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<p style="text-align: center;"><strong>Emmanuel Deonna</strong></p>
<p style="text-align: center;"><strong>Chercheur en sciences sociales, journaliste indépendant et Président de la Commission Migration, intégration et Genève internationale</strong></p>
<hr />
<p><em>#Female Pleasure</em> raconte de manière saisissante la résistance des femmes, aux quatre coins du monde, à la pensée misogyne, à la diabolisation de leur corps ainsi qu’aux violences psychologiques et sexuelles qui leur sont infligées par les hommes. Après s’être intéressée au clitoris et à l’exposition des jeunes, dès leur plus jeune âge, à la pornographie dans deux reportages pour la télévision publique suisse alémanique, Barbara Miller a consacré un long-métrage documentaire au combat pour les droits humains et la liberté d’expression de trois bloggeuses à Cuba, en Chine et en Iran (<em>Forbidden Voices</em>, 2012). Dans ce sillage, elle s’interroge sur la vie intime des femmes, la perception et le traitement réservés à leur corps et à leur sexualité dans différentes religions et cultures du monde. Elle a souhaité réaliser un tour d’horizon de ces phénomènes au niveau global. Et explorer l’influence exercée en toile de fond par les traditions religieuses. A l’issue de nombreuses conversations avec des femmes et de longues recherches sur le sujet, elle décide de documenter le parcours de cinq activistes. Chacune d’entre elles ont en commun d’avoir brisé le tabou de la violence qui leur a été infligée. Chacune a décidé d’endosser le rôle de porte-drapeau, de lutter publiquement et avec détermination contre la violence à l’égard des femmes et la répression de leur sexualité.</p>
<h3><strong>Violences masculines et négation du plaisir féminin: un phénomène global</strong></h3>
<p>Au total, Barbara Miller a passé cinq ans avec cinq femmes au destin à la fois hors du commun et exemplaire: Deborah Feldman, auteure américaine, a échappé à l’enfer qu’elle vivait au sein de la communauté juive hassidique de New York; la psychothérapeute somali Leyla Hussein s’est lancée dans une campagne internationale contre les mutilations génitales féminines après avoir subi enfant cette torture; l’artiste manga japonaise Rokudenashiko doit se défendre devant la justice japonaise pour son travail plastique qui met à l’honneur le sexe féminin; la chercheuse bavaroise Doris Wagner, une ancienne nonne, dénonce publiquement, par le biais de livres et d’interventions dans les médias, les abus qu’elle a subis dans une congrégation spirituelle romaine; Vithika Yadav s’engage dans la prévention des violences sexuelles et l’éducation amoureuse dans les rues de Dehli et sur les réseaux sociaux indiens. Barbara Miller a noué des rapports de complicité et de confiance avec chacune de ces cinq femmes exceptionnelles. Ceux-ci se reflètent dans la forme et la qualité des entretiens réalisés. Le courage et la détermination de ces femmes s’observent au quotidien: dans les activités de leurs ONGs, leurs interventions dans l’espace public et dans les médias. Cependant, la caméra permet aussi de les voir évoluer dans leur contexte familial et intime. On les découvre en train de faire de l’exercice physique, de se maquiller, de se coiffer, de passer du temps en compagnie de leur compagnon et de leurs enfants. Elles prennent également le temps de contempler de très beaux paysages végétaux et marins. L’environnement extérieur majestueux fait écho à leur courageux combat intérieur. On passe d’une histoire à l’autre à mesure que le récit, grave mais pas pessimiste, progresse. Le montage du film souligne de façon éloquente la communauté de destins qui lie ces cinq femmes et la valeur paradigmatique de leur expérience. <em>#Female Pleasure</em> célèbre leur féminité joyeuse, illustre leur courage et la justesse de leur combat.<br /><br /></p>
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<h4 style="text-align: center;">Barbara Miller avec Rokudenashiko, Leyla Hussein, Vithika Yadav et Doris Wagner. <small>© Mons Veneris<br /><br /></small></h4>
<p><strong>BPLT: Comment se sont tissés les liens avec les cinq héroïnes de </strong>#<strong>Female Pleasure? Comment vivent-elles aujourd’hui le succès rencontré par le film? </strong></p>
<p>B.M: Ces cinq femmes représentent des centaines de milliers d’autres femmes (voire plus) confrontées aux mêmes problèmes. En discutant longuement avec elles, je me suis rendue compte que nous parlions bien toutes de la même chose. Malheureusement, dès qu’il est question de femme, cette réalité est universelle. Deborah Feldman, Leyla Hussein, Vikhita Yadav, Rokudenashiko et Doris Wagner étaient déjà bien avancées sur le plan de la conscientisation. Elles étaient déjà actives publiquement au moment où je les ai rencontrées. Par exemple, Doris Wagner avait publié un ouvrage qui n’avait pas encore obtenu beaucoup d’écho. L’aventure autour du film a duré cinq ans. Nous avons établi rapidement des rapports de grande confiance. J’aurais pu en réalité faire plusieurs films de nonante minutes en explorant la façon de vivre et de penser de chacune d’entre elles. Mais je ne souhaitais pas me confiner au registre du reportage. Je voulais montrer ce qu’il y a de commun dans leur trajectoire. Elles représentent la voix de toutes les femmes qui ont le courage de résister et de dénoncer les violences. Toutes les cinq ont eu énormément de plaisir à se rencontrer une fois le film terminé. Quatre d’entre elles étaient présentes lors de la Première mondiale au Festival de Locarno l’an dernier. Elles échangent très régulièrement entre elles via leur groupe <em>What’s app</em>. Elles se sentent liées aujourd’hui par une vraie communauté de destins.</p>
<p><strong>Les héroïnes du film</strong> <strong>prennent de grands risques en dénonçant les violences qu’elles ont subies et que subissent les femmes dans leur environnement. La médiatisation de leur histoire personnelle était-elle une nécessité vitale pour elles dans un tel contexte? </strong></p>
<p>Pendant le tournage, Deborah a décidé de quitter les Etats-Unis. Cependant, elle a estimé qu’elle devait s’appuyer sur les grands médias nationaux en popularisant son histoire pour garantir sa sécurité personnelle. Sa communauté hassidique d’origine est en effet extrêmement remontée contre elle. C’est pourquoi on la voit dans le film sur les plateaux d’Anderson Cooper sur CNN et d’autres médias nationaux de grande audience. Le récit de Doris Wagner a aujourd’hui plus de retombées qu’au début du tournage. Sa rencontre avec l’archevêque de Vienne a été médiatisée. D’une part, il a reconnu le mal que l’Eglise catholique a fait à Doris à titre personnel, ce qui revêtait une grande importance pour elle. D’autre part, il aussi publiquement déploré le silence emblématique de l’Eglise catholique dans cette affaire. Aujourd’hui, selon les statistiques, 30% des nonnes sont violées ou subissent des violences sexuelles. Doris Wagner s’est adressée au pape à plusieurs reprises depuis plusieurs années, sans obtenir de réponse. Le mois passé, pour la première fois, l’Eglise a reconnu publiquement l’ampleur du problème des abus commis contre les sœurs en son sein. D’une manière générale, les stratégies de dénonciation publiques ont suscité les réactions les plus violentes dans les cas de Deborah Feldman et Leyla Hussein. Cette dernière a reçu de nombreuses menaces de mort dans le cadre sa campagne internationale pour mettre un terme aux mutilations génitales féminines.</p>
