ce faisant, ils n'ont pas rendu transparent le fait que les services gouvernementaux américains paient la moitié du budget de l'OCCRP. L'UE et les Etats membres de l'UE financent les 20 % restants.</p> <p>Avec un budget annuel de 20 millions d'euros et plus de 150 journalistes sur tous les continents, l'<a href="https://www.occrp.org/en">OCCRP</a> − en partie en collaboration avec le <a href="https://www.icij.org/">Réseau international des journalistes d'investigation</a> ICIJ − a lancé les plus grands projets internationaux de journalisme d'investigation de ces dernières années. Parmi eux, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Panama_Papers"><em>The Panama Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pandora_Papers"><em>Pandora Papers</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Suisse_Secrets"><em>Suisse Secrets</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/narcofiles-the-new-criminal-order"><em>Narco Files</em></a><em>, </em><a href="https://www.occrp.org/en/project/the-pegasus-project/about-the-project"><em>Pegasus Project</em></a><em>, </em><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cyprus_Confidential"><em>Cyprus Confidential </em></a>et la série <a href="https://de.wikipedia.org/wiki/Die_Geldw%C3%A4scherei"><em>Laundromat</em></a>, qui a révélé les systèmes de blanchiment d'argent des élites dirigeantes en Azerbaïdjan et en Russie.</p> <h3><strong>Non sans conditions</strong></h3> <p>Les agences gouvernementales américaines ne financent pas l'OCCRP sans contrepartie: l'<a href="https://www.usaid.gov/"> U.S. Agency for International Development</a> dispose d'un droit de veto sur la nomination des dirigeants de l'OCCRP. De plus, l'agence gouvernementale américaine interdit d'utiliser son argent pour mettre au jour la corruption aux Etats-Unis.</p> <p>Certaines subventions étaient même affectées à un but précis: le Department of State, par exemple, a versé 173 000 dollars à l'OCCRP pour «détecter et combattre la corruption au Venezuela». Ou l'<a href="https://www.usaid.gov/">Agence pour le développement international (USAID)</a> a versé plus de deux millions de dollars dans le but de «mettre au jour la criminalité et la corruption à Malte et à Chypre».</p> <p>Le journal en ligne français indépendant <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">« Mediapart »</a> en a parlé le 2 décembre 2024 <a href="https://www.mediapart.fr/en/journal/international/021224/hidden-links-between-giant-investigative-journalism-and-us-government">.</a></p> <p>Le fondateur de l'OCCRP est un ancien employé <a href="https://www.rockwellautomation.com/de-ch.html">de Rockwell</a> devenu journaliste: <a href="https://www.occrp.org/en/staff/drew-sullivan">Drew Sullivan</a>. L'OCCRP a été créé à l'instigation de fonctionnaires du gouvernement américain. Selon Mediapart, Sullivan a reçu pour cela, en 2008, un financement de départ de 1,7 million de dollars du <a href="https://www.state.gov/bureaus-offices/under-secretary-for-civilian-security-democracy-and-human-rights/bureau-of-international-narcotics-and-law-enforcement-affairs/">Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs</a>(INL). Il s'agit d'une agence d'application de la loi du Département d'Etat américain.</p> <p>L'OCCRP s'appuie souvent sur des documents divulgués provenant de sources non identifiées. La qualité des recherches et des révélations de l'OCCRP n'est pas mise en doute. L'orientation unilatérale des recherches et le manque de transparence des informations sur le financement donnent lieu à des critiques.</p> <p>L'ampleur des liens personnels et financiers de l'OCCRP avec le gouvernement américain va à l'encontre de «tous les principes de l'éthique journalistique». C'est ce qu'a déclaré Leonard Novy, directeur de l'Institut allemand des médias et de la politique de communication, à la chaîne NDR. Cela laisse supposer que les journalistes peuvent être utilisés ou instrumentalisés à des fins politiques.</p> <p>Sullivan et l'OCCRP ont également laissé les médias partenaires et leurs lecteurs dans l'ignorance de leur proximité avec le gouvernement américain. Selon Leonard Novy, l'organisation a ainsi dépassé les limites.</p> <h3><strong>Sullivan n'a pas voulu parler clairement aujourd'hui encore</strong></h3> <p>Sullivan a d'abord affirmé à la chaîne NDR que l'OCCRP avait «un groupe de donateurs largement répandu», parmi lesquels «aucun donateur individuel ne domine». Il a ajouté que «le gouvernement américain [...] est l'un des plus grands donateurs, mais ce n'est pas un pourcentage énorme». Confronté aux dernières découvertes, il a finalement reconnu l'importance du financement de Washington: «C'est le plus grand bailleur de fonds de l'OCCRP, oui, et ce depuis presque le début de notre histoire. [...] Je suis très reconnaissant au gouvernement américain.»</p> <p>Par écrit, Sullivan a renchéri: «Nous avons dû décider si nous voulions accepter de l'argent du gouvernement ou ne pas exister.» Sur le site web de l'OCCRP, les montants des sponsors ne sont pas indiqués.