<p><strong>Dans le film, on voit justement Leyla Hussein à l’œuvre avec une communauté de femmes et d’hommes d’une tribu Massaï au Kenya. Comment s’est déroulée cette partie du tournage? </strong></p>
<p>Nous étions bien introduits par l’ONG The Girl Generation co-fondée par Leyla Hussein et déjà active dans la région. Officiellement, le gouvernement kenyan – tout comme son homologue somalien – ont interdit les mutilations génitales féminines. Mais la tradition est plus forte que la loi. Comme on peut le voir dans le film, Leyla Hussein explique que l’excision empêche les femmes d’avoir du plaisir sexuel et provoque d’autres gros problèmes. Elle a dialogué longuement avec ces femmes et ces hommes. Plus l’on passe de temps à en parler, plus les interlocutrices et les interlocuteurs sont enclins à changer d’idées. <br /><br /></p>
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<h4 style="text-align: center;">Leyla Hussein en pleine conversation avec un groupe de femmes massaï, au Kenya. <small>©</small> Mons Veneris<br /><br /></h4>
<p>Les hommes Massaï ont accepté d’aborder ouvertement la problématique dès qu’ils ont compris que Leyla Hussein était engagée dans une campagne internationale contre les mutilations génitales féminines. Il était intéressant de remarquer qu’eux-mêmes souffrent de cette réalité. Ils fréquentent des prostituées d’autres tribus qui n’ont pas subi d’excision pour pouvoir partager le plaisir sexuel. Ils ont confié qu’ils regrettaient de ne pas pouvoir exprimer leurs émotions à propos de la sexualité et des injonctions de performance implicites qui pèsent sur la leur. A Londres, les jeunes somaliens ont été horrifiés une fois confrontés à la réalité des mutilations génitales féminines que leur a présenté Leyla Hussein.</p>
<p><strong>Comment se fait-il selon vous que les violences physiques et psychiques à l’égard des femmes et de leur corps perdurent avec une telle intensité? Comment peut-on remédier à cela? </strong></p>
<p>La pratique des mutilations génitales féminines est liée à l’idée que le corps des femmes doit absolument être contrôlé. Le contrôle du corps féminin donne à l’homme une impression de force et de puissance. Or, ce n’est pas le cas. Si les femmes éprouvaient du plaisir sexuel et pouvaient décider de leur sexualité, ce serait mieux pour les hommes et pour les femmes. Les femmes simulent l’orgasme partout dans le monde. Elles n’osent pas se faire entendre sur le sujet de leur sexualité. Pourtant, si elles et ils pouvaient ouvertement parler de leurs besoins et de leurs désirs sexuels, les choses seraient beaucoup plus faciles pour les hommes comme pour les femmes. Les femmes et les hommes devraient pouvoir parler librement de leurs émotions, devraient pouvoir aussi évoquer leurs insécurités. Si c’était le cas, les rapports sexuels entre hommes et femmes seraient probablement beaucoup plus détendus et procureraient beaucoup plus de plaisir. Malheureusement, la pornographie mainstream consommée partout dans le monde sur internet diffuse des idées et des croyances toxiques pour les deux sexes, comme par exemple à propos de la taille du pénis de l’homme, son devoir d’endurance à l’effort, le fait que les femmes doivent tout accepter, l’ignorance du plaisir procuré par le clitoris, etc. Ces idées et fausses croyances sont extrêmement néfastes. 90% des hommes dans le monde consomment de la pornographie sur internet. Et les statistiques indiquent aussi que plus la répression de la sexualité féminine est forte, plus la consommation de pornographie est grande.</p>
<p><strong>Le procès intenté à la plasticienne japonaise Rokudenashiko pour ses œuvres mettant à l’honneur le sexe féminin illustre bien vos propos. Comment celle-ci vit elle aujourd’hui cette situation? </strong></p>
<p>Comme l’illustrent les scènes du film, la perception du corps et du rôle des femmes au Japon est très loin de la réalité. La société japonaise est aussi très conformiste et intransigeante envers les moutons noirs qui ne suivent pas la norme dominante. Des avocats ont proposé spontanément de l’aide à Rokudenashiko. Et, dans le cadre de son procès, elle a aussi eu la chance de rencontrer son mari, un musicien irlandais qui avait composé et mis en ligne une chanson pour la soutenir. Ce qui fait qu’elle prend tout cela avec humour. Le couple vit aujourd’hui entre Tokyo et Dublin où elle bénéficie de plus de liberté. Si la cour suprême confirme sa condamnation ou la commue en peine pécuniaire, elle devra collecter de l’argent parmi ses soutiens. En visitant son petit village d’origine en périphérie de la capitale, j’ai pu constater que son père était fier de son action. Mais ce n’est pas le cas de sa mère qui a honte de sa fille. #<em>Female Pleasure</em> n’a pas été projeté dans le pays jusqu’à présent. Un article favorable à son art est cependant paru dans <em>Newsweek Japon</em>. Il faut espérer qu’il puisse avoir une influence positive sur le jugement final.</p>
<p><strong>Où le film a-t-il été projeté jusqu’à présent? Quelles sont en général les réactions du public? </strong></p>
<p>Le film a notamment reçu le Prix des droits de l’homme au Festival de Thessalonique et au Festival d’Istanbul, ainsi que le Prix interreligieux au Festival de Leipzig. C’était magnifique de recevoir ce prix. En effet, <em>#Female Pleasure</em> n’est pas un film contre la religion en général et je respecte totalement la foi des personnes. Il montre cependant que des structures patriarcales oppressives sont ancrées dans la société depuis des millénaires, que la religion est aujourd’hui encore interprétée de façon misogyne pour rabaisser les femmes, nier leur valeur et les asservir. L’objectification du corps des femmes ainsi que la façon de les rendre honteuse de leur corps servent aussi les intérêts du capitalisme, de l’industrie du vêtement et de la chirurgie esthétique. Le mois dernier, le film a été projeté en Pologne. Il a reçu le Prix du public. Dans ce pays profondément catholique, les gens ont pu échanger librement à propos du statut des femmes dans l’Eglise avec l’ancienne nonne Doris Wagner. De nombreux jeunes assistaient à la projection, mais des retraités étaient aussi présents. Un tiers de la salle était masculin. Les gens se questionnent manifestement beaucoup et étaient très reconnaissaient de pouvoir échanger librement sur ces sujets. Le film a aussi été projeté à Istanbul. Là aussi, on pouvait ressentir le besoin du public de discuter de ces sujets – la religion, la sexualité, les femmes – et c’était beau de voir les gens oser s’exprimer. Jusqu’au dernier moment, je craignais que l’événement ne puisse pas avoir lieu. Mais finalement nous avons reçu aucune réaction négative.</p>
<p><strong>Votre conscience féministe personnelle s’est-elle forgée par votre éducation? Quel regard portez-vous sur la situation des femmes en Suisse aujourd’hui? D’après-vous, quels sont les revendications principales portées par la grève féministe nationale du 14 juin?</strong></p>
<p>J’ai eu la chance de grandir dans une famille où régnait l’idée d’égalité. Ma mère m’a fait comprendre qu’en tant que fille j’étais l’égale des garçons, que toutes les possibilités devaient s’offrir à moi, y compris celle d’explorer mon corps. Mon père m’a donné le sentiment que je pouvais faire les mêmes choses que les garçons. Cependant, j’ai été rapidement conscientisée aux inégalités hommes-femmes dans la société. Avant de me lancer dans la réalisation de films, j’ai d’abord étudié le droit en pensant que ce serait une bonne façon de faire changer les choses. La situation des femmes en Suisse est préoccupante. Il y a peu de femmes à des postes à responsabilité. Les femmes gagnent en moyenne en tous cas 20% de moins que les hommes. La protection des femmes par la loi est lacunaire. La culture du viol est toujours prégnante. Les femmes ont peur de dénoncer les violences sexuelles qu’elles subissent à la police. La grève féministe du 14 juin doit permettre de faire passer un message sans équivoque. « Le temps pour l’égalité des rôles, l’égalité des salaires, pour l’égalité des droits est arrivé ! Nous vivons au 21ème siècle ! ». Les discriminations contre les femmes enceintes et les mères sont aberrantes. En Allemagne et d’autres pays européens, il existe des congés paternité. Nous avons besoin de pères aimants qui puissent servir de référence pour aider les enfants à grandir. L’obligation pour les femmes de rester à la maison lorsqu’elles ont un enfant est malheureusement encore très souvent la norme. Au cours de vingt dernières années, l’augmentation du salaire des femmes a été d’à peine 0.5%. Les femmes perdent ainsi douze milliards de francs par année. Il fait aussi se rappeler qu’elles n’avaient pas le droit de choisir leur travail et de posséder un compte bancaire avant 1978. Quant au viol dans le cadre du mariage, il a été criminalisé seulement en 1991. Tout cela est vraiment une honte pour un pays aussi moderne et aussi riche que la Suisse ! Nous avons encore énormément d’efforts et de progrès à accomplir!</p>
<hr />
<h2>La bande-annonce de <em>#Female Pleasure</em>:</h2>
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<hr />
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<p><em>#Female Pleasure</em> raconte de manière saisissante la résistance des femmes, aux quatre coins du monde, à la pensée misogyne, à la diabolisation de leur corps ainsi qu’aux violences psychologiques et sexuelles qui leur sont infligées par les hommes. Après s’être intéressée au clitoris et à l’exposition des jeunes, dès leur plus jeune âge, à la pornographie dans deux reportages pour la télévision publique suisse alémanique, Barbara Miller a consacré un long-métrage documentaire au combat pour les droits humains et la liberté d’expression de trois bloggeuses à Cuba, en Chine et en Iran (<em>Forbidden Voices</em>, 2012). Dans ce sillage, elle s’interroge sur la vie intime des femmes, la perception et le traitement réservés à leur corps et à leur sexualité dans différentes religions et cultures du monde. Elle a souhaité réaliser un tour d’horizon de ces phénomènes au niveau global. Et explorer l’influence exercée en toile de fond par les traditions religieuses. A l’issue de nombreuses conversations avec des femmes et de longues recherches sur le sujet, elle décide de documenter le parcours de cinq activistes. Chacune d’entre elles ont en commun d’avoir brisé le tabou de la violence qui leur a été infligée. Chacune a décidé d’endosser le rôle de porte-drapeau, de lutter publiquement et avec détermination contre la violence à l’égard des femmes et la répression de leur sexualité.</p>
<h3><strong>Violences masculines et négation du plaisir féminin: un phénomène global</strong></h3>
<p>Au total, Barbara Miller a passé cinq ans avec cinq femmes au destin à la fois hors du commun et exemplaire: Deborah Feldman, auteure américaine, a échappé à l’enfer qu’elle vivait au sein de la communauté juive hassidique de New York; la psychothérapeute somali Leyla Hussein s’est lancée dans une campagne internationale contre les mutilations génitales féminines après avoir subi enfant cette torture; l’artiste manga japonaise Rokudenashiko doit se défendre devant la justice japonaise pour son travail plastique qui met à l’honneur le sexe féminin; la chercheuse bavaroise Doris Wagner, une ancienne nonne, dénonce publiquement, par le biais de livres et d’interventions dans les médias, les abus qu’elle a subis dans une congrégation spirituelle romaine; Vithika Yadav s’engage dans la prévention des violences sexuelles et l’éducation amoureuse dans les rues de Dehli et sur les réseaux sociaux indiens. Barbara Miller a noué des rapports de complicité et de confiance avec chacune de ces cinq femmes exceptionnelles. Ceux-ci se reflètent dans la forme et la qualité des entretiens réalisés. Le courage et la détermination de ces femmes s’observent au quotidien: dans les activités de leurs ONGs, leurs interventions dans l’espace public et dans les médias. Cependant, la caméra permet aussi de les voir évoluer dans leur contexte familial et intime. On les découvre en train de faire de l’exercice physique, de se maquiller, de se coiffer, de passer du temps en compagnie de leur compagnon et de leurs enfants. Elles prennent également le temps de contempler de très beaux paysages végétaux et marins. L’environnement extérieur majestueux fait écho à leur courageux combat intérieur. On passe d’une histoire à l’autre à mesure que le récit, grave mais pas pessimiste, progresse. Le montage du film souligne de façon éloquente la communauté de destins qui lie ces cinq femmes et la valeur paradigmatique de leur expérience. <em>#Female Pleasure</em> célèbre leur féminité joyeuse, illustre leur courage et la justesse de leur combat.<br /><br /></p>
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<h4 style="text-align: center;">Barbara Miller avec Rokudenashiko, Leyla Hussein, Vithika Yadav et Doris Wagner. <small>© Mons Veneris<br /><br /></small></h4>
<p><strong>BPLT: Comment se sont tissés les liens avec les cinq héroïnes de </strong>#<strong>Female Pleasure? Comment vivent-elles aujourd’hui le succès rencontré par le film? </strong></p>