</p> <h3><strong>Conditions posées</strong></h3> <p>Sullivan a confirmé à la NDR le pouvoir d'influence des autorités américaines: «Dans le cadre d'accords de coopération que nous n'aimons pas conclure, ils ont un droit de regard sur le choix des personnes [...] Ils peuvent mettre leur veto sur quelqu'un [...] Ils n'ont jamais mis leur veto sur quelqu'un.»</p> <p>L'OCCRP ne peut pas enquêter sur des affaires américaines avec l'argent fourni par Washington. «Notre politique veut que nous ne fassions pas de rapports sur un pays avec son propre argent», a déclaré Sullivan à la NDR. «Je pense que le gouvernement américain ne le permet pas. Mais même dans d'autres pays où ces dispositions n'existent pas, nous ne le faisons pas parce que cela vous place dans une situation de conflit d'intérêts et que vous préférez rester à l'écart de telles situations.»</p> <p>Ainsi, le paradis fiscal américain du Delaware n'a jamais fait l'objet de toutes les recherches sur l'évasion fiscale et l'argent de la corruption.</p> <p>L'OCCRP a tout de même effectué des recherches isolées aux Etats-Unis: par exemple sur les <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/meet-the-florida-duo-helping-giuliani-investigate-for-trump-in-ukraine">hommes d'affaires</a> qui avaient soutenu l'avocat de Donald Trump pour nuire à Joe Biden, ou sur la manière dont le Pentagone a dépensé des sommes énormes pour <a href="https://www.occrp.org/en/project/making-a-killing/revealed-the-pentagon-is-spending-up-to-22-billion-on-soviet-style-arms-for-syrian-rebels">fournir des armes</a> à des groupes rebelles en Syrie, ou encore sur un <a href="https://www.occrp.org/en/investigation/flight-of-the-monarch-us-govt-contracted-airline-once-owned-by-criminals-with-ties-to-russian-mob">contrat</a> entre le gouvernement américain et une compagnie aérienne dont les propriétaires sont liés au crime organisé en Russie.</p> <p>Ces recherches ont manifestement respecté une autre condition imposée par les autorités américaines à l'OCCRP: l'activité doit être «en accord avec la politique étrangère et les intérêts économiques des Etats-Unis et les promouvoir.» (<a href="https://www.govinfo.gov/content/pkg/COMPS-1071/pdf/COMPS-1071.pdf">US Foreign Assistance Act</a>).</p> <h3><strong>Voici comment la «NZZ» et Tamedia ont présenté la source OCCRP</strong></h3> <p><strong>«NZZ» du 19 juillet 2023</strong></p> <p>«L'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) est un réseau d'organisations journalistiques fondé en 2006, basé dans de nombreux pays différents et fonctionnant sous cette forme en tant que filiale du Journalism Development Network à but non lucratif, dont le siège est dans le Maryland.»</p> <p><strong>«Tages-Anzeiger» du 21 juin 2023</strong></p> <p>«Grâce à l'organisation OCCRP, des journalistes femmes de plusieurs pays ont pu étudier ces données, dont <em>Der Standard</em> en Autriche et <em>Der Spiegel</em> en Allemagne. Pour la Suisse, le bureau de recherche de Tamedia et Paper Trail Media était de la partie.»</p> <h3><strong>Informations complémentaires</strong></h3> <p><strong>22 décembre 2022</strong> <a href="https://www.infosperber.ch/politik/welt/twitter-diente-jahrelang-als-gehilfe-des-pentagons/">Twitter a servi pendant des années d'auxiliaire au Pentagone</a>. Elon Musk a partiellement révélé les outils internes de Twitter. Ils prouvent des services d'hommes de main pour la propagande de l'armée américaine à l'étranger.</p> <p><strong>12 février 2009</strong> <a href="https://www.tagesanzeiger.ch/27-000-pr-berater-polieren-image-der-usa-631302390683">27 000 conseillers en relations publiques polissent l'image des Etats-Unis</a>. Des faits presque incroyables sur le travail de relations publiques du Pentagone.</p> <p><strong>20 avril 2008</strong> <a href="https://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/gekaufte-meinung-pentagon-beschaeftigt-pr-armee-fuer-us-tv-a-548519.html">Le Pentagone emploie une armée de RP pour la télévision américaine</a>. 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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@Kukisteph 25.06.2019 | 18h51
«Un article explosif à tout points de vue! Un autre grave problème imprévisible qui menace la vie sur terre, à l'image peut-être de Trump et ses talents de diplomates.
Bravo et merci à vous de la qualité de vos enquêtes.»
@Bénou57 25.06.2019 | 21h23
«Édifiant et terrifiant ! Le monde dans lequel nous vivons va vraiment très mal.»
@stef 21.07.2019 | 15h41
«Merci pour cette enquête explosive, qui devrait être largement diffusée et médiatisée !»
@vladm 24.08.2019 | 10h38
«Où peut-on encore trouver le reportage de SRF ?
Le cynisme de notre système industrie et politique est affligeant. Alors que ces groupes pharmaceutiques, en Suisse comme en Inde, ont les spécialistes pour comprendre et prévenir ce genre de « bombe bactériologique à retardement » le respect d’une législation qui n’est pas adaptée, lacunaire ou simplement inexistante, comme dans de nombreux pays émergents, dédouane ces entreprises. Les gains à court terme sont malheureusement préférés à une véritable responsabilité et volonté de soulager par des médicaments les maladies actuelles et futures.
Même si ce n’est pas le thème de cet article, encore une raison pour voter Oui a l’initiative sur des multinationales responsables. »