<p>B.M: Ces cinq femmes représentent des centaines de milliers d’autres femmes (voire plus) confrontées aux mêmes problèmes. En discutant longuement avec elles, je me suis rendue compte que nous parlions bien toutes de la même chose. Malheureusement, dès qu’il est question de femme, cette réalité est universelle. Deborah Feldman, Leyla Hussein, Vikhita Yadav, Rokudenashiko et Doris Wagner étaient déjà bien avancées sur le plan de la conscientisation. Elles étaient déjà actives publiquement au moment où je les ai rencontrées. Par exemple, Doris Wagner avait publié un ouvrage qui n’avait pas encore obtenu beaucoup d’écho. L’aventure autour du film a duré cinq ans. Nous avons établi rapidement des rapports de grande confiance. J’aurais pu en réalité faire plusieurs films de nonante minutes en explorant la façon de vivre et de penser de chacune d’entre elles. Mais je ne souhaitais pas me confiner au registre du reportage. Je voulais montrer ce qu’il y a de commun dans leur trajectoire. Elles représentent la voix de toutes les femmes qui ont le courage de résister et de dénoncer les violences. Toutes les cinq ont eu énormément de plaisir à se rencontrer une fois le film terminé. Quatre d’entre elles étaient présentes lors de la Première mondiale au Festival de Locarno l’an dernier. Elles échangent très régulièrement entre elles via leur groupe <em>What’s app</em>. Elles se sentent liées aujourd’hui par une vraie communauté de destins.</p>
<p><strong>Les héroïnes du film</strong> <strong>prennent de grands risques en dénonçant les violences qu’elles ont subies et que subissent les femmes dans leur environnement. La médiatisation de leur histoire personnelle était-elle une nécessité vitale pour elles dans un tel contexte? </strong></p>
<p>Pendant le tournage, Deborah a décidé de quitter les Etats-Unis. Cependant, elle a estimé qu’elle devait s’appuyer sur les grands médias nationaux en popularisant son histoire pour garantir sa sécurité personnelle. Sa communauté hassidique d’origine est en effet extrêmement remontée contre elle. C’est pourquoi on la voit dans le film sur les plateaux d’Anderson Cooper sur CNN et d’autres médias nationaux de grande audience. Le récit de Doris Wagner a aujourd’hui plus de retombées qu’au début du tournage. Sa rencontre avec l’archevêque de Vienne a été médiatisée. D’une part, il a reconnu le mal que l’Eglise catholique a fait à Doris à titre personnel, ce qui revêtait une grande importance pour elle. D’autre part, il aussi publiquement déploré le silence emblématique de l’Eglise catholique dans cette affaire. Aujourd’hui, selon les statistiques, 30% des nonnes sont violées ou subissent des violences sexuelles. Doris Wagner s’est adressée au pape à plusieurs reprises depuis plusieurs années, sans obtenir de réponse. Le mois passé, pour la première fois, l’Eglise a reconnu publiquement l’ampleur du problème des abus commis contre les sœurs en son sein. D’une manière générale, les stratégies de dénonciation publiques ont suscité les réactions les plus violentes dans les cas de Deborah Feldman et Leyla Hussein. Cette dernière a reçu de nombreuses menaces de mort dans le cadre sa campagne internationale pour mettre un terme aux mutilations génitales féminines.</p>
<p><strong>Dans le film, on voit justement Leyla Hussein à l’œuvre avec une communauté de femmes et d’hommes d’une tribu Massaï au Kenya. Comment s’est déroulée cette partie du tournage? </strong></p>
<p>Nous étions bien introduits par l’ONG The Girl Generation co-fondée par Leyla Hussein et déjà active dans la région. Officiellement, le gouvernement kenyan – tout comme son homologue somalien – ont interdit les mutilations génitales féminines. Mais la tradition est plus forte que la loi. Comme on peut le voir dans le film, Leyla Hussein explique que l’excision empêche les femmes d’avoir du plaisir sexuel et provoque d’autres gros problèmes. Elle a dialogué longuement avec ces femmes et ces hommes. Plus l’on passe de temps à en parler, plus les interlocutrices et les interlocuteurs sont enclins à changer d’idées. <br /><br /></p>
<p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1560690549_07_female_pleasure_leylahussein_talkswithmassaiwomenaboutfgmkenya_copyrightmonsvenerisfilmsgmbh.jpg" class="img-responsive img-fluid center " /></p>
<h4 style="text-align: center;">Leyla Hussein en pleine conversation avec un groupe de femmes massaï, au Kenya. <small>©</small> Mons Veneris<br /><br /></h4>
<p>Les hommes Massaï ont accepté d’aborder ouvertement la problématique dès qu’ils ont compris que Leyla Hussein était engagée dans une campagne internationale contre les mutilations génitales féminines. Il était intéressant de remarquer qu’eux-mêmes souffrent de cette réalité. Ils fréquentent des prostituées d’autres tribus qui n’ont pas subi d’excision pour pouvoir partager le plaisir sexuel. Ils ont confié qu’ils regrettaient de ne pas pouvoir exprimer leurs émotions à propos de la sexualité et des injonctions de performance implicites qui pèsent sur la leur. A Londres, les jeunes somaliens ont été horrifiés une fois confrontés à la réalité des mutilations génitales féminines que leur a présenté Leyla Hussein.</p>
<p><strong>Comment se fait-il selon vous que les violences physiques et psychiques à l’égard des femmes et de leur corps perdurent avec une telle intensité? Comment peut-on remédier à cela? </strong></p>
<p>La pratique des mutilations génitales féminines est liée à l’idée que le corps des femmes doit absolument être contrôlé. Le contrôle du corps féminin donne à l’homme une impression de force et de puissance. Or, ce n’est pas le cas. Si les femmes éprouvaient du plaisir sexuel et pouvaient décider de leur sexualité, ce serait mieux pour les hommes et pour les femmes. Les femmes simulent l’orgasme partout dans le monde. Elles n’osent pas se faire entendre sur le sujet de leur sexualité. Pourtant, si elles et ils pouvaient ouvertement parler de leurs besoins et de leurs désirs sexuels, les choses seraient beaucoup plus faciles pour les hommes comme pour les femmes. Les femmes et les hommes devraient pouvoir parler librement de leurs émotions, devraient pouvoir aussi évoquer leurs insécurités. Si c’était le cas, les rapports sexuels entre hommes et femmes seraient probablement beaucoup plus détendus et procureraient beaucoup plus de plaisir. Malheureusement, la pornographie mainstream consommée partout dans le monde sur internet diffuse des idées et des croyances toxiques pour les deux sexes, comme par exemple à propos de la taille du pénis de l’homme, son devoir d’endurance à l’effort, le fait que les femmes doivent tout accepter, l’ignorance du plaisir procuré par le clitoris, etc. Ces idées et fausses croyances sont extrêmement néfastes. 90% des hommes dans le monde consomment de la pornographie sur internet. Et les statistiques indiquent aussi que plus la répression de la sexualité féminine est forte, plus la consommation de pornographie est grande.</p>
<p><strong>Le procès intenté à la plasticienne japonaise Rokudenashiko pour ses œuvres mettant à l’honneur le sexe féminin illustre bien vos propos. Comment celle-ci vit elle aujourd’hui cette situation? </strong></p>
<p>Comme l’illustrent les scènes du film, la perception du corps et du rôle des femmes au Japon est très loin de la réalité. La société japonaise est aussi très conformiste et intransigeante envers les moutons noirs qui ne suivent pas la norme dominante. Des avocats ont proposé spontanément de l’aide à Rokudenashiko. Et, dans le cadre de son procès, elle a aussi eu la chance de rencontrer son mari, un musicien irlandais qui avait composé et mis en ligne une chanson pour la soutenir. Ce qui fait qu’elle prend tout cela avec humour. Le couple vit aujourd’hui entre Tokyo et Dublin où elle bénéficie de plus de liberté. Si la cour suprême confirme sa condamnation ou la commue en peine pécuniaire, elle devra collecter de l’argent parmi ses soutiens. En visitant son petit village d’origine en périphérie de la capitale, j’ai pu constater que son père était fier de son action. Mais ce n’est pas le cas de sa mère qui a honte de sa fille. #<em>Female Pleasure</em> n’a pas été projeté dans le pays jusqu’à présent. Un article favorable à son art est cependant paru dans <em>Newsweek Japon</em>. Il faut espérer qu’il puisse avoir une influence positive sur le jugement final.</p>
<p><strong>Où le film a-t-il été projeté jusqu’à présent? Quelles sont en général les réactions du public? </strong></p>
<p>Le film a notamment reçu le Prix des droits de l’homme au Festival de Thessalonique et au Festival d’Istanbul, ainsi que le Prix interreligieux au Festival de Leipzig. C’était magnifique de recevoir ce prix. En effet, <em>#Female Pleasure</em> n’est pas un film contre la religion en général et je respecte totalement la foi des personnes. Il montre cependant que des structures patriarcales oppressives sont ancrées dans la société depuis des millénaires, que la religion est aujourd’hui encore interprétée de façon misogyne pour rabaisser les femmes, nier leur valeur et les asservir. L’objectification du corps des femmes ainsi que la façon de les rendre honteuse de leur corps servent aussi les intérêts du capitalisme, de l’industrie du vêtement et de la chirurgie esthétique. Le mois dernier, le film a été projeté en Pologne. Il a reçu le Prix du public. Dans ce pays profondément catholique, les gens ont pu échanger librement à propos du statut des femmes dans l’Eglise avec l’ancienne nonne Doris Wagner. De nombreux jeunes assistaient à la projection, mais des retraités étaient aussi présents. Un tiers de la salle était masculin. Les gens se questionnent manifestement beaucoup et étaient très reconnaissaient de pouvoir échanger librement sur ces sujets. Le film a aussi été projeté à Istanbul. Là aussi, on pouvait ressentir le besoin du public de discuter de ces sujets – la religion, la sexualité, les femmes – et c’était beau de voir les gens oser s’exprimer. Jusqu’au dernier moment, je craignais que l’événement ne puisse pas avoir lieu. Mais finalement nous avons reçu aucune réaction négative.</p>
<p><strong>Votre conscience féministe personnelle s’est-elle forgée par votre éducation? Quel regard portez-vous sur la situation des femmes en Suisse aujourd’hui? D’après-vous, quels sont les revendications principales portées par la grève féministe nationale du 14 juin?</strong></p>
<p>J’ai eu la chance de grandir dans une famille où régnait l’idée d’égalité. Ma mère m’a fait comprendre qu’en tant que fille j’étais l’égale des garçons, que toutes les possibilités devaient s’offrir à moi, y compris celle d’explorer mon corps. Mon père m’a donné le sentiment que je pouvais faire les mêmes choses que les garçons. Cependant, j’ai été rapidement conscientisée aux inégalités hommes-femmes dans la société. Avant de me lancer dans la réalisation de films, j’ai d’abord étudié le droit en pensant que ce serait une bonne façon de faire changer les choses. La situation des femmes en Suisse est préoccupante. Il y a peu de femmes à des postes à responsabilité. Les femmes gagnent en moyenne en tous cas 20% de moins que les hommes. La protection des femmes par la loi est lacunaire. La culture du viol est toujours prégnante. Les femmes ont peur de dénoncer les violences sexuelles qu’elles subissent à la police. La grève féministe du 14 juin doit permettre de faire passer un message sans équivoque. « Le temps pour l’égalité des rôles, l’égalité des salaires, pour l’égalité des droits est arrivé ! Nous vivons au 21ème siècle ! ». Les discriminations contre les femmes enceintes et les mères sont aberrantes. En Allemagne et d’autres pays européens, il existe des congés paternité. Nous avons besoin de pères aimants qui puissent servir de référence pour aider les enfants à grandir. L’obligation pour les femmes de rester à la maison lorsqu’elles ont un enfant est malheureusement encore très souvent la norme. Au cours de vingt dernières années, l’augmentation du salaire des femmes a été d’à peine 0.5%. Les femmes perdent ainsi douze milliards de francs par année. Il fait aussi se rappeler qu’elles n’avaient pas le droit de choisir leur travail et de posséder un compte bancaire avant 1978. Quant au viol dans le cadre du mariage, il a été criminalisé seulement en 1991. Tout cela est vraiment une honte pour un pays aussi moderne et aussi riche que la Suisse ! Nous avons encore énormément d’efforts et de progrès à accomplir!</p>
<hr />
<h2>La bande-annonce de <em>#Female Pleasure</em>:</h2>
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<h4>Et retrouvez plus d'informations sur le film ainsi que le programme de diffusion en cliquant <a href="https://www.filmcoopi.ch/movie/female-pleasure" target="_blank" rel="noopener">ICI</a>!</h4>',
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<hr />
<p>Ce solipsisme contribue à la construction d’une illusion de masse encouragée par la substitution de modèles numériques virtuels à la réalité du monde. Par ce jugement, la CEDH semble vouloir enterrer toute démarche rationnelle appuyée sur des faits pour favoriser des croyances.</p>
<p>Accrochées à un mouvement généralisé autour du climat, qui favorise la foi d’une construction sociale de la réalité, à l’instar de la «justice climatique», ces plaignantes semblent avoir banni de leur plaidoyer tout ce qui pourrait résister au contrôle humain de la météo du jour, sans égards aux résultats scientifiques et leurs immenses incertitudes concernant les climats futurs. Les plaignantes ont accusé en substance les autorités suisses de mener une politique climatique aux objectifs et aux mesures insuffisantes, «en violation de leur droit à la vie», arguant de la vulnérabilité des personnes âgées face aux effets des changements en cours, et en particulier aux vagues de chaleur. Ce qui est visé, selon le jugement, serait l’incapacité de la Suisse à fournir une estimation des émissions de gaz à effet de serre futures afin de limiter «le réchauffement climatique» au fameux 1,5°C de l’Accord de Paris, valeur pourtant parfaitement arbitraire et dont les conséquences néfastes restent difficiles à identifier.</p>
<p>Mais qu’en est-il vraiment? Que disent les données des études démographiques sur la «violation du droit à la vie» que ce soit sous les climats helvétiques ou mondiaux? Le «réchauffement climatique» met-il réellement en péril le «droit à la vie» des femmes âgées de Suisse?</p>
<p>Premier constat, d’après les données de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), l’espérance de vie à la naissance des femmes suisses est passée de 79,3 ans en 1982 à 85,4 ans en 2022, et ce malgré «l’urgence climatique», soit un gain de 56 jours par an depuis 1982. Sur la même période, l’espérance de vie à 65 ans, âge minimal de ces militantes, est passée de 18,4 à 22,5 années. Il ne semble pas que «le climat» ait eu des conséquences fâcheuses sur leur droit à la vie.</p>
<p>En recoupant les données de l’OFS et de Météosuisse, on peut observer la nature cyclique du nombre de décès par semaine des personnes de plus de 65 ans en Suisse, de 2010 à 2024 (Figure).</p>
<p><img src="https://media.bonpourlatete.com/default/w1200/1713434705_capturedcran2024041812.04.17.png" class="img-responsive img-fluid center " width="784" height="554" /></p>
<p>La courbe noire pleine montre que les périodes hivernales restent les plus fatales, toutes causes confondues, pouvant parfois accroître la mortalité de 72% par rapport aux périodes estivales. Bien que les variabilités démographiques soient complexes à appréhender avec précision (comme les «effets moisson» ou les crises sanitaires telles la Covid-19), cette nature cyclique confirme simplement que «le froid tue».</p>
<p>Pour s’en convaincre, s’affichent en gris sur la figure et à titre d’exemple, les températures <i>maximales </i>quotidiennes de la station de Neuchâtel montrant de larges amplitudes au cours de l’année. A partir du printemps 2020, la courbe des décès-toutes-causes subit les perturbations du Coronavirus et ses conséquences, rendant hasardeuse toute interprétation de détail. Mais la forte anti-corrélation entre décès et saisonnalité demeure. Nous supportons bien plus aisément les températures non-optimales chaudes que froides. Une étude récente<strong><sup>1</sup></strong> publiée dans <i>The Lancet</i> sur les excès de mortalité dans les villes européennes entre 2000 et 2019, dus cette fois uniquement aux températures non-optimales chaudes ou froides, confirme la tendance générale: entre 65 et 74 ans, le froid tue en Suisse 3 fois plus que le chaud, entre 75 et 84 ans, 6 fois plus, et au-dessus de 85 ans, 7,6 fois davantage. Dans une autre étude du <i>Lancet</i><strong><sup>2</sup></strong> sur les températures non-optimales entre 2000 et 2019 au niveau mondial, le constat est identique: le taux mondial de surmortalité liée au froid a baissé de 0,5% alors que celui lié à la chaleur aurait augmenté de 0,2%, conduisant à une réduction nette du ratio mondial des décès liés aux températures extrêmes. Mais ces pourcentages ne touchent pas le même nombre de personnes, bien plus nombreuses à décéder durant les hivers, ce qui amplifie davantage le bénéfice d’un réchauffement climatique. Ces militantes du climat semblent donc avoir convaincu la CEDH de porter la justice dans un monde fantasmé, où seules les températures excessivement chaudes président à la destinée des femmes, en invitant la Suisse à rejeter la réalité des faits.</p>
<p>Pourtant, dans le monde réel, faut-il le rappeler, l’espérance de vie des Suissesses n’a cessé d’augmenter, et ce malgré le «dérèglement climatique», et grâce, pour l’essentiel, aux énergies fossiles. De plus, les décès directement liés aux températures non-optimales s’amenuisent grâce en grande partie à des hivers plus cléments.</p>
<p>Dans le monde réel, un pays riche comme la Suisse permet à sa population de s’adapter aisément aux inconforts météorologiques (chauffage ou climatisation, isolations, facilité d’accès aux soins, énergie toujours disponible, etc.). A cela peut s’ajouter une topographie bienveillante durant les étés avec de nombreux lacs et rivières, et une fraicheur montagnarde accessible.</p>
<p>Dans le monde réel, la Suisse a diminué de près de 40% ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant depuis 1980 et 91% de sa production électrique est bas-carbone. D’après la Banque Mondiale, les émissions de CO<sub>2</sub> par dollar de parité de pouvoir d’achat de PIB (ce qui ramène tous les pays du monde à une échelle comparable) placent la Suisse au 4ème<sup>.</sup>rang sur 181 pays, démontrant son efficience énergétique tout en maintenant des conditions de vie exceptionnelles, devant la Suède 6ème, la France 28ème, l’Allemagne 74ème (illustrant l’échec de l’<i>Energiewende</i>), les USA 126ème et la Chine 170ème.</p>
<p>Dans le monde réel, si la Suisse devait poursuivre ses émissions de CO<sub>2</sub> au niveau de 2019, elle ne contribuerait en 2100 qu’à une élévation de la température mondiale de quelques millièmes de degrés Celsius suivant les formules fournies par le GIEC. Ces valeurs restent non-mesurables et insignifiantes.</p>
<p>Mais les militantes du climat ne vivent pas dans le monde réel. Elles séjournent dans un univers peuplé d’illusions où seules les impressions du sujet construisent son milieu, où les slogans inconsistants balaient les données factuelles, où la Suisse parviendrait par sa «politique climatique» à influencer la régulation des climats de la Terre. Oui, la CEDH a bien approuvé la guerre contre la réalité menée par le climatisme, nouvelle religion de certaines classes aisées des pays les plus riches.</p>
<hr />
<h4><sup>1</sup>Masselot et al. (2023) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 7, e-271-281</h4>
<h4><sup>2</sup>Zhao et al. (2021) <i>Lancet Planet Health</i>, vol. 5, e415-425</h4>',
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'content' => '<p>Le commerce est d<span>irigé par un Cubano-américain, Frank Cuspinera Medina, dans le cadre d’une société enregistrée en Floride avec des capitaux de diverses sources, espagnoles notamment. Les vastes hangars se trouvent à une dizaine de kilomètres du centre, sans desserte de transports publics. Tous les jours, c’est là un défilé de belles voitures. Pas seulement à plaques diplomatiques. L’île en détresse a ses nouveaux riches. </span></p>
<p><span>«La plupart des Cubains seraient capables de faire un infarctus, tant il y a de nourriture et de produits qu’ils n’ont jamais vus de leur vie et qu’ils ne pourront jamais se payer», lâche une pharmacienne venue en side-car avec son mari «pour voir ça». Seuls moyens de paiement, le dollar, l’euro, les cartes Visa et Mastercard dans ces monnaies, non accessibles aux Cubains. Les amateurs de viande veillent à garder le ticket de caisse, car ailleurs il est interdit d’acheter du bœuf hors des restaurants et la police contrôle les voitures. Les caissières sont vêtues de tee-shirts estampillés Saint-Gobain, sans que personne ne sache quel est ici le rôle de cette entreprise. Toutes sont jeunes, blanches, souriantes. «Il n’y a qu’un jeune Noir, sûrement qu’ils s’en servent pour décharger les caisses», raille une cliente mulâtre. </span><span>Le Parti communiste au pouvoir a l’échine souple. Et s’accommode des arrangements les plus douteux.</span></p>
<hr />
<h4><a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/diplomarket-ce-supermarche-americain-qui-fait-fureur-a-cuba-20240414" target="_blank" rel="noopener">Lire l'article original</a></h4>',
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'subtitle' => 'Le site Infosperber a publié une provocante réflexion de Walter Langenegger, ex-chef de la rubrique suisse au « St.Galler Tagblatt » et chef de la communication de la ville de Berne. Selon lui, lorsque des intérêts particuliers priment sur la volonté populaire et la Constitution au Parlement, les valeurs démocratiques sont mises de côté. Citation.',
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'content' => '<p style="text-align: justify;"><span>Ces derniers temps, la majorité bourgeoise a pris un cap discutable en matière de politique nationale : de plus en plus souvent, elle plie à sa volonté les plébiscites et les décisions démocratiques qui ne lui conviennent pas - au besoin contre les règles de procédure établies, la Constitution fédérale et la volonté du peuple. Oui à la démocratie - mais seulement au cas par cas ? On assiste ici à une dangereuse érosion de l'esprit démocratique.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie ne vit pas seulement d'une constitution fondée sur le principe de la majorité, les droits fondamentaux et les droits de l'homme et des règles de procédure équitables ; la démocratie vit aussi du fait que l'esprit de la constitution est déterminant et guide les acteurs politiques. Les principes démocratiques doivent primer sur l'idéologie et le programme des partis. Si cette attitude fondamentale fait défaut, la démocratie risque de devenir lettre morte.</span></p>
<h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Mauvais perdants</span></strong></h3>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que cette attitude fondamentale ne soit pas au mieux en Suisse se manifeste de plus en plus souvent, par exemple récemment après le "oui" à la 13e rente AVS. Bien que plusieurs semaines se soient écoulées entre-temps, les partis bourgeois n'arrivent pas à se résigner à leur défaite, restent en mode combat, se moquent de la décision populaire et la torpillent avec des propositions de financement abracadabrantes. </span></p>
<p style="text-align: justify;"><span>Cela a culminé récemment avec la NZZ, qui a suggéré avec malice d'introduire une réglementation permettant de renoncer volontairement au supplément de rente. On pourrait considérer cette rhétorique comme une manière de surmonter la douleur des perdants de la votation. Mais ce serait sous-estimer le phénomène. Car le discrédit jeté par la majorité bourgeoise sur les plébiscites indésirables fait désormais partie du système. Elle sert à préparer le terrain pour pouvoir attaquer plus tard les verdicts démocratiques au Parlement, à justifier les manœuvres douteuses du point de vue de la politique nationale ainsi que les atermoiements juridiques nécessaires et à leur donner une apparence de légitimité.</span></p>
<h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Une évolution inquiétante</span></strong></h3>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Les six décisions prises récemment par le Conseil des États et le Conseil national illustrent ce que l'on entend par là. Il y a un an, le Parlement bourgeois a permis au Conseil fédéral, dans le cadre d'une procédure sans précédent, de signer le contrat d'achat des avions de combat F-35, alors qu'une initiative populaire était en suspens. Une votation a ainsi été empêchée de facto, un droit populaire a été invalidé et les opposants ont été refroidis.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En 2021, le peuple a approuvé l'initiative sur les soins, contre la volonté des bourgeois. Elle est aujourd'hui encore bloquée. C'est précisément ce que les représentants du PLR avaient menacé de faire en cas de "oui" : repousser la décision du peuple aux calendes grecques. Le secteur des soins y voit à juste titre une violation de la Constitution.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Sous la pression de la majorité bourgeoise, le Conseil fédéral a présenté en janvier un projet visant à annuler les salaires minimaux cantonaux existants. Le Conseil fédéral lui-même a mis en garde contre cette intention et l'a qualifiée d'anticonstitutionnelle, car elle bafoue la souveraineté cantonale et le principe de légalité.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars de cette année, la majorité bourgeoise a fait échouer la mise en œuvre de l'initiative populaire contre la publicité pour le tabac, approuvée en 2022, en voulant imposer des règles spéciales qui étaient en retrait par rapport à l'ancienne loi. Même les médias bourgeois ont parlé d'une violation de la volonté populaire.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En mars également, les bourgeois ont troué la loi sur les résidences secondaires avec des exceptions si larges que le Conseil fédéral a dû constater que la Constitution était ici violée. La loi est issue d'une initiative populaire approuvée en 2012 et combattue par les bourgeois.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Enfin, lors de la dernière session, le Conseil des États a transmis une motion visant à contraindre toutes les communes à maintenir la vitesse maximale à 50 km/h dans les localités. Ce faisant, il a fait fi de deux piliers fondamentaux de notre système politique : l'autonomie communale et le fédéralisme.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>En somme, cela montre clairement ce qui se passe dans le camp bourgeois : une profonde réticence à accepter les défaites et à mettre en œuvre les décisions populaires de manière constructive avec l'adversaire politique, conformément à notre démocratie de concordance. Au lieu de cela, il place de plus en plus souvent ses propres objectifs et intérêts au-dessus des principes démocratiques et adapte les règles du jeu dans le processus de décision parlementaire à ce qui sert ses propres intérêts, grâce à de larges majorités.</span></p>
<h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Un opportunisme dangereux</span></strong></h3>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>L'attitude de plus en plus opportuniste de la majorité bourgeoise vis-à-vis des principes de la politique étatique est dangereuse. Elle conduit à des décisions à la légitimité douteuse, déforme la législation, dévalorise nos fondements constitutionnels et endommage la confiance de la population dans le processus politique et dans le fonctionnement des institutions démocratiques.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Cette situation est d'autant plus grave que la Suisse ne connaît pas de juridiction constitutionnelle. Le Tribunal fédéral n'est pas habilité à contrôler les lois fédérales. Le gardien suprême de la Constitution est le Parlement lui-même. Il est à la fois législateur et juge et peut, de fait, édicter des lois fédérales non conformes à la Constitution sans avoir à craindre de sanctions. Les membres du Conseil des États et du Conseil national portent donc une grande responsabilité et devraient d'autant plus être un exemple en matière de respect de la Constitution et d'esprit démocratique. Mais beaucoup ne le sont pas !</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Le fait que de nombreux représentants bourgeois du peuple se soient détournés de cette attitude fondamentale est probablement dû surtout à l'évolution politique des dernières décennies. Celle-ci est marquée par deux courants profonds : premièrement, une politique économique, fiscale, financière et sociale néolibérale prononcée et, deuxièmement, une radicalisation dans l'éventail des partis de droite avec un effet d'aspiration sur les partis bourgeois. Ces deux phénomènes ont affaibli la conscience de la nécessité du respect de la Constitution et de l'esprit démocratique.</span></p>
<h3 style="text-align: justify;"><strong><span>Néolibéraux et droits de l'Homme</span></strong></h3>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Tout d'abord, le néolibéralisme : il a conduit à un déchaînement du pouvoir économique, avec pour conséquence que l'État démocratique est devenu le serviteur de groupes et de branches et que le lobbying s'est propagé jusque dans les ramifications les plus fines de la politique et de l'administration. Il s'agit de moins en moins de concevoir la démocratie comme un moyen d'établir le bien commun et la justice, mais plutôt de la contourner et de la déformer pour mieux faire valoir des intérêts économiques particuliers.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>Ensuite, concernant la radicalisation dans l'éventail politique de droite : elle a rendu les gens vulnérables à une mentalité autoritaire de "maître chez soi". L'importance de valeurs telles que les droits de l'homme et le principe d'égalité ainsi que le respect des principes de la politique d'État s'estompe. Dans ces milieux, la démocratie et la constitution ne sont invoquées que lorsqu'elles servent leur propre idéologie et peuvent être utilisées comme moyen pour atteindre une fin. Car ici aussi, seul compte le fait de s'imposer - avec ou contre la démocratie et la constitution.</span></p>
<p style="text-align: justify;"><o:p></o:p><span>La démocratie au cas par cas, en fonction de l'idéologie, des intérêts particuliers et des calculs de pouvoir ? Et ce à une époque où il serait plus que jamais nécessaire de défendre les valeurs et les principes démocratiques ? Sombres perspectives.</span><o:p></o:p></p>
<hr />
<p style="text-align: justify;"><a href="https://www.infosperber.ch/politik/demokratie-ja-aber-nur-wenns-passt/" target="_blank" rel="noopener">L'article original publié sur Infosperber</a></p>',
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'content' => '<p>La guerre froide pourrait pourtant changer de casting. Le quotidien allemand <a href="https://www.welt.de/debatte/kommentare/article250858622/75-Jahre-Atlantische-Allianz-Danke-Nato.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Die Welt</em></a> désigne en effet la Chine comme un futur «grand sujet» pour l’OTAN. «Le pays se remilitarise de plus en plus et gagne en assurance», ce qui inquiète l’Ouest. Or Berlin «freine des quatre fers» déplore le quotidien. Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».</p>
<p>La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».</p>
<p>Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le <a href="https://www.telegraph.co.uk/opinion/2024/04/03/europe-must-step-up-to-keep-the-us-in-nato/" target="_blank" rel="noopener"><em>Daily Telegraph</em></a> regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». La menace qui plane sur l’avenir de l’organisation n’est pas seulement la perspective d’une réélection de Donald Trump et de la ligne isolationniste, c’est celle du mécontentement général des Etats-Unis qui «contribuent bien plus à la défense de l’Europe que le continent ne le fait lui-même... On aurait tort de penser que l’aide américaine coule de source.»</p>
<p>Les dissensions internes sont toujours un péril sous-estimé, comme le confirme <a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">le mensuel lituanien </a><em><a href="https://iq.lt/komentarai/issukiai-lietuvos-ateiciai-nato-ir-es/325771" target="_blank" rel="noopener">IQ</a>. </em>Au cœur de la discorde, le droit de veto. Ce dernier a rendu «complètement inefficace» l’ONU, constate <em>IQ</em>, car le risque est constant de s’en servir pour exercer pressions ou intrigues diplomatiques. «Démocratie, droit international et Etat de droit forment le socle de l'alliance la plus puissante au monde. Mais un certain nombre d'Etats oublieux de ces valeurs tentent depuis longtemps de placer leur intérêts mercantilistes au-dessus des décisions cruciales de l’OTAN.»</p>
<p>Cela revient à poser une question essentielle, dans toute organisation: qu’est-ce qui lie entre eux les Etats membres? Au-delà de la coopération militaire, ce sont des «valeurs», celles mêmes que les pays occidentaux s’emploient à défendre en ce moment en Ukraine. La députée Renaissance Anne Genetet plaide même pour la création d’un centre de l’OTAN chargé de défendre de concert les valeurs occidentales et la «résilience démocratique». Dans <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/l-otan-a-75-ans-l-age-de-la-resilience-democratique-994366.html" target="_blank" rel="noopener">les colonnes de <em>La Tribune</em></a>, l’élue souligne que l’organisation «doit plus que jamais être notre bouclier face aux ennemis de la liberté».</p>
<p>Un avenir mitigé donc, porté par de beaux discours et une volonté de cohésion, entaché par des divergences internes, car tous les Etats membres ne voient pas toujours leurs intérêts converger. De manière plus pragmatique, le quotidien croate <em>Večernji list</em> remet l’église au centre du village: comment faire face à l’avenir lorsque manque la ressource principale, les soldats? </p>
<p>Le nombre de militaires actifs dans les différentes armées des pays membres est en effet en recul, jusqu’à atteindre un seuil inquiétant. Les solutions habituelles sont évoquées: augmenter les rémunérations, encourager les femmes à s’engager, améliorer les conditions de vie des soldats en proposant un meilleur équilibre entre l’armée et la vie de famille... et enfin, rétablir le service militaire obligatoire. On n’a rien sans rien. </p>',